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Au cœur des matériaux

cristallins
Qu’est ce qu’un matériau ?

De manière synthétique et résumé un matériau est une matière dont on fait un


matériel.

De manière complète et précise, un matériau est la forme marchande d’une matière


première choisie en raison de propriétés d’usage spécifiques et mise en œuvre par
des techniques appropriées pour l’obtention d’un objet de géométrie donnée à
fonction préméditée.

Propriétés.
Les propriétés d’usage des matériaux ont deux origines :
- Composition chimique (nature des espèces atomiques qui les constituent).
- Microstructure (organisation des atomes constitutifs).

- Propriétés mécaniques: module élastique, résistance mécanique, ténacité, dureté.


- Propriétés thermiques: Dilatation, point de fusion, conductivité thermique,
Rappel sur la structure de l'atome

Généralités

L’atome est constitué de trois types de particules : les protons, les


neutrons et les électrons.

Les électrons ont une charge électrique de Coulombs (C) et une


masse de grammes.
Les protons ont une charge électrique de   Coulombs et une masse
de  grammes.
Les neutrons ont une charge électrique nulle et une masse
de  grammes.
Rappel sur la structure de l'atome

Généralités

Les atomes des éléments chimiques diffèrent par leur structure à


l’échelle subatomique. C’est-à-dire le nombre et la nature des
particules élémentaires qui les constituent:

Noyau: protons et éventuellement des neutrons.


Cortège électronique gravitant autour du noyau (électrons en nombre
égal au protons dans un atome à l’équilibre).

Les orbites des électrons occupent dans un atome des couches


successives, correspondant à des niveaux d’énergies discrets, qui
deviennent des bandes dans un solide regroupant plusieurs atomes.

Ces niveaux ne peuvent contenir qu’un nombre limité d’électrons: 2


pour le premier niveau et huit pour les niveaux suivants.
Composition Chimiques des Matériaux: classification des éléments atomiques
Composition Chimiques des Matériaux: classification des éléments atomiques

Généralités

• Les lignes ou périodes sont les niveaux successifs des couches électroniques.
• Les colonnes ou groupes sont le nombre d’électron dans la couche externe.

Les propriétés chimiques d’un élément proviennent essentiellement des ses électrons et en particulier
de ceux de a couche externe, appelés électron de valence, ces propriétés sont donc liées au groupe
auquel il appartient.

Propriétés des groupes


• les éléments du groupe VIII, appelés gaz rares, sont caractérisés par une couche externe
complète, ceci leur confère une stabilité chimique exceptionnelle.

• Les éléments du groupe IA, ne possèdent qu’un seul électron sur leur couche externe: ils ont
tendance à s’en défaire pour avoir une couche externe saturée et donner des ions positifs ou
cations. Cette tendance s’étend aussi à tous les métaux qui sont des donneurs d’électrons.
• Les éléments du groupe VIIA, possèdent 7 électrons sur les couches externes, ils ont
tendance à la compléter en captant un électron disponible dans leur voisinage pour des ions
négatifs ou anions. Cette tendance s’étend aussi à certains éléments de la partie droite du
tableau, appelés non-métaux, tous accepteur d’électrons.

Certains éléments situés entre ces deux zones présentent des caractères mixtes, variables selon le
champ électrique auquel ils sont soumis (ils sont semi-conducteur).
Les Liaisons Chimiques

Énergie d'Interaction Entre Atomes

Variation de l'énergie de cohésion d'un cristal en fonction de la


À température et pression nulles, tous les éléments du tableau distance inter-atomique
périodique, à l'exception de l'Hélium, se trouvent à l'état
cristallisé

On peut conclure qu'il existe des forces d'attraction entre atomes de


même nature qui sont suffisantes pour assurer la cohésion de
l'édifice cristallin.

Il s'agit essentiellement de forces électrostatiques entre électrons et


entre électrons et noyaux.

On peut également observer que les cristaux sont des corps


relativement difficiles à comprimer, ce qui traduit la présence de
forces de répulsion qui ne deviennent importantes qu'à courte
distance.
Les Liaisons Chimiques

Énergie d'Interaction Entre Atomes

 À la distance d'équilibre des atomes dans le cristal (d 0),


l'énergie d'interaction présente une valeur minimale
appelée énergie de cohésion (U0).
 Cette énergie correspond à l'énergie nécessaire pour
transformer le cristal en un ensemble d'atomes libres.
 Cette énergie de cohésion varie très fortement d'un
élément à l'autre, elle est très fortement liée à la
structure électronique et au type de liaison qui
s'établissent entre les atomes.

Variation de l'énergie de cohésion d'un cristal en fonction de la


distance inter-atomique
Les Liaisons Chimiques

Liaison de Van der Waals


 Il s'agit d'une liaison faible qui est la principale interaction
attractive dans les cristaux de gaz rares et de nombreuses
molécules organiques.

 Cette interaction est due aux moments dipolaires permanents ou


induits par chaque atome sur ses voisins.

Liaisons hydrogène entre molécule d’eau H20


Les Liaisons Chimiques

Liaison covalente
 elle est assurée par la mise en commun de deux
électrons pour compléter la couche externe de
chaque atome.

 Elle apparait entre deux atomes de non métaux


(liaison assurée par des électrons de valence)

la molécule de di chlore Cl2.


Les Liaisons Chimiques

Liaison Ionique

 elle est assurée par le transfert d’un électron d’un atome


à l’autre.
 Elle apparait entre un atome d’un métal et un atome de
non métaux.
 Après leur liaison, les deux atomes deviennent chargés
électriquement.

Exemple: le chlorure de sodium NaCl.


Les Liaisons Chimiques

Liaison Métallique

 Il s'agit d'une liaison forte non directionnelle. Elle


concerne les éléments ayant peu d'électrons (un, deux
ou trois) sur leur couche externe.
 Les électrons de valence des atomes sont mis en
commun et forment en commun un nuage
électronique entourant les atomes ionisés.
 Ils sont appelés électrons de conduction et confèrent
aux métaux leur forte conductivité électrique par
exemple.
 Les métaux sont caractérisés également par une forte
conductivité thermique, une grande compacité et une
cristal de sodium Na
haute symétrie.
Changements d’état de la matière:

Effet de la température

La température , mesure le degré d’agitation et de désordre des atomes


qui constituent la matière.

Lorsque la , les atomes vibrent autour d’une position moyenne


occupant ainsi un espace important d’où la (dilatation thermique), et
se déplaçant plus facilement d’où (la diffusion et la mobilité
atomique).

À élévée, la matière à l’état gazeux, état caractérisé par une distance


importante entre atome alors en désordre.

À plus basses, les forces d’attraction interatomique deviennent non


négligeable devant l’agitation thermique, et peuvent provoquer le
passage à l’état liquide, (atomes en désordre mais à courte distance).

À encore plus basses, les forces d’attraction interatomique devenant


prépondérantes – passage à l’état:
- Solide cristallisé (atomes ordonnés à courte distance).

- Si l’abaissement de la , s’effectue rapidement par rapport à la


mobilité atomique, les atomes n’ont pas la possibilité de
s’ordonner (le liquide se fige en Solide amorphe ou vitreux, atomes
en désordre).
Propriétés liées à la structure

De nombreuse propriétés des cristaux, par exemple thermique (T°C de fusion, chaleur
spécifique, dilatation thermique, conductivité thermique), mécanique (compressibilité,
modulé élastique), sont liées à la nature de la cohésion de la structure cristalline et donc de
l’énergie de cohésion du matériaux.

Fragilité – ductilité

Dans les matériaux à liaisons covalentes, la forte directionnalité des liaisons fait que la
position des atomes les uns par rapport aux autres ne peut guère varier.

De tels matériaux soumis à des contraintes mécaniques rompent généralement de façon


fragile par bris de liaisons.

Ce n’est pas le cas des matériaux à liaisons métalliques pour lesquels un déplacement relatif
permanant des atomes par rapport aux autres leurs confère une certaine ductilité.

Conductibilité électrique et thermique

Les conductibilités électriques et thermique sont due essentiellement à la possibilités de


déplacement des électrons sous l’effet d’une différence de potentiel ou d’un gradient de T°C.
Plus les électrons sont libres de se mouvoir (cas des matériaux métalliques) plus ces
grandeurs sont importantes.
Propriétés liées à la structure

Module élastique

Quand on applique une contrainte sur un cristal, celui-ci se déforme.


Si le cristal reprend sa forme initiale après que la contrainte soit relâchée, la déformation
est dite élastique.

Dans le domaine élastique, la déformation est proportionnelle à la contrainte: c’est la loi de


HOOKE.

Le rapport de la contrainte à la déformation est appelé module d’élasticité (en GPa).

Dans le cas de la traction pure, la contrainte appliquée est une force par unité de surface et
la déformation correspond à l’allongement relatif où et instantanée et initiale du cristal.

La loi de HOOKE s’écrit: où est le module de YOUNG.

D’un point de vue microscopique, l’application d’une contrainte a pour effet d’écarter les
atomes suivant la direction de traction: la traction travaille donc contre les force de liaisons
inter-atomiques. Quand la contrainte est relaxée les atomes reviennent à leur position
d’équilibre.
Propriétés liées à la structure

Propriétés thermique

Nous avons parlé de l’effet de la T°C sur la microstructure, et on a dit que lorsque la T°C
augmente, les atomes du matériaux entrent progressivement en vibration.

L’effet le plus direct de cette agitation thermique réside dans la dilatation thermique due à
l’augmentation du volume occupé par les atomes lorsque l’amplitude de leur vibration
augmente avec la T°C.

Pour la plupart des matériaux, cette dilatation thermique est proportionnelle à la variation de
la T°C.

Coefficient de dilatation thermique linaire

Ce coefficient représente la variation de la longueur produite par une variation de tel que:
Cristallographie géométrique

Les réseaux cristallins

Définition

Un cristal géométriquement parfait est un ensemble d’ions régulièrement répartis dans l’espace.
Généralement, cet arrangement (ou structure) est décrit par :

• un réseau cristallin défini par un ensemble de nœuds,

• un motif élémentaire (généralement dans les métaux ou les gaz inertes, le motif élémentaire
contient un seul atome, mais il existe des structures pour lesquelles le motif contient plus de
1000 atomes).
Cristallographie géométrique

Les réseaux cristallins

La maille élémentaire est le parallélépipède défini par les trois vecteurs


primitifs ,  et  appelés également paramètres du réseau.
Maille élémentaire d’un réseau
Notons que les angle s entre les vecteurs  ,  et  peuvent être quelconques. à 3 dimensions défini par les 3
vecteurs primitifs a, b et c
La position d’un nœud quelconque du réseau est donnée par le
vecteur (avec ,  et  nombres entiers) qui représente également une
translation du réseau.

Certaines opérations de symétrie laissent la structure cristalline invariante.

Ces opérations comprennent les translations du réseau mais également des


rotations et des symétries appelées transformations ponctuelles.

Les rotations sont d’ordre 1, 2, 3, 4 ou 6 selon qu’elles correspondent à des


angles de rotation de  ou  radians.
Cristallographie géométrique

Les réseaux Bravais

Selon les relations qui s’établissent entre ,  et , et ,  et  (les angles entre ,  et ), tous
les réseaux cristallins peuvent être décrits à partir de 7 mailles élémentaires qui
définissent 7 systèmes cristallins.

Selon que la maille élémentaire est simple ou multiple (on parle de multiplicité de
la maille), et à partir de ces 7 systèmes cristallins, on définit les 14 réseaux de
Bravais.

Ces différents réseaux sont illustrés dans ce qui suit


Cristallographie géométrique

Système
cubique
Cristallographie géométrique

Les réseaux de Bravais: Système hexagonal


Cristallographie géométrique

Système monoclinique
Cristallographie géométrique

Les réseaux de Bravais

Système
orthorhombique
Cristallographie géométrique

Système triclinique
Cristallographie géométrique

Système tétragonal (quadratique)


Cristallographie géométrique

Système rhombohédrique
Les syestèmes d’indices des Directions et des plans cristallographiques.
Coordonnées des nœuds d’un réseau défini
par les vecteurs primitifs

Les rangées réticulaires

Une rangée réticulaire ou une direction


cristallographique est toute droite passant
par deux noeuds du réseau.

Les noeuds sont repérées par leurs


coordonnées dans le système défini par les
vecteurs primitifs, a, b,c.

Si l’un des noeuds correspond à l’origine du


réseau, on peut désigner la rangées par les
coordonnées u, v, w du noeud le plus proche
de l’origine appartenant à la droite.

Ces rangées sont notées [u, v, w].

[0,0,1]
Les syestèmes d’indices des Directions et des plans cristallographiques.

Les rangées réticulaires

Coordonnées des nœuds d’un


réseau défini par les vecteurs
primitifs
Les syestèmes d’indices des Directions et des plans cristallographiques.

Les plans réticulaires

Les nœuds du réseau peuvent être regroupé en plans parallèles et equi-


distants: on obtient aussi une famille et de plans réticulaires.

Considérons deux plans voisins dont un passe par l’origine du réseau, le


deuxième plan coupe les axes a, b, c et définissant la maille cristalline en
a/h, b/k, c/l.

Les nombres entiers premiers entre eux, positifs ou négatifs, représentent


les indices de Miller de la famille de plans réticulaires considérée.

Indices de Miller
Les syestèmes d’indices des Directions et des plans cristallographiques.

Les plans réticulaires

Exemples de plans réticulaires


Systèmes cristallins

Les cristaux sont composées d'unités disposées selon une


structure répétitive tridimensionnelle, facilement
représentée par un réseau de points/nœuds, où chaque point
possède les mêmes premiers voisins et une certaine position
dans l'espace fixe par rapport à toutes les autres particules
de l'espace (molécules ; atomes ou ions).

Le réseau cristallin est formé par la répétition d'une unité


appelée maille élémentaire ou cellule unitaire, caractérisée
par un ensemble de paramètres appelés paramètres de maille
définis par les dimensions et par les angles .
Systèmes cristallins

En 1848, Bravais a montré que les réseaux cristallins existant dans la nature sont de quatorze types différents qui
se divisent en sept mailles élémentaires définissant ainsi sept systèmes cristallins.
Systèmes cristallins

Les cellules primitives sont indiqués par P,R ; les cellules de face
centrée par F, les cellule de corps centré par I et les cellules de
base centrée par C.

Les systèmes cristallins sont appelés primitifs si chaque maille


élémentaire possède un seul point/nœud du réseau et non primitifs
si elle possède plus d'un point/nœud du réseau.

Par exemple le système cubique possède par cellule unitaire 8


points/nœuds partagés entre 8 cellules, ce qui fait 1/8 de
point/nœud par cellule unitaire. Comme il existe 8 points/nœuds
en chaque sommet du cube, la cellule possède un seul point/nœud
et appartient donc à un système primitif.

Une autre caractéristique des réseaux cristallins est l'existence de


symétrie(s), résultat des transformations de réflexion, rotation,
inversion et rotation-inversion de la maille élémentaire. Les
caractéristiques de chaque réseau de Bravais sont résumées dans le
tableau suivant.
Indices de Miller

Les cristaux sont des empilements ordonnés de cellules unitaires, qui


peuvent être caractérisées par les directions cristallographiques
correspondant aux droites qui passent par plus d'un point du réseau.

Prenons les points/nœuds d'un réseau, traçons une droite qui passe
par plus d'un point, celle-ci correspondra à une direction
cristallographique.

Considérons le cas d'une maille cubique et un point/nœud comme


origine du système, à partir de celui-ci nous pouvons tracer plusieurs
vecteurs qui interceptent d'autres nœuds du réseaux et qui
constitueront les directions cristallographiques définies par les
coordonnées du nœud le plus proche de l'origine :

Un vecteur de coordonnées (1,1,1) appartiendra à une droite de


direction (2,2,2)  et ainsi de suite, cette direction sera
appelée [1,1,1] où les nombres sont nommés indices du vecteur de la
direction.

Les chiffres négatifs seront représentées par une barre les surlignant.

Par définition, tout les indices sont réduits aux entiers les plus petits
possibles :
Indices de Miller

Miller a introduit la représentation d'un réseau


cristallin par un système de plans réticulaires
associés.

Les plans réticulaires sont des regroupements de


points/nœuds en plans parallèles et équidistants,
représentés par trois indices entiers  correspondant
à l'intersection du plan avec les trois axes du
cristal au voisinage immédiat de l'origine.

Les indices de Miller représentent non seulement


un plan mais l'ensemble des plans parallèles au
plan spécifié. Un plan est repéré par ()  dans les
directions unitaires , et . Pour représenter
l'ensemble des plans équivalents nous les noterons
entre accolades , et ainsi toutes les faces du cube
sont prises en compte.

Si un plan est parallèle à un axe, son indice de


Miller est zéro.
Structure des Solides à liaisons Métalliques

La plupart des métaux purs cristallisent dans le système cubique ; par exemple
CFC (cubique à face centrée) pour Cu, Ag, Al, Au, Pt, Pb, Fe 
CC (cubique centré) pour Fe , Mn, Cr, V, Mo, Ta, Ti ,
HC (hexagonal compact); par exemple Ti , Mg, Zr
Notons qu'un même élément peut présenter plusieurs structures cristallines selon l'intervalle de
température considéré, par exemple:
le Fe  est CC  entre 273 °C et 912 °C et entre 1394 °C et 1538 °C et  CFC entre 912 °C et 1314 °C.
le Ti est HC  en dessous de 882 °C et CC en dessus de 882 °C.
On dit que l'élément présente un polymorphisme cristallin, le passage entre deux formes est une
transformation allotropique.
Structures solides à liaisons métalliques
EMPILEMENTS D'ATOMES 
 
Introduction
L'un des modèles qui permettent de comprendre la liaison métallique est celui qui considère les
métaux comme des ions positifs baignant dans un nuage électronique.

Dans le but d'étudier les différents types d'empilements d'atomes métalliques, ces derniers sont
assimilés à des sphères rigides.

Ainsi, lorsqu’on juxtapose une série de sphères semblables pour en faire une couche uniforme,
on peut partir sur deux bases :

L’une réalisant tout contact possible L’autre plus lâche


entre les sphères
Structures solides à liaisons métalliques
EMPILEMENTS D'ATOMES 
 
L’une réalisant tout contact possible L’autre plus lâche
entre les sphères

Structure compacte : Structure non compacte :


caractérisée par  
La succession de plans non compacts
•Un maximum d’espace occupé, conduit à deux types de structures :
•Un minimum de vide. CS et CC.

La succession de plans compacts


conduit à deux types de structures :
CFC et HC
Structures solides à liaisons métalliques
EMPILEMENTS D'ATOMES 

Empilements compacts entre sphères identiques

On distingue deux empilements compacts :

• Cubique à faces centrées (CFC).


Empilement ABCA vu suivant l'axe C3
• Hexagonal Compact (HC).

Empilement ABCA…ou CFC :

On ne retrouve un plan identique au premier A qu’au 4ème


plan. Chaque sphère est tangente à 12 sphères voisines
(3/6/3). 

C’est l’empilement cubique à faces centrées d’où la


succession des plans ABCA sur la figure :

Maille cubique à faces centrées : Succession des plans


dans le CFC
Structures solides à liaisons métalliques
EMPILEMENTS D'ATOMES 

Empilements compacts entre sphères identiques

Empilement ABAB..…ou HC :

On trouve un plan identique au 1er plan A dès le


3ème plan.

C’est l’empilement hexagonal compact, le principe


d’empilement étant le même.

On peut aussi voir la succession des plans ABA… de


la façon suivante :
Structures solides à liaisons métalliques
EMPILEMENTS D'ATOMES 

Empilements non compacts

Il s’agit des deux empilements suivants :

                     Cubique Simple                    et                          Cubique Centré.


Structures solides à liaisons métalliques
Indice de coordination ou coordinence :

C’est le nombre d’atomes les plus proches entourant l’atome considéré.

Compacité ou taux de remplissage :

Elle est définie par le rapport : 


Dans le cas des métaux :
 : nombre de motifs par maille
: volume de la particule considérée sphérique
 : volume de la maille
D’une façon générale :   lorsqu’il y a plusieurs types de particules.

Masse volumique :

Elle est définie par le rapport :  (en g/cm3)


      : nombre de motifs/maille ;  : Masse molaire ; : volume de la maille
      : nombre d’Avogadro = 6,02.1023
     La densité est :     avec = 1 g/cm3 à T ambiante et à P = 1 atm.
Structures solides à liaisons métalliques

Sites :

C’est la cavité délimitée par des particules sphériques


voisines. On distingue deux types de sites :

Sites tétraédriques [4] : Un site est dit tétraédrique s’il est


délimité par un tétraèdre formé par quatre atomes voisins.

Sites octaédriques [6] : Un site est dit octaédrique s’il est


délimité par un octaèdre formé par six atomes voisins.
Structures solides à liaisons métalliques
Applications aux empilements compacts 

Structure cubique à faces centrées


 
C’est une structure qui dérive de l’empilement compact
…ABCABC…, les atomes appartiennent aux sommets et
aux centres des faces.
 
Représentation de la structure :
  En perspective
Deux représentations sont possibles :

En perspective (dans l’espace)

ou en projection (sur un plan), le passage de l’une à


l’autre étant réciproque.

Dans une projection, il est nécessaire de préciser la


cote des atomes, c'est-à-dire la coordonnée selon le
troisième axe, dans ce cas. Les cotes 0 et 1 peuvent
ne pas être précisées.
En projection sur le plan xoy
Structures solides à liaisons métalliques

Applications aux empilements compacts 

Structure cubique à faces centrées

 ·     Nombre de motifs par maille :


 
Soient 8x1/8 aux sommets et  6x1/2 aux centres des
faces, ce qui donne un total de 4 motifs par maille.

·      Coordinence ou indice de coordination IC :

Chaque atome a 12 voisins plus proches situés à la


même distance . D’où IC = 12. 
Structures solides à liaisons métalliques

Applications aux empilements compacts 

Structure cubique à faces centrées

·        Dénombrement des sites [4] et [6] :

   Sites [4] : Sites [6] :

La maille CFC peut être divisée en 8 petits cubes Ils se trouvent au centre de la maille et
d’arête a/2. aux milieux des arêtes : 1x1 + 12x1/4 =
Le centre de chaque petit cube constitue un site [4], 4 sites [6]/maille CFC.
ce qui donne un total de 8 sites [4]/maille CFC.
Structures solides à liaisons métalliques

Applications aux empilements compacts 

Structure hexagonale compacte:


 
C’est une structure qui dérive de l’empilement compact …
ABABAB….
 
Représentation de la structure :
 

Cette structure peut être représentée soit par une


maille hexagonale (= maille triple), soit par une pseudo -
maille (= 1/3 de la maille hexagonale).
Nombre de motifs :
Considérons une maille hexagonale (3pseudo - mailles), le
nombre de motifs est :
12 x 1/6 (sommets) + 2x1/2 (centre des bases) +
3x1(intérieur) = 6.
 
Remarque : Cas d’une pseudo - maille (1/3 de maille) :
4x1/6 + 4x1/12 + 1 = 2,
ou tout simplement : 8*1/8 + 1*1 = 2 en considérant un
réseau de pseudo – mailles.
Structures solides à liaisons métalliques

Applications aux empilements compacts 

Coordinence : Si on considère, par exemple, l’atome situé au centre


d’une base sa coordinence IC est égale à 12.

Dénombrement des sites [4] et [6] :


 
Sites [4] :
 
Les sites [4] se trouvent sur les plans : 1/8, 3/8, 5/8 et 7/8
Le bilan des sites [4] est donc:
Plan 1/8 :(3*1 = 3), Plan 3/8: (1+6/3 = 3, Plan 5/8: (1+6/3 = 2), Plan
7/8:(3*1=3)
Structures solides à liaisons métalliques

Applications aux empilements compacts 

Dénombrement des sites [4] et [6] :

Sites [4] : Sites [6] :


 
Les sites [4] se trouvent sur les plans : 1/8, 3/8, 5/8 Les sites [6] se trouvent sur les plans
et 7/8 ¼ et ¾ de la maille hexagonale.
Le bilan des sites [4] est donc:
Plan 1/8 :(3*1 = 3), Plan 3/8: (1+6/3 = 3), Plan 5/8:
(1+6/3 = 3), Plan 7/8:(3*1=3)
Structures solides à liaisons métalliques

Applications aux empilements non compacts


 
Structure cubique centrée: Dans cette structure qui dérive d’un assemblage non compact,
les atomes occupent les sommets et le centre de la maille.
· Représentations :
         Nombre de motifs par maille :
Il est de 2 : 8x(1/8) (sommets) + 1x1 (centre).
 
Coordinence :
 La coordinence est de 8. Elle est dite cubique.
Les Défauts Dans Les Solides

•1 -- Introduction
•2 -- Défauts ponctuels
• 2.1 - Description des defauts
• 2.2 - Association des defauts
• 2.3 - Diffusion
•3 -- Défauts linéaires
• 3.1 - Description des défauts
• 3.2 - Déformation plastique
•4 -- Défauts plans
• 4.1 - Surface libre
• 4.2 - Joints de grain
• 4.3 - Propriétés des interfaces
•5 -- Défauts volumiques
• 5.1 - Pores
• 5.2 - Précipités
1 – Introduction

Nous avons vu dans les Éléments de cristallographie le modèle du cristal parfait.

Cependant, ce modèle, bien que permettant de bien décrire certains phénomènes (déformation élastique,
symétrie des cristaux...), est irréaliste et imprécis.

Le premier élément permettant de dire que le cristal parfait est irréaliste est que... ses dimensions sont finies,
voir même petites à l'échelle humaine ; or, le cristal parfait est décrit comme un empilement infini de motifs.
Donc, les faces extérieures d'un cristal constituent un défaut visible évident.

Le deuxième élément permettant de dire que le cristal parfait est irréaliste est que la perfection n'existe pas !
Lorsque l'on a des briques, il est en effet plus facile d'en faire un tas que de monter un mur. Il y a donc un
équilibre entre l'organisation parfaite, qui permet de minimiser l'énergie de chaque atome, et le désordre total
(l'entropie), qui permet de minimiser "l'énergie de construction".

Nous allons donc aborder les quatre types de défauts des cristaux :

•les défauts ponctuels (dimension 0) ;


•les défauts linéaires ou dislocations (dimension 1) ;
•les défauts surfaciques (dimension 2) ;
•les défauts volumiques (dimension 3).
2 -- Défauts ponctuels

Les défauts ponctuels concernent un atome. Un atome occupe un volume fini, mais ce
volume est très faible devant le volume total du cristal, il peut donc être considéré
comme un point de dimension zéro.

2.1 - Description des défauts

• 2.1.1 - Lacunes
• 2.1.2 - Atomes étrangers
• 2.1.3 - Cristaux ordonnés
2.1 - Description des défauts
2.1.1 – Lacunes Une lacune c'est l'absence d'un atome.

Certains cristaux sont composés d'ions, c'est à dire que les briques
ont une charge électrique positive (cations) ou négative (anions).

Dans le cristal parfait, les charges s'équilibrent, il y a autant de


charges + que de charges -, il y a une neutralité électrique.

Si il manque un cation (charge +), il y a localement plus d'anions


(charge -), on a donc localement une charge négative ; une lacune
cationique a donc une charge négative, et de même, une lacune
anionique a une charge positive.
Lacune : absence d'un atome
Il peut sembler curieux de parler de la charge d'un "trou", mais ce
n'est qu'une manière pratique de décrire la répartition des charges
dans l'espace, cette manière de voir permet d'expliquer bien et
simplement de nombreux phénomènes.
2.1.2 - Atomes étrangers

Un atome ne faisant pas partie de la composition chimique du cristal parfait peut s'y insérer ; il
s'agit d'impuretés ou bien d'éléments d'alliage.

Il peut prendre la place d'un atome "normal", on dit alors qu'il est en "substitution".

Mais, les atomes étant des boules, il reste de la place entre elles, un petit atome peut donc se glisser
dans les interstices; l'atome est alors dit "en insertion" ou en "position interstitielle".

Pour désigner la présence d'atomes étrangers, on parle souvent


de solution solide.

Si l'on prend l'exemple du carbone dissout dans l'acier, les


atomes de carbones sont habituellement regroupés ensemble
dans le graphite (charbon) ; en solution dans l'acier, ils sont
dispersés, chacun est entouré d'atomes de fer ;

Dans certains cas, un atome du cristal peut être lui-même en


insertion, on parle alors d'«auto-insertion».
Atomes étrangers : a - atome en substitution ; b - atome en insertion
2.3 – Diffusion

2.3.1 - Mécanismes de la diffusion

Les atomes sont tout le temps en train de s'agiter sur place (Température et chaleur).

Lorsque la température devient importante, les atomes bougent suffisamment pour


pouvoir sortir de leur logement et se déplacer ; ce phénomène est appelé diffusion.

Prenons par exemple un atome étranger en insertion ; il saute de position interstitielle


en position interstitielle, c'est ce que l'on appelle la diffusion interstitielle.

Diffusion interstitielle
2.3 – Diffusion

Considérons une lacune, un autre atome peut prendre sa place, la lacune a donc progressé d'une
position ; C'est un atome qui a fait le mouvement, mais c'est comme si la lacune se déplaçait.

Quand une lacune se déplace dans un cristal, c'est comme si au bout du compte un atome s'était
déplacé en sens inverse ; on parle alors de diffusion lacunaire.

Comme dans ce cas-ci, l'atome qui diffuse est un atome du cristal, on parle d'auto - diffusion (mais
on peut aussi avoir de la diffusion lacunaire d'atomes étrangers).

Diffusion lacunaire

Par exemple, on soude une barre de fer pur et une


barre d'acier (contenant des atomes de carbone).
Si l'on chauffe à plusieurs centaines de °C, les atomes
de carbone vont bouger et se répartir dans la barre.
3 -- Défauts linéaires

Les défauts linéaires concernent une rangée d'atomes.


Une rangée d'atomes, me direz-vous, mais ce volume est très faible devant le volume total
du cristal, il peut donc être considéré comme une ligne de dimension un.

•3.1 - Description des défauts

Le type de défaut linéaire le plus simple est la dislocation coin. On peut la représenter de la manière
suivante : on enlève un demi-plan atomique (vertical sur le dessin), les autres plans se ressèrent donc
pour "combler le vide". La zone de perturbation, ou coeur de la dislocation, est donc un cylindre dont
le diamètre vaut environ un millionième de millimètre, il est très petit devant celle de l'objet. On peut
donc bien considérer que c'est un trait d'épaisseur négligeable.

Dislocation vis
3.2 - Déformation plastique

Lorsque cette ligne se déplace à travers le cristal, elle propage la perturbation élastique, elle
provoque une déformation irréversible du cristal. Ce sont les dislocations qui permettent
d'expliquer la déformation plastique.

Déformation irréversible du cristal par déplacement de la dislocation


4 -- Défauts plans

4.1 - Surface libre


4.1.1 - Description d'une surface libre
4.2 - Joints de grain
4.3 - Propriétés des interfaces
4.1 - Surface libre

Les défauts linéaires concernent une séparation entre deux milieux. On pourrait voir une
interfaces comme un volume de transition entre deux milieux. Cependant, ce volume est
tellement mince devant le volume de matière que l'on peut considérer que c'est un plan de
dimension deux.

4.1.1 - Description d'une surface libre

Le premier défaut visible par rapport au cristal parfait « empilement infini et


ordonné d’atomes » est le fait que volume est fini.

Un cristal a donc nécessairement une surface libre, qui est


en contact avec l’environnement  : air, eau, vide …..
La forme de la surface est décrite par des terrasses,
marches, décrochements. Elle comporte en effet:
•des surfaces planes correspondant à des plans atomiques
denses, ou «terrasses» ;
•des «marches» linéaires entre deux terrasses ;
•la linéarité des marches est parfois brisée par des
«décrochements».
4.2 - Joints de grain

Dans la plupart des cas, la matière cristalline est composée de plusieurs cristaux. Il existe quelques
exemples notoires de monocristaux, comme par exemples certains cristaux géologiques, dont les
pierres précieuses, et des réalisations technologiques comme par exemple les aubes de turbine pour
les moteurs d'avions de chasse, les semi-conducteurs pour l'électronique (germanium) ou les
monocristaux d'étude, utilisés en recherche métallurgique.

Mais dans le cas général, la matière est composée de plusieurs cristaux accolés, qui ont une
orientation différente ; on dit qu'elle est «poly-cristalline». L'interface entre deux cristaux s'appelle
un «joint de grain».

Matière poly-cristalline et joints de grain


4.2 - Joints de grain

Lorsque la différence d'orientation entre deux


cristaux voisins est faible, le joint de grain peut se
décrire comme une succession de dislocations
coin ; on parle alors de «paroi de dislocations» ou
encore de «joint de faible désorientation» Joint de faible désorientation - paroi de dislocations

Si la désorientation est importante, alors Joint de grande


seuls restent à l'interface les atomes dont désorientation - atomes
la position est commune aux réseaux des communs aux deux
deux cristaux. réseaux

On constate que :
•il y a des espaces vides dans le joint de grain par rapport au sein du cristal ;
•les atomes du joint de grain ont moins de voisins qu'au sein du cristal.
Il en résulte que la diffusion est plus rapide dans les joints de grain, puisqu'il y a plus de place pour circuler ;
•de même que pour les surfaces libres, l'énergie des atomes des joints de grain est plus importante que celle
des atomes au sein du cristal, et des donc impuretés vont pouvoir se lier aux joints de grain (phénomène de
«ségrégation»).
•5 -- Défauts volumiques

On peut considérer que le remplacement d’une partie du cristal par


un volume d’un composé différent est un défaut tridimensionnel.
Ce composé «étranger» peut différer du cristal par sa nature
chimique et/ou cristallographique et peut être soit un précipité soit
une inclusion.
Les précipités sont des particules de seconde phase qui sont formés
par combinaison entre les atomes du métal et les atomes des
éléments d’alliage.
Les inclusions correspondent à des impuretés qui proviennent
généralement de son élaboration depuis l’état liquide. Ce sont
souvent des sulfures, des oxydes ou des silicates.
Le croquis ci-dessous représente schématiquement deux types de
précipités. Les précipités cohérents présentent une continuité
cristallographique avec la matrice (les réseaux cristallins de la
matrice et du précipité sont semblables mais leur paramètres de
maille peuvent être différents ce qui entraîne une distorsion élastique
de la matrice). Les précipités incohérents n’ont aucune relation
cristallographique avec la matrice. Les inclusions sont toujours
incohérentes.
La taille et la distribution des précipités jouent un très grand rôle
dans les propriétés mécaniques des matériaux.
Historique

Lorsque l'on déforme un cristal au delà de son domaine élastique, on voit apparaître à sa surface des
lignes appelées traces de glissement (voir illustration).

Ces traces correspondent à de petites marches qui traduisent le glissement des plans cristallins les uns
par rapport aux autres (voir l'illustration ci-dessous).

Elles sont la manifestation du mouvement, sous l'effet des efforts mécaniques, de défauts linéaires
présents dans le cristal : les dislocations.

Traces de glissement :
micrographie électronique en
transmission montrant des
traces de glissement à la surface
d'un poly-cristal Aluminium -
Silicium - Magnésium (6056).

Traces de glissement à la surface d'un super-


alliage monocristallin déformé plastiquement et
schématisation de ces traces à l'échelle atomique
Historique

Le concept de dislocation a pour origine le profond désaccord entre la théorie et l'expérience


concernant la déformation plastique (permanente) des cristaux par cisaillement.

La limite élastique théorique d'un cristal correspond à la contrainte la plus faible nécessaire pour
obtenir la déformation plastique la plus petite possible.

Sous l'effet d'une contrainte de cisaillement , on peut induire le déplacement relatif d'une partie du
cristal par rapport à une autre suivant un plan compact (pour obtenir la plus petite déformation
possible : une distance interatomique) et selon le schéma présenté ci-après.

Glissement suivant un plan compact


Historique
Le travail de cette contrainte est égal au travail à exercer contre les forces de cohésion du cristal.
Si a est le paramètre de réseau et x le déplacement relatif des deux parties du cristal, on peut
représenter la relation contrainte-déplacement par :

où est la limite théorique élastique.

En faisant l’hypothèse de petites déformations et celle d’un comportement élastique linéaire, on a :

et le cisaillement , d’où:
soit:

(a) Cisaillement relatif de deux plans d'atomes dans un cristal déformé uniformément ;
(b) (b) Contrainte de cisaillement en fonction de déplacement relatif des plans par rapport à leur position d'équilibre. La droite
en pointillés tangente à l'origine à la courbe définit le module de cisaillement.
Historique

Ce modèle théorique, ne tenant compte que des forces de cohésion, prévoit donc que le cristal se
déforme plastiquement pour une contrainte typiquement de l'ordre du sixième du module élastique.
Or, en pratique on constate que dans de nombreux cas, la déformation plastique intervient pour des
contraintes beaucoup plus faibles d'un facteur pouvant atteindre 1 000 voire 10 000 ou plus
(tableau ci-dessous).
Historique

En 1934, trois chercheurs, Taylor, Orowan et Polanyi, établirent indépendamment que la


présence d’imperfections cristallines à l’intérieur des matériaux pouvait expliquer cette
divergence.

Dans ces conditions, le glissement relatif des deux parties du cristal ne se fait pas en bloc, mais
grâce à la propagation de ces imperfections le long d’une direction et dans un plan donné, selon
les directions et les plans les plus denses (voir Fig.). Leur déplacement peut alors provoquer une
déformation même pour de faibles niveaux de contrainte.

Directions et plans de glissement


dans les structures CFC, CC et
HC

Ces imperfections sont les dislocations. Ce sont des défauts linéaires qui se déplacent le long des plans
atomiques.
De tels défauts permettent une déformation plus facile car la majeure partie du cristal demeure inaltérée.
Description Géométrique

Il existe deux types de dislocations droites :

•les dislocations coin et les dislocations vis.

•En pratique, les dislocations présentent souvent, en proportion donnée, le caractère coin et le
caractère vis : on parle alors de dislocations mixtes.

•Ces dislocations sont courbes (ou gauches) et en chaque point on peut les décomposer en une
composante coin et une composante vis.
Dislocations coin

Géométriquement, une dislocation coin peut être comprise comme résultant de l'introduction d'un
demi plan atomique à l'intérieur d'un cristal parfait. L'emplacement de la dislocation est défini comme
la limite de ce demi plan supplémentaire dans le cristal par ailleurs parfait (voir Schéma).

La déformation est identique à celle créée en introduisant un plan supplémentaire d'atomes à la partie
supérieure du cristal. Les atomes du demi-cristal supérieur sont comprimés, les autres sont dilatés.
Dislocations vis

On peut se représenter une dislocation vis en imaginant que l’on fait une entaille dans le cristal et
que l’on fait glisser l’un des bords de cette entaille par rapport à l’autre d’une distance
interatomique.

Structure d'une dislocation vis : la ligne verticale passant par A qui marque
l'emplacement de la dislocation est entourée de matériau déformé.
Vecteur de Burgers
Une dislocation est entièrement définie par sa position dans le cristal et par un vecteur appelé
vecteur de Burgers et noté .
Le vecteur de Burgers est défini comme le défaut de fermeture d’un circuit (circuit de Burgers)
reliant les atomes voisins et encerclant la ligne de dislocation.
Par convention, on choisit généralement comme sens de construction du circuit de Burgers le
sens des aiguilles d’une montre.
Dans le cas d’une dislocation coin, on constate, grâce à cette construction, que le vecteur de
Burgers est perpendiculaire à la ligne de dislocation (voir Fig. ci-après).
Dans le cas d’une dislocation vis, ce vecteur est parallèle à la ligne de dislocation (voir Fig.).
Dans le cas le plus général d’une dislocation mixte, le vecteur de Burgers fait un angle
quelconque avec la ligne de dislocation.
Boucles fermées de dislocation

Si la ligne de dislocation
n’émerge pas à la surface du
cristal mais reste confinée dans
le volume du matériau, on parle
de boucle fermée de dislocation.
Dislocation en anneau de forme quelconque (C caractère coin, V caractère vis).
Ce type de dislocation présente
successivement le caractère
coin, vis et mixte, comme
l’indique le schéma suivant.

Les boucles fermées de


dislocation peuvent s’étaler dans
leur plan sous l’effet de la
contrainte appliquée selon le
schéma ci-contre:
Glissement par extension d'une boucle dans son plan
Conséquences des dislocations

Les dislocations sont donc des défauts linéaires, qui, en parcourant le cristal, propagent la
déformation plastique (irréversible) ; plus la pièce est déformée, plus elle contient de
dislocations.
Pour de nombreux phénomènes, on peut oublier l'arrangement des atomes et considérer la
dislocation comme un fil élastique qui traverse le cristal.

Le mouvement du fil peut être bloqué par des obstacles, c'est à dire d'autres défauts du
cristal, il y a donc un effet durcissant des défauts.

La théorie des dislocations permet d'expliquer :

•pourquoi la force à laquelle commence la déformation plastique est très inférieure à celle
prévue par la théorie de l'élasticité du cristal parfait ;
•pourquoi on voit apparaître des lignes sur les côté polis des pièces déformées
plastiquement ;
•pourquoi certains matériaux sont plus ductiles (se déforment plus facilement) que d'autres ;
•l'écrouissage (le durcissement d'une pièce déformée plastiquement) ;
•ce qui fait varier la ductilité d'un matériau (pureté, taille des grains, température ambiante,
vitesse de déformation...)
Structures cristallines et systèmes de glissement

Une dislocation de vecteur de Burgers [uvw] glisse sur un plan (hkl) -- on parle de système de
glissement [uvw](hkl).
Pour que le glissement soit "facile", [uvw] doit être forcément une direction dense, car cela donne une
déformation minimale, et (hkl) un plan dense, car cela donne une force de frottement minimale.
Donc, pour une structure cristallographique donnée, il y a un nombre réduit de systèmes de glissements
faciles.
Plus une structure a de systèmes de glissement faciles, plus le cristal pourra être ductile (mais la
ductilité dépend aussi d'autres paramètres comme la pureté, la taille de grains...).
À l'inverse, une structure qui a peu de systèmes de glissement faciles sera intrinsèquement fragile (le
cristal cassera sans déformation plastique).
La structure possédant le plus de systèmes de glissement faciles est la structure cubique à faces centrées
(cfc). On a en effet :
•plans {111} : directions <110> soit 9 systèmes ([1-10](111), [10-1](111), [01-1](111), [110](-111) ...) ;
•plans {100} : directions <100> et <110>, soit 12 systèmes ([010](100), [001](100), [011](100), [0-11]
(100) [100](010)...).
donc au total 18 systèmes.
 Épinglage
Atomes étrangers et nuage de Cotterel

La dislocation est une zone de perturbation. Donc, en raison du désordre ambiant, un atome étranger,
une impureté, peut s'y réfugier sans trop perturber le reste du cristal ; autrement dit, l'énergie de
l'atome étranger est plus faible si celui-ci se trouve au niveau de la dislocation que s'il est au coeur du
cristal.

Cette diminution d'énergie constitue une "énergie de liaison" entre l'impureté et la dislocation. On a
donc deux phénomènes :

•les atomes étrangers ont tendance à migrer vers la dislocation, on parle de ségrégation ; ces atomes
entourant la dislocation forment ce que l'on appelle un nuage (ou atmosphère) de Cotterel ;

•si une dislocation est liée à un des atomes étrangers elle aura du mal à s'en détacher, elle
sera épinglée.
 Épinglage
Atomes étrangers et nuage de Cotterel
Le modèle du nuage de Cotterel, proposé en 1949 par Cotterel
et Bilby, a été enfin "vu" par microscopie à effet de champ en
2000.

Ceci explique trois phénomènes :


• un métal pur est plus ductile qu'un métal contenant des
additifs, le fer pur est plus ductile que les aciers ferritiques
qui contiennent du carbone (puisqu'il n'y a pas d'épinglage) ;

• les dislocations épinglées sont freinées au démarrage, ce qui


explique la diminution de la contrainte au début de la
déformation plastique dans les métaux non purs
("décrochement") ;

• l'effet Portevin-Lechatelier : dans certaines conditions,


notamment de température et de vitesse de déformation, la
dislocation se décroche de son nuage de Cottrell, mais les
atomes diffusent suffisamment vite pour rattraper la
dislocation et l'épingler à nouveau ; on observe donc des
oscillations sur la courbe de traction, c'est l'effet Portevin-
Lechatelier.
Précipité et durcissement structural

Un cristal peut contenir des précipités, c'est à dire des petits cristaux d'une autre phase noyés au sein du
cristal (par exemple dans une fonte, des carbures de fer Fe 3C dans la matrice de fer). Les précipités vont
eux aussi freiner la dislocation ; par contre, vu leur taille, il ne diffusent pas, donc c'est nécessairement la
dislocation qui va leur rencontrer. La présence de précipités durcit donc le matériau, c'est ce que l'on
appelle le durcissement structural. Il y a deux mécanismes de freinage de la dislocation.

Le premier est la mécanisme d'Orowan : la dislocation ne peut


pas traverser le précipité (la déformation propagée par la
dislocation n'est pas compatible avec la structure cristalline du
précipité), elle «contourne» donc le précipité. Lorsque la
dislocation a franchi le précipité, les deux ganses se rejoignent,
cela libère la dislocation et forme une boucle de dislocation
autour du précipité. À première vue, c'est un peu similaire à
l'épinglage par les atomes étrangers, sauf que l'on a création
d'une boucle de dislocation.

Le deuxième mécanisme est le cisaillement du précipité. La


déformation propagée par la dislocation est compatible avec la
structure cristalline du précipité, la dislocation va donc
déformer le précipité lui-même.
Quand les dislocations se rencontrent

Le comportement collectif des dislocations est


particulièrement important.
Imaginons deux dislocations créant un
cisaillement de direction opposée se rencontrent.
Chose étonnante, les dislocations disparaissent.

De manière générale, les dislocations peuvent


s’attirer ou se repousser, comme des aimants,
selon l’intensité et la direction du cisaillement
qu’elles possèdent.

Il arrive qu’en se rencontrant elles forment des


réactions pour former une nouvelle dislocation.
Par exemple, dans la figure ci-contre, les
dislocations 1 et 2 ont réagi pour former la
dislocation 3.
Annihilation de deux dislocation
Durcir les métaux et alliages

Comme nous venons de voir que les dislocations sont responsables de la plasticité des cristaux, on
comprend bien que leur nombre va augmenter au cours de la déformation. Vous l’avez d’ailleurs
peut être remarqué dans le premier film.

En général, les dislocations ne naissent pas à la surface du cristal, mais à l’intérieur par
l’intermédiaire de sources.
La source de Franck et Read est la plus connue d’entre elles.
Lorsque l’on applique une contrainte à l’échantillon, une
dislocation qui est retenue à ses extrémités a tendance à se
courber, à la manière de la corde d’un arc.

A partir d’une certaine contrainte, la boucle commence à


s’étendre également sur les côtés et en arrière.

Lorsque les deux parties arrières se rencontrent, elles se


joignent, ce qui crée à la fois une boucle nouvelle et restaure le
segment initial. Ainsi, une succession de boucles concentriques
peuvent être créées.
Durcir les métaux et alliages

On peut observer en direct dans le microscope ce type de source de dislocations. Dans le film
suivant, on voit une dislocation qui se multiplie à partir d’un épinglage sur une autre
dislocation.
Remarquez l’émission de dislocations successives après chaque tour.
L'hypothèse du glissement

Lorsque les physiciens du début du siècle regardaient des éprouvettes


déformées en traction, les images de leurs surfaces prises en microscopie
(optique) révélaient de fines stries.
En effet, dans ce type d’expérience, on s’attend intuitivement à un
comportement illustré sur la figure suivante : on forme des marches à la
surface. Des traces de glissement dans un
cristal de Cadmium

La question qui a alors intriguée les métallurgistes était de savoir pourquoi les lignes de
glissement apparaissaient dans des directions particulières par rapport à l’axe de traction.
L'hypothèse du glissement

On constate dans les matériaux CFC en traction selon une direction de type [100] que le glissement
s’amorce toujours dans les plans de type (111) et dans une direction de type [110] (c'est-à-dire à 45°).

Le glissement se propage dans les plans denses et dans une direction où les atomes sont les plus proches.

En étudiant un grand nombre de situations, Schmid a établi une loi qui nous dit:
que le glissement apparaît toujours dans le plan pour lequel la contrainte est maximum.

Par exemple les systèmes [110](111) sont ceux qui sont activés en premier lorsque la contrainte appliquée
est selon [100].

Comme le glissement s’effectue dans des plans particuliers, c’est la contrainte résolue dans ce plan qui
est importante. Elle s’écrit simplement :

où m est appelé le facteur de Schmid, ψ l’angle entre la direction de la contrainte appliquée et la normale


au plan de glissement et   l’angle entre la direction de la contrainte appliquée et la contrainte résolue. En
glissement, la contrainte résolue est maximum et égale à la moitié de la contrainte appliquée
lorsque ψ=λ=45∘
Propriétés des dislocations

La dislocation est un « objet » linéaire. Les deux paramètres importants d’une dislocation sont le pas
de déplacement que l’on appelle le vecteur de Burgers et la ligne de discontinuité.

les caractéristiques importantes d’une dislocation :

• une dislocation est complètement caractérisée par son vecteur de Burgers et la direction de sa
ligne.
• une dislocation étant une singularité élastique, ne peut se terminer dans le cristal parfait ; soit elle
émerge en surface, soit elle forme une boucle.
• le vecteur de Burgers est constant sur toute la ligne de dislocation.
• la surface engendrée par la ligne de dislocation et son vecteur de Burgers est la surface de
glissement.
• La dislocation peut se déplacer sur cette surface sans transport de matière.
• Le glissement correspond à la propagation d’un cisaillement élémentaire d’amplitude ∥⃗b∥.
Propriétés des dislocations

Supposons pour simplifier que la surface de coupure Σ soit un plan délimité par une ligne de dislocation
rectiligne de vecteur u.

• Lorsque  est déplacée selon la direction  parallèlement à , on obtient une dislocation vis.


• Une dislocation coin est obtenue si  est perpendiculaire à  .
Le déplacement des dislocations
Le déplacement des dislocations est responsable
de la plasticité comme nous l’avons vu.

Il existe deux types distincts de mouvement,


l’un étant plus facile que l’autre au moins à
basse température.

Le glissement est le mouvement d’une


dislocation dans le plan contenant la ligne et le
vecteur de Burgers. C’est un mouvement
conservatif, c'est-à-dire sans transport de
matière.

La montée, est le mouvement en dehors de ce


plan. Par conséquent, seules les dislocations
coins peuvent monter.
Le déplacement des dislocations

En glissement, les dislocations se déplacent dans un plan bien


défini.

Contrairement aux dislocations coins, les dislocations vis peuvent


se déplacer en glissement dans une infinité de plans.

Une dislocation vis aura donc plus de liberté.

Dans les cristaux cubiques à faces centrées, les dislocations


préfèrent se déplacer dans les plans compacts (111) car l’amplitude
du vecteur dans ce plan est le plus faible 1/2[110], et donc la
déformation élastique est minimum.

Toutefois, elles peuvent changer de plans ou passer d’un


plan (111) à un autre. Ce processus est appelé glissement dévié.

Alors que toutes les dislocations vis sont mobiles (on dit aussi
glissiles), les dislocations coins peuvent se retrouver dans des plans
où elles ne peuvent pas se déplacer : on dit qu’elles sont sessiles.
Quand les dislocations interagissent

Les dislocations isolées, étant des singularités élastiques dans le cristal, développent autour
d’elle un champ élastique à longue distance de portée infinie.

Une dislocation vis, par exemple développe des contraintes élastiques de la forme :

On voit que la contrainte est proportionnelle au vecteur de Burgers, au module de cisaillement


qui nous dit si le cisaillement est facile ou pas, et inversement proportionnelle à la distance.

Le facteur  provient de la symétrie cylindrique du champ élastique autour de la dislocation.

Comme les dislocations possèdent un champ élastique, elles interagissent avec un champ
extérieur ou avec le champ d’autres dislocations.
Voyons un peu comment. On procède selon l’approche newtonienne des forces qui consiste à
regarder quel est le travail d’une dislocation lorsqu’on la déplace (plus simplement, on regarde
quelle quantité d’énergie il faut pour déplacer une dislocation sur une distance  )
Quand les dislocations interagissent

Intéressons nous d’abord à l’interaction d’une


dislocation avec un champ de contrainte extérieur.

Raisonnons en premier lieu de manière simplifiée et


considérons une dislocation traversant complètement un
échantillon de dimension  sur   sous l’influence d’une
contrainte extérieure de cisaillement .
En traversant l’échantillon, les deux parties de l’échantillon ont été déplacées d’une quantité . Le travail  de la
force appliquée  sur l’échantillon est donc :

Ce travail est égal à celui de la force  nécessaire pour déplacer la dislocation de longueur   sur la distance , et
qui s’écrit:

Ceci nous conduit alors à l’expression de la force (par unité de longueur) exercée sur une dislocation par une
contrainte extérieure :
Quand les dislocations interagissent

Dans le cas général, cette formule doit être remplacée par la formule de Peach et Koehler pour
tenir compte de l’orientation de la contrainte par rapport à la dislocation et son vecteur de Burgers:

Pour illustrer cette formule, considérons une boucle de


dislocation de vecteur de Burgers, perpendiculaire au plan de la
boucle, et une contrainte uni-axiale parallèle à  selon l’axe .
La force subie par la boucle est alors :

La force qui s’exerce sur la boucle est


radiale et se trouve dans son plan.
Elle tend à la faire croître si  est orienté
dans le même sens que la contrainte et
à la faire se contracter dans le cas
contraire.
Vous remarquerez au passage qu’il
s’agit d’un processus de montée.
Quand les dislocations interagissent

Que se passe- t’il maintenant lorsque deux dislocations interagissent ?

Il suffit d’exprimer la formule de Peach et Koehler en écrivant la force agissant sur la seconde
dislocation lorsqu’elle est plongée dans le champ de contrainte de la première.

Prenons comme exemple deux dislocations vis parallèles séparées d’une distance .
Le champ de contrainte de la seconde dislocation est de la forme   de sorte que la force
d’interaction est après calcul :

Cette force est radiale et décroissante en  (elle ne dépend que de la distance entre les dislocations).

Elle est attractive si les vecteurs de Burgers sont opposés et répulsive dans le cas contraire.
Ceci nous explique pourquoi nos deux dislocations s’annihilent dans la séquence vidéo.
Quand les dislocations interagissent

Dans le cas de deux dislocations coins, la situation est légèrement plus compliquée, mais on peut en tirer des
conclusions intéressantes. Le schéma ci-contre résume les différents cas de figure.

Lorsque les deux dislocations ont des vecteurs de Burgers de même


signe, elles se stabilisent l’une au dessus de l’autre.
Une situation intéressante apparaît lorsqu’un grand nombre de
dislocations s’empilent de cette façon les unes sur les autres. Elles
conduisent à la configuration suivante (volontairement exagérée):

Cet empilement conduit donc à une désorientation (faible) de la partie


droite de la figure par rapport à la partie gauche d’un angle , où  est la
distance entre les dislocations. On appelle ce genre de configuration un
sous joint de flexion.
Quand les dislocations interagissent

Lorsque les dislocations ont des vecteurs de Burgers de signe opposé, on remarque qu’elle
trouve une position d’équilibre à 45°.

Elles forment alors ce que l’on appelle un dipôle de dislocations.

La formation de dipôle est particulièrement intéressante car on remarque que pour briser un tel
dipôle il est nécessaire de fournir une contrainte supérieure à:
.

Ceci est très important en plasticité.


Les Joints de Grains

Les matériaux cristallins utilisés couramment, à quelques exceptions près tels que les
semi-conducteurs ou les superalliages pour aubes de turbines en aéronautique, sont
généralement poly-cristallins.

Ils ne sont pas formés d'un seul grain (monocristal) mais d'un ensemble de grains de taille plus ou moins
grande (de 1 micron  à plusieurs centimètres selon le mode d'élaboration et les traitements
thermomécaniques subis par le matériau).

Ces grains sont juxtaposés et les régions où les différents grains sont en contact sont appelées les joints de grains.
Ces régions sont des zones de transition caractérisées par des structures plus ou moins perturbées qui permettent
l’accommodation géométrique et cristallographique des grains constitutifs du poly-cristal (Fig. ci-dessous).

Micrographies optiques d'un acier inoxydable


montrant les grains et les joints de grains
constitutifs de l'alliage (à gauche) et Joints de
grains (à droite) vus en MET (interface
Aluminium/Aluminium en haut ; interface
Aluminium/Germanium en bas).
Les Joints de Grains

Les poly-cristaux sont en général isotropes quand ils sont constitués de grains ayant des orientations
cristallographiques aléatoires dites grains équi-axes.

Au contraire, les monocristaux sont fortement anisotropes.


Les propriétés mesurées sur un poly-cristal résultent généralement d'une moyenne sur l'ensemble des grains.
Par exemple, le module d'Young du cuivre poly-cristallin vaut environ 110 GPa alors qu'il varie de 67 GPa selon les
directions <100>  à  192 GPa selon les direction <111>  dans les monocristaux

De manière générale, les joints de grains sont à la fois des sources et des pièges pour les défauts ponctuels et les
dislocations.
Au cours d'une trempe, les lacunes excédentaires s'éliminent plus rapidement aux joints de grains.

Ils jouent également un rôle important dans la déformation plastique puisqu'ils peuvent induire des dislocations sous
l'effet d'une contrainte et constituer des obstacles au mouvement des dislocations.
Alliages et diagrammes de phases
Introduction
Excepté dans quelques cas particuliers, les métaux sont rarement utilisés industriellement à l’état
pur.

Généralement on utilise des alliages qui sont des mélanges de plusieurs métaux purs en proportions
données ; ils sont constitués de deux (alliages binaires), trois (alliages ternaires),...  éléments.

Les alliages sont composés d’une phase (alliages monophasés) ou de plusieurs phases (alliages
polyphasés).

Une phase peut être définie comme une partie homogène du matériau ayant une composition
chimique et une structure propres.

À l’état solide, deux types de phases sont mises en évidence : les solutions solides et les composés
définis.
Introduction
Les alliages peuvent être étudiés comme des systèmes physiques dont la variance est donnée
par la règle de Gibbs (ou règle des phases) : , exprimée sur la figure suivante.

représente la variance du système et correspond au nombre de variables indépendantes dont


il est nécessaire et suffisant de connaître la valeur pour définir complètement le système
(généralement la température et la composition chimique des phases en présence, la pression
étant quant à elle fixée dans la plupart des procédés métallurgiques), représente le nombre
de constituants indépendants et  représente le nombre de phases.

Pour les alliages binaires, pour lesquels , alors .

Le nombre de phases, selon les états du système, peut être égal à un (alliage monophasé), à
deux (alliage biphasé) ou à trois (alliage triphasé) ; une variance négative n’ayant aucun sens
physique.

Par exemple, pour un système biphasé, la variance est de , ce qui signifie que lorsqu'une
variable est fixée, les autres le sont systématiquement : si on fixe la température, la
composition chimique des trois phases en présence est fixée.
Introduction

Règles de phases
Les solutions solides

Les solutions solides sont des agrégats, chimiquement homogènes, résultant de l’addition d’un ou de
plusieurs éléments étrangers (éléments d’alliage) dans un métal pur.
Dans certains cas, les métaux en présence sont miscibles en toute proportion. C’est le cas par exemple de
l’or () et de l’argent () qui forment une solution solide continue.

La plupart du temps, il existe une concentration limite (limite de solubilité) en atomes de soluté au-delà de
laquelle la structure cristalline est modifiée.

Dans l’intervalle de concentration borné par cette concentration limite, la solution solide est dite primaire
ou terminale (exemple le laiton ).

Au-delà de cette concentration, les deux constituants peuvent former une solution solide ayant une
structure cristalline différente de celle du métal de base : il s’agit d’une solution solide secondaire ou
intermédiaire (exemple le laiton ).
On observe également des solutions dont l’existence n’est possible que dans un domaine de concentration
limité : on dit alors que les constituants forment un composé défini.
Les atomes étrangers peuvent entrer en solution avec le métal de base :
•soit en se substituant à ses atomes, on parle alors de solution solide de substitution,
•soit en se plaçant aux interstices de son réseau, on parle alors de solution solide d’insertion.
Les diagrammes de phases

Généralités

Les diagrammes de phases sont des représentations, dans le plan isobare  (température -


composition), de la constitution physico-chimique d’un alliage dans son état
thermodynamique d’équilibre.

Il fournit en fonction de la température : la nature, la composition chimique et les fractions


massiques des phases en présence pour un alliage de concentration déterminée.

Les diagrammes de phases décrivent les équilibres  et  qui régissent la solidification des


alliages.
Les diagrammes de phases

À titre d’exemple, la figure ci-dessous donne l’allure d’un diagramme de phases : il s’agit d’un
diagramme fictif d’alliage binaire  mettant en évidence des domaines monophasés, biphasés et triphasés
en accord avec la règle de Gibbs
Dans le cas envisagé, l’élément présente deux formes cristallines notées  et , de même pour
l’élément  :  et .

Le diagramme de phases présente six phases


différentes :
•la phase liquide (présente au dessus du liquidus, qui
définit la limite au-dessus de laquelle il n’y a que du
liquide)
• solution solide primaire de dans 
• solution solide primaire de dans 
•solution solide primaire de A dans 
•solution solide primaire de A dans 
• solution solide intermédiaire
•n composé défini
Remarquons que le solidus définit la limite en-deçà de
laquelle il n’y a plus de liquide.
Les diagrammes de phases

•Les domaines   et  auxquels il faut ajouter la


verticale du composé défini, sont monophasés.
Tous les autres domaines sont biphasés mis à
part les horizontales pour lesquelles trois phases
sont en équilibre.

•Dans les limites des domaines monophasés


température et composition peuvent varier
indépendamment sans changer la nature de la
phase.

Dans les domaines biphasés les compositions


des deux phases en équilibre sont parfaitement
déterminées à une température donnée.
Deux règles simples permettent de déterminer
les compositions, ainsi que les fractions
massiques des deux phases.
La règle de l’horizontale (voir Fig.)
À la température ,l’alliage de composition  
est constitué de deux phases  et  caractérisées
respectivement par des teneurs  (% masse)
de  et  (% masse) de  et  (% masse) de
et (100−x(ϕ2)) (% masse) de .

Les compositions correspondent aux


abscisses des points M et P intersections de
l’horizontale à la température T et des limites
du domaine biphasé. La règle de l’horizontale
précise donc la nature et la composition
chimique des phases en équilibre à toutes les
températures où le domaine biphasé existe.
La règle des segments inverses (voir Fig.)
À la température , l’alliage particulier de composition  en élément  est caractérisé par une
fraction massique des phases  et  particulière. Si ,  et sont respectivement les masses des
phases  ,  et de l’alliage, on a :
Cas de la transformation eutectique
Une telle transformation est schématisée sur le diagramme binaire  de la figure ci-contre. Ce diagramme présente
trois domaines monophasés :
•le domaine liquide L,
•le domaine de solution solide primaire  de  dans ,
•le domaine de solution solide primaire  de A dans .

À la température , les alliages  (masse % de ) tels


que  sont triphasés et composés de , de liquide et de .

On met en évidence l’équilibre eutectique :


Étudions quelques cas de transformations subies par les alliages  pour des refroidissements lents depuis
l’état liquide de façon à ce que l’équilibre soit constamment réalisé et que l’homogénéité de chacune des
phases soit atteinte à chaque instant.

Alliages tels que 0 < X < X(S1)

La verticale caractéristique de ces alliages ne


traverse pas l’horizontale eutectique et ils ne sont
donc pas concernés par la transformation eutectique.

Au cours du refroidissement, l’alliage subit les


transformations suivantes :
• : l’alliage est dans l’état liquide à la composition
homogène .
• : ce point correspond au début de la solidification,
les premiers cristaux de phase   formés ont une
composition .
• : la fraction massique du solide croît au détriment de
celle du liquide.
À partir de la règle des segments inverses, on a au
point N :
Alliages tels que 0 < X < X(S1)
Simultanément la composition chimique des deux phases varie. Dans ce cas, les deux
phases s’enrichissent en , la composition de la phase liquide suit le liquidus , celle de la
solution solide suit le solidus.

•: ce point correspond à la fin de la solidification, les


dernières gouttes de liquide ont la composition .
L’intervalle  s’appelle intervalle de solidification.

• : X est égal à la limite de solubilité de B dans A.

• : l’excès de  donne naissance à une solution


solide  de  dans . Il y a formation de cristaux de
phase  dont la fraction massique peut être déterminée
grâce à la règle des segments inverses appliquée au
domaine biphasé.

Si à partir du domaine biphasé , on remonte la


température au-dessus de  alors la phase  se dissout
progressivement.
Si le temps de maintien est suffisant, elle disparaît même
complètement et l’alliage est monophasé .
La verticale caractéristique de ces alliages traverse le palier eutectique. Ces alliages sont donc concernés par la
transformation correspondante.

La composition de l’alliage est égale à celle du point eutectique :


c’est l’alliage eutectique. C’est l’alliage qui demeure liquide à la
température la plus basse (voir Fig.).

• : l’alliage est dans l’état liquide à la composition homogène .

• : deux nouvelles phases  et  apparaissent par germination à partir


du liquide suivant la réaction :

Il y a transformation progressive du liquide eutectique et l’alliage


est alors composé de deux phases  et  dans les proportions
suivantes :
et

• : la composition et la fraction massique des deux phases  et  de


l’alliage eutectique évoluent selon les règles de l’horizontale et des
segments inverses.
Alliages tels que X(S1) < X < X(E)
Ces alliages sont appelés alliages hypo-eutectiques et leur refroidissement depuis l’état liquide peut être
décrit de la manière suivante (voir Fig.) :

• : l’alliage est biphasé, il est constitué de cristaux de


solution solide de composition chimique  et de liquide
eutectique de composition  dans les proportions suivantes :
et

Les grains de phase  formés avant l’eutectique sont dits pro-


eutectiques.
• : la solution solide pro-eutectique ne subit aucune
transformation. Seul le liquide eutectique subit la
transformation isotherme :

• : l’alliage est biphasé, il comporte des cristaux de solution


solide  de composition chimique  et des cristaux de solution
solide  de composition chimique  dans les proportions
suivantes :

et
Les modes de durcissement
Introduction

Améliorer les propriétés mécaniques des matériaux métalliques pour application structurale est
une préoccupation permanente des élaborateurs et des utilisateurs.

D’un point de vue purement technologique, durcir un matériau consiste à augmenter sa limite
d’élasticité.
Au plan mécanique, cela revient à augmenter la quantité d’énergie de distorsion emmagasinée
dans le matériau sans déclencher de déformation plastique.

On traduit cela par une augmentation de la quantité et/ou de l’efficacité des obstacles au
mouvement des dislocations.
Selon le domaine d’utilisation des matériaux et les modes de sollicitation associés, améliorer
les performances conduit à privilégier des voies distinctes, mais c’est toujours dans la conduite
des procédés d’élaboration que réside la clé de l’optimisation des propriétés mécaniques. Les
leviers dont dispose l’élaborateur sont les suivants :

•les traitements thermomécaniques appropriés,


•la sélection judicieuse d’éléments d’alliage,
•les traitements thermiques pour former des phases durcissantes,
•les traitements de surface pour un durcissement local superficiel.
Durcissement par traitement thermique

Durcissement structural des alliages d'aluminium

Le durcissement structural des alliages d’aluminium, appelé aussi durcissement par précipitation,
provient de la formation contrôlée dans l’alliage d’une seconde phase de module de cisaillement supérieur à
celui de la matrice.

Les particules précipitées offrent donc par nature une meilleure résistance au déplacement des
dislocations, mais au-delà de leur caractéristique cristallographique, leur taille et leur distribution dans la
matrice jouent un rôle fondamental dans le durcissement.

La précipitation résulte d’une séquence de traitement thermique composée d’une première phase de mise
en solution suivie d’une trempe puis d’un revenu.

Seuls les alliages d’aluminium des séries 2000 (AlCu), 6000 (AlMgSi) et 7000 (AlMgZn) ont la capacité
de durcir par précipitation.

En relation avec leur diagramme d’équilibre, les alliages sont biphasés à l’état de livraison. La solubilité des
éléments d’alliage, quels qu’ils soient, étant très limitée à température ambiante dans l’aluminium, les
alliages sont constitués d’une solution solide en aluminium quasi pur (phase α) et d’une seconde phase,
sous forme de précipités grossiers préférentiellement localisés le long des joints de grains (phase β).

Typiquement, la limite d’élasticité de l’alliage 7075 (AlMgZn) dans cet état métallurgique est de l’ordre
de 150MPa.
Durcissement structural des alliages d'aluminium

L’objectif du traitement thermique de durcissement est d’augmenter la limite d’élasticité jusqu’à la valeur
usuelle pour ce type de matériau à savoir 450MPa environ, ce qui est particulièrement significatif.

Lors de la mise en solution (Fig. ci-contre), l’alliage est


porté à une température supérieure à la température
de solvus T2 (environ 475°C pour l’alliage 7075).

Les précipités grossiers se dissolvent dans la matrice


aluminium grâce à des processus de diffusion et une
solution solide est obtenue en accord avec les indications
données par le diagramme d’équilibre : l’alliage est
monophasé α.
Durcissement structural des alliages d'aluminium

À l’échelle atomique, l’aluminium et les éléments d’alliage sont répartis


de manière aléatoire dans la solution solide α (Fig. ci-contre).

La durée du traitement de mise en solution dépend bien sûr de la


massivité de la pièce, mais demeure relativement courte, par exemple 30
minutes à 1 heure, car la diffusion au-dessus du solvus est rapide.
Durcissement structural des alliages d'aluminium

L’étape suivante du traitement vise à figer à


température ambiante la solution solide formée à
haute température.

Ceci est réalisé grâce à une trempe dans un milieu


de sévérité donnée, traditionnellement de l’eau.

Les processus de diffusion provoquant une


précipitation de la phase  n’ont pas assez de temps
pour se développer et une solution solide
sursaturée, contenant en son sein plus d’éléments
d’alliage que la thermodynamique d’équilibre ne
le prévoit, est maintenue.
Durcissement structural des alliages d'aluminium
Cette phase, hors d’équilibre, est métastable.

La mesure de la limite d’élasticité du matériau


après trempe montre qu’aucun durcissement n’est
obtenu. Un léger durcissement de solution solide
peut cependant être mesuré.

Le durcissement significatif résulte de la troisième


phase du traitement, le revenu qui va permettre,
par maintien du matériau à une température
inférieure à la température de solvus pendant un
temps donné, de provoquer la précipitation de la
phase β en contrôlant précisément la taille et la
distribution des particules durcissantes (figures
ci-contre).

L’équivalence temps t /
température T caractéristique des processus de
diffusion permet de choisir des couples de
paramètres (t,T) différents pour obtenir un
durcissement maximal.

Pour l’alliage 7075, un traitement


de 2h à 110°C offre un bon compromis.

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