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Chapitre II
Eléments de Cristallographie
I. Notions cristallographiques
L’étude de la structure d’un solide, particulièrement les cristaux, nécessite deux types d’espace :
- L’espace objet (réseau direct) : c’est l’espace réel dans lequel on repère les atomes, les molécules ou
les ions (par extension c’est le cristal).
- L’espace image (réseau réciproque) : c’est l’espace dans lequel on repère les directions de
diffraction (par extension c’est le film impressionné).
1. L’espace objet
a. Quelques définitions
➢ Cristal : solide dans lequel un motif se répète périodiquement dans les trois directions de
l’espace, engendrant ainsi un réseau.
➢ Motif : contenu matériel du cristal. Les constituants élémentaires du motif peuvent être de
différents types (atomes, ions ou molécules), correspondant à différentes catégories de cristaux.
➢ Réseau : Répétition périodique d’un motif.
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• Réseau ponctuel : Répétition périodique de points. Chaque point est entouré de façon
identique en position et en orientation.
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Noeuds
➢ Rangée réticulaire: droite qui passe par deux nœuds successifs du réseau et donc par une
infinité de nœuds. On la note [u v w].
La distance qui sépare 2 nœuds successifs est appelée « période ou paramètre de la rangée ».
Rangée [010]
Période
➢ Plan réticulaire :
Miller a introduit la représentation d'un réseau cristallin par un système de plans réticulaires
associés. Les plans réticulaires sont des regroupements de nœuds en plans parallèles et équidistants,
formant une famille de plans qui couvre la totalité des nœuds du réseau (il existe évidemment une
infinité de manière de choisir des plans réticulaires, chaque manière constitue, à elle seule, une famille
de plans).
La distance qui sépare 2 plans successifs appartenant à une même famille est appelée distance
interréticulaire. Elle est notée d(hkl).
Un plan réticulaire peut être tracé à partir de trois nœuds non colinéaires et il peut donc
passer par une infinité de nœuds. Il est représenté par la notation (hkl) où les trois indices de Miller, h,
k et l, entiers relatifs premiers entre eux, correspondent à l'intersection du plan avec les trois axes du
cristal au voisinage immédiat de l'origine.
Une famille de plans réticulaires est notée {hkl } et elle est caractérisée par l’équation : h x + k y + l z
= m.
Où m est un entier relatif caractérisant chaque plan de la famille. On parcourt cette famille en faisant
varier le paramètre m.
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m = -1 Plan (hkl)
X
Un plan (hkl) coupe l’axe des X au point a/h, l’axe des Y au point b/k, et l’axe des Z au point c/l.
Exemple :
Pour déterminer les indices de Miller, on inverse les intersections d’un plan m de la famille
avec les axes a, b et c et on ramène le résultat, par multiplication, à 3 entiers premiers entre eux.
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➢ Maille élémentaire
Un réseau est théoriquement infini, pour le décrire on choisi une entité structurale qui le
reproduit par translation, cette entité est appelée maille.
- A deux dimensions, le parallélogramme le plus simple à construire dans le plan avec les deux
vecteurs de bases a ; b et l’angle α qu’ils déterminent, constitue la maille élémentaire. Sa
surface est donnée par la relation classique : S = |a ∧ b|.
- A trois dimensions, le parallélépipède le plus simple à construire dans l’espace avec les trois
vecteurs de bases a, b et c et les angles qu’ils déterminent, α (b,c), ß (a,c) et γ(a,b), constitue la
maille élémentaire. Son volume est donné par la relation classique : V = a . (b ∧ c).
▪ Types de mailles
La maille primitive
La maille élémentaire est dite unitaire ou primitive si elle ne comporte qu’un seul
motif.
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- Remarque : Dans un réseau primitif le nombre de mailles élémentaires est égale au nombre de motifs.
Les mailles primitives ont le même volume quelques soient les vecteurs générateurs. V = a . (b ∧ c).
La maille multiple
❖ Mode centré
Le mode centré, représenté par le symbole I, constitue un mode dans le quel un motif, identique à
celui placé à l’origine, occupe le centre de la maille élémentaire. Les positions occupées sont :
(0,0,0) et (1/2, 1/2,1/2).
- Lorsque les positions occupées sont : (0,0,0) et (1/2, 1/2,0) le mode est de type C ;
- Lorsque les positions occupées sont (0,0,0) et (0,1/2, 1/2) le mode est de type A ;
- Lorsque les positions occupées sont (0,0,0) et (1/2, 0,1/2) le mode est de type B.
C’est le contenu de la maille. On peut le décrire en donnant la nature des atomes (ou des ions
ou molécules) et la position de chacun par leurs coordonnées numériques.
Exemple : Le molybdène est figé dans une structure cubique centrée.
➢ Systèmes cristallins
Il existe 7 systèmes cristallins dont chacun est caractérisé par un polyèdre de référence et par un
degré de symétrie donné. Ces polyèdres sont susceptibles d’être empilés sans laisser de vide entre
eux.
Chaque polyèdre est reconnu à partir de ses paramètres linéaires (a, b, c) et angulaires (α, ß, γ).
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• Le système cubique
- Le parallélépipède de référence est un cube, polyèdre dont toutes les faces sont carrées.
a = b = c ; α = ß = γ = 90°.
- Le cuivre, l’argent, l’or, le diamant, etc… cristallisent dans ce système.
- La distance interréticulaire est : dhkl = a/ (h 2 + k 2 + l 2) 1/2.
• Le système hexagonal
- Le polyèdre de référence est un prisme droit à base hexagonale (les bases sont des hexagones
réguliers et les faces latérales sont rectangulaires). Chaque prisme contient 3 mailles
conventionnelles tel que :
a = b ≠ c ; α = ß = 90° ; γ = 120°.
- L’émeraude, par exemple, cristallise dans ce système.
- La distance interréticulaire est : dhkl = a/ [(4/3) (h 2 + k 2 + hk) + l 2 (a/c) 2] 1/2.
• Le système quadratique
- Le parallélépipède de référence est un prisme droit à base carrée : a = b ≠ c ; α = ß = γ = 90°.
- L’anatase (TiO2) cristallise dans ce système.
- La distance interréticulaire est : dhkl = a/ [h 2 + k 2 + l 2 (a/c) 2] 1/2.
• Le système rhomboédrique
- Le polyèdre de référence est un rhomboèdre, parallélépipède dont toutes les faces sont des losanges,
et qui dérive du cube par allongement ou par contraction.
a = b = c ; α = ß = γ ≠ 90°.
- Exemple de système cristallisant dans ce système : le quartz, le saphir bleu, etc.…
dhkl = [a (1 + 2 cos 3α -3 cos 2α) 1/2] / [(h2 + k2 + l 2) sin2α + 2 (hk + kl + hl) (cos2 α - cos α] 1/2.
• Le système orthorhombique
- Le parallélépipède de référence est un prisme droit dont toutes les faces sont (bases et faces
latérales) rectangulaires : a ≠ b ≠ c ; α = ß = γ = 90°.
- Exemple de système cristallisant dans ce système : la topaze, le soufre,…
- La distance interréticulaire est : dhkl = 1/ [ (h/a) 2 + (k/b) 2 + (l/c) 2] 1/2.
• Le système monoclinique
- Le polyèdre de référence est un prisme qui a la base d’un parallélogramme : a ≠ b ≠ c ; α = γ =
90° et ß quelconque.
- Le gypse cristallise dans ce système.
- La distance interréticulaire est : dhkl = sin ß/ [(h/a) 2 + (l/c) 2 + (k/b) 2 (sin2ß) – (2 hl cos ß) / ac] 1/2.
• Le système triclinique
- Le polyèdre de référence est un parallélépipède quelconque : a ≠ b ≠ c ; α ≠ ß ≠ γ.
- La turquoise cristallise dans ce système.
dhkl = 1/ [h2 a*2 + k2 b*2 + l 2 c*2 + 2hk a*b*cos 𝛾* + 2hl a*c* cos ß* + 2kl b*c*cos α*]1/2
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Cubique (P, I, F)
Les quatorze réseaux de Bravais
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Tableau récapitulatif
2. L’espace image
Soit un réseau direct construit sur trois vecteurs de base a, b et c. A partir de ce réseau, on
définit un réseau imaginaire, dit réciproque, caractérisé par trois vecteurs de base a*, b* et c*, tel que :
(m/|OR|) = |OH|= cste.|OH| étant la projection du vecteur direct OD sur le vecteur réciproque OR
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Quelque soit le point D choisi sur le plan (hkl), sa projection coïncide avec le point H. ⇒ Le plan (hkl)
est perpendiculaire au vecteur OR au point H.
R *
[hkl]
H
D (hkl)
Tout plan (hkl) du réseau direct est perpendiculaire à la rangée [hkl]* du réseau réciproque :
(hkl) ⊥ [hkl]*
Par ailleurs, si le plan (hkl) considéré est le plan voisin du plan qui passe par l’origine, son équation
est :hx + ky + lz = 1 ; et |OH| sera la distance interréticulaire dhkl de la famille des plans (hkl) :
|OH|= (1/ |OR|) = dhkl.. On en déduit la deuxième propriété du réseau réciproque :
La distance interréticulaire dhkl d’une famille de plans (hkl) est l’inverse de la longueur
du vecteur réciproque r *hkl de coordonnées h, k et l :
|r *hkl| = [( r *hkl ) 2]1/2 = [( r *hkl ) 2]1/2 = [(ha* + kb* + lc*) . (ha* + kb* + lc*)]1/2
|r *hkl| = [h2 a*2 + k2 b*2 + l 2 c*2 + 2hk a*b*cos 𝛾* + 2hl a*c* cos ß* + 2kl b*c*cos α*]1/2
dhkl = 1/ [h2 a*2 + k2 b*2 + l 2 c*2 + 2hk a*b*cos 𝛾* + 2hl a*c* cos ß* + 2kl b*c*cos
α*]1/2
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1. Eléments de symétrie
La régularité des formes et des propriétés des cristaux met en exergue le rôle prééminent des
éléments de symétrie du système. Selon leurs propriétés, ils décrivent soit l’ensemble de la géométrie du
polyèdre que constitue le cristal macroscopique (éléments de symétrie d’orientation), soit la structure
périodique, généralement tridimensionnelle, du milieu cristallin microscopique (éléments de symétrie de
position).
Eléments d’orientation
Une figure F présente des propriétés de symétrie s’il existe une (ou plusieurs) opération(s) qui la
transforme(nt) en une figure F’, absolument indiscernable de F.
Un élément de symétrie d’orientation constitue pour, la figure F, un opérateur capable de l’amener en
coïncidence avec elle-même. Le nombre total de points équivalents détermine le degré de symétrie de la
figure F.
Ces axes font coïncider le cristal avec lui-même par rotation d’un angle Θ = 2П/P. Le cristal
regagne sa position initiale après P opérations. Ces axes sont consignés dans le tableau présenté ci-
dessous.
┴ au plan de la figure ▲ ♦
// au plan de la figure ↔
180
°
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Remarque : l’axe d’ordre 5 n’existe pas dans les figures périodiques infinies.
Ces opérateurs associent un axe direct d’ordre P à un centre d’inversion i porté par cet axe.
Axe 2-
°
180
m i
Eléments de position
La symétrie des figures périodiques infinies permet de mettre en évidence, à coté des éléments
précédents, d’autres éléments faisant intervenir une translation de période t. Ces éléments se classent
en deux catégories :
L‘opération issue de l’application de ce type d’axes est une rotation autour d’un axe simple P
suivie d’une translation T selon la direction de cet axe et dont l'amplitude est une fraction des vecteurs
de base.
1 ≤ n ≤ p – 1 ; p ≠ 1 ; n C IN et T = (n/P) a, lorsque a est la direction de l’axe.
Le résultat final de P opérations hélicoïdales successives, qui ramène le cristal sur lui-même est une
rotation de 180° associée à une translation pT dans la direction de l’axe. Les axes hélicoïdaux sont au
nombre de 11 (voir tableau ci dessous).
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Axe hélicoïdal 21 31 32 41 42 43 61 62 63 64 65
Symbole graphique
┴ au plan de la figure
// au plan de la figure
Exemple : L’axe 41 // c correspond à une rotation de 90° au tour d’un axe 4, suivie d’une translation
de (¼) c dans la direction de l’axe.
Axe 41
Ces plans commandent une opération de symétrie par rapport à un miroir simple m suivie d’une
translation T parallèlement à ce plan. Leur dénomination tient compte à la fois de la valeur de T et
du nombre de directions de l’espace concerné. Ces plans sont au nombre de 5, comme indiqué dans le
tableau ci-dessous.
Plan a b c n d
Symbole
┴ au plan de la figure
// au plan de la figure
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Plan Glissement
a a/2 (1/2 de la période le long de la direction a)
b b/2 (1/2 de la période le long de la direction b)
c c/2 (1/2 de la période le long de la direction c)
n 1/2 de la période le long d’une direction diagonale
d 1/4 de la période le long d’une direction diagonale
Exemple :
L’étude de toutes les combinaisons possibles entre les éléments de symétrie d’orientation a conduit à
32 groupes ponctuels qui représentent les 32 classes de symétrie cristallines. Chaque cristal est affecté
à l’une de ces classes (tableau ci-dessous).
Triclinique Monoclinique Orthorhombique Quadratique Hexagonal Rhomboédrique Cubique
4 mm 6 mm
m m
11 classes de Lauë
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La combinaison des deux types d’éléments de symétrie, d’orientation et de position, conduit à 230
groupes d’espace (voir tableau).
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Système cubique
195 P23 F23 I23 P213 I213
23 -
199
200 Pm3 Pn3 Fm3 Fd3 Im3 Pa3 Ia3
m3 -
206
207 P432 P4232 F432 F4132 I432 P4332 P4132 I4132
432 -
214
215 P43m F43m I 43m P43n F43c I 43d
43m -
220
221 Pm3m Pn3n Pm3n Pn3m Fm3m Fm3c Fd3m Fd3c
m3m -
230 Im3m Ia3d
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