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SÉANCE 1
Indice, symbole
Objectifs
• Observation et analyse d’œuvres, comparaison d’œuvres différentes permettant de comprendre la dimension indi-
cielle, symbolique et métaphorique des images et des objets non artistiques.
• Expérimenter, produire.
Nous allons maintenant nous intéresser à différents degrés de lecture des images. Nous verrons comment elles peuvent
être interprétées de diverses manières selon qu’on considère leur sens apparent ou leur sens profond.
L’OMBRE PORTÉE
Watson
Définition : Une allégorie est une image qui représente une idée abstraite ou une notion morale à l’aide de
symboles.
Dans le cadre ci-dessous, redessine ces images en les disposant autour d’un personnage pour en faire une allégo-
rie de la Fidélité et de la Pureté. Tu peux ajouter d’autres éléments de décor pour embellir ta composition.
À peu près depuis le XVe siècle, on représente certaines idées par des personnages
(souvent des femmes) qui portent des accessoires permettant de les reconnaître. Il est
nécessaire que ces « attributs » (tu as déjà vu ce nom) soient identifiables par tous, par
conséquent qu’ils soient toujours les mêmes. Par exemple, on représente la Justice
avec un glaive (= la lame d’une épée) et une balance. Cet attribut indique qu’il y a un
équilibre entre les parties (la défense et l’accusation) et la lame indique que la puni-
tion est définitive. Sur la sculpture reproduite ici, les yeux de l’allégorie (Justicia) sont
bandés ; elle ne peut pas être influencée par ce qu’elle voit : elle est impartiale. L’idée
étant représentée par une personne (elle a même un nom), on parle de « personnifica-
tion ». En effet, l’allégorie, à la différence du symbole, est toujours un personnage.
Nous l’avons vu dans d’autres séances, les saints ou les héros de l’Antiquité sont éga-
lement reconnaissables par des attributs mais les allégories sont laïques (= elles ne
sont pas religieuses), même si parfois elles représentent des idées morales provenant
de textes sacrés.
— Hans Gieng, Justicia,
Fontaine de la Justice, bronze
peint, 1543, Berne
C’est le cas, par exemple, pour celles qui personnifient les vices et les
vertus, car les péchés capitaux y sont liés. Tu peux voir un exemple de
cette confusion avec cette peinture de Caravage qui mêle plusieurs
figures allégoriques. Je les énumère ici, à toi de les identifier (atten-
tion, certaines sont regroupées) :
• nourrir l’affamé,
• abreuver l’assoiffé,
• accueillir l’étranger,
• vêtir les malheureux,
• soigner les malades,
• visiter les prisonniers,
• ensevelir les morts.
À la différence de l’allégorie de la Justice, il s’agit d’une mise en scène
paraissant réelle. Cependant, on pourrait nommer quelques person-
nages, par exemple « Générosité », « Sollicitude », etc.
L’utilisation de symboles est plus complexe à percevoir ici, car les per-
sonnages n’exhibent pas nécessairement des attributs mais plutôt des
postures (par exemple la femme qui allaite à droite) et des accessoires
(l’homme qui enlève sa cape rouge)… Les idées, représentées par une
forme de mise en scène (comme au théâtre), signifient autre chose — Michelangelo Merisi dit Le Caravage, Les Sept
que ce qu’elles montrent (allaiter signifie « nourrir l’affamé »). Dans ce œuvres de Miséricorde
cas, plutôt que de parler d’allégorie, on peut parler de « métaphore » © Archives Alinari, Florence, Dist. RMN, Luciano
Pedicini
(= une représentation qui désigne une autre chose) et ici l’image nous
indique ce qui est bien. Nous verrons dans la séance 4 d’autres images
de ce type, continuons avec les allégories.
Les personnages n’ont pas un aspect réaliste, ils ressemblent à des statues ; c’est une spécificité de cet artiste qui
donne un aspect souvent irréel à l’univers qu’il représente… Sur cette reproduction, tu peux identifier des vices : l’Oi-
siveté que l’Inertie empêche d’avancer, la Haine, la Luxure (Vénus terrestre), l’Avarice et l’Ingratitude qui s’appuient
sur l’Ignorance couronnée. Le sens général de l’image peut être considéré comme une métaphore puisqu’il signifie
qu’il ne faut pas se laisser aller à ces vices. On peut donc dire que les allégories servent ici un autre message que
leur simple présence.
Les allégories ont souvent un sens moral, elles montrent le bien et le mal, sans pour autant s’attacher à des sujets
religieux. À partir du XVIIIe siècle, leur laïcité est plus flagrante encore, du fait de la Révolution qui a mis les sujets
républicains à l’honneur. Ainsi, on trouvera des allégories de la Révolution, de la Liberté (voir Delacroix), ou tout
simplement de la République. La plus célèbre du monde est la statue de la Liberté qui est installée à New York.
C’est l’œuvre d’un sculpteur français, Bartholdi. Tu peux la voir sur un moteur de recherche « Statue de la Liberté ».
Tu connais certainement l’allégorie de la République française, son nom est Marianne…
JE RETIENS
SÉANCE 3
Métaphore
DÉFINITION
Dessine le visage de cette femme pour que sa physionomie fasse penser à un félin : chat, tigre ou lion.
Ton dessin ne montre pas un félin ; pourtant la physionomie de la femme, son manteau de fourrure y font penser
par association d’idées. Il y a un glissement subtil entre l’image qu’on voit et celle à laquelle elle renvoie.
Sur l’image ci-dessous, ajoute quelques lignes pour transformer la danseuse en papillon.
— Harry ELLIS, Loïe Fuller dansant dans un parc vu de profil droit, vers 1900-1928, photographie, Paris, Musée d’Orsay
© ADAGP, 2011
JE RETIENS
Tu commences à bien comprendre qu’une œuvre (pas seulement en arts plastiques, mais par exemple aussi en litté-
rature) peut avoir un sens caché, ou tout du moins qu’elle peut signifier autre chose que ce qu’elle montre. Pour en
déchiffrer certaines, il est nécessaire de posséder le « code » (reconnaître les attributs des allégories ou le sens que
l’image peut prendre si elles sont plusieurs ensemble…). Les artistes contemporains nous laissent très libres devant leurs
productions, nous pouvons les interpréter comme nous voulons mais certains développent une thématique récurrente (=
qui revient souvent). Elle nous permet de comprendre le sens de leurs œuvres.
C’est le cas de Christian Boltanski, artiste français internationalement célèbre qui, depuis le début, consacre son
travail à la mémoire : passé, enfance (quand on est un adulte), souvenir (évènements, rencontres, disparus…) ; tout
le travail de Boltanski tourne autour de ces idées.
— Christian Boltanski, Réserve, 1990, Installation : vêtements, éclairage, divers matériaux, Centre
Pompidou, Paris
© ADAGP, Paris 2011
L’image présente une salle dont les murs sont recouverts de vieux vêtements éclairés faiblement du dessus par une
source lumineuse. L’ambiance est nostalgique car tous ces vêtements ont nécessairement appartenu à quelqu’un.
Une odeur se dégageait de cette installation (naphtaline et odeur corporelle), tous nos sens étaient mis en éveil afin
de susciter des émotions. Comme Boltanski travaille fréquemment sur la disparition des Juifs pendant la seconde
guerre mondiale, on ne peut que faire le rapprochement en regardant cette image : que sont devenus les vêtements
des enfants déportés ? On pense ainsi aux enfants, aux Juifs, aux déportés, aux disparus… Bref : à la mort.
Cette installation nous dit donc autre chose que ce que nous voyons en premier lieu, elle est métaphorique.
Tu peux trouver sur un moteur de recherche un lien vers un site qui présente des images d’Annette Messager
et des écrits sur son travail : « Annette Messager » et une interview très intéressante de Christian Boltanski qui
parle d’art et de son travail.
JE RETIENS
1 = acquis
2 = en cours d’acquisition
3 = non acquis