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Catherine Guesde
© Audimat Éditions | Téléchargé le 08/07/2022 sur www.cairn.info via Université Paris 8 (IP: 193.54.180.221)
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de l’innocence
Catherine Guesde
L’appel
perdue
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Catherine Guesde
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pure transcendance, pour se concentrer sur les manières de les
écouter. C’est l’une de ces écoutes possibles que Catherine entre-
prend de développer dans cet article : elle y médite, en effet, sur
la façon dont les mélodies continuent de hanter ces musiques
et comment elles manifestent, en retour, un certain idéal de
l’innocence perdue. Au-delà du défi que les musiques noise
commencent souvent par nous lancer, Catherine Guesde nous
montre comment elles portent une certaine éthique du sensible,
comment elles nous apprennent à ne plus approcher le monde
à travers des catégories périmées, sans nier ce qu’il coûte de
s’en arracher.
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Noise et nostalgie
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audibles. À la fin du concert, une dame d’un certain âge,
manifestement intriguée, vient me demander comment
je produis mes sons. Le ton poli de ses questions peine
à dissimuler une certaine inquiétude : « Mais vous ne per-
dez pas les notes, tout de même ? Ce serait dommage, de
perdre les notes ».
[1] Luigi Russolo, L’Art des bruits, manifeste futuriste, Éditions Allia, 2016.
[2] Ibid.
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timbres des sons, ils comprendront combien les premiers
sont plus variés que les seconds. On développera ainsi la
compréhension, le goût et la passion des bruits. » [3]
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Noise et nostalgie
L’INCONSCIENT DE LA NOISE
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lignée du geste bruitiste, elle coupe avec tout ce qui est
réputé faire la spécificité du musical. En renonçant aux
instruments de l’orchestre classique, elle rompt avec la
tradition de domestication du son qui fonde la musique :
construire des instruments de musique [4], c’est organi-
ser le domaine sonore, choisir un timbre, se donner les
moyens de produire des hauteurs définies – la musique
étant traditionnellement conçue comme cette organi-
sation, suivant des principes harmoniques, de sons déjà
polis. Là où la musique a longtemps pensé en référence à
l’harmonie du monde – les notes de l’octave étaient, chez
les Pythagoriciens, mises en correspondance avec les pla-
nètes du système solaire, modèle d’ordre immuable et
parfait –, la noise cultive le chaos. Plutôt que de domes-
tiquer les sons, la noise travaille à les rendre à leur état
sauvage. La pratique du détournement – d’instruments,
de technologie liée à l’amplification – permet de pro-
duire des sons loin d’une logique de contrôle, dans une
culture de l’accident sonore. Brancher des pédales d’ef-
fet pour les boucler sur elles-mêmes, créant un feedback
[4] Les instruments auxquel nous faisons référence ici sont ceux de la
musique classique occidentale – la possibilité de fabriquer des instruments étant,
de fait, infinie, comme le montrent les pratiques de bricolage et de détournement.
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tème d’amplification est lui-même injecté en entrée de
ce système [6] – est l’exemple même de la machine qui
s’emballe, produisant du son de manière pour ainsi dire
autonome, menaçant à tout moment de dépasser celui qui
a mis en place le dispositif. Comme l’explique l’anthropo-
logue américain David Novak, chez les performeurs noise,
« l’expression personnelle se transforme en conflit avec le
système (…). Les noisiciens apparaissent comme étant en
pleine bataille contre leurs machines. » [7] Loin du son pur,
loin de l’ordre rendu possible par la maîtrise d’instruments
musicaux, la noise cultive l’accident et le chaos sonore. Il
est dès lors peu surprenant que la thématique de l’anti-
musique soit récurrente lorsqu’il s’agit de décrire ce que
fait la noise.
[5] Pratique courante dans la noise ; on parle de « no input » pour décrire
le fait que le son n’est le fruit d’aucune source externe.
[6] Un exemple courant de ce phénomène est celui du microphone
placé devant un amplificateur, créant un sifflement aigu.
[7] David Novak, Japanoise: Music at the Edge of Circulation, Duke
University Press, 2013, p. 159. Notre traduction : “ Noisicians, in contrast, use their
electronics to embody the self-destructive imbalances of positive feedback. Personal
expression is transformed in conflict with the system (…) This is not a relationship
that creates a balanced sound environment. On the contrary, Noisicians appear to
be in the midst of battle with their machines.”
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Noise et nostalgie
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Akita – le nom de Merzbow s’inspirant du Merzbau de
Kurt Schwitters (1920-1923), une construction architec-
turale faite de matériaux récupérés : « De même que le
dadaïste Kurt Schwitters créait des œuvres d’art à partir
d’objets récupérés dans les encombrants, j’ai fait des sons
à partir du rebut qui m’entoure dans la vie. » [9] La création
prolonge ici le geste de récupération – du sculpteur qui
fait les poubelles, du performeur noise qui nourrit sa pra-
tique des sons du quotidien que l’on se refuse à écouter.
Or cette récupération s’inscrit à rebours de la discrimina-
tion opérée par les usages habituels : à rebours du geste
qui consiste à jeter des objets devenus indésirables car
trop vieux, abîmés ou simplement plus au goût du jour ;
à rebours du geste qui consiste à se boucher les oreilles
pour ne pas entendre certains sons urbains (une sirène au
volume sonore excessif, un train entrant en gare à pleine
vitesse…). La création sonore ou plastique révèle des pos-
sibilités cachées de ce que l’on avait jugé indésirable et,
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La deuxième analogie suppose un mouvement semblable :
« Si la musique était la sexualité, Merzbow serait de la por-
nographie (…) La pornographie est l’inconscient de la
sexualité. Donc la noise est l’inconscient de la musique. » [10]
L’équivalence posée entre sexualité et domaine conscient,
pour penser la musique, d’une part, et pornographie et
inconscient pour penser la noise, d’autre part, peut sur-
prendre. En réalité, le dénominateur commun de ces deux
termes est la question de la censure. De même que l’in-
conscient est ce qui a été rejeté hors du domaine de la
conscience, pour devenir seulement accessible par des
voies détournées (le rêve, le lapsus), la pornographie est
ce qui, dans la sexualité, doit rester caché, et ne peut circu-
ler à découvert. Ici encore, on voit que la noise est définie
comme le retour du refoulé : si le domaine du musical a été
conquis à partir du monde des bruits et contre celui-ci – les
notes, les timbres définis des instruments, les mélodies, les
rythmes mesurés se distinguent du chaos du monde natu-
rel ou urbain –, alors cette sélection discriminante doit
[10] Nous traduisons : “If music was sex, Merzbow would be porno-
graphy. (…) pornography is the unconsciousness of sex. So, Noise is the uncons-
ciousness of music.” Merzbow in “ The Beauty of Noise. An interview with Masami
Akita of Merzbow by Chad Hensley”.
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Noise et nostalgie
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Ces deux comparaisons, qui présentent la noise comme
un retour en deçà des discriminations et des refoulements,
montrent cependant que la noise se construit également
contre quelque chose : contre cette frontière qui détermine
ce qui peut ou non entrer dans le domaine du sensible et
de la conscience. Faire de la noise, c’est refuser cette dis-
crimination entre son désirable et indésirable. Comme le
résume John Wiese : « Si tu veux entendre un son, alors ce
n’est plus un son indésirable. Il n’y a pas de raison de faire
d’autre distinction. » [11]
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tous les sons, mais le privilège reste accordé aux bruits si long-
temps restés exclus de cet art. Dans cette nouvelle démarche
de transgression des frontières, ce qui devient refoulé, c’est
la musique telle qu’elle est traditionnellement conçue. D’où la
possibilité de formuler la réciproque de l’équation posée par
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Merzbow : la musique est l’inconscient de la noise.
HANTISES SONORES
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Débris
Sur le deuxième album de son projet Pita, Peter Rehberg,
connu pour être l’un des pionniers du laptop noise, nous
donne à entendre cette tension entre un certain usage de
la mélodie et sa déconstruction. La troisième piste de Get
Out, sobrement intitulée « 3 », construit un thème lanci-
nant : une mélodie qui sera reprise en boucle tout au long
des 11 minutes qu’occupe cette plage. Celle-ci commence
par saturer, tout en subissant des secousses, des hachures
qui se créent avec une variation périodique de volume
sonore. Une deuxième mélodie se dessine en accompagne-
ment, tandis que la saturation croissante instaure une sorte
de grésillement, l’effet de trémolo continuant de découper
la mélodie en parcelles, portant atteinte à sa continuité.
L’ensemble est rythmé, comme le serait un titre de techno,
et l’accompagnement forme, avec la mélodie principale,
un ensemble harmonieux. Une certaine progression est
perceptible, de l’intro constituée seulement de quelques
notes, à la mélodie accompagnée et rythmée, qui gagne
en épaisseur tout au long du morceau. Par moments, la
mélodie d’accompagnement est masquée – comme si le
morceau enregistré en stéréo mais diffusé sur une chaîne
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mélodie qu’on entend est une mélodie mutilée de mille
manières ; par les effets de glitch, d’endommagement
volontaire, celle-ci nous parvient en fragments – comme
les débris de ce qui autrefois était intact, mais que l’on doit
à présent reconstituer, par la seule force de l’attention, en
prêtant l’oreille. Comme s’il n’était possible d’entendre la
mélodie qu’à travers sa brisure.
Mirages et spectres
Le groupe australien de noise-rock the Dead C opère à
partir d’un ensemble d’instruments fréquents dans le
rock – deux guitares, une batterie. Sur « Empire » de l’al-
bum Patience (2010), les deux guitares nous donnent
à entendre deux modes de production de la mélo-
die – tous deux faisant la part belle aux sons parasites.
L’une des guitares occupe la part grave du spectre et se
charge de l’accompagnement ; le son est saturé et bai-
gné de reverb ; si ses contours sont imprécis, des riffs
restent cependant détectables. Ce premier jeu de gui-
tare ne fait qu’exacerber une pratique courante dans le
rock et dans le shoegaze, celle qui consiste à altérer le
son par l’intermédiaire des pédales d’effet. La deuxième
guitare, qui occupe la part plus aiguë du spectre sonore,
s’apparente davantage à un larsen saturé et hachuré. Il est
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déploient ; la première guitare suit une mélodie tonale,
tandis que la seconde enchaîne de longs arpèges disso-
nants. La structure se délie progressivement au fil de ce
morceau de 16 minutes ; la première guitare se lance dans
des riffs rythmiques répétitifs tandis que les arpèges de
larsens finissent par se transformer en des hauteurs tenues
longuement, toujours saccadées ; les trois dernières
minutes donnent naissance à une fusion des différentes
guitares dont les hauteurs se succèdent de manière chao-
tique et dont les timbres se rejoignent. Malgré cette
tendance au délitement, ce titre nous donne à entendre
des formes – arpèges, mélodies entremêlées sur fond
de structure rythmique. Seulement, l’un des modes de
production de ces formes consiste non plus à produire
directement des hauteurs, mais plutôt à créer des sons
parasites – larsens saturés – et à voir comment, de l’in-
térieur de ces sons, peuvent émerger des hauteurs, pour
ensuite les moduler. Cette manière de produire des sons,
assortie aux contours imprécis des notes produites, nous
donne l’impression de mirages lointains – comme si, plutôt
que de créer directement des mélodies avec les moyens
fournis par l’instrument, il fallait partir de l’altération née
des accidents d’amplification, pour reconquérir un espace
sonore harmonieux. Ce qui se dessine, apparaissant de
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Voilages
Secret Abuse, l’un des multiples projets de Jeff Witscher
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parus chez Not Not Fun, fait coexister une masse de
bruit informe, créée par une longue chaîne de pédales
d’effet, et, à l’arrière-plan, des mélodies simples, d’une
innocence frappante, qui, sans le brouillage sonore
seraient des comptines folk. Les mélodies apparaissent
voilées, presque inaccessibles : elles ne se donnent qu’à
travers leur brouillage ; les écouter c’est en même temps
constater leur perte irrémédiable. La simplicité harmo-
nique, le minimalisme des mélodies – souvent en mode
mineur, empreintes d’une mélancolie indéniable – donne
l’illusion que celles-ci doivent exister intactes quelque
part. Seulement elles ne nous sont accessibles qu’à travers
leur mutilation – par la distorsion et les bruits parasites.
Le voilage des mélodies par la masse de bruit crée non
seulement une tension – entre deux régimes musicaux,
celui des mélodies tonales et expressives, et celui du bruit
pur –, mais également des effets de spatialisation : le son
de guitare, réverbéré et moins élevé que celui du bruit,
apparaît comme au loin, voilé par le mur de bruit qui nous
empêche d’y accéder. Le fait que le bruit soit une masse
distincte de la mélodie, plutôt que la résultante d’une
mélodie interprétée avec un son sale, crée l’illusion d’une
existence autonome de ces mélodies : celles-ci doivent
exister à l’état de pures mélodies au son clair, simplement,
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temps et l’érosion de la bande. Le jeu spatial entre mélodie
lointaine et bruit proche peut dès lors devenir un jeu tem-
porel – entre les bribes d’un passé devenu inaccessible et
un présent qui y fait écran.
LA LANGUE DU PASSÉ
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logue américaine Joanna Demers s’interroge sur le motif
conduisant des artistes dont les compositions font une
place importante au bruit et au haut volume sonore, à
recourir à un langage tonal. Ces artistes héritent des rup-
tures du début du XXe siècle et l’on peut dès lors s’étonner
de les voir se tourner, lorsqu’il s’agit de jouer des notes
et des mélodies, non pas vers des structures atonales,
mais vers des formes classiques. Quoique les œuvres
qu’elle aborde – My Bloody Valentine, Sunn o))), Kevin
Drumm… – n’exhibent pas tout à fait la même relation
entre bruit et mélodie que celui que ne venons d’aborder
ici, sa conclusion nous semble particulièrement adap-
tée à ce corpus : « Un bon nombre des musiciens que
j’ai étudiés – sinon tous – disposent d’une culture musi-
cale sophistiquée et vaste, de sorte qu’ils sont conscients
des implications historiques qu’engage le fait d’invo-
quer la tonalité. Dans la musique contemporaine savante,
entendre une consonance employée sans distance cri-
tique (…) serait considéré comme naïf. Cela ne signifie
pas qu’il faut écouter ces œuvres comme dialoguant avec
Schoenberg ou Boulez, mais plutôt qu’il faut les écouter
comme on écouterait un auteur contemporain qui parle
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ber en même temps qu’on signale leur inaccessibilité ? La
noise mélodique serait-elle un musée des sons disparus ?
Bien sûr, les mélodies tonales n’ont, depuis le dodécapho-
nisme, pas disparu ; elles sont même omniprésentes – de
la radio diffusée dans les rayons du supermarché aux hits
de boîtes de nuit. Seulement, elles ont changé de statut
et sont devenues entachées du soupçon qui les asso-
cie aux industries culturelles et à une fonction de plaisir
immédiat [15]. Dès lors, ce retour des mélodies dans la noise
peut s’entendre comme le souhait d’un retour à la possibi-
lité de cette écoute naïve des mélodies. Joanna Demers y lit
« non pas la déconstruction critique des frontières qui ont
rejeté le bruit aux marges du langage musical pendant tant
de temps, mais plutôt le souhait d’un retour à un langage
[14] “Many, if not all, of the musicians I consider here possess a sophis-
ticated knowledge of many types of music, so much so that they are aware of the
historical implications inherent in any invocation of tonality. In contemporary art
music, it would be considered naive to hear any consonance uncritically, as merely
an isolated instance without connection to the rise and fall of functional harmony.
This does not mean that we need to hear these works as engaging in a dialogue
with Schoenberg or Boulez but only that we should hear them as one might hear
a contemporary writer who employs Shakespearean English: as a purposeful use
of a language that has in some sense already died.” Joanna Demers, Listening
Through the Noise. The Aesthetics of Experimental Electronic Music, Oxford
University Press, 2010.
[15] Theodor Wiesengrund Adorno, Le Caractère fétiche dans la mu-
sique, Ed. Allia, 2001.
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les commentaires formulés par Adorno au sujet d’une
tonalité désormais chargée car investie par la musique
standardisée.
LA CONQUÊTE DE LA NAÏVETÉ
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d’écoute, le bruit indique ici l’éloignement, l’épaisseur
temporelle. Associé à des mélodies minimales, réduites à
quelques notes, il en vient à renvoyer à la nostalgie d’une
expression naïve, celle des ritournelles tonales.
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mélodie et sa mutilation. Mais de ce contraste naît aussi,
du côté de l’auditeur, un mouvement inverse : puisqu’il
faut tendre l’oreille pour écouter la mélodie, inaccessible
à l’état pur, c’est que la naïveté se mérite.
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OUVRAGES CITÉS /
POUR ALLER PLUS LOIN
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• Chris Atton, « Fan Discourse and the Construction of Noise
Music as a Genre », in Journal of Popular Music Studies, vol. 23,
nº3, 2011.
• Sarah Benhaïm, « L’expérimentation noise : en( )quête de
liberté », in Tacet 2, L’expérimentation en questions, vol. 2, 2013.
• Ray Brassier, « Genre Is Obsolete », in Multitudes, vol. 1, nº28,
2007.
• Joanna Demers, Listening Through the Noise. The Aesthetics
of Experimental Electronic Music, Oxford University Press, 2010
• Agnès Gayraud, Dialectique de la pop, Ed. La Découverte,
2018.
• Catherine Guesde, Pauline Nadrigny, ‘ The Most Beautiful Ugly
Sound in the World ’ : à l’écoute de la noise, Musica Falsa, 2018
• Paul Hegarty, Noise/Music: A History, Bloomsbury, 2015.
• David Novak, Japanoise: Music at the Edge of Circulation,
Duke University Press, 2013
• Luigi Russolo, L’Art des bruits, manifeste futuriste, Éditions
Allia, 2016.
• « The Beauty of Noise. An interview with Masami Akita of
Merzbow by Chad Hensley », in Esoterra, consultable en ligne :
http://www.esoterra.org/merzbow.htm
ALBUMS CITÉS
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