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Volume 29, N°5, 2002

ISSN 0378-7958

Interactions des médicaments


avec l’alimentation

L’alimentation influence la tolé- prise d’aliments. Ces interactions sont peuvent pas être résorbées à travers la
rance aux médicaments et leur effica- cliniquement significatives pour les paroi intestinale. Un ralentissement
cité en atténuant, ralentissant ou au médicaments à marge thérapeutique de la vidange gastrique se traduit gé-
contraire renforçant leurs effets. étroite, dont il importe que les néralement par un ralentissement de
L’interaction concerne souvent l’ab- concentrations moyennes soient la résorption, qui allonge donc le délai
sorption des médicaments à travers le confinées dans une fourchette bien avant l’effet thérapeutique.
tube digestif, mais certains nutriments définie (théophylline, phénytoïne, ci-
en modifient le métabolisme et l’éli- closporine, etc.). Les changements de Propriétés physico-chimiques
mination (ex. : le jus de grapefruit vitesse d’absorption influencent par- des médicaments
interfère avec la clairance hépatique fois l’efficacité d’un médicament, La sensibilité des médicaments
de nombreux médicaments). Cet arti- lorsqu’un délai d’action rapide est re- aux influences alimentaires dépend
cle se limitera aux interactions quis (1). Ces changements modulent largement de leurs propriétés physi-
relatives à l’absorption et ne dévelop- aussi le profil de tolérance dans les cas co-chimiques et leur forme galénique,
pera pas leur côté pharmacodyna- où la rapidité du pic conditionne la ainsi que de l’âge, l’état de santé et
mique, qui cause la potentialisation survenue d’effets indésirables. Le pa- d’éventuelles pathologies digestives
ou l’antagonisme de l’effet pharmaco- ramètre vitesse d’absorption inter- du patient. La dissolution dans le tube
logique (ex. : sel diététique et inhibi- vient surtout lors des premières prises digestif et la capacité à traverser les
teurs de l’enzyme de conversion de du médicament ; à l’état d’équilibre, membranes gastro-intestinales sont
l’angiotensine, régime à haute teneur les aliments la modifient moins signi- fonction du degré d’ionisation et de la
en vitamine K et anticoagulants, ali- ficativement. polarité des molécules de substance
ments riches en tyramine et inhibi- L’influence de la nourriture sur active (2-4). Ainsi, on distingue théo-
teurs de la monoamine oxydase, …). l’efficacité et la tolérance du médica- riquement quatre types de médica-
On caractérise l’absorption 1 sur la ment est extrêmement difficile à pré- ments :
base de sa vitesse et de son degré de dire sur la base de considérations
complétude. La vitesse d’absorption se théoriques ou d’expériences in vitro. 1. substances apolaires ionisables
reflète dans deux paramètres pharma- La plupart des données disponibles (paracétamol, AINS, vérapamil,
cocinétiques : Cmax (hauteur du pic de sont issues d’études pharmacociné- valproate, …) : rapidement dissou-
concentration plasmatique) et tmax tiques chez des volontaires sains, dans tes, elles traversent aisément les
(temps nécessaire pour atteindre le lesquelles le médicament est générale- membranes intestinales et sont ré-
pic). Le pourcentage de la dose admi- ment administré avec ou sans repas et sorbées sans problème. Il s’agit de
nistrée qui atteint la circulation sous l’on mesure Cmax, tmax et AUC. Si une petites molécules hydrophiles, de
forme inchangée définit de son côté la influence statistiquement significative certains acides ou bases faibles.
biodisponibilité systémique, reflétée par de la nourriture est fréquemment obs- Les acides (AINS) ont déjà une
l’aire sous la courbe (AUC). En l’ab- ervée, un effet cliniquement significa- certaine résorption gastrique, mais
sence de métabolisme présystémique tif est plus rare. L’impact de ces inter- la plus grande partie de la dose est
(intestin, foie), le facteur déterminant actions sur la thérapeutique est bien résorbée par l’intestin. Le rythme
pour la biodisponibilité est la quantité sûr mieux documenté par des études de la vidange gastrique détermine
résorbée à travers les muqueuses diges- auprès de patients représentatifs de la donc la vitesse d’absorption.
tives. population cible à traiter.
Les aliments peuvent influencer
1
tant la rapidité que le degré de bio- Alors que le terme « absorption » est
disponibilité d’un médicament. Les Mécanismes d’interaction utilisé dans le sens systémique pour
désigner l’ensemble des processus de
interactions pharmacocinétiques les
transfert du produit actif du site d’ad-
plus importantes sont celles qui affec- La majorité des médicaments ad- ministration vers la circulation, « ré-
tent la quantité absorbée. On sait que ministrés par voie orale est absorbée sorption » définit localement le passa-
plus la biodisponibilité moyenne est principalement dans l’intestin grêle. ge progressif du médicament à travers
faible, plus elle tend à varier sous l’in- Les substances insolubles complexées la paroi d’un organe (paroi intestinale,
fluence de divers facteurs, dont la ou dégradées dans le tube digestif ne capillaire sanguin, épiderme…).

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2. substances apolaires non ionisa- sensibles aux variations de pH et un goxine dans les 6 heures après la prise
bles (ciclosporine, phénytoïne, repas peut leur faire perdre jusqu’à et diminuent de 28% la biodisponibili-
carbamazépine, …) : peu solubles, 50% de leur biodisponibilité. té de la phénoxyméthicilline. La pecti-
leur faible fraction solubilisée tra- ne et le son d’avoine empêchent la ré-
verse aisément les membranes in- Chélation: la formation de chéla- sorption de la lovastatine (non
testinales. Le facteur limitant est tes insolubles entre des cations métal- commercialisée en Suisse), d’où perte
ici la solubilité. Des repas riches en liques comme le calcium, le magné- de l’activité hypolipémiante. Les pa-
graisses favorisent l’absorption en sium ou le fer et des tétracyclines ou tients hypothyroïdiens qui suivent un
ralentissant la vidange et stimulant des fluoroquinolones est bien docu- régime riche en fibres demandent une
la sécrétion gastrique et biliaire. mentée. La doxycycline et la minocy- dose de thyroxine plus élevée, l’hor-
Des excipients galéniques peuvent cline, très utilisées, n’interagissent pas mone thyroïdienne étant adsorbée
aussi l’améliorer. avec les aliments. Par contre, la cipro- (3).
floxacine et la norfloxacine peuvent
3. substances polaires ionisables voir leur biodisponibilité diminuer de Autres mécanismes: Une consom-
(alendronate, captopril, furosémi- 33 et 50% respectivement après l’in- mation excessive d’alcool endomma-
de) : très solubles, elles traversent gestion de produits laitiers. La bio- ge la muqueuse gastrique et duodéna-
cependant mal les membranes in- disponibilité des biphosphonates le. Les boissons fortement alcoolisées
testinales. La perméabilité déter- alendronate et risedronate est maxi- ralentissent la vidange gastrique, ce
mine donc l’absorption, laquelle a male le matin à jeun, quoique de qui peut renforcer l’efficacité de l’ex-
surtout lieu au niveau du duodé- moins de 1% de la dose administrée. traction hépatique. Pratiquement
num. La prise concomitante d’ali- L’absorption de ces médicaments est toutes les interactions pharmacociné-
ments – indépendamment du taux très fortement compromise par les ca- tiques cliniquement importantes
de graisses – tend donc à diminuer tions divalents : le jus d’orange ou le entre la caféine et les médicaments ne
leur absorption. café à la place d’eau lors de la prise di- mettent pas en cause la résorption
minue encore la biodisponibilité mais le métabolisme via le cytochro-
4. substances polaires non ionisa- d’environ 60 et 85% respectivement. me P450 CYP1A2 et ne seront donc
bles (colistine, amphotéricine B) : Plus la prise est éloignée du petit dé- pas abordées ici. Un possible effet de
à la fois peu solubles et traversant jeuner, mieux le médicament est ré- l’alcool sur la résorption des médica-
mal les membranes intestinales, sorbé. L’ingestion d’halopéridol avec ments est peu documenté. De nomb-
leur biodisponibilité est médiocre du café ou du thé conduit à la forma- reux médicaments étant déjà métabo-
mais on utilise parfois la voie orale tion de complexes insolubles mais lisés au niveau de la paroi intestinale
pour une action locale. La prise de cette interaction n’est pas très bien puis lors du premier passage hépa-
repas a des conséquences imprévi- documentée. tique (CYP3A4 principalement), un
sibles (2-3). important potentiel d’interactions
Autres actions chimiques: la liai- existe. Un lien entre celles-ci et des ef-
son aux éléments gras de la nourriture fets cliniques sur les substrats du
Interactions physico-chi- est responsable de nombreuses inter- CYP3A4 est bien documenté pour le
miques avec les médicaments actions cliniquement significatives. jus de pamplemousse. Enfin, on a ré-
Les interactions physico-chi- Un repas complet avant la prise d’indi- alisé ces dernières années l’importan-
miques touchent principalement la vi- navir diminue de 56% sa biodisponibi- ce physiologique de certains transpor-
tesse de dissolution ou de résorption lité par rapport à une ingestion à jeun. teurs de médicaments, tels que la
des médicaments et parfois la bio- Par contre, celle du saquinavir est aug- P-glycoprotéine, dont un des rôles est
disponibilité. mentée de 100 à 200% par l’ingestion d’évacuer les molécules pharmacolo-
le pH agit principalement sur la d’un petit déjeuner. Celle de l’alben- giquement actives en retour vers la lu-
solubilité des médicaments ionisables, dazole, un vermifuge courant, est qua- mière intestinale. Ces pompes limi-
souvent un facteur limitant souvent druplée par un repas riche en graisses, tent ainsi l’absorption de certains
l’absorption. Lorsque le pH augmen- ce qui n’est pas souhaitable si l’on dési- médicaments (ciclosporine, digoxine)
te suite à l’action neutralisante d’un re une action locale. Le même repas et leur inhibition par divers nutri-
repas, les bases faibles (indinavir, itra- augmente aussi la biodisponibilité de ments pourrait aussi influencer la bio-
conazole) précipitent, alors que les certains antimalariques (atovaquone, disponibilité de ces substrats (5-6).
acides faibles (saquinavir) se solubili- arthemether-lumefantrine) et double
sent. La nourriture n’a par contre celle de l’antifongique itraconazole.
aucun effet sur la résorption du rito- Effets physiologiques liés à l’a-
navir. Le pH influence aussi la stabilité Adsorption sur des fibres non limentation
des substances ionisables. Les acides digestibles: les fibres, telles que celles Motilité gastro-intestinale: la
labiles comme la pénicillamine ou l’é- utilisées dans le traitement antidiabé- motilité gastro-intestinale est influen-
rythromycine sont particulièrement tique, retardent la résorption de la di- cée par la quantité et la composition

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de la nourriture : volume, teneur ments liposolubles (ex : ciclosporine) Boissons: les boissons légèrement
calorique, température et viscosité dé- (2). acides (à base de cola par ex.) amélio-
terminent la vitesse de vidange gas- Transport actif épithélial: les rent la faible biodisponibilité de l’itra-
trique, qui est inversement propor- médicaments et les aliments peuvent conazole et du kétoconazole chez les
tionnelle au volume et à la teneur entrer en concurrence au niveau du personnes souffrant d’hypochlorhy-
énergétique de la nourriture ingérée. système de transport intestinal des drie gastrique. Les tanins contenus
Un café sucré retardera par exemple la protéines. Des effets de saturation ont dans le thé empêchent l’absorption
résorption de la caféine, molécule ainsi été observés lors de la prise de du fer, interaction parfois clinique-
hydrophile. Les éléments gras à gabapentine avec des aliments riches ment significative chez les grand bu-
contenu calorique élevé retardent da- en protéines. De même, les malades veurs de thé et les personnes à l’ali-
vantage la vidange gastrique que les Parkinsoniens doivent être avertis mentation pauvre en fer (5).
hydrates de carbone ou les protéines. d’une diminution de l’absorption
Un ralentissement de la vidange va fa- de la lévodopa lors de prise concomi- Préparations retard: Le délai de
voriser la résorption gastrique d’un tante de grandes quantités de protéi- libération, voire la quantité libérée,
médicament lorsque celle-ci est signi- nes. sont souvent influencés par les pro-
ficative. priétés physiques de l’environnement
On mesure une biodisponibilité Cycles circadiens: Dans certains (pH, motilité) autant que par la for-
2 fois et demi plus élevée lorsque le cas, l’administration d’un médica- mulation galénique (dureté, adju-
montelukast est pris après le petit dé- ment à un moment précis de la jour- vants). Au contact des aliments,
jeuner. De même, la résorption du née permet d’optimiser son effet certaines préparations retard peuvent
cefetamet-pivoxil et du céfuroxime- (chronopharmaco-dynamie) ou d’in- libérer leur substance active trop
axetil est retardée mais leur biodispo- fluencer son devenir dans l’organisme rapidement (« dose dumping ») et éle-
nibilité passe de 41 à 78% si un repas (chronopharmacocinétique). En ver ainsi les taux plasmatiques jusqu’à
est pris en même temps. Cet effet est effet, divers paramètres physiolo-
des valeurs toxiques. Cela a été dé-
dû au contact prolongé de ces pro- giques tels que température corporel-
montré avec des préparations retard
médicaments avec les estérases de la le, vitesse cardiaque, pression sangui-
de théophylline (sur 24 h), dont la ré-
paroi gastrique, lors duquel est libérée ne, taux hormonaux, débit rénal,
sorption peut fortement fluctuer
la substance active (2). sécrétion gastrique, etc. suivent un
selon la substance et la composition
rythme circadien (7). Ces principes
du repas. On a montré chez des en-
Sécrétion acide: la présence d’ali- sont reconnus pour certaines classes
fants souffrant d’asthme bronchique
ments dans l’estomac stimule la sécré- de médicaments administrés une fois
une biodisponibilité diminuée de
tion de suc gastrique et d’enzymes, en par jour (antihypertenseurs pris le
70%, après doses multiples en cas de
même temps qu’elle neutralise trans- matin, antiulcéreux le soir) mais appli-
itoirement le pH. Il en résulte diffé- prise 10 minutes après au lieu d’avant
qués de manière empirique et moins
rents effets suivant la sensibilité du justifiée pour d’autres (vitamines, le petit déjeuner. D’un autre côté, un
médicament à la dégradation et l’ac- antidépresseurs,...). L’horaire des régime laxatif peut accélérer le transit
tion de l’acidité sur son passage en so- repas peut influencer ces cycles. Dans au point d’éliminer fécalement la pré-
lution, comme évoqué ci-dessus tous les cas, un horaire régulier de paration avant que toute la dose ne
(antirétroviraux, antifongiques). prise du médicament et des repas est soit libérée (5).
souhaitable pour une efficacité et une
Les acides biliaires augmentent la tolérance constantes. Génériques: Il existe des différen-
solubilité de l’halofantrine [Halfan®] ces cinétiques entre des spécialités ori-
suite à la formation de micelles. Un ginales et leurs génériques, même si la
repas riche en graisses augmente de 12 Autres facteurs bio-équivalence a été établie sur la
fois la biodisponibilité de ce dernier, ce Dose et quantité d’aliments: Les base d’études cliniques rigoureuses,
qui signifie une toxicité augmentée. interactions dépendent de la dose ad- qui se limitent le plus souvent à des
Cet antimalarique, utilisé dans certai- ministrée et de la quantité d’aliments sujets sains en condition basale, c’est-
nes indications seulement, ne doit qui se rencontrent dans le tube diges- à-dire à jeun. Ainsi, l’administration
donc être en aucun cas pris avec un tif. Au-delà d’une certaine dose, selon postprandiale de certains génériques
repas riche en graisses en raison du le mécanisme impliqué, une interac- du vérapamil (forme retard) conduit à
risque d’arythmies potentiellement fa- tion peut devenir insignifiante sur le des concentrations plasmatiques plus
tales (allongement du QT). Les acides plan clinique. Par exemple, la résorp- élevées que l’original [Isoptin®], alors
biliaires sont aussi impliqués dans tion de 700 mg et plus de rifampicine que dans le cas de la méfloquine un
d’autres interactions fortement in- n’est pas influencée par la nourriture, repas réduit la biodisponibilité du gé-
fluencées par le contenu en graisses alors qu’elle est diminuée à dose plus nérique par rapport à celle de l’origi-
des aliments et touchant des médica- basse. nal [Lariam®].
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Que retenir? améliorer la tolérance : la prise de ment sévères). Le tableau énumère


certains médicaments pendant le les interactions aliments-médica-
repas peut en améliorer la tolérance ments les plus classiques dont le re-
digestive ou éventuellement systé- tentissement clinique est probable.
mique. Certains médicaments dont l’action
Les restrictions relatives à la prise Dans la majorité des cas, un médi- se limite au tube digestif doivent être
du médicament par rapport aux repas cament peut être pris sans tenir comp-
aussi peu résorbés que possible et font
reposent sur deux principes : te de l’heure du repas mais certains,
donc l’objet de recommandations
garantir l’efficacité : le repas in- connus pour irriter le tractus gastro-
fluence les paramètres pharmacociné- intestinal à jeun, sont mieux tolérés particulières (ex : anti-acides, enzymes
tiques de certains médicaments. Les s’ils sont pris avec un repas. digestives, antifongiques locaux).
modifications sont multiples (vitesse Il est important de connaître les D’autres peuvent voir leur tolérance
d’absorption, pic sérique, vidange quelques cas où le médicament doit digestive améliorée par la prise conco-
gastrique, métabolisation) et peuvent impérativement être administré à jeun mitante de nourriture, au dépend
affecter la biodisponibilité, avec une (pour garantir une bonne efficacité) toutefois de leur rapidité d’action,
influence significative sur l’efficacité ou selon un protocole strict (pour évi- comme c’est le cas pour les anti-in-
voire la toxicité du médicament. ter des effets indésirables potentielle- flammtoires non stéroïdiens.

Références : 5. Singh. Clin Pharmacokinet 1999; 37: 9. Giraud. Tables d’utilisation des médica-
213. ments, 4e éd., Frison-Roche, 1998.
1. Gauthier. Drug Safety 1998; 18: 383.
6. Tschanz. Adv Pharmacol 1996; 35: 1.
2. Fleisher. Clin Pharmacokinet 1999; 36:
10. Manuel pratique du pharmacien Suisse,
233. 7. Lemmer. Clin Pharmacokinet 1994; 26: Medon Verlag, 2000-2001
3. De Luca. Pharma-kritik 2001; 6: 21. 419.

4. Hörter. Adv Drug Deliv Reviews 2001; 8. Compendium Suisse des médicaments, 11. Williams. Eur J Drug Metab Pharmaco-
46: 73. Documed, 2002. kinet 1996; 21: 201

La rédaction de Pharma-Flash remercie le Dr Anne-Florence Wasilewski-Rasca de sa collaboration à ce numéro.


Toute correspondance éditoriale doit être adressée au Dr J. Desmeules.

Rédacteur responsable: Dr. J. DESMEULES – E-mail: jules.desmeules@hcuge.ch


Comité de rédaction: Prof. J. BIOLLAZ, Division de Pharmacologie clinique, CHUV, Lausanne. Dr. P. BONNABRY, Pharmacie des HUG, Genève. Dr. T.
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DAYER, Division de Pharmacologie et Toxicologie cliniques, HUG, Genève. Dr. J. DESMEULES, Division de Pharmacologie et Toxicologie cliniques, HUG,
Genève. Prof. J. DIEZI, Institut de Pharmacologie et Toxicologie, Lausanne. Prof. J.P. GUIGNARD, Service de Pédiatrie, CHUV, Lausanne. Dr. C. LUTHY,
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Exemples d’interactions cliniquement significatives entre l’alimentation et les médicaments et leurs implications pratiques *

Modalités de prise Principe actif (®) Mécanisme et impact de l’interaction avec la nourriture.
1 h avant ou ≥ 2 h après Quinolones : formation de chélates avec le calcium contenu dans les produits laitiers.
produits laitiers ciprofloxacine (Ciproxine®), ↓ biodisponibilité de 30% (à jeun : 70-80%), ↓ Cmax de 50%
norfloxacine (Noroxine®)
avec de l’eau 1 h avant érythromycine (Erythrocin®) inactivé par acidité gastrique (varie en fonction des préparations).
ou 2 h après ↓ Cmax et biodisponibilité jusqu’à 50%.
> 30 min avant isoniazide (Rimifon®) ↓ vitesse et importance de la résorption avec repas riches en hydrates de carbone.
ou 2 h après ↓ Cmax de 20% et biodisponibilité de 19%.
A prendre hors des repas

1 h avant ou 2 h après pénicillamine (Mercaptyl®) formation de chélates. ↓ biodisponibilité de 50% avec le repas.
phénoxyméthyl-pénicilline adsorption sur fibres non digestibles. ↓ biodisponibilité de 28%.
(Stabicilline®)
rifampicine (Rimactan®) ↓ résorption si dose < 700 mg, sinon inchangé.
30 min avant petit lévothyroxine (Eltroxin ) ®
adsorption sur fibres digestibles. ↓ résorption.
déjeuner
avec de l’eau 30 min Diphosphonates : Formation de chélates. ↓ > 50% biodisponibilité avec repas (à jeun : < 1%).
avant petit déjeuner alendronate (Fosamax®),
risédronate (Actonel®)
à heure fixe théophylline -forme retard- modification de la libération du principe actif. Effets variables.
(évent. à jeun) (Euphyllin® retard, Unifyl®,
Théolair SR®)
arthémether-luméfantrine résorption ↑ avec repas riche en graisses. ↑ biodisponibilité (x 2)
(Riamet®) des deux médicaments.
Avec le repas

atovaquone résorption ↑ avec repas riche en graisses. ↑ biodisponibilité (x 2.5)


(Wellvone®, dans Malarone®) avec petit déjeuner standard
®
ou avec beaucoup d’eau lévodopa (dans Madopar , pH gastrique, vitesse de vidange gastrique et teneur en protéines, entre autres,
Sinemet®) influencent résorption. ↑ résorption par augmentation du pH ou ralentissement de
la vidange gastrique.
2 h après didanosine (Videx®) ↑ sécrétion acide et transit gastrique allongé par repas, favorisant l’hydrolyse.
↓ Cmax de 54% et biodisponibilité de 47% (à jeun : 60%).
immédiatement après ganciclovir (Cymevene®) résorption ↑ avec repas riche en graisses. ↑ biodisponibilité de 20% (à jeun : 2 à 8%).
dans les 2 h après saquinavir vidange gastrique ralentie. ↑ biodisponibilité.
(Fortovase®, Invirase®)
Après le repas

immédiatement après itraconazole (Sporanox®) vidange gastrique ralentie avec repas gras. ↑ biodisponibilité (x 2).
repas gras
immédiatement après méfloquine (Lariam®, vitesse et importance de la résorption augmentées par repas. ↑ Cmax de 50% et
Mépha-quine®) ↑ biodisponibilité de 30%.
immédiatement après cefatemet-pivoxil, vidange gastrique ralentie par repas, effet des estérases gastriques prolongé,
cefuroxime-axetil ↑ bioactivation. ↑ Cmax de 31-37% et ↑ biodisponibilité de 41-78% (à jeun 30-40%)
(Globocef®, Zinat®)
(pro-médicaments)
albendazole (Zantel®) ↑ résorption avec repas riche en graisses. ↑ biodisponibilité (x 4) (à jeun < 5%)
(risque de toxicité augmenté, médicament destiné à l’usage local).
Eviter les repas
riche en
graisses

halofantrine (Halfan®) ↑ solubilité (formation de micelles avec les acides biliaires).


↑ biodisponibilité (x 12).
+ repas riches en calories indinavir précipitation par augmentation du pH gastrique. ↓ Cmax de 46-74%
(Crixivan®) (biodisponibilité à jeun : 65%).

* Références 5, 6 ,8-11

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