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Département de MEDECINE
LES INTERACTIONS
MEDICAMENTEUSES
Dr A.BOUSBIA SALAH&
Année universitaire : 2021/2022
INTRODUCTION:
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La prescription simultanée de plusieurs médicaments peut donner lieu à des interactions
médicamenteuses (IM) parfois bénéfiques et souhaitables, et d’autres fois néfastes peuvent
d'augmenter un effet indésirable, ou de neutraliser un effet thérapeutique ou décompenser une
pathologie préexistante.
Les interactions médicamenteuses sont des modifications de la pharmacodynamie et/ou de la
pharmacocinétique d’un médicament résultant de la prise concomitante d’un traitement
médicamenteux.
A partir de trois médicaments utilisés par un même individu, une interaction survient une fois
sur deux. Au-delà de cinq médicaments, la possibilité d'interaction s’approche de 100%.
Par conséquent, la compréhension de leurs mécanismes et les facteurs influençant permettent
d’éviter le risque lié aux IM.
a. DEFINITIONS :
1. INTERACTION MEDICAMENTEUSE:
L’interaction médicamenteuse se définit par la modification, qualitative ou quantitative, in vivo
des effets d’un médicament par un autre médicament.
2. INTERACTION MEDICAMENTEUSE CLINIQUEMENT SIGNIFICATIVE :
Elle est dite si:
– l'intensité et/ou la durée des variations pharmacologique sont suffisantes pour modifier le rapport
bénéfice/risque pour le patient. Elle nécessite de ce fait une adaptation posologique ou une
intervention médicale.
3. INCOMPATIBILITES PHYSICO-CHIMIQUES:
C’est une réaction physico-chimique entre deux médicaments mélangés dans une seringue ou une
perfusion avant son administration au patient, pouvant de ce fait, entrainer une précipitation, une
coloration, une inactivation…..etc ; Ceci, ne constituant point IM.
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pharmacocinétiques; l'un de médicament peut diminue ou au contraire accélère l'absorption, la
diffusion, le métabolisme et l'excrétion d'autre médicament.
Elles se traduisent par une modification de la concentration sanguine (augmentation ou
diminution) du médicament cible de l'interaction.
Les interactions pharmacocinétiques sont moins fréquentes que les interactions
pharmacodynamiques.
Les IM le plus significative au clinique sont celle qu'on lieu à l'étape d'absorption et de
métabolisme; et qui peuvent conduire a une augmentation de concentration sanguin de médicament;
ou au contraire un sous dosage rendant le traitement inefficace.
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Modification de la Modification Molécule Diminution de Tétracyclines (acides
fraction du PH : toute qui l’absorption des faibles) + cimétidine
d'absorption modification du augment acides faibles(7). (anti acide)= pH ↑ _
PH gastrique ou e le PH absorption ↓ _
intestinal par un biodisponibilité ↓.
médicament va
modifier le Molécule Diminution de Amidopyrine (base
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La plupart des médicaments sont éliminés de l'organisme après avoir été transformés par des
enzymes (métabolisme hépatique par cyp 450) en molécules plus hydrosolubles, plus facilement
éliminé par les reins; Les interactions au niveau des processus métaboliques peuvent augmente ou
diminue la quantité active de médicament respectivement par inhibition ou induction du métabolisme
Mécanismes Conséquences Exemples CAT
1/ Stimulation du 1/Diminution de l’effet 1/Rifampicine (inducteur Augmentation
métabolisme d’un d’un des médicaments par CYP450) + Ciclosporine de la dose (6).
médicament par un l’autre (diminution de la (ATB lutte contre le rejet du Et à l’arrêt de
autre concentration plasmatique greffe)= diminution de l’inducteur, les
du médicament concerné concentration de doses doivent
(6)). ciclosporine, risque de rejet. être diminuées.
2/Augmentation de la 2/hépatite cytolytique :
formation de métabolites: Isoniazide+ Rifampicine.
a. Métabolites toxiques.
Métabolisation par cytochrome P450 :
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C'est une protéine responsable de l'efflux de médicaments en dehors de certaines cellules.
Contrairement aux cytochromes P450 impliques dans le métabolisme hépatique des
médicaments, la glycoprotéine P participe à la résorption (intestin), la distribution (des barrières,
comme le placenta et la barrière hémato-encéphalique) et l'élimination (rein, foie) des
médicaments.
Il existe un nombre important de substances se comportant comme substrats de cette
glycoprotéine P : anticancéreux, immunodépresseurs (ciclosporine, tacrolimus), saquinavir,
digoxine, colchicine, loperamide….. Elle diminue l'absorption intestinale de ces médicaments
substrats et augmente leur élimination hépatique et rénale.
2. des effets sur une même fonction physiologique ou des fonctions compensatrices :
Exemples : -antivitamines K et antiagrégants plaquettaires : augmentation du risque hémorragique ;
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-analgésiques morphiniques et dépresseurs du système nerveux central (barbituriques,
antidépresseurs sédatifs, neuroleptiques, benzodiazépines…) : effet dépresseur central majoré.
3. des modifications de l’équilibre ionique :
Exemples :-diurétiques hypokaliémiants + autres hypokaliémiants : risque majoré d’hypokaliémie ;
-médicaments hypokaliémiants (diurétiques hypokaliémiants, laxatifs stimulants…) +
digoxine : toxicité de la digoxine majorée par l’hypokaliémie ;
-médicaments hypokaliémiants (diurétiques hypokaliémiants, laxatifs stimulants…) +
tous les médicaments donnant des torsades de pointes car l’hypokaliémie est un facteur favorisant la
survenue de torsades de pointe.
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L’alimentation influence la tolérance aux médicaments et leur efficacité en atténuant, ralentissant ou
au contraire renforçant leur effet.
L’interaction concerne souvent l’absorption à travers le tube digestif, mais certains nutriments en
modifient le métabolisme et l’élimination.
: Les mécanismes sont
1. Interactions pharmacocinétiques :
-Le bol alimentaire : Influence de la nourriture :
- Modification du PH gastrique : la présence d’aliment dans l’estomac est un stimulus pour la
sécrétion d’acide chlorhydrique susceptible de détruire certains médicaments.
-Modifie temps de vidange gastrique : la prise d’un repas retard la vidange gastrique et par
conséquent le temps de séjour du médicament dans l’estomac, surtout lorsqu’il est riche en lipide,
chaud, ou bien contient des substances gélatineuses. En revanche, l’administration de grandes
quantités de liquide ; les aliments alcalins, dilués, froids ou pauvres en graisses accélère la résorption
de la Digoxine, du paracétamol, de la théophylline…..
-Changement de la solubilité du médicament : les aliments lipidiques augmentent l’absorption
de l’antibiotique antifongique liposoluble griséofulvine, e stimulant la production d’acides biliaires.
-Formation de chélates : certains médicaments peuvent former des complexes avec des
substances alimentaires. Ces complexes sont rejetés dans les selles. Ainsi, les aliments contenant des
oxalates (oseille, épinard...) et des phytates (péricarpe de céréales) forment des complexes insolubles
avec les antiacides à base de calcium et avec les suppléments de fer ; chélation des cyclines par les
laitages.
-Modification de la circulation splanchnique : un repas à haute teneur protéique augmente le
flux splanchnique, l’apport hépatique du médicament résorbé est plus grand et le phénomène de
premier passage majoré, tandis qu’un repas riche en glucides ou pauvre en protides diminue la
circulation splanchnique et abaisse le niveau d’activité des cytochromes et allonge les demi-vies
d’élimination. Lorsque la circulation accrue, la biodisponibilité des médicaments est accrue.
-L’élimination rénale du lithium accrue par un régime pauvre en chlorure de sodium.
-un régime carence : peut ralentir des réactions enzymatiques ou diminuer la synthèse de
certaines enzymes. Des aliments sont capables de modifier les vitesses des biotransformations : le
chou de Bruxelles et les viandes cuites au feu de bois induisent le CYP 1A2.
Réduite Retardée Pas modifiée Augmentée
Ampicilline Aspirine Ethambutol Carbamazepine
Aspirine Céphalosporine Oxazepam Diazépam
Pénicilline Digoxine Tolbutamide Griséofulvine
Warfarine Valproite Metoprolol
Tétracycline Propanolol
-Millepertuis : inducteur ; qui donne Sd dépressifs mineurs si associé avec inhibiteurs protéases ou
anti-intégrases (aussi AVK, antiépileptiques).
-Le jus de pamplemousse: inhibe le CYP 3A4.
- Interactions entre substrats de la P-glycoprotéine et inhibiteurs de la P-glycoprotéine (ex. jus de
pamplemousse, vérapamil) : félodipine + jus de pamplemousse = augmentation des concentrations
plasmatiques de félodipine par inhibition de la P-gp par le jus de pamplemousse.
-L’alcool: présente aussi un effet biphasique : chez le buveur occasionnel, l'absorption d'alcool
provoque un ralentissement (inhibition) du métabolisme de certains médicaments ; au contraire, la
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prise répétée et excessive d'alcool, en cas d'alcoolisme chronique, est responsable d'induction
enzymatique (induit le CYP 2E1) et de l'accélération du métabolisme des médicaments.
Modifications Renforcent l’action des Empêchent l’action des médicaments
possibles médicaments
Intestinal chicorée, café, chocolat noir Graines de lin, thé noir,
cannelle, gingembre ; etc. Séné, etc.
Hépatiques chicorée, café, chocolat noir, Curcuma, savoyane, etc.
substances
hypo-hyperglycémiants.
Rénales Substances antidiurétiques Substances diurétiques : asperge, café, etc.
réglisse, etc. substances néphrotoxiques : aristoloch, etc.
2. Interactions pharmacodynamiques :
L’alimentation intervient aussi dans la tolérance d’un médicament.
Exemple : *IMAO+ tyramine (chocolat, fromage fermentés et gruyère….) : HTA paroxystique.
*Isoniazide+thon : crises histaminiques avec bouffées vaso-motrices, prurit et hypotension
artérielle ; le thon est riche en histamine, l’isoniazide inhibe la diamine-oxydase qui la catabolise.
*Metformine+néomycine : inhibition de la résorption de la vit B12et l’apparition d’anémie
macrocytaires.
3. Autres : L’environnement :
-la fumée de tabac (et ses hydrocarbures polycycliques) exerce des effets inducteurs sur le CYP 1A2.
-des pesticides industriels sont également inducteur.
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