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République Algérienne Démocratique et Populaire

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Université de TIZI OUZOU

Département de MEDECINE

LES INTERACTIONS
MEDICAMENTEUSES

Dr A.BOUSBIA SALAH&
Année universitaire : 2021/2022

INTRODUCTION:
1
La prescription simultanée de plusieurs médicaments peut donner lieu à des interactions
médicamenteuses (IM) parfois bénéfiques et souhaitables, et d’autres fois néfastes peuvent
d'augmenter un effet indésirable, ou de neutraliser un effet thérapeutique ou décompenser une
pathologie préexistante.
Les interactions médicamenteuses sont des modifications de la pharmacodynamie et/ou de la
pharmacocinétique d’un médicament résultant de la prise concomitante d’un traitement
médicamenteux.
A partir de trois médicaments utilisés par un même individu, une interaction survient une fois
sur deux. Au-delà de cinq médicaments, la possibilité d'interaction s’approche de 100%.
Par conséquent, la compréhension de leurs mécanismes et les facteurs influençant permettent
d’éviter le risque lié aux IM.

a. DEFINITIONS :

1. INTERACTION MEDICAMENTEUSE:
L’interaction médicamenteuse se définit par la modification, qualitative ou quantitative, in vivo
des effets d’un médicament par un autre médicament.
2. INTERACTION MEDICAMENTEUSE CLINIQUEMENT SIGNIFICATIVE :
Elle est dite si:
– l'intensité et/ou la durée des variations pharmacologique sont suffisantes pour modifier le rapport
bénéfice/risque pour le patient. Elle nécessite de ce fait une adaptation posologique ou une
intervention médicale.

3. INCOMPATIBILITES PHYSICO-CHIMIQUES:
C’est une réaction physico-chimique entre deux médicaments mélangés dans une seringue ou une
perfusion avant son administration au patient, pouvant de ce fait, entrainer une précipitation, une
coloration, une inactivation…..etc ; Ceci, ne constituant point IM.

TYPES D'INTERACTIONS MEDICAMENTEUSES:


Il existe 04 types d’interactions médicamenteuses :

A. Interaction médicamenteuse directe :


Nous observons les mécanismes directs lorsque les substances en présence agissent toutes sur le
même effecteur :
a. soit par l’intermédiaire d’un seul type de récepteur : mécanismes compétitifs.
Ceux-ci sont réversibles ; on peut annuler l’effet en modifiant les proportions relatives des agonistes
au niveau des récepteurs.
b. soit en agissant simultanément sur des récepteurs différents : mécanismes non compétitifs.
B. Interaction médicamenteuse indirecte:
Dans le cas des mécanismes indirects, seule une des substances est active sur le récepteur.
La seconde modifie la concentration de forme libre de la première au niveau de ce récepteur : Les
médicaments peuvent interagir avec certaines fonctions du corps.
Exemple : -les antiacides diminuent l’absorption du fer.
-Les laxatifs entrainent une diminution de l’absorption des molécules actives des
médicaments ingérés.
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C. Les interactions utiles:
Les interactions peuvent être bénéfiques et utilisées pour l’additivité et la synergie des effets
pharmacologiques sous-tendant l’efficacité thérapeutique (par ex. sulfaméthoxazole et
de triméthoprime deux ATB qui ont chacun une activité bactériostatique lorsqu'on administre seul, en
revanche lorsqu'on administre ensemble ces deux médicaments comme dans le BACTRIM;
l'association de ces deux ATB produit un effet bactéricide) et/ou permettant d’obtenir un effet
thérapeutique donné en utilisant l’association de deux médicaments à des posologies faibles et bien
tolérées ce qui permet d’améliorer leur sécurité d’emploi (par ex. association à doses fixes et
faibles de deux antihypertenseurs).
Autres exemples où l’intérêt de l’association concerne :
• le rapport bénéfices/risques (bénéfice de l’effet thérapeutique et risque de l’effet indésirable) :
l’association de deux médicaments ayant la même indication thérapeutique mais des effets
indésirables différents et dose-dépendants permet en réduisant la posologie de chacun de conserver la
même efficacité thérapeutique tout en diminuant le risque d’effets indésirables.
• le coût : le traitement à la ciclosporine est très onéreux. En y associant un inhibiteur du
métabolisme hépatique de la ciclosporine comme par exemple le diltiazem, on peut diminuer la dose
quotidienne. D’autre part, dans cet exemple, l’addition d’un antagoniste du calcium permet de
contrecarrer un des effets indésirables de cet immunosuppresseur, son effet hypertenseur.
• la sécurité : le Diarsed®, qui est utilisé dans le traitement symptomatique des diarrhées comporte
un dérivé morphinique, le diphénoxylate. Pour éviter l’utilisation de ce médicament par les
toxicomanes, de l’atropine a été ajoutée dans la présentation de ce médicament mais à une dose
suffisamment faible (0,025 mg par comprimé) pour n’avoir aucun effet aux posologies normales.
Par contre, en cas d’absorption massive de plusieurs comprimés, l’effet de l’atropine apparaît.
D. Les interactions médicamenteuses indésirables :
Les mécanismes de ces interactions peuvent être d’ordre pharmacodynamique ou pharmacocinétique.
Qu’on le voire par la suite.

MECANISMES DES INTERACTIONS MEDICAMENTEUSES:


Une interaction médicamenteuse peut survenir en cas de:

 Modification de la concentration plasmatique ou tissulaire d'un médicament par un autre:


Interactions pharmacocinétiques.
 Modification de son effet thérapeutique, suite à des actions pharmacologiques similaires ou
antagonistes: Interactions pharmacodynamiques.

a. Interactions Médicamenteuses Pharmacocinétiques (IMPK):


C’est une interaction au cours de laquelle un médicament va modifier les caractéristiques
pharmacocinétiques d’un autre médicament, elles ont lieu au niveau des différentes étapes

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pharmacocinétiques; l'un de médicament peut diminue ou au contraire accélère l'absorption, la
diffusion, le métabolisme et l'excrétion d'autre médicament.
Elles se traduisent par une modification de la concentration sanguine (augmentation ou
diminution) du médicament cible de l'interaction.
Les interactions pharmacocinétiques sont moins fréquentes que les interactions
pharmacodynamiques.
Les IM le plus significative au clinique sont celle qu'on lieu à l'étape d'absorption et de
métabolisme; et qui peuvent conduire a une augmentation de concentration sanguin de médicament;
ou au contraire un sous dosage rendant le traitement inefficace.

1. Modification au niveau de l'absorption:


Le médicament pour être absorbé doit franchir des membranes biologiques selon différents
mécanismes (la diffusion passive, le transport actif…). Il diffuse selon son poids moléculaire, sa
solubilité au site d’absorption, son degré d’ionisation(PH), et sa liposolubilité dans les membranes
cellulaires. Parmi les facteurs modifiant l’absorption nous pouvons citer :

Mécanisme Conséquences Exemple CA


T

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Modification de la Modification Molécule Diminution de Tétracyclines (acides
fraction du PH : toute qui l’absorption des faibles) + cimétidine
d'absorption modification du augment acides faibles(7). (anti acide)= pH ↑ _
PH gastrique ou e le PH absorption ↓ _
intestinal par un biodisponibilité ↓.
médicament va
modifier le Molécule Diminution de Amidopyrine (base

Espacer les prises au moins 02h (8).


quotient qui l’absorption des faible) ne doit pas être
d’ionisation du diminue bases faibles. donnée avec l’acide
médicament le PH citrique.
concerné et donc
va modifier sa
résorption
digestive :
Adsorption : Certains Empêchement de la Cholestyramine + AVK :
médicaments peuvent être pénétration de la diminution de l’effet des
adsorbés par d’autres membrane digestive. AVK.
substances (charbon active,
etc.)
Chélation : diminution de -Ciprofloxacine + les
certains médicaments l’absorption antiacides : réduction de
peuvent former des digestive la résorption.
complexes insolubles avec
certains ions (ca2+)
Modification de la 1) Retard d'évacuation -accroissement de la Tous les médicaments ne
fonction digestive: gastrique dégradation doivent pas être associés
modification de la gastrique du avec les
motilité gastro- médicament anticholinergiques
intestinale : le coprescrit; et
temps de séjour diminue sa
d’un médicament résorption (7).
dans le TD peut 2) Vidange gastrique Augmentation de la Métoclopramide
influer directement accélérée résorption du augmente les effets du Espacer les prises.
sur sa vitesse ou médicament diazépam
sur son taux de associes.
résorption et cela 3) Ralentissement du Augmentation du Anti-diarrhéiques et tous
dépend du site péristaltisme intestinal temps de contact, les médicaments Co-
d’absorption du augmentant ainsi administrées.
médicament Co- leur résorption.
administré

4) Accélération excessive Diminution de temps Laxatifs altèrent la


du transit intestinale de contact biodisponibilité des
Réduisant la médicaments Co-
résorption (7). administrées per os.
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Compétition au 1) Compétition entre deux Diminution de la la L-dopa est résorbée
niveau d'un substances requérant les résorption des grâce à un transport actif
transporteur mêmes mécanismes actifs médicaments Co- d’acides
administrés. aminés. En cas de
surcharge en acides
aminés, il peut apparaître
une compétition avec
diminution
de l’absorption de la L-
dopa (1);
2) Autres: destruction de Diminution de contraceptifs oraux et
la flore intestinale et l’efficacité de antibiotiques (7)
perturbation du cycle certains
entérohépatique médicaments
Potentialisation de AVK et antibiotiques à
certains large spectre
médicaments diminution de la vitesse
de la synthèse
bactérienne de la Vit K
par modification de la
flore intestinale.

2. Modification au niveau de la distribution:


La liaison de deux médicaments à une protéine plasmatique (sérum albumine pour les
médicaments acides et alpha 1 glycoprotéine pour les médicaments basiques); peut être à l'origine
d'une compétition, Le déplacement de l'équilibre augmente la fraction libre de l'un des deux
médicaments (forme biologiquement active) et aura pour conséquence une augmentation de l'effet
thérapeutique (augmentation temporaire de la concentration libre).
Ce type de réaction n'a généralement de conséquences clinique que pour les molécules
fortement liées aux protéines, ayant une marge thérapeutique étroite et un volume de distribution
faibles.
Molécules déplacées Molécules déplaçantes Effets
Warfarine Clofibrate Hemorragie
Acide nalidixique
Tolbutamide Sulfaphénazole Collapsus hypoglycémique
Salicylés
Acide valproique Phénytoine Neurotoxicité

Méthotréxate Sulfamide Insuffisance rénale


AINS
Les IM impliquant les protéines sont rarement contre-indiquées mais il faut les connaître afin
d’ajuster les doses.

3. Modification au niveau du métabolisme:

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La plupart des médicaments sont éliminés de l'organisme après avoir été transformés par des
enzymes (métabolisme hépatique par cyp 450) en molécules plus hydrosolubles, plus facilement
éliminé par les reins; Les interactions au niveau des processus métaboliques peuvent augmente ou
diminue la quantité active de médicament respectivement par inhibition ou induction du métabolisme
Mécanismes Conséquences Exemples CAT
1/ Stimulation du 1/Diminution de l’effet 1/Rifampicine (inducteur Augmentation
métabolisme d’un d’un des médicaments par CYP450) + Ciclosporine de la dose (6).
médicament par un l’autre (diminution de la (ATB lutte contre le rejet du Et à l’arrêt de
autre concentration plasmatique greffe)= diminution de l’inducteur, les
du médicament concerné concentration de doses doivent
(6)). ciclosporine, risque de rejet. être diminuées.
2/Augmentation de la 2/hépatite cytolytique :
formation de métabolites: Isoniazide+ Rifampicine.
a. Métabolites toxiques.
Métabolisation par cytochrome P450 :

b., Métabolites actifs :


exagération de l’effet.
Cinétique de l’inducteur : l’induction enzymatique est d’apparition retardée (48h); effet max
différé (2 à 3 semaines). Disparition ˃ 02 semaines après la disparition du médicament inducteur.
2/ Inhibition du -Compétitive : pour le même système Ritonair Reduction des
métabolisme d’un enzymatique. (inhibiteur de doses .
médicament par un -Non compétitive : blocage de CYP 450 3A4)
autre : diminution l’inhibition par un site de fixation +
de l’activité différent de celui du substrat. Simvastatine=
enzymatique. *demi-vie d'élimination plasmatique augmentation
-ce phénomène est augmente. de
souvent une : -*L'inhibition enzymatique conduit a concentration
*compétition l'élévation du taux sanguin du plasmatique de
(réversible) médicament dont le métabolisme est Simvastatine
*non compétitive inhibé. d’où exagération et prolongation donc risque de
(réversible) de ses effets pharmacologiques et risque rhabdomyolyse
*irréversible d’apparition des effets toxiques.
-Irréversibles : fixation à l’enzyme par
liaison covalente.
Cinétique de l’inhibiteur : l’inhibition enzymatique est d’apparition immédiate, effet maximal
rapidement atteint et disparition à l’arrêt de l’inhibiteur.
Remarque: Certains médicaments (ritonavir, rifampicine) sont à la fois inducteurs et inhibiteurs et
peuvent conduire au cours du temps à des variations multiphasiques (augmentation, diminution des
concentrations) du médicament associé. (EM)

4. Modification au niveau de l’élimination (excrétion):


Les interactions peuvent portée soit sur l'excrétion hépatique, soit sur l'excrétion rénale:
L'excrétion hépatique:
Interactions médicamenteuses pharmacocinétiques lors de l'élimination hépatique:
7
Mécanismes Exemples
Diminution de Par les ralentisseurs du débit sanguin dans la les β-bloquants
l'excrétion hépatique: circulation porto-cave avec tous les
médicaments
Par les médicaments entrant en compétition au Probénécide et
niveau des transports actifs d'excrétion biliaire. isoniazide
Augmentation de l'excrétion hépatique: par des accélérateurs du débit le glucagon avec
sanguin hépatique tous les
médicaments.
L'excrétion et la sécrétion rénale:
Interactions médicamenteuses pharmacocinétiques peuvent intervenir lors des trois étapes de
l'élimination rénale:
Etapes Mécanismes Exemples Conséquences

La filtration Altération du flux sanguin AINS diminue la filtration La vitesse d’élimination


glomérulaire glomérulaire glomérulaire du est influencée qui se
lithium(15). traduit par une
modification de clairance
La sécrétion Compétition pour le même Probénécide avec et la demi-vie :
tubulaire transporteur diminuant ainsi pénicilline : augmentation -Si l’élimination est
la sécrétion tubulaire d'un des taux sériques de la accélérée ; la durée
des médicaments pénicilline et prolongation d’action peut être
de son activité par blocage diminuée ou même
de la sécrétion tubulaire l’activité thérapeutique
(élimination rénale nulle.
diminue et T1 2 -Si l’élimination est
augmente. retardée : il y a un risque
d’accumulation et
La Modification du pH Thiazidiques peuvent apparition effet
réabsorption urinaire, modifiant ainsi le diminuer l’excrétion indésirable voire
tubulaire quotient d'ionisation en rénale de lithium(15). toxique.
favorisant ou en diminution
la réabsorption tubulaire du
médicament : Bicarbonate et
a) Réduction de l phénobarbital.
a réabsorption tubulaire:
-urine acide
-urine alcaline Bicarbonate et
b) Augmentation de la méthamphétamine.
réabsorption tubulaire

5. Modification au niveau du transport tissulaire (interaction au niveau P-gp):


 La glycoprotéine P est de plus en plus souvent impliquée dans les interactions médicamenteuses.

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 C'est une protéine responsable de l'efflux de médicaments en dehors de certaines cellules.
Contrairement aux cytochromes P450 impliques dans le métabolisme hépatique des
médicaments, la glycoprotéine P participe à la résorption (intestin), la distribution (des barrières,
comme le placenta et la barrière hémato-encéphalique) et l'élimination (rein, foie) des
médicaments.
 Il existe un nombre important de substances se comportant comme substrats de cette
glycoprotéine P : anticancéreux, immunodépresseurs (ciclosporine, tacrolimus), saquinavir,
digoxine, colchicine, loperamide….. Elle diminue l'absorption intestinale de ces médicaments
substrats et augmente leur élimination hépatique et rénale.

Mécanisme Conséquences Exemples


la concentration plasmatique peut être Rifampicine,
Médicaments inducteurs diminuée, en raison d'une absorption carbamazépine
de la P-gp intestinale réduite ou d'une clairance rénale ou (inducteurs) avec
hépatique augmentée. Il en résulte une digoxine (substrat)
diminution des effets du médicament substrat.
Médicaments inhibiteurs Augmentation de la concentration plasmatique amiodarone,
de la P-gp et tissulaire du médicament substrat. érythromycin(inhibiteurs)
+loperamide(substrat),

Remarque : de nombreux médicaments substrats de l'iso-enzyme CYP 3A4 du cytochrome


P450 sont également des substrats de la glycoprotéine P.
En résumé: bien connaitre la pharmacocinétique des médicaments a associées permettre d'éviter
ou d'anticiper les interactions médicamenteuses pharmacocinétique
b. Interaction Médicamenteuses Pharmacodynamiques (IMPD) :
Elle résulte de l’action d’un médicament qui va modifier la réponse à un autre médicament.
C’est une interaction au cours de laquelle l’activité pharmacodynamique d’un médicament va
amplifier ou au contraire, s’opposer à l’activité pharmacodynamique d’un autre médicament.
Cette interaction entraîne une modification de la réponse au médicament sans en influencer le
taux plasmatique. Il est possible d’observer aussi bien une modification de l’intensité que de la nature
de l’effet pharmacologique recherche.
Les interactions pharmacodynamiques sont fréquentes et prévisibles. Il s’agit souvent d’effet
de classe médicamenteuse.
Lorsque deux médicaments sont administrés simultanément, ils peuvent interférer selon les
mécanismes principaux:
1. des actions simultanées sur des mêmes récepteurs ou des voies de signalisation intracellulaires
communes :
Exemples :-neuroleptiques (sauf la clozapine) et agonistes dopaminergiques ou L-Dopa :
antagonisme pharmacologique au niveau des récepteurs dopaminergiques ;
-les inhibiteurs calciques (représentées par le diltiazem, le vérapamil, la nifédipine) qui
ont des indications thérapeutiques différentes mais une même cible pharmacologique : Le canal Ca2+
voltage-dépendant.

2. des effets sur une même fonction physiologique ou des fonctions compensatrices :
Exemples : -antivitamines K et antiagrégants plaquettaires : augmentation du risque hémorragique ;
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-analgésiques morphiniques et dépresseurs du système nerveux central (barbituriques,
antidépresseurs sédatifs, neuroleptiques, benzodiazépines…) : effet dépresseur central majoré.
3. des modifications de l’équilibre ionique :
Exemples :-diurétiques hypokaliémiants + autres hypokaliémiants : risque majoré d’hypokaliémie ;
-médicaments hypokaliémiants (diurétiques hypokaliémiants, laxatifs stimulants…) +
digoxine : toxicité de la digoxine majorée par l’hypokaliémie ;
-médicaments hypokaliémiants (diurétiques hypokaliémiants, laxatifs stimulants…) +
tous les médicaments donnant des torsades de pointes car l’hypokaliémie est un facteur favorisant la
survenue de torsades de pointe.

** La conséquence de l’interaction de deux médicaments peut être soit: synergie, antagonisme.

CONSEQUENCES PHARMACOLOGIQUES DES IM:


L'interaction médicamenteuse peut être à l'origine:
1. D'une potentialisation des effets de l'un ou de l'autre médicament.
2. D'une inhibition de l'effet d'un médicament par un autre.
3. D'une apparition d'effets nouveaux, non observé avec l'un ou l'autre médicament.
4. Pas de variation cliniquement décelable.

FACTEURS DE RISQUES DES IM:


Les facteurs de risque peuvent être liés au médicament et/ou au patient:
1. Patient:
Prédisposition génétique : Le risque d’effet indésirable d’une IM dépend du patrimoine génétique
de chaque individu.
L’Age du patient: le nourrisson et la personne âgée sont des terrains où le risque d’interactions
médicamenteuses est plus important
La fonction rénale et hépatique : l'insuffisance rénale et/ou hépatique est de facteur majorant le
risque d'IM.
Polypathologie : surtout chez la personne âgée nécessitant de ce fait, la prescription de plusieurs
médicaments.
2. Médicaments:
-Le nombre de médicaments: le risque augmente de façon exponentielle avec le nombre de
médicaments (Poly médication);
-C’est la situation à risque la plus évidente
-Définie comme la prise de ≥ 5 médicaments chroniques/jour;
-Chaque nouvelle spécialité ajoutée à l’ordonnance majorerait de 12 à 18 % le risque de survenue
d’effets indésirables.
-Marge thérapeutique : L’IM est d’autant plus dangereuse que la marge thérapeutique du
médicament est étroite: antiarythmique….
- Les Doses: Plus la posologie est importante, plus le risque de manifestations cliniques des
interactions médicamenteuses augmentent, La voie d'administration ; la chronologie ; la nature des
médicaments associées…
-Les interactions avec les CYP450.
-Sans oublier l'automédication.
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CLASSIFICATION DES INTERACTIONS MEDICAMENTEUSES:
On définit quatre niveaux de contrainte en matière d’interactions médicamenteuses en fonction de
risque évalué pour le patient.
Ces interactions peuvent soit provoquer ou majorer des effets indésirables, ou soit entraîner une
moindre efficacité des traitements.
La contre-indication revêt un caractère absolu.
Contre-indication Elle ne doit pas être transgressée;
Exemple: Méthotrexate / probénécide.
L'association déconseillée doit être le plus souvent évitée, sauf après
Association examen approfondi du rapport bénéfice/risque.
déconseillée Elle impose une surveillance étroite du patient.
Exemple: Etonogestrel / rifampicine.
C'est le cas le plus fréquent.
L'association est possible dès lors que sont respectées, notamment
Précaution d'emploi en début de traitement les recommandations simples permettant
d'éviter la survenue de l'interaction (adaptation posologique,
renforcement de la surveillance clinique, biologique, ECG, etc…).
Exemple: Timolol / insuline.
Le risque d'interaction médicamenteuse existe.
Il correspond le plus souvent à une addition d'effets indésirables.
A prendre en compte Aucune recommandation pratique ne peut être proposée.
Il revient au médecin d'évaluer l'opportunité de l'association.
Exemple: Clonidine / mirtazapine.
PREVENTION
L’existence d’une IM potentielle entre deux médicaments ne doit pas nécessairement contre indiqué
l’association. La prévention des conséquences néfaste s’opère en:
-Améliorant les connaissances sur la pharmacologie des médicaments.
-Privilégiant la monothérapie chaque fois que cela est possible.
-Respectant les doses adéquates et les conditions d'administration des médicaments.
-Surveillant le malade afin de décela les effets bénéfiques et indésirables
-Utilisant les moyens de contrôle biologique et le suivi thérapeutique.
-Evitant les associations à risque.
CONDUITE A TENIR:
1/Arrêt du ou des médicaments impliqués.
2/Informer le Centre National Pharmacovigilance Matériovigilance (CNPM).
3/Remplacement d’un médicament par un autre.
4/Espacer les prises.
5/Augmenter ou diminuer la posologie : adopter les doses individuellement
6/Accroitre la surveillance biologique.
7/Surveillance thérapeutique : dosage du taux circulant du principe actif

INTERACTIONS NON MEDICAMENTEUSES:

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L’alimentation influence la tolérance aux médicaments et leur efficacité en atténuant, ralentissant ou
au contraire renforçant leur effet.
L’interaction concerne souvent l’absorption à travers le tube digestif, mais certains nutriments en
modifient le métabolisme et l’élimination.
: Les mécanismes sont
1. Interactions pharmacocinétiques :
-Le bol alimentaire : Influence de la nourriture :
- Modification du PH gastrique : la présence d’aliment dans l’estomac est un stimulus pour la
sécrétion d’acide chlorhydrique susceptible de détruire certains médicaments.
-Modifie temps de vidange gastrique : la prise d’un repas retard la vidange gastrique et par
conséquent le temps de séjour du médicament dans l’estomac, surtout lorsqu’il est riche en lipide,
chaud, ou bien contient des substances gélatineuses. En revanche, l’administration de grandes
quantités de liquide ; les aliments alcalins, dilués, froids ou pauvres en graisses accélère la résorption
de la Digoxine, du paracétamol, de la théophylline…..
-Changement de la solubilité du médicament : les aliments lipidiques augmentent l’absorption
de l’antibiotique antifongique liposoluble griséofulvine, e stimulant la production d’acides biliaires.
-Formation de chélates : certains médicaments peuvent former des complexes avec des
substances alimentaires. Ces complexes sont rejetés dans les selles. Ainsi, les aliments contenant des
oxalates (oseille, épinard...) et des phytates (péricarpe de céréales) forment des complexes insolubles
avec les antiacides à base de calcium et avec les suppléments de fer ; chélation des cyclines par les
laitages.
-Modification de la circulation splanchnique : un repas à haute teneur protéique augmente le
flux splanchnique, l’apport hépatique du médicament résorbé est plus grand et le phénomène de
premier passage majoré, tandis qu’un repas riche en glucides ou pauvre en protides diminue la
circulation splanchnique et abaisse le niveau d’activité des cytochromes et allonge les demi-vies
d’élimination. Lorsque la circulation accrue, la biodisponibilité des médicaments est accrue.
-L’élimination rénale du lithium accrue par un régime pauvre en chlorure de sodium.
-un régime carence : peut ralentir des réactions enzymatiques ou diminuer la synthèse de
certaines enzymes. Des aliments sont capables de modifier les vitesses des biotransformations : le
chou de Bruxelles et les viandes cuites au feu de bois induisent le CYP 1A2.
Réduite Retardée Pas modifiée Augmentée
Ampicilline Aspirine Ethambutol Carbamazepine
Aspirine Céphalosporine Oxazepam Diazépam
Pénicilline Digoxine Tolbutamide Griséofulvine
Warfarine Valproite Metoprolol
Tétracycline Propanolol
-Millepertuis : inducteur ; qui donne Sd dépressifs mineurs si associé avec inhibiteurs protéases ou
anti-intégrases (aussi AVK, antiépileptiques).
-Le jus de pamplemousse: inhibe le CYP 3A4.
- Interactions entre substrats de la P-glycoprotéine et inhibiteurs de la P-glycoprotéine (ex. jus de
pamplemousse, vérapamil) : félodipine + jus de pamplemousse = augmentation des concentrations
plasmatiques de félodipine par inhibition de la P-gp par le jus de pamplemousse.
-L’alcool: présente aussi un effet biphasique : chez le buveur occasionnel, l'absorption d'alcool
provoque un ralentissement (inhibition) du métabolisme de certains médicaments ; au contraire, la

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prise répétée et excessive d'alcool, en cas d'alcoolisme chronique, est responsable d'induction
enzymatique (induit le CYP 2E1) et de l'accélération du métabolisme des médicaments.
Modifications Renforcent l’action des Empêchent l’action des médicaments
possibles médicaments
Intestinal chicorée, café, chocolat noir Graines de lin, thé noir,
cannelle, gingembre ; etc. Séné, etc.
Hépatiques chicorée, café, chocolat noir, Curcuma, savoyane, etc.
substances
hypo-hyperglycémiants.
Rénales Substances antidiurétiques Substances diurétiques : asperge, café, etc.
réglisse, etc. substances néphrotoxiques : aristoloch, etc.
2. Interactions pharmacodynamiques :
L’alimentation intervient aussi dans la tolérance d’un médicament.
Exemple : *IMAO+ tyramine (chocolat, fromage fermentés et gruyère….) : HTA paroxystique.
*Isoniazide+thon : crises histaminiques avec bouffées vaso-motrices, prurit et hypotension
artérielle ; le thon est riche en histamine, l’isoniazide inhibe la diamine-oxydase qui la catabolise.
*Metformine+néomycine : inhibition de la résorption de la vit B12et l’apparition d’anémie
macrocytaires.
3. Autres : L’environnement :
-la fumée de tabac (et ses hydrocarbures polycycliques) exerce des effets inducteurs sur le CYP 1A2.
-des pesticides industriels sont également inducteur.

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