Vous êtes sur la page 1sur 9

Chapitre II : LES BESOINS EN EAU DU MILIEU URBAIN

I. Caractéristiques du milieu urbain


Une ville présente plusieurs contraintes liées à la concentration, la centralisation
d’activités. Ce qui amène à prendre des dispositions surtout dans le domaine de l’eau vis-
à-vis de sa quantité et de sa qualité avant de la mettre à la disposition des populations.
Pour bien estimer les besoins en eau d’un milieu urbain, il convient de tenir compte, à
bon escient, de tous les secteurs nécessitant l’utilisation de l’eau.

II. Les services des eaux urbaines


Parmi les services qui sont offerts dans le milieu urbain, on note ceux qui relèvent de
l’Hydraulique Urbaine à savoir :
 La distribution de l’eau potable
 La collecte des eaux usées
 Le drainage urbain par la collecte des eaux pluviales

Pour les services de distribution de l’eau potable, il est nécessaire d’avoir une pression
suffisante, bien répartie et sans surpression.
Les réserves doivent être adéquates pour combler les variations de consommation et
assurer la protection contre les incendies.

Pour la réalisation d’ouvrages hydrauliques, il convient de concilier l’efficacité


hydraulique et l’économie. Il est donc nécessaire de les dimensionner pour satisfaire,
pour un temps prédéterminé (période de design) les besoins d’une population
généralement croissante.

Il faut ainsi procéder à une estimation de la population et de la consommation pour une


période correspondant à la durée de vie envisagée car la durée de vie des ouvrages est
limitée. Une période de dimensionnement est généralement définie.

1
III. Estimation de la population

Elle permet la planification de l’utilisation du territoire en termes d’évolution temporelle


des besoins. Elle se base essentiellement sur l’évaluation du taux de croissance de la
population (informations généralement fournies par la Direction des Statistiques qui
fonde son travail sur le recensement, l’immigration, l’émigration, les taux de naissance et
de mortalité.)
Il existe plusieurs méthodes d’estimation de la population qui donnent généralement une
évolution géométrique, arithmétique ou à taux décroissant.

IV. Méthodes d’estimation


IV.1 Méthode arithmétique
Le rapport entre l’accroissement de la population et l’accroissement du temps est
constant.

dP Pn  P0 P
On a K alors K  
dt Tn  T0 T

Cette méthode est utilisée surtout dans le cas des populations vieilles et stables.

IV.2 Méthode Géométrique


Dans un accroissement géométrique, le taux d’accroissement est proportionnel à la
population donc :
dP
 KP
dt

Si
dP
 KP alors Pn  P0 e K Tn T0 
dt
K est le taux de croissance annuel
Cette méthode s’applique à des populations jeunes en pleine croissance.

2
IV. 3 Accroissement à taux décroissant
dP
Dans ce cas, le taux d’accroissement est proportionnel à l’écart entre la population et
dt
la population de saturation :

dP
 K ( S  P)
dt
P est la population existante
S est la population de saturation
K est le taux de croissance annuel

Si
dP
dt
 K ( S  P) Alors 
Pn  P 0 S  P0  1  e K Tn T0  
Cette méthode s’applique principalement à des populations qui n’ont plus d’espace pour
se développer ou le développement approche la saturation.
V. Evaluation de la consommation en eau
La consommation en eau est variable et reflète le niveau de vie d’une population.
a) Consommation unitaire et globale
C’est le rapport entre la production moyenne journalière et la population desservie encore
appelée consommation moyenne per capita.
C’est le volume total annuel sur le nombre d’habitants sur 365 jours.

Volume annuel
CUG=
Nombre d'habitants x 365j
Exemples
 CUG = 40 l / hbt / j au Sénégal
 CUG = 500 l / hbt / j aux USA
 CUG = 300 l / hbt / j en France
b) Consommation moyenne annuelle
C’est le volume d’eau consommé en un an
c) Consommation moyenne journalière
C’est le volume d’eau consommé en un an divisé par 365 jours

3
VI. Types de consommation
Il s’agit ici d’identifier et d’estimer les différents types de consommation. Ce sont :
 Les consommations domestiques
 Les consommations commerciales
 Les consommations industrielles
 Les consommations dans les services et édifices publics
 Les consommations pour le bétail
VI.1 Consommations domestiques
La consommation domestique est fonction du niveau de vie des populations et de la
nature des installations sanitaires.
On en distingue deux niveaux :
 Besoins vitaux : pour satisfaire à des besoins de boisson, cuisson d’aliments,
hygiène corporelle, vaisselle, lessive.
 Besoins liés au niveau de vie : WC à chasse, bain ou douche à eau courante,
lavabo, nettoyage, arrosage, piscine, etc.
NB : les conditions économiques des populations africaines ne permettent pas à tous
d’acquérir un branchement d’eau à domicile. C’est pourquoi, certaines populations
s’alimentent à partir des bornes fontaines.
Les besoins dits vitaux sont estimés entre 5 et 10 l / jour / hbt, voir plus selon qu’on
s’alimente par Borne Fontaine (BF) ou par branchement privé (BP) avec ou sans
installations sanitaires à eau courante.
Dans l’étude des projets d’AEP en Afrique, les bureaux d’études s’efforcent d’estimer les
taux de population s’alimentant par BF ou BP, afin d’attribuer une consommation
spécifique à chacune des 2 catégories.
Dans ce choix, on reste généralement dans les intervalles suivants :
 Populations s’alimentant par BF : 15 à 30 l / jour / hbt
 Populations s’alimentant par BP sans installation sanitaire à eau courante c'est-à-
dire avec seulement un robinet de puisage dans la cour : 30 à
50 l / jour / hbt
 Populations s’alimentant par BP avec installations sanitaires à eau courante : 50 à
150 l / jour / hbt.
NB : Au Sénégal, on prévoit un minimum vital de 40 l / jour / hbt

4
VI. 2 Les consommations commerciales

 Bureaux : 30 – 50 l / employé / j
 Marchés : 5 l / m2 / j
 Station Essence : 200 m3 / mois

VI. 3 Les consommations industrielles

Leur estimation se fera par enquête au niveau de chaque industrie


 Pain : 2 l / kg
 Sucrerie : 6 l / kg
VI. 4 Les consommations dans les services et édifices publics
Les services publics sont peu équipés en installations sanitaires en Afrique. C’est
pourquoi, les données indiquées dans la littérature classique doivent être revues à la
baisse. On pourrait s’approcher des valeurs suivantes dans l’estimation des besoins en
eau :
 Ecoles sans internat : 3 à 5 l / j / élève
 Ecoles et casernes avec internat : 30 à 60 l / l / élève
 Hôpitaux et dispensaires : 150 l à 200 l / j / lit
 Administrations : 5 à 10 l / j / employé
 Marché équipé d’installations sanitaires : 0,4 m3 / 1000 hbt / j
 Arrosage de parcs et pelouse de sport : 2 à 5 l / j / m2
 Abattoir : une moyenne de 6 l / kg de carcasse ou selon la nature
- ovins caprins : 120 à 160 l / tête
- bovins : 200 à 2000 l / tête
- porcins : 100 à 400 l / tête
En Afrique, les Centres urbains de petite et moyenne importance sont rarement équipés
d’abattoirs à installations modernes pour le nettoyage et l’évacuation des déchets
liquides, aussi est-il nécessaire de faire attention de ne pas en surestimer les besoins en
eau.

5
VI. 5 Les consommations pour le bétail
Les valeurs suivantes sont tirées des projets sectoriels pour le Sahel.
- Bovins - Equins : 40 l / j / tête
- Ovins – Caprins : 5 l / j / tête
- Asins : 20 l / j / tête
- Chamelins : 50 l / j / tête
- Porcins : 10 l / j / tête
- Volaille : 0,1 à 0,2 l / j / unité
Dans les moyennes et grandes localités, le bétail n’est pas assez important pour qu’on en
tienne compte dans l’estimation des besoins en eau.
Dans les petits centres urbains africains où il est important, l’élevage est extensif.
L’abreuvage a donc lieu lors du pâturage.

VI. 6 Les pertes d’eau


L’eau, depuis son captage à la source subit des transformations (Traitement) et plusieurs
étapes de transport avant d’atteindre le consommateur.
Au cours de son cheminement, il s’effectue des pertes dont l’importance est fonction de
l’état des ouvrages. Il est donc nécessaire, dans un projet, de majorer les besoins de
consommation en eau des pertes escomptées pour obtenir les besoins de production
d’eau. Ces pertes sont dues essentiellement à :
- des fuites dans le réseau (conduites percées ou cassées, joints et appareils
hydrauliques défectueux)
- des fuites et des débordements de réservoirs
- lors du lavage des filtres et des extractions de boues de décantation, etc.

Les pertes sont estimées entre 5 et 10 % des besoins de consommation en eau pour un
réseau neuf et, 15 et 20 % pour les anciens réseaux, voire jusqu’à 50 % pour de très vieux
réseaux mal entretenus ou qui sont soumis à des eaux agressives.

6
VI.7 Le service incendie
Dans les calculs de réseau de distribution et de réservoirs, il est conseillé de tenir compte
de l’extinction d’un éventuel incendie. Mais le volume nécessaire à cela n’étant pas
consommé tous les jours, on n’en tient pas compte dans l’estimation des besoins en eau.

Pour les besoins en eau pour incendie, il s’agit d’estimer le débit requis pour circonscrire
un incendie dans une agglomération.
Qmin = 30 l /s, durée 2h – 10h
Au Sénégal, on prend Qinc = 17 l / s pour une durée de 2 heures

VI. 8 Phasages et échéances des projets


La consommation d’une ville augmente d’une part à cause des besoins créés par
l’installation de nouvelles populations et de nouvelles industries, d’autre part à cause de
l’habitude de consommation acquise grâce à la disponibilité de l’eau.

L’incertitude sur l’accroissement démographique ainsi que la durée de vie des


installations obligent à concevoir le projet en différentes phases et à fixer son échéance.

En général, on retient les intervalles suivants pour les durées de vie :


- canalisations en fonte : 50 ans minimum
- canalisations en PVC : 30 à 50 ans
- génie civil (bâtiments, réservoirs) : 25 à 30 ans

VII. Les variations de la consommation

La consommation varie selon les heures, les jours, les semaines et les mois.
Pour faire un bon dimensionnement des conduites d’adduction, il faut tenir compte des
facteurs de pointe.

7
VII.1 Détermination du facteur de pointe par la formule de Goodrich
On détermine les facteurs de pointe par des formules théoriques (empiriques) ou des
études statistiques.
La formule théorique utilisée pour déterminer le facteur de pointe est celle de Goodrich :

FP  180t 0,10 avec Fp en %


2
< t < 360 j
24

Si on considère la consommation moyenne journalière de l’année notée Qj moy, la


consommation maximale journalière notée Qj max est donnée par :

Q jmax =Fp  QJmoy

Qmoy/jour percapita  nombred'habitants


Avec: Qjmoy 
24  3600

VII.2 Détermination du facteur de pointe par études statistiques


 Divers pour les réseaux
Des simulations de réseaux par des études statistiques ont donné les résultats suivants
pour les facteurs de pointe :

 Pjournée max = 150%

 Phoraire max = 250 à 300 %

 Pmois max = 150%

8
 Par études statistiques (tables)

Population Pointe horaire Pointe horaire Pointe journalière


( hbts) minimale maximale maximale

Moins de 500 0,40 4,50 3,00


501 – 1000 0,40 4,13 2,75
1001 – 2000 0,45 3,75 2,50
2001 – 3000 0,45 3,38 2,25
3001 – 10 000 0,50 3,00 2,00
10001 – 25000 0,60 2,85 1,90
25001 – 50 000 0,65 2,70 1,80
50 001 – 75 000 0,65 2,62 1,75
75 001 – 150 000 0,70 2,48 1,65
Sup à 150 000 0,80 2,25 1,50

VIII. Débit de dimensionnement d’un réseau

Soit Q dim, le débit de dimensionnement


Le débit servant au dimensionnement des installations doit être pris égal au maximum
entre les 2 valeurs suivantes :

QJmax +Qinc
QDim = max 
Qh max
Ainsi, pour dimensionner un réseau il faut :
 Faire le bilan de la consommation
 Connaître la variation de la consommation
 Prévoir Qinc au jour maximum

Vous aimerez peut-être aussi