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Introduction

« La loi est sage mais les hommes ne le sont pas. »


Il est évident que le rôle de l'Etat dans la réalisation des objectifs du développement
économique et social, implique la mise en œuvre, par les différents départements publics de
vastes programmes d'action. Ceux-ci peuvent s'accomplir, non seulement dans le domaine des
équipements d'infrastructure, de projets sociaux et culturels, aussi dans les investissements
directs touchant tous les secteurs où l'Etat continue à jouer un rôle principal ou proportionnel.
Les marchés publics ont toujours constitué un instrument de matérialisation de l'action de
l'administration, malgré leur régime très particulier. Ce particularisme trouve sa raison d'être,
non seulement dans ses contrats de nature administrative, mais aussi dans le fait qu'il s'agit
d'un contrat de marché destiné à répondre aux besoins de l'administration.
En matière de droit privé, les conventions, légalement, formulées tiennent lieu de loi à ceux
qui les ont faites.
Trois éléments caractérisent les contrats de droit privé : leur force obligatoire (une partie ne
peut pas s'en délier, à son gré), leur immutabilité (il est interdit à quiconque, sinon aux parties
agissant d'un accord unanime, de modifier les clauses du contrat), l'égalité des cocontractants
(qui, dans l'exécution du contrat, ne possèdent pas plus de prérogatives et de droit l'un que
l'autre).
Or, ces trois éléments sont écartés par la jurisprudence et la doctrine à l'égard des contrats
administratifs. La force obligatoire est tenue en échec par cette règle que, sous réserve d'une
indemnisation du cocontractant, l'administration peut, à tout moment, résilier le contrat,
lorsque les besoins du service le requièrent. Le contrat n'est pas immuable, puisque
l'administration a, dans certaines limites, le pouvoir d'en modifier le contenu. Les parties ne
sont pas égales devant le contrat administratif parce que les prérogatives de l'administration
(qu'elles tiennent du contrat ou des règles générales qui la régissent) n'ont pas d'équivalent au
bénéfice du cocontractant; elles sont, cependant, composées mais, de façon « économique »,
par la règle de l'équilibre financier du contrat.
Au niveau pratique, une fois le contrat du marché visé et approuvé par l'autorité compétente,
le cocontractant avec l'administration doit préalable.et, avant le commencement de
l'exécution, entamer une procédure.
Il doit s'acquitter des droits de timbre et d'enregistrement du contrat du marché, conformément
aux dispositions de l'article 6 du CCAGT. Il doit, aussi, adresser au maître d'ouvrage les
copies de police d’assurance (assurance véhicules automobiles, accidents de travail, la
responsabilité civile).
En outre, le maitre d’ouvrage délivre au titulaire du marché les autorisations administratives
nécessaires pour la réalisation des ouvrages.
Et, dans le but de protéger l’administration contractante contre les risques qui résultent d’une
défaillance éventuelle de l’autre partie contractante, la règlementation a instauré un système

1
de cautions et de garantie. Et de même, d’autres garantis spéciales sont instaurées soit par le
cahier des charges, soit par des textes particuliers.1
Les titulaires des marchés publics sont en réalité des véritables collaborateurs de
l’administration publique, qui, du fait de leurs situations, participent de manière plus en moins
indirecte à l’accomplissement d’une tache de service public ou d’utilité publique.
En fait, le titulaire du marché acquiert des droits et s’engage aux obligations prévues par le
contrat du marché conclu avec le maitre d’ouvrage et par les cahiers des charges y afférents.
Généralement le contrat de marché porte des renvois aux dispositions législatives et
règlementaire en vigueur en matière de la gestion de la chose publique, et ce, afin de garantir
la bonne gestion des marchés publics et répondre aux exigences de l’intérêt général.
Dans tous les cas, au moment d’exécution des prestations, et sauf stipulation contraire du
contrat du marché, le titulaire, le titulaire doit respecter les dispositions des CCAGT ou
CCAG-EMO, selon le cas, s’agit-il d’un marché de fournitures, de prestations de services de
services ou de travaux. Et faute de répondre à ses obligations, ou de ne pas accomplir ses
engagements, le maitre d’ouvrage dispose du pouvoir de prononcer des sanctions à l’encontre
de son cocontractant.2
Alors que l’administration s’engage dans un contrat de marché, tout en ayant pour objectif la
protection de l’intérêt général, le titulaire du marché, quant à lui, signe le contrat dans le but
d’exercer une activité rémunérée et par conséquent réaliser un profit.
Donc, en nature des obligations que le titulaire doit respecter, le maitre d’ouvrage est tenu de
sauvegarder les droits de ce premier.
A cet égard, il est fondamental de poser la problématique suivante : quels sont les droits et
obligations des titulaires de marché public ?
Il convient alors de traiter dans un premier lieu, les obligations des titulaires des marchés
publics (chapitre I), et dans un second lieu les droits de ces derniers (chapitre II).
Plan suivi :
Chapitre I : les obligations des titulaires des marchés publics
Section 1 : les obligations personnelles et contractuelles
Section 2 : les obligations d’ordre technique à la qualité des matériaux à affecter au chantier
Chapitre II : les droits des titulaires des marchés publics
Section 1 : les droits relatifs aux paiements
Section 2 : les autres droits conférés aux titulaires des marchés publics

1
Cheddadi Abdellatif « droit des marchés publics », édition 2019, p. 220
2
Zoubaa Abdelhamid « le système de gestion des marchés publics », édition 2019, p. 255

2
Chapitre I : les obligations des titulaires des marchés publics
Section 1 : les obligations personnelles et contractuelle
 Les obligations personnelles
Le titulaire d’un marché public doit exécuter personnellement les prestations prévues dans le
contrat, tout en respectant les ordres du maitre d’ouvrage, notamment, ceux qui se rapportent
aux commencements ou aux ajournements d’exécution, à la diminution ou à l’augmentation
dans la masse des travaux.
Le décès du titulaire du marché, entraine en principe la réalisation du contrat de marché par
le maitre d’ouvrage, sauf dans le cas où les ayants droit manifestent la volonté d’assurer la
continuité d’exécution des prestations objet du marché. Cet état de fait, aura lieu sur la base
d’un avenant conclu entre le maitre d’ouvrage et les ayants droit.
En cas de sous-traitance qui ne peut porter ni sur le lot ou le corps d’état principal, du marché
ni dépasser cinquante pour cent (50%) du montant de ce dernier, l’entrepreneur doit notifier
au maitre d’ouvrage la nature des prestations qu’il envisage de sous-traiter, la dénomination,
la raison sociale et l’adresse du sous-traitant. De même le sous-traitant doit satisfaire aux
conditions exigées par la réglementation des marchés publics aux soumissionnaires,
notamment celles indiquées à l’article 24 du décret relatif aux marchés publics qui sont
obligatoires pour justifier des capacités juridiques, techniques et financière requises des
concurrents.
En effet, l’entrepreneur a été choisi pour sa capacité et sa solvabilité. C’est pourquoi la
réglementation des marchés publics a instauré ces limites à la sous-traitance.
En ce qui concerne la cession du marché, l’article 27 du CCAGT précise qu’elle est interdite
sauf dans les cas de cession de la totalité ou d’une partie du patrimoine de l’entreprise titulaire
à l’occasion d’une fusion ou d’une cession. Dans ces cas-là, les cessionnaires doivent
satisfaire aux conditions requises des concurrents exigés par l’article 24 sus indiqué. Ainsi, le
marché ne peut être cédé qu’après autorisation expresse de l’autorité compétente sur la base
de laquelle un avenant doit être conclu.

 Les obligations d’ordre général issues de la relation contractuelle


Le fait que l’entrepreneur a soumissionné pour l’obtention d’un marché public, signifie qu’il
s’engage à se conformer aux prescriptions des cahiers des charges. Les obligations qui en
découlent sont multiples et se rapportent en particulier à la phase d’exécution du marché en
question.
A cet égard, le titulaire du marché public est tenu de respecter sérieusement et d’une manière
fiable toutes les clauses du contrat du marché d’une part, et les clauses des cahiers des
prescriptions communes, ainsi que celle des cahiers des clauses administratives générales
applicables aux marchés de travaux d’étude et de maitrise d’œuvre, selon le cas, d’autre part,
puisque ces cahiers font parties des pièces constitutives du marché.

3
Malgré une certaine apparence qui pourrait laisser croire que les dispositions des cahiers des
clauses administratives générales n’ont qu’une nature réglementaire, ces derniers en réalité
ont une nature contractuelle3.
En effet, même si les contractants de l’administration publique ne discutent pas les clauses de
ces cahiers. Au moment de la conclusion des contrats de marchés publics, ils sont obligés de
les accepter, sachant que lesdites dispositions s’imposent à l’administration elle-même.
En fait, d’une manière générale, pour les marchés de travaux, les obligations d’ordre générale
issues de la relation contractuelle, notamment, celles qui découlent des propositions des
CCAGT exigent à l’entrepreneur de :
 Se soumettre à l’agrément du maitre d’ouvrage, à compter de la date de notification de
l’acceptation de l’approbation du marché et se conformer aux délais définis aux CPC
ou CPS, le calendrier d’exécution des travaux et les mesures générales qu’il entend
prendre à cet effet, ainsi que les dessins ou tout autre document dont l’établissement
lui incombe assortis de toutes justifications utiles
 Informer le bureau d’emploi local de la liste des ouvriers permanents qu’il a
l’intention d’employer sur ses chantiers.
 Se présenter en permanence sur le lieu d’exécution des travaux ou se faire représenter
par un de ses collaborateurs désignés par lui, et qui doit disposer des pouvoirs
nécessaires pour assurer l’exécution des travaux objet du marché et prendre les
décisions nécessaires, de manière qu’aucune opération ne puisse être retardée ou
suspendue en raison de son absence.
 Choisir des collaborateurs qualifiés, sachant qu’il demeure responsable des fraudes ou
malfaçons qui seraient commises par sas collaborateurs.
 Appliquer la législation et la réglementation sociale du travail notamment, en ce qui
concerne l’hygiène, la sécurité des travailleurs, les accidents de travail et la sécurité
sociale. Ainsi, il est tenu de prendre des mesures pour les soins et les secours aux
ouvriers et employés. Pour ce faire, l’entrepreneur doit organiser le service médical de
ses chantiers et d’assurer, à ses frais, les soins médicaux et les fournitures
pharmaceutiques aux ouvriers et employés victimes d’accidents ou de maladies
survenues du fait des travaux.
 Organiser la police du chantier, et en respectant tous les règlements et consignes des
autorités concernées du lieu où sont effectués les travaux, et en se conformant aux
ordres qui sont donnés par le maitre d’ouvrage pour la police des chantiers.
 Assurer la protection du secret, notamment quand il s’agit des marchés passés avec
l’administration de la défense nationale, ou lorsqu’il s’agit des marchés qui présentent
un caractère secret, ou lorsque les travaux doivent etre exécutés en des lieux où des
précautions particulières sont prises en permanence en vue de la protection du secret
ou de la protection des points sensibles. A cet effet, le maitre d’ouvrage notifie à
l’entrepreneur les éléments du marché considérés comme secrets et les mesures de
précaution particulières à adopter.
 Adresser les polices d’assurance qui ont pour objet de couvrir les risques du chantier,
et ce, avant tout commencement des travaux. A cet effet, l’entrepreneur doit adresser
au maitre d’ouvrage, les attestations justifiant la souscription des polices d’assurances

3
Ibidem page,256

4
pour couvrir les risques inhérents à l’exécution du marché en précisant leurs dates de
validité. Ces polices d’assurance doivent survenir au personnel et à la responsabilité
civile incombent à l’entrepreneur, en raison des dommages causés aux tiers par les
ouvrages objet du marché, de même, ces polices d’assurances doivent couvrir la
responsabilité civile incombant à l’entrepreneur en raison des dommages causés sur le
chantier et ses dépendances aux agents du maitre d’ouvrage ou causés un tiers
notamment par ses ouvrages, son matériel, ses marchandises, ses installations et ses
agents.
 Assurer la protection de l’environnement et ce, en prenant les mesures nécessaires
permettent de maitriser les éléments susceptibles de porter atteinte à l’environnement.
En fait, et sur demande expresse du maitre d’ouvrage, l’entrepreneur doit être en
mesure, d’apporter la preuve que les prestations exécutées satisfont aux exigences
environnementales. Dans le même ordre d’idées, l’entrepreneur se charge des
opérations de l’élimination des déchets générés par les travaux, de leur collecte,
transport, stockage, éventuels tris et traitement nécessaires et de l’évacuation de ces
déchets vers les lieux susceptibles de les recevoir.
 Prendre des mesures nécessaires pour assurer la sécurité et l’hygiène notamment celles
qui se rapportent aux conditions de logement du personnel du chantier. Pour ce qui est
de l’hygiène il peut concerner les services de nettoyage quotidien, d’entretien du
réseau d’égouts et d’alimentation, d’évacuation des ordres ménagères et la propreté.
Pour ce qui est de la sécurité il peut concerner le gardiennage, les conditions de
sécurité et de protection du personnel du chantier et des tiers.
 Sauvegarder la propriété du maitre d’ouvrage des différents objets d’art, d’antiquité et
d’histoire naturelle découverts au moment d’exécution des prestations objet du
marché. A cet effet, l’entrepreneur ne doit pas déplacer ces découverts sans
autorisation préalable du maitre d’ouvrage4.
Section 2 : les obligations d’ordre technique à la qualité des matériaux à affecter au
chantier
Durant la période d’exécution des prestations objet de marché public le titulaire est tenu
d’utiliser des matériaux et produits de bonne qualité d’affecter au chantier le matériel
approprié pour la bonne exécution des prestations et de respecter la réglementation en vigueur
en matière de transport de matériaux.
a) Utiliser les matériaux de bonne foi
La réglementation régissant l’exécution des marchés publics, notamment celle relative aux
marchés de travaux exige aux entrepreneurs de n’utiliser que les matériaux et produits qui
sont conformes à des spécifications techniques ou à des normes marocaines homologuées, ou
à défaut, aux normes internationales. Et l’entrepreneur doit garantir que lesdits matériaux et
produits sont de bonne qualité et qu’ils conviennent parfaitement au travail à effectuer.
En plus, ces matériaux et produits ne peuvent être employés qu’après été vérifiés et acceptés
par le maitre d’ouvrage. A cet effet, l’entrepreneur doit, à toute réquisition, justifier la
provenance desdits matériaux et produits par tous documents probants.

4
Ibedem, page 258

5
Il est à signaler, que l’acceptation de ces matériaux par le maitre d’ouvrage est provisoire, et
jusqu’à la réception définitive des travaux, ils peuvent en cas de mauvaise qualité ou de
malfaçon, être refusé et remplacés par ceux de bonne qualité à la charge de l’entrepreneur.
b) Utiliser le matériel approprié à la bonne foi exécution des prestations
L’entrepreneur doit utiliser le matériel approprié pour la bonne exécution des prestations objet
de marché selon les règles de l’art, il doit affecter au chantier le matériel qu’il a prévu dans
son offre ou, éventuellement le matériel présentant des performances au moins similaires. De
même, l’entrepreneur ne peut retirer du chantier le matériel affecté à l’exécution des travaux
avant l’achèvement d’exécution, sans avoir informer au préalable par écrit le maitre
d’ouvrage, tout en précisant la nature et la consistance du matériel à retirer et les raisons du
retrait demandé, et en s’engageant à ce que ledit retrait n’ait aucune conséquence sur la
réalisation des travaux. Toutefois, l’accord du maitre d’ouvrage ne dégage par l’entrepreneur
de ses engagements et des conséquences découlant de ce retrait.
c) Respecter la réglementation en vigueur en matière de transport de matériaux
Durant toute la période d’exécution du marché, l’entrepreneur est tenu de se conformer à la
législation et à la réglementation en vigueur en matière de transport et produits. Ainsi, les frais
de transport des produits nécessaires à l’exécution des travaux sont à la charge de
l’entrepreneur. Exceptionnellement le cahier des prescriptions spéciales peut prévoir que ce
transport sera effectué par les moyens dont dispose le maitre d’ouvrage
A titre d’exemple, le transport des dynamites nécessaire à la démolition des constructions ne
peut être transporté sans prendre les mesures nécessaires concernant la sécurité des
transporteurs des produits explosifs. De même, pour le transport des produits alimentaires
destinés à la consommation humaine, tels que les légumes, la viande, les poissons qui ne peut
être effectué sans prendre les mesures nécessaires permettant de les garder frais, telles que
l’utilisation des frigo-voitures, les formalités d’emballage.
Généralement, dans l’exécution des prestations objet des marchés publics, les titulaires
doivent respecter les clauses contractuelles telles qu’elles sont déterminées dans le contrat de
marché conclu avec le maitre d’ouvrage et dans les cahiers des charges et veiller au respect
des règles reconnues dans le domaine.

6
Chapitre II : Les droits des titulaires des marchés publics
Section 1 : les droits relatifs aux paiements
 Droit au paiement des sommes dues :
L’article 41 du décret royal du 12 avril 1967 sur la comptabilité publique définit le paiement
comme l’acte par lequel l’organisme public se libère de sa dette. Cet acte ne peut être effectué
qu’après la justification du service fait. Le caractère libératoire du règlement est une formalité
qui doit être respecter par le comptable, notamment quand il s’agit d’un nantissement ou d’un
autre empêchement (avis à tiers détenteur, opposition juridique), ou quand il s’agit d’un
paiement au profit d’un groupement d’entrepreneur solidaire ou non, car le paiement peut être
unique ou à chaque entrepreneur5.
Une fois le maitre d’ouvrage s’assure que l’objet du marché public a bien exécuté
conformément aux clause du contrat, et que les prestations ont été réellement et fidèlement
exécutées et après la constatation du service fait, l’ordonnateur vérifier la réalité de la dette
publique et arrête le montant de la dépense dont elle se reconnait débitrice.
La règle du paiement après service fait est un dispositif protecteur des droits pécuniaires
d’autrui qui interdit de payer une dépense avant que les prestations qu’elle rémunère aient été
effectivement exécutées par le cocontractant
L’article 776 du D.O.C indique que « le paiement du prix n’est pas dû qu’après
l’accomplissement de l’ouvrage ou du fait qui est l’objet du contrat », ceci implique
l’appréciation matérielle du service fait et la vérification que les prestations sont réellement
exécutées6
La règle comptable implique que tout paiement ne peut être effectué qu’à la condition de la
réalisation de la prestation objet du marché. Le comptable ne peut procéder au paiement qu’à
la condition que le service soit constaté et les pièces justificatives fournies.
La constations du service fait :
C’est une règle fondamentale de la comptabilité publique qui gouverne et conditionne le
règlement des sommes dues. Le service fait est constaté par la personne habilitée qui doit
vérifier la réalité de la dette. Il sert comme référence pour la liquidation des pénalités de
retard, les intérêts moratoires ou l’achèvement des travaux.
 Droit aux avances :
Le droit aux avances s’ouvre si le CPS autorise au titulaire du marché de bénéficier d’une
avance sous forme de versement d’une somme avant le commencement d’exécution.
Dans ce cas, le maitre d’ouvrage doit procéder à l’exécution de ces dispositions en donnant
l’ordre au virement de ladite avance juste après l’approbation du contrat du marché et la
notification de l’ordre de service de commencement. Ce versement doit se faire selon les
règles et les modalités fixées par ledit contrat, sauf si le CPS stipule autrement ou exige des
conditions se rattachant au commencement ou à la préparation du titulaire pour l’exécution.

5
Art 41 du décret royal de 12 avril 1967
6
Art 776 du D.O.C

7
Pour bénéficier d’une avance sur le marché public, le titulaire est tenu de constituer
préalablement à l’octroi de l’avance, une caution personnelle et solidaire s’engage à
rembourser la totalité du montant de l’avance.
 Droit aux acomptes :
En premier lieu, il convient de projeter un éclairage sur les différentes caractéristiques des
notions suivantes : avance et acompte, notamment leurs traits communs ainsi que leurs points
de divergence, et ce avant de développer les dispositions relatives aux acomptes :
 L’avance correspond à un versement pour un service à faire, alors que l’acompte
correspond à un versement pour un service en cour d’exécution.
 L’avance est remboursable : tandis que l’acompte constitue un règlement définitif.
 L’avance est garantie, alors que l’acompte ne l’est pas.
 En plus, et avant l’entrée en vigueur du décret relatif aux avances sur le marché en juin
2014, l’octroi de l’avance était facultatif, cependant le versement de l’acompte est
depuis toujours obligatoire.
En fait, les acomptes sur les travaux et fournitures sont versé au titulaire du marché après
constatation su service fait. Le paiement desdits comptes s’effectue au même rythme que celui
fixé pour l’établissement des décomptes provisoires. Il est également délivré des acomptes sur
les prix des matériaux approvisionnés sur les chantiers jusqu’à concurrence de 4/5 de leur
valeur. Toutefois les approvisionnements ayant donné lieu à un paiement d’acomptes
demeurent la propriété de l’entrepreneur, or ce dernier ne peut les enlever du chantier sans
avoir l’autorisation préalable du maitre d’ouvrage et après le remboursement des acomptes
perçus à leur sujet.
Les acomptes payés aux titulaires des marchés publics sous forme des décomptes provisoire et
sur la base des prestations réellement exécutées, constituent des règlements définitifs desdits
prestation exécutées, et qui sont, en plus conditionnés par la certification du service fait, émise
par les maitres d’ouvrages, ces acomptes sont considérés en quelque sorte comme moyens de
financement des marchés publics, puisqu’il s’agit d’un versement de fonds, qui peut soulager
la trésorerie du titulaire du marché public, au fur et à mesure de l’exécution des prestations
objet du marché en question.
Cependant, le montant d’un acompte ne doit en aucun cas excéder la valeur des prestations
auxquelles il se rapporte, il est déterminé par le maitre d’ouvrage sur demande du titulaire et
après production par celui-ci d’un acompte d’honoraires arrêtant le montant des prestations
réalisées.
Dans le cas des marchés d’études et les fournitures, ces acomptes ne peuvent avoir lieu que
lorsque le cahier des prescriptions spéciales les prévoit précisément au niveau de la clause
fixant les modalités de règlement et de paiement, et si le bordereau des prix annexé audit
cahier des prescriptions spéciales le permet.
Pour les marchés d’études « les prestations effectuées pour l’exécution des différents parties
ou phases de l’étude donnent lieu à un versement d’acomptes au fur et à mesure de leur
réalisation. La périodicité du paiement des acomptes est fixée par le cahier des prescriptions
communes ou le cahier des prescriptions spéciales. Ces cahiers peuvent prévoir le versement

8
d’acomptes soit mensuellement soit au fur et à mesure de l’achèvement des parties ou phases
de l’études ».
Pour les marchés de fournitures, le règlement des factures se fait sur la base de quantités de
fourniture livrées et réceptionnées par le maitre d’ouvrage. Le montant à payer au titulaire du
marché est calculé sur la base de bordereau des prix et du détail estimatif selon le caractère
des prix du marché.
 Droit aux intérêts moratoires
Le défaut d’ordonnancement et de paiement des sommes dues à l’administration dans le délai
réglementaire du titulaire d’un marché vise à l’engagement et approuvé, conformément à la
réglementation en vigueur, fait courir, de pleine droit et sans formalité préalable, des intérêts
moratoires au bénéfice dudit titulaire, lorsque le retard incombe, exclusivement, à
l’administration. Il s’agit, là d’une mesure susceptible de mettre fin au « confort
réglementaire » dont jouissent, depuis toujours, les débiteurs publics7.
a) Le cadre juridique du régime des intérêts moratoires :
L’application des intérêts moratoires est une réparation du préjudice né de l’érosion monétaire
et non d’une sanction. Les intérêts moratoires sont dus, de droit sans demande ni mise en
demeure et le titulaire ne peut y renoncer d’avance. Ils sont des majorations ajoutées à la
somme due dont le créancier pourrait bénéficier auprès de l’administration débitrice, en
indemnisation du retard dans le règlement de la créance du temps réglementaire, s’agissant
d’une mesure visant à sécuriser le créancier contre l’inertie de l’Etat.
Cette mesure a été institué, dans un premier temps, par le dahir du 1 juin 1949, autorisant le
paiement des intérêts moratoires et l’instruction du 16 avril 1949 qui porte son application.
Mais, suite à une procédure de déclassement décidée par le conseil constitutionnel marocain
en application de l’article 48 de la constitution, ce dahir a été abrogé par le décret N°2-03-703
du 13 novembre 2003 relatif aux délais de paiement et aux intérêts moratoires en matière de
marchés de l’Etat.
Aussi convient-il de souligner, également, l’arrêté du ministre des finances N°617-04 du 31-
03-2004 pris en application de l’article 8 du décret N°2-03-703 qui dispose : « un arrêté du
ministre chargé des finances fixera les modalités :
- Des constatations du service fait, visée à l’article premier ci-dessus
- L’engagement de la somme à valoir, prévue à l’article 7 ci-dessus.
- De liquidation des montants des intérêts moratoires
Ces mesures réglementaires vont de pair avec l’attachement du Maroc à la réglementation
internationale, notamment la directive européenne N°2000/350 du 9/06/2000, concernant la
lutte contre le retard de paiement dans les transactions commerciales. L’entrée en vigueur de
cette nouvelle réglementation contribue, ainsi à mettre fin à ce confort réglementaire « en
faveur de l’administration ».
L’article premier du décret N°2-03-703 dispose :

7
Cheddadi Abdellatif « droit des marchés publics », édition 2019

9
« Toute dépense résultant de l’exécution du marché passé par le compte de l’Etat dans les
conditions et les formes prévues par la réglementation applicable aux marchés de l’Etat, doit
être ordonnancé et payée dans un délai de 90 jours ».
L’ordonnance de cette dépense à lieu dans un délai maximum de 75 jours, à compter de la
date de constatation de service fait dans les conditions fixées par le règlement général de la
comptabilité publique et les cahiers de charges des marchés publics et après présentation à
l’ordonnateur de toutes les pièces justificatives dont la production est mise à la charge du
titulaire du marché.
Le vise et le règlement de ladite dépense pour le comptable doivent intervenir dans un délai
de 15 jours par modification de l’article 86 du décret royal N° 330-66 du 21 avril 1967),
portant règlement général de la comptabilité publique, à compter de la date de réception pour
ladite comptable de l’ordonnance ou du mandat de paiement.
L’avantage d’un délai fixé d’ordonnancement est double :
- D’un côté, il motivera l’ordonnateur à maitriser ses émissions et éviter de porter
préjudice aux droits de ses créanciers : d’un autre côté, il contribuera à corriger
l’image de marque de l’Etat-débiteur à travers a productivité de l’ordonnateur.
De souscrit, le même décret a introduit une modification de l’article 86, portant règlement
général de la comptabilité publique, selon lequel le visa et le règlement de ladite dépense par
le comptable doivent intervenir dans un délai de 15 jours, à compter de la date de réception
par ledit comptable de l’ordonnance ou du mandat de paiement.
b) La mise en œuvre du régime des intérêts moratoires :
D’après l’intitulé du décret N°2-03-703 le régime des intérêts moratoires est applicable stricto
sensu aux marchés de l’Etat, à savoir les administrations de l’Etat et les services de l’Etat
gérés de manière autonome (SEGMA)8.
Quant aux collectivités territoriales, en se référant aux dispositions de l’article 130 du décret
du 20 mars 2013 relatif aux marchés publics qui prévoit : « les marchés de travaux, de
fournitures, et de services conclus pour le compte des régions, des préfectures, des provinces
et des communes sont soumis aux dispositions du présent décret, sous réserve des dispositions
particulières du présent chapitre »
c) Organisation des délais de paiement entre l’ordonnateur et le comptable
assignataire.
La règle générale est que toute dépense résultant de l’exécution d’un marché doit être
ordonnancée et payée dans un délai n’excédant pas 90 jours, ce délai est à partager entre les
deux intervenants, selon le principe suivant :
1) Délai d’ordonnancement :
L’ordonnancement de cette dépense doit avoir lieu dans un délai maximum de 75 jours, à
compter de la date de réalisation exacte des prestations (service fait) et après présentation à

8
Ibidem

10
l’ordonnateur de toutes les pièces justificatives dont la production est mise à la charge du
titulaire du marché.
Ce délai peut être suspendu lorsque l’ordonnancement n’a pu être effectué pour des raisons
imputables au titulaire du marché, notamment, pour défaut de production des pièces
justificatives.
Toutefois, ladite suspension ne peut intervenir qu’une seule fois par l’envoi à ce dernier,
quinze jours au moins avant l’application du délai d’ordonnancement, une lettre
recommandée avec accusé de réception, lui faisant connaitre l’ensemble des motifs ayant
empêché l’ordonnancement.
La lettre adressée au titulaire du marché doit préciser que le délai d’ordonnancement est
suspendu jusqu’à la remise, par celui-ci, contre récépissé délivré par l’administration, ou au
moyen d’une lettre recommandée avec accusé de réception, de la totalité des justifications qui
lui ont été réclamées. Le délai restant, imparti à l’ordonnateur, est compté à partir de la date
de réception des justifications exigées.
Certes, il parait de ce qui précède que le législateur a bien voulu réduire l’inertie de
l’administration. En revanche, n’y a-t-il pas de risque que l’administration abuse de sa
position de puissance publique pour contraindre, d’un maitre ou d’une autre, les créanciers à
reconnaitre leur responsabilité, que les raisons de retard leur sont imputables.
2) Délai du visa de paiement
Le visa et le règlement de ladite dépense par le comptable assignataire doivent intervenir dans
un délai de 15 jours maximum, à compter de la date de réception par ladite comptable de
l’ordonnance ou du mandat de paiement.
Ce délai peut, également être suspendu lorsque le refus de visa des ordonnances ou mandats
de paiement est motivé par le non-respect des dispositions relatives à la validité de la dépense
prévue par le règlement général de la comptabilité publique, ou la non-production de pièces
justificatives telles que définies par les nomenclatures fixées par arrêté du ministre des
finances.
La note d’observation établi, à cet effet, par le comptable assignataire doit faire l’objet d’un
seul envoi à l’ordonnateur et comporter tous les motifs du refus du visa et de paiement de la
dépense concernée.
En tout cas, le défaut d’ordonnancement et le paiement des sommes dues dans le délai
réglementaire fait courir, de plein droit et sans formalité préalable, des intérêts moratoires au
bénéfice dudit titulaire, lorsque le retard incombe, exclusivement à l’administration.
3) La liquidation des intérêts moratoires
Formule : IM= c*j*T/365
IM : montant des intérêts moratoires
C : montant de la créance
J : nombre de jours de retard
T : taux du trimestre auquel les intérêts moratoires sont applicables
11
L’exercice suivant illustre la méthode, pratiquement, adoptée pour le calcul des intérêts
moratoires, en cas de retard dans le paiement des sommes dues.
Cas pratique : application des intérêts moratoires
Le marché N°14/DRA/07 est conclu entre le département ministériel X et la société Z portant
sur la fourniture du matériel d'équipements9.
Le montant du marché est 500 000 DH. Le délai d'exécution du marché est fixé à 3 mois.
L'ordre de service de commencement a été notifié le 1 mars 2012.Toutes les prestations ont
été réceptionnées dans le délai et payées par deux ordres de paiement.
-Le titulaire du marché a reçu un virement bancaire le 12 mai 2012 après réception du
matériel le 1 avril 2012.
- Après, il a reçu un virement le 17 Août 2012 dont les prestations ont été réceptionnées le 13
mai 2012.
La moyenne pondérée des bons de trésor du dernier trimestre avant la date de paiement est:
3,40%.
La société Z n'a été payée sur une partie des prestations qu'après 3 mois de leur exécution; par
conséquent, elle doit bénéficier des intérêts moratoires dus au retard de paiement.
Mode de calcul des intérêts moratoires :
D’abord, on doit ressortir le délai qui a couru entre la date de réception et la date de paiement.
Facture N° Montant en DH Date de service Date de Délai de
fait virement paiement
1 200 000 DH 1.01.2012 12.05.2012 52 jours (avril
30 jours)
2 300 000 DH 13.05.2012 17.08.2012 96 jours

Donc, la facture N°1, le délai de paiement est respecté, alors que la facture N°2 est payée en
retard, car le délai dans lequel il fallait effectuer le paiement est de 90 jours au maximum
après la date du service fait.
Le délai de retard est de 96 jours-90 jours = 6jours. Donc, il faut appliquer la formule des
intérêts moratoires à la facture N°2.
 300000*6*3.40/ 365 = 16 767
Donc, le maitre d’ouvrage doit payer un montant de 16 767 DH à la société Z.
4) Mise en paiement des intérêts moratoires :
Les intérêts moratoires sont ordonnancés, après paiement, par le comptable assignataire de la
dette en principal et au fur et à mesure dudit paiement.

9
Cheddadi Abdellatif « droit des marchés publics », édition 2019, page 245

12
Les intérêts moratoires sont imputés à la rubrique budgétaire avant supporté le paiement de la
dette principale et, notamment, sur la somme à valoir, préalablement, engagée en sus du
montant du marché.
Le principe est que le règlement des intérêts moratoires est systématique. Toutefois, en cas
d'indisponibilité ou d'insuffisance de crédits pour le paiement desdits intérêts moratoires,
l'ordonnateur devra prendre toutes les dispositions qui s'imposent pour mettre en place les
crédits nécessaires au paiement des intérêts restant dus (virement, rétablissement de crédits,
ouverture de crédits supplémentaires, etc.).
Mais, en tout état de cause, les intérêts moratoires qui n'ont pu être réglés, faute de crédits
disponibles, doivent être payés, en priorité, dès la mise en place des crédits aux rubriques
concernées.
Enfin, la date de paiement de la dépense est portée à la connaissance de l'ordonnateur par le
comptable assignataire, au plus tard, le jour ouvrable qui suit celui du paiement.
Le fait d'obliger, textuellement, le comptable à procéder à la liquidation automatique des
intérêts moratoires au cas où il a constaté que l’ordonnateur n'a pas émis les dépenses
relatives aux sommes dues dans les délais règlementaires est certes une grande avancée dans
le sens de la modernisation et la moralisation de l'administration.
Simplement, pour que cette mesure soit réalisable, elle devrait être prise en suivant une
approche pragmatique afin d'en assurer l'application.
Il est très probable que les ordonnateurs prennent avec tant de méfiance cette mesure qui les
insère dans les délais globaux que les émissions sont, intimement, liées à la performance
budgétaire (report de crédit, mouvement de crédit, levée de prescriptions quadriennales, etc.)
C’est pour cela qu’il y a eu lieu de souligner qu’une telle mesure devra s’inscrire dans le cadre
global de la réforme de l’Etat, eu égard aux implications politiques.
Aussi l’institution de l’automaticité des intérêts moratoires devrait-elle être introduite avec
beaucoup plus de prudence, en prévoyant, par exemple, un plafond au règlement des intérêts
moratoires, en ce sens que l’objectif qui en derrière est au fond disciplinaire et non
l’enrichissement démesuré des créanciers de l’Etat.
Section 2 : les autres droits conférés aux titulaires de marché public.
 Droit à la révision des prix :
Suite aux dispositions de l’article 50 du CCAGT qui prévoit la révision des prix si le cahier
des prescriptions spéciales précise si le marché est à prix fermes ou s’il est à prix révisable,
conformément aux dispositions du décret du 20 mars 201310.

Si, pendant le délai contractuel du marché, les prix des travaux subissent, suite à l’application
de la ou les formules de révision de prix définies dans le cahier de prescription spéciales ou le
cahier de prescriptions communes, une variation telle que le montant total des travaux restant
à exécuter se trouve, à un instant donné, augmenté ou diminué de plus de 50% par rapport aux

10
Ibidem, page 252

13
montants de ces mêmes travaux établis sur la base des prix initiaux du marché, l’autorité du
marché peut résilier le marché d’office.
De son côté, l’entrepreneur peut demander, par écrit, la réalisation du marché, sauf dans les
cas où le montant non révisé des travaux restant à exécuter n’excède pas 10% du montant
initial du marché. En tout état de cause, l’entrepreneur doit continuer l’exécution des travaux
jusqu’à la décision de l’autorité compétente qui doit lui être notifiée dans un délai, maximum
de deux mois à dater de la demande de résiliation.
Si la résiliation est demandée par l’entrepreneur, les travaux exécutés entre la date de la
demande de résiliation et la date à laquelle celle-ci lui est notifiée, lui sont payés au prix du
marché révisé, conformément aux formules de révision des prix, à condition qu’il ne soit pas
écoulé plus de deux mois entre ces deux dates.
S’il est écoulé plus de deux mois entre les deux dates, les prix applicables, au-delà du
deuxième mois sont arrêté d’un commun accord entre l’entrepreneur et le maitre d’ouvrage,
dans la limite des prix correspondant aux dépenses réelles majorées, forfaitairement, de 5%
pour bénéfice.
En cas de désaccord, l’entrepreneur est payé à des prix provisoires fixés par le maitre
d’ouvrage, réservé faite de l’application éventuelle de la procédure fixée aux articles 71 à 73
du CCAGT.
La révision s’opère par application d’une formule représentative de l’évolution du cout de la
prestation. Donc, la révision des prix a pour objet de tenir compte des variations économiques
constatées entre la date d’établissement des prix fixés contractuellement pour l’achèvement de
la réalisation des prestations objet du marché.
Il est à signaler, que la révision des prix a fait l’objet de modifications importantes apportées à
la réglementation des marchés publics en 2014. Elle est désormais automatique pour les
marchés de travaux quel que soit leur délai d’exécution.
Aussi, pour les marchés d’études dont le délai d’exécution est supérieur ou égal à quatre mois,
le maitre d’ouvrage peut prévoir la révision des prix.
Généralement, la révision des prix constitue l’un des droits des titulaires des marchés publics.
Toutefois, pour pouvoir bénéficier de ce droit une formalité préalable doit être
obligatoirement respectée : la révision et les conditions de sa réalisation doivent être
explicitement prévues dans le contrat de marché.
En outre, pour assurer les crédits disponibles suffisants qui vont couvrir le paiement des
sommes dues suite à la révision des prix, l’arrêté du chef de gouvernement n° 3-302-15 du 27
novembre 2015, fixant les règles et les conditions de révision de prix des marchés publics, et
qui est entré en vigueur le premier janvier 2016, exige dans son article 17 aux ordonnateurs de
prévoir les crédits suffisants pour couvrir le paiement des sommes dues afférents à la révision
des prix au moment d’engagement des marchés publics. Les montants de ces marchés sont
engagés majorés d’une somme à valoir pour couvrir la révision des prix. Et le montant de
cette somme ne devra pas être supérieur à 5% du montant initial du marché et de son avenant.
Toutefois, l’article 17 susvisé ajoute que « si au cours de l’exécution du marché, ces sommes
à valoir s’avèrent insuffisante, elles peuvent être augmentées par voie d’engagement
complémentaires sur production des pièces justificatives. »

14
Il est à préciser que les textes réglementaires régissant la révision des prix ont connu deux
modifications importantes, l’une en 2014et l’autre en 2015. Ces modifications ont été
suggérées suite aux disparités qu’a connue la pratique de la révision du prix, aux
interprétations opposantes des dispositions réglementaires et aux difficultés rencontrées par
les gestionnaires intervenants dans la gestion des marchés publics, ce qui a poussé le pouvoir
réglementaire à intervenir à deux reprises pour unifier les procédures de calcul de ladite
révision des prix et de rendre son application simplifiée et unifiée pour les cadres et agent
chargés de liquidation des calculs et des contrôles y afférents.
En fait, le nouvel arrêté du chef de gouvernement n°0-302-17 du 27 novembre 2015 fixant les
règles et les conditions de révision des prix des marchés publics au bulletin officiel, N°6244
du 17 décembre 2015 qui en entré en vigueur à compter du 1er janvier 2016, a abrogé l’arrêté
n°3-205-14 du 19 juin 2014.
Désormais, les marchés publics à prix révisable, dont la consultation a été engagée ou l’avis
d’appel à la concurrence a été publié ultérieurement à la date du 1er janvier 2016, demeurent
régis par les dispositions du nouvel arrêté.
Les principales innovations du dernier arrêté du chef de gouvernement régissant la révision
des prix sont les suivantes :
- Premièrement, et selon les dispositions de l’article 12 du nouvel arreté, la révision des
prix des prestations réalisées au cours d’un moi donné est obtenue en utilisant dans la
formule de révision des prix, les valeurs définitives des index de ce mois, si ces
valeurs ne sont pas encore publiées, le maitre d’ouvrage ne peut pas procéder à la
révision des prix qu’après la publication des valeurs définitives des index du mois
considéré. Alors que l’arrêté de 2014, la révision des prix pouvait être calculée sur la
base des valeurs provisoires, si les valeurs définitives ne sont pas publiées au moment
de l’établissement des décomptes provisoires, et le maitre d’ouvrage pouvait réviser
les prix par application des dernières valeurs connues, et le réajustement de ces calculs
se faisait dès la publication des valeurs applicables.
- Deuxièmement, dans l’arreté de 2016 en vigueur, le résultat final du coefficient de
révision des prix ainsi que les résultats des rapports relatifs aux calculs intermédiaires
sont arrêtés à la quatrième décimale. Alors que pour celui de 2014, les résultats de
rapports sont arrêtés à la sixième décimale pour les calculs intermédiaires.
- Troisièmement, les dispositions de l’article 14 de l’ancien arrêté de 2014 exigent pour
le calcul de la révision des prix des décomptes qui concernent des prestations dont la
période d’exécution s’étale sur plusieurs mois consécutifs ayant des valeurs d’index
différentes, pour lesquels la répartition ne peut être effectuée pour chacun des mois ou
portions de mois en fonction des prestations réalisées, que la révision des prix soit
calculée au prorata du nombre de jours auxquels correspond chacune des valeurs
coefficient de révision et tous les mois soit calculée au prorata du nombre de jours
calendaires par mois auquel correspond chacune des valeurs du coefficient de révision.
A noter que, d’après les dispositions de l’article 18 de l’arrêté de 2015, entrée en vigueur
2016, en cas de retard dans l’exécution des prestations, imputable au titulaire du marché, il est
fait application, pour le calcul de la révision des prix des prestations exécutées pendant la
période de retard, de plus faible des deux coefficients obtenus en utilisant, d’une part, les

15
index du mois d’exécutions des prestations et d’autre part, les index du dernier mois du délai
contractuel.
 Droit aux indemnités
Abstraction faite des cas où l’indemnisation est prévue par le décret des marchés publics, dans
les autres cas non prévus, l’indemnisation se trouve devant deux alternatives : soit de régler le
différend à l’amiable soit de recourir au juge qui doit trancher.
a)- L’indemnisation
Bien que de portée générale, l’indemnisation et la résiliation pour cause d’imprévision ne
s’appliquent pratiquement que rarement ; il appartient aux contractants de procéder à
l’amiable pour trouver un compromis. A défaut d’accord sur ce point, le C.C.A.G. renvoie à
une procédure précontentieuse et éventuellement contentieuse selon laquelle les tribunaux se
réservent le droit de prononcer l’indemnisation ou la résiliation du contrat11.
Le palliatif que constitue l’indemnité d’imprévision dans la réglementation des marchés
publics est, en effet, insuffisant pour assurer dans de bonnes conditions la continuité du
service public. D’ailleurs l’article 64 du C.C.A.G. relatif au calcul des indemnités indique que
l’octroi de l’indemnité « est décidé par l’autorité compétente », ce qui peut être interprété
comme une faveur de la part de l’administration et non comme un droit.
L’indemnisation n’est prévue ni dans le cas d’un marché à prix ferme, ni dans le cas de force
majeure, tandis que dans le cas de la sujétion elle est déduite à partir du moment où le titulaire
n’a commis aucune faute et qu’il a pris toutes les dispositions nécessaires prévues par l’article
42 du C.C.A.G., qui précise que l’entrepreneur ne peut élever aucune réclamation concernant
des sujétions qui peuvent être occasionnées « par l’exploitation normale du domaine public,
notamment par la présence et le maintien de canalisations, conduites, câbles de toute nature.»
Or la découverte d’ouvrages enterrés et non signalés doit donner lieu à une indemnité pour
sujétion.
En revanche et conformément à l’article 43 du C.C.A.G., «En cas de survenance d’un
événement de force majeure, l’entrepreneur a droit à une augmentation raisonnable des délais
d’exécution qui doit faire l’objet d’un avenant, étant précisé toutefois qu’aucune indemnité ne
peut être accordée à l’entrepreneur pour perte totale ou partielle de son matériel flottant », ce
qui signifie que le cas de force majeure ne donne pas lieu à une indemnité, mais à une
décharge de l’attributaire du marché de ses obligations afin d’éviter les pénalités de retard.
Cependant la commission des marchés, dans un avis n° 63.86 du 22 janvier 1986, a admis le
principe d’indemnisation même si les marchés ont été conclus sur la base de prix fermes et
non révisables, mais dont l’exécution a connu des retards imputables à la personne publique
qui a dû, de ce fait, procéder à leur révision.
Toutefois le comptable payeur a refusé le paiement des décomptes définitifs établis suivant les
nouveaux prix, au motif qu’ils dérogent ainsi aux clauses contractuelles initiales du C.C.A.G.
En effet cette procédure prévue par le C.C.A.G. n’a pas été utilisée par la commune qui, au
lieu de statuer sur les demandes d’ajustement des prix sur le plan indemnitaire, a procédé à

11
Nabih Mohamed, « droit des marchés publics », édition 2014

16
une révision des prix qu’elle a tenté de régulariser ensuite par des avenants aux marchés
initiaux.
La commission des marchés a proposé à cette occasion que la question soit réglée dans le
cadre du C.C.A.G., c’est-à-dire en indemnisant les entreprises cocontractantes pour le
préjudice qu’elles ont subi du fait du retard d’exécution à la charge de la commune. En tout
état de cause le principe d’indemnisation a été retenu.
La demande d’indemnités lors de la rupture contractuelle d’un marché public pour force
majeure doit être justifiée par l’imprévisibilité de l’événement lors de la conclusion du contrat
et par l’irrésistibilité de ce même événement lors de son exécution.
a) - Une application restrictive
Cet aspect d’imprévisibilité n’est pas opérant dans certains cas, notamment quand le produit
fait l’objet de fluctuations sporadiques, telles que les produits énergétiques, notamment le
pétrole. Le titulaire d’un marché de produits bitumés ne peut faire fi du cours du pétrole dans
un contexte de hausse continue sur les marchés internationaux, et compte tenu de la situation
du marché des produits pétroliers soumis à de brusques variations des prix. De telles
variations des prix des produits utilisés ne présentent pas un caractère imprévisible, du fait des
flottements réguliers des cours sur une période très longue.
Dès lors, même si les clauses de révision des prix ne corrigent pas l’évolution des prix des
produits pétroliers, le titulaire ne peut obtenir une indemnité d’imprévision couvrant une
charge supplémentaire.
 Droit à l’ajournement des travaux en cas de retard de paiement :
Généralement, l’ajournement des travaux par le biais des ordres de service d’arrêt fait partie
des attributions réservées strictement aux maitres d’ouvrages, il s’agit, des décisions qui
peuvent intervenir pour faire face aux événements rendant l’exécution normale du marché
impossible, et c’est au maitre d’ouvrage de juger la cause d’ajourner l’exécution du marché en
question. Néanmoins, l’article 67 du CCAGT12 a donné droit à l’entrepreneur de demander au
maitre d’ouvrage l’ajournement des travaux s’il n’a pas reçu les paiements des sommes dues
dans les délais réglementaires, à savoir : après l’expiration de soixante jours à partie de la date
de la constatation du service fait. A cet effet, l‘entrepreneur constate un retard dans le
règlement des sommes dues au titre du marché, dépasse quatre mois à compter de la date de la
signature des attachements, il a droit à demander l’ajournement des travaux jusqu’à ce qu’il
soit payé.
Les dispositions de l’article 67 sus-indiqué, précisent que dans ce cas-là, le maitre d’ouvrage
procède à la notification à l’entrepreneur de l’ordre de service prescrivent l’ajournement de
l’exécution des travaux sollicité. Le paiement de l’acompte en retard donne lieu à
l’établissement d’un ordre de service de reprise de l’exécution des travaux. A noter, que
l’ajournement des travaux demandé par l’entrepreneur ne dispense pas le maitre d’ouvrage
des intérêts moratoires qu’il doit payer à l’entrepreneur suite à ce retard. Autrement dit,
l’ajournement des travaux ne suspend pas le droit de l’entrepreneur aux intérêts moratoires.
Egalement, cet ajournement ne dispense pas le maitre d’ouvrage de payer les indemnités
afférentes aux dommages que peut causer cet ajournement à l’entrepreneur, notamment les
12
Art 67 du CCAGT

17
indemnités relatives à la sauvegarde du chantier, même si, ledit ajournement est pris suite à
l’initiative de l’entrepreneur.
 Droit à la sous-traitance :
On peut définir la sous-traitance comme une opération par laquelle l'entrepreneur confie
par un sous-traite, et sous sa responsabilité, à une autre personne, appelée sous-traitant,
tout ou partie de l'exécution du contrat d'entreprise ou du marché public conclu avec le
maitre d'ouvrage »13.
L'article 158 du décret du 20 mars 2013 relatif à marches publiques définit la sous-
traitance comme un contrat écrit par lequel le titulaire confie l'exécution d'une partie de
son marche a un tiers.
Le titulaire choisit, librement, ses sous-traitants, sous réserve qu'il notifie au maître
d'ouvrage la nature des prestations qu'il envisage de sous-traiter, ainsi que l'identité, la
raison ou la dénomination sociale et l’adresse des sous-traitants et une copie certifiée
conforme du contrat précité.
Toutefois, le maître d'ouvrage peut prévoir dans le Cahier de Prescriptions Spéciales une
clause en vertu de laquelle le titulaire du marché est tenu, lorsqu'il envisage de sous-traiter
une partie du marché, de la confier à des prestataires installés au Maroc et notamment, a
de petites et moyennes entreprises.
Ainsi, les sous-traitants doivent satisfaire aux conditions requises des concurrents prévues
à l'article 24 du décret. Le maitre d'ouvrage peut exercer un droit de récusation par lettre
motivée dans un délai de 15 jours, à compter de la date de l'accusé de réception,
notamment lorsque les sous-traitants ne remplissent pas les conditions prévues à l’article
24 du décret relatif aux marchés publics (conditions requises des concurrents).
Le titulaire demeure, personnellement, responsable de toutes les obligations résultant du
marché tant en vers le maitre d’ouvrage que vis-à-vis des ouvriers et des tiers.
Le maitre d’ouvrage ne se connait aucun lien juridique avec les sous-traitants et la sous-
traitance ne peut dépasser 50% du montant du marché, ni porter le lot ou le corps d’état
principal du marché.
Pour l’application de cette disposition, le cahier des prescriptions spéciales doit indiquer
parmi les composantes de la prestation celles qui constituent le corps d’état principal ainsi
que les prestations qui ne peuvent faire l’objet de sous-traitance.
Les dispositions de l’article 158 du décret exige l’accord préalable du maitre d’ouvrage
pour accepter la sous-traitance, et même si l’accord du maitre d’ouvrage pour permettre au
titulaire de sous-traiter les prestations, nécessite d’assurer des capacités des sous-traitants
exigées par les dispositions de l’article 24 du décret14. Cet état de fait ne crée aucun lien
contractuel entre le sous-traitant et le maitre d’ouvrage, car le contrat de sous-traitance est
un contrat de droit privé conclu sous la responsabilité du titulaire du marché. Ce contrat
gère, uniquement les relations entre le sous-traitant et le titulaire du marché alors que le
maitre d’ouvrage est lié, uniquement, par le contrat du marché avec le titulaire et, en cas
13
Cheddadi Abdellatif « droit des marchés publics », édition 2019
14
Art 24 du décret 2013

18
de manquements aux obligations du contrat, c’est ce dernier qui en est responsable du fait
que le maitre d’ouvrage ne se reconnait aucun lien juridique avec les sous-traitants.

19
CONCLUSION
Les procédures de l’achat public ne peuvent être fiables en l’absence de moyens
juridictionnels qui veillent et garantissent la liberté d’accès à la commande publique, la
transparence et l’égalité. La responsabilité de chacun des intervenants doit être claire et bien
définie.
L’achat public est une question d’actualité brulante. En effet, une adaptation constante à
l’évolution de l’environnement économique et juridique s’impose. La mise en place d’une
réglementation aussi parfaite nécessite des mécanismes fiables afin de pouvoir l’appliquer
dans les meilleures conditions. A la lumière de cette modeste étude, la réforme de la
réglementation doit coïncider avec les changements politiques et l’ouverture de plus e plus sur
l’extérieur. Les textes doivent être revus, périodiquement, afin de pallier aux imperfections. 15

15
Cheddadi Abdellatif « droit des marchés publics », édition 2019, p. 484

20
Bibliographie :
Ouvrages :
- Zoubaa Abdelhamid « le système de gestion des marchés publics », édition 2019
- Cheddadi Abdellatif « droit des marchés publics », édition 2019
- Nabih Mohamed, « droit des marchés publics », édition 2014
Lois :
- Décret n° 2-12-349 du 8 joumada I 1434 relatif aux marchés publics. (B.O. n° 6140 du 4
avril
2013).
- Décret n° 2-14-394 du 13-05-2016 approuvant le cahier des clauses administratives
générales applicables aux marchés de travaux. B.O. n° 6470 du 02-06-2016.

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