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9 ÉDITO 34 LIVRES
Par Alix Girod de l’Ain. • « Un destin sauvage, si sauvage »,
d’Inga Vesper • Ovni : « Écrire
1O INFO comme une abeille », de Clémentine
• Les coulisses du prix LVMH Beauvais • Jeunesse : comment
• Coupe du monde : on se foot tu t’appelles ? • « Les Étoiles de
des femmes • Cocktail : Janelle Lyra », de Hannah Lillith Assadi 64 MAG 1O8 ART DE VIE
Monáe • Bio : crise de conscience • Roman graphique : « Déréglée, 64 FEEL GOOD Comment • Peut-on encore manger
• Elliot Page : genre humain. journal d’une ménopause », mettre de l’imprévu dans votre été. du poisson ? • Escapade : Hyères
de Francine Oomen • « La 68 ENQUÊTE Le jean est-il encore ! • Enfants : dix manières
25 CULTURE Douceur », d’Étienne de Montety devenu green ? de les occuper • Forme : on annule
• Musique : les Sparks • « La Frontière des oubliés », 72 PORTRAIT Pretty Yende, et on remplace • C’est mon histoire :
• Exposition : « Barvalo » • Série : d’Aliyeh Ataei. la soprano star sud-africaine. « Je suis la “vieille fille symbolique”
« Tour de France : au cœur 76 TÉMOIGNAGES Pop ! de la famille » • Les essentiels de…
du peloton » • Cinéma : « Astéroid 45 STYLE Ma vie avec Barbie. Céleste Brunnquell.
City » • Docu : Quentin Dupieux MODE • Fétiche : seau chic
• Théâtre : portrait de Suzanne de • L’essentiel : la jupette à volants 82 MODE 127 HOROSCOPES
Baecque • Festival : « Les Étés du • Équation mode : le short denim Bubble girl.
Louvre » • Expositions : Niemeyer • Panoplie : paille love • Wish list. 13O JOURNAL D’UNE STAGIAIRE
en photos ; « Tim Burton, BEAUTÉ • Scoop • Beauty test 92 SPÉCIAL BEAUTÉ
le labyrinthe » • Cinéma : « Jeanne • Les crushs • Make-up • Soins, make-up, forme : 131 FICHES-CUISINE
et le garçon formidable ». Shopping. notre guide de la saison. Tous givrés !

Ce numéro comporte, insérées entre les pages 130 et 131, 4 pages spéciales numérotées de I à IV (édition Alsace et Lorraine) ; ou 8 pages spéciales numérotées de I à VIII (édition Bourgogne-Franche-Comté) ; ou 20 pages
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spéciales numérotées de I à XX (édition Côte d’Azur et Corse) ; ou 12 pages spéciales numérotées de I à XII (édition Grand-Rhône-Alpes) ; ou 24 pages spéciales numérotées de I à XXIV (édition Languedoc-Roussillon) ; ou
8 pages spéciales numérotées de I à VIII (édition Midi-Pyrénées) ; ou 4 pages spéciales numérotées de I à IV (édition Normandie) ; ou 8 pages spéciales numérotées de I à VIII (édition Provence). Sur la page 27, collage d’un
échantillon Weleda Grenade Visage (abonnés de la France métropolitaine). Ce numéro comporte un encart abonnement Dynapresse sur les exemplaires kiosques Suisse et des envois de correspondance sur la France métro-
politaine + Dom-Tom. Des exemplaires de ELLE n° 4043 sont vendus avec un bracelet bouddhiste de la marque Ikita, 3 coloris au choix, pour 1 € en plus du magazine, soit 3,80 € l’offre sur une partie de la diffusion kiosques
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É ITO
La revanche
d’une BLONDE
S’il y a un retour auquel on ne s’attendait pas, c’est bien
le sien : par quel mystère Barbie, ultime femme objet,
cible privilégiée des féministes, symbole des corps
improbables rêvés dans la seconde moitié du XXe siècle,
est-elle, six ans après #MeToo, de nouveau en pleine
gloire ? Bien sûr, il y a ce film en salle le 19 juillet, allé-
chant car porté par Margot Robbie et réalisé par Greta
Gerwig, deux personnalités peu susceptibles de
complaisance envers le patriarcat : l’actrice et produc-
trice n’aspire qu’à créer du « contenu badass mené par
des femmes » (sic) et la scénariste et metteuse en scène,
icône du cinéma d’auteur, se définit elle-même comme
« ultra-féministe ». Pourquoi vouloir remettre la blonde
PAR ALIX GIROD DE L‘AIN ÉDITORIALISTE irréelle en pleine lumière ? Sans doute parce que Barbie,
c’est bien plus que 29 cm de PVC. Si elle était un symbole,
ce serait celui de toutes les contradictions d’une époque.
Une poupée, certes, mais ambitieuse, au fil des carrières
que ses concepteurs lui ont offertes, de la secrétaire à la cheffe d’État. Une
« quiche » pour certains ? Bien plus maligne que son Ken de fiancé, en tout cas. Si,
vogue de l’inclusivité oblige, Mattel en a proposé des versions de toutes tailles,
couleurs et formes, elle reste, dans l’imaginaire collectif, cette longue silhouette
rose et blonde. La principale force de Barbie, c’est sans doute d’être intimement
liée à nos parcours d’enfant, à notre histoire à nous. Positivement comme négati-
vement. Lisez les témoignages p. 76 : drôles, tendres, touchants, parfois poignants,
ils racontent si bien l’ambiguïté de notre relation à l’icône. Pour certains, elle est la
poupée qu’on adore détester, pour d’autres, le jouet de rêve, vecteur de nos fan-
tasmes et de nos projets de « grandes ». Elle est ce que nous en avons fait – et ce
que nos enfants en font à leur tour – : il faudrait écrire Barbies (au pluriel, donc), car
il en existe autant que de petites filles. Et dans une époque où les diktats sont démo-
dés, nous avons, à nouveau, le droit de l’aimer. Dans ce numéro spécial, on ne s’en
est pas privé ! Avec une autre blonde atomique en une, Georgia May Jagger, et
une série mode qui joue des codes pour voir la vie en rose bonbon (p. 82). À titre
personnel, pour avoir dû moi aussi incarner Barbie dans une série de photos pour
MARC PHILBERT

ELLE il y a quelques années, je peux vous garantir que c’est une fille courageuse,
qui ne craint ni le ridicule, ni la suffocation dans des bustiers serrés, ni les crampes
sous la plante des pieds. Bon retour à la patronne de la pop culture !

ELLE 15 JUIN 2O23 9

10 ELLE 15 JUIN 2O23

BERNARD ARNAULT
ET LE JURY DU PRIX
LVMH, ENTOURÉS DE
L’ACTRICE GAL GADOT
ET DE LA CHANTEUSE
CHINOISE XIN LIU, QUI
ONT REMIS LES TROPHÉES.
Mode
À LA POINTE
DE L’AIGUILLE
Dédié à l’avant-garde de la jeune
création depuis dix ans, le prix
LVMH confirme son influence et son
poids sur la planète mode avec une
promotion exceptionnelle. Coulisses.
PAR ILARIA CASATI
BERTRAND RINDOFF PETROFF/BESTIMAGE
ELLE INFO
« C’est un très bon cru, le meilleur peut-être ! », s’exclame
une consœur. Le 7 juin, à la Fondation Louis Vuitton, la pro-
motion 2023 du prix LVMH a mis tout le monde d’accord
avec sa belle brochette de styles : radical, artisanal, surcyclé,
sensuel, mixte. Cette promotion s’est distinguée aussi par sa
maturité. La majorité des designers ont entre 35 et 39 ans,
cumulant des années d’expérience dans la création sur leur
CV et des passages remarqués dans les plus grands studios.
C’est le cas de l’Italienne Veronica Leoni, croisée en back-
stage. Concentrée, elle fait les cent pas avant de passer son
grand oral. La créatrice a beau être quadragénaire et avoir
déjà collaboré avec Moncler, elle reste nerveuse. « La pres-
sion est maximale, nous confie-t-elle. je dois raconter mon
histoire, défendre le projet sur lequel je travaille depuis des
années. Mais le fait d’être parmi les neuf finalistes est déjà un
tremplin. » Il faudra attendre que son camarade Luca
Magliano, du label Magliano, ait passé l’épreuve pour la
voir lâcher un sourire. Ailleurs, le Franco-Turc Burc Akyol
réconforte les uns et les autres avec des hugs. Seul Satoshi
Kuwata, du label Setchu, semble détendu. « C’est parce qu’il
est le dernier à présenter son travail. Au Festival de Cannes,
les films projetés en fin de concours ont reçu la Palme d’or »,
ironise le journaliste-réalisateur Loïc Prigent.
Tous n’auront que dix minutes pour décrire leur univers et
répondre aux questions des jurés. Et quel jury ! Mené
par Delphine Arnault, Présidente-directrice
générale de Christian Dior, il forme une
sorte de G8 de la mode, avec, en ses
rangs, Nicolas Ghesquière (Louis Vuit-
ton femme), Maria Grazia Chiuri
(Dior), Sidney Toledano (P-DG de
LVMH Fashion Group), Kim
Jones (Fendi femme et Dior
Men), Silvia Venturini Fendi
(Fendi accessoires et homme),
Jonathan Anderson (Loewe),
Marc Jacobs, Nigo (Kenzo),
Stella McCartney et Jean-Paul
Claverie (conseiller de Bernard
Arnault). « C’est impressionnant
de se retrouver sous le regard de
ces personnalités, je suis aussi
stressé qu’en 2022 », confie Steven
Stokey- Daley, lauréat 2022, venu
encourager les finalistes et témoigner de
sa belle expérience.
Créé il y a dix ans, le prix LVMH pour les jeunes
créateurs de mode est désormais incontournable. Dotée
d’une bourse de 400 000 euros – qui vient d’être revue à la
hausse de 100 000 euros par rapport aux éditions précé-
dentes – et d’une précieuse année de mentorat sous la hou-
lette de l’équipe LVMH, cette récompense n’a pas sa pareille.
Et ses effets sont immédiats : les gagnants ont eu l’opportunité
d’organiser leur premier défilé, d’élargir leur réseau de rela-
tions presse, de recruter des collaborateurs et d’inté-
11
 ELLE INFO
LE VAINQUEUR SATOSHI KUWATA,
POUR LA MARQUE SETCHU, AVEC
DELPHINE ARNAULT (À GAUCHE)
ET GAL GADOT (À DROITE).
MARC JACOBS DÉCOUVRE
LES CRÉATIONS DE SETCHU.
grer de grands sites d’e-com-
merce pour certains. D’autres ont vu leur
cote exploser. Comme Nensi Dojaka,
lauréate 2021, qui a frappé les esprits
avec ses robes body positive. « On est
tout à coup identifié dans un monde où
la différenciation est fondamentale,
explique-t-elle. Évidemment, la bourse
est la clé de voûte du lancement de
cette activité onéreuse où nous devons
avancer les frais des prototypes et de la
confection, les achats de tissus… Á mon
stade de développement, gagner le prix
m’a poussée plus loin dans ma vision. »
Derrière cet événement, il y a un nom,
celui de Delphine Arnault. Elle n’a eu de
cesse de valoriser les talents et de
défendre avec ferveur la créativité. Un
travail de dénicheuse qui porte ses fruits.
D’année en année, les promotions sont
à ce titre exemplaires. Virgil Abloh, Jac-
quemus, Marine Serre, Demna… sont
tous passés par le concours. « L’énergie
des créateurs n’est jamais retombée au
fil des ans, ils sont toujours aussi positifs et
généreux. Qu’ils soient lauréats ou fina-
listes, je suis heureuse de constater à quel
point ils ont foi en leur projet », se félicite
Delphine Arnault. Á ce titre, le prix LVMH
est le baromètre de la vitalité créative de
12
giques et de durabilité auxquels l’indus-
trie de la mode est confrontée. Nouvel
aspect incontournable : la réflexion
autour du savoir-faire pour des mélanges
ultra-contemporains. »
LE CO-GAGNANT DU PRIX KARL Hasard ou confirmation de la prophétie
LAGERFELD, LUCA MAGLIANO, de Cannes, le prix a couronné la garde-
ET SON MODÈLE.
robe chic et modulable de Satoshi
Kuwata pour Setchu. Ses créations
fonctionnelles, d’une beauté à couper
le souffle, entendent « faire le pont entre
l’Orient et l’Occident ». « La décision
s’est prise à l’unanimité, révèle Maria
Grazia Chiuri. Satoshi Kuwata mérite
son prix. Il s’est démarqué avec ses tail-
leurs smart et transformables. Avez-vous
vu ce vêtement ? Je l’ai essayé. C’est
fantastique », ajoute-t-elle en désignant
une veste qui se plie comme de l’origami
JULIE PELIPAS, POUR LA MARQUE et ne se froisse pas. Delphine Arnault
BETTTER, ENTOURÉE DE SES
MODÈLES, A REÇU LE PRIX KARL confirme : « Satoshi Kuwata a émergé
LAGERFELD. par son talent. C’est un orateur précis et
détaillé dont le projet brillait par sa soli-
dité et son design. » Le prix Karl Lager-
notre époque. Celle qui influence la feld, lui, a été attribué à l’Ukrainienne
façon dont chacun s’habille. « Au départ, Julie Pelipas, du label Bettter, et à Luca
il y avait une évidente dominante du Magliano, de la griffe Magliano, avec
streetwear et d’un vestiaire mixte, qui un an de mentorat et 200 000 euros
inspirait beaucoup », décrypte Sophie chacun. Les six autres finalistes repartent
Brocart, responsable du mentorat du avec la satisfaction d’avoir fait découvrir
prix et directrice générale de Patou. Puis leur travail à tout ce que la profession
est apparue la question de l’écorespon- compte de poids lourds et de person-
sabilité, avec tous ses enjeux écolo- nalités attentives dans la mode.
DIX ANS D’ÉLAN
Novembre 2013 : coup d’envoi du prix
JACQUEMUS
LVMH en soutien à la jeune création.
Thomas Tait est le premier à recevoir cette
BERTRAND RINDOFF PETROFF/BESTIMAGE ; SASKIA LAWAKS ; IMAXTREE.
récompense. Suivront Marta Marques
et Paulo Almeida, de la marque
Marques ’Almeida, Grace Wales Bonner,
Marine Serre, Thebe Magugu, Nensi
Dojaka… Depuis le début, il s’accompagne
d’un prix spécial du jury. Rebaptisé en 2019
prix Karl Lagerfeld, celui-ci a récompensé
Simon Porte Jacquemus ou Rok Hwang
(Rokh). Chaque année, ce sont des milliers
de candidats – 2 400 pour l’opus 2023 –
NENSI DOJAKA
ROKH
qui postulent. « C’est la récompense
de toute une profession », résume Nensi
WALES BONNER
Dojaka, lauréate en 2021.
ELLE 15 JUIN 2O23
ELLE INFO
UNE COMPÉTITION
PRIVÉE DE DIFFUSION
À l’heure où nous écri-
vons ces lignes, les
principaux pays euro-
péens n’ont toujours pas
de diffuseur alors que la
compétition se tiendra du
20 juillet au 20 août en
Australie et en Nouvelle-
Zélande. « Compte tenu de
l’intérêt médiatique qu’a atteint le
foot féminin, se retrouver dans cette
situation est inédit, observe Anne-Laure
Bonnet. Le problème vient de la FIFA,
qui a fixé un tarif déconnecté du marché
tout en arguant qu’un prix trop bas serait
irrespectueux. C’est hypocrite ! »
UNE ÉQUIPE TRÈS DISCRÈTE
Grève des joueuses, remplacement de
la sélectionneuse Corinne Diacre, accu-
sations contre Noël Le Graët… Après
des mois de crise, l’équipe donne
l’impression de faire profil bas. Pour
Anne-Laure Bonnet, « Hervé Renard, le
nouveau sélectionneur, arrive avec des
idées précises, notamment en commu-
nication. Il faut se reconcentrer, en reca-
drant sur le jeu ». Une rupture avec le
Mondial de 2019, surmédiatisé car
14
Coupe du monde
ON SE FOOT
DES FEMMES
À quelques semaines de la compétition
de foot féminin, les blocages dominent.
Sexisme, archaïsme, hypocrisie ?
Décryptage avec Anne-Laure Bonnet,
journaliste sportive*
PAR HÉLÈNE GUINHUT
organisé dans l’Hexagone. Le 6 juin
dernier, la sélection a été annoncée lors
d’une simple conférence de presse,
quand il y a quatre ans la liste avait été
dévoilée au JT de TF1.
DES SALAIRES TOUJOURS TROP BAS
152 millions de dollars, c’est le montant
de la dotation globale de la Coupe du
monde de foot féminin annoncé par la
FIFA, soit trois fois plus qu’en 2019 et dix
fois plus qu’en 2015. Autre avancée,
chaque joueuse recevra au minimum
30 000 dollars, quel que soit son résul-
tat. Mais si les Américaines et les Cana-
diennes touchent les mêmes primes que
MATCH AMICAL
FRANCE/CANADA,
LE 11 AVRIL DERNIER,
AU MANS.
les hommes sur les
compétitions internatio-
nales, la France est loin
du compte. Pour la
journaliste sportive, « la
Fédération française de
football pourrait faire le
choix de mettre en com-
mun les primes remportées
lors des compétitions interna-
tionales. Je ne suis pas sûre que
les joueurs diraient non. Il faut aussi
faire en sorte qu’elles aient accès aux
mêmes choses, c’est injuste qu’il y ait
plus de masseurs et d’ostéos dans
l’équipe masculine ».
L’ENJEU DU PUBLIC
Malgré des inquiétudes initiales sur les
faibles ventes de billets en Nouvelle-
Zélande, ce mondial devrait battre des
records de fréquentation pour un événe-
ment de sport féminin. L’horaire de diffu-
ANTHONY BIBARD/FEP/ICON SPORT/ABACA.
sion des matchs pourrait en revanche
décourager les spectateurs français.
« Ça va être difficile de créer l’enthou-
siasme à 10 h. » Mais Anne-Laure
Bonnet est optimiste, la France peut
l’emporter : « Hervé Renard est un leader
de groupe, il est très fort, j’y crois. »
* Magazine « Sport, etc. », sur Public Sénat.
ELLE 15 JUIN 2O23
ELLE INFO

Cocktail
PAR ICI LA MONÀE ! 
What the funk ! Janelle Monáe, plus dévergondée que jamais, dégaine un nouvel
album après cinq ans d’absence musicale. Ça s’annonce très show
PAR FLORENCE TRÉDEZ

2O %
SPRING BREAK
Grâce à Janelle, « L’été
35 % s’ra chaud/Dans les
T-shirts, dans les maillots »,
PRINCE comme le chantait Éric
En 2010, lorsque Janelle Charden. Son nouvel
Robinson, alias Monáe, album, « The Age of
débarque de son Pleasure » (Warner), aux
Kansas natal avec influences reggae, R’n’B
un album-concept R’n’B et hip-hop, lui a été inspiré
(« The ArchAndroid : par les fêtes qu’elle
Suites II and III »), donnait pendant le Covid,
le public voit en elle au bord de sa piscine,
une digne héritière pour ses amis du Ghana
de Prince : même ou d’Atlanta. Champagne,
énergie funk, même twerk, jeux naturistes sous
perfectionnisme, même le soleil de L.A. : fini les
virtuosité. Devenue principes rigoristes qui
une actrice prisée à régnaient sur cette control
Hollywood – elle a joué freak diagnostiquée
dans « Moonlight », « Les TDAH. « J’ai complètement
Figures de l’ombre », changé de vie », dit-elle,
et crève l’écran dans s’affichant seins nus sur la
« Glass Onion » aux couv de « Rolling Stone ».
côtés de Daniel Craig
sur Netflix –, elle crée
l’événement en
annonçant un nouvel

5 %
album, son premier EN MARS
depuis cinq ans. À LOS ANGELES.
GEORGE LUCAS
4O% QUEER
Inspirée par l’afrofuturisme, l’artiste
racontait dans ses albums précédents la
Celle qui faisait son coming out pansexuel en 2018 et s’affirmait « non binaire » saga de Cindi Mayweather, une androïde
en 2022 célèbre l’amour lesbien et « les marques de rouge à lèvres » dans amoureuse d’un humain et chassée
BILLY BENNIGHT/ADMEDIA/SIPA

le cou dans un clip haut en couleur, dont le titre s’affiche, dès la première minute, sans pitié pour cette raison. « Moi aussi,
sur le postérieur de charmantes créatures. Pluie de sextoys, allusions (pas très) je voudrais mon “Star Wars” », a déclaré
subtiles au cunnilingus, cascade de seins nus (dont ceux, encore, de la patronne), la chanteuse qui rêve de porter cette
le clip de « Lipstick Lover », réalisé par Alan Ferguson, l’ex-mari de Solange histoire à l’écran. Que la Force
Knowles, amie de longue date, est un hymne joyeux au plaisir. « C’est notre oasis soit avec (Jan)elle !
d’amour, enracinée dans l’acceptation de soi », a-t-elle précisé, lyrique.

16 ELLE 15 JUIN 2O23

PARIS BORDEAUX BRUXELLES DEAUVILLE LILLE LYO N STRASBOURG TOULOUSE
ELLE INFO

AU MARCHÉ DES JACOBINS

AU MANS (SARTHE).

Bio
« Un de nos objectifs était
de démontrer qu’on pou- CRISE DE alimentaires bio ont
baissé de 8,6 % dans
vait avoir une ferme de
petite taille rentable sur
la durée. Là, on est plus
CONSCIENCE les magasins spéciali-
sés et de 4,6 % dans
la grande distribution
dans une perspective Après des années d’essor, le secteur en 2022, selon les
de survie financière que
sur l’engagement de
du bio est en difficulté. Des derniers chiffres com-
muniqués par l’Agence
long terme. » Pour Gaëlle productrices récemment reconverties Bio. Un ralentissement
Bonnieux, cofondatrice de
GonneGirls Farm, ferme régé-
nous ont confié leurs inquiétudes du marché en partie dû
à la hausse des prix alimen-
nératrice de quatorze hectares PAR HÉLÈNE GUINHUT taires (14 % sur un an en
à Gonneville-en-Auge (Calvados) mai 2023) et des coûts de
fondée en 2019, la crise a des effets l’énergie, mais aussi à la multipli-
bien concrets. Entre février 2022 et février cation des labels et autres étiquettes
2023, le coût des aliments de ses poules pon- vantant des produits sains ou éthiques à un
deuses a augmenté de 20 % et le prix d’achat des galli- consommateur de plus en plus perdu. Signe de la
nacés a subi la même hausse. En répercussion, le prix de ses crise, des enseignes spécialisées comme Bio c’ Bon, Natu-
œufs bio est passé de 43 centimes à 53 centimes l’unité. Si la ralia ou Biocoop ont fermé plusieurs boutiques. Ajoutons à
demande résiste, l’activité de maraîchage de sa ferme voit cela une enquête de « Cash Investigation », diffusée le 6 juin
ses ventes chuter. « On sent que l’inflation est passée par là. sur France 2, alertant sur les dangers du Spinosad, un
Les gens hésitent à prendre leur voiture pour aller acheter des insecticide naturel utilisé pour les cultures bio, revers supplé-
légumes qui seront plus chers qu’ailleurs. » Pour cette ancienne mentaire pour la filière.
travailleuse dans la finance reconvertie dans le bio, l’incerti- Dans un communiqué publié le 1er juin, la Fédération nationale
tude est rude. « On fait le bilan tous les ans et on se dit qu’à tout d’agriculture biologique (Fnab) encourageait ainsi une « mobi-
moment ça peut s’arrêter. Psychologiquement, c’est difficile… » lisation générale ». « On appelle à un sursaut ! s’alarme la délé-
Après des années de croissance, les achats de produits guée générale Sophia Majnoni. Le nombre de nouvelles

18 ELLE 15 JUIN 2O23

 ELLE INFO

1. BIO C’ BON
À PARIS.
2. NOÉMIE CALAIS
DANS SON ÉLEVAGE
DU GERS.
3. ALEXIA REY AVEC
UN MARAÎCHER DE
NEOFARM, DANS
LES YVELINES.

surfaces agricoles bio a été divisé par trois en 2022, c’est la

première fois qu’on observe une telle baisse depuis 2015. »
Cofondatrice de NeoFarm dans les Yvelines, Alexia Rey a vu,
en seulement cinq ans d’activité, l’économie basculer. « La
pandémie s’est traduite par un engouement pour l’alimenta-
tion saine, les gens prenaient le temps de cuisiner, faisaient 3
attention à leur santé. Il y a clairement eu un impact positif
sur la consommation, qui a
boosté les produits bio et
locaux. Depuis un peu plus
d’un an, le contexte a changé. »
”LE NOMBRE DE le Gers, on assiste à des inau-

NOUVELLES surfaces
Titulaire d’un brevet de respon-
sable d’exploitation agricole
en maraîchage bio et d’un
master Finances et stratégie à
Sciences Po, Alexia a su diver-
sifier son activité. « Aujourd’hui,
GILE MICHEL/SIPA ; MAGALI COHEN/HANS LUCAS ; PHILIPPE MATSAS/LEEXTRA/OPALE ; VALÉRIE FRANÇOIS.
gurations de méga-poulaillers
en grande pompe on se dit
AGRICOLES BIO qu’on va droit dans le mur. »
Le 17 mai dernier, le ministre
A ÉTÉ DIVISÉ PAR de l’Agriculture a annoncé
TROIS EN 2O22.“ une aide d’urgence de 60 mil-

la vente de fruits et légumes en lions d’euros pour l’agriculture

circuit court s’est bien dévelop- SOPHIA MAJNONI, DÉLÉGUÉE
GÉNÉRALE DE LA FNAB
pée en France et on ressent cet
effet positif », se rassure-t-elle.
Selon le bilan annuel de l’Agence Bio, la vente directe, qui pro-
gresse de 3,9 %, est encore épargnée. C’est d’ailleurs ce que
constate Noémie Calais*, éleveuse de porcs noirs dans le Gers.
« Sur les marchés, les gens sont toujours présents, ils viennent
chez moi parce qu’ils refusent de manger de la viande issue
d’élevages intensifs. Ils sont compréhensifs sur les petites
hausses de prix. Mais certaines personnes se restreignent, par
exemple en achetant des paquets de deux saucisses au lieu de
quatre. On a des clients âgés avec des petites retraites qui
doivent faire attention à l’alimentaire avec les hausses du coût
de l’énergie », explique la néorurale. Membre d’un collectif de
jeunes agriculteurs bio, elle milite pour une production locale,
bio, durable et humaine. « La filière bio est une nécessité, c’est
un enjeu de santé publique et de préservation de nos écosys-
tèmes, pour avoir la capacité de nous nourrir demain. L’État doit
absolument prendre sa part dans ce combat-là. Quand, dans
bio. Une enveloppe dérisoire,
selon Sophia Majnoni, de la
Fnab. « C’est une aide de crise,
pas une aide structurelle. On est à 150 millions d’euros de
pertes alors ça ne règle pas le problème, ça limite juste les
dégâts. Il nous faut un plan à cinq ans, pas sur trois mois ! »
Pour agir efficacement, elle appelle à ce que tous les acteurs
(ministre de l’Agriculture, de l’Économie, de l’Écologie, de
l’Éducation, de la Santé, les collectivités locales, les asso-
ciations d’élus et les agences de l’eau) se réunissent autour
de la table pour élaborer un plan d’action. Elle plaide aussi
pour la mise en place d’un chèque alimentaire durable pour
les personnes précaires et une campagne pluriannuelle de
communication pour faire de la pédagogie autour du bio.
Et Alexia Rey, de NeoFarm, d’insister : « On n’a pas juste
besoin de mesures de crise, il faut des mesures d’anticipa-
tion, de construction pour notre société à venir. » Et pour le
bien de notre alimentation à tous.
* Autrice de « Plutôt nourrir », coécrit avec Clément Osé (éd. Tana).

ELLE 15 JUIN 2O23 19

 ELLE INFO

Elliot Page
GENRE
Longtemps, Elliot Page a
HUMAIN poursuit, le retrouve, mal-
dû se taire. Pourtant, à
l’âge de 4 ans, il savait
À l’heure où la communauté gré une injonction d’éloi-
gnement. Sur un tournage,
déjà qui il était : un gar- LGBTQI+ subit un backlash aux une membre de l’équipe
çon prisonnier dans un
corps de fille. Mais il a
États-Unis, l’acteur transsexuel raconte abuse de lui dans sa loge,
entre deux scènes. Un
fallu mentir, à soi et aux son difficile chemin vers la transition réalisateur l’invite à dîner et
autres. Avec une désarmante
sincérité, celui qui a joué dans
dans un livre événement tente de l’attirer à l’étage.
Avant et après sa majorité, les
« Juno », « Inception » et « X-Men » PAR FLAVIE PHILIPON violences sont les mêmes. Pour
raconte dans « Pageboy », sa bio- faire carrière, il faut dire oui. Et ne pas
graphie choc, ses premières années, vivre au grand jour sa sexualité. Avec
rongées par la honte et le déni. Ses parents, effroi, le lecteur découvre la misogynie,
séparés, ne peuvent accepter que leur enfant soit l’homophobie, l’intolérance d’un milieu qui broie les
différent. Le premier rôle, décroché à 8 ans, représente une talents sous prétexte de leur accorder quelques secondes de
opportunité inespérée de se perdre dans un monde imagi- gloire. Elliot Page survit grâce au soutien de quelques proches,
naire. Mais, à l’adolescence, on lui demande de se féminiser, à qui il ose confier son désespoir, sa dysphorie de genre. Il
de s’adoucir, de laisser pousser ses cheveux. Sans détour, garde le souvenir de la première fille qu’il a embrassée, à la
Elliot Page détaille les tortures qu’il inflige à son corps. L’affa- fin du lycée. Chérit aussi son histoire intense avec l’actrice Kate
mer, pour l’empêcher de changer. Le mutiler, pour exprimer Mara, survenue au moment de son coming out lesbien, en
MEGA/KCS PRESSE ; PRESSE.

la haine qu’il lui inspire. Le cacher sous des vêtements amples,
pour éviter les regards. Hollywood, fantasque fabrique à
rêves, aurait pu être son salut. Malheureusement, l’aventure
ressemble à une succession d’abus. Personne ne protège
l’ado-star. Un stalker, rencontré sur Internet, le harcèle, le
2014, lors d’un discours prononcé le jour de la Saint-Valentin.
Son courage l’amène enfin, après ses 30 ans, à entamer sa
transition – « C’était maintenant ou jamais. Une question de
vie ou de mort » – et à refuser de se taire.
« PAGEBOY », d’Elliot Page (éd. Kero).

20 ELLE 15 JUIN 2O23

 * Lunettes de luxe fabriquées en France

Luxury Eyewear Made in France*

Sur le fil:
DE DAKAR À PARIS
 U U
Musique
SPARKS
ATTACKS !
Parfois, une étincelle peut briller, vaciller et reprendre de plus
belle pendant cinquante ans. Redécouverts en France grâce
au film « Annette » de Leos Carax, dont ils signaient la bande
originale, les Sparks sont de cette trempe. Après la projection
MUNACHI OSEGBU
du film à Cannes en 2021, Cate Blanchett avait fait son coming
out de fan. Résultat : c’est elle qui danse en costard jaune et
creepers ska dans le clip pince-sans-rire de « The Girl Is Crying
in Her Latte », chanson-titre de leur nouvel album – le 26e !
ELLE 15 JUIN 2O23
E
PAR MARGUERITE BAUX
Quand certains enchaînent les styles au fil des ans, les deux
frères Mael, aujourd’hui âgés de 74 et 77 ans, semblent les
empiler : la richesse orchestrale de leurs débuts glam rock, la
noirceur de la new wave, l’hédonisme de la pop, tout cela se
conjugue dans un album réjouissant de bout en bout, qui saisit
notre époque névrosée – mais toujours en dansant, en beau
costume et la moustache lissée.
« THE GIRL IS CRYING IN HER LATTE », de Sparks (Island).
25
ELLE CULTURE

Exposition
ROMS
ÉTERNELS
PAR SOLINE DELOS
Quel est le point commun entre Charlie Cha-
plin, Django Reinhardt et l’actrice primée
Alina Serban ? Tous sont issus des populations
romanis d’Europe et leurs visages ornent l’im-
mense fresque imaginée par l’artiste Ema- « OUT OF EGYPT », DE MALGORZATA MIRGA-TAS, 2021.
nuel Barica, à l’entrée du Mucem. On s’y
attarde, avant de plonger dans cette exposition-manifeste, qui, génocide dont l’artiste et écrivaine Ceija Stojka, rescapée des
à coups de documents historiques, d’œuvres d’art, de person- camps, témoignera dans des tableaux d’une force inouïe. On
nalités mises en lumière, vise à renverser le regard, à lutter retrouve aussi Malgorzata Mirga-Tas, Polonaise d’origine
contre les stéréotypes, à souligner la diversité et la richesse des romani acclamée à la dernière Biennale de Venise, avec une
communautés roms, manouches, des gitans, des gens du tapisserie monumentale et flamboyante qui vient contrecarrer
voyage… Et à mettre en avant leur apport à la culture euro- les images stigmatisantes qui circulent depuis des siècles. Elle
péenne. L’histoire révèle les discriminations endurées à travers s’accorde parfaitement au mot romani choisi pour titrer l’expo-
les âges, des carnets anthropométriques institués en 1912 pour sition, « barvalo », c’est-à-dire riche et fier.
ficher les populations nomades à l’Holocauste des Roms. Un « BARVALO », jusqu’au 4 septembre, Mucem, Marseille (13).

3. Série
LA TÊTE DANS LES GUIDONS PAR SOPHIE ROSEMONT

Avec « Formula 1 : pilotes de leur destin », on était tombées raides dingues

des courses cylindrées et devenues incollables sur le calendrier des Grand
Prix. Mais, alors que le déclin du beau Lewis Hamilton nous serre le cœur,
on a trouvé notre lot de consolation : « Tour de France : au cœur
du peloton ». Derrière cette série documentaire, la même production que
« Formula 1 », les mêmes ingrédients (du drama à gogo), le même format
MARIANNE KUHN/MUCEM ; A.S.O./CHARLY LOPEZ.

(huit épisodes de 45 minutes par saison, où l’on découvre ce qui se tramait

dans les coulisses de la compétition de l’année précédente). Un thriller
mené à la baguette ne nous tiendrait pas plus en haleine : rivalités,
tensions, jalousie, larmes, business, sentiments et les fichus pavés des routes
françaises. Au bout d’un seul épisode, on est accros et on a choisi
nos chouchous (Wout van Aert, Jonas Vingegaard…) et même compris
les enjeux des huit équipes. On vous prévient : ça ne rigole pas du tout
avec la team Quick-Step Alpha Vinyl. Bref, on est prêtes à remplacer
les commentateurs du Tour de France 2023, qui débutera le 1er juillet…
« TOUR DE FRANCE : AU CŒUR DU PELOTON », 8 x 45 mn, Netflix.

26 ELLE 15 JUIN 2O23

ELLE CULTURE

Cinéma
Après l’Inde, les océans et la
IL ÉTAIT UNE face au Covid ? Il règne dans

FOIS DANS
France profonde, Wes Anderson « Asteroïd City » une atmosphère
part à la conquête de l’Ouest. Pas pesante que ses acteurs fidèles

LE WES
les Rocheuses avec cow-boys et (Jason Schwartzman, Tilda Swin-
Indiens, mais une ville des années ton) et les nouvelles têtes (Tom
1950 en plein désert, baptisée Hanks, Scarlett Johansson, Margot
Asteroid City. Tout est là : le casting PAR FRANÇOISE DELBECQ Robbie) ne parviennent pas à allé-
fou, la palette pastel, les person- ger. Moins bavard que « The
nages semblant tout droit sortis French Dispatch », plus angoissant
d’une BD. Ainsi, l’arrivée impromptue d’un père et de ses que « La Famille Tenenbaum », « Asteroid City » est à l’image
enfants au volant d’un stage wagon qui tombe en panne. Au de son image : un peu délavé.
loin, une explosion atomique contraint les habitants à rester « ASTEROID CITY », de Wes Anderson, avec aussi Matt Dillon,
enfermés. Wes Anderson traduirait-il à l’écran ses angoisses Adrien Brody, Bryan Cranston (1 h 44). En salle le 21 juin.

« Il écrit tellement bien la débilité ! » De la bouche de Blanche Gardin, c’est

un compliment. Le passionnant documentaire consacré à Quentin Dupieux par
le journaliste Charles Bosson décrypte le personnage et sa manière originale
de fabriquer ses films. Une équipe réduite, un film par an, Quentin Dupieux
fait figure d’artisan dans le monde du cinéma. Il est aussi Mr Oizo, son nom de
compositeur. Un artiste à double face qui s’amuse de tout et surtout de la société
de consommation à coups d’animaux fantastiques et de têtes sanguinolentes
qui explosent. Saviez-vous que c’est Laurent Garnier qui l’a découvert à la fin

5.
des années 1990 ? Habitant en face du garage du père du futur réalisateur,
COURTESY OF POP. 87 PRODUCTIONS/FOCUS FEATURES ;

le pionnier de la French Touch a vu ses courts-métrages sur des cassettes VHS

dont une qui s’intitulait « Ne pas donner à un connard ». « Déjà, tout l’univers
de Quentin était là », se réjouit le DJ. Ensemble, ils feront le clip de « Crispy Bacon »
FRED MONTAGNE/CAÏMAN PRODUCTIONS.

visionné par une célèbre marque de jeans… qui passera commande de plusieurs

Docu pubs. En pied de nez à l’industrie, Quentin Dupieux tournera le très culte
« Nonfilm », avec son complice Sébastien Tellier. Puis « Wrong Cops », merveille

DRÔLE d’ironie, et « Rubber » ou le destin original d’un pneu. « Je travaille à l’instinct »,

dit le réalisateur interviewé chez un fromager. As de l’artificiel qui sait jouer

D’OIZO avec les émotions, Quentin Dupieux vient de terminer un film sur Dalí. Un biopic
annoncé comme surréaliste. Hâte de le découvrir… F.D.
Semaine Quentin Dupieux, du 17 au 23 juin, Canal + Cinéma ou MyCanal.

28 ELLE 15 JUIN 2O23

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C Les valeurs de consommations et d’émissions de CO2 sont communiquées à des fins de comparaison, les valeurs
D communiquées peuvent ne pas refléter les valeurs réelles. Important : les valeurs réelles de consommation d’énergie
électrique et d’autonomie peuvent être fortement différentes et peuvent varier en fonction des conditions d’utilisation
E et de divers facteurs tels que : les options, la fréquence de recharge électrique par kilomètre parcouru, la température
F ambiante, le style de conduite, la vitesse, le poids total, l’utilisation de certains équipements (climatisation, chauffage,
radio, navigation, feux, etc.), le type et l’état des pneus, l’état de la route, les conditions climatiques extérieures, etc.
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 ELLE CULTURE

Théâtre
LITTLE MISS
SUZANNE
PAR ANNA NOBILI
« Toute petite déjà… » Le refrain est connu, un peu
cliché. Mais dans la bouche de Suzanne de
Baecque, il a un fort accent de sincérité. Oui, la fil-
lette se rêve actrice dès l’enfance, elle qui, née d’un
père critique culturel et d’une mère professeure et
romancière, monte des spectacles en famille et
prend ça très au sérieux. Avec sa meilleure amie,
Rebecca Marder, elles se filment dans des adap-
tations d’Agatha Christie. Devant la caméra de
Rodolphe Marconi, Arnaud Desplechin ou Fran-
çois Ozon, Rebecca connaît le beau destin d’ac-
trice qu’on sait. Suzanne, ado émerveillée par les
spectacles de Sylvain Creuzevault et de Vincent
Macaigne, « des chocs ! », prend le chemin de
l’École du Nord sous la houlette de Christophe Rauck. Là, elle Elle retrouvera le maître Françon dans le chef-d’œuvre
rencontre Alain Françon, « un coup de foudre », qui lui pro- comique « Un chapeau de paille d’Italie », en septembre.
pose le rôle de Lisette dans « La Seconde Surprise de Suzanne a aussi brillé en ado lymphatique dans la série
l’amour ». On découvre cette longue brune aux yeux clairs, sa « Derby Girl » et, tout récemment, en fille de Louis XV dans le
fougue autant que sa gaucherie burlesque et attachante. À la film « Jeanne du Barry » et dans le fiévreux spectacle de Guil-
clé, une nomination aux Molières, catégorie révélation. laume Vincent « Vertige ». Pour le moment, c’est dans « Tenir
debout » que son talent éclate. Pour un
projet de fin d’études, il fallait s’immerger
un mois dans le milieu de son choix pour en
tirer un matériau scénique. Prenant au mot
une boutade de son beau-père et surmon-
tant son trac, la comédienne s’inscrit au
concours de Miss Poitou-Charentes. Naît
JEAN-FRANÇOIS ROBERT/MODDS ; JEAN-LOUIS FERNANDEZ.

une forme désopilante, comme cette

scène où elle se prépare, façon cheval en
plein dressage, ou plus touchante, dans ce
qu’elle dit du corps de la femme mis à
l’épreuve et des rêves d’émancipation
d’une génération de jeunes filles. Naît sur-
tout une actrice et metteuse en scène à
part, qui a largement gagné son écharpe
et son diadème.
« TENIR DEBOUT », le 23 juin au Quai, Angers (49),
Festival d’Anjou, puis à Paris les 16 et 17 octobre.

30 ELLE 15 JUIN 2O23

 ELLE CULTURE

CINÉMA PARADISO 2022.

Festival
NAPOLI
« ANTEA », DE PARMIGIANINO, 1525.
NAPOLI !
Cinéma, théâtre, danse, musique… le Louvre fait son festival d’été ! Et pour cette première édition,
l’expo « Naples à Paris » donne le la, invitant les chefs-d’œuvre du musée de Capodimonte (Titien,
Greco, Caravage, mais aussi un Francesco Guarino). Dans la cour Carrée, Cinéma Paradiso, le
rendez-vous 7e art devenu incontournable, se met à l’heure italienne. La secrète cour Lefuel et sa
double rampe en forme de fer à cheval jouera, quant à elle, les grandioses scènes éphémères, pour
un hommage au dramaturge napolitain Eduardo De Filippo signé Emmanuel Demarcy-Mota. Aux
Tuileries, les familles partiront à la rencontre de Pulcinella et de son cousin français Polichinelle. Et sous
la pyramide, le groupe du cru Nu Genea, viendra clore les festivités dans un feu d’artifice disco-funk.
NU GENEA
Un rendez-vous qui s’annonce aussi gourmand et éclectique que la belle Napoli.
« LES ÉTÉS DU LOUVRE », du 16 juin au 20 juillet, Paris-1er.

8. À la Carpenters Workshop
Gallery, le photographe
MATTHIEU SALVAING présente
son travail amoureux sur le génie
CINÉMA PARADISO LOUVRE ; LUCIANO ROMANO ; NUGENEA RECORDS ;

de l’architecte brésilien NIEMEYER,

qu’il a suivi pendant dix ans.
Brasilia, le musée de Niterói,
les maisons et grands ensembles :
le brutalisme et la sensualité
tropicaliste en un seul geste parfait
MATTHIEU SALVAING.

« MES ANNÉES NIEMEYER : MODERNITÉ BRÉSILIENNE », de Matthieu

Salvaing, jusqu’au 16 septembre, Carpenters Workshop Gallery, Paris-4e.

ELLE 15 JUIN 2O23 31

 ELLE CULTURE

1O. Docu
UNE BLONDE
HISTOIRE
PAR ALIX GIROD DE L’AIN

Exposition Ça n’est ni le premier documentaire sur la vie

de Brigitte Bardot ni même la première fois

TEAM que cet entretien, tourné il y a une dizaine

BURTON
d’années, est diffusé. Pourtant, en un
claquement de doigts, on est happé
par cette silhouette, cette voix… L’ingrédient
PAR FLORENCE TRÉDEZ secret d’une telle réussite, c’est Mireille
Dumas, l’aimant à confidences le plus
efficace du Paf, puisqu’elle rend Brigitte
Bardot, volontiers rêche en interview,
infiniment sympathique. Le nouveau
montage de la journaliste insiste sur la liberté
de la star, dont on connaissait la grâce
mais peut-être pas le sens de l’humour,
aussi irrésistible que les cheveux, le corps
Lewis Carroll aurait adoré ce mystérieux labyrinthe courant sous un chapi- et le regard qui ont forgé la légende.
teau de cirque : telle Alice, le visiteur égaré en ces lieux remet son destin « BRIGITTE BARDOT L’INSOUMISE », lundi 19 juin,
entre des portes numérotées. Bienvenue au pays des merveilles macabres 20 h 55, Canal +.
de Tim Burton, dont l’exposition itinérante se pose, après Madrid, à Paris.
Nul besoin, lorsqu’on pousse une porte au hasard pour découvrir l’une des
quinze pièces du labyrinthe (il y en aurait en réalité vingt-trois), de croquer
dans un champignon pour halluciner. Il suffit de voir ces figurines en résine
géantes, aux regards particulièrement expressifs, sur fond de projections
anxiogènes, pluie d’orage ou grouillement d’insectes, pour décoller. Ainsi,
la Reine de Cœur d’Alice nous menace-t-elle d’un geste courroucé, Edward
aux mains d’argent pose face à l’une de ses poétiques sculptures de glace,
un extraterrestre échappé de « Mars Attacks ! » s’apprête à nous dégommer,
le petit enfant huître nous jette une œillade désespérée… tandis que sur les
murs courent des croquis, esquisses, dessins émouvants et prodigieux qui
témoignent de l’exceptionnel talent du réalisateur culte. Entre train fantôme,
expérience immersive et leçon de cinéma, cette expo est une réussite totale.
« TIM BURTON, LE LABYRINTHE », jusqu’au 20 août, Parc de la Villette, Paris-19e.

2022 MD PRODUCTIONS/CANAL+ ; MALAVIDA REMORA ; PRESSE.

« Jeanne et le garçon formidable » a 25 ans !

11. Film solaire et tragique sur l’arrivée du sida dans
nos vies, il revient en version restaurée, porté par la
double grâce de VIRGINIE LEDOYEN et de
MATHIEU DEMY. Avec, dans certaines salles,
un karaoké de 4 chansons inoubliables
« JEANNE ET LE GARÇON FORMIDABLE », d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau (1 h 38).

32 ELLE 15 JUIN 2O23

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 E

HIPPIE PIP
HOURRA!
Dans l’Amérique des années 1970,
trois femmes partent à la conquête
Bienvenue à Boldville, Nou-
veau-Mexique, au panneau de leur liberté. Un roman puzzle avec la mort de son cousin,
un jeune hippie comme elle :
d’entrée digne d’un western : étourdissant. est-ce vraiment une over-
« La fortune sourit aux auda- dose ? Pourquoi enquêtait-il
PAR OLIVIA DE LAMBERTERIE
cieux ». En 1970, dans cette sur leur grand-mère Cornelia,
ville délabrée, le torchon, évaporée dans la montagne
disons même le drapeau amé- en 1934 ? Veuve, cette pro-
ricain, brûle entre deux générations, entre les traditionnelles priétaire d’un motel sinistré par la Grande Dépression aban-
desperate housewives et les jeunes peace and love, entre les donna sa vie et sa fille pour partir à la recherche d’une mine
va-t-en-guerre et les opposants à la guerre du Viêt Nam. Inga d’or, ô scandale, en compagnie d’un Indien. Troisième héroïne
Vesper incarne ce tournant de civilisation dans une lignée de de ce roman, Joanna, flic fuyant à Boldville les coups de son
ROBERT ALTMAN/GETTY IMAGES ; PRESSE.

femmes. Contre l’autorité maternelle, Lauren, qui s’est rebapti-
sée Glitter, a choisi de vivre dans une communauté hippie. Le
partage, le retour à la nature, elle y croit naïvement. Ne réalise
pas que la liberté sexuelle qui règne dans sa bande passe
souvent par son absence de consentement. Une des qualités
de ce roman – à la fois fresque et polar, puzzle d’intrigues et
de personnages – est de raconter la révolution culturelle des
seventies, et son envers aussi. L’innocence de Glitter se brise
mari, reprend des forces en menant l’enquête et déterrant des
cadavres du passé. Placé sous le soleil noir d’une mine d’or
légendaire qui fait briller dans tous les yeux l’étincelle des pos-
sibles, « Un destin sauvage, si sauvage » touche par les grandes
espérances de ces femmes – et le prix de leur liberté –, frappe
par les résonances de leur époque avec les nôtres.
« UN DESTIN SAUVAGE, SI SAUVAGE », d’Inga Vesper, traduit
de l’anglais par Marc Sigala (Éditions de La Martinière, 420 p.).

34 ELLE 15 JUIN 2O23

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ELLE LIVRES
Albums
COMMENT TU
T’APPELLES ?
Trois livres pour grandir dans
la joie et la sérénité.
CLÉMENTINE BEAUVAIS
Ovni
L’ENFANCE
DE L’ART
Reine de la littérature jeunesse,
Clémentine Beauvais lui consacre un
ouvrage, mi-guide, mi-atelier d’écriture.
PAR SANDRINE MARIETTE
On ne pénètre pas dans « Écrire comme une abeille » comme
dans un moulin. Un péage est requis. « On ne naît pas lectrice de
littérature jeunesse, on le devient », explique la facétieuse Clémen-
tine Beauvais dans une remarquable master class qui expose les
jeux et enjeux de cette foisonnante bibliothèque à hauteur d’en-
fant. Pour savourer le nectar de ces textes, lorsqu’on a soi-même
passé l’âge de raison, il faut « lire comme un papillon », butiner
les œuvres d’Astrid Lindgren, Marie-Aude Murail, Philip Pullman,
Susie Morgenstern, Jean-Philippe Arrou-Vignod… Qu’est-ce qui
plaît tant dans ces mondes réels ou parallèles ? Comment fonc-
tionnent-ils ? Pourquoi les enfants sont-ils emportés par des his-
toires en vers ou en accordéon aux intrigues parfois sens dessus
dessous, et séduits par des personnages tantôt poilus, tantôt den-
tus, tantôt doux, tantôt grincheux ? Au fil des 446 pages à la fois
exigeantes et pétillantes d’humour, Clémentine Beauvais décor-
tique le mode d’emploi littéraire de cet univers simple et com-
plexe : système de narration, forme, style, dialogues, rythme,
jusqu’à l’envoi du manuscrit et la signature d’un contrat… le tout
agrémenté d’anecdotes personnelles. En nous prenant par la
pince, l’autrice des « Petites Reines », enseignante à l’université de
York, nourrit cette folle envie d’écrire comme une abeille, de faire
du neuf avec du IEUF (« Il était une fois »). Quelle classe !
« ÉCRIRE COMME UNE ABEILLE. LA LITTÉRATURE JEUNESSE,
DE LA LECTURE À L’ÉCRITURE », de Clémentine Beauvais
(Gallimard Jeunesse, 446 p.).
36
MODESTE
Dans la cour de récré, les vantards s’en
donnent à cœur joie, c’est à celui qui
aura la maison la plus magnifique, les
vacances les plus fantastiques. Modeste,
lui, habite dans une impasse sans histoire
et passe l’été chez sa grand-mère dans
les Vosges. Pas de quoi parader ? Mais
le petit garçon a une idée pour épater ses copains…
Sous son allure légère comme une bulle de savon, cette
farce parle d’inégalités et permet d’éviter que les petites
égratignures se transforment en grandes blessures.
« MODESTE », de Julien Baer et Magali Le Huche
(Les Éditions des Éléphants, 36 p.).
PAULINA
Angelica est haute comme trois melons.
Son père, un écrivain allemand, a choisi
de s’installer avec sa famille sur l’île de
Rhodes, dans les années 1960. Un jour,
sur la route, Angelica aperçoit un sac
qui se dandine ! À l’intérieur, elle trouve
un petit cochon. L’enfant l’élève tendrement. Jusqu’au jour
fatal où le boucher est ravi de retrouver son animal si bien
nourri. La petite fille doit agir… Paru en Allemagne en 1970,
cet album de photolittérature est enfin traduit en France
par l’écrivain Clément Bénech. Vintage et moderne, il
fait écho aux préoccupations d’aujourd’hui pour le bien-
être animal et à notre envie de voir nos enfants vivre en
harmonie avec la nature. Un délice de malice.
« PAULINA ET MOI », de Hans Limmer & David Crossley
(La Partie, 56 p.).
OLIVIA
Elle est l’inverse d’une chatte de gout-
tière ! Une voyageuse d’intérieur, une
exploratrice de salon, une chasseresse
de chambre à coucher. Mais dès qu’il
s’agit de mettre le bout de ses mousta-
ches dans le jardin, Olivia n’en mène pas large et, pour
cacher sa frayeur, fait preuve de mauvaise foi : « Dehors,
ALIX DIEUDONNÉ ; PRESSE.
c’est bon pour les chats dépourvus d’imagination. » Mais
parfois, il suffit de se lancer… Cet album aux dessins ado-
rables permettra aux tout-petits de dépasser leurs
angoisses en douceur. O.L.
« INCROYABLE OLIVIA ! », de Marianna Coppo (Gründ).
ELLE 15 JUIN 2O23
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“ARRIVE UN VAGABOND”,
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“LES ÉTOILES DE LYRA”
PAR CLÉMENTINE GOLDSZAL

Atteinte d’une démence qui rend la narration – à la pre-

mière personne – magnifiquement vacillante et enivrée,
Elle (le prénom bien trouvé de l’héroïne) vit avec son mari,
Simon, sur une île au large des côtes de la Géorgie, cet État
du Sud américain hanté par l’esclavage. Mais le fantôme qui
la visite sans relâche est intime : Gabriel, l’amour de sa vie,
était un garçon sans le sou mais plein de poésie, qu’elle
renonça à épouser, préférant exaucer le dernier souhait de
son père de la voir faire un « beau mariage ». Mais Gabriel
est mort depuis longtemps, et Simon, homosexuel caché
et exilé de force par sa famille, l’a voulue heureuse tout en
passant ses nuits clandestines dans les bras d’hommes de
passage… Alors qu’autour d’elle et en elle, la réalité s’effrite,
la vieille dame se souvient confusément. Elle ne reconnaît
plus vraiment ses enfants, nourrit envers Simon une rancune
qu’elle-même ne s’explique pas vraiment, et son île autrefois
paradisiaque est au bord de la faillite, mais Elle n’a oublié
aucun des instants auprès de son adoré. Dans un style clas-
sique fort d’images marquantes, Hannah Lillith Assadi
raconte deux amours impossibles, et tire de ce triangle amou-
reux voué à la tristesse et aux grands sentiments un mélo
comme savait en écrire le grand Robert Goolrick.
« LES ÉTOILES DE LYRA », de Hannah Lillith Assadi, traduit
PRESSE

de l’anglais par Stéphane Vanderhaeghe (La Croisée, 227 p.).

ELLE 15 JUIN 2O23

 ELLE LIVRES

Roman graphique
SANS PEUR ET SANS REPROCHE
Francine Oomen conte la ménopause comme une traversée, humour et esprit assurés.
PAR CATHERINE ROBIN

C’est à 52 ans que tout a commencé à prendre une tournure bizarre.

Confusion, perte de mémoire, idées noires, sentiment de vide intérieur
sidéral… Soit Francine commençait à perdre la boule, et la chose était
grave, soit… c’était la ménopause qui pointait le bout de son nez, avec
son cortège de symptômes plus ou moins handicapants. Face à l’inéluc-
table, la dessinatrice jeunesse ne sait comment réagir. Aux Pays-Bas, son
pays natal, comme en France, la ménopause est un tabou qu’il faut garder
sous le tapis du jeunisme à tout prix. Hantée par une « mère tape-dur » qui
colonise sa tête en lui conseillant de ne jamais se montrer vulnérable et
encore moins débraillée, elle refuse de ralentir, de voir qu’elle s’épuise au
travail, au chevet de sa maman, à l’écoute de ses enfants… Associant
dessins, peintures et collages, le carnet de bord de cette jeune quinqua
au bord de la crise de nerfs est un exercice d’introspection à la fois instruc-
tif et bourré d’autodérision. Une sorte d’anti-guide de développement
personnel qui fait surtout œuvre de déculpabilisation, presque de reven-
dication à assumer cet état de tangage par lequel passent, dans un ano-
nymat contraint, la plupart des femmes.
« DÉRÉGLÉE, JOURNAL D’UNE MÉNOPAUSE », de Francine Oomen,
PRESSE

traduit du néerlandais par Noëlle Michel (La Cité graphique, 240 p).

L’île de la Réunion.
Après le succès de ses Nymphéas noirs, Une femme qui disparaît mystérieusement
et son mari qui prend la fuite.
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Récit
VAILLANTE
D’AUJOURD’HUI
Réfugiée en France, Aliyeh
Ataei livre un témoignage
poétique et violent de ses exils.
PAR FLAVIE PHILIPON

Aliyeh Ataei cherche sa place. Tiraillée entre

l’Iran, où elle vivait, et l’Afghanistan, où elle

Coup de cœur LILY DE GERLACHE,

est née, elle se débat contre une déchirante
dualité. Depuis le toit de la maison de ses

RÉSISTANTE
EN 1959, À OSTENDE.
parents, on aperçoit la frontière séparant
les deux nations. Nul ne peut soupçonner le

D’HIER May de Caux est très

élégante. La perfection
poids des devoirs assignés par ses identités.
De part et d’autre, les douleurs de la guerre
ont tout ravagé. Plutôt qu’à un pays, l’autrice
Couronné par le prix de son chignon et sa a juré fidélité à ses souvenirs aux couleurs
Jean-d’Ormesson, ce roman façon de se tenir
reflètent une droiture,
de sang et de miel. Enfant, elle a appris à
survivre à la moindre épreuve. Avec son
rend hommage au courage un volontarisme qui cousin, elle joue à chasser les scorpions, les
avec force et délicatesse. aiguise la curiosité du
narrateur. Septuagé-
regarde se dévorer dans un bocal en plein
soleil. Le danger et la mort sont les ombres
PAR VIRGINIE BLOCH-LAINÉ naire, elle dirige la permanentes d’une famille d’exilés. Sa tante,
Fédération française Anar, partie vivre à Londres, puis rentrée, s’est
de la rose et célèbre en fait couper la langue par les talibans pour
Australie les journées mondiales de cette fleur. C’est à cette occasion que le narrateur, avoir enseigné l’anglais aux jeunes filles.
un journaliste français, la rencontre. Cette femme qui porte la Légion d’honneur sur son Mahboubeh, tendre amie des siens, s’est fait
corsage fut déportée à Ravensbrück entre juillet 1944 et avril 1945 pour faits de résis- décapiter, soupçonnée de communisme et
tance, quand elle avait une vingtaine d’années. Elle n’en parle pas volontiers. Aidé d’une d’intrigues. Aux confins de ce monde maudit,
autre journaliste, Barbara, dont la nationalité allemande et le prénom sont symbolique- les femmes sont meurtries, mutilées, souvent
ment forts, le narrateur convainc May de Caux de leur parler de l’univers concentration- mutiques. La violence hisse des remparts
BELGA/AFP ; FRANCESCA MANTONVANI/GALLIMARD ; PRESSE.

naire ; ils en feront un livre. Barbara et lui sortent délicatement cette femme de son silence.
Directeur du « Figaro littéraire », Étienne de Montety s’est inspiré de la résistante Lily de
Gerlache, à qui il dédie son texte. À travers des dialogues maîtrisés, il met en valeur la
difficulté pour May de se reconstruire, voire de se construire. Après un tel séisme, ses
sens et sa sensibilité sont déréglés, elle en a trop vu. Elle se sent coupable
de vivre, alors que d’autres sont mortes. La douceur des roses, la gaieté
qu’elle cultive ou encore l’amour qu’elle a pour son mari (un beau person-
nage) permettent à May d’atténuer la violence des souvenirs. Les chasser
reste pour elle un effort quotidien. Montety met aussi l’accent sur l’impor-
tance qu’a prise l’amitié pour les déportées pendant et après leur détention,
ce dont ont également témoigné Simone Veil et Marceline Loridan-Ivens.
« LA DOUCEUR », d’Étienne de Montety (Stock, 270 p.).
entre ses blessures et les mots pour les décrire.
Avec persévérance, Aliyeh y parvient. Ado-
lescente, elle avait trouvé l’amour. Le garçon
vivait de l’autre côté, en Afghanistan. Il a
été tué après lui avoir promis de l’aimer
pour toujours et de devenir écrivain. Sans
le savoir, il a imaginé la place triomphante
qu’elle a conquise, en confiant ses chagrins,
ses doutes et ses lueurs à l’éternité.
« LA FRONTIÈRE DES OUBLIÉS »,
d’Aliyeh Ataei, traduit du persan
par Sabrina Nouri (Gallimard, 149 p.).

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automne, ndlr]. Je l’applique sur & Cheek All Aglow dans
le visage, les lèvres et les coudes pour la teinte Peony Pool de Burt’s
calmer mon eczéma et ma peau très Bees, et du rouge à lèvres,
sensible. J’adore aussi le Traitement bien sûr. Mon préféré est
à l’acide lactique de Teresa Tarmey, le Velvet Matte Lip Pencil
qui exfolie en douceur, et, pour l’éclat, Red Square de Nars. L’astuce
le Sérum Pro-Heal de IS Clinical. » pour l’appliquer : je place un
petit miroir sous le menton
pour bien dessiner la lèvre
inférieure. »

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MAY JAGGER dévoile ses habitudes et son vanity.
PROPOS RECUEILLIS PAR VITORIA MOURA GUIMARAES

SA ROUTINE SKINCARE
SES ASTUCES CHEVEUX « Le matin, j’ajoute quelques
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de couleur ! Pour mes SPF 50 de Dr. Barbara Sturm
longueurs, j’applique SON SILLAGE à ma crème hydratante.
trois fois par semaine le Mask « Fracas, de Robert Piguet, Le soir, je masse mon visage
Reincarnation de Bleach le parfum de ma mère [la top avec l’appareil à microcourants
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London [la ligne des salons à
Londres et à Los Angeles dont
elle est copropriétaire, ndlr]. »
SES SOINS EN INSTITUT
« L’hydrafacial des
facialistes Angela Caglia
à Los Angeles et Teresa
Tarmey à Londres. »
SON SPORT
« Je pratique le pole dance
avec mon amie Fox Sinclair.
Je promène mes trois chiens
tous les matins et je fais de la
randonnée dans les canyons
de Los Angeles, où je vis. »
Jerry Hall, ndlr]. Mais j’aime
aussi mélanger des huiles
essentielles de gardénia,
rose, jasmin et santal. »
 SA RECETTE HEALTHY
« Une soupe avec tous les
légumes du frigo et du pesto
maison. Sain et antigaspi. »
NuFace et je m’amuse à essayer
des masques : le Masque
Réparateur d’Eve Lom, l’Emerald
Algae Face Mask d’Isun… »
SON PLAN RELAX
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pas dépasser la dose journalière recommandée. Conserver à température ambiante dans un endroit propre et sec. Déconséillé aux enfants de moins de 12 ans et adolescents. Demandez conseil à votre
médecin/pharmacien (femmes enceintes ou désireuses de l'être- allaitantes-ménopausées). Déconseillé aux fumeurs. Il est conseillé de consommer dans le mois après ouverture. Une consommation excessive
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5 910 sujets. 1 à 2 applications par jour pendant 7 jours.
la confiance d’une peau saine. 2. Dues à la sécheresse de la peau.
ELLE MAGAZINE

64 ELLE 15 JUIN 2O23


Entretien
HEUREUX
HASARDS
Applis de rencontres, de voyage, de sport... Chaque instant de notre vie
est gouverné par DES ALGORITHMES. Ce confort standardisé nous prive
d’un bonheur essentiel : l’inattendu, explique le sociologue Rémy Oudghiri
« Où est le vrai moi ? » s’interroge Virginia Woolf dans « Au
hasard des rues », une ode à la flânerie lui permettant de se
dépouiller du moi que ses amis connaissent pour découvrir
enfin sa singularité, toute à l’excitation de laisser un moi « si
varié et fluctuant » faire enfin à sa guise. Un siècle plus tard, où
se trouve le vrai moi alors que Netflix, Twitter, Amazon, Tinder,
Airbnb et autres sites inséparables de notre existence déve-
loppent des algorithmes de recommandation toujours plus
sophistiqués pour la « faciliter » ? Et comment réussir à se sur-
prendre soi-même à l’ère de « l’algocratie » : ce règne des
machines nous dictant où voyager, quoi shopper et avec qui
coucher. Dans un monde saturé de contenus, difficile de résis-
ter au doux message : « J’ai trouvé cette pépite que pour
vous. » Pourtant les algorithmes de recommandation et leur
système « d’affinités prédictives » détruisent une notion pré-
cieuse : le hasard, synonyme d’aventure, et même de destin.
Dans « La Société très secrète des marcheurs solitaires », le
sociologue Rémy Oudghiri louait l’ivresse de l’errance sans
but. Dans « L’Échappée belle, l’art de s’évader un peu chaque
jour », il rappelle que l’aléatoire permet d’accéder à l’émer-
veillement. Entretien avec un esthète de l’imprévu.
ELLE. Quelles sont les conséquences des algorithmes
de recommandation sur nos vies ?
RÉMY OUDGHIRI. En nous proposant ce que nous pouvons
potentiellement aimer, ces algorithmes nous inscrivent dans
une identité qui a une cohérence, et que nous pouvons retrou-
ver à chaque instant. Il y a quelque chose de rassurant. Nous
n’avons plus à nous poser la question de ce qui est beau, inté-
ressant ou qui a du sens. Mais nous finissons en réalité par ne
plus sortir d’une identité artificielle.
ELLE. Qu’est-ce que le hasard ?
R.O. C’est ce qui permet d’être présent au monde en échap-
pant à tout ce qui était déterminé, avec la possibilité de se
réinventer. Une connaissance me confiait son enthousiasme
ELLE 15 JUIN 2O23
ELLE MAGAZINE
PAR JULIE RAMBAL ILLUSTRATION LINCOLN AGNEW
d’avoir découvert une ville où elle avait « fait tout ce qu’il faut
voir ». Personnellement, je préfère l’errance sans plan ni guide,
qui offre une échappée pour retrouver un peu d’authenticité
dans la standardisation accélérée de nos modes de vie.
ELLE. Vous rappelez d’ailleurs que les surréalistes invitaient
à se mettre en état de grâce avec le hasard…
R.O. Les surréalistes voulaient échapper à la société bour-
geoise catholique traditionnelle, qui était étouffante, et redé-
couvrir des zones de liberté et de poésie. Pour beaucoup, il
semble acquis que la magie et l’insolite se trouvent à des mil-
liers de kilomètres de chez soi. Je pense que le dépaysement
est surtout une affaire de regard. Pour Louis Aragon, il s’agit
d’un regard d’enfant, pas encore contaminé par le préjugé,
la convention, les règles et tout ce qui nous empêche de voir.
ELLE. Comme eux, vous appelez à retrouver le merveilleux
du quotidien, mais quel est-il ?
R.O. Ce sont des micro-fugues qui permettent de s’extirper de
son emploi du temps pour écouter le murmure du monde,
ressentir les choses, ou profiter simplement du fait de vivre.
Quand un rendez-vous s’annule, par exemple, cela inspire
beaucoup de contrariété, alors que ces quelques heures
gagnées sur l’agenda offrent un peu de liberté. Soudain, une
page blanche s’offre à vous. Le charme de l’imprévu redouble
toujours notre sensibilité au monde.
ELLE. Est-ce une manière d’échapper à son destin ?
R.O. Nous avons tous une vie programmée idéale, mais
que nous suivons souvent sans être heureux. Il s’agit moins
d’une vie choisie que dictée par la pression sociale. Et les
micro-échappées donnent enfin accès à une existence en
contrebande. C’est une révolte calme plus qu’une révolution.
En tant que sociologue, je fais des enquêtes au cours des-
quelles les gens disent aimer s’évader dans des séries, et
donc dans l’imaginaire. Il y a aussi un fantasme très
65
 ELLE MAGAZINE
présent de la grande évasion : changer de vie, de
métier, de pays, mais cela demande un bouleversement
énorme. Je plaide pour les échappées. Ce sont des paren-
thèses essentielles.
ELLE. Les rencontres dues au hasard permettent-elles
aussi cette évasion ?
R.O. Elles offrent des relations qui ne sont plus bridées par les
règles sociales. Vous êtes en quelque sorte vous-même. C’est
pour cela que j’apprécie les aéroports : vous pouvez parler
à des gens et puis vous ne les revoyez plus jamais. Nous
sommes tous mis à nu. Selon le philosophe Hartmut Rosa, nos
vies soumises à la technologie nous font perdre notre capacité
à résonner avec le monde, car la résonance ne peut se conce-
voir sans imprévu. La résonance, c’est quand vous ne savez
pas ce qui va vous arriver, ni qui vous allez rencontrer.
ELLE. Et le hasard doit s’apprendre, dites-vous…
R.O. Selon le philosophe Walter
Benjamin, il faut toute une éduca-
tion pour se perdre dans une ville.
Ce qui est paradoxal, puisque
nous dirions surtout qu’il faut
apprendre à s’orienter. Ce que
j’en retire est qu’il faut apprendre
à se laisser aller, en maintenant
ouverte la possibilité de choisir
une direction qui nous émerveille.
“LES MOYENS DE
Raison pour laquelle les pannes, REMETTRE DU
retards et annulations devraient MERVEILLEUX ET DE
être vus comme des sésames :
c’est quand l’ordre social se dé -
l’inattendu DANS NOS
règle que les choses deviennent VIES SONT INFINIS.”
intéressantes.
RÉMY OUDGHIRI
ELLE. À part marcher sans but,
quels autres moyens offrent les micro-évasions ?
R.O. Les moyens de remettre du merveilleux et de l’inattendu
dans nos vies sont infinis, il suffit d’être animé par cet état
d’esprit. On peut prendre un bus au hasard : vous vous laissez
porter, puis vous changez de bus, et vous rechangez encore.
En s’asseyant sur un banc et en fermant les yeux, vos sens
et votre imagination s’emballent, et même si l’expérience est
courte, vous vous sentez mieux.
ELLE. Vous pratiquez souvent les micro-évasions ?
R.O. Très souvent, même si j’ai aussi une vie professionnelle.
D’ailleurs, je pense parfois que si l’on ne travaillait pas, nous
n’aurions pas le plaisir de ces évasions. C’est parce que nous
avons passé une journée intense qu’elles offrent d’autant plus
de plaisir ou de bien-être. Ce sont les interstices qui permettent
de rester en contact avec l’essentiel.
« L’ÉCHAPPÉE BELLE, L’ART DE S’ÉVADER UN PEU CHAQUE JOUR »
et « LA SOCIÉTÉ TRÈS SECRÈTE DES MARCHEURS SOLITAIRES »,
de Rémy Oudghiri (éd. Puf).
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Comment enrayer
LA MACHINE ?
ÉCOUTER ALEXANDER SKARSGÅRD
Non seulement l’acteur de « Big Little Lies » et de
« Succession » est sexy, mais il habite le monde avec
intensité. Son secret ? Bouder les réseaux sociaux. « Il est
bon de s’ennuyer, parce que c’est là que votre esprit
vagabonde et que naît la créativité. Mais nous n’autorisons
plus ces moments. Si vous avez trois secondes, vous consultez
Insta ou Twitter », constate-t-il. L’astrophysicien Aurélien
Barrau le répète aussi : les réseaux sociaux nous dévorent,
avec un « effondrement de la cosmopoétique du réel ».
SE METTRE EN RETARD
Dans « Éloge du retard » (éd. Albin Michel), la philosophe
et psychanalyste Hélène L’Heuillet invite à reconsidérer
notre rapport à l’horloge, et à s’offrir quelques retards, « en
prenant notre temps ». Il s’agit moins de faire poireauter les
autres (pas sympa) que de ne
plus considérer le temps comme
une seule donnée rentable.
Et arrêter de tout anticiper :
« Penser continuellement à ce
qui vient nous fait perdre de vue
le présent et ce qui est essentiel
pour soi », prévient-elle.
PRATIQUER
L’HONNÊTETÉ RADICALE
Jouer un rôle ? Notre mythe
de Sisyphe, surtout à l’ère du
triomphe de soi dans une société
de l’image. On indique ses
« soft skills » (talents cachés)
sur son CV pro, les « activités
extracurriculaires » (harpe et
dressage de licornes) du petit
dans son dossier Parcoursup , on pipeaute sur Tinder.
Selon le psy américain Brad Blanton, l’honnêteté radicale,
qui consiste au contraire à dire qui on est (peurs, blessures,
faiblesses), ouvre à des relations plus vraies.
ENVISAGER LA VIE COMME UN ÉLÉMENT LIQUIDE
Il semble que voguer, ramer ou même barboter, sans couler,
soit devenu une belle métaphore de nos vies. Dans « Petite
Philosophie du grand large » (éd. Le Pommier), Claude
Obadia tire ainsi de la voile des leçons de sagesse (savoir
affronter les éléments autant que jouir de leur immensité),
tandis que l’anthologie « Le Goût de la nage » (éd. Mercure
de France) rappelle que s’immerger met à l’écoute de soi.
Dans « La Tendresse du crawl » (éd. Grasset), Colombe
Schneck guérit même un chagrin d’amour en ondoyant.
VARIER LES TEMPOS
Philosophe mais aussi batteur, Aliocha Wald Lasowski vient
LINCOLN AGNEW
de publier « À chacun son rythme » (éd. Le Pommier), un
essai stimulant dans lequel il rappelle les multiples variations
du temps et l’importance de moduler la cadence.
ELLE 15 JUIN 2O23
 ELLE MAGAZINE

DANS LES ATELIERS

DE LORO PIANA DANS
LE PIÉMONT, EN ITALIE.

PRESSE

68 ELLE 15 JUIN 2O23

 ELLE MAGAZINE

LA COLLECTION EN DENIM
UPCYCLÉ DE E.L.V.

Il y a le jean à la teinture végétale, le waterless, le biodégradable.

La mode privilégie maintenant des jeans made in France.
ARTISANAL, LOCAL ET BIO, le voilà propulsé bon élève
de la mode. Vraiment ? Enquête. PAR ILARIA CASATI

ELLE 15 JUIN 2O23 69

ELLE MAGAZINE

Un jean chez Eric Bompard. C’est l’étonnante surprise des

collections automne-hiver 2023-2024. Personne n’aurait pu
imaginer que le spécialiste français du cachemire préparait
depuis plusieurs saisons sa capsule denim. En coton certifié
Oeko-Tex et fabriquée juste de l’autre côté des Alpes, en
Italie… Il n’a pas fallu longtemps aux quelques initiés présents
au lancement pour comprendre que, derrière ces deux
modèles ajustés pour la femme et l’homme, se cachait un
savoir-faire de longue haleine. « Ça y est, le jean est devenu
un produit de luxe ! » ont ironisé les mauvaises langues. « Ce
qui se passe est formidable, répond Lorenza Martello, cheffe
de produit denim chez Première Vision, aux premières loges
pour mesurer les évolutions du secteur. Le denim est une toile
extraordinaire, la crème des étoffes sur laquelle sont concen-
trés de nombreux efforts de l’industrie du textile. » Et quand on
voit d’autres marques telle Loro Piana développer des
matières innovantes comme le CashDenim, mélange de
cachemire et de denim fabriqué dans les meilleurs ateliers
d’Italie et du Japon, là où se trouve la mémoire de cette toile, 1
on a un vrai choc. Le jean n’est pas qu’une histoire de cow-boy
et d’attitude rock. C’est un mythe. Alors quoi de mieux que
ce produit iconique et increvable, démocratique et unisexe, 2
tendance et vieux comme le monde, pour revendiquer une
approche exigeante et artisanale ?
Depuis quelques années, la mode est à l’artisa-
nal. Avec un marché dont un emblème de l’émanci-
la croissance est estimée pation des femmes, servant
à 6,7 % à l’horizon 2029 d’uniforme à de grandes
et une production très icônes féministes comme
gourmande en eau – il en “LE JEAN AVAIT Rosie la riveteuse posant
faut environ 7 500 litres
pour fabriquer une PERDU SON âme sur l’iconique poster “We
can do it”, en combinaison
pièce –, le jean se doit
d’être réinventé pour plus À CAUSE DES de toile de Nîmes. Le jean
avait perdu son âme à
de durabilité. Et les idées
ne manquent pas ! La
DYNAMIQUES DE LA cause des dynamiques de
surproduction de la fast
vénérable maison Dries
Van Noten a mis à l’hon-
FAST FASHION.” fashion. »
Car, aujour-
MAXINE BÉDAT, CHERCHEUSE
neur un procédé de déla- d’hui, on ne porte pas un
vage à l’eau de Javel jean. On cherche un vête-
manuel. Dior confec- ment à histoire. Et, en la
tionne exclusivement des jeans au bleu immuable pour sa matière, Levi’s, le légendaire fabricant du 501, est le roi. Pour
ligne de denim Dior 8. Tout comme le jeune designer Arthur les 150 ans du pantalon le plus célèbre du monde, l’as de la
Robert, de Ouest Paris, qui a tapé dans l’œil du jury de toile rigide capitalise sur son passé glorieux. « À la base, le
l’Andam avec ses modèles en toile vierge inspirés du 501 est né d’une invention, les coutures renforcées par des
BRIGITTE NIEDERMAIR, SARAH PIANTADOSI ; PRESSE.

workwear. Pourquoi ce retour aux origines de la toile
mythique ? « Ce désir d’authenticité reflète notre époque. Il
faut rappeler d’où il vient, renchérit Maxine Bédat, qui a étudié
le chemin parcouru par un jean, du champ de coton jusqu’à
la vente en boutique, pointant du doigt l’opacité de l’industrie
de la mode, dans son livre “Unraveled. The Life and Death of
a Garment”. Un pantalon de workers américains, devenu un
symbole de ralliement à la classe prolétaire et l’étendard de
la jeunesse rebelle, et dont les origines renvoient pour la toile
à la ville de Nîmes, pour la couleur à la ville de Gênes. Aussi,
rivets en cuivre. Son histoire est un idéal de durabilité : telle-
ment solide qu’il pouvait résister au travail de la mine. Plus que
jamais, il est un vêtement indémodable. C’est un vêtement qui
devient plus beau à mesure qu’il vieillit. Car tout est dans sa
matière, un coton rigide qui ne joue pas avec le temps »,
plaide Paul Dillinger, vice-président en charge du design et
de l’innovation de Levi’s. À l’évidence, cette envie de
reprendre la main sur les fondamentaux du jean a lancé une
dynamique plus green. Aux clients de la marque de découvrir
les nouveaux modèles waterless qui ont permis de réduire la

70 ELLE 15 JUIN 2O23

 ELLE MAGAZINE

de modifier les habitudes de consommation des Français. »

4
3
1. TOTAL-LOOK EN JEAN
DE LA COLLECTION
ERIC BOMPARD. 2. LA LIGNE
DE DENIM DIOR 8.
3. LE LEVI’S 501 À BASE
DE PLANTES ALTERNATIVES
AU COTON.
4. DÉTAIL D’UN JEAN 1083.
consommation d’eau, en fibres végétales ou recyclées et
recyclables, teints avec des pigments naturels. Mais que
penser de ces initiatives
quand elles ne s’intéressent
qu’à une ou deux étapes
Tout est possible avec le jean. D’ailleurs, n’est-ce pas la tenue
de ceux qui ont envie de changer le monde ? « Choisir un jean
made in France, c’est créer un monde différent, explique Julia
Faure, à la tête de sa propre marque, Loom, produite locale-
ment. Ce sont des emplois, une manière de lutter contre le
réchauffement climatique. Mon combat du moment : lancer
une toile qui ne se troue pas, résistant à l’usure du temps.
Comme un jean éternel en opposition à la mode jetable. »
D’ailleurs, d’après le sondage IFM pour Première
Vision, réalisé en 2022, 23 % des Français sondés attachent
une importance particulière aux critères d’écoresponsabilité
et de transparence portés par le jean qu’ils achètent : les fibres
qui le composent (72 %), son lieu de fabrication (42 %), les
conditions éthiques et sociales de production (35 %), le carac-
tère brut de la toile, donc jamais délavée (25 %). Des données
déjà avancées en 2018 par une étude Kantar Worldpanel
selon laquelle les ventes de jeans étaient en recul, à l’excep-
tion de celles des modèles éthiques en coton bio ou issus
d’une fabrication responsable, et ce notamment chez les
jeunes. Lorenza Martello, elle, reste prudente : « Beaucoup
de Français choisissent encore leur jean surtout et avant tout
en fonction de son confort et de son prix. » En faisant un tour
sur les sites e-commerce de fast fashion, force est de constater
l’abondance de références. « Les consommateurs sont prêts
à payer plus si les marques convoquent l’exigence. Même s’il
ne s’agit que d’un marché
minoritaire, il est intéressant
de les voir faire cette transi-

“MON combat DU
sur les huit de la fabrica- tion à condition qu’elle soit
tion ? Un simple argument transparente », continue la
de vente ? Peu importe. Tout spécialiste.
ce qui peut avoir un impact
positif sur l’industrie du
MOMENT: LANCER Ainsi, tandis
que les fabricants s’activent
denim, la rendre plus UNE TOILE QUI NE pour chercher des solutions

SE TROUE PAS.”
propre, est bon à prendre.
Ce n’est pas
nouveau. Le jean pollue. JULIA FAURE, CRÉATRICE
Beaucoup. Surtout quand le
coton est récolté aux États-
Unis ou en Chine, la toile
tissée en Turquie ou au Pakistan, puis assemblée au Bangla-
desh ou au Cambodge. Avant d’atterrir dans nos placards,
un jean aura parcouru 65 000 kilomètres, soit 1,5 fois le tour
de la planète ! Symbole de la mondialisation, il est devenu
aussi celui de la surconsommation et du réchauffement clima-
tique, avec une industrie qui pèse 1,87 milliard d’euros en
France, pour 67 millions d’articles vendus. « Et pourquoi n’au-
rait-on pas le droit de réduire ces volumes ?, propose Thomas
Huriez, le fondateur et dirigeant de la marque de jeans fran-
çais écoconçus 1083. La responsabilité est aussi question de
rationalisation. Prenez nos modèles : ils sont fabriqués dans
les Vosges, avec du coton français certifié bio ou recyclé, à la
bonne empreinte carbone. Si en dix ans nous avons recons-
truit une filière entière, rien ne nous empêche d’avoir la volonté
alternatives, d’autres ont
recours à la seconde main.
Sur les podiums, on voit de
plus en plus de modèles
issus de l’upcycling. Avec
Marine Serre, on a assisté à
l’avènement du jean rapiécé, en patchwork, unique. Puis ce
fut le tour du californien Re/Done, marque révélation de 2014,
de collaborer avec Levi’s pour refitter des modèles vintage.
Avec, à l’appui, des créations qui ont cartonné dans le monde
entier. E.L.V., monté par la talentueuse Anna Foster, a pris le
relais dans l’est de Londres, en 2018, en présentant ses
modèles de pantalons, jupes, trenchs et combinaisons bima-
tières, façonnés à partir d’anciens jeans. Sans oublier le site
imparfaite.com qui a fait un tabac avec ses 501 revalorisés en
jeans de grossesse. « L’important est de revenir à un produit
de qualité, conclut Ariane de Béchade, cofondatrice du site.
Le jean est la base d’une garde-robe, un complice qui a tra-
versé toutes les époques, un vêtement de rêve. » Et s’il devenait
aussi l’emblème de la révolution green ?

ELLE 15 JUIN 2O23 71

ELLE MAGAZINE

Pretty Yende
LE CHANT DES
POSSIBLES
Sa vie a des allures de conte de fées, mais c’est bien le talent
et la ténacité qui ont fait de cette soprano sud-africaine à la voix
unique UNE STAR QUI BRILLE de la cour d’Angleterre
aux Opéras du monde entier. Rencontre solaire
PAR MARION RUGGIERI PHOTOGRAPHE CHA GONZALEZ

72 ELLE 15 JUIN 2O23

 ELLE MAGAZINE

LA CANTATRICE
PRETTY YENDE, À
AUVERS-SUR-OISE,
LE 1 er JUIN.

La vie joue de drôles de tours parfois. L’avant-veille du couronnement de

Charles III, où elle est attendue pour chanter « Sacred Fire » de Sarah Class
à la demande personnelle du roi d’Angleterre, Pretty Yende interprète
« Manon » de Massenet, à Vienne. Une histoire à la fin tragique : Manon
tombe dans les bras de son amant, et puis meurt. Sur scène, Pretty tombe…
pour de vrai. Et se tord la cheville. Trois heures à l’hôpital, en pleine nuit.
Elle prend l’avion le lendemain matin pour Londres, où elle débarque en
fauteuil roulant. « Mais je voulais être là, j’avais besoin d’être là, je ne pou-
vais m’autoriser à louper ce rendez-vous, l’un des plus importants de ma
vie, pour moi et pour les générations à venir. » Car, lorsqu’elle a reçu l’invi-
tation du monarque, la cantatrice de 38 ans n’a pas hésité une seconde.
Le symbole est fort : une Sud-Africaine, née pendant l’apartheid, qui
chante pour le nouveau roi de l’ancien pays colon. Elle y voit une passe-
relle, un pont. « Hélas, on ne peut remonter le temps, mais de là où l’on se
tient, on peut aller de l’avant, et tenter de faire de demain un jour meilleur. »
Le jour J, Pretty est convoquée à 8 heures du matin à l’abbaye de West-
minster, où elle attend son tour dans les courants d’air gothiques, jusqu’à
10 h 35. « Les gens n’ont pas idée de ce que j’ai eu mal… et froid ! Je ne
remercierai jamais assez Stéphane Rolland d’avoir dessiné une robe
avec des manches. » [Rires.] La cérémonie est retransmise dans le monde
entier, qui découvre la jeune soprano à la voix d’or. Le trac ? Non. « J’étais
calme, prête, je n’envisageais pas ça comme une performance, mais plutôt
comme d’aller à l’église. » Deux fossettes lui dessinent un sourire d’enfant
de chœur. « J’ai pensé à la petite fille que j’étais quand ma grand-mère
m’emmenait à la messe chanter devant la congrégation, et qu’elle me
murmurait : “Tu chanteras devant des millions de gens, un jour.” Cette
petite fille de 5 ans était mon ancre. Après, en revanche, ça m’est tombé
dessus. Oh mon Dieu ! Je me suis souvenue d’où tout cela était parti, de tous
ces instants qui m’ont menée là… »
D’un pas décidé, elle nous emmène dans ce champ de blé, à
quelques mètres de l’église immortalisée par Van Gogh, où se tient l’éblouis-
sant Festival d’Auvers-sur-Oise depuis quarante-deux ans. Pretty Yende y
donne un récital le soir même, avant de retourner à Hambourg, où elle
chante « Les Contes d’Hoffmann » d’Offenbach, puis de revenir à Paris, à
la fin du mois, pour interpréter Juliette dans « Roméo et Juliette » de Charles
Gounod, à l’Opéra Bastille. Une nouvelle production de Thomas Jolly, avec
Carlo Rizzi à la direction musicale*. « Où que je sois, j’essaie toujours de
marcher pour sentir les lieux, les gens. M’imprégner. C’est fou comme la
nature n’a pas d’équivalent. » Il faut dire que, en ce premier jour de juin, le
ciel, les arbres, les fleurs rivalisent d’ardeur : tout est bleu, vert, coquelicot…
« J’ai grandi à la campagne, il y avait de nombreux champs, des rivières,
on pouvait entendre les oiseaux, sentir l’herbe. Encore aujourd’hui, cela me
régénère. » La campagne en question, une petite ville rurale dans

ELLE 15 JUIN2O23 73
ELLE MAGAZINE
l’est de l’Afrique du Sud, s’appelle Piet Retief, rebapti-
sée eMkhondo en 2010. Pretty, l’aînée de quatre enfants, y
voit le jour en 1985, six ans avant l’abolition de l’apartheid.
« Mes parents ne nous parlaient pas de ségrégation, ils ne nous
ont jamais dit que nous étions différents, et ils ne nous laissaient
pas regarder les autres différemment. Au contraire, on m’a
toujours enseigné que je pourrais être qui je voulais dans la
vie ! J’étais une gamine heureuse, entourée de joie, d’amour… »
La musique s’invite un peu partout sans jamais dire son nom :
le soir, au dîner, où tout le monde chante, mais aussi à l’église.
Jusqu’à ce jour de 2001, Pretty a 16 ans, elle entend un air à
la télé, une publicité qui reprend le « Duo des fleurs », de Léo
Delibes. « Cela me semblait irréel, inhumain, comme si mon
cœur reconnaissait ce que ma tête ignorait encore. J’ai inter-
rogé mon professeur au lycée, également chef de la chorale,
il m’a répondu : “Ça s’appelle un opéra.” Je n’avais jamais
entendu ce mot ! Je me suis
demandé comment les êtres
humains pouvaient faire ça.
Après tout, ma grand-mère
m’avait bien appris à chan-
“MON TALENT
SEMBLAIT évident À
ter… Il m’a répondu : “Oui, si
tu as du talent.” Je ne lui ai
TOUS, SAUF À MOI.
pas demandé de m’ap-
prendre, je l’ai exigé. » Mais
le chemin est encore long.
Retour à Auvers- AUJOURD’HUI
sur-Oise. Pretty a déjà
répété avec la pianiste
ENCORE, C’EST UN
Vanessa Garcia Diepa, sa
voix d’ange qui monte dans
MYSTÈRE.”
la fraîcheur de l’église
comme un souvenir d’en-
fance. « Avant une représen-
tation, je dois me protéger des émotions extérieures car je
chante de tout mon cœur, je m’ouvre, je deviens vulnérable. »
La jeune femme n’a plus le temps de rien, elle se jure de revenir
ici, elle que les scènes du monde entier s’arrachent désormais,
qui vit à Varsovie, mais retourne régulièrement en Afrique du
Sud pour son équilibre. « C’est un métier qui demande tant
d’engagement, la solitude peut être immense. Je me répète
souvent que la perfection, c’est l’action. C’est dans le perfec-
tionnement qu’on tire les leçons de ses erreurs. Quand on nous
apprend à marcher, petit, on tombe, et ce n’est pas grave ! Au
contraire, on nous félicite, on nous encourage à recommen-
cer… Pourquoi s’inflige-t-on tant de peine en grandissant ?
Il faut rester enfant ! » Le parcours de Pretty a pourtant tout de
l’exemplaire (unique). « À 18 ans, mes parents m’ont conduite
en voiture à l’université de Cape Town, une décision difficile
à prendre pour mon père, j’étais la première à aller à l’univer-
sité, j’étais une fille… Mais le deal était simple : si ça ne mar-
chait pas au bout de deux ans, je devenais comptable, comme
prévu. » Après six années de formation musicale, Pretty
enchaîne les concours internationaux, jusqu’au prestigieux
Belvédère qui lui ouvrira les portes de la Scala de Milan.
74
« J’ai gagné tous les prix possibles ! En entendant mon nom, à
chaque fois, je me sentais mal, j’avais l’impression de ne pas
le mériter, que d’autres travaillaient depuis plus longtemps que
moi. J’ai fait ça non pas pour gagner, mais pour partir, pour
savoir ce que je valais, ce que j’avais dans le ventre. Au début,
c’était dur, j’étais seule, loin des miens. Mon talent semblait
évident à tous, sauf à moi. Aujourd’hui encore, c’est un mystère,
et ça le restera, car je suis mon propre instrument. »
Pretty, fervente chrétienne, aime à parler de sa
voix comme d’un don auquel elle se doit. Une mission ? « J’ai
toujours su que je devais faire partager avec le plus de gens
possible ce que j’ai ressenti la première fois quand j’ai entendu
de l’opéra. La musique est universelle, c’est un moyen d’établir
une connexion avec l’autre, peu importe sa couleur de peau. »
C’est aussi son meilleur avocat lorsqu’elle est « la seule Noire
dans la pièce, ce qui arrive souvent ». Il y a deux ans, la jeune
soprano a eu maille à partir
avec les douanes fran-
çaises à l’aéroport de
Roissy, où elle a été fouillée
« comme une criminelle ».
Le choc est intact : « J’ai été
arrêtée parce que j’étais
noire, ça existe toujours, et
c’est regrettable. Je dois
remercier mes parents, car
s’ils m’avaient parlé des
souffrances et des cicatrices
de l’apartheid, ça aurait
été plus dur encore, mais ils
n’ont abordé le sujet que
lorsque j’ai été en âge de
l’entendre. Ils m’ont toujours
répété que j’aurai accès à
tout, mais que je serai en minorité, alors, je me suis reposée sur
ce don qui pouvait accomplir ce que je ne pouvais réaliser,
qui pouvait plaider ma cause sans que j’aie rien à dire, qui
m’autorisait à interpréter des héroïnes incroyables à l’opéra,
Lucia dans “Lucia di Lammermoor”, Violetta dans “La Traviata”…
des rôles qui n’étaient pas destinés à des artistes noires et qui
m’invitaient à la table des rois. » Fraîchement nommée ambas-
sadrice de bonne volonté de l’OMS, Pretty aimerait explorer
la santé mentale des artistes, on pense à Van Gogh, qui
repose au bout du champ, dans le cimetière d’Auvers, aux
côtés de son frère… Si elle avait un conseil à donner à une
jeune Pretty ? « Ne renonce jamais, ne laisse pas le monde
t’arrêter car le monde est derrière toi, va vers ton rêve, il est
déjà là. » Et à la Pretty de 5 ans, que dirait-elle ? « Merci de ne
pas avoir baissé les bras, merci de ta curiosité, je ne regrette
rien : les moments âpres, les succès, cela m’a permis d’aimer,
de grandir, de partager. » C’est l’histoire d’une petite fille
dont le destin était d’être première, et qui ne tombe jamais,
sauf à la veille du couronnement à Westminster.
* « Roméo et Juliette », de Charles Gounod,
du 17 juin au 15 juillet, à l’Opéra Bastille, Paris-12e.
ELLE 15 JUIN 2O23
 3
2

1 ET 5. PRETTY YENDE,
À AUVERS-SUR-OISE,
LE 1 er JUIN, DANS
L’ÉGLISE IMMORTALISÉE
PAR VAN GOGH.

2 ET 3. LA ROBE DE
STÉPHANE ROLLAND
PORTÉE PAR PRETTY
AU COURONNEMENT
DU ROI CHARLES III.
4. CHOQUÉE, PRETTY
RACONTE, DANS
UN POST INSTAGRAM,
AVOIR ÉTÉ FOUILLÉE
ARBITRAIREMENT
PAR LES DOUANES
FRANÇAISES À ROISSY,
EN 2021.
1

AVEC MATTHEW POLENZANI, AU MET, DANS « L’ÉLIXIR D’AMOUR », EN 2018.

CHA GONZALEZ ; © INSTAGRAM PRETTYYENDE ; PRESSE ; ANDREW
MATTHEWS-WPA POOL, JACK VARTOOGIAN/GETTY IMAGES/AFP ;

5
RÉCOMPENSÉE
D’UN PRESTIGIEUX
AXEL HEIMKEN/DPA/DPA PICTURE-ALLIANCE VIA AFP.

AWARD ECHO KLASSIK

À HAMBOURG,
EN 2017.

ELLE 15 JUIN 2O23

 ELLE MAGAZINE

1963

1963

1988
1964

1961

2022

2009 1985

1997

1983

2022

1997

76 ELLE 15 JUIN 2O23

 ELLE MAGAZINE

1981

2023

1989
1962

Témoignages
MA VIE AVEC
2009

Sa plastique irréelle et son univers guimauve ont hanté

GAMMA RAPHO ; ÈDOUARD SICOT ; GAMMA RAPHO/KEYSTONE ; BESTIMAGE ; ALAMY/ABACA ; ABACA ; MEGA/KCS.

notre enfance et forgé notre IMAGINAIRE. Alors que le film

« Barbie » sort en salle, fans ou anti nous ont confié
leur histoire passionnelle avec l’emblématique poupée blonde
PAR ALICE AUGUSTIN AVEC HÉLÈNE CLAUDEL, VÉRONIQUE HOUGUET ET CORINNE RENOU-NATIVEL

Barbie, c’est 29 cm de plastique qui ont suscité chez des générations de filles (et de
garçons) amour, fantasmes, complexes ou détestation. Pour nombre d’entre nous, elle
reste cette blonde aux yeux bleus et aux courbes filiformes (et ce malgré la diversification
des modèles depuis les années 1990), avec une vie de rêve, un mec de rêve, une maison
de rêve et même un métier de rêve. Symbole du patriarcat ou modèle d’émancipation ?
Barbie agace autant qu’elle fascine ; pas facile de la mettre dans une case. Chose
certaine, elle est une madeleine de Proust pour beaucoup d’adultes, qui, enfants, ont
exploré et mis en scène à travers elle leur rapport à la féminité, à la masculinité, à l’amour,
à la sexualité. Alors que son « biopic » réalisé par la très chic Greta Gerwig sort en salle,
avec Margot Robbie en Barbie et Ryan Gosling en Ken, onze femmes et un homme
se sont replongés pour nous dans leurs souvenirs d’enfance et dans leur histoire pas-
sionnelle (et pulsionnelle) avec cette poupée pop et cul(te).
1980

ELLE 15 JUIN 2O23 77

ELLE MAGAZINE
« J’AI RACHETÉ
LES MODÈLES DE MON
ENFANCE »
MARION, 40 ans
« J’ai eu ma première Barbie à 6 ans, une princesse
dont la robe s’illuminait dans l’obscurité. Je l’adorais.
Ensuite, j’ai eu la panoplie complète – la maison, le
lit, la Ferrari, le cheval – et des caisses entières de
vêtements. Je passais des heures dans ma chambre
à jouer avec mes poupées. Je les trouvais belles, je
les coiffais, je leur lavais les cheveux, j’en prenais
hyper soin. Il fallait qu’elles soient impeccables
– moi-même, j’étais une
petite fille “modèle”. Mes
Barbie étaient à mes yeux
des objets précieux, un
idéal féminin. J’ai grandi
en pleine époque des top
models : elles étaient ma
Cindy Crawford, ma Clau-
dia Schiffer, ma Naomi
Campbell car mon père
m’avait rapporté une pou-
pée noire des États-Unis.
Quand j’ai arrêté d’y jouer,
je les ai rangées chacune
dans une boîte à chaus-
sures, en reconstituant
leurs panoplies d’origine,
comme des trésors. Mon père les a remisées à la
cave ; j’avais déjà en tête de les transmettre à mes
enfants. Vers l’âge de 25 ans, j’ai vu l’exposition
Barbie à Paris et j’ai eu alors très envie de les récu-
pérer. Mais, horreur, mon père les avait données à
Emmaüs ! J’en ai eu le cœur brisé, c’était comme si
on me volait une part de mon enfance. Je l’ai tou-
jours mauvaise, je lui en veux encore. Quand j’étais
enceinte de ma fille, j’ai ressenti le besoin de retrou-
ver mes Barbie. J’ai fait de nombreuses recherches
sur Google et j’ai écumé les sites de seconde main.
Je suis tombée des nues : elles étaient hyper chères,
entre 40 et 100 euros. J’ai finalement récupéré sept
Barbie sur les trente que j’avais, puis j’ai arrêté –
même si je retourne encore sur Vinted de temps en
temps. Ma fille a 4 ans aujourd’hui, elle commence
à peine à y jouer et en a déjà décapité une. Elle est
moins précautionneuse que moi mais quel kif ! Je
suis si contente de la voir s’amuser avec mes pou-
pées. Car ce sont bien “mes” poupées que je lui
prête. En fait, j’ai très envie d’y jouer à nouveau, de
leur faire raconter à nouveau des histoires d’amour,
de liberté. Suzanne fera sûrement autrement que
moi. Je suis prête à l’accepter. »
78
« JE ME VENGEAIS
DE MON HISTOIRE FAMILIALE
SUR ELLES »
AUDE, 46 ans
« Avec mes Barbie, j’étais particulièrement sadique. Je leur rasais la tête
comme on le faisait aux femmes collabos après la Seconde Guerre
mondiale. Cela vient sûrement du fait que mon père était juif, que ses
parents avaient été déportés. Toute petite, j’ai vu beaucoup de photos
des camps, mais ce sont les images de la Libération et celles des
femmes tondues qui m’ont le plus marquée. D’abord, je faisais vivre
à mes Barbie leur parcours officiel de femme, puis je les punissais
en leur rasant la tête parce qu’elles avaient couché avec un Allemand.
Mais j’étais toujours déçue car je n’obtenais
pas la boule à zéro bien lisse que j’avais vue
sur les images d’archives : elles se retrouvaient
avec des petites touffes d’acrylique. Je les faisais
aussi violer par les G.I. Joe, je les noyais dans
mon bain. Avec le recul, c’était une façon de
rejeter cette féminité trop caricaturale et normée.
Une perfection plastique qui, pour moi, prenait
les traits des aryens. Il faut dire que j’étais
la seule brune avec un nom juif dans ma famille.
Mon père est mort très tôt, ma mère est blonde
aux yeux bleus, ainsi que ma demi-sœur, avec
un nom de famille bien français. J’avais l’intuition
que le monde de mes Barbie n’était pas pour
moi et je voulais me venger. »
« JE TROUVE QU’ON EST DUR
AVEC BARBIE »
JÉRÉMY, 36 ans
« J’ai joué avec les Barbie de ma sœur à partir de 3-4 ans. Pendant
qu’elle les coiffait inlassablement, je leur inventais des décors fastueux
avec les draps et les objets que je trouvais dans la maison. J’étais un
garçon efféminé et qui aimait les jeux de filles. À l’école, je subissais les
moqueries de mes camarades, sans aucun soutien des adultes. Alors,
chez moi, mes Barbie étaient des femmes super puissantes, très féminines,
des super-héroïnes qui sauvaient le monde la nuit. On avait un jeu avec
ma sœur : celui de “l’homme le plus riche du monde” qui était incarné par
une Barbie. Sûrement une façon de réparer le sentiment d’impuissance
que je vivais à l’extérieur et de compenser aussi l’absence de mon
père qui s’est évaporé après le divorce de mes parents.
Ma grand-mère et ma mère me laissaient jouer à la
poupée, malgré leur étonnement. Je trouve qu’on est
dur avec Barbie. Bien sûr, elle est très stéréotypée, mais
c’est un personnage qui permet de se projeter dans
un autre monde. Je crois que, en réalité, Barbie, c’était
moi ! Aujourd’hui, je suis antiquaire et, d’une certaine
manière, je joue à la Barbie avec mes clients. Je leur
trouve de beaux objets pour leur intérieur. Finalement,
cette poupée m’a donné le goût de l’élégance. »
2011
 ELLE MAGAZINE

“JE N’AVAIS QU’UNE BARBIE QUI

N’AVAIT QU’UN SEUL RÔLE : faire l’amour AVEC
KIKI (JE N’AVAIS PAS DE KEN). RIEN À
FOUTRE DES HABITS, DES ACCESSOIRES. ELLE ÉTAIT
TOUJOURS À POIL.”
LÉA, 46 ANS

1975

2022

« LE MUST? FAIRE PARTIE DU CLUB

DES AMIES DE BARBIE »
MARIE, 43 ans

« Avoir une Barbie en blonde et en brune, avoir ses 2021

tenues pour toutes les occasions et tous les métiers
(infirmière, hôtesse de l’air, astronaute…), avoir ses
1959
chaussures, ses bijoux et son Ken chéri, c’était la base.
Le must dans ma classe de primaire au début
des années 1990 ? Être “l’amie” de Barbie, comme
Cynthia. On enviait toutes avec férocité ce privilège « BARBIE LA CAPITALISTE
et les avantages que lui procurait cette amitié : ÉTAIT BANNIE CHEZ NOUS»
bracelet avec des cœurs roses, barrettes avec des MONA, 47 ans
cœurs roses, et même cadenas rose en forme de cœur
qu’elle accrochait ostensiblement à son cartable. « Avec ma sœur, nous n’avions pas
À force de lobbying quotidien, j’ai obtenu de mes
parents de rejoindre le Club des amies de Barbie, droit aux Barbie à la maison. Dans les
via un encart découpé dans un journal. En retour, années 1980, elles portaient des tailleurs,
je recevais une enveloppe rose avec des nouvelles
de Barbie, un petit magazine avec ses folles aventures
elles allaient au bureau avec un ordi
et une lettre juste pour moi (“Chère Marie”). Et puis en plastique et, le week-end, elles frimaient
il y avait les cadeaux de bienvenue, comme un bloc en décapotable. Barbie avait, selon notre
de feuilles roses en forme de cœur, des boucles
d’oreilles à clipser avec l’initiale de qui-vous-savez et un mère, des rêves de merde qui ressemblaient
brillant à lèvres… rose. (J’avoue que j’ai longtemps tout trop à une vie capitaliste ! Une année,
gardé dans un coffret que j’ai fini par bazarder, inquiète
de l’attirance suspecte qu’il exerçait sur moi.) Il y avait
mon père a travaillé pour un type qui
avait des magasins de jouets. La veille
iSTOCK ; GAMMA RAPHO ; MATTEL/BESTIMAGE ; ABACA.

aussi nos délicieux apartés avec Cynthia à la récré

pour parler de nos trésors, sous le regard jaloux de mes
copines. Chaque mois, une enveloppe rose et nos
confidences avec les yeux qui pétillent. Barbie, c’était
le rêve d’une vie glamour qui serait la mienne un jour.
Jusqu’au méchant coup d’arrêt quand mes parents ont
refusé de reprendre l’abonnement dont le prix s’envolait.
J’ai protesté en vain, avec d’autant plus de virulence
que ma chère Barbie n’y allait pas de main morte dans
ses missives : “Je ne vais plus te donner de mes nouvelles
si tu ne renvoies pas le coupon.” À quoi tient l’amitié… »
ELLE 15 JUIN 2O23
de Noël, un coursier nous a apporté un
sac géant de jouets, dont deux Barbie.
Nos parents n’étaient pas là. Interdites,
on a regardé les Barbie, on les a déballées
et, oui, on a joué avec. Nous avions 8 ou
9 ans. Nos parents nous ont fait rendre
les Barbie le 24 décembre. Ambiance. »
79
ELLE MAGAZINE

« CETTE SALOPE « C’EST UNE ÉMANCIPATRICE DE FOLIE ! »

M’A COÛTÉ DIX ANS MATHILDE, 34 ans
D’ANALYSE »
MARION, 38 ans « Petite, j’avais soixante Barbie et deux Ken. Je
« Je n’ai jamais pu la saquer ! J’ai immédiate- détestais les poupons. Avec eux, je ne pouvais rien
ment vu la supercherie et cerné la fouteuse de
merde qu’elle représentait pour la fillette que
faire à part en prendre soin. Avec Barbie, au
j’étais, métisse aux cheveux afro et à la sil- contraire, on n’est pas dans le “care” : les miennes
houette qui se profilait androgyne — mon père avaient plein de métiers et de copines, sortaient tout
le temps. Elles avaient un rapport
est originaire du Kenya et ma mère est nor-
mande. Pourtant, moi
aussi, j’en ai eu une car au monde qui me faisait rêver : j’ai
mes copines n’avaient
alors d’yeux que pour
eu une Barbie impératrice, une
elle. C’était ça ou rester Barbie docteure, une Barbie
toute seule. Des heures
durant, j’ai donc manié
institutrice, une Barbie jockey
la brossette rose pour et même une Barbie Michelle
lisser sa blondeur, Obama, achetée à 23 ans. C’est
ardemment convoitée
par mes copines “pour une émancipatrice de folie !
quand elles seraient C’est une femme indépendante, elle
grandes”. Des heures à
voir s’agiter cinq Barbie
est en capacité de faire plein de
aux mollets galbés choses, elle est maîtresse d’elle-même.
quand mes jambes, qui 1970
C’était l’action qui m’intéressait
chez elle. Je me projetais déjà dans
s’allongeaient à vue
d’œil, avaient l’allure
de bâtons de ski sortant de ma jupe. Des ma vie d’adulte. C’était un peu mon
heures qui ont entériné notre incompatibilité.
Délit de trop belle gueule, trop lisse, trop gâtée
“Sex and the City”, version enfant. »
par la vie dans son cabriolet rose. Elle repré-
sentait tout ce que je n’étais pas, et que je pen-
sais alors ne jamais être : une vraie-femme- “JE DESSINAIS DES ZIZIS
SUR les slips de Ken
féminine. Comment aurais-je pu m’identifier ou
me projeter dans ce modèle, où l’idéal féminin
s’exprimait par une peau blanche, une longue PARCE QUE JE NE
chevelure blonde et surtout des seins en obus, COMPRENAIS PAS POURQUOI
LUI DEVAIT AVOIR
démesurément haut perchés. Une machine
insidieuse à fabriquer des générations de
complexées. Et j’en suis ! Je fais un 90 A et je UN SLIP ET PAS BARBIE.”
me suis longtemps sentie anormale de ne pas
ÈDITH, 42 ANS
avoir de seins. Nul doute que je le lui dois !
Combien d’étés me suis-je interdit les tops
moulants ? Combien d’années m’a-t-il fallu
pour dénuder mon buste sans malaise avec un
homme ? J’ai envisagé la chirurgie esthétique
pour avoir un bonnet D. “Ce volume ne sera
pas harmonieux avec votre morphologie, tout
est fin chez vous. Votre représentation du corps
n’est pas réelle”, m’a opposé le chirurgien, en
m’invitant à réfléchir. Le déclic ! Dix ans de
divan plus tard, j’ai enfin largué les stigmates
de cette salope de Barbie ! »
2004
2022
80 2004 2023 2023
 ELLE MAGAZINE

« J’AIMAIS DÉTESTER « BARBIE A FAIT PARTIE

SA PERFECTION » DE MON ÉDUCATION SEXUELLE »
HÉLOÏSE, 43 ans ALICE, 38 ans

« J’avais une sorte d’attraction-répulsion envers
les Barbie. Toute petite, j’enviais mes amies
qui en possédaient. Je me rappelle avoir
même eu la tentation d’en voler une – Barbie
Splendeur – chez une copine. Plus tard,
les miennes (six au total) m’agaçaient. Je les
trouvais ennuyeuses avec leurs lignes parfaites
et leurs paillettes, trop lisses. Je ne pouvais
m’empêcher de leur peinturlurer le visage,
de leur couper les cheveux. Comme si j’avais
besoin de les enlaidir pour qu’elles collent
plus à la réalité, ou tout simplement pour qu’elles
soient différentes. Ne pas être comme tout
le monde a toujours été important pour moi,
même à 9 ans. C’est peut-être pour cette raison
que ma Barbie préférée était noire, moins
blonde, donc moins insipide. C’est d’ailleurs
la seule à qui je n’ai pas coupé les cheveux.
Les autres étaient coiffées comme des garçons,
avec des piercings aux oreilles faits à l’aiguille.
Elles passaient leur temps à se disputer.
C’est drôle, j’ai aujourd’hui les cheveux courts
et des piercings aux oreilles ! Heureusement,
je ne passe pas mon temps à me disputer,
mais j’ai une grande gueule, me dit-on,
et je suis souvent à contre-courant. Barbie
aurait-elle forgé mon côté rebelle ? Une chose
est sûre : je n’aime pas la représentation de
la femme qu’elle véhicule, avec sa plastique
qui n’existe pas. Ma fille de 6 ans en a une,
mais je l’oriente plutôt vers les Playmobil. »
« Pour moi, Barbie était très sexuée. Blonde, avec une forte poitrine,
des jambes de 10 kilomètres, des robes ultra-sexy… Elle était très loin
de moi ou de ma mère. Je ne m’identifiais pas du tout à elle. C’était un
idéal de femme, je la trouvais très belle, voire, sans le savoir, désirable.
J’avais un seul Ken. Un jour, pendant les vacances, j’ai obligé mon cousin
à y jouer avec moi en échange de parties de bataille navale. Nous
devions avoir 8 ans. Lui était Ken et moi, bien sûr, Barbie. On jouait à
la famille parfaite et puis, très vite, nous avons déshabillé nos poupées
pour qu’elles fassent l’amour. Nous les frottions, à la verticale, l’une contre
l’autre en répétant “Mon amour, mon amour”. Le sujet de la sexualité
devait me travailler. J’avais dû entrevoir des images de film olé-olé
ou entendre peut-être mes parents. Quoi qu’il en soit, avec mon cousin,
ce jour-là, je me souviens de la découverte de sensations très agréables.
C’était enfantin et complètement dénué de perversité. C’était aussi
partagé puisque, après cet épisode, mon cousin ne rechignait plus
à jouer avec moi à la Barbie. Mais nous avions de la pudeur par rapport
à notre jeu de rôle, comme si nous savions inconsciemment qu’il faisait
partie de l’intime, et surtout de la sphère des grands. Alors, on s’isolait
des parents dans notre cabane en carton. En général, c’est moi qui
imaginais les scénarios. Je transposais tout ce qui se passait dans ma
famille, ou plutôt ce qui ne s’y passait pas – mes parents se disputaient
beaucoup, ils ont fini par divorcer. Mon Ken et ma Barbie, eux, devaient
être heureux et s’aimer plus que tout. La maison, la voiture, le chien, le
jardin d’hiver… Barbie allait se promener avec Ken, ils rentraient chez eux,
se déshabillaient et faisaient l’amour. Nous avions fini par leur écarter
les jambes et leur faire faire des positions acrobatiques, sans nous douter
un seul instant que c’était le “Kama-Sutra” que nous étions en train de
parodier. À travers le corps de ma poupée, j’explorais une forme de
plaisir. Je me demande aujourd’hui si mon complexe sur mes seins,
que je trouve minuscules, ne vient pas de là. Toujours est-il qu’avec mon
cousin, aujourd’hui, lorsqu’on évoque Barbie, on devient tout rouges. »

« JE LUI FAISAIS VIVRE LES HISTOIRES

D’AMOUR DONT JE RÊVAIS »
STÉPHANIE, 40 ans
MATTEL/BESTIMAGE ; MATTEL/PHILIPPE PLUYETTE ; ABACA ; MEGA/KCS.

« J’adorais mes Barbie. Je devais en avoir une trentaine. Avec du recul, je réalise qu’elles m’ont permis d’exprimer mes émotions et
surtout de me libérer de mes frustrations. Je leur faisais vivre la vie dont je rêvais. Petite, j’étais boulotte et très timide. Ma meilleure amie
était l’inverse. On aurait dit une poupée, justement. C’était elle qui avait les amoureux. Moi, j’étais une spectatrice envieuse et
complexée. Avec mes Barbie, j’étais une actrice. À travers elles, je réécrivais les histoires de ma cour de récré, surtout celles de mes
amours secrets. Mes quatre Ken devenaient à tour de rôle Julien, mon voisin de CE2 à qui je n’osais pas parler. Mark, le petit
correspondant américain sur lequel j’avais flashé en CM1. Ou encore Gilles, que je rêvais d’embrasser sur la bouche, moi aussi,
comme ma meilleure amie. Il y avait des histoires de jalousie, de tromperie, de crêpage de chignon, mon narratif ressemblait un peu
à celui de “Santa Barbara”. En tout cas, c’était un espace d’une grande liberté où je m’autorisais à tout dire, tout faire, sans
autocensure. Je préférais d’ailleurs jouer seule avec mes Barbie. Il y avait toujours la méchante et la gentille, qui était forcément la plus
belle, celle que j’avais choisie comme héroïne de mon histoire ; moi, indirectement. À la fin, avec Ken, ils s’embrassaient pendant
des plombes… Quand j’ai été un peu plus grande, je leur faisais faire l’amour, tout nus sur le canapé convertible de Barbie ! »
« BARBIE », de Greta Gerwig, avec Margot Robbie, Ryan Gosling… En salle le 19 juillet.

ELLE 15 JUIN 2O23

 Brassière et legging, GUESS.
Écharpe, PRADA. Visière,
MOSCHINO. Boucles d’oreilles,
BALENCIAGA. Ras-de-cou,
VERSACE. Pendentif « Cœur
Entrelacé » en émail et or,
POIRAY. Pendentif « Jeux de
Liens » en or, nacre et diamant,
CHAUMET. Au poignet droit.
Bracelets, HERMÈS, AURÉLIE
BIDERMANN et SWAROVSKI.
Montre « Ma Première Cadran
Tressé », POIRAY. Au poignet
gauche. Bracelets, PRADA,
CELINE PAR HEDI SLIMANE
et AURÉLIE BIDERMANN.
Sac « Micro Bon Bon »,
JIMMY CHOO.
 BUBBLE
Top et short, CHANEL.
Écharpe et bandeau,
PRADA. Boucles
d’oreilles, MOSCHINO.
Ras-de-cou, VERSACE.
Au poignet droit. Bracelets, ACCESSOIRES GONFLÉS,
HERMÈS, AURÉLIE
BIDERMANN et
TENUES MICRO ET ROSE CANDY...
SWAROVSKI. Montre
« Ma Première Cadran
LA MODE EST UN JEU D’ENFANT.
Tressé », POIRAY. Au PHOTOGRAPHE JEREMIE MONNIER
poignet gauche. Bracelets, RÉALISATION HORTENSE MANGA
PRADA, CELINE PAR
HEDI SLIMANE et
AURÉLIE BIDERMANN.
Bottines, PATOU.
 Brassière, ARMANI. Jean,
BLUMARINE. Écharpe et
bandeau, PRADA. Boucles
d’oreilles, SWAROVSKI.
Ras-de-cou, VERSACE.
Pendentif « Jeux de Liens » en
or et diamants, CHAUMET.
Au poignet droit. Bracelet,
MOSCHINO. Au poignet
gauche. Bracelets, AURÉLIE
BIDERMANN, CELINE
PAR HEDI SLIMANE,
PRADA et MOSCHINO.
Montre « Ma Première
JEREMIE MONNIER

Cadran Tressé », POIRAY.

Cabas « Duty Free »,
BALENCIAGA. Ceinture,
HERMÈS.
Brassière et jupe, PRADA.
Chouchou, LOUIS VUITTON.
Boucles d’oreilles, AURÉLIE
BIDERMANN. Ras-de-cou,
VERSACE. Pendentif « Jeux
de Liens » en or et diamants,
CHAUMET. Collier, MOSCHINO.
Bracelets, CELINE PAR HEDI
SLIMANE, PRADA et AURÉLIE
BIDERMANN. Merci à Queen,
la petite chienne Spitz.
Pull, FENDI. Short, MIU MIU.
Écharpe et bandeau,
PRADA. Ras-de-cou,
VERSACE. Pendentif « Cœur
Entrelacé » en émail et or,
POIRAY. Sac « Twist PM »,
LOUIS VUITTON. Escarpins,
LOUIS VUITTON.
 Combinaison, MARINE SERRE.
Serre-tête, ALEXANDRE
DE PARIS. Écharpe, PRADA.
Boucles d’oreilles, AURÉLIE
BIDERMANN. Ras-de-cou,
VERSACE. Pendentif « Cœur
Entrelacé » en émail et or,
POIRAY. Pendentif « Jeux de
Liens » en or, nacre et diamant,
CHAUMET. Ceinture, HERMÈS.
Au poignet droit. Bracelets,
HERMÈS, AURÉLIE
BIDERMANN et SWAROVSKI.
Montre « Ma Première Cadran
Tressé », POIRAY. Au poignet
gauche. Bracelets, PRADA,
JEREMIE MONNIER

CELINE PAR HEDI SLIMANE et

AURÉLIE BIDERMANN.
Sac « Pencil Cat », LANVIN.
Sandales, TAMARIS.
 Robe, MANGO. Bandeau,
PRADA. Boucles d’oreilles,
BALENCIAGA. Ras-de-cou,
VERSACE. Pendentif « Cœur
Entrelacé » en émail et or,
POIRAY. Pendentif « Jeux de
Liens » en or, nacre et diamant,
CHAUMET. Au poignet droit.
Bracelets, HERMÈS, AURÉLIE
BIDERMANN et SWAROVSKI.
Montre « Ma Première Cadran
Tressé », POIRAY. Au poignet
gauche. Bracelets, PRADA,
CELINE PAR HEDI SLIMANE
et AURÉLIE BIDERMANN. Sac
« Birkin 25 Picnic », HERMÈS.
Sandales, LEONARD PARIS.

JEREMIE MONNIER
Doudoune, AVELLANO. Maillot de bain,
CALZEDONIA. Bandeau, MIU MIU.
Boucles d’oreilles, SWAROVSKI.
Ras-de-cou, VERSACE. Pendentif « Jeux
de Liens » en or et diamants, CHAUMET.
Bracelet, AURÉLIE BIDERMANN.
 Crop top, MOSCHINO.
Écharpe, PRADA. Bandeau,
MIU MIU. Boucles d’oreilles,
AURÉLIE BIDERMANN.
Solaires, FENDI. Ras-de-cou,
VERSACE. Pendentif « Cœur
Entrelacé » en émail et or,
POIRAY. Pendentif « Jeux de
Liens » en or, nacre et
diamant, CHAUMET. Au
poignet droit. Montre « Ma
Première Cadran Tressé »,
POIRAY. Bracelets,
SWAROVSKI, AURÉLIE
BIDERMANN et HERMÈS.
Au poignet gauche.
Bracelets, CELINE PAR HEDI
SLIMANE, AURÉLIE
BIDERMANN et PRADA.
 Veste et jupe, CELINE PAR
HEDI SLIMANE. Écharpe et
bandeau, PRADA. Boucles
d’oreilles, BALENCIAGA.
Ras-de-cou, VERSACE.
Au poignet droit. Bracelets,
HERMÈS, AURÉLIE
BIDERMANN et
SWAROVSKI. Montre
« Ma Première Cadran Tressé »,
POIRAY. Au poignet gauche.
Bracelets, PRADA, CELINE
PAR HEDI SLIMANE et
AURÉLIE BIDERMANN. Sac
« Box-Trot XS », LONGCHAMP.
Myrthe Bolt est représentée
par l’agence Next.
ASSISTANTE STYLISME
Coralie Brialix.
STYLISME DÉCO Alexis
Barbera.
JEREMIE MONNIER

COIFFURE Kazue Deki.

MAQUILLAGE Laure Dansou.
MANUCURE Marieke
Bouillette.
 SPÈCIAL BEAUTÈ

Peau FRAÎCHE, bouche PULPEUSE, crinière LUMINEUSE,

ALLURE NATURE...
GEORGIA MAY JAGGER INCARNE
AVEC GRÂCE L’APPEL DE LA PLAGE.
PHOTOGRAPHE EMMA TEMPEST
VIVEMENT L’É TÉ
HORTENSE MANGA
RÈALISATION
TEXTES ÈLISABETH MARTORELL, VITORIA MOURA GUIMARAES, MARIE MUÑOZ ET LAURIANE SEIGNIER
SHORTY DE BAIN « SCRUNCHY BLEU » BANANA MOON, VISIÈRE AMAZON FASHION. ELLE BEAUTÈ
ELLE BEAUTÈ
PHOTOS EMMA TEMPEST. COLLIER GOOSSENS PARIS (PAGES DE DROITE ET DE GAUCHE).
MAILLOT DE BAIN GUCCI, BAGUE CARTIER, DRAP DE BAIN COLMAR (PAGE DE GAUCHE).

YACON: LE SUCRE
QU‘IL NOUS FAUT
Originaire d‘Amérique du Sud, ce superaliment possède un indice
glycémique très bas, c’est donc ce qu’il y a de mieux
pour les personnes atteintes de diabète ou qui suivent un régime keto.
Très riche en prébiotiques (54 %), il favorise le développement
des « bonnes » bactéries de la flore intestinale. On le trouve sous forme de
sirop de couleur caramel et il se révèle parfait pour réaliser certaines
recettes de gâteau. Il se présente aussi sous forme de poudre qu’on dilue,
par exemple, dans le café. (Infos sur yacon.co et sur sol-semilla.fr)
MAQUILLAGE Chanel par Lloyd Simmonds, avec Les Beiges
Fond de Teint Belle Mine B30, la Poudre Universelle Libre n°30
et le Rouge Allure L’Extrait Rose Audacieux.
 SIESTE OBLIGATOIRE
Vivre à un rythme différent – celui des vacances, en l‘occurrence – peut améliorer le sommeil et lui rendre son indispensable effet
récupérateur. Le programme recommandé par l‘ostéopathe Benjamin Fonteix du centre de thalassothérapie
et spa Thalazur de Bandol : davantage d‘activités physiques dans la journée, moins de temps devant les écrans et une sieste
l‘après-midi (pas plus de 20 minutes), juste pour se relâcher.
PHOTOS EMMA TEMPEST. CULOTTE DE MAILLOT DE BAIN « SAN DIEGO » CALZEDONIA.

ELLE BEAUTÈ
ELLE BEAUTÈ

L‘EFFET

BARRETTE À CHEVEUX CELINE, COLLIER GOOSSENS PARIS, BOUCLES D’OREILLES PERSONNELLES (PAGE DE DROITE).
PÉTALE

PHOTOS EMMA TEMPEST. MAILLOT DE BAIN GUESS, CHOUCHOU LOUIS VUITTON, VISIÈRE MARINE SERRE,
Un fard-crème rose lilas
sur les paupières et
un rouge bouche mordue
sur les lèvres forment
un duo doux mais acidulé,
qui relève le hâle
juste ce qu‘il faut.
MAQUILLAGE Chanel
par Lloyd Simmonds,
avec Les Beiges Touche
de Teint B20, l’ombre
à paupières liquide
Ombre Première Laque
Vastness, la palette yeux
Les 4 Ombres Tissé
Camélia, le mascara
Noir Allure Noir et
le Rouge Coco Baume
Dreamy White.
 L‘HUILE
ANTI- PAILLE
S‘il y a un geste dont on use et abuse au bord de la mer pour éviter les longueurs
sèches, c‘est l‘application systématique, avant son shampooing,
d‘une huile. L‘idéal est de le faire une heure à l’avance, mais quelques minutes
avant, cela fait déjà la différence. (L‘Huile de Leonor Greyl.
Le Masque Nutrition Avant-Shampooing Hair Prodigieux de Nuxe.)
ELLE BEAUTÈ

CHOISIR
LA COULEUR
DE SES YEUX,
VRAIMENT?
Vert émeraude, bleu intense, miel doré…
La couleur de n‘importe quel iris
peut désormais être métamorphosée
par le Dr Francis Ferrari grâce à une
technique de tatouage de la cornée,
cette fine pellicule transparente qui
couvre l‘œil. Réalisée sous anesthésie
générale – avec le même laser qui
corrige la vision –, cette chirurgie
présenterait peu de risques, si ce n‘est
que la couche de pigments ajoutés
peut rendre plus complexes les futurs
examens ophtalmologiques.
Á 7 200 euros l‘intervention, mieux vaut
tester des lentilles de couleur avant
de se lancer. (Infos sur neoris-eyes.com)
(PAGES DE GAUCHE ET DE DROITE). MAILLOT DE BAIN « ONE SIZE » ETAM,
PHOTOS EMMA TEMPEST. COLLIER GOOSSENS PARIS ET BAGUE CARTIER

CHOUCHOU ET BOUCLES D’OREILLES PERSONNELS (PAGE DE DROITE).

LA FORCE
DU FLOW
Comment atteindre le flow, cet état de grâce dont tout le monde parle ? Selon le psychologue Mihály Csíkszentmihályi,
qui l‘a développé en 1990, on parle de flow quand notre esprit et nos émotions sont focalisés à 100 %
sur une même activité. Pour les sportifs, cela se traduit par un état d’engagement total et d‘immersion extrême, où chaque
mouvement semble naturel et fluide. Comment y parvenir ? Le flow émerge lorsque nous sommes stimulés, sans être
dépassés par les difficultés : on se trouve un objectif en adéquation avec nos compétences, sans stress ni ennui. C‘est là que
le cerveau libère un tas d‘hormones qui vont nous booster et nous faire sortir de notre zone de confort, avec le sourire…
« Vivre. La Psychologie du bonheur », de Mihály Csíkszentmihályi (éd. Pocket).
 L‘HYDRATATION
IN & OUT
Le secret de Gisele Bündchen et de Naomi Campbell  pour
booster l’hydratation de leur peau ? Les électrolytes, ces sels
minéraux – magnésium, sodium et potassium (couramment
ajoutés dans les boissons sportives) – qui produisent une
solution conductrice d‘électricité au contact de l‘eau, optimisant
son absorption par les cellules, décuplant l‘hydratation et
renforçant la barrière cutanée. La nouveauté : ils s‘invitent
désormais dans les soins pour la peau. (À appliquer :
Masque Hydratant F-Balm Electrolyte de Drunk Elephant.
À boire : Intermittent Fasting Supplement Set de Dr. Barbara
Sturm ou Sticks Hydratation d’AimeFit.)
 ELLE BEAUTÈ

OMG !
Pour se détendre en
profondeur, on peut aussi se
brancher sur la bonne
fréquence. Celles émises en
sonothérapie, notamment
– des sons pour la plupart
PHOTOS EMMA TEMPEST. CULOTTE DE MAILLOT DE BAIN ETAM.

inaudibles mais bien réels –,

génèrent des vibrations qui
se propagent au cœur de
nos cellules. « Le son “OM” a,
par exemple, la même
fréquence que celle de la
Terre (7,83 hertz) et est idéal
pour la méditation »,
explique Mayia Alleaume,
sonothérapeute et autrice
de « La Beauté énergétique »
(éd. Larousse).
 ELLE BEAUTÈ

MARCHER
PIEDS NUS
Fouler un sable dur, friable
ou mouillé ; des galets ; un
sol en pierre ou en bois…
Toutes ces sensations
retrouvées l‘été offrent
un énorme avantage :
celui de stimuler notre
proprioception (la
perception de notre
positionnement dans
l‘espace). Voilà pourquoi,
« au fil des jours, avec
ce nouvel équilibre que
le corps doit trouver,
ce balancement du bassin
un peu différent, ces orteils
qui s‘accrochent
davantage au sol, on peut
ressentir moins
de douleurs dorsales »,
explique l‘ostéopathe
Benjamin Fonteix
(Thalazur de Bandol).

104
 PHOTOS EMMA TEMPEST. MAILLOT DE BAIN GIORGIO ARMANI,
COLLIER GOOSSENS PARIS, BAGUE CARTIER.

105
 FOOD
DIGESTE
Se régaler sans gluten, sans lait, sans beurre et sans œufs, est-ce possible ? Oui, avec les galettes bretonnes à base de farine de sarrasin
mélangée à de l‘eau, ce qui les rend naturellement riches en protéines (dont tous les acides aminés essentiels), en fibres solubles
et en antioxydants. Ou encore avec les typiques « beijus » (crêpes) brésiliennes à la farine de tapioca, riche en magnésium et en fibres.
Un vrai délice quand elles sont pliées en deux avec des fruits frais tranchés ou une purée d‘amandes à l’intérieur…
MAQUILLAGE Chanel par Lloyd Simmonds, avec Les Beiges Eau de Teint Medium Light et le Rouge Allure L’Extrait Rouge Excessif.
 ELLE BEAUTÈ

SOUS LE SOLEIL,
PHOTOS EMMA TEMPEST. COLLIER GOOSSENS PARIS, BOUCLES D’OREILLES PERSONNELLES (PAGE DE GAUCHE).

EXACTEMENT
Dernière target en matière de protection solaire ?
La carbonylation. Ce phénomène dû à
l’exposition au soleil qui abîme les protéines dans notre
peau et fait le lit des rides et du relâchement cutané.
CULOTTE DE MAILLOT DE BAIN « SAN DIEGO » CALZEDONIA (PAGE DE DROITE).

On se protège donc toujours et encore

de l‘excès de rayons, responsables à plus de 80 %
du vieillissement visible de la peau.
Georgia May Jagger est représentée par l’agence Elite.
ASSISTANTE STYLISME Coralie Brialix.
MAQUILLAGE Chanel par Lloyd Simmonds.
COIFFURE Shon Hyungsun Ju.
Tous nos remerciements à l’hôtel Meliá
à Grande Canarie, melia.com.
 R
E I

Food
PEUT-ON ENCORE
MANGER DU POISSON ?
Oui ! répondent huit experts de la mer – chefs,
poissonniers ou pêcheurs. Sans discours alambiqués
ni langue de bois, ils nous livrent leurs méthodes
et conseils pour bien choisir, cuisiner et apprécier
RICHARD HAUGHTON

le poisson cet été et en toute saison. PAR CAMILLE OGER

108 ELLE 15 JUIN 2O23


S’ÉDUQUER À LA DIVERSITÉ
Par Alexandre Couillon, restaurant
La Marine***, Noirmoutier
« C’est devenu compliqué de parler de
saisons et d’espèces locales car nous
observons des changements étonnants. À
La Marine, nous ne nous interdisons aucun
poisson, mais nous nous fournissons en
direct auprès des pêcheurs, quasiment tous
à la ligne, et à la criée d’à côté, tous les
matins. Les poissons y sont d’une fraîcheur
exceptionnelle – c’est notre obsession. On
y trouve des valeurs sûres, comme le merlan,
le turbot ou le lieu jaune, mais aussi de la
julienne, du grondin ou du mulet qui méritent
tout autant d’être cuisinés. Il faut savoir
s’adapter. Aussi, je ne m’oppose pas à la
pisciculture de qualité, à petite échelle.
On peut encore nourrir les gens intelligem-
ment en faisant des cartes courtes, avec
peu d’espèces à la fois. Et si demain il y a
moins de poissons, on en fera moins, et
on travaillera plus de coquillages et de
légumes. Pour ceux qui n’habitent pas au
bord de l’eau, certains sites proposent la
livraison, des camionnettes viennent en ville
avec du poisson frais et permettent de
découvrir d’autres espèces. C’est intéres-
sant pour les adultes, mais aussi pour les
enfants ; la diversité est une éducation. »
UN CONSEIL « Le poisson doit être bien
écaillé et rincé ; il faut des couteaux qui
taillent à la perfection pour couper la chair
sans l’écraser, et des planches immaculées.
Soyez délicats : le rouget ne se gratte pas,
on l’écaille avec les doigts pour ne pas
abîmer sa chair. »
DIRE NON AUX IMPORTATIONS
Par Charles Braine, patron pêcheur
à Brest, président
de l’association Pleine Mer
« Nous sommes bientôt 10 milliards pour
70 millions de tonnes de produits de la mer
par an, soit 7 kilos de poisson par personne,
et les Français sont à plus de 35 kilos. Plus
ELLE ART DE VIE
de 80 % des produits de la mer consom-
més en France sont importés et sont pêchés
ou élevés dans des conditions épouvan-
tables, saumon et cabillaud en tête.
Les priorités pour moi sont d’éviter le pois-
son d’élevage, truite incluse, d’acheter
du poisson entier et pêché en France ou,
au pire, en Atlantique nord-est (ANE), et
d’éviter le chalut et la senne. En été, profi-
tez du thon rouge de ligne et goûtez au
mulet, bon comme du bar, au tacaud et au
merlan, qui ressemblent au cabillaud en
trois fois moins cher. »
UN CONSEIL « Faites cuire votre poisson
entier au four dans un plat sans rien,
1 heure par kilo à 80 °C. Cuisson inra-
table ! Faites cuire les filets et les dos uni-
quement du côté peau dans une poêle
avec du beurre et de l’huile en arrosant
pendant la cuisson. Quand ce n’est plus
rosé en haut, c’est cuit ! »
RESPECTER LA SINGULARITÉ
DES ESPÈCES
Par Gérald Passedat, restaurant
Le Petit Nice***, Marseille
« Je ne prends que du poisson de ligne qui
ne touche jamais la glace et je ne com-
mande rien : je travaille avec une quinzaine
de pêcheurs locaux et je prends soin
depuis des décennies de ne pas me foca-
liser sur les “poissons nobles” mais au
contraire d’élargir le champ des possibles.
Une chair de merlan de palangre res-
semble à celle d’une belle langouste ; le
maquereau, l’anchois ou la girelle sont
extraordinaires quand on les magnifie.
Chacun a sa propre jutosité, sa mâche et
son parfum, à ne pas masquer par des
saveurs grossières.
C’est du bon sens paysan – ou de la
pêche raisonnée, qu’on pratique ici
depuis des siècles – de travailler une
soixantaine d’espèces par an, variant
selon la saison : gobie, bavarelle, roucas,
verdao… En Méditerranée c’est
109
 ELLE ART DE VIE

bientôt le moment du thon, des

girelles, de la bonite, des sarrans, de
la pélamide, des poissons de roche.
Le rouget commence ; la sole, il n’y en
a pas… L’été chez nous, il n’y a pas
grand-chose, il ne faut pas croire ! »
UN CONSEIL « Assemblez les chutes de
poisson cru entre deux feuilles de
papier sulfurisé et tapez-les avec un cul
de casserole pour les rendre très fines.
Vous pouvez y inclure des tranches
millimétriques de légumes crus pour
obtenir un vitrail à assaisonner de sel,
poivre et huile d’olive. La peau écaillée
peut être séchée une nuit au four à
80-100 °C, puis laquée d’huile de
pépins de raisin bouillante sur une grille ;
elle gonfle comme une chips. Salé et
poivré, c’est délicieux ! »

PRIVILÉGIER
LES CIRCUITS COURTS
Par Charles Guirriec, fondateur
du réseau de vente Poiscaille
« Chez Poiscaille, nous avons
250 pêcheurs et ostréiculteurs parte-
naires en France, nous livrons dans tout
le pays et garantissons soixante-douze
heures au maximum entre la pêche et la
remise au consommateur. Nous ne fai-
sons que des techniques douces (ligne,
filet droit…) et du poisson sauvage, et
nous travaillons uniquement avec des
petits bateaux, garantissant des pêches
moins intensives. Enfin, nous rémunérons
mieux nos pêcheurs pour les encoura-
ger à pêcher moins.
Nous préparons des casiers de la mer
en fonction de la pêche des quarante-
huit dernières heures, avec des
espèces qu’on connaît et d’autres
VERA LAIR/STOCKSY

qu’on connaît moins, comme le maque-

reau espagnol, le tacaud… Ce dernier
est excellent mais très fragile ; je crois
que les “poissons nobles” sont en fait

110 ELLE 15 JUIN 2O23

 ELLE ART DE VIE

les plus résistants aux chaînes logis-

tiques longues. »
UN CONSEIL « Attention aux parasites
dans les merlus, juliennes et saint-pierres.
Ne les consommez pas crus, même
après congélation domestique. »
CONSOMMER MOINS,
MAIS MIEUX
Par Mika et Xavier Pensec,
restaurant de sushi Hinoki, Brest
« Chez Hinoki, nous prenons seulement
30 à 35 clients par semaine afin d’avoir
moins d’impact sur les ressources, et
98 % de nos poissons sont pêchés en
Bretagne. La qualité est très rare et l’uni-
vers du sushi beaucoup plus compliqué
que celui du poisson cuit, aussi bien
cuisiné soit-il par des chefs brillants – un
magnifique bar peut être bien moins
intéressant en saveur qu’un chinchard
pêché au bon moment.
Pour l’instant, nous ne croyons pas trop
à la pêche éthique : les consommateurs
se ruent toujours sur les promos des
grandes surfaces. La pêche à la canne
nous semble la plus saine ; il existe aussi
des micro-élevages de haute qualité
comme la ferme marine d’Artouan, en
Charente-Maritime. Il faut explorer
toutes les pistes avant qu’il ne soit trop
tard, et manger moins de poisson. »
UN CONSEIL « Il faudrait freiner nos
achats de poisson de début février à fin
mars, grande période de reproduction.
Pourquoi ne pas aller vers les coquilla-
ges, les légumes, et laisser les espèces
tranquilles quelques semaines ? »
ÊTRE EXIGEANT,
MÊME LOIN DE LA MER
Par David Gomes,
poissonnerie L’Écaille à la Cité
de la gastronomie, Dijon
« Le métier de la pêche est en train de
changer : retour aux petites pêches très
sélectives et saisonnières, on prend le
poisson quand il est bon et proche des
côtes, évitant aussi les dépenses de
gas-oil. J’ai l’impression que les choses
rentrent plutôt dans l’ordre, et que la
qualité s’améliore.
On peut avoir du poisson frais loin de la
mer ; celui qui arrive le matin à Saint-
Jean-de-Luz est sur mon étal le lende-
main. Je privilégie toujours les petits
bateaux côtiers aux méthodes de
pêche passives – le poisson vient se
faire prendre et non l’inverse – qui ne
détruisent pas le milieu, et je n’hésite
pas à proposer de la vive, comparable
à du filet de sole, ou de la vieille, qui
sont délicieuses, abondantes et bon
marché, voire des espèces invasives
comme le baliste, que nous avons inté-
rêt à exploiter. Mais je n’aime pas trop
désigner des espèces précises, car
elles peuvent vite être décimées. »
UN CONSEIL « Grillez les sardines au
barbecue entières ou elles se dessé-
cheront ! Salez-les simplement au gros
sel un peu avant la cuisson. »

LEXIQUE
BAR IL EST APPELÉ LOUP EN MÉDITERRANÉE. PALANGRE LIGNE MÈRE SUR LAQUELLE SONT FIXÉS
DES FILS DE NYLON SE TERMINANT PAR UN HAMEÇON. SENNE OU BOLINCHE FILET ENCERCLANT
LES BANCS DE POISSONS ET POUVANT ÊTRE PLUS OU MOINS GRAND – VOIRE IMMENSE. CHALUT
FILET EN FORME D’ENTONNOIR TRAÎNÉ PAR UN CHALUTIER. DRAGUE OUTIL À ARMATURE RIGIDE
RACLANT LES FONDS MARINS. MATURATION MÉTHODE COMPLEXE PERMETTANT DE MODIFIER LE
GOÛT ET LA TEXTURE DES POISSONS, GARDÉS JUSQU’À DEUX SEMAINES EN CHAMBRE DE MATURATION.

ELLE 15 JUIN 2O23 111

 ELLE ART DE VIE

NE PAS SE SENTIR OBLIGÉ

DE CASSER SA TIRELIRE
Par Mathieu Allinei, restaurant
Le Bistrot du Port, Golfe-Juan
« Oui, le saint-pierre est cher, à 35 euros
le kilo. Mais tous les poissons sont
bons ! Une oblade, une saupe ou une
dorade grise, c’est 10 à 15 euros pour
nourrir trois personnes. J’ai des
pêcheurs à Golfe-Juan, mais les
dorades et les loups, ce sont les Marseil-
lais qui me les rapportent ; ici, ils sont
généralement échappés de fermes
aquacoles très polluantes auxquelles je
suis fermement opposé, et moins bons
que la version sauvage.
En été, les yachts et les plaisanciers font
fuir le poisson, mais les pêcheurs ont le
droit de pêcher sur les roches où ils
trouvent du chapon, du corb, de la ras-
casse, ou vont plus loin rapporter du
voilier, du marlin, du mahi mahi… »
UN CONSEIL « Laquez la tête des pois-
sons avec une sauce sucrée-salée et
faites-la cuire longuement
au four. Elle ressortira bril- BON
lante ; plongez-y les À SAVOIR
doigts, mangez les « L’ÉTÉ, PROFITEZ
joues et le cou, sucez DES POISSONS BLEUS,
les petits os ! » ET CHERCHEZ LES LABELS
ET MARQUES COMME PAVILLON
FRANCE, GARANTIE
APPRIVOISER qui trouvent le pois- POUR ALLER PLUS LOIN
D’UNE PÊCHE FRANÇAISE »,
LES POISSONS CONSEILLE
son trop cher à passer – « CUISINER LE POISSON »,
QUI FONT PEUR DAVID GOMES. la journée ou la nuit DE JOSH NILAND
Par Andrea avec un pêcheur : ils com- (ÉD. MARABOUT), POUR
Moscardino, restaurant prendront mieux son prix ! Si NE RIEN JETER.
Ceto*, Roquebrune-Cap-Martin vous habitez près de la mer, allez – « LA PÊCHÉCOLOGIE »,
« Mes pêcheurs, de San Remo jusqu’à chercher le poisson sur les bancs des DE DIDIER GASCUEL
Marseille, pêchent à la ligne et au filet. pêcheurs ; il y a moins de choix qu’en (ÉD. QUAE), POUR
COMPRENDRE LES ENJEUX
Je refuse toutes les techniques qui poissonnerie, mais ainsi on soutient la
DE LA PÊCHE.
détruisent la mer – ça se voit tout de petite pêche locale. »
– LA CARTE INTERACTIVE
suite ! Quand il est pêché au filet, s’il UN CONSEIL « Pour les poissons blancs,
DE PLEINE MER
n’a pas trop attendu, le poisson est essayez des cuissons légères : vapeur, (ASSOCIATIONPLEINEMER.
encore vivant. poché… avec un filet d’huile d’olive. COM), POUR SAVOIR
L’été, je propose de l’espadon, du thon Pour ne rien gâcher, faites des bouillons OÙ ACHETER DU POISSON
rouge, du rouget, du merlan, de la mos- avec les arêtes, et utilisez les écailles : EN DIRECT.
RICHARD HAUGHTON

telle… Mais aussi des poissons qui font rincées, séchées puis frites et hachées, – LE GUIDE MR. GOODFISH
peur, dont la murène que je fais fumer elles peuvent remplacer la chapelure, (MRGOODFISH.COM),
comme l’anguille, ou en brandade. Il ou être mélangées à de la fleur de sel POUR CIBLER LES ESPÈCES
faut privilégier la qualité : j’invite ceux pour faire ma “fleur de sel de céto”. » DE SAISON.

112 ELLE 15 JUIN 2O23

Neptune distribution RCS CUSSET 391 751 351 - Visuels non contractuels - Crédit photos : Pascal Ribes - Hervé Van de Meulebroeke, Studio VDM.

Je me sens belle
elle me va bien...
Je bois Vichy Célestins !
Le secret pour se sentir belle
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 ELLE ART DE VIE
LA VILLA NOAILLES
Hyères
11.OO
ÉVEIL AU MUSÉE DU NIEL
Ouvert le 1er juin, ce musée
les pieds dans l’eau a tout
pour plaire : le site dans
le minuscule port du Niel
– une image de carte
postale —, le bâtiment
— une villa tout en géométries,
construite en 1962 avec
moult balcons pour savourer
la vue sur Porquerolles —,
le jardin où l’on peut s’installer
pour déjeuner, et bien sûr
la collection d’art abstrait
de Jean-Noël Drouin, dont
une cinquantaine de toiles
seront exposées, d’Olivier
Debré à Pierre Soulages.
6, route du port du Niel.
museeduniel.art
13.OO
FAST FISH AU DENTI
C’est attablé sur la place
Clemenceau, entièrement
repensée par l’architecte
114
Escapade
HYÈRES ENCORE !
À l’occasion du centenaire de la cultissime
villa Noailles, pleins feux sur Hyères et Toulon
pour un tour des nouvelles scènes archi-design
Rudy Ricciotti, avec ses
ombrières ajourées, que l’on
mange les meilleurs fishs
and chips et hamburgers de
poisson concoctés par le
jeune chef Martin Himeur.
Place Clemenceau.
Tél. : 06 08 97 09 43.
15.OO
DÉAMBULATION
À LA VILLA NOAILLES
La villa, une commande
de Charles et Marie-Laure
de Noailles à Robert
Mallet-Stevens, célèbre
ses 100 ans. L’occasion
de visiter la 17e édition de
Design Parade Hyères
pour découvrir dix jeunes
pousses du design, puis
LESLIE VACCARA
CHEZ MAY VINTAGE.
PAR SOLINE DELOS
de déambuler dans le salon
de lecture, la salle à manger,
le boudoir de Marie-Laure,
le bureau de Charles,
la chambre du couple, le tout
mis en scène par l’architecte
Pierre Yovanovitch.
Expositions du 23 juin au
3 septembre. 47, montée de
Noailles. villanoailles.com
17.OO
SHOPPING CHEZ
UN BRIN C’EST TOUT !
Séquence emplettes
chez la créatrice vannière
Kim Anh Le Thi, qui revisite
la vannerie traditionnelle
avec des suspensions
aériennes, mais aussi des
sacs seau, des besaces
et des paniers tressés
en osier ou en rotin et cuir.
12, rue de Limans. Tél. :
09 81 12 55 39. un-brin-cest-tout.fr
18.OO
BROCANTE
CHEZ MAY VINTAGE
Chaque matin, Leslie
Vaccara se lève aux aurores
pour aller chiner pichets
vernissés, barbotines,
tapisseries, meubles en rotin,
buffets de campagne…
Trouvailles qu’elle nettoie
et restaure avant de
VINCENT LEROUX
les mettre en scène dans
sa petite boutique
devenue incontournable.
Rue de Limans. Tél. :
09 54 06 92 78. @_may_vintage_
ELLE 15 JUIN 2O23
 ELLE ART DE VIE
2O.OO
RETENIR LA NUIT
AU LIDO BEACH
On termine la soirée
les pieds dans le sable,
au restaurant de cet hôtel
100 % charme. Face à la mer,
on se régale d’une cuisine
méditerranéenne sur laquelle
la jeune cheffe Laurette
Rebufa fait souffler un vent
de fantaisie. Une cuisine
concoctée avec des produits
choisis exclusivement chez
les petits producteurs locaux.
5, rue Émile-Gérard.
Tél. : 04 94 01 43 80.
Toulon
9.OO
GRAND CRÈME
AUX HALLES DE TOULON
Fin 2021, ces anciennes halles,
situées dans un bâtiment Art
déco entièrement restauré,
ont rouvert après vingt ans
de fermeture. Pour goûter
à l’ambiance de ce hot spot,
café-croissant au comptoir
du café Biltoki, avant de
faire le plein de spécialités
locales : miel de lavande,
farine de châtaignier…
28, place Vincent-Raspail.
Tél. : 04 22 14 65 79. biltoki.com
1O.OO
SHOT DE COULEURS
À L’HÔTEL DES ARTS
L’hôtel, dont la façade a été
entièrement revisitée par
une fresque multicolore de
l’artiste Alexandre Benjamin
Navet, se met cet été à
l’heure écoresponsable,
avec une exposition où
quatre institutions (le Centre
Pompidou, le Mobilier
national, le Musée des Arts
décoratifs et le Centre
national des arts plastiques)
116
LE HAMEAU DES PESQUIERS
sortent de leurs réserves
150 œuvres de designers
phares. Le fil conducteur ?
L’exploration de pistes
pour un design durable.
« Seconde Nature », du 23 juin
au 5 novembre. 236, boulevard
du Maréchal-Leclerc. hda-tpm.fr
13.OO
GRILLADES DE LA MER
À L’ESCALE
Envie de bout du monde ?
On file dans ce restaurant
à la terrasse posée sur l’eau,
dans l’anse de Méjean, entre
végétation, rochers et anciens
cabanons de pêcheurs,
à 10 minutes du centre-ville.
Au menu, poissons grillés
et la spécialité du chef,
la daube de poulpe, à
déguster après un plongeon
dans l’eau cristalline.
4, sentier des Douaniers.
Tél. : 04 94 36 06 64.
15.OO
ARCHI D’INTÉRIEUR
DANS L’ANCIEN ÉVÊCHÉ
C’est dans ce palais
épiscopal du XVIIIe que,
depuis 2018, les dix finalistes
de Design Parade Toulon,
OÙ DORMIR ?
SUR LA PRESQU’ÎLE DE GIENS,
DANS UN ÉCOLODGE TOUT EN
LUXE, CALME ET ROBINSONNADE.
AU PROGRAMME, NATURE VIRGINALE
ET PLAGE DE SABLE FIN.
Chambre double à partir de 200 €.
Le Hameau des Pesquiers,
1729, route de Giens.
lespesquiers.com
2O.OO
FIN DE SOIRÉE
AU BEAM !
Toujours dans l’ancienne poste
de Toulon, mais au rez-de-
festival d’architecture
chaussée, ce restaurant a tout
bon : l’architecture intérieure,
d’intérieur, dévoilent leurs la hauteur de plafond
utopies. On y découvre vertigineuse et la cuisine
aussi, entre rêve, brutalisme d’Arnaud Tabarec. Il imagine
et sophistication, l’hommage chaque jour un nouveau
à la Méditerranée d’Aline « menu découverte » aussi
Asmar d’Amman, présidente gourmand que sain, cuisiné
du jury. À ne pas rater non au four ou dans le Vitaliseur,
plus, la boutique revisitée par le fameux « cuit-vapeur » créé
LES MAISONS LELIEVRE ; VINCENT LEROUX.
le talentueux duo d’artistes par la diététicienne Marion
Jacent, où l’on shoppe moult Kaplan, la mère de François
trouvailles réjouissantes. Veillon, grand orchestrateur de
Du 22 juin au 6 novembre. 69, cours la renaissance de ce lieu.
Lafayette. villanoailles.com 2, rue Hippolyte-Duprat.
Tél. : 06 27 54 27 06.
18.OO restaurant.letelegraphe.org
MERVEILLES D’ÉMAUX AUX
ÉDITIONS DU TÉLÉGRAPHE
Au premier étage de
l’ancienne poste de Toulon,
l’atelier ruche des artistes
LE RESTAURANT
Victor Remere, Sacha
LE TÉLÉGRAPHE
Stoliarova et Mathurin
Louis qui orchestrent
à six mains des céramiques
inspirées. On craque
pour les assiettes creuses
aux formes singulières,
soupières et pichets en terre
cuite vernissée, cuillères
en céramique émaillée…
2, rue Hippolyte-Duprat.
Tél. : 04 94 24 04 04.
@leseditionsdutelegraphe
ELLE 15 JUIN 2O23
 ELLE ART DE VIE
Vos enfants sont dans les starting-blocks à l’approche des grandes
vacances et vous commencez à hyperventiler ? Dix conseils pour les occuper,
du trajet de départ aux journées d’été à rallonge
1. LES LAISSER BINGER
(VERSION SANS ÉCRAN)
On télécharge l’appli Alma
Studio développée par le
dj Martin Solveig, on met en
favoris les derniers épisodes
d’Oli – les contes pour
enfants racontés par des
auteurs sur France Inter –,
ou on investit dans le lecteur
Yoto (version mini) et
son catalogue d’histoires,
de contes, de musique ou de
relaxation (on n’oublie pas le
casque pour les transports !).
almastudio.com. radiofrance.fr.
Lecteur Yoto mini, 69,99 €,
eu.yotoplay.com
2. LEUR DEMANDER DE
METTRE LA MAIN À LA PÂTE
En tribu, à l’hôtel ou en
famille, on répartit les tâches
en fonction de leur
autonomie. Dès 5 ans,
un enfant peut aider à mettre
la table, autour de 8 ans,
faire la liste de courses et,
à 12 ans, changer les draps.
Ça les occupe et ça
évite les rancœurs dans
une maison partagée.
3. LES FAIRE BOSSER (MAIS
PAS SUR LES CLASSIQUES)
On leur lâche la grappe
avec les révisions du passé
du subjonctif, et on varie
les plaisirs avec le « Cahier
118
VOS ENFANTS
de vacances inclusif » de
Sorocité pour déconstruire
les préjugés de la vie
de famille sur la plage.
« Cahier de vacances inclusif »,
de Sororité (éd. Les Insolentes).
Dès 7 ans.
4. REPÉRER LES VILLES AVEC
CLUB DE PLAGE Si vous avez
opté pour des vacances
sur le littoral français,
la plupart des villes
touristiques possèdent
des clubs avec activités
encadrées par des
animateurs. Plage des
Enfants aux Portes-en-Ré,
Club Mickey à La Baule,
Kiwi Surf à Biscarrosse…
on les dépose pour gagner
trois points de vie.
5. RECONSIDÉRER
LE ALL-INCLUSIVE Avec les
nouvelles offres hôtelières
loin de l’enfer du tourisme
de masse, comme celles
des Maisons de Campagne
à moins de 45 minutes
de Paris, qui proposent des
séjours all inclusive avec kids
club dans la nature pour
les enfants, sessions sports
pour les parents, et assiettes
travaillées pour tout le
monde (et même un espace
de télétravail).
lesmaisonsdecampagne.com
PAR RAPHAËLLE ELKRIEF
6. LES LAISSER S’ENNUYER
On lève le pied avec leur
emploi du temps de ministre
et les activités à la pelle,
et on les aide à apprivoiser
l’ennui, dont les études
ne cessent de démontrer
les vertus. Sur la créativité
et le lien à soi d’abord, mais
aussi sur la fatigue d’enfants
lessivés par des rythmes
scolaires en surchauffe.
7. LES INCLURE Plutôt que
de potasser son Lonely
Planet dans son coin, on
attise leur curiosité avec des
guides touristiques pensés
pour eux. Comme les livres
illustrés des éditions
Bonhomme de chemin
(dernières destinations :
l’Irlande et La Rochelle)
ou les numéros des « Mini
Mondes », magazines qui
leur permettent de découvrir
chaque mois un pays
du monde et sa culture
au travers d’activités,
d’histoires et d’audios.
bonhommedechemin.fr
lesminimondes.fr
8. ALLÉGER LE PROGRAMME
En adaptant aux vacances
en famille les bonnes
pratiques du slow travel. On
oublie les circuits touristiques
pour tout voir en une
semaine et on privilégie
les visites un jour sur deux,
ou alors seulement le matin.
Et on ne fait pas l’impasse
sur la sieste, même si
le temps nous est compté.
9. LES RANGER ENTRE PAIRS
Au rôle de G.O., préférez
celui d’entremetteuse. S’il y a
bien des personnes avec
qui vos enfants trouveront
de quoi s’occuper, ce sont
les personnes de leur âge.
À la plage, en terrasse,
dans le lobby ou
dans le lotissement des
grands-parents, on les invite
à se faire des copains
ou on invite ceux que l’on
connaît déjà.
10. DONNER UN COUP DE
MAIN À UN AUTRE PARENT
Oui, un enfant qui braille
pendant 5 heures de trajet,
c’est infernal. Mais plutôt
que de faire des
pranayamas dans son coin,
on joue la carte de
la solidarité. Raconter une
histoire à l’enfant pénible,
lui proposer une partie
de cartes voire les jouets
de son propre enfant.
C’est peut-être 5 minutes
pour vous, mais, pour
un parent en galère, ça veut
ISTOCK
dire beaucoup.
ELLE 15 JUIN 2O23
 ELLE ART DE VIE
30 MN DE MUSCULATION
AVEC POIDS
= 1h de tennis
Passé 30 ans, la perte
de masse musculaire est
compensée par une prise
de masse graisseuse.
Lors d’une séance de fitness
avec des haltères, qui monte
en intensité, on muscle le haut
du dos et les bras, mais on
rééquilibre aussi les chaînes
posturales (abdos, dos,
ischio-jambiers, fessiers), pour
préserver le dos.
L’INFO EN + En club, le coach
adapte la charge à chacune
Forme
ON ANNULE
ET ON REMPLACE
Faire du sport, oui, mais optimiser son temps en
mobilisant son énergie à bon escient, c’est mieux
et sait faire monter le cardio
au juste niveau.
LE COURS DU MOMENT
BodyPump LesMills à
L’Appart Fitness. Liste des
clubs sur lappartfitness.com
15 MN DE CORDE
À SAUTER
= 30 mn de jogging
Pas le temps ni le courage
de courir ? En deux fois moins
de temps, avec une simple
corde, on peut améliorer
son cardio, gagner en
explosivité et se muscler.
Une fois le mouvement
acquis, c’est euphorisant…
120
PAR JEANNE DRÉAN
L’INFO EN + On choisit une et permet de poursuivre
corde adaptée à sa taille : le travail d’assouplissement
environ 2,55 m pour celles et de renforcement
qui mesurent moins de 1,75 m, des muscles posturaux. Des
2,85 m pour les plus grandes. variantes inspirées du fitness
LE COURS DU MOMENT Jymp combinent aussi endurance,
(contraction de gym et jump), renforcement musculaire,
en ligne ou Chez Simone, travail d’équilibre
Paris-2e. jymp-rope.com et de coordination.
L’INFO EN + Ballons, haltères,
50 MN DE BARRE élastiques ou travail au poids
FITNESS de corps… Impossible de
= 1 h 30 de barre au sol s’ennuyer avec des séances
Conçue pour les danseurs aussi variées que les playlists.
blessés, la barre au sol LE COURS DU MOMENT
décline les mouvements Barre Flow chez Poses
de danse classique par terre, Studio Marais, Paris-3e.
pour éviter les chocs, Infos sur poses-studio.com
ET
APRÈS ?
À LA SUITE D’UN
ENTRAÎNEMENT INTENSE
D’AU MOINS 40 MN,
LE CORPS PUISE DANS
LES RÉSERVES DE GRAISSE
ET DE SUCRE, JUSQU’À
48 H APRÈS.
1 H D’AQUAFITNESS
= 2 h d’Aquag ym
Idéale pour activer
la circulation et favoriser
l’élimination, l’Aquagym
manque de challenge.
Pour forger le physique
et le mental, on peut pratiquer
un mix de crossfit, fitness et
natation dans une séance
intense hors, sur et dans l’eau.
L’INFO EN + En immersion,
on soulage les articulations,
ce qui limite les risques de
blessure. Sur l’eau, on booste
le travail de gainage pour
combler le déséquilibre.
LE COURS DU MOMENT
Swimcross dans les centres
aquatiques Récréa.
Liste sur swimcross.fr
50 MN DE CERCLE
BOXING
= 1 h 30 de boxe
La boxe travaille le cardio,
sculpte la silhouette et booste
la confiance en soi. Pour les
novices, il existe une option
sans combat ni choc.
Au programme : 50 % boxe,
avec des coups sur Aqua
Bag, 50 % bootcamp
avec des sessions de HIIT.
L’INFO EN + En dix rounds, les
JON COMPSON/GALLERY STOCK
jeux de lumières et la musique
garantissent une séance
immersive hors du temps.
LE COURS DU MOMENT Le
Cercle Boxing, Paris-18e. Liste
sur lecercle-boxing.com
ELLE 15 JUIN 2O23
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VOTRE VITALITÉ,
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Vitalité Boost est un anti-coup de pompe grâce à la caféine

et aux vitamines qu’il contient. La caféine, issue en partie du
Guarana, et la vitamine C réduisent la fatigue passagère mentale
et physique. La vitamine B5 contribue à des performances
intellectuelles normales.
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parapharmacies pour booster votre vitalité... sans mettre
à plat vos économies1.

PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
• Lire attentivement les conseils d’utilisation indiqués sur la boîte.
• Ne pas dépasser la dose journalière recommandée.
• Tenir hors de la portée des enfants.
• Contient de la caféine (75 mg/comprimé) : déconseillé aux enfants et aux femmes enceintes.
• Complément alimentaire avec édulcorants. Une consommation excessive peut avoir un effet laxatif.
• Le produit est déconseillé aux personnes souffrant d’hypertension. Ne pas associer avec de l’éphédrine, de l’éphedra
ou d’autres stimulants.
(1) Prix public conseillé de 9,90 €. La pharmacie/parapharmacie reste entièrement libre de sa politique tarifaire et peut toujours,
à sa convenance, pratiquer des prix inférieurs ou supérieurs aux prix conseillés.

Complément alimentaire. Ne doit pas être utilisé comme substitut d’un régime alimentaire équilibré et varié et d’un mode de vie sain.

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 ELLE ART DE VIE

C’est mon histoire

JE SUIS LA
”VIEILLE FILLE
SYMBOLIQUE”
DE LA LE FUSIBLE familial

FAMILLE
« Vous vous êtes encore bien fait
avoir et ça ne date pas d’hier. »
J’ai sursauté en entendant la voix,
si rare, de mon psy. Une fois de
plus, je me plaignais d’être le
fusible familial, celle qui doit arran-
ger tout le monde mais qui passe
pour une ingrate si elle ose bron-
cher. Mes parents venaient de
Ingrate et corvéable saccager mon mois de juillet, en
m’expédiant dans notre maison
à merci… voilà de famille, près d’Avignon, pour
jouer les Mary Poppins. Selon eux,
l’image que traîne la femme de mon frère, enceinte
et proche du terme, avait besoin de renfort pour garder leur
Sonia auprès de aînée de 3 ans, en cas d’accouchement prématuré. À aucun
moment, il n’avait été envisagé de chercher de l’aide sur place,
ses parents depuis ou même celle des grands-parents eux-mêmes, qui crai-
gnaient de « déranger ». Non, c’est moi qu’on a réquisitionnée,
toujours. Jusqu’à ce enseignante-chercheuse, 30 ans passés, mariée, et qui misait
sur ces trois précieuses semaines sans étudiants pour avancer
que son psy pose un sur sa thèse à Paris.
J’ai payé mon billet de train, la moitié des frais de bouche et
étonnant diagnostic, servi de nounou gratuite, puisque ma belle-sœur a finalement
accouché une fois rentrée chez elle, après des vacances plus
qui a tout clarifié reposantes que prévu. Quand j’ai essayé de dire à mes
parents ce que ça m’avait coûté, ma mère a rugi : « Ce que tu
peux être mesquine ! Les aider, c’était la moindre des choses !
PROPOS RECUEILLIS PAR CHARLOTTE MOREAU
Et puis, qu’est-ce que tu avais de mieux à faire ? » En analyse,
j’avais déjà beaucoup abordé mes rapports avec ma mère.
Le gros de ma névrose, croyais-je. « On dit que, dans toutes
les familles, il y a une vieille fille symbolique, a alors lâché mon
lacanien, soudain loquace. Cette fille éternelle qui doit contri-

122 ELLE 15 JUIN 2O23


buer au bien-être des siens, sans jamais accéder au statut
d’adulte à part entière. Réfléchissez. De qui avez-vous hérité
ce rôle ? Y a-t-il d’autres vieilles filles dans les générations qui
vous précèdent ? » Ça m’a sauté au visage. Gabrielle, la sœur
de mon père. Sabine, ma cousine. Toutes les deux généreuses
de leur temps, vampirisées au profit de leur fratrie, moquées
pour leur prétendue raideur, alors qu’elles sont organisées,
efficaces, redoublant d’efforts pour faire régner l’harmonie.
AVOIR DES ENFANTS n’a rien changé
Ce concept de vieille fille symbolique n’était pas un diagnos-
tic, c’était une déflagration pour moi. Enfin, quelqu’un voyait
cette asymétrie, la reconnaissait. Jusque-là, je pataugeais
dans une vague honte, à expliquer vainement que mon
temps aussi avait de la valeur, à me faire traiter, donc, de
« mesquine », à finir par le croire un peu. Car ces accusations,
je les subis depuis l’enfance, dès que je dénonce une inéga-
lité de traitement avec mon frère. Mes parents se racontent
qu’ils nous ont élevés de la même manière, ne tolérant
aucune contradiction sur le sujet. Ma mère insiste sur son
« féminisme », persuadée d’avoir désamorcé comme il fallait
le machisme en travaillant. Et de « n’en avoir pas fait toute une
histoire », contrairement à ma génération.
Si j’osais remarquer qu’on ne demandait jamais à mon frère
de, littéralement, « faire la jeune fille de la maison » – passer
les plats, débarrasser, etc. –, on me répliquait de corriger mon
attitude parce que chez nous « on ne compte pas ». Délicieuse
ambiguïté de la formule, que mes parents utilisent toujours :
on ne tient pas les comptes – ou on n’a pas d’importance ?
Depuis que nous sommes adultes, c’est le temps et l’argent qui
cristallisent ce déséquilibre. Mon psy m’avait prévenue
qu’avoir des enfants ne changerait rien à cette partition fami-
liale, et la suite des événements lui a donné raison.
Deux ans après la fameuse consultation, je me suis expatriée,
puis j’ai enchaîné deux grossesses. De quoi faire bouger les
lignes ? Non. Noël, les vacances, à chaque retour en France,
le scénario se répète. Alors que nous vivons à l’étranger, nos
contraintes ne sont jamais prises en compte. Le pire étant l’été
et son mythe familial, les trois générations réunies par mes
parents dans la fameuse maison d’Avignon. Avec toujours le
même engrenage pour mon mari et moi : nous attendons que
les stages de voile et les colonies de vacances des uns et des
autres soient calés pour nous organiser, prenons des billets
d’avion à prix d’or à la dernière minute, et gardons tous les
cousins pendant que mon frère et ma belle-sœur « travaillent,
eux » et se font des week-ends avec leurs potes.
Dans ce comique de répétition génétique, j’ai tout de même
trouvé une alliée : Sabine, devenue la marraine de mon cadet.
Ensemble, nous parlons librement de ce qui nous pèse. Cette
manière dont nos mères attendent que nous nous effacions
au profit de nos frères. Ces mères qui ricanent quand elles
nous voient discuter toutes les deux. Elles n’aiment pas nous
VOUS AVEZ ENVIE DE RACONTER VOTRE HISTOIRE ? NOS JOURNALISTES PEUVENT RECUEILLIR VOTRE TÉMOIGNAGE. ÉCRIVEZ-NOUS À CMH@CMIMEDIA.FR
ELLE ART DE VIE
savoir si proches, supposent que nous en avons gros sur la
patate et nous surnomment « les corbeaux ». Nous sommes
toujours soupçonnées d’ingratitude et de « dureté », tout en
étant les seules à bouleverser nos agendas pour nous libérer,
acheter les cadeaux collectifs, faire la quiche et préparer les
buffets. La vieille fille des familles, présumée plus disponible,
plus corvéable, plus amère aussi, mariée ou non, mère ou non,
est un pur produit du patriarcat, même dans les familles pro-
gressistes comme la nôtre. Suffit-il de le savoir pour s’en éman-
ciper ? Je suis la première à me tirer des balles dans le pied.
Explosant tôt ou tard si je prends sur moi, ce qui renforce ma
réputation de jalouse et d’hystérique, quand mes contradic-
teurs jouent les adultes calmes et responsables.
ÊTRE UNE MÈRE avant d’être une fille
Chaque retour en France est devenu une source de tension, y
compris avec mon mari, qui ne supporte plus d’être inféodé
aux contraintes des autres. Il faudrait évidemment s’éloigner,
faire autrement, mais je n’ai pas encore trouvé comment, sans
priver mes enfants de leur famille maternelle. Alors, je
m’apaise comme je peux, en me rappelant d’où mes parents
sont partis. Mon père, idolâtré par ses sœurs dans une famille
sans père, ma mère, aux prises avec une mère peu aimante.
Comme dans tous les arbres généalogiques, un continuum
de préjugés et de silences dont chacun s’accommode avec
les moyens du bord. C’est ce carcan qui m’a poussée à aller
consulter. Et c’est ce qui m’est arrivé de mieux. Parce que j’ai
pu aborder la maternité avec des attentes assez réalistes, en
m’interrogeant sur ce que je pouvais faire pour écouter mes
propres enfants, les voir pour ce qu’ils sont, les enfermer le
moins possible dans des projections. Ils auront évidemment
un tas d’autres choses à me reprocher, mais je suis une mère
bien plus heureuse que je ne l’aurais parié à 25 ans, quand il
était déjà clair que mon frère serait l’héritier. Et sa descen-
dance, la branche royale de la famille.
Épouser un étranger, me construire loin des miens m’a permis
d’échapper à cette ombre. Au quotidien, je suis une mère
avant d’être une fille, sœur, tante, fonctions qui, dans ma
famille, supplantent toutes les autres. C’est même un des seuls
domaines de ma vie où je n’ai pas de complexe d’imposteur !
Je ne suis pas parfaite, c’est certain, mais, au moins, je n’ai
aucun mal à prendre et à aimer cette place de mère. Ce qui
n’était franchement pas gagné, je dois l’avouer. Avoir deux
garçons a presque été un soulagement, parce que j’avais une
peur bleue de faire peser sur une fille la même chose que ce
qui a pesé sur moi. Avec Sabine, qui a des fils elle aussi, on se
félicite de pouvoir les considérer comme des personnes à
part entière et pas seulement des projections de nous-mêmes.
Quant à mon père et à ma mère, j’essaie quand je rentre en
France de les laisser être les grands-parents de mes enfants,
ce qu’ils font fort bien. Et c’est déjà ça.
123
 ELLE ART DE VIE

Les essentiels de...

CÉLESTE BRUNNQUELL
La jeune actrice est à l’affiche de la jolie comédie
« Fifi » et fourmille de projets. Elle partage avec nous
les objets qui lui sont précieux
PROPOS RECUEILLIS PAR ANNA NOBILI

MON VÉLO PEUGEOT

« J’ai grandi sur un vélo.
D’abord perchée sur une
selle accrochée au cadre de
celui de mon père, dès l’âge
de 4 ans, puis toute seule
comme une grande. Je
possède depuis mes 18 ans
un vélo de course Peugeot,
un modèle femme, ancien.
Il est léger, beau, je l’adore
et je le bichonne. À vélo,
je me laisse aller à la vitesse
et à l’abandon, mais je fais
très attention. J’aime sillonner
Paris de long en large,
surtout sans musique dans les
oreilles. C’est dangereux et
« LA QUESTION »,
DE FRANÇOISE HARDY
« C’est un disque de 1971,
plus expérimental que ce que
Françoise Hardy avait
l’habitude de faire alors,
avec des paroles folles.
Elle l’a réalisé avec une
chanteuse et musicienne
brésilienne, Tuca – qui lui a
été présentée par une
autre Brésilienne, l’amie
MON LIVRE
DU MOMENT
« “Les Passagers du Roissy-
Express” d’Anaïk Frantz et
François Maspero. Elle a
signé les photos, et lui les
textes. Pendant un mois, ils ont
fait une plongée dans
le RER B depuis Roissy jusqu’à
Saint-Rémy-lès-Chevreuse,
sans passer par Paris.
Ils livrent leur journal de bord
sans vocation sociologique
ou scientifique poussée, mais
avec une véritable sensibilité.
MA MONTRE FLIK-FLAK
« À l’exception d’une bague
qui me vient de ma grand-
mère, un anneau très simple
et très beau qui ne me quitte
jamais, je n’ai aucun bijou,
je ne suis pas très à l’aise
avec ça. Je porte seulement
cette montre Swatch depuis
mes 10 ans ! Évidemment
j’ai grandi, mais j’ai toujours
conservé cette montre
d’enfant ; au moindre
LOUISE DESNOS/AGENCE VU ; PRESSE.

ça empêche les interactions et assistante de Françoise Ce récit me touche et me fait problème je la fais réparer.
avec les autres : une course Hardy. C’est mon album rêver : bien sûr, le RER, ce Elle est bleu blanc rouge.
avec quelqu’un, un sourire fétiche, il est très beau, sont les incidents et les trains C’est très… patriotique et
échangé avec quelqu’un sophistiqué. Je ne l’écoute bondés aux heures de pointe, un peu la honte. [Rires.] Mais
d’autre. Le vélo, c’est pas en permanence, mais cela peut aussi être la j’ai quand même préféré ça
également les rencontres… » mais j’y reviens souvent. » liberté aux heures creuses. » à des motifs dauphins ! »
« FIFI » de Jeanne Aslan et Paul Saintillan. « LA FILLE DE SON PÈRE » d’Erwan Le Duc, prochainement en salle.

124 ELLE 15 JUIN 2O23

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ELLE 15 JUIN 2O23 125

 elle
FONDATRICE HÉLÈNE GORDON-LAZAREFF
PRÉSIDENTE-DIRECTRICE DE LA PUBLICATION VALÉRIE SALOMON

27
DIRECTRICE DE ELLE VÉRONIQUE PHILIPPONNAT
DIRECTEUR DE LA CRÉATION TOM MEREDITH
RÉDACTION EN CHEF ANNE-LAURE SUGIER (MAGAZINE), ÉDOUARD DUTOUR (BIMÉDIA), BRUNE DE MARGERIE
(MODE), ÉLISABETH MARTORELL (BEAUTÉ), JULIE DESSAGNE (DIGITAL) SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA RÉDACTION
JEAN-CHARLES GANDIA RÉDACTION EN CHEF ADJOINTE MARGUERITE BAUX (MAGAZINE), ALICE ELIA (BEAUTÉ),
CONSTANCE DOVERGNE (LIFESTYLE), MANOU FARINE (ÉDITING), ÉLODIE PETIT (DIGITAL)
CHEF DE SERVICE ACTUALITÉ (ELLE INFO) MATHILDE CARTON ÉDITORIALISTES ALIX GIROD DE L’AIN,
OLIVIA DE LAMBERTERIE, MARION RUGGIERI, DOROTHÉE WERNER ASSISTANTES DE LA RÉDACTION
SÉGOLÈNE DELLOYE (14 29), FLORENCE DE MONT (14 59) (DIRECTION), NATHALIE GROUARD (14 30) (BEAUTÉ)
DIRECTION ARTISTIQUE CAROLINE IGNAZI (DIRECTRICE ARTISTIQUE), FABIENNE CORON
(DIRECTRICE ARTISTIQUE ADJOINTE) CASTING ET IMAGE ÉMILIE LE GOFF
MAGAZINE MARIE-FRANCE ETCHEGOIN (CHEFFE DE SERVICE ENQUÊTE ET LONG FORMAT), ALICE AUGUSTIN,
FRANÇOISE DELBECQ, AVA DJAMSHIDI, OLIVIA DE LAMBERTERIE, CATHERINE ROBIN, MARION RUGGIERI,

NUMÉROS DOROTHÉE WERNER (GRANDES REPORTERS), NATHALIE DUPUIS, ILARIA CASATI, PATRICK WILLIAMS
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ARNOUX, BERNADETTE DUPRAT, ANNE FAUVEL, SANDRINE MARIETTE, CATHERINE PAGÈS, JULIE TOURON, MARGOTTE
UHALDE, MURIEL SAFAR-JAOUI (RÉVISION), AVEC LA COLLABORATION DE DOMINIQUE BRIÈRE, CATHERINE GARNIER
ABONNEZ-VOUS SUR INTERNET, RÉDACTION EN CHEF TECHNIQUE PHILIPPE GAUTRAND (14 46), LOUIS HINI (ADJOINT) PRODUCTION ODILE
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Horoscope SOLAIRE
BÉLIER
Le passage de Jupiter
dans votre secteur financier
pourrait être l’occasion
d’une belle opportunité.
La période est favorable
pour négocier et poser
les fondations d’un projet
dont vous serez en partie
à l’origine. Grâce au soutien
de Mercure dans votre
secteur relationnel, vous
ne manquerez ni d’idées
ni de force de conviction.
Lion
« L’amoureux est un être
complexe qui cherche aussi
à rendre heureux », écrit
Amélie Nothomb, reflétant
la présence de la planète
de l’amour dans votre signe.
La belle vous accompagnera
plusieurs mois, ce qui vous
laisse le temps de faire les
choses comme il faut pour
construire les bases d’une
relation solide. Votre priorité ?
Partager cette affection.
SAGITTAIRE
Ne soyez pas surprise de
constater un léger agacement
qui se transformera en
impatience en début de
semaine : la nouvelle lune
se réalise pile dans votre
secteur opposé. Rassurez-
vous, votre ciel s’adoucit
rapidement avec la protection
de Vénus, de passage
dans un autre signe de Feu.
Laissez-vous guider par
les énergies de l’amour…
PAR
Taureau
Cette semaine, plusieurs
influences planétaires se
conjuguent en signes amis.
Pour vous qui aimez vivre en
harmonie avec vos sens, ce
sont des chances d’améliorer
l’ordinaire, de rencontrer
de nouveaux visages ou de
vous rapprocher de ceux qui
sont sur la même longueur
d’onde. Oubliez votre retenue
naturelle et laissez-vous
guider par votre intuition.
VIERGE
Certes, vous allez devoir
composer avec le passage
de Saturne dans votre signe
opposé, mais l’influence
de la planète du temps et de
la sagesse permet de vous
recentrer sur des objectifs
qui font sens à vos yeux.
Pour y parvenir, il faudra vous
délester des contraintes qui
vous freinent et éviter de vous
disperser en cherchant à
courir plusieurs lièvres à la fois.
Capricorne
Votre capacité à prendre
du recul en gardant la tête
froide pour résoudre ce qui
bloque vous sera bien utile.
Ne vous laissez pas atteindre
par ceux dont les humeurs
varient au gré des
circonstances et ne perdez
pas de vue vos objectifs.
Renouez aussi les liens avec
ceux qui ne vous veulent
que du bien, sans toutefois
vous laisser envahir.
SUIVEZ L’ASTRO DE JEAN-YVES ESPIÉ SUR YOUTUBE
DU 15 AU 21 JUIN 2O23
JEAN-YVES ESPIÉ
GÉMEAUX
La nouvelle lune qui se réalise
dans votre signe annonce
un autre cycle. Il est question
d’un renouveau ou d’une
transformation profonde.
Il sera alors plus simple
de vous délester de ce qui
vous entrave et vous pèse
en changeant d’horizon.
Regardez la vie avec un œil
neuf pour voir le chemin à
suivre. Objectif ? Vous sentir
un peu plus légère.
Balance
Mercure, la planète de la
communication, poursuit son
périple dans un signe d’Air.
Vous allez bénéficier de
son soutien pour fluidifier vos
liens. Sur le plan sentimental
aussi bien que relationnel,
ce sera l’entente, l’harmonie,
et vous serez capable de
réunir ce qui vous rapproche,
avec, pour objectif, de
trouver chez l’autre tout
ce que vous recherchez.
VERSEAU
Le double soutien du Soleil
et de Mercure en signe d’Air
se manifestera par un surcroît
de vitalité : bonne humeur,
facilité à communiquer
et à faire passer vos idées…
Avec comme alliée la planète
de l’intelligence et de la
communication, le moment
est venu d’avancer droit
devant vous et de convaincre
les autres en usant du talent
de ceux qui sont motivés.
ELLE ART DE VIE
Cancer
Votre sensibilité sera plus vive,
ne pensez pas à l’avenir,
ne cherchez pas à faire
aboutir quoi que ce soit de
précis. Mais, au contraire,
soyez capable d’improviser
davantage, laissez la vie et
les autres vous surprendre.
Soyez également réceptive
aux changements imprévus,
à ce que vous ressentez
instinctivement…
Bref, laissez-vous porter.
SCORPION
« Les yeux de l’esprit ne
commencent à être perçants
que quand ceux du corps
commencent à baisser »,
écrivait Platon. Ce qui
pourrait assez bien traduire
l’influence protectrice
de Saturne, la planète de
la sagesse, dont le passage
dans un signe d’Eau vous
rend plus philosophe. Vous
y gagnez alors en finesse
d’analyse et en bienveillance.
Poissons
Le moment est venu de
tourner la page et de passer
à autre chose. Les planètes
concentrent leurs effets sur
vos émotions et votre façon
d’aimer et de vous faire aimer.
Quelque chose évolue,
qui fait que des occasions
nouvelles d’échanger se font
jour. Ne restez pas murée
dans vos convictions, ouvrez
votre cœur pour que l’on
puisse y accéder.
127
 ELLE ART DE VIE
Horoscope LUNAIRE
BÉLIER
Le passage du Soleil dans
Taureau
votre secteur relationnel
semble vouloir vous
transmettre un message :
il serait question de vous
accorder davantage de
temps, rien que pour vous,
afin de réduire votre charge
mentale. L’exercice consiste
à pratiquer des activités
qui vous vident l’esprit sans
vous sentir obligée de vous
occuper de tout le monde.
Lion
Avec Vénus et Mars dans
votre secteur, vous disposez
d’une heureuse association
en présence qui stimule
votre besoin d’affection et
votre capacité à prendre les
choses en main en étant force
d’initiative. Ce délicieux duo
vous apporte du charme et
une chaleur communicative
qui attirent les autres à vous
sans que vous ayez besoin
de produire de gros efforts.
SAGITTAIRE
La nouvelle lune se réalise
dans votre signe opposé,
cela signifie que vous devrez
composer avec une partie
de votre entourage sans
laisser monter la température
intérieure de vos émotions.
Ceux qui vous côtoient
régulièrement vous
apprécient comme vous êtes,
mais les autres pourraient
être surpris. Aussi, lâchez
prise en cas de contrariété.
POUR DÉCOUVRIR VOTRE SIGNE LUNAIRE, RENDEZ-VOUS SUR ELLE.FR À L’ADRESSE BIT.LY/HOROLUNE
128
PAR JEAN-YVES ESPIÉ
Votre don pour apaiser les
esprits sera mis à contribution
auprès de votre entourage,
car votre capacité à voir la
vie du bon côté est optimisée
par la présence de Jupiter
dans votre secteur. Celle-ci
produit chez vous un besoin
de paix et d’affection accru
ainsi qu’un étonnant savoir-
faire qui favorise la bonne
entente, lorsque vous êtes là
en personne, bien sûr.
VIERGE
La présence de Jupiter
en signe de Terre se fera
davantage ressentir sur votre
moral, qui repart à la hausse.
Mais ne vous laissez pas
ralentir par l’opposition de
Saturne qui vous rappelle les
engagements du quotidien,
s’ils sont chronophages.
Votre priorité va donc
consister à vous aérer l’esprit
en nourrissant la tendance
mercurienne de votre signe.
Capricorne
Étant donné qu’aucune
planète n’aura dans l’idée
de venir vous contrarier cette
semaine, soyons franc, vous
aurez toutes les raisons de
vous détendre pour mieux
retrouver le sourire. Et si vous
preniez l’initiative d’organiser
quelque chose avec ceux
que vous aimez ? Le climat
est favorable pour renouer
des liens. C’est le premier pas
qui coûte, faites-le…
DU 15 AU 21 JUIN 2O23
GÉMEAUX
Avec la nouvelle lune,
vos échanges sur le plan
relationnel seront favorisés,
et les décisions que vous
prendrez ainsi que les choses
que vous mettrez en place
porteront leurs fruits.
Profitez-en pour faire le point
sur le plan privé de manière
à clarifier ce qui doit l’être, car
votre facilité à vous adapter
ne doit pas vous faire oublier
ce qui est aussi bon pour vous.
Balance
La nouvelle lune annonce
un nouveau cycle d’un mois
pour chasser la mélancolie
et renouer avec votre talent
inné pour créer du lien.
Vous avez un don naturel pour
susciter l’attirance dès que
l’on réalise à quel point vous
êtes une « compagne exquise »
en toutes circonstances.
La période est propice
à vous faire apprécier autant
que vous le méritez.
VERSEAU
Vous aussi allez bénéficier
de l’influence bienveillante
de cette nouvelle lune. Il est
ici question d’un tonus et d’un
moral en hausse, mais aussi
d’un horizon qui commence
à s’éclaircir sur le plan privé.
Les vilains nuages s’éloignent
pour laisser place à un ciel
dégagé. Il ne tient qu’à vous
de vous libérer de ce qui vous
freinait ces derniers temps,
en toute simplicité.
Cancer
Le double soutien de Jupiter
et de Saturne en signes amis
vous apporte de l’énergie
pour faire évoluer vos
relations dans le bon sens.
Sortez de votre réserve pour
exprimer votre chaleur, qui
apaise, et votre assurance,
qui rassure. Encouragez
ceux qui ont besoin de votre
soutien en valorisant leurs
prises d’initiative, ils y
gagneront en autonomie.
SCORPION
Vous qui prenez les choses
très à cœur, retenez que
votre réceptivité sera encore
plus vive que d’habitude.
Cette semaine, votre mission
va consister à concentrer
votre attention sur ce qui
fonctionne. Par exemple,
votre besoin d’affection sera
accentué et l’envie de
rapprochement vous aidera
à arrondir les angles pour
voir le bon côté des choses.
Poissons
Profitez de cette période
pour faire le plein d’énergies
positives et concentrez votre
attention sur les projets que
vous désirez voir se réaliser.
Plusieurs influences
planétaires s’additionnent,
laissant apparaître un
sentiment contradictoire
entre votre désir de liberté et
de paix et celui de vous sentir
rassurée en ce qui concerne
vos choix en ce moment.
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 ELLE MAGAZINE

JOURNAL d’une STAGIAIRE

JEUNE MAQUETTISTE DÉBARQUÉE À « ELLE », ANJUNA BOUTAN NOUS LIVRE EN MOTS
ET EN IMAGES SES FOLLES JOURNÉES DANS L’ŒIL DU CYCLONE.

130 ELLE 15 JUIN 2O23

 CRÈME GLACÉE ASPERGE-FÈVE TONKA CRÈME GLACÉE AVOCAT-VANILLE, CRÈME DE MARRONS

E L L E Tous givrés ! E L L E Tous givrés !

CRÈME GLACÉE À L’HUILE D’OLIVE DE NYONS ESQUIMAUX COCKTAIL CAMPARI

E L L E Tous givrés ! E L L E Tous givrés !

 Tous givrés ! Tous givrés !
CRÈME GLACÉE AVOCAT-VANILLE, CRÈME DE MARRONS CRÈME GLACÉE ASPERGE-FÈVE TONKA
« Vous pouvez mélanger à la crème de marrons 10 % de whisky « Il est possible de servir cette crème glacée avec
tourbé. J’adore cette association. » une soupe froide de petits pois. »

Préparation : 20 mn
Cuisson : 10 mn
Réfrigération : 4 h
Congélation : 10 mn
après turbinage
Pour 8 personnes
1 gousse de vanille
50 cl de lait entier
10 cl de crème fleurette
à 35 % de MG
100 g de sucre semoule
100 g de glucose
atomisé
60 g de poudre de lait
à 0 % de MG
6 g de stabilisateur
pour glace
200 g de pulpe
d’avocat
8 cuil. à soupe de
crème de marrons
Thermomètre sonde
1. FENDEZ la gousse de vanille en deux à l’aide
d’un couteau. Récupérez la pulpe de vanille avec
la lame du couteau.
2. METTEZ le lait, la crème, la pulpe de vanille
ainsi que la gousse dans une casserole et portez
le tout à ébullition.
3. AJOUTEZ le sucre semoule, le glucose atomisé,
la poudre de lait et le stabilisateur. Mélangez
délicatement et portez le tout à 83 °C, en vérifiant
à l’aide d’un thermomètre sonde. Retirez la gousse
de vanille.
4. AJOUTEZ la chair de l’avocat au mélange chauffé.
Mixez le tout et laissez refroidir rapidement à 4 °C.
5. METTEZ la crème à infuser pendant 4 h
au réfrigérateur.
6. MIXEZ de nouveau la crème et mettez-la
en turbine.
7. PLACEZ les assiettes au congélateur 10 mn
avant le dressage. À l’aide d’une cuillère à soupe,
dessinez une virgule de crème de marrons
sur chaque assiette, puis posez dessus la boule
de crème glacée avocat-vanille.
Préparation : 1 h 1. PRÉPAREZ LA PULPE D’ASPERGE. Nettoyez et
Cuisson : 25 mn coupez les tiges des asperges à 3,5 cm de leur base.
Réfrigération : 4 h Épluchez-les à l’aide d’un économe.
Congélation : 10 mn
après turbinage 2. FAITES CUIRE les asperges dans une casserole
Pour 8 personnes d’eau salée pendant 15 à 20 mn.
3. PRÉPAREZ un saladier d’eau avec des glaçons
LA PULPE D’ASPERGE afin de refroidir rapidement les asperges en fin
1 kg d’asperges blanches de cuisson.
Sel
4. MIXEZ les asperges cuites et passez la chair
LA CRÈME GLACÉE au tamis. Vous devez en avoir 300 g.
1 fève tonka 5. PRÉPAREZ LA CRÈME GLACÉE. Râpez la fève
50 cl de lait entier
tonka à l’aide d’une râpe Microplane.
30 cl de crème fleurette
à 35 % de MG 6. METTEZ le lait, la crème et la fève tonka râpée
150 g de sucre semoule dans une casserole. Portez à ébullition, ajoutez
70 g de glucose atomisé le sucre semoule, le glucose atomisé, la vanille
1 g de vanille en poudre en poudre, le sel, la poudre de lait et le stabilisateur.
0,5 g de sel 7. MÉLANGEZ et portez le tout à 83 °C,
60 g de poudre de lait
à 0 % de MG
en vérifiant à l’aide d’un thermomètre sonde.
6 g de stabilisateur 8. AJOUTEZ la pulpe d’asperge hors du feu, mixez
pour glace l’ensemble et laissez refroidir rapidement à 4 °C.
Thermomètre sonde 9. METTEZ la crème à infuser 4 h au réfrigérateur.
10. MIXEZ à nouveau la crème et mettez-la
en turbine.

LES FICHES -CUISINE E L L E LES FICHES -CUISINE E L L E

Tous givrés ! Tous givrés !

ESQUIMAUX COCKTAIL CAMPARI CRÈME GLACÉE À L’HUILE D’OLIVE DE NYONS
« Un délice rafraîchissant avec une petite touche d’amertume. » « J’aime ce mariage prononcé et original de l’huile d’olive
avec la crème. »
Préparation : 20 mn 1. PORTEZ l’eau à ébullition dans une casserole
Cuisson : 10 mn avec le sucre semoule, le glucose atomisé
Réfrigération : 4 h
Préparation : 20 mn 1. METTEZ le lait, la crème, le thym et le sel dans
et le stabilisateur. Cuisson : 10 mn une casserole. Mélangez et portez à ébullition.
Congélation : 12 h minimum
2. MÉLANGEZ et portez le tout à 100 °C, Réfrigération : 4 h 2. AJOUTEZ le sucre semoule, le glucose atomisé,
Pour 10 personnes
en vérifiant à l’aide d’un thermomètre sonde. Congélation : 10 mn
31,5 cl d’eau après turbinage la poudre de lait et le stabilisateur. Mélangez
3. MIXEZ le mélange. Laissez refroidir rapidement et portez le tout à 83 °C, en vérifiant à l’aide
105 g de sucre semoule Pour 6 personnes
105 g de glucose atomisé à 4 °C, puis ajoutez le jus de fruit de la Passion d’un thermomètre sonde.
et le Campari. 500 g de lait entier
4 g de stabilisateur
100 g de crème fleurette 3. PASSEZ ce mélange au chinois, puis mixez-le.
pour sorbet 4. LAISSEZ INFUSER au minimum 4 h au réfrigérateur. Laissez refroidir rapidement à 4 °C.
à 35 % de MG
200 g de jus de fruit 5. MIXEZ l’infusion et mettez-la en turbine. 10 g de thym frais 4. AJOUTEZ l’huile d’olive et mélangez délicatement.
de la Passion 6. PLACEZ les moules à esquimaux au congélateur. 1 g de sel Laissez refroidir.
4 cl de Campari
7. METTEZ le sorbet Campari en poche à douille 100 g de sucre semoule 5. METTEZ la crème à infuser 4 h au réfrigérateur.
Thermomètre sonde et remplissez les moules à mi-hauteur. Ajoutez 50 g de glucose atomisé
et moules à esquimaux
6. MIXEZ à nouveau la crème et mettez-la en turbine.
les bâtons et finissez de remplir les moules avec 50 g de poudre de lait
à 0 % de MG 7. RÉALISEZ une boule de crème glacée à l’aide
le sorbet, en lissant. 5 g de stabilisateur d’un boulier à glace. Faites un creux arrondi
8. METTEZ les moules remplis au congélateur, pour glace sur cette boule avec le dos d’une cuillère à soupe,
au minimum 12 h avant de démouler. 100 g d’huile macérat puis réservez au congélateur.
d’olives noires de Nyons 8. AJOUTEZ, au moment de servir, un filet d’huile
+ 1 filet pour le dressage
d’olive macérat de Nyons dans le creux de la boule.
Thermomètre sonde

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