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En quoi la cruauté est-elle un outil d’instruction dans les contes de fées 

Introduction :
Les contes de fées permettent aux enfants de s’évader temporairement de la réalité, l’aspect
magique du récit est essentiel afin d’éveiller la curiosité de l’enfant. Cependant, les
personnages de ses contes doivent souvent faire face à des évènements sordides, amenant le
conte de fées au-delà de son objectif de divertissement initial.
Nous nous demanderons en quoi la cruauté est un outil d’instruction dans le conte de fées ?
[plan ?]

1. Le rôle du conte de fée dans la construction d’un enfant


Au-delà de leur fonction divertissante, les contes de fées auraient pour but d’aider les
enfants à développer leur personnalité. Selon le psychanalyste Bruno Bettelheim, les contes
de fées retracent métaphoriquement les principales phases du développement de l'enfant et
les conflits qui lui sont associés, aidant ce dernier à les apprivoiser. Ainsi, la cruauté présente
dans les contes ne serait qu’un outil de prévention face aux difficultés de la vie : des
injustices de notre monde mais également de nos conflits internes souvent inconscients. Les
contes de fées pourraient donc avoir une relation directe avec l’inconscient : ils ont une
fonction de transmission, dans la mise en mots et en images des désirs et des angoisses
infantiles. Ainsi, l’enfant peut projeter dans ces récits ses peurs, ses désirs et pulsions les plus
primitives et cruelles, faisant du conte de fées une source de catharsis.
La présence de cruauté dans le conte n’est cependant pas présente pour satisfaire les désirs
inconscients pour l’enfant de faire souffrir autrui. L’enfant cruel ne recherche pas la
jouissance face à la douleur de l’autre, l’autre n’étant pas différencié (ce qui explique
également qu’il n’est pas surpris par la présence d’animaux anthropomorphiques dans les
contes, car il ne perçoit pas de différence entre l’animal et lui). Les pulsions cruelles de
l’enfant se voient freinées lorsque la douleur de l’autre s’exprime. Du jour donc, où l’enfant
fait l’expérience de « la pitié » pour l’objet différencié, les mouvements cruels tendent à se
diluer.
Certains thèmes sont présents dans la majorité des contes pour enfants : la séparation avec
les figures maternelles rassurantes, les humiliations vécues par les personnages, la tentation
et la recherche de l’amour. Les figures qui menacent le personnage principal sont souvent les
mêmes également. Une rivalité narcissique peut être introduite par des belles-mères
persécutrice, comme celle de Blanche-Neige, blessée de ne pas être la « plus belle ». Le
personnage de la marâtre fait résonner un « ça » cruel, initiateur de pulsions meurtrières. En
opposition à ses personnages cruels, les marraines sont présentes, symbole de morale. Le
loup, quant à lui, est le symbole d’une menace plus sexuelle. Le personnage du Petit
Chaperon Rouge serait alors la représentation des conflits Œdipiens pendant la puberté, se
laissant séduire par le loup en privilégiant son plaisir aux valeurs morales qui lui ont été
transmises par sa mère.
2. Des théories souvent discutées
La notion de « Complexe d’Œdipe », initialement énoncé par Freud, est régulièrement
discutée dans l’œuvre de Bettelheim. Freud considère que le désir du petit garçon pour sa
mère est universel, rendant inévitable une rivalité entre l’enfant et son père. Cependant, le
contraire a été prouvé lors d’une étude en 1966 par deux psychologues allemands. En effet,
aucun des enfants lors de l’étude n’aurait montré d’intérêt sexuel pour le parent du sexe
opposé ou d’esprit de compétition vis-à-vis du parent du même sexe.
Nous pouvons également considérer que nous portons une trop grande importance à la
notion d’ « enfance », qui est relativement récente. En effet, dans la société médiévale, la
conscience de la particularité enfantine n’existait pas ; les contes ne pouvaient donc pas être
crées dans le but de guider les enfants face aux problématiques inconscientes auxquelles ils
doivent faire face. Cela est perçu comme un anachronisme. Pour Marie-Louise Von Franz, les
contes de fées ne s’adresseraient pas uniquement à l’inconscient personnel, mais
correspondraient plutôt à des processus psychiques de l’inconscient collectif, en
représentant des archétypes « sous leur aspect le plus simple, le plus dépouillé, le plus
précis ».
Enfin, il peut être possible d’imaginer que l’inconscient est incapable d’apprendre, car il
jubile d’un plaisir inavouable à rejouer la souffrance et le traumatisme. Ainsi, le conte ne
pourrait pas être considéré comme un outil d’instruction facilitant la survie d’un enfant dans
un milieu hostile.
Face à des dénouements considérés comme trop cruels, certains contes ont été censurés.
Nous pouvons questionner le rôle des parents dans la transmission de ces histoires : certains
peuvent prendre un certain plaisir comme énoncé par la Schden Freud. Cet acte peut-il être
bienveillant ? Conter des histoires sanglantes est-il vraiment un outil de Bildung, éclairant
l’esprit d’un enfant, ou brise-t-il alors totalement ses rêves à un trop jeune âge ?

Conclusion :
L’étude exhaustive des contes pour enfants et de leur rôle dans le développement d’un
enfant est une tâche complexe. En effet, il existe de multiples versions de certains contes (au
moins 345 pour Cendrillon) qu’il faudrait étudier unes à unes afin de les comparer puis
d’identifier les liens entre différents contes. De plus, il est nécessaire de prendre en compte
le contexte historique et socioculturel.
- Les frères Grimm = « s’adressent à leur moi en herbe et favorisent son
développement, tout en soulageant les pressions préconscientes et inconscientes. »
(Grimm, 1812). »
-

Peau d’âne : tout premier conte Français jamais écrit


Rapporté par Perrault en 1694 et par les Frères Grimm en 1812
Peau d’Ane est une jeune princesse qui n’a pas de nom, fille d’un roi, présenté comme
quelqu’un de riche et puissant. La femme du roi tombe gravement malade et lui
demande de lui faire une dernière promesse sur son lit de mort : ne la remplacer que par
une épouse plus belle qu’elle, mieux faite et plus sage dans l’espoir qu’il ne se remariera
jamais.
Au printemps suivant, ses conseillers l’encouragent à se remarier car il n’a pas d’héritier.
Le roi n’est pas satisfait par les prétendantes. Il pense qu’il est tout à fait envisageable
pour le roi d’épouser sa fille. Il finit par accepter.
La princesse va chercher conseil chez sa marraine, la fée des Lilas, qui lui dit qu’elle n’a
pas à épouser son père, elle lui propose un stratagème : faire des requêtes impossibles à
réaliser pour le roi. Robe couleur du temps, le roi accède à sa demande. Robe couleur de
Lune -> ok. Robe couleur de soleil -> ok. Au pied du mur, elle lui demande la peau de son
ane, source de toutes ses richesses. Le roi lui amène.
La bonne féeé la grime et lui demande d’enfiler la peau d’âne afin qu’elle puisse s’enfuir
dans la fôret sans être reconnue. Elle ère jusqu’à trouver un village, où elle est dédsignée
comme souillon et s’occupe des cochons. Le prince du royaume dans lequel elle se trouve
voit Peau d’Ane, tombe fou amoureux d’elle. On l’éloigne d’elle, il tombe en dépression, il
demande un gateau fait par peau d’ane à sa mère. PA glisse un anneau en or dans le
gateau. Les conseillers du village décrete qu’il faut qu’il se marie pour aller mieux. Il
promet de se marier à celle qui peut porter l’anneau. On fait venir tout le monde, seul
peau d’ane peut la porter, elle se révèle sous sa forme de princesse. Les épousailles ont
lieu.
Le père de Peau d’Ane a décidé d’épousé la fée des Lilas

Résumé : Le conte de « Peau d’âne » - Jean Bellemin-Noël

Cet article, disponible sur le site « books.openedition.org », a pour sujet le conte pour enfant
intitulé « Peau d’âne », récit rendu célèbre par Charles Perrault en 1694 puis repris par les frères
Grimm en 1937. Cette analyse se concentre sur les quatre points suivants : la signification de la peau,
la valeur de l’animal (qui pourrait relever du fantasme), le thème plutôt commun et la fonction
générale de cette aventure. L’article étant assez long, j’ai choisi de me concentrer uniquement sur les
parties liés directement au conte de Perrault, qui représente mon objet d’étude principal afin de
répondre à la question « En quoi la cruauté est-elle un outil d’instruction dans les contes pour
enfant ? »
La jeune princesse, qui n’est désigné par aucun autre nom que « ma fille » ou « peau d’âne »,
a tout d’abord pour stratagème de demander à son père, le roi, des robes majestueuses en échange
de leurs épousailles. Celle-ci espère que le roi ne pourra répondre à ses demandes, or, il y parvient,
preuve de toutes les ressources financières qu’il est prêt à investir afin de se marier à sa fille,
engagement qui pousse la princesse à fuit . Ces robes la rendent encore plus belle et semblable à sa
défunte mère, source de tous ses ennuis. En effet, la reine a demandé à son époux, sur son lit de
mort, de ne se remarier qu’avec une femme plus belle, plus sage et mieux faite qu’elle. Le roi ne
trouva alors que sa fille comme personne correspondant à cette description. A la fin du conte, ce sont
ces mêmes robes qui prouveront au Prince d’un autre royaume de Peau d’âne est l’épouse idéale. La
peau d’âne, objet morbide et repoussant de prime abord, protège la jeune fille des regards indiscrets
et, indirectement, des pulsions incestueuses de son père. Cette peau fonctionne comme une
« métaphore du refoulement », c’est-à-dire qu’elle correspond à notre vision de l’inconscient : elle
semble déplaisante en tous points mais met à l’abris certaines faces de nos vies psychiques (pulsions,
désirs refoulés…). Elle est l’intermédiaire entre l’intérieur et l’extérieur, lisière entre conscience et
inconscient. Elle est aussi un entre le nouveau-né et sa mère, car elle rend possible le contact et
apporte au nourrisson des repères jusqu’alors inconnus.

La malédiction implicite subie par la princesse est analogue à l’oracle qui condamne Œdipe à
son destin tragique. Cette promesse serait un moyen d’atténuer la responsabilité du père, qui agirait
uniquement afin de tenir la promesse faite à sa défunte épouse. Perrault écrit : « un Roi avait une
femme merveilleuse et un âne magique ; un jour, il a perdu sa femme ; alors il a fallu aussi
qu’il perde son âne ». L’ane est le bien le plus précieux du roi, qu’il va offirir à celle qu’il voit
comme la réincarnation de la reine : sa fille.
Pas de nom -> Permet l’identification
Fée -> Rôle de la mère absente
Thème abordé : l’inceste
Fuite => Blanche Neige// correspond à la période de maturation, prends en compte les
conseils de la fée pour ensuite se révéler en temps que femme
Peau d’Ane = Symbole de la honte qu’elle porte sur elle par rapport au désir de son père,
rend la blesssure visible
Bague = Cendrillon / symbole de pureté qui lui permet de se révéler (sa beauté et son
statut social)
Conte qu’il est possible de relier au petit chaperon rouge : morale
- Ne pas suivre les inconnus dangereux
- Ne pas tout accepter tout de ses proches non plus

En psychanalyse, on utilise l'expression "complexe d'Électre" pour parler de l'inceste. Toutes


les civilisations humaines condamnent l'inceste comme un acte inhumain. Dans Peau d'âne,
le roi utilise la promesse qu'il a faite à sa femme sur son lit de mort comme un prétexte
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LES CONCEPTS DE LA THÉORIE PSYCHANALYTIQUE DE BETTELHEIM EXAMINÉS EXPERIMENTALEMENT
PAR LE TEST DES CONTES DE FÉES – Carina Coulacoglou
https://www.cairn.info/revue-le-carnet-psy-2006-6-page-31.html
- Interprétation symbolique et relation avec l’inconscient ont fait l’objet de spéculations
- Les contes de fée, au même titre que les mythes et les légendes, plongent dans les parties les plus primitives de la psyché
(=Ensemble des processus conscients et inconscients propres à chaque individu.)
- Dans L’Homme aux Loups, Freud soutient que le conte de fées offre à l’enfant un mode de pensée qui correspond à sa
représentation de lui-même. Il ne sent pas de différence entre l’animal et lui, ce qui explique qu’il n’est pas surpris par les
animaux anthropomorphiques figurant dans de nombreux contes.
- La Psychanalyse des contes de fée de Bettelheim offre un tableau élaboré de la relation entre l’enfant et les contes de fées, en
mettant l’accent sur leur valeur thérapeutique pour l’enfant : ils reflètent des conflits ou des angoisses apparaissant à des stades
spécifiques du développement. Il suggère que les contes aident l’enfant à découvrir le sens profond de la vie tout en le
divertissant et en éveillant sa curiosité. Les contes stimulent l’imagination de l’enfant et l’aident à voir clair dans ses émotions
mais aussi à prendre conscience de ses difficultés tout en lui proposant des solutions possibles aux problèmes qui le troublent.
- Marie Von Franz (1982) souligne que ces contes sont l’expression la plus pure et simple des processus collectifs inconscients.
- Hans Dieckmann (1986) suggère que les contes décrivent nos complexes primaires mais aussi la manière avec laquelle on
apprend à se comporter dans la relation avec eux.
- Le personnage a trois fonctions : celles de lien, de transformation et d’intermédiaire. Plus précisément, il relie des processus
primaires et secondaires, il transforme des fantasmes inconscients en récits structurés, et agit comme un intermédiaire entre le
corps et le milieu social.
- Pour Georges Jean (1990), “le magique” des contes garde toute sa place dans l’imaginaire des enfants. Cette magie-là demeure
dans “le pouvoir des contes” où s’inscrivent nos interprétations possibles et personnelles. En effet, c’est ce pouvoir qui nous
permet de faire le “double trajet” entre le monde exté - rieur et le monde intérieur, entre le réel et l’imaginaire.

Le Petit Chaperon Rouge :


- Claude de la Génardière (1996) évoque les discours sur les différentes versions du Petit Chaperon rouge allant des versions
orales aux versions écrites de Perrault et de G r i m m . Pour elle, les personnages des contes comme les personnages des rêves
sont tous des figures du moi. Elle met l’accent sur l’espace “dans l’entre-deuxmères” où les deux mères (mère et grandmère du
Petit Chaperon rouge) échangent des choses (nourriture, vêtement de la petite) par l’enfant interposé. “Trois person - nages sont
alors situés en fonction de leur élan pour elle, élans maternels” (p.81). Par conséquent, l’enfant existe dans le désir des autres et
c’est son trajet qui va leur pro - poser un point de rencontre. Chacun de ces personnages étant la condition de l’existence de
l’autre. Chaque “rôle” ne représente pas la totalité d’une personne, mais un de ses aspects, le produit d’une de ses
identifications.
- Petit chaperon rouge : Son ambivalence entre le princ i p e de réalité (imposé par sa mère) et le principe de plaisir (son propre
désir) évoque son conflit intérieur. Il s’agirait d’un conflit entre le ça et le moi-surmoi ; tous les enfants qui éprouvent des
difficultés à obéir au principe de réalité, s’identifient très vite avec l’image du protagoniste qui est le Petit Chaperon rouge. La
figure masculine, représentée par le loup, tient une place capitale dans l’histoire du Petit Chaperon rouge ayant deux aspects
opposés : un aspect séducteur qui devient meurtrier par la dévoration du protagoniste et de sa grandmère et un aspect
sauveteur, qui protège l’enfant dont il est responsable représenté par le chasseur. A ce propos, Bettelheim (1976) écrit que “tout
se passe comme si le Petit Chaperon Rouge essayait de comprendre la nature contradictoire du mâle en expérimen - tant tous
les aspects de sa personnalité : les tendances égoïstes, asociales, violentes, vir - tuellement destructives du ça (le loup) et les
tendances altruistes, sociales, réfléchies et tutélaires du moi (le chasseur). La figure masculine, représentée par le loup, tient une
place capitale dans l’histoire du Petit Chaperon rouge ayant deux aspects opposés : un aspect séducteur qui devient meurtrier
par la dévoration du protagoniste et de sa grandmère et un aspect sauveteur, qui protège l’enfant dont il est responsable
représenté par le chasseur. A ce propos, Bettelheim (1976) écrit que “tout se passe comme si le Petit Chaperon Rouge essayait
de comprendre la nature contradictoire du mâle en expérimen - tant tous les aspects de sa personnalité : les tendances égoïstes,
asociales, violentes, vir - tuellement destructives du ça (le loup) et les tendances altruistes, sociales, réfléchies et tutélaires du
moi (le chasseur) (p.262).

Blache Neige
- Blanche Neige est une tradition orale multiculturelle avec des contenus multiples. Selon Bettelheim (1976) le conte de Blanche
Neige traite les conflits oedipiens entre la mère et la fille, pendant l’enfance et l’adolescence et prévient les effets désastreux du
narcissisme. L’attitude de la belle-mère devant son miroir rappelle le thème de Narcisse. Elle est jalouse de la beauté de Blanche
Neige aussi bien que de sa jeunesse et de manière symbolique, elle tente de l’in - corporer en ayant l’intention de manger ses
organes intestinaux.
- Bruno Bettelheim a mis l’accent sur le fantas - me de la méchante marâtre dans les contes de fées lorsqu’il a parlé de la division
de la mère (et/ou du père) en deux personnages : une bonne mère et une méchante marâtre. Pour le jeune enfant, cette division
est importante, il doit préserver en lui-même l’image d’une mère bonne mais aussi cela lui donne la pos - sibilité de se mettre en
colère contre la méchante mère. Il ajoute que cette division peut avoir lieu aussi pour le moi propre de l’enfant : il peut se diviser
en deux êtres, tout bon et tout méchant sans pouvoir intégrer ces deux aspects en une intégrité. Ainsi, “l’enfant extériorise et
projette sur quelqu’un d’autre toutes les mauvaises choses qui lui sont effrayantes pour qu’il puisse voir en elles une partie de
lui-même”

Rien de tel qu’un conte cruel – L’Express


https://www.lexpress.fr/culture/livre/la-psychanalyse-des-contes-de-fees_802383.html

- L'enfant n'est pas étranger à la complexité et à la cruauté du monde. Dès lors, loin de tenter en vain de l'éloigner de cet aspect
du réel, il faut l'aider à le comprendre et à l'accepter. Aider l'enfant à mettre de l'ordre dans le ch
- aos de ses sensations angoissantes, telle est la fonction du Petit Chaperon rouge ou de La Belle au bois dormant.
- Les contes de fées retraçant métaphoriquement les principales phases du développement de l'enfant et les conflits qui lui sont
associés aident ce dernier à les apprivoiser. Ainsi en est-il notamment de la phase odipienne (celle où l'enfant désire son parent
de sexe opposé et rejette celui de son propre sexe). La figure récurrente de la méchante belle-mère (Blanche-Neige, Cendrillon)
qui tente d'éloigner la fille de son père aide la petite fille à concilier sans culpabilité les désirs destructeurs qu'elle a à l'égard de
sa propre mère avec l'amour immense qu'elle a pour elle. Cette dissociation réelle, dans le conte, de la bonne et de la mauvaise
mère répond à une phase primordiale de l'évolution de la petite fille. (La spécificité du conte par rapport au mythe d'Oedipe est
de présenter à l'enfant un dénouement heureux (toujours ?). Les difficultés existent mais se résolvent.)
-

Cruauté et transmission de vie. Les conte de fée de Charles Perrault et des frères Grimm
file:///C:/Users/lucie/Downloads/TOP_116_0179.pdf

- Les contes de fées chez Charles Perrault et les frères Grimm sont autant d’histoires enfantines cruelles où la représentation de la
fée, l’image de la princesse se voient assombries par des figures de mort, unies à des personnages obscurs et violents, de la
reine féroce de Blanche neige à la marâtre maltraitante de Cendrillon. Autant d’histoires racontées aux enfants où la « chair
fraîche », le sang, les orgies cannibaliques décrivent une cruauté au sens le plus strict, une cruauté à comprendre dans son sens
étymologique : « crudelis », « Qui fait couler le sang, qui se complait dans le sang », une cruauté « crudus », crue ; une cruauté
particulièrement mise en scène et en mots dans les récits des frères Grimm.
Le miroir, source de fureur, devient un vecteur dans la construction du conte de Blanche neige, un réflecteur narcissique à la fois
constituant et aliénant 
- Nous nous appuyons ici sur le concept de stade du miroir de…. La blessure narcissique est à la mesure de la différence renvoyée
par le reflet dans le miroir. L’image porte en elle le « manque » et devient source de honte et de rivalité. La honte est alors à
comprendre dans cette dépendance à l’objet devenu rival, et pourtant nécessaire à l’autoconservation psychique et au maintien
narcissique. La honte face au regard de l’autre, déclenche ce mouvement cruel où le corps de l’objet convoité, envié, dans toute
sa valeur séductrice et destructrice, se trouve en retour menacé d’être déchiqueté et même pillé de ses organes. « Tue-la et
rapporte-moi pour preuve de sa mort ses poumons et son foie » menacés d’être dévorés, comme pour combler symboliquement
par la chair, cette blessure narcissique laissée béante.
Face à cette honte, la cruauté peut être en réponse, une décharge sans retenue. Menacées dans leur continuité narcissique, la
reine, ou encore les soeurs de Cendrillon, usent de ce mouvement cruel, aveuglées par cette envie destructrice dans une
nécessité de survie psychique.
- Les contes de fées « débutent là où se trouve en réalité l’enfant dans son être psychologique et affectif » (Bettelheim, 1976), et
s’ouvrent pour beaucoup, sur la question des origines, sur des angoisses fondamentales et essentielles telles que la perte,
l’angoisse d’abandon et de séparation précoce, à l’image de la mère dans Blanche neige mourant en couche, ou du Petit Poucet
abandonné par ses parents « trop pauvres » pour le nourrir. La cruauté comme nécessité constituante s’apparente à la haine
décrite par Freud, en deçà du sexuel, du côté de l’autoconservation : « Les prototypes véritables de la relation de haine ne sont
pas issus de la vie sexuelle, mais de la lutte pour sa conservation et son affirmation » (Freud, 1920). Le conte de fées questionne
donc l’enfant sur ses origines et ses liens à l’objet mais illustre aussi une errance (Robert, 1977) comme le souligne Marthe
Robert, errance parsemée de cruauté, mais errance symbolisant le passage et le dépassement de l’enfance.
- Le conte devient le théâtre de ces pulsions hostiles, attaquant toujours davantage les limites.
- La rivalité signe donc cette envie destructrice pour celle qui est « la plus belle ». Cette rivalité annonce, comme dans Blanche
neige, l’existence d’une mère clivée : une mère morte [4]
- . La rivalité donne au conte de fées cette texture agressive. La monstruosité de la mère devenue marâtre, vieille marchande,
n’est autre que le résultat de la rivalité, engendrant en réponse ces représentations effrayantes. La mère/marâtre, revêt dans le
fantasme, les traits d’une femme autoritaire, insensible et cruelle, laissée libre dans sa violence par un père mort ou absent,
cloisonnant la relation dans une dualité infernale. Elle devient une mère rivale, haïe, une mauvaise mère 
- Référence théorique reprise à Melanie Klein., une émanation de ce clivage avec la bonne mère et les idéalisations associées.
Cette mère/marâtre devient alors le représentant de ce surmoi archaïque trop cruel que D. Cupa définit comme visant « à
conserver le moi, sans pulsion cruelle à l’égard de l’objet maternel afin de le préserver, par le retournement de l’attaque cruelle
sur lui-même. » (Cupa, 2007)
- Mère disparue et marâtre sont liées dans et par la cruauté infantile [10]
- [10]
- Dominique Cupa dit à ce sujet que « le sort de la mère de…. À la figure de la marâtre cruelle et prégénitale, se joint celle de la
mère idéalisée, narcissisante et constituante, absente et encadrante. Cette imago maternelle peut ainsi être idéalisée, car
préservée des pulsions hostiles de l’enfant, par l’introjection de la mère archaïque devenue surmoi cruel, retournant l’attaque
cruelle sur le moi. Aussi au miroir de la vilaine reine répond le cadre d’ébène de la fenêtre à laquelle est assise la bonne mère de
Blanche neige.
- Dans L’Homme aux Loups, Freud soutient que le conte de fées offre à l’enfant un mode de
pensée qui correspond à sa représentation de lui-même. Il ne sent pas de différence entre
l’animal et lui, ce qui explique qu’il n’est pas surpris par les animaux anthropomorphiques
figurant dans de nombreux contes.

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