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Un lourd destin

Texte n°14
Charles Juliet

Les crises personnelles et familiales sont une source de réflexion pour de nombreux auteurs
et dramaturges contemporains. C'est le cas de Charles Juliet né en 1934, dans l'entre-deux
guerres, écrivain marqué par une enfance douloureuse qui sera à l'origine de toute son
œuvre autobiographique poétique, dramatique. Dernier enfant d'une fratrie CJ est séparé de
sa mère à l'âge de 3 mois parce qu'elle est épuisée et dépressive. Il est confié à une famille
d'accueil d'agriculteur dans sa petite enfance et à l'adolescence il entre dans une école
militaire d'Aix en Provence où il souffre de la faim et de la solitude mais va aussi rencontrer
l'amour tourmenté avec la femme de son chef plus âgée que lui. Ce parcours douloureux,
singulier sera à l'origine de sa vocation d'écrivain et retracé dans 2 récits poignants
Lambeaux ( sur sa mère) et l'Armée de l'éveil aux enfants de Troupe. Face à toutes ces
épreuves il n'est pas étonnant qu'il se soit intéressé et passionné pour la vie du grand poète
Allemand Hölderlin, en qui il se reconnaît, par effet de mise en abîme. C'est pourquoi il
rédige, au début du XX siècle, Un lourd destin pièce qui retrace le parcours de ce poète
tourmenté.

Dans quelle mesure ce dialogue révèle le dilemme du poète déchiré entre ses
aspirations profondes et sons sens du devoir à l’égard de sa famille et des obstacles
les extérieurs ?

I. Le portrait moral du poète et sa vocation d'écrivain qui est une nécessité


intérieure

 son ami Ludwig le décrit comme un jeune homme or norme, il met l'accent sur son
sens du dialogue avec le champ lexical de l'expression orale et écrite comme le
prouvent les verbes tels que « entretenir avec lui », « confier » (l.6), « échang(er)
d'assez nombreuses lettres »(l.7)

 Pour Hölderlin le dialogue est synonyme de dialectique au sens philosophique d'un


dialogue qui construit la pensée, loin de la communication superficielle. C'est le ce
que suggère la didascalie interstitielle (= indication scénique entre les répliques)
« (un silence) »( l.10) qui sous-entend sa gravité.

 les termes qui co-notes la souffrance « choqué, blessé »(l.13) et l'effet de gradation
croissante des défauts « la sottise, la médiocrité, la grossièreté » confirment son
décalage par souci d'exigence

 la quête exigeante de la vocation d'écriture est traduite comme une recherche difficile
au moyen de verbe de mouvement dans la proposition « on l'entendait [...] chambre »
(l.17). Cette exploration intérieure est aussi soulignée par des participes présents et
un gérondif « martelant [...] vers »( l.20)

 l'adverbe de fréquence « souvent » ainsi que l'imparfait à valeur d'habitude « souvent


il tirait […] discrètement » (l.20-21) confirme une discipline quotidienne et une
nécessité intérieure.

 cette nécessité vitale est également traduite par la litote « être poète [...] feuille »
(l.26-27-28)
 l'usage de l'hyperbole « il était [... ]élevé » (l.30) prouve l'intensité de ce travail
d'écriture qui touche au sublime pour 2 raisons (la hauteur de vue et la profondeur de
l'expression

Par conséquent ses amis le décrivent comme un être exceptionnelle, d'exception seul avec
tous, ses amis intimes l'admire alors que les autres le redoute, Charles Juliet se retrouve en
miroir en Baudelaire

II.L'expression de son déchirement en raison d'une vocation contrariée

 ces épreuves sont traduites par 2 expansions nominales introduites par des adjectifs
à valeur péjorative « Soumis [...] boursier » (l.35-37), ce champ lexical de l'esclavage,
souligne son absence de liberté pour des raisons familiales et matérielles

 la question directe « il lui [...] même ? »(1.40) a une valeur de question rhétorique à
une valeur d'opposition souligne la contradiction entre la pensée et les actes

 le champ lexical de la sincérité « chaque [...] vrai » (l.41-45) suivi des expansions
nominales telles que « lourd [...] même » (l.45) confirment l'engagement entier,
existentielle de tout son être

 la reprise anaphorique du CCL « est en accord » (l.52-53) prouve le conflit entre son
cœur et sa raison

 Sa sœur le caractérise comme poète « maudit » terme péjoratif qui signifie incompris
par la société. Elle est la seule à discerner une âme incandescence qu'elle traduit par
la métaphore filée du feu avec des termes comme
« feu [...] surchauffe » (l.56-59)

 l'exigence de vie extrême est un combat douloureux qui est traduit par une
accumulation de termes « déchirements [...] vivre » (l.65-73)

 sa sœur discerne une quête de dépassement de soi qui relève du défi ce qu'elle
dévoile par la dualité, antithèse suivante
« obtenir [...] absolu » (l.73-75)

Par conséquent ce poète se caractérise par sa loyauté et sa douleur profonde et la


recherche d'Hölderlin à une valeur d'exemplarité mais elle comporte des risques

Finalement l'intérêt de ce texte est de prouver le lien étroit entre la crise personnelle et la
crise familiale qui peut avoir des conséquences tragiques, nous comprenons désormais
l'ampleur de son dilemme car il est déchiré entre son sens du devoir envers sa famille et sa
mère et ses aspirations profondes, sa vocation d'écrivain et sa soif d'idéale. Un tel combat
intérieur a été vécu par l'auteur lui-même de la pièce dans son école militaire dont il retrace
l'expérience dans l'année de l'éveille ainsi que dans toute sa poésie et ses journaux intimes.

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