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CAPITAL DE LA DOULEUR DE PAUL ELUARD

En 1926 est écrit le recueil Capital de la douleur dans lequel le poète Paul Eluard expose
ses 200 poèmes. Il y évoque l’amour, le temps, l'art, sa vie en général et les sentiments qu’il a
traversés.

1. Quels sont les différents aspects de l'expression de la souffrance évoqués dans le


recueil ?
Dans ce recueil est exposée toute la souffrance du poète, dans une période où le
romantisme a précédé de multiples courants artistiques, offrant une base bien définie, qui
place l’étude de ses sentiments comme un sujet dont on ne pourrait se passer dans le monde
de la poésie. Paul Eluard a alors consacré son œuvre à exprimer une part de sa souffrance dans
Capital de la douleur. « Capital » signifie plusieurs choses, à commencer par l’adjectif dérivé
que tout le monde connaît : quelque chose de capital est quelque chose d’important. Selon
Karl Marx, le nom commun symbolise une valeur, comme un capital d’argent. Le titre
présente alors d’emblée l’expression d’une douleur dont l’auteur ne pourrait se dispenser. Le
titre initial était Art d’être malheureux : cette oxymore (car elle oppose l’art, l’espoir, la
beauté au malheur) se voit remplacer par un nouveau titre, plus épuré, sans verbe, sans figure
de style, pleine de vide : seulement un groupe nominal de deux noms simples.
Paul Eluard est une part entiere du mouvement du surréalisme. Lorsque l’on lit son œuvre,
on ne peut s’empêcher de se représenter des images. Il écrit la majorité de ses textes en
mettant en scène des situations, en utilisant des allégories comme l’oiseau blanc qui
représente la pureté et l’espoir dans le poème « Elle est », des comparaisons (« il est dur
comme la pierre » dans « Le miroir d’un moment »), des métaphores. Il se sert de cet atout
pour symboliser la souffrance et nous la faire ressentir par le biais de situations malheureuses,
tel que pourrait le présenter « Fin des circonstances » qui illustre des naufragés en mer agiter
les bras dans l’eau, pas encore résignés à mourir, mais sombrant dans ce destin qui leur est
inévitable.
Mais le surréalisme, comme tout courant artistique, se nourrit d’un objectif. Si le
romantisme est approvisionné par la quête de soi, de ses sentiments et de la beauté de la
nature, le surréalisme a comme vocation d’être un courant engagé. En dehors de sa plainte
personnelle, Eluard illustre la plainte de tout être vivant, devant l’atrocité de la première
guerre mondiale qu’il décrit dans son premier chapitre. Son effroi envers les conditions
inhumaines des soldats dans les tranchées, des combats à même Paris, des prisonniers et des
civils qui ne peuvent s’empêcher d’avoir peur. Dans « Paris pendant la guerre », il fait encore
appel aux métaphores et aux images : « Les bêtes qui descendent des faubourgs en feu / les
oiseaux qui secouent leurs plumes meurtières ». Aux côtés de nombreux artistes du même
mouvement, il parvient à dévélopper son art auquel on ne pourrait trouver de véritable sens. Il
prend soin d’écrire autant en vers qu’en prose, sans s’axer obligatoirement sur la ponctuation,
ni sur le nombre de syllabes de chaque vers, ni sur les codes de la poésie classique. Il tente de
chercher du sens dans le non-sens : la périphrase « Mourir de ne pas mourir » est en fait une
litote qui signifie « vivre c’est mourir ». Il écrit ainsi des poèmes à ses collègues en leur
soufflant sa douleur quant aux conditions de la société, comme celui destiné à Pablo Picasso
« Première du monde ». Il semble y dépeindre un rêve et un espoir brisé.
Pour finir, l’auteur aborde un dernier thème qui est encore aujourd’hui d’actualité et
dont tout le monde a déjà souffert une fois dans sa vie : l’amour, et plus précisemment celui
non réciproque et instable qu’il traverse avec sa muse Gala. Dans ses poèmes, Eluard
commence souvent par inscrire son angoisse et sa tristesse, sa douleur qu’il éprouve, avant de
décrire la femme comme étincelante et inspirante à ses yeux. Encore une fois, un sens insensé
est mis en application.
En conclusion, Paul Eluard parvient à exprimer sa souffrance via le mouvement artistique du
surréalisme qui s’efforce de trouver du sens dans le non-sens. Les sentiments sont propres à
chacun et sont impossibles à décrire entièrement, ils sont parfois éprouvés sans raison, ou bien
à des degrés qu’on ne soupsçonnait pas : les sentiments n’ont pas de sens, et c’est par un art
sans codes spéciaux que l’auteur parvient à déchiffrer le langage du cœur, et de sa douleur. Il
utilise pour cela une quantité infinie d’images qui se dispersent sur plusieurs thèmes qu’il
prend soin de développer minutieusement.

2. De votre point de vue, quels poèmes expriment le mieux la douleur ?


Pendant ma lecture, plusieurs poèmes ont retenu mon attention. Premièrement, « Le Grand
Jour » m’a troublée. Comme je le ressens, Eluard évoque la mort, le relâchement, un
apaisement après avoir laissé ses dernières forces s’échapper. Je pense que cet abandon
d’espoir et de courage pour affronter la vie ne peut pas mieux représenter la souffrance : elle
n’est pas eprouvée par rapport à une femme, par rapport aux violences de la guerre, mais par
rapport à la vie. Dans ce recueil régi par le non sens, il était intéressant de nommer ce texte
qui n’expose pas l’explosion de sentiments de quelqu’un, mais plutôt son absence, qui peut
paraitre parfois pire et plus alarmante. Le champ lexical de la douceur (« plumes plus
légères », « oiseaux de telle espèce ») contraste avec le sens de l’écrit, tandis que l’appel
pousse à la tentation de selaisser venir à ce destin funeste : « viens, monte. », « viens vite,
cours. »
Mais celui « Ta bouche aux lèvres d’or » exprime un autre type de souffrance. Ce n’est plus
l’abandon, mais le manque d’une femme que le poète idolâtre qui est exposé. Tous les sens
sont mobilisés ici, commencant par l’ouïe « j’entends vibrer ta voix » jusqu’à la vue qui
semble se perdre peu à peu : « j’ai refermé les yeux sur moi », tout en passant par le toucher et
les sensations du corps (« tous les corps qui s’éveillent / grelottent »). On remarque alors que
plus qu’une souffrance mentale, c’en est une physique qui se manifeste, accompagné
d’hallucinations, alors qu’il se remémorre en vain les moments passés aux côtés de sa
compagne, et les sensations douces qu’elle lui faisait alors ressentir.

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