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14/20 Il y a de bons passages et de bonnes analyses, mais vous ne rattachez pas suffisamment vos idées au

sujet de la dissertation, surtout dans la troisième partie qui semble s'en éloigner.
Dissertation : les Fleurs du Mal 

Le dernier quatrain du poème « L’Albatros » de Baudelaire commence par les vers suivant:
« Le Poète est semblable au prince des nuées / Qui hante la tempête et se rit de l’archer ». Ainsi,
le poète est comparé à cet oiseau qui apparaît comme un être libre, noble et majestueux dans le
ciel. Il se situe au-dessus du commun des hommes et il semble tellement supérieur qu’il peut
a ronter tous les dangers, même ceux qui sont mortels : la tempête et les èches de l’archer.
Mais il n’est le meilleur que dans des domaines abstraits symbolisés par les « nuées » qui
renvoient à une forme de ou, de nébulosité. Il se complaît dans les chimères, son idéal. Pourtant,
dans le reste du poème, l’auteur dresse un portrait misérable de l’oiseau lorsqu’il se trouve sur le
pont au milieu des marins. L’oiseau, tout comme le poète, est inadapté au monde des hommes. Il
« se rit de l’archer » mais pas du fantassin : les nombreuses tortures des marins le font sou rir.
Ces deux vers montrent donc le poète majestueux mais isolé dans sa solitude et incompris du
reste des hommes.

Le poète est-il un être idéal et supérieur au commun des mortels ou bien est-il lui aussi
attaqué par des sentiments plus mélancoliques ?

Tout d’abord, il conviendra d’analyser les caractères du poète qui le rendent si spécial.
Puis, on montrera en quoi il est enclin à la mélancolie et à la colère. En n, on démontrera que
cette alternance entre spleen et idéal n’est, en réalité, que le re et de ses sentiments amoureux.

Introduction convenable. Attention à bien prendre en compte les deux vers dans l'annonce du plan, afin de
ne pas parler d'autre chose
Selon Baudelaire, le poète recherche son idéal à travers un retour à l’unité grâce aux
correspondances verticales entre la Terre et le ciel. Ainsi, il le compare au « prince des nuées ».
Mais on retrouve aussi ce lien, entre le poète et le ciel, dans « Élévation ». Tout d’abord, le titre de
ce poème est polysémique. Il désigne le moment lors de la messe où un prêtre prend l’hostie et la
lève en l’air mais aussi un mouvement d’ascension. En e et, l’auteur décrit tout d’abord un
monde qui se situe au dessus du notre : « Par delà le soleil, par delà les éthers, / Par delà les
con ns des sphères étoilées ». Puis il écrit : « Mon esprit, tu te meus avec agilité, / Et, comme un
bon nageur qui se pâme dans l’onde, / Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde / Avec une
indicible et mâle volupté ». C’est dans les espaces célestes que l’air est le plus pur pour le poète.
L’utilisation du champ lexical du mouvement vise à montrer la liberté de son âme dans les cieux.
Cette élévation spatiale et spirituelle est rendue possible grâce à la poésie. En e et, l’auteur écrit :
« Heureux celui qui peut d’un aile vigoureuse / S’élancer vers les champs lumineux et sereins ».
Ici, « l’aile vigoureuse » est une périphrase désignant la plume du poète qui, par la vigueur de son
esprit et de sa pensé parvient à une forme de plénitude. Grâce à son art, le poète s’élève au-
dessus du monde terrestre pour atteindre son idéal.

Dans les Fleurs du Mal, le poète est aussi décrit comme un être d’exception, un « prince »,
car il arrive à établir des correspondances horizontales permettant un mélange des sens,
synonyme d’idéal chez Baudelaire. En e et, l’auteur estime que les di érents sens que l’homme
possède pour percevoir le monde créent une fragmentation de la réalité. Ainsi, le seul moyen
d’atteindre l’idéal est de parvenir à un mélange de ces di érents sens. Dans
« Correspondances », Baudelaire voit dans la nature un lieu sacré et symbolique et dé nit le poète
comme un intermédiaire entre la nature et les hommes. Pour décrypter la nature, il a recours aux
synesthésies : « Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants, / Doux comme des
hautbois, verts comme les prairies ». L’auteur associe ici des sensations de natures di érentes en
mettant en relation l’odorat (« parfum »), le toucher (« frais » « doux ») et l’ouïe (« hautbois »).
Baudelaire réussit à peindre le tableau d’une nature idyllique en quelques mots. En saisissant
intuitivement ces correspondances et en posant les justes mots dessus, il atteint une forme de
splendeur. Le poète est en cela supérieur au reste des hommes car, grâce à sa singularité, il
accèdent à une plénitude de la sensation.

Bonne partie. Evoquez mieux les deux vers lorsque vous parlez de la synesthésie
Cependant, si le poète cherche un retour à l’unité, c’est davantage pour lutter face au
spleen, ce sentiment mélancolique caractérisé par le dégoût de l’existence même. En e et, la
description idéale et céleste du poète n’est qu’un souvenir déplorable lui permettant de s’élever
temporairement au-dessus de la cruauté des hommes. L’archer, évoqué dans «  L’Albatros »,
semble alors symboliser ce sentiment de spleen qui guette le poète. Les nombreuses crises
d’angoisses décrites dans les Fleurs du Mal montrent la défaite du poète face à cet « archer ».
Cet état de malaise est particulièrement saisissant dans le dernier poème de la série intitulée
« Spleen ». Le texte s’ouvre sur la description d’une atmosphère pesante et lugubre à laquelle le
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poète est confrontée : « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle / [...] / Il nous verse
un jour noir plus triste que les nuits ». La n du poème est, quant à elle, une véritable métaphore
du spleen représenté par « des cloches [qui] tout à coup sautent avec furie ». Ces cloches
personni ées sont inquiétantes car elles hurlent. Ce « hurlement » peut être interprété comme un
cri angoissé de l’homme vers le ciel, comme un appel destiné à Dieu. Cette vision du poète est à
l’opposé de l’idéal car, quand il n’est pas dans les cieux, il sou re et la quête de l’élévation
l’obsède. Ces correspondances verticales, lorsqu’elles sont inatteignables, renforcent le
sentiment d’angoisse chez le poète défait.

Ce sentiment mélancolique peut parfois se transformer en haine chez le poète. Ce dernier


peut éprouver du dégoût envers le monde qui l’entoure mais par dessus tout envers lui-même.
Dans «  L’Héautontimorouménos  », Baudelaire décrit justement la colère qu’il ressent contre sa
personne. Le titre même de ce poème signi e « celui qui se châtie lui-même » et il est emprunté à
une pièce de théâtre de Térence. Baudelaire écrit : «  Je suis la plaie et le couteau ! / Je suis le
sou et et la joue ! / Je suis les membres et la roue, / Et la victime et le bourreau !  ». Cette
anaphore très violente joue sur le paradoxe masochiste du poète. Le poème se nit d’ailleurs par
une image très dérangeante : «  Je suis de mon coeur le vampire, / --Un de ces grands
abandonnés / Au rire éternel condamnés, / Et qui ne peuvent plus sourire ! ». Dans ces vers, on
peut voir que le narrateur se présente comme une gure complexe et contradictoire - à la fois
bourreau et victime, créateur et destructeur. Le rire, ici décrit, est pathologique. Il ressemble
davantage à une forme de sort envoyé par les Dieux. Dans ce poème, Baudelaire met également
en avant le thème du désespoir et de la résignation, le poète semblant incapable de se libérer de
son tourment intérieur.

Attention à mieux évoquer les deux vers, dans votre second paragraphe qui semble s'en éloigner
Mais le poète est avant tout un être amoureux et les femmes qu’a connues Baudelaire ont
grandement in uencé son œuvre. Cet amour peut être l’image de l’idéal baudelairien quand il
évoque la plénitude du sentiment. « L’Invitation au Voyage » dédié à Mme. Daubrun fait allusion à
un séjour passé avec elle à Amsterdam. Dans ce poème très intimiste, le poète montre l’intérieur
d’un appartement et la vue qu’il donne sur la ville, ses canaux, etc. Le paysage décrit prend les
traits de la femme aimée et se superpose à elle. Il compare, par exemple, le soleil et le ciel aux
yeux de son amante : «  Les soleils mouillés / De ces ciels brouillés / Pour mon esprit ont les
charmes / Si mystérieux / De tes traîtres yeux, / Brillant à travers leurs larmes  ». Le sentiment
agréable lié aux paysages et au voyage est magni é par la présence de Mme. Daubrun. De plus,
la vision de l’idéal du poète est résumée dans les deux vers du refrain : « Là, tout n’est qu’ordre et
beauté, / Luxe, calme et volupté ». L’allitération en « l » donne des sons uides, doux et oniriques
au refrain. Ce dernier vers très musical illustre ainsi la quête de l’idéal chez le poète qu’il peut
trouver auprès de la femme grâce au sentiment amoureux.

Cependant, l’amour et la femme peuvent aussi incarner la sou rance prenant même
parfois les traits de bourreaux. Dans « Le Vampire », Baudelaire présente une image sombre de la
femme et de l’amour, sans doute inspiré par sont amante Jeanne Duval avec laquelle il entretient
une relation tumultueuse. Tout au long du poème, elle est représentée comme une créature
vampirique. Par exemple, la comparaison hyperbolique : « forte comme un troupeau de démons »
fait apparaître la femme comme un monstre redoutable, une créature inhumaine et surtout
puissante tandis que le poète se montre faible à cause de son « cœur plaintif ». Malgré cela, le
poète l’aime et ne peut s’en défaire : «  Comme au jeu le joueur têtu, / Comme à la bouteille
l’ivrogne, / Comme aux vermines la charogne / — Maudite, maudite sois-tu ! ». Ici, la relation à la
femme est assimilée à des vices qui privent ceux qui s’y adonnent de liberté car ils sont addictifs.
Ainsi, dans ce poème dominé par le spleen, la femme qu’il semble aimer apparaît comme une
créature vampirique face à laquelle le poète est impuissant.

Cette partie s'éloigne des deux vers : vous ne rattachez pas suffisamment vos idées à l'énoncé de la
dissertation
Dans les Fleurs du Mal, le poète peut être vu en e et comme un être suprême grâce à son
génie et grâce aux correspondances verticales qu’il est capable d’établir. Cependant, sa poésie
reste grandement marquée par un sentiment d’angoisse presque permanent. De plus, face à la
cruauté du monde qui l’entoure, il peut ressentir de la colère. Le poète est en réalité un être
amoureux qui puise dans les relations avec les femmes tant son éclat que son impuissance.
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