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Revue française de science

politique

Sartori (Giovanni) - Democrazia e definizioni


Monsieur Mattei Dogan

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Dogan Mattei. Sartori (Giovanni) - Democrazia e definizioni. In: Revue française de science politique, 10ᵉ année, n°1, 1960. pp.
180-181;

https://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1960_num_10_1_392568_t1_0180_0000_002

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Revue Française de Science Politique

«adoptés en 1905», et l'on n'a pas fait l'effort facile de distinguer typogra-
phiquement les modifications ultérieures incluses dans le texte. Les statistiques
électorales françaises sont parfois données en incluant les résultats des
départements algériens (en 1906, 1910, 1914, de 1919 à 1936), mais les excluent en
1902 et de 1945 à 1958, sans qu'aucune note ne l'indique, ce qui risque de
conduire à des contre-sens. Les mêmes statistiques électorales ne comportent
jamais l'indication du nombre des votants, ce qui rend impossible tout calcul
de l'abstentionnisme. A ces défauts il doit être facile de porter remède dans
une prochaine édition : souhaitons que le succès de ces ouvrages rende bientôt
celle-ci nécessaire.
Jean Meyriat

Pensée Politique

SARTORI (Giovanni) — Democrazia e definizioni. —


(Bologna) II Mulino (1957). 22 cm, xii~333 p. Index. L 2 000. (Saggi 14.)
Il est important et urgent pour la science politique de mettre de l'ordre
dans son vocabulaire : telle est la thèse fondamentale de ce livre, qui analyse
la valeur sémantique des mots employés dans la vie politique, qui dénonce
la confusion des concepts, les mystifications terminologiques, les explications
tautologiques et les pseudo-problèmes verbaux, qui décrit « la Tour de Babel
politique », la « guerre des mots », la « querelle des étiquettes », et qui plaide
pour une « hygiène linguistique » en politique.
Dans sa préface, Giovanni Sartori nous dit qu'il juge le sujet de son livre
plus proche de la science politique que de la philosophie politique. En réalité,
il nous apporte une intéressante épistémologie de la science politique, un
excellent dictionnaire étymologique et sémantique du vocabulaire politique, et un
riche inventaire de concepts ambigus et de locutions impropres. Cette remarque
tend à souligner la grande utilité de ce livre, plutôt que ses limites.
L'ouvrage se divise en deux parties : « la démocratie et ses malentendus »,
qui est une analyse deductive, et « la démocratie et ses sous-entendus», qui est
une vérification historique.
Le chemin est long de « la démocratique étymologique » (premier chapitre)
à «la démocratie dirigiste» (avant-dernier chapitre); mais, en le parcourant,
on fait avec l'auteur la chasse aux erreurs linguistiques. L'analyse est savante
et subtile, mais la démarche de Sartori est quelquefois acrobatique. A la fin
de la première partie, « on peut croire qu'on est arrivé à un point mort »
(p. 130). C'est parce que la déontologie démocratique, sur laquelle le livre
insiste avec raison, rend impossible la définition de « la vraie démocratie ».
Sur ce point, l'objectivité de l'auteur est incontestable.
Dans la deuxième partie de cet ouvrage bien construit, Sartori reprend les
notions de Liberté, Egalité, Pouvoir, Loi, Peuple, Démocratie libérale,
Socialisme, Autocratie, Totalitarisme, etc., en les replaçant dans la diversité des

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Notes Bibliographiques

contextes historiques. Il confronte « la parole avec la chose », dans l'antiquité


grecque aussi bien qu'en Europe occidentale, aux Etats-Unis comme en U.R.S.S.
Il se livre à une reconstitution sociologique du langage politique. On lit avec
un vif intérêt l'analyse des rapports entre les notions de libéralisme, égali-
tarisme et démocratie dans diverses sociétés à des époques différentes. Mais
son interprétation est trop abstraite. Il s engage dans un faux dilemme Liberté-
Egalité, au lieu de distinguer les multiples libertés et les diverses égalités :
juridique, politique, économique, sociale, religieuse, etc. Sa définition de la
démocratie libérale est trop... libérale. Elle ne tient pas compte de l'intervention
de l'Etat dans la vie économique, si fréquente de nos jours. Ses analyses
n'attachent pas une importance suffisante aux structures économiques et aux conflits
sociaux. Parti d'une réflexion sur la démocratie, l'auteur en arrive à une réflexion
libérale-démocrate. La démocratie et la planification économique lui paraissent
fondamentalement incompatibles, malgré les expériences récentes, notamment en
Angleterre et en France. La conciliation est évidemment impossible quand les
principes et les fondements de l'expérience démocratique sont tirés
exclusivement de l'expérience libérale.
Au terme de cette étude, où la logique prédomine à chaque instant, Sartori
fonde la démocratie politique sur une forma mentis démocratique préexistante
dans la civilisation occidentale. Ses remarques sur Y ethos démocratique sont
très pénétrantes.
Le mérite essentiel de ce beau livre est ainsi de procéder à une
clarification systématique des concepts. Le danger d'un tel débat, qui se situe au
niveau des valeurs, était le formalisme et le verbalisme, que. Sartori a su éviter.
Son livre, plein de réflexions intelligentes, mérite d'être lu et médité.
Mattéi Dogan

SHKLAR (Judith N.) — After Utopia. The decline of political


faith. — Princeton (N.J.), Princeton University press, 1957. 21 cm,
xii-309 p. Bibliogr. Index. $ 5.00.
Livre curieux et intéressant, dont la démarche et les thèses rappelleront au
lecteur français à la fois celles de L'Homme révolté et celles de L'opium des
intellectuels ; le souci de l'auteur est avant tout de montrer comment l'optimisme
politique, la croyance au progrès ou à la révolution issue de l'Aufklërung, sont
morts aujourd'hui sans avoir été remplacés par rien de positif ni de valable.
Mais J. Shklar analyse moins les idéologies révolutionnaires elles-mêmes que,
justement, la réaction à l'Aufklârung et plus généralement les doctrines pessimistes
du XIXe et du xxe siècle ; c'est ainsi qu'elle décrit longuement le mouvement
romantique, notamment en Allemagne, l'œuvre de Kierkegaard et de Nietzsche
et toutes les pensées qui lui paraissent exprimer l'attitude de la « conscience
malheureuse ». Au XXe siècle elle étudie avant tout deux mouvements de pensée
:

le « fatalisme chrétien » qui refuse la civilisation actuelle livrée aux techniques


et déchristianisée ; et le « romantisme de la défaite », représenté essentiellement
par l'existentialisme. Seule la dernière partie es. consacrée aux idéologies du

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