Vous êtes sur la page 1sur 14

Les États-Unis d’Amérique

Section 2 – Les organes politiques

Il s’agit, d’une part, du détenteur du Pouvoir législatif et, d’autre part, du


détenteur du pouvoir exécutif, à savoir respectivement le Congrès et le Président des
États-Unis.

Par. 1 – Le Congrès

Organisation/Pouvoirs

A) Organisation

Nous allons étudier tant l’organisation de la structure du Congrès que celle de son
fonctionnement.

1) Structure bicamérale

Le Congrès américain est bicaméral et ce bicaméralisme s’explique par deux


raisons :

1) La volonté d’éviter la domination d’une seule Chambre ;

2) Le double souci des États fédérés de conserver leur autonomie, d’une part, et
d’influencer les décisions fédérales, d’autre part.

On a deux chambres :

La Chambre des représentants, comme son nom l’indique, sert à représenter les
citoyens américains. Elle comporte 435 membres (plus 3 pour le district de Washington)
(1 parlementaire représente environ 400 000 citoyens) élus pour deux ans au scrutin
majoritaire à un seul tour dans le cadre des États. Le mandat de deux ans est court, il a

1|Page
une explication historique : au XVIIIe siècle, on était méfiant envers les assemblées
représentatives. Raccourcir leur mandat revenait finalement à les soumettre à un contrôle
fréquent. Cette explication n’est pas relayée toutefois par la pratique car, très
indépendants de leurs partis, les parlementaires agissent surtout en fonction des intérêts
de leurs circonscription ce qui permet à une grande partie de ceux qui se représentent
d’être réélus. Les inconvénients de ce système demeurent certains : à peine élu un
représentant est de nouveau en campagne électorale. De plus, élue en même temps que le
président, la Chambre doit être entièrement renouvelée à la fin de la deuxième année du
mandat présidentiel (mid-term elections) et le parti du président perd régulièrement des
sièges lors de ces élections intermédiaires. La Chambre des représentants est présidée par
le Speaker qui est en même temps le chef du parti majoritaire mais il n’a ni l’autorité ni
l’impartialité de son homologue britannique. Composition politique : En 2012, les
Républicains obtiennent la majorité des sièges à la Chambre, majorité qu’ils conforteront
aux élections du 4 novembre 2014 en emportant 247 sièges contre 188 aux Démocrates.
Aux élections du 8 novembre 2016 les Républicains gardent le contrôle de la Chambre
mais en perdant 10 sièges. Le 3 novembre 2018, les démocrates reprennent la majorité en
obtenant 235 sièges.

Le Sénat, quant à lui représente les États fédérés sur une base égalitaire
conformément aux principes traditionnels du fédéralisme. Chaque État élit 2 sénateurs
quelles que soient sa taille et sa population. Les sénateurs sont élus pour 6 ans au suffrage
universel direct (jusqu’en 1913, ils étaient désignés par la législature de leur Etat) au
scrutin majoritaire à un tour et le Sénat se renouvelle par tiers tous les deux ans. Le Sénat
est présidé par le vice-président des EU mais en réalité sa présidence est purement
honorifique : il a peu de pouvoirs et ne vote qu’en cas de partage des voix. Il se fait
généralement représenté par un sénateur. Pratiquement, le véritable chef du Sénat est le
leader du parti majoritaire. Composition politique du Sénat : Majoritaires au Sénat avec
51 sièges en 2012, les Démocrates vont perdre cette majorité avec les élections du 4
novembre 2014, les Républicains emportant 54 sièges. Depuis 2016, les Républicains

2|Page
sont majoritaires avec 51 sièges et ils renforcèrent leur majorité en obtenant deux sièges
supplémentaires aux élections de novembre 2018.

2) Fonctionnement

Nous avons déjà évoqué l’impact des lobbies et l’explication de cet impact sur la
législation mais le fonctionnement du Congrès est également influencé par différents
autres éléments :

Un pouvoir secondé

Le Congrès dispose d’une administration de plus de 20000 personnes dont plus de


5000 pour la bibliothèque et près de 900 rien que pour le Legislative Reference Service
chargé de réunir toute la documentation nécessaire pour un sujet déterminé et de répondre
aux questions des Congressmen. C’est le seul Parlement au monde qui soit doté d’une
administration aussi nombreuse sans parler des experts extérieurs auxquels il peut
recourir et des moyens perfectionnés dont il s’est doté et que l’évolution du numérique et
de l’informatique a renforcés.

Un pouvoir fortement décentralisé (commissions et débats)

Le Congrès tient une session annuelle qui s’ouvre le 3 janvier et dont il décide lui-
même de la clôture. En pratique elle dure rarement moins de 10 mois. Les débats ne sont
pas aussi organisés que dans les Parlements européens et la structure du Congrès est
particulièrement décentralisée.

Au niveau des débats, une pratique originale a vu le jour au Sénat : le


filibustering. Le mot vient du français flibuste (pirate). Le règlement du Sénat ne
prévoyant pas de limite au temps de parole et aux débats, les sénateurs ont pris l’habitude
lorsqu’ils veulent bloquer un projet de prendre la parole et de la garder aussi longtemps

3|Page
qu’ils le peuvent de manière à retarder voire à bloquer toute décision. Certains sénateurs
lisent même la Bible lorsqu’ils sont à court d’arguments, en 1953 un sénateur a même
réussi à garder la parole pendant 22 heures relate Ph. Ardant. Le filibustering peut être
surmonté par un vote à la majorité des 3/5 e, soit 60 sénateurs, difficile à obtenir. Les
sénateurs peuvent certes amender le règlement du Sénat mais la majorité préfère garder
cette pratique pour le jour où elle serait minoritaire.

Le travail du Congrès est réparti entre différentes commissions qui le composent.


Il y a d’abord les commissions permanentes (22 à la Chambre et 16 au Sénat) qui
procèdent à l’examen préalable des projets de lois. Elles peuvent également procéder à
des hearings auxquels elles peuvent convoquer qui elles veulent ce qui leur permet de
contourner la séparation rigide des pouvoirs et obtenir l’avis de l’administration. Il y a
ensuite les commissions spéciales qui contrôlent l’administration, des exemples célèbres
sont restés dans la mémoire collective (la commission dirigée par MacCarthy en 1954,
celle qui a enquêté sur le scandale de Watergate 1971, sur l’Irangate en 1987 …). Il y a
aussi une commission de conciliation qui est censée proposer un texte pouvant entraîner
l’adhésion des Chambres mais, contrairement à la commission mixte paritaire française,
son échec entraîne l’abandon du projet.

Un pouvoir sous influence (lobbying, groupes de pression et Think Tanks)

Tous ceux qui se sont penchés sur l’examen du système américain depuis
Tocqueville ont été frappés par l’étendue du rôle joué par les groupes de pression au
niveau de la législature. Il faut reconnaître que la conception de la loi n’est pas la même
aux États-Unis qu’en France : dans l’Hexagone, l’intérêt général exige du député de se
fermer hermétiquement aux intérêts particuliers, alors que les américains sont plus
pragmatiques et estiment que les parlementaires du Capitole doivent être informés des
intérêts en présence, la loi, après tout, est faite pour les hommes et par des hommes ! Les
USA afin de réglementer cette pratique du lobbying ont fini par l’officialiser via le
Lobbying Disclosure Act de 1995 qui oblige les lobbies à s’inscrire auprès des Chambres

4|Page
et de déposer chaque semestre la liste des personnes soutenues et les montants versés
sous peine de se voir pénalement sanctionnés (amende et prison). On a vu comment le
Congrès a tenté d’encadrer le montant des dépenses sans grand succès.

Ils sont relayés actuellement par des Think Tanks qui sont des organismes de
recherche (ex : Hoover Institution) en principe indépendants en réalité financés par des
entreprises dont ils défendent les intérêts.

L’action des lobbies est restée pendant longtemps équilibrée : face à tel lobby il y
avait un autre groupe de pression qui défendait l’opinion adverse. Cet équilibre a été
rompu par l’apparition dans les années 1960 d’un complexe fort puissant réunissant une
partie de l’administration fédérale (Pentagone et CIA), de très grandes firmes et banques
américaines qui ont des intérêts dans l’armement. Ce « complexe militaro-industriel »
(l’expression est de Eisenhower) affaibli avec la guerre du Vietnam s’est vu renforcé
avec G. W. Bush et les attentats du 11 septembre 2001.

B) Pouvoirs

1) Attributions communes aux deux Chambres

1) Le Congrès joue un rôle essentiel dans la révision de la Constitution. Il


partage l’initiative avec les Etats (2/3 membres de chacune des deux Chambres ou 2/3
Etats). Les amendements proposés doivent être ratifiés par les ¾ des Etats et c’est le
Congrès qui décide si la ratification sera faite au sein des Etats ou de la Convention. La
procédure lourde même si elle demeure maîtrisée au final par le Congrès. Peu utilisée. 27
fois.

2) Le Congrès a le pouvoir législatif. Seuls les congressmen ont l’initiative des


lois (on verra plus loin comment le président a réussi à contourner cet obstacle). Les
textes doivent être adoptés en termes identiques par les deux Chambres et ces dernières

5|Page
sont sur un pied d’égalité de sorte qu’un projet de loi non adopté en termes identiques est
soumis à une commission mixte et, si cette dernière échoue, le projet est abandonné.

3) En matière d’impôts, l’initiative appartient à la Chambre des représentants (en


pratique c’est la présidence qui s’est arrogée cette prérogative) mais le Sénat peut
apporter des amendements et en tout cas le texte doit être voté par les deux Chambres.
C’est également le Congrès qui vote le projet de budget. De ses compétences en matière
financière, le Congrès a tiré une prérogative redoutable : celle de refuser au président les
moyens de ses actions. C’est ainsi que Reagan n’a pu soutenir la Contra (il voulait
financer les militants Contras au Nicaragua, pays communiste aux portes des USA. En
fait cette affaire a été à l’origine de l’Irangate : vente secrète d’armes à l’Iran nonobstant
l’embargo, l’administration américaine espérait en contrepartie la libération d’otages
américains détenus à Beyrouth par l’armée des gardiens de la révolution islamique et le
financement avec l’argent de la vente des contras au Nicaragua, financement qui avait été
refusé par le Congrès) car le Congrès lui refusait les moyens financiers qu’il demandait.

4) C’est le Congrès qui a le pouvoir constitutionnel de déclarer la guerre. Dans


les faits, le président des USA a réussi à contourner cet obstacle : s’il a utilisé la force
armée plus de 200 fois, nous indique Chantebout, il n’y a eu que 5 déclarations de guerre
demandées au Congrès. Cette tension entre le président et le Congrès au sujet de la
déclaration de guerre et de l’envoi des troupes armées fera l’objet de développements
ultérieurs, sachez seulement que pas plus loin que 2011, le président Obama a contourné
le Parlement au sujet de l’intervention militaire en Lybie estimant que ne s’agissant pas
d’hostilités mais d’application des résolutions de l’ONU il n’a pas à demander
l’assentiment du Congrès.

5) Le Congrès a enfin des fonctions juridictionnelles et de contrôle de


l’Exécutif. La Chambre des représentants peut mettre en œuvre la procédure
d’impeachment à l’égard de tout haut fonctionnaire même les juges fédéraux et le
président et elle n’est pas tenue par une définition légale des crimes. C’est le Sénat qui se

6|Page
prononce sur la destitution à la majorité des 2/3. Affaire Watergate et démission de
Nixon. Monicagate et Clinton. Trump plus récemment. Plus de détails après.

Dans ses fonctions de contrôle, le Congrès a la possibilité de mener des enquêtes


et d’auditionner la personne de son choix et les commissions d’enquête font beaucoup de
tapage médiatique autour de cela, on assiste souvent à ces auditions à la télévision, on
peut maintenant les retrouver sur la toile. Désagréables certes, ces auditions sont toutefois
dénuées de sanctions juridiques, régime présidentiel oblige.

2) Attributions propres au Sénat

Il s’agit de ce que l’on désigne par les pouvoirs d’advice and consent reconnus
par la Constitution au seul Sénat. De quoi s’agit-il ? Mais aussi et avant tout pourquoi le
Sénat et pas la Chambre des représentants ? La Chambre haute dans un système fédéral
est celle qui représente les Etats (dans un système unitaire la chambre haute a pour rôle
de tempérer la chambre basse) et à l’origine le Sénat américain constitué de 26 sénateurs
(2 x 13 colonies) avait, en plus du rôle législatif, un rôle de conseiller de l’Exécutif
fédéral. Ce rôle a disparu mais les attributions qui y étaient attachées demeurèrent.

Le Sénat doit donner son accord à la nomination des hauts fonctionnaires


fédéraux. C’est ainsi que des dizaines de milliers de nominations lui sont soumises et pas
des moindres : juges de la Cour suprême, secrétaire d’Etat, président de la Banque
centrale…. Généralement par courtoisie sénatoriale le sénat ne s’oppose pas au choix du
président mais ce n’est ni automatique ni systématique. Certains présidents ont connu des
déboires (Reagan, Nixon et Bush fils). Récemment le président Obama s’est vu refuser
certaines nominations et, au mois de juin 2013, 10% des sièges de juges fédéraux sont
restés vacants. Un Sénat opposé au président voire une minorité recourant au filibustering
peut bloquer des nominations d’autant plus que jusqu’à récemment toutes les
nominations devaient être approuvées à la majorité des 2/3 du Sénat. Un amendement des
règles de vote survenu le 21 novembre 2013 a abaissé la majorité requise de 60 à 51 voix
sauf pour certaines fonctions (juges de la Cour suprême. Majorité demeure de 60).

7|Page
Par ailleurs le Sénat a certaines compétences dans la conduite des relations
internationales puisque les traités conclus par le président doivent être ratifiés par le
Sénat à la majorité des 2/3 des présents. L’exemple le plus célèbre de refus du Sénat reste
celui de son rejet du traité de Versailles, rejet qui n’a pas permis aux Etats-Unis
d’intégrer la SDN puisque le Pacte de la SDN était placé en tête dudit traité. Le président
a trouvé un moyen de contourner l’opposition du Sénat en recourant aux executive
agreements qui n’ont pas besoin de la ratification sénatoriale. Développements ultérieurs.

Par. 2 – Le Président des Etats-Unis

Élection et mandat/exercice du pouvoir

A) Élection et mandat

1) L’élection

Pour pouvoir être éligible un candidat doit réunir les conditions suivantes : être
citoyen américain de naissance, être âgé d’au moins 35 ans et résider depuis au moins 14
ans aux Etats-Unis. Le vice-président est généralement un candidat malheureux à
l’investiture, il ne doit pas résider dans le même État que le candidat à la présidence.
L’élection du président des Etats-Unis obéit aux mêmes règles et schéma que toutes les
élections aux Etats-Unis : la première phase est relative au choix des candidats, la
deuxième phase correspond à l’élection proprement dite.

a) La sélection des candidats

Cette phase se subdivise à son tour en deux moments :

 Le choix des délégués. Ils sont choisis dans le cadre des États selon soit la
procédure des primaires soit celle des caucuses.

8|Page
 Les délégués se réunissent ensuite en Convention pour désigner le candidat du
parti. La sélection du candidat s’achève par un discours du candidat désigné qui lance la
campagne et annonce par la même occasion le choix de son vice-président (le ticket
présidentiel).

Cette procédure est longue et onéreuse. Les caucuses sont moins démocratiques
mais les primaires, comme nous l’avons déjà souligné précédemment, ne mobilisent pas
les électeurs (20%) et n’intéressent que le parti qui n’occupe pas la Maison Blanche car le
président sortant, s’il est rééligible, est dispensé de cette procédure. Les inconvénients de
cette procédure ne se limitent pas à son caractère long, onéreux et inégalitaire mais
également au fait que si l’occupant de la Maison-Blanche ne peut plus être réélu car ayant
cumulé deux mandats successifs, la recherche d’un remplaçant par le parti conduit
inévitablement à l’affaiblissement du président en exercice.

b) L’élection proprement dite

Elle se subdivise également en deux phases : l’élection et la proclamation des


résultats.

 L’élection. Elle a lieu le mardi qui suit le premier lundi du mois de novembre
de chaque année bissextile. Les électeurs américains choisissent au scrutin de liste
majoritaire à 1 tour, dans le cadre des États, les grands électeurs. Chaque État a autant de
grands électeurs qu’il n’a de congressmen, ce qui fait un total de 538 grands électeurs.
Les grands électeurs ont un mandat impératif et ce jour-là est élu président celui qui
obtient la majorité des mandats électoraux c'est-à-dire 270 grands électeurs. La Cour
suprême a reconnu la validité du caractère impératif du mandat (Ray v. Blair 1952).

En cas de ballotage, c’est la Chambre des représentants qui se prononce pour le


président (le vote a lieu par Etat et chaque Etat dispose d’une voix) et le Sénat pour le
vice-président, ce dernier suivant toutefois le ticket présidentiel sauf une exception -
Richard Johnson en 1837 - mais, dans ce cas, le Sénat avait suivi le vote populaire.

9|Page
En plus du caractère long et onéreux déjà exposé le système instauré connaît
d’autres inconvénients :

1) Il est peu démocratique car, comme tout système majoritaire, il peut entraîner
l’élection d’un président ayant obtenu la majorité des grands électeurs mais qui a recueilli
moins de voix au niveau du suffrage populaire (G.W. Bush fut élu alors qu’Al Gore le
dépassait de plus de 500000 voix au suffrage universel)

2) Il est artificiel. Le mandat impératif des grands électeurs rend le suffrage


indirect inutile.

3) Il est inégalitaire car il appartient aux Etats de déterminer les modes de


désignation des grands électeurs et les Etats fédérés n’ont pas réussi à adopter un système
uniforme.

 La proclamation des résultats

Les grands électeurs se réunissent le 18 décembre dans leurs États respectifs et les
résultats sont transmis au président du Sénat (le vice-président sortant). Le 6 janvier ce
dernier proclame les résultats en présence du Congrès. Le président et le vice-président
entrent en fonction le 20 janvier suite à la cérémonie de l’inauguration.

L’institution des grands électeurs est artificielle et superflue, le système se


ramenant pratiquement à une élection à un degré d’autant plus que mêmes leurs noms ne
figurent plus sur les bulletins de vote. Une révision s’impose en dépit de l’attachement
des États à ce système surtout depuis l’incident qui a opposé Bush à Gore dans l’Etat de
Floride. Un problème de mauvais perforage des bulletins a amené la Cour suprême à se
prononcer par 5 voix contre 4 pour l’élection de Bush et cela alors que la compétence en
matière d’élection présidentielle appartient au Congrès et que le problème soulevé est une
question d’ordre fédéré qui aurait dû rester de la compétence des juges de Floride. Un

10 | P a g e
autre inconvénient majeur de ce système se trouve aussi, comme déjà indiqué, dans ses
rapports avec l’argent.

2) Le mandat présidentiel

Le président est élu pour un mandat de 4 ans renouvelable une seule fois. En cas
de vacance de la présidence (décès, empêchement définitif…), c’est le vice-président qui
continue le mandat commencé. En cas d’empêchement temporaire (maladie), toutefois,
rien n’était prévu et c’est ainsi que la femme de Wilson, lequel fut paralysé à la fin de son
mandat, exerça la régence de 1920 à 1921. Désormais, depuis le XXVe amendement, il
convient de distinguer entre deux cas : soit c’est le président qui organise sa suppléance,
il envoie dès lors aux présidents des deux chambres du Congrès une lettre indiquant son
incapacité future et désignant le vice-président pour le remplacer momentanément (une
contre-lettre mettra fin à l’empêchement temporaire et au rôle du vice-président dans la
suppléance) ; soit le président n’a pas organisé sa suppléance, à ce moment l’initiative de
la suppléance appartient soit au vice-président et aux secrétaires du cabinet ensemble, soit
à la majorité des membres du Congrès. La suppléance sera assurée également dans ce cas
par le vice-président mais le président peut faire appel de la décision devant le Congrès
s’il estime qu’il n’y avait pas empêchement momentané.

En cas de vacance de la vice-présidence, c’est le président qui, depuis le XXVe


amendement, désigne son successeur qui entrera en fonctions une fois sa nomination
approuvée à la majorité absolue du Congrès.

B) Exercice du pouvoir

Le président est aidé durant son mandat par une pléthore de collaborateurs et il est
doté de prérogatives très importantes. Les collaborateurs du président/Les pouvoirs du
président.

1) Les collaborateurs du président

11 | P a g e
À l’origine, la constitution ne donnait que peu de moyens au président. Jefferson
par exemple n’avait qu’un assistant qu’il payait de ses propres deniers. Ce n’est qu’en
1939 que le Congrès créa le bureau du président. Les principales institutions rattachées
aujourd’hui au président sont le cabinet et une série d’autres organismes qui jouent le rôle
de conseillers.

a) Le Cabinet

Une fois entré en fonctions, le président nomme ses ministres avec l’accord du
Sénat. Ils sont au nombre de 16 et sont appelés secretaries, le plus important étant celui
qui s’occupe des affaires étrangères à qui est réservé le titre de Secretary of State
(secrétaire d’État). Placés à la tête des départements, ils ne ressemblent pas aux ministres
dans les régimes parlementaires et n’ont aucune existence autonome en dehors du lien
avec le président. Certains présidents ne les convoquant presque jamais à l’instar de John
Kennedy. Ils jouent en fait le rôle de conseillers du président qui n’est pas obligé de
suivre leur avis lorsqu’il les consulte. Lincoln : 7 oui un non, le non l’emporte.

b) Les autres conseillers

À côté du Cabinet on trouve le White House Office regroupant 650 personnes


environ. Ce sont les véritables conseillers politiques du président. On trouve également le
Bureau ou l’Executive Office, véritable brain trust du président (qq 6000 personnes).
Toute une série d’agences et d’offices sont rattachés au Bureau (ex : Le Conseil national
de sécurité auquel est rattachée la CIA).

2) Les pouvoirs du président

1 – Le Président est le détenteur du pouvoir réglementaire. À ce titre il prend avec les


executive orders toutes les mesures qu’il juge indispensable à la mise en œuvre de la loi.

2 – Le président est le chef de l’administration fédérale. À ce titre, il est le moteur des


services publics et contrôle leur fonctionnement. Il nomme également, avec le

12 | P a g e
consentement du Sénat, tous les fonctionnaires fédéraux qu’il peut révoquer
unilatéralement. Une pratique s’est installée avec chaque élection d’un nouveau
président : le spoil system qui consiste à licencier les fonctionnaires sur place et à les
remplacer par des amis proches. Les excès de ce système ont poussé le Congrès en 1883
à adopter le Pendleton Act qui remplace le spoil system par le merit system (recrutement
par voie de concours) mais les emplois supérieurs demeurent à la discrétion du président.
Le seul réel frein à ce pouvoir c’est l’approbation du Sénat qui, comme nous l’avons vu,
n’est pas nécessairement acquise. De même, en tant que chef de l’administration, il peut
mettre en œuvre en période de crise des pouvoirs très étendus qui lui permettent de
limiter les droits fondamentaux : c’est ce que le président Bush a fait après les attentats
du 11 septembre en obtenant du Congrès l’adoption du Patriot Act qui permet, en
dérogation à la procédure habituelle, de mettre sur écoute toute personne soupçonnée de
terrorisme.

3 – Il est le responsable de la politique étrangère. C’est lui qui conduit les négociations
diplomatiques, qui nomme les ambassadeurs, signe les traités. Il peut même s’il le
souhaite se substituer au secrétaire d’Etat censé l’aider dans ce domaine.

4 – Il est le commandant en chef des forces armées. Même s’il ne possède pas le droit de
déclarer la guerre, commander l’armée permet au président en temps de guerre de diriger
les opérations militaires et, en temps de paix, de recourir à l’armée pour repousser une
attaque soudaine. En d’autres termes, si le président ne peut pas déclarer la guerre il peut
la faire lorsqu’elle est imposée. La guerre de Sécession et l’accroissement du rôle des
Etats-Unis dans le monde ont développé considérablement les pouvoirs du président dans
ce domaine. C’est dans ce cadre que le président des Etats-Unis a décidé d’utiliser la
bombe atomique, qu’il a lancé la guerre en Irak, c’est également à ce titre que G.W. Bush
a institué un état d’urgence en 2001 qui lui a permis de décider l’arrestation et la
détention pendant une durée illimitée de prétendus terroristes (plusieurs centaines de
prisonniers ont été internés dans la base militaire de Guantanamo sur la base de cette
décision). Une réaction aux excès présidentiels a toutefois été amorcée en 1973 par le

13 | P a g e
vote de la loi sur les War powers qui interdit au président d’engager les troupes à
l’étranger au-delà de 60 jours sans l’accord du Congrès. Dans la pratique, c’est bien le
président qui engage la guerre et le Congrès s’y oppose rarement par la suite. En 2001, le
Congrès a voté une autorisation pour l’usage de la force militaire (AUMF) permettant au
président (Bush à l’époque) d’attaquer toute personne connectée à al Qaeda où qu’elle
soit et à n’importe quel moment. Obama a utilisé cette autorisation en l’interprétant très
largement et, lorsqu’il a, pour une fois, demandé au préalable l’accord du Congrès avant
de lancer des frappes militaires en Syrie, l’accord ne lui a pas été accordé. En août 2017,
le président Trump a notifié le Congrès des attaques aériennes conduites quelques jours
plus tôt contre des positions syriennes alors que, avant son élection, il a toujours défendu
la nécessité de demander au préalable l’accord du Congrès.

5 – Il a également quelques prérogatives d’ordre juridictionnel : Il a le droit de grâce


pour les crimes et délits fédéraux. Il peut également par le biais de la nomination des
juges de la Cour Suprême influencer le cours de la jurisprudence en modifiant la majorité
au sein de la Cour (amener soit des juges conservateurs soit des juges libéraux).

14 | P a g e

Vous aimerez peut-être aussi