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Le Conseil Constitutionnel

Date last edit @28 novembre 2023

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4ème rep

Matière Droit constitutionnel

Prochaine relecture 29 novembre 2023

Au 18ème : pas le rôle des juges de se prononcer sur la loi, et notamment sa


conformité à la Constitution

a beaucoup évolué, car depuis deuxième moitié du 20è, partout dans le monde
s’est répandu cette pratique des Cours Constitutionnelles qui vérifient la
conformité des lois à la Constitution

Évolution du mouvement :
- 1803 aux ÉUA : décision Marbery VS Madison XX : pose les jalons d’un
contrôle de constitutionnalité des lois
- En Europe, Tchécoslovaquie et Autriche prévoient ça XX année ; puis
Allemagne et Italie

→ Au fur et à mesure, devenu normalité, désormais exception quand il n’y


en a pas. Même dans les pays autoritaires, il y en a.

En France, grosse résistance :

même en 1958 quand on crée le C.C : Ø intention de créer une Cour


Constitutionnelle

son rôle se développe 70s-80s

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causes de la résistance :

légicentrisme : loi est l’oeuvre du souverain, donc on ne peut pas la


contrôler

I. LA COMPOSITION ET LES
ATTRIBUTIONS DU CONSEIL
CONSTITUTIONNEL
A) La composition
Distinction membres nommés & membres de droit

1. Membres nommés
9

3 nommés par PR

3 nommés par Président AN

3 nommés par Président Sénat

= nomination par autorités politiques

chacun est nommé pour 9 ans

Conseil Constitutionnel se renouvelle par tiers tous les 3 ans

impossibilité de destituer

ø exigence de qualification juridique pour les membres (alors que présent dans
majorité des pays)

beaucoup d’hommes politiques sont nommés :

ex. 2022 : Jacqueline Bourrot XX ?, ministre en exercice (ø compétence


juridique) ; Véronique Malbec XX (magistrate, proche du garde des
sceaux) ; François XXX directeur de cabinet du Président du Sénat

nomination par autorité politique pas une exception française : se fait partout
dans le monde (ÉUA)

lié à la particularité des fonctions : vérification de la conformité de la loi à la


Constitution, donc très sensible politiquement

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cependant, dans nombreux pays il y a une exigence de consensus (majorité
qualifiée par ex.), n’existe pas en France

système inspiré des ÉUA, mais beaucoup moins rigide :

aux ÉUA, capacité juridique des membres garanties par des auditions
devant des commisisons sénatoriales : épluchage de la vie des
candidats, publications…

en France, voulu faire la même chose : 23/07/2008 (Art. 56) : permettre


des auditions devant parlementaires pour nomination à des postes
sensibles (CC notamment)

nomination par PR, puis procédure d’audition devant les


Commissions des Lois des 2 Chambres

Problèmes :

pour que nomination refusée par commission parlementaire


: 3/5 des membres des 2 commissions doivent voter
CONTRE (alors que d’habitude pour valider = 3/5 POUR) ;
donc 2/5 des voix pour suffit à confirmer

nomination par Président AN : audition seulement devant


Commission AN, Président Sénat : seulement Commission Sénat

en réalité, rien à voir avec les auditions faites au Sénat américain : pas
de question qui gêne, rien de dérangeant ; mais toujours mieux que rien

2. Les membres de droit


Anciens Présidents de la République

Au moment de la rédaction de la Constitution en 1958

CC considéré comme autorité morale avec peu d’importance : gratification avec


peu d’importance pour les anciens PR

jusqu’à ce que le CC exerce un pouvoir important, en particulier depuis


introduction de la QPC : rôle d’une Cour qui tranche des litiges

Personne n’ose y mettre fin, car peur de vexer les PR sortants qui veulent y siéger ;
et ancien PR n’y vont en réalité que très peu

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Présidents mourraient à la fin de leurs mandats, jusqu’à Giscard d’Estaing

incompatibilité avec tout mandat électif (pensée à l’origine pour les membres
nommés)

si on suit strictement la règle : tous les PR sortants doivent mettre fin à leur
carrière politique à l’issue de leur mandat, car membre de droit du CC

Avec Giscard d’Estaing, CC décide qu’il pourra continuer les mandats électifs à
condition qu’il ne siège pas tant qu’il était actif dans ses mandats

Jacques Chirac

a aussi siégé ; déteste Giscard d’Estaing → ambiance tendue entre les deux au
Conseil Constitutionnel

pas de façon assidue

Nicolas Sarkozy

siège

mais choisi de ne plus venir au Conseil Constitutionnel quand il a invalidé ses


comptes de campagne, considérant avoir été maltraité

François Hollande

jamais allé

3. Le Président du Conseil Constitutionnel


nommé par le PR (ajd Laurent Fabius)

Pas de rôle extraordinaire, distinctions :

représente le CC à l’extérieur

voix prépondérante en cas de partage des voix (s’exerce peu car fonctionne
plutôt au compromis)

nomme le Secrétaire Général du Conseil Constitutionnel

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très important, responsable de tout le service administratif et juridique →
prépare les recherches pour la prise de décision (=poids sur la décision)

SG toujours membre du Conseil d’État, expert juridique

mais les membres du service sont rarement juristes, donc suivent le


Secrétaire Général

distribue aussi les rôles de rapporteurs : prépare la proposition de décision


d’une loi pour les autres membres, qui fait un rapport → poids sur la décision

B) Les attributions
Agis dans de nombreux domaines, mais nous nous intéressons au rôle de contrôle
de la constitutionnalité en général

1. Le contrôle traditionnel a priori : article 61


Dès 1958 :

contrôle de la constitutionnalité des actes avant leur entrée en vigueur

Procédure :

Contrôle obligatoire (prévu par art. 61 al.1) : pas besoin d’être saisi par
quiconque

valable pour :

lois organiques (complètent la Constitution)

règlement des Chambres (expérience de la 3ème Rép : ajout de


pouvoirs par Règlements)

depuis 2008 : proposition de référendum d’initiative partagée

Contrôle facultatif : intervient uniquement lorsque saisi par une autorité de saisie

PR

Président AN

Président Sénat

PM

60 députés OU 60 sénateurs (ajout depuis 1974)

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à ce moment saisi après adoption de la loi par les Chambres, mais
avant la promulgation (censée intervenir 15j après le vote) → délai de
promulgation suspendu si saisine du Conseil Constitutionnel

Contrôle est également facultatif pour les engagements internationaux (Art. 54)
:

Traité doit être ratifié par le PR uniquement après une autorisation législative,
obtenue soit par le Parlement, soit par référendum (Art. 11)

Art. 54 permet de vérifier que le traité qu’on s’apprête à ratifier soit


constitutionnel, car le traité engage la France

Autorités de saisie : PR Président Sénat / Assemblée + PM ; 60 députés OU


60 sénateurs (depuis 1992 cette fois)

Conseil Constitutionnel dispose d’1 mois pour statuer, à moins que


Gouvernement déclare l’urgence → 8j (très très court pour examiner la totalité d’un
texte et sa conformité)

expliqué par la conception du CC en 1958

CC a pris l’habitude de commencer à travailler dès les débats parlementaires


avant même la saisie

CC s’est déclaré incompétent (donc a refusé de se prononcer) sur :

lois référendaires (estime que ces lois sont l’expression directe de la


souveraineté nationale (1962)

pourrait s’exprimer sur le projet de référendum avant la tenue du vote

lois de révisions constitutionnelles

Avantages du contrôle a priori

empêche une loi manifestement contraire à la Constitution d’entrer en vigueur

a maintenu pendant un moment le mythe du légicentrisme et donc la loi


incontestable : une fois promulguée, impossible de contester

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Inconvénients :

peut arriver qu’on se rende compte qu’une loi inconstitutionnelle qu’une fois mise
en pratique → contrôle fait de façon abstraite, sur une base uniquement
théorique

2. Le contrôle a posteriori de l’article 61-1 : la QPC


Contrôle a priori de moins en moins tenable : les lois étaient contestées devant les
juges pour des violations de traités internationaux (=questions de conventionalité)

Juges ordinaires faisaient prévaloir les traités sur les lois systématiquement :
dans un procès (dès 1975 pour tribunaux ordinaires, 1989 pour tribunaux
administratifs), juge pouvait écarter la loi car pas conforme à un traité

ne s’agit pas d’une abrogation de la loi, simplement : je constate que la loi


ne respecte pas l’engagement international de la France, donc je ne
l’applique pas dans ce cas précis

donc difficile de dire que loi incontestable car dans les procès, on relève des
inconventionalités de la loi, que les juges acceptent de prendre en compte

Beaucoup de droits et libertés sont consacrés dans la Constitution, mais aussi la


Convention Européenne des Droits de l’Homme

paradoxe : on veut pas de contrôle de constitutionalité française, par contre


ok pour CEDH

Loi organique du 10/12/2009 précise la loi et met en place la QPC

à l’occasion d’un procès, le juge doit être saisi par l’une des parties, qui invoque
l’inconstitutionnalité d’une loi

juge renvoie au Conseil Constitutionnel la question de la constitutionnalité : soit


confirme ; soit infirme et donc abrogation de la loi (art.62) → peut aménager :
décaler l’abrogation

dispositif pré-judiciel (juge saisi le CC avant de rendre sa décision)

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QPC ne peut pas être sur n’importe quel objet

doit porter sur les droits et libertés que la Constitution garantit

donc questions procédurales ne peuvent pas faire l’objet d’une QPC

Pourquoi Question Prioritaire de Constitutionnalité ?

+ simple de faire référence à la CEDH

donc processus doit être prioritaire car doit se faire vite

ainsi les avocats se donnent le max de moyen et invoquent les 2 : examen par le
juge ordinaire sur la conventionalité ET le CC sur la constitutionnalité

juge doit d’abord renvoyer à la juridiction suprême de son ordre (Cour de


Cassation / Conseil d’État)

II. LE RÔLE POLITIQUE DU CONSEIL


CONSTITUTIONNEL
A) Un rôle croissant
Lorsque créé en 1958, pas destiné à devenir une Cour Constitutionnelle

à l’origine, volonté d’encadrement du pouvoir des parlementaires

on veut limiter le parlement au domaine de la loi (Art. 34) → donc législateur


pourra plus intervenir au delà de ce domaine

nécessité d’une autorité pour arrêter le parlement lorsqu’il dépasse son


domaine → protéger les prérogatives du Gouvernement : “chien de garde de
l’exécutif”

Mais Conseil Constitutionnel n’est plus totalement destiné à protéger le


Gouvernement

Gouvernement principal législateur, et CC seule autorité capable de s’opposer à


la majorité

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Différentes étapes à l’accroissement des pouvoirs :

16/07/1971 : décision “liberté d’association” : CC décide qu’il va désormais


contrôler la conformité des lois à la Constitution, pas seulement au regard des
articles de la Constitution. Il fondera aussi ses décisions sur le préambule, qui
renvoie à la DDHC de 1789 et au préambule de la Constitution de 1946

contrôle n’est plus purement procédural sur la répartition du domaine loi /


règlement

est désormais aussi un contrôle de contenu des lois

29/10/1974 : révision constitutionnelle : ouvre la saisine du CC à 60 députés ou


60 sénateurs sur les lois

ouverture du contrôle à l’opposition des parlementaires : arme permettant de


s’opposer à la promulgation d’une loi

multiplication des saisines du Conseil Constitutionnel : à chaque fois que loi


contestée, opposition l’utilise

CC a de + en + de décisions à rendre sur de + en + de lois ; mais permet aussi


d’invoquer plusieurs fois chaque droit et liberté qu’il précise (liberté d’expression,
droit de propriété…) → permet de préciser sa jurisprudence
Le Conseil Constitutionnel dit ce que la Constitution veut dire, il précise la
Constitution et permet donc de dire ce que le législateur peut faire, influence les lois
proposées par le Gouvernement

Raisons pour lesquelles les autorités politiques ont prévu de faire ça :

droite au pouvoir en 1974, quand on sera dans l’opposition, nous permettra


d’influencer sur des lois

Importance de la QPC aussi : Conseil Constitutionnel peut intervenir sur toutes les
lois

donne + de poids au CC car étend sa sphère d’intervention (avant QPC, ne


pouvait pas analyser les lois déjà promulguées)

B) Un rôle déterminant

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Juges constitutionnels sont les véritables auteurs des normes qu’ils imposent aux
pouvoirs publics (législateur principalement)

phénomène de l’interprétation juridique fait que les juges ne sont pas du tout
dans une position d’automate, de “bouche de la loi” , car ça n’est pas possible :
des choix sont toujours appliqués quant à la signification des énoncés juridiques.

langage du droit est un langage humain, naturel : plusieurs interprétations sont


possibles

d’autant + vrai pour notre Constitution : les ajouts appartiennent à des traditions
philosophiques totalement différentes, voire opposées.

on a donc des énoncés qu’on peut interpréter à la lueur d’autres énoncés

ex. “Liberté et Égalité” → principes consacrés dans le texte constitutionnel

mais comment combiner les 2 ? Ø solution technique, liberté + égalité


n’a pas de résultat universel

→ Pourquoi la volonté de quelques juges devrait prévaloir sur des gens qui sont élus
? Américains appellent ça la difficulté contre-majoritaire

Justifié par le fait que les majortiés politiques ne représentent pas forcément la
volonté populaire, qui plus est une majorité peut toujours violer les droits des
minorités. Mais comment faire en sorte que ce contrôle des majorités s’inscrive dans
une perspective démcoratique ? Intervention des juges constitutionnels s’inscrit dans
un contre-pouvoir

Vertue : a attiré l’attention des gens sur les droits de l’homme ; mais effet pervers :
ça a technisicisé ces questions, qui sont devenus des questions de juristes, alors
que concerne tout le monde

Il ne faut pas voir le Conseil Constitutionnel comme un tiers neutre qui


arbitre le jeu politique.

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