Vous êtes sur la page 1sur 6

PARTIE 3 : La suprématie de la Constitution

Chapitre 1 : La révision de la Constitution


I- Les procédures de révision
Révision de la Constitution = pouvoir constituant dérivé > les constitutions modernes prévoient leurs propres
procédures de révision
➢ Les procédures prévues par l’article 89
3étapes : Initiative // adoption du projet ou de la proposition // ratification
- La procédure normale :
Il y a toujours deux autorités qui interviennent : le Parlement et le Peuple (+ parfois le gouvernement)
1) Initiative de la révision
Art89, alinéa 1 : initiative partagée entre les parlementaires et l’exécutif
Particularité : pour une loi ordinaire, le gouvernement (PM) seul peut proposer // pour une loi constitutionnelle, il
faut un accord entre le Président de la République et le Premier Ministre

Quand l’initiative vient des membres du Parlement, on parle de proposition de révision


Quand l’initiative vient du gouvernement, on parle de projet de révision

2) Adoption du projet ou de la proposition


Art89, alinéa 2 : doit être adopté par les 2 assemblées en terme identique > c’est la dernière trace d’un
parlement bicaméral égalitaire et chacune des 2 assemblées à un pouvoir de blocage

3) Ratification du projet ou de la proposition


Art89, alinéa 2 : la révision est définitive après avoir été adoptée par référendum

- La procédure simplifiée (art89, alinéa 3) = dérogatoire


Elle ne concerne que les projets de révision et seulement l’étape de ratification.
Lorsque le PR décide de soumettre le projet au Parlement en Congrès (=réunion au Château de Versailles des
députés et sénateurs pour voter un projet de loi) > il n’y a pas de référendum et le projet doit être adopté à la
majorité des trois cinquièmes.
Elle ne concerne que les projets de lois car De Gaulle se méfiait de l’initiative des parlementaires
➢ La procédure concurrente de révision, l’article 11 de la Constitution
L’article 11 porte sur le référendum législatif > en 58, on pensait utiliser cet article pour faire passer des lois
ordinaires par référendum
PROBLEME : le mode d’élection du Président de la République
OBJECTIF DE DE GAULLE : faire élire au suffrage universel direct le président en utilisant l’article 89, or les
deux assemblées n’auraient jamais accepté (grosse perte d’influence)
L’art11 est utilisé par De Gaulle pour proposer sa révision > le référendum accepte à 62% des voix
Réponse du Conseil Constitutionnel :
1) Il n’est pas compétent pour l’analyse de l’art11
2) Il dit que le peuple a le droit de déroger aux limites qu’il a fixé
L’AN perd de l’influence et sa seule solution est de renverser le gouvernement de G. Pompidou en 1962
1969 : question de la régionalisation et réforme du Sénat > De Gaulle voulait détruire le Sénat
> Le référendum est rejeté = démission de De Gaulle
= en 1962, rien ne peut empêcher le Président de la République de modifier la Constitution

II- Les limites des révisions et la pratique sous la Vème République

➢ Les limitations relatives au pouvoir de révision


- Les limites relatives à la période de révision
1) Art89, alinéa 4 : aucune procédure de révision ne peut être engagée lorsqu’il porte atteinte à l’intégrité
territoriale
2) Art7, alinéas 4 et 11 : en cas de vacances (de retrait provisoire) du Président, il n’y a pas de changement
3) 1992 : le Conseil Constitutionnel estime que pendant l’application de l’art16, il n’y a pas de changement

- Les limites relatives à l’objet de la révision


Art89, alinéa 5 : pas clair sur la notion de République (c’est une notion politique et non une notion juridique)
1) Forme du régime politique (en opposition à la monarchie, à la dictature…)
2) Principes républicains (art premier)
Art16 de la DDHC : pour avoir une révision, il est interdit de remettre en cause la garantie des droits et séparation
des pouvoirs
= certains nombres de limites mais il n’y a aucun contrôle de celles-ci dans la Constitution
➢ La pratique des révisions constitutionnelles
- Le constat
21 révisions sont passées par le Congrès (par procédure simplifiée) sur 24 (2 par référendum)
La plupart des révisions ont lieu depuis 1998-1999 (accélération) > 13 révisions entre 1998 et 2008 dont aucune où
le peuple a été consulté.
Révision du 23 juillet 2008 : elle touche 46 articles de la Constitution
1) Volonté d’actualiser et moderniser la Constitution
2) Volonté de changer certains équilibres et notamment redonner une place au Parlement

- Le contenu des révisions


3 thèmes principaux :
1) Décolonisation et structure territoriale de l’Etat (28 mars 2003)
2) Modifications techniques (révision de 62, révision du 8 juillet 1999 pour la CPI…)
3) Développement de la construction européenne (pour ratifier chaque traité UE, il y a une modification de la
Constitution)
Chapitre 2 : Le Conseil Constitutionnel
C’est une cour constitutionnelle et un organe compétent pour changer les lois
Il a été créé en 1958 pour :
- Limitation du domaine de la loi (art 34 et art37)
- Question de la rationalisation du régime Parlementaire (gardien de la détermination constitutionnelle des
compétences)
- N’était pas prévu pour être un défenseur des droits et libertés > en 1958, il n’y a pas de droits et libertés
inscrits dans la Constitution
Le contrôle de Constitution existe aux Etats Unis depuis 1803 et s’est généralisé en Europe occidental après la
2ndGM (surtout en Italie et en Allemagne)

I- Composition et compétences du Conseil Constitutionnel

➢ La composition du Conseil Constitutionnel


- Catégories des membres
Art56, alinéa 1 : composé de 9membres dont le mandat dure 9ans (rotation de 3 tous les 3ans)
3 sont nommés par le Président de la République
3 sont nommés par le Président du Sénat
3 sont nommés par le Président de l’Assemblée Nationale
On ne requit aucune exigence ou aucun diplôme pour nommer les membres du Conseil Constitutionnel
Jusqu’à 2008, il n’y avait pas de contrôle des nominations (aujourd’hui : auditions publiques par la Commission des
lois, le Sénat et l’AN
La Commission peut s’opposer à la candidature si les 3/5 ème s’y oppose
Art56, alinéa 2 : les anciens présidents de la République sont membres de droit à vie (selon leur choix)
Cela permet de remercier les deux PR de la IVème Rep d’avoir aidé à la mise en place de la Vème
Cela permet de trouver un statut aux anciens PR (salaire notamment)
Art56, alinéa 3 : le Président du Conseil est nommé par le PR et a la décision finale en cas de partage égal
- Statue des membres
L’objectif est d’assurer aux membres leur total indépendance pour assurer leur impartialité
Les membres sont soumis à une obligation de discrétion (sous serment) > ils doivent garder le secret de leur vote et
des délibérations
Il y a un système d’incompatibilité (art57) selon lequel les membres du Conseil ne peuvent être titulaire d’un autre
mandat électoral (maire, ministres…) pendant leur mandat au Conseil > si c’est le cas, ils ont 8j pour choisir
Mais, ils ont la possibilité de poursuivre une activité professionnelle en parallèle si ils n’évoquent pas leur qualité de
membre du Conseil
Ils sont obligés de s’abstenir de tout ce qui compromet l’indépendance et la dignité de leur fonction > sanction
d’office prononcée par le Conseil Constitutionnel lui-même
Les membres ont des indemnités de fonction (traitement)
➢ Les compétences du Conseil Constitutionnel
Il ne dispose que de compétences d’attribution (= pas de compétence en dehors de celle donnée par la Constitution)
- Les attributions non contentieuses
a) Les attributions consultatives
Avis donnés par le Conseil Constitutionnel dans les cas prévus par la Constitution et par les lois organiques > avis
publics (art16, alinéa 6) et avis non publics (art16, alinéa 1)
b) Les attributions administratives
Le Conseil Constitutionnel surveille et organise les référendums et l’élection présidentielle
Le Conseil Constitutionnel suit la question du Président de la République (il suit son mandat, constate la vacante) et
établit la liste des candidats à l’élection présidentielle
- Les attributions contentieuses
a) Les attributions de nature juridictionnelle
Le Conseil Constitutionnel est juge des incompatibilités des Parlementaires (sanction)
Le Conseil Constitutionnel est juge du contentieux des élections présidentielles, parlementaires et des référendums
b) Les attributions en matière de contrôle de constitutionnalité
Fonctions : lois, contrôle de nationalité
➢ Contrôle obligatoire = lois organiques, règlements des Assemblées
➢ Contrôle facultatif = lois ordinaires ; engagements internationaux
Le contrôle facultatif des lois ordinaires = saisine par 4 modalités :
1ère modalité :
- Art 41 : autorités impliquées = gouvernement et Président de l’Assemblée concernée > savoir si le
projet/proposition/amendement est dans le domaine de la loi
- Art 61 : intervient entre le vote et promulgation d’une loi > délai sur lequel le Conseil Constitution peut être
saisie par 6 autorités + délai du Conseil Constitutionnel pour se prononcer de 1mois (8jours si urgence)
- Art 37, alinéa 2 : le Conseil Constitutionnel peut être saisie si un texte de loi n’est pas du domaine de la loi >
si pas du domaine de la loi, alors délégalisation
- Art 61 – 1 (révision de 2008) : saisine sur renvoi préjudiciel sur la QPC > la QPC est un mécanisme de
renvoi préjudiciable qui :
1) Nécessite d’une instance (procès) où la disposition est appliquée et les requérants de l’instance doivent
le faire par écrit distinct et motivé.
2) La juridiction de fond reçoit la QPC avec 3 modalités pour examiner la disposition : la disposition
applicable est litigeable // disposition n’a pas déjà été déclaré conforme par le CC // la question n’est pas
dépourvue de caractères sérieux (évacuer les QPC mal fondée) > si 1 des 3 conditions n’est pas remplie
la juridiction rejette la disposition sinon elle l’envoie à la juridiction suprême de son ordre (judiciaire ou
administrative)
- Devant la juridiction suprême = 3 mois pour se prononcer sur la recevabilité sous 3 conditions
Les conditions 1 et 2 sont identiques que devant la juridiction de fond
Soit la question est nouvelle, soit la question présente un caractère sérieux = travail de filtrage
La question est transmise au Conseil Constitutionnel si dans les 3 mois la juridiction suprême ne s’est pas prononcée
Si le Conseil estime que la disposition est contraire à la Constitution = elle est abrogée (art 62)
Engagements internationaux = traités conclus par la France avec les autres Etats
➢ Contrôle prévu par l’art 54 = même autorité de saisine que l’art 61
➢ Si on veut ratifier un traité international = il faut réviser la Constitution

II- L’évolution du Conseil Constitutionnel

➢ L’extension du contrôle de constitution


- 1ère phase = 1958 à 1971
1958 : contrôle de constitutionnalité tourné vers la protection de l’exécutif > le conseil constitutionnel n’est pas
intéressant > art 61 : « que 4 autorités habilitées a sa saisine (PR ; PM ; P du Sénat ; P de l’AN)
Jusqu’à 1974 : les 4 autorités sont du même parti politique (gaulliste) > le Conseil Constitutionnel sert très peu
➢ Exception en 1962 : le P du Sénat saisie le Conseil suite au référendum de 62 > le Conseil se déclare non
compétent
- 2ème phase = à partir de 1971 > renforcement du contrôle de constitutionnalité
29 octobre 1974 : révision permettant à 60 députés ou sénateurs de saisir le Conseil Constitutionnel
Décision du 16 juillet 1971 : révision jurisprudentielle > liberté d’association
Bloc de constitutionnalité = ensemble des dispositions dont se sert le Conseil Constitutionnel pour examiner la loi
➢ Préambule de 46 : principes affirmés par une loi votée sous un régime républicain (constant depuis 46)
➢ Charte de l’environnement de 2004
➢ Révision de 2008 et la QPC

➢ La protection des droits et libertés des citoyens


Décision de 1971 : le Conseil Constitutionnel change de nature > avant il avait un contrôle formel de la constitution
Dans la constitution, il n’y a pas de droits et de libertés > désormais, il y a un contrôle matériel
Décision de 1973 : le Conseil Constitutionnel est saisi d’avantage > 30 à 40 décisions par an
2008 : QPC (art61 – 1) > reconnaissance du Conseil Constitutionnel comme gardien des droits et libertés

➢ Nature du Conseil Constitution et les projets de réforme


Le Conseil Constitutionnel est une véritable juridiction (pas d’auto saisine ; démonstration juridique)
Mais il y a des limites pour parler d’une juridiction :
- Au départ = le Conseil Constitutionnel est créé pour limiter le rôle du Parlement
- Mode de nomination des membres et la composition = pas de garantie sur les compétences des membres
- Saisine de l’art 61 = par les autorités politiques (et non juridiques) mais QPC
2 types de projet de réformes :
- Réformer la composition du Conseil Constitutionnel et instaurer un seuil de compétences acceptées pour
une véritable juridiction et supprimer les membres de droit
- Réviser la procédure pour qu’elle soit plus juridictionnelle

Vous aimerez peut-être aussi