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Les domaines respectifs des normes légales et règlementaire

Le régime moral
 La délimitation des domaines
o Le schéma théorique
Article 34 C° > compétence d’attribution du législateur. La loi a un critère formel et un critère
matériel. Rupture avec la IVe Rép.
Etablit deux domaines : celui dans lequel le législateur fixe les règles (ex : nationalité) ; celui dans
lequel il fixe les principes fondamentaux (ex : libre administration des collectivités territoriales).
Article 37 C° > compétence d’attribution du pouvoir règlementaire (ex : détermination de la
structure de l’administration de l’Etat). Pouvoir règlementaire autonome qui n’est donc pas assujetti à
la loi.
Pouvoir règlementaire d’application des lois, assujetti aux lois : quand la loi fixe seulement les
principes. Relève de l’article 21 C°. Loi inapplicable tant que les mesures règlementaires
d’application n’ont pas été prises.
→ Le PM doit prendre les mesures d’application dans un délai raisonnable. Sinon, le
particulier va demander au PM de les prendre. Si le PM ne répond pas, c’est une décision implicite de
refus que la particulier pourra contester devant le CE. Le CE annulera ce refus implicite mais
enjoindra au PM de prendre, dans un certain délai, des mesures d’exécutions des lois en cause (c’est
une injonction). Par ailleurs, si le retard a causé des préjudices au particulier, il pourra demander la
condamnation de l’Etat et une indemnisation.

o La pratique
Le pouvoir législatif reste le pouvoir de principe d’édiction des normes étatiques, pour 3 raisons :

- art. 34 écrit en des termes très vagues


- le CC et le CE n’ont pas vraiment distingué les matières dans lequel le législateur fixe les
règles et celles dans lesquelles il doit juste fixer des principes.
- Le législateur a lui-même œuvré pour élargir sa sphère de compétence en s’intéressant à des
domaines qui ne relèvent pas de l’article 34, avec l’accord du gvt.

La sanction de la délimitation
o La protection du domaine règlementaire

1. L’exception d’irrecevabilité
Article 41 C°. Le gouvernement peut opposer l’exception d’irrecevabilité à une proposition de loi
ou un amendement qui ne relèverait pas du pouvoir législatif. En cas de désaccord avec
l’Assemblée, le gouvernement ou le président de l’Assemblée peut saisir le CC qui devra trancher
dans les 8jours.
2. Les procédures de délégalisation
Article 37 al.2 C°. Si une loi est en vigueur mais relève du domaine de compétence du pouvoir
règlementaire, le gvt peut procédure lui-même à la modification de la loi, par décret. Si la loi est
postérieure à 1958, cette modification ne peut se faire qu’avec l’accord du CC. Si loi antérieure à
1958, un simple décret pris avec avis du CE suffit.
3. La mise en œuvre du contrôle de constitutionnalité des lois de l’article 61 alinéa 2
Le CC refuse de censurer une loi au motif qu’elle dépasse du domaine de compétence de l’article
34. (Il le faisait toutefois entre 2005 et 2012).

o La protection du domaine législatif


Le CE, saisi d’un recours contre un décret qui interviendrait pour tout ou une partie dans le
domaine législatif, annulera ce décret.
→ Le législateur peut empiéter sur le pouvoir règlementaire mais inverse strictement impossible.
Amplifie la distance entre la pratique et la théorie.

Les régimes exceptionnels


 Les ordonnances de l’article 38
Le Gouvernement peut prendre, pendant un délai limité, des mesures normalement prises par le
Parlement, avec l’accord de celui-ci.

o L’habilitation
La loi d’habilitation autorise le gvt et dessaisit le Parlement. Elle est susceptible de faire l’objet
d’un contrôle de constitutionnalité par le CC sur le fondement de l’article 61 al.2 > le CC va
vérifier la suffisante précision des termes de la loi d’habilitation.
Les ordonnances sont des actes signés par le PDR, pris en Conseil des ministres, après avis du CE.
Elles entrent en vigueur dès leur publication. Elles peuvent devenir caduques si le projet de loi de
ratification de ces ordonnances n’est pas déposé sur le bureau de l’une ou l’autre des 2 chambres
parlementaires avant une date fixée par la loi d’habilitation (2e délai).

o La nature juridique des ordonnances


1. L’ordonnance non ratifiée
Elle a une valeur règlementaire. Elle peut donc faire l’objet d’un REP devant le CE, sur divers
fondements :

- Elle a été prise en dehors du domaine d’habilitation, donc est illégal.


- Elle est contraire à la Constitution.
- Elle est contraire à un traité. (depuis JP Nicolo).
- Elle est contraire à un PGD.

Le CE va aussi vérifier que l’autorité règlementaire a pleinement exercé la compétence que le


Parlement lui a délégué (et qu’elle ne fait pas que des références à des décrets règlementaires
d’application qui pourront être pris plus tard, pour en quelque sorte prolonger son délai
d’habilitation…).
Parallélisme des formes et des procédures :
 Une fois le délai d’habilitation dépassés, l’ordonnance ne peut être modifié que par la loi
car le domaine de compétence dans laquelle elle a été prise lui revient à nouveau
 Les dispositions règlementaires d’application contenues dans une ordonnance ne
pourront être modifiées que par un décret pris en Conseil des ministres après avis du
CE.
CC, 28 mai 2020, 2020-843QPC : le CC affirme que les dispositions non ratifiées d’une
ordonnance peuvent faire l’objet d’une QPC car elles relèvent du domaine législatif. (mais elles
n’ont pas « valeur » législative comme il l’a maladroitement dit au départ, et donc peuvent toujours
faire l’objet d’un REP).

2. L’ordonnance ratifiée
Si le Parlement ratifie l’ordonnance, il lui confère rétroactivement une valeur législative. Depuis
2008, le législateur doit adopter explicitement une disposition ratifiant l’ordonnance en question.
Il existe des moyens pour contester une ordonnance ratifiée :
 Contrôle de constitutionnalité indirect à travers le contrôle de la loi de ratification
 Elle peut faire l’objet d’une QPC lors d’un litige mettant en cause une décision prise pour
appliquer cette ordonnance.
L’ordonnance a valeur de loi dans sa totalité et ne peut donc être modifié que par une loi. Mais,
une ordonnance peut contenir des mesures règlementaires d’application. Pour modifier ces mesures
par décret, le gvt va donc devoir enclencher la procédure de délégalisation (le CC doit dire que les
mesures relèvent bien du pouvoir règlementaire). Sinon il ne peut le faire que par un projet de loi.

 L’article 16
L’article 16 C° perm et au PDR de prendre des mesures exigées par les circonstances, en cas de
menace grave et immédiate interrompant le fonctionnement régulier des pouvoirs publics. Le PDR
peut mettre lui-même en place cet article, qui va concentrer dans ses mains les pouvoirs législatifs et
règlementaires.
Contraintes procédurales très strictes :

- Le PDR doit consulter les plus hautes autorités de l’Etat


- Il doit s’adresser à la Nation
- Il doit réunir le Parlement de plein droit pendant toute la période d’exercice des pouvoirs
constitutionnels
- Il n’a pas le pouvoir de dissoudre l’Assemblée pendant cette période.
- Il doit consulter le CC sur chacune des mesures qu’il prendra.

La décision du PDR d’enclencher l’article 16 constitue un acte de gouvernement, qui échappe donc à
tout contrôle juridictionnel et est insusceptible de recours. Les actes pris sur le fondement de l’article
16 ont une nature soit règlementaire soit législative selon qu’ils relèvent du domaine de l’article 34
ou de l’article 37. Seuls les actes règlementaires pourront faire l’objet d’un REP ; les actes législatives
ne pourront faire l’objet d’aucun recours, pas même devant le CC.

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