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Titulaire : I. Roskam
FLORIAN Mélissa
PSY2MS/SP : LPSYS2614
1. Introduction…………………………………………………………………………………….……………….1-2
2. La parentalité contemporaine…………………………………………………………………………2-22
3. Les comportements parentaux……………………………………………………………………….23-47
4. Les relations au sein de la famille…………………………………………………………………..48-91
5. Les déterminants de la parentalité……………………………………………………………….92-104
6. Le développement parental……………………………………………………………………..…105-111
7. Souffrance dans le rôle parental………………………………………………………………...112-146
LPSYS2614 : PSYCHOLOGIE DE LA PARENTALITÉ : FLORIAN MELISSA
INTRODUCTION
1. Compétences visées
À la fin de ce cours, l’apprenant sera capable de redire et d’expliquer les concepts et les
modèles théoriques liés aux relations parent(s)-enfant(s) (savoir), de s’y référer pour
observer/analyser les comportements d’enfants et de parents (savoir-faire), de s’y référer
pour analyser des programmes d’intervention auprès de parents, de s’y référer pour
conduire une intervention au sein d’une famille (savoir-faire et savoir-être).
a) Cours théorique
L’objectif général du cours magistral est qu’à la fin de la formation les étudiants soient
capables de redire et d’expliquer les concepts et les modèles théoriques liés aux relations
parent(s)-enfant(s).
b) E-learning
Construit le savoir-faire, utilisation des concepts théoriques dans Rapport écrit de 5 pages
l’observation dans un premier temps pour analyser des situations Auto-évaluation formative
Sur base des critères de qualité
particulières. Choix parmi différentes activités (patterns EVALUATION CERTIFICATIVE
d’attachement, interactions dyadiques, interactions triadiques). Par l’enseignant sur base des
critères de qualité
Appui sur le contenu théorique du module 1 avec vidéos en ligne et DEADLINE: 1er jour de la session
création d’un rapport (Ressources activité d’observation (Module 2)).
Le Module 3 demande que les étudiants seront capables d’analyser de manière critique des
interventions auprès de parents en utilisant les concepts et les modèles théoriques vus au
cours en présentiel (Module 1). Analyse d’interventions auprès des parents (Super Nanny ou
À la découverte de divers evidence-based programmes)
Le deuxième travail à produire est un exercice d’intervention sur un programme ludique « Lou
et nous ».
- Implémentation du programme « Lou & Nous » dans une famille volontaire avec un enfant
4-7 ans
- Réalisation d’une ligne de base : évaluation de la famille avant l’intervention
- Conduite d’entretiens avec les parents et l’enfant
- Évaluation des effets de l’intervention
Ressources :
3. Modalité d’évaluation
LA PARENTALITÉ CONTEMPORAINE
1. Introduction
Il n’y a pas si longtemps, la psychologie de la parentalité était un terme très peu voir pas du
tout utilisé. Il existait certains cours de type « éducation familiale, conjugale et sexuelle »
donné par un abbé. Ce cours découlerait d’un esprit où l’Église avait une précédence sur tout
ainsi que sur l’éducation des familles, l’éducation sexuelle (quand avoir les premiers rapport,
dans quel but…). Depuis quand le mot « parentalité » est-il arrivé ? Avant 1996, l’occurrence
du mot « parentalité » au niveau des médias est nulle. Cela traduit qu’avant 1996 cela
n’intéresse « personne » et après il se passe quelque chose dans les années 90 qui fait que
cette parentalité devient un sujet dont on parle. Au niveau scientifique, les articles ne sont
pas nombreux au niveau des années 60-70, au niveau des années 80 cela commence à
augmenter mais c’est durant les années 90 que l’on retrouve de nouveau une augmentation.
Si nous nous référons à Google afin de trouver la réponse à « quand est-ce que nous avons
commencé à écrire des livres sur la parentalité ? » et une fois de plus, c’est autour des années
70 que l’augmentation se fait sentir avec une explosion significative au niveau des années 90.
Que s’est-il passé sur la fin de la deuxième moitié du 20ème siècle ? Dans le courant de mai
1968 il y a le mouvement féministe entrainement une place dans la société pour les
femmes (travail des femmes). Le rôle social de la femme change, ce qui entraine une
modification de la structure familial (moins de temps, milieux de garde). L’évolution des
rôles de genre concerne également l’homme.
Cette modification sociale permet à la femme d’être plus indépendante, ce qui crée une
diversification des formes familiales (divorces, foyers monoparentaux, recompositions
familiales, familles homoparentales, ...), il y a également une évolution des mœurs sociales
(familles homoparentales, version du premier DSM dans les années 70).
Cela amène une multitude de questions. Par exemple, les théories sur l’attachement, les
psychanalystes dont Françoise Dolto assistent à ce changement. Françoise Dolto
(psychanalyste active dans les années 80) s’est donc dit « si les mères travaillent et voient
leurs enfants 3 heures par jour, nous allons créer une génération de gamins en mal
d’attachement avec des attachements insécures ». Cette déclaration est une grosse erreur
en termes de pensée, ce serait comme si les mères se retrouvaient « collées » à leur enfant
pour éviter de rompre l’attachement et qu’il s’agit d’une forme de violence de laisser les
mères aller travailler (création d’une génération de dépravés) en confiant les enfants à des
étrangers (puisque création à l’époque des milieux de garde).
En réaction à cela, dans les années 80, la recherche propose des études testant s’il y a des
différences dans le développement entre des enfants qui sont gardés en crèche et des enfants
vivant en famille. Les études montraient qu’aller à la crèche était plutôt une bonne chose avec
une incidence sur la socialisation de l’enfant mais aucune sur l’attachement de ce dernier.
Le temps avec les mères était certes réduit mais de meilleure qualité (elles ne font pas moins,
elles condensent pour un plus petit temps de meilleure qualité).
De même, ces réflexions autour des modifications familiales, par exemple sur les couples
homoparentaux dans les années 90 va amener toute une série d’études sur le bon
développement de l’enfant en fonction de la structure parentale (sans père, sans mère, deux
pères, deux mères…). Les résultats montrent que l’enfant se développe parfaitement bien.
Évolution technologiques. Ces évolutions dans la deuxième moitié du 20ème siècle vont
amener des situations très concrètes dans la famille (PMA, contraception). Les femmes
réclament le droit à la contraception (avant, on pouvait compter jusqu’à 11 enfants par
famille). Cette avancée passe du concept de l’enfant subi (eu dans le cadre de rapports
sexuels sans réel désir) au concept de l’enfant choisi. L’enfant est investi tout autrement,
il devient un projet (principe que lorsqu’une femme a des enfants, elle les a tous voulu et
choisi). Possibilité également de planifier l’âge auquel on désire un enfant, l’écart que l’on
souhaite entre les enfants, l’âge auquel on veut cesser d’avoir des enfants,… Les PMA
permettent à des gens qui dans les générations précédentes n’avaient jamais d’enfants
d’en avoir (stérilité, âge, couples homosexuels…) avec toutes les questions éthiques et
personnelles que cela pose (possibilités nouvelles avec des questions éthiques nouvelles).
Ce qu’il faut retenir, c’est que nous ne nous sommes pas intéressés aux parents pour les
parents ou au parent en temps qu’adulte. Ce qui nous intéresse, c’est l’enfant et son bienêtre.
Tous ces livres et préoccupations autour de la parentalité sont fait afin de s’assurer que
l’enfant ne souffre pas.
Tout ce champ de la parentalité n’est au fond qu’une finalité pour aboutir au centre
d’intérêt réel pour les chercheurs et la société : l’enfant.
Tout ceci devient intéressant puisqu’en entretien, on ne se focalise par sur les parents mais
sur le bienêtre de l’enfant. Par exemple, pour Mme.Roskam la problématique de « l’enfant
difficile » lui portait à coacher les parents pour accompagner l’enfant au quotidien comme s’ils
devaient finalement devenir les thérapeutes de l’enfant au quotidien mais au grand jamais ne
s’était posée la question « qu’est-ce que cela doit être dur pour les parents ». Il existe par
ailleurs une multitude de programmes parentaux qui se sont développés, non dans le but de
pallier psychologiquement les parents mais pour en faire des super-experts
(instrumentalisation des parents au bénéfice du bien-être de l’enfant).
Pendant des siècles, sur l’échelle de notre humanité, la plupart des gens jusqu’au 19ème siècle
montrait de l’indifférence envers les enfants. Au mieux il y avait l’indifférence et la
méconnaissance, au pire on rééduquait ces êtres considérés comme des êtres du mal (enfants
de Satan que l’on battait, représentés sur les toiles à hauteur du sol avec les animaux comme
des bestioles avec l’attente de croissance afin qu’ils constituent une force de travail). La
mortalité infantile étant très courante, l’attachement était particulier.
Viens ensuite une période avec l’envie de protéger l’enfant pour sa survie, suivie d’une
période d’optimisation. Ce virage de l’histoire s’est déroulé sur l’espace de 150 ans maximum.
C’est un virage à 180° puisque pendant des siècles, personne ne s’y intéressait.
Fin du 19ème siècle, il y a des sortes de lobbies qui prennent du pouvoir dans la société
(Anspach et Mestdagh). L’industrialisation de la société va créer des écarts sociaux (les riches
s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent) qui laisse apparaitre la précarité (mendicité par
exemple). Cette affiche reprend une petite fille qui mendie en soutenant qu’il ne faut rien lui
donner parce qu’il y a une considération légale de la pauvreté de l’ordre de le menace pour la
Nation (vols, se prostituent, salissent les rues…). Donner à cette petite fille revenait à
entretenir la mendicité et à l’encourager à tomber dans les vices dans lesquels ses parents
sont déjà.
L’État va se dire tout à coup que plutôt que de donner des pièces dans la rue et d’encourager
à ce qu’elle devienne comme ses parents avec tous les vices que cela comporte, la société
devrait investir dans l’enfance parce que l’enfant est le futur de la Nation. Si l’on parvient à
faire « de meilleurs enfants » quand les parents sont défaillants, la société sera meilleure dans
la génération suivante. Cette idée va être investie non par parce que l’on considère les enfants
mais parce qu’il faut protéger du vice.
Cette trace montre pour la première fois dans l’histoire qu’il y a cette idée de parents qui
ne font pas bien leur rôle
Si cette petite fille tombe mal c’est la faute de ses parents et que l’État peut s’immiscer dans
les familles pour « aller remettre de l’ordre »/ « sauver la génération suivante » et empêcher
que cette petite fille devienne comme ses parents.
Une autre manière d’aborder les choses est d’utiliser l’axe de « protection ». La mortalité
infantile est mise en avant dans la foulée de la 2ème guerre mondiale en sollicitant les mères
à tout mettre en œuvre pour que leurs enfants ne meurent pas. C’est un mouvement de
grande culpabilisation des mères qui va mettre en place que si l’enfant meurt, la faute revient
à la mère. L’ONE a été créée autour de la première guerre mondiale et son affiche est
particulièrement poignante. L’ONE va se charger de garder les enfants « en vie » afin de
repeupler les troupes en instruisant les mères sur comment (surtout via l’allaitement) éviter
que les enfants ne décèdent. Dans cette mouvance, les psychanalystes vont saisir cette idée
que « tout est de la faute de la mère », qu’elle est responsable du devenir de ses enfants.
Cette nouvelle manière de voir l’enfant, la famille, les responsabilités parentales vont amener
le développement de création de l’ONE (sortie de la première guerre mondiale), des tribunaux
pour enfants (on ne peut pas juger un enfant et un adulte de la même façon, idée de ne pas
entretenir le vice en rééduquant tout de suite à part). Nous aurons aussi les premières
réglementations pour le travail des enfants (refus de les envoyer dans les mines afin de les
garder en vie sinon mort trop rapide) et puisque nous voulons sauver le futur de la nation en
sortant ces jeunes des rues, il y aura un travail sur l’obligation scolaire (s’ils travaillent moins,
l’école parvient à éviter le vagabondage).
La psychologie s’est d’abord intéressée aux adultes. Il a fallu un certain temps avant de
s’intéresser à la psychologie de l’enfant (premiers travaux faits dans l’optique de comprendre
comment les adultes se construisent). L’intérêt démarre dans les années 50 avec les
adolescents, l’hospitalisme et ce n’est qu’à cause de la 2ème guerre mondiale que la
psychologique de l’enfant va prendre un essor important.
Toutes ces questions vont susciter les théories de l’attachement qui vont flamber à cette
époque et contribuer à ces concentrations sur l’enfant qui ne sont plus seulement de l’ordre
de la survie et de la protection mais une préoccupation émotionnelle. Ces travaux
psychologiques vont amener une meilleure connaissance des besoins spécifiques de l’enfant
au niveau social, émotionnel… Choses qui n’avaient été au cours de l’histoire JAMAIS
approchées.
Le point d’orgue de tout ce changement est la déclaration universelle des droits de l’enfant.
Dans les années 50 il y a la déclaration universelle des droits de l’homme dans laquelle il y a
un tout petit article disant que les femmes et les enfants ont droit à une protection particulière
et en 1989 vient la déclaration universelle des droits de l’enfant. C’est le point
d’aboutissement de tout ce mouvement qui se construit depuis la fin du 19ème siècle où
progressivement on passe de l’indifférence par rapport à l’enfant à sa protection/sa survie
pour en arriver à l’intérêt pour l’optimisation de son développement.
Premièrement on y fait la liste de tous les droits auxquels les enfants peuvent prétendre
(droit de faire ses propres choix de manière autonome). Ce premier volet change
fondamentalement le rôle des parents (fin de l’imposition).
Deuxièmement, le volet n°2 traite des devoirs de ceux qui prennent soin de l’enfant (les
parents). C’est-à-dire, de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que l’enfant puisse
exercer ses droits et sont ceux par qui l’enfant optimise son développement.
Le troisième volet engage les pays à mettre à disposition des parents des mécanismes de
soutien (exemple : crèches). L’État s’engage également à surveiller les famille qui ne font
pas bien leur travail et pour chaque parent qui n’agira pas dans l’intérêt supérieur de son
enfant, l’État aura le droit d’intervenir afin de remettre de l’ordre (peut aller jusqu’au
retrait de l’enfant de sa famille). Il y a un monitoring important (école, surveillants,
parents…)
Pour de « mauvais parents », quelle aubaine pour les enfants (progrès), quelle pression
pour des parents lambda ce contrôle de l’État!
La pression à la parentalité parfaite, ce climat social qui surveille si tout est fait dans l’intérêt
de l’enfant est nouveau et ancré dans la déclaration universelle des droits de l’enfant. La
déclaration porte la dimension d’optimisation du développement. Les parents ont la
responsabilité d’élever l’enfant et d’assurer son développement (…) guidé par l’intérêt
supérieur de l’enfant.
Est-ce que je dis, ce que je fais, ce que je montre est dans l’intérêt supérieur de mon
enfant ?
Les parents ont « la responsabilité d’élever l’enfant et d’assurer son développement... guidés par
l’intérêt supérieur de l’enfant » (art. 18). L’article 29 notamment définit tout ce que recouvre
cette responsabilité et notamment « favoriser l’épanouissement de la personnalité de l’enfant et
de développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques dans toute la mesure
de leurs potentialités, (...) inculquer à l’enfant le respect de ses parents, de son identité, de sa
langue, de ses valeurs culturelles (...) préparer l’enfant à assumer les responsabilités de la vie (...)
inculquer à l’enfant le respect du milieu naturel ».
Article 19
1. Les États parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et
éducatives appropriées pour protéger l'enfant contre toutes les formes de violence, d'atteinte
ou de brutalités physiques ou mentales, d'abandon ou de négligence, de mauvais traitements
ou d'exploitation, y compris la violence sexuelle, pendant qu'il est sous la garde de ses parents
ou de l'un d'eux, de son ou ses représentants légaux ou de toute autre personne à qui il est
confié.
2. Ces mesures de protection comprendront, selon qu'il conviendra, des procédures efficaces
pour l'établissement de programmes sociaux visant à fournir l'appui nécessaire à l'enfant et à
ceux à qui il est confié, ainsi que pour d'autres formes de prévention, et aux fins d'identification,
de rapport, de renvoi, d'enquête, de traitement et de suivi pour les cas de mauvais traitements
de l'enfant décrits ci-dessus, et comprendre également, selon qu'il conviendra, des procédures
d'intervention judiciaire.
Lorsque les rappels à l’ordre ne suffisent pas, la justice peut s’en mêler, ce qui peut amener
au retrait de l’enfant.
La parentalité intensive est une parentalité centrée sur l’enfant, guidée par des experts, qui
demande un investissement émotionnel important, qui est une charge de travail intensive et
qui coûte cher (alimentation, activités, écoles…).
Voilà pourquoi nous sommes dans une situation où on ne cesse de parler de la parentalité,
où il faut un cours universitaire à cet effet car les parents viendront nous consulter en
disant « on en peut plus ! » (conditions stressantes génératrices de souffrance).
Être parent, aujourd’hui, c’est être un manager du risque (nos enfants ne doivent prendre
aucun risque) et un optimisateur du développement de l’enfant. C’est inédit, au cours de
l’histoire. Ces conditions sont stressantes et peuvent générer de la souffrance. En tant que
psychologue, il faut avoir conscience de tout ce contexte social (être parent, ça prend du
temps, de l’énergie, de l’argent…).
Nous allons aborder une série de croyances sur base desquelles la façon de concevoir le rôle
de parents reposent aujourd’hui. Ces croyances ne sont que partiellement vraies.
a) Infant Determinism
Une des croyances est l’Infant Determinism. C’est la croyance que l’enfant est un être
précieux. Combien de parents disent en parlant de leur enfant « c’est la prunelle de mes
yeux », « c’est mon sang »… ? L’enfant est précieux si bien que toute atteinte qui lui est portée
est une atteinte à nous-mêmes. C’est un être vulnérable également, auquel il faut faire
attention (exemple : le bébé). Cette croyance traduit que les différentes périodes de la vie en
anglais qui se traduisent par infant, child,… (>< à l’enfance en français)
Tout ce qui va se passer dans la toute petite enfance de l’individu est fondamental va
déterminer tout ce qui se passer dans l’entièreté du cycle de vie
Exemple : un enfant qui ne sera pas aimé dès les premiers jours de vie à sa juste valeur, que
l’on aura pas entouré des meilleurs soins dès le début, il le « paiera » toute sa vie. Si l’on
consulte un parent qui est imprégné de cette croyance, il rentrera dans le cabinet en
expliquant « mon enfant a 16 ans et il ne sait pas se faire des amis, qu’est-ce que j’ai raté ? »
ou « Je me souviens que pendant ma grossesse je n’ai jamais su toucher mon ventre… » ou
encore « C’est le seul de mes enfants que je n’ai pas su allaiter ».
Cette croyance s’établit déjà pendant la grossesse (campagne autour de ce que les mères sont
supposées faire ou ne pas faire dans le respect de l’intérêt supérieur de leur futur bébé). Il
existait des campagnes aux États-Unis sur le fait de ne pas consommer la moindre goutte
d’alcool pendant la grossesse dont l’une qui disait « It’s better to be safe than sorry ». Slogan
qui inculque la culpabilité chez la femme.
Les théories de l’attachement font suite aux découvertes sur l’Hospitalisme. On compte des
dizaines et des milliers d’articles et de recherches sur les théories de l’attachement (littérature
foisonnante). Ce grand intérêt a mené à des méta-analyses (synthèses).
Les méta-analyses nous renseignent ceci : l’attachement repose sur 2 grands principes : la
sécurité et l’organisation. Lorsque nous sommes sécurisé sur le plan de l’attachement, le
développement social sera meilleur (plus d’amis, meilleure relation avec les pairs, meilleure
relation dans le couple, meilleure insertion professionnelle…). Il en va de même pour le
développement cognitif chez l’enfant (meilleur QI, meilleurs résultats à l’école…), la santé
physique (moins de production de stress, cortisol, douleurs chroniques…) et la santé mentale
(moins de psychopathologie, moins de problèmes de dépression, moins d’anxiété…).
C’est d’avoir bénéficier de donneurs de soin qui dans les expériences précoces auront fait
preuve de sensibilité (capable de repérer et de répondre de manière prompte et adaptée) et
de mentalisation/intelligence émotionnelle (capable de se mettre au niveau de l’enfant, de
ressentir et de comprendre de manière fine les besoins de l’enfant, de bien les interpréter, de
façon à tomber dans le juste lorsqu’il répond à ses besoins d’attachement).
Avec ses analyses corroborées, nous avons cette croyance que l’Infant Determinism est une
vérité et qu’il y a tout intérêt à ne pas se planter dans les deux premières années de
l’enfant ni dans la grossesse.
Ces analyses sont justes mais le pourcentage de variance expliquée devrait être rappelé.
Lorsqu’une variable est liée à une autre, le rapport causal n’est jamais évidant. Dans le
domaine de l’attachement il y a très peu d’études causales car l’attachement est complexe à
manipuler (pas d’étude expérimentale, que des corrélations). Le pourcentage de variance
expliquée ne dépasse généralement pas les 10%, cela ne nous renseigne pas sur toute
l’équation.
b) Parental Determinism
Il existe un rapport de l’OCDE qui a repris toutes les pratiques éducatives en les associant
aux résultats observés chez les enfants :
On range donc les parents dans des cases et on regarde le rapport au niveau du
développement de l’enfant. Les boules vertes indiquant les meilleurs résultats, le parent
démocratique donne de meilleures réponses de la part de l’enfant dans son développement.
Ce tableau semble nous donner la « recette » d’une bonne parentalité avec la croyance que
tout va aller pour le mieux en adoptant ce style chaleureux et démocratique (optimisation du
développement). La clé du succès est surtout de donner de la chaleur et de l’amour à l’enfant.
Une fois de plus, ces études sont vraies mais la variance expliquée laisse l’équation très
incomplète (causalité non présente).
Nous pourrions dire qu’un enfant fait des colères à causes des parents qui ne donnent pas de
chaleurs mais aussi tout autant dire que l’enfant est tellement difficile qu’il est difficile d’être
chaleureux avec lui.
Ce n’est pas cette idée qui est le plus souvent reçue mais celle du Parental Determinism qui
dit que les premiers responsables d’un problème chez l’enfant sont les parents. Ces croyances
circulent (Facebook, forums…).
Cette illustration, bien qu’agréable véhicule que si l’enfant est désagréable, c’est à cause du
parent qui n’a pas assez aimé ou été attentionné. Cela veut aussi dire que si vous aimez vos
enfants il y a 90% de chances qu’ils n’aient pas de comportements désagréables.
Ces croyances vont être véhiculées par la patientèle de manière très ancrée, il faudra en
tant que psychologue relâcher la pression, déculpabiliser
c) La culture du risque
Nous vivons dans un monde qui cultive la culture du risque. Le terme « risque » a changé de
signification au fil du temps, c’était un terme neutre au départ (potentiellement s’exposer à
beaucoup de gains et potentiellement s’exposer à beaucoup de pertes). Aujourd’hui, c’est le
versant négatif qui est cultivé. On ne prend pas le risque, on l’évite et il y a le « Risk Aversion »
(déteste prendre le risque).
Exemple : fumer pendant la grossesse est mauvais pour l’enfant, la culture du « risk aversion »
fait qu’à la moindre bouffée de tabac, on juge la femme comme une pestiférée.
Tous ces risques ont été parfois exagérés en prenant des exemple extrêmes (certificat de
bonnes vies et mœurs)
Tout ceci amène à des paradoxes contemporains. Par, exemple, nous n’avons jamais autant
été dans l’idée de laisser l’enfant faire ses expériences, être épanoui, entreprendre et dans un
même temps exercer un contrôle sur leur sécurité avec des applications qui contrôlent
combien de temps ils passent sur telle ou telle plateforme, donner un téléphone à 8 ans pour
pouvoir les localiser…
Child agency but safety (enfant laissé à faire ses expériences avec un hyper-contrôle)
Touch but don’t touch (conscience du côté bénéfique du côté affectif tout en exerçant
d’une méfiance envers les adultes qui portent un geste d’attention envers l’enfant)
Men involvement but mistrust (avec le bouleversement des rôle de genre, plus grand
investissement des hommes mais méfiance envers l’homme s’il souhaite s’occuper de
jeunes enfants)
Autonomous/aware parent (attente de parents instruits/informés sur l’enfant avec
l’attente de se remettre sans cesse en question et au moindre doute de s’adresser à un
expert).
Une des dérives de tout cela est ce que l’on nomme l’hyper-parentalité et une des formes
peut être l’ « Helicopter Parenting ». Terme popularisé en 1991 par Monsieur Zeeman pour
dire que le parent plane au-dessus de l’enfant pour prévenir du moindre risque (surprotection)
avec un sentiment de culpabilité lorsque quelque chose arrive. Cela produit des « enfant
coton », qui tellement ils ont été protégés ne savent pas comment réagir face à des difficultés
et sont très vulnérables.
Cette situation est terrible et force les parents à s’entourer d’experts (ne jamais donner
l’impression à des parents de savoir comment éduquer leurs enfants). En tant que
psychologue, les premiers experts de l’enfant doivent rester les parents, il ne faut pas imposer
un protocole, une recette… (exemple : Super Nany). Il faut plutôt travailler la cognition
parentale. Faire le développement de l’enfant nécessite d’après les modèles actuels l’appel à
des experts (où est la place de la nature là-dedans ?).
API provides parents with research- based information, tools and support that affirms
positive, healthy parenting, and helps parents create kind of legacy that they can be proud to
bequeath to their childre,: family strength, reduced conflict, feelings of love and being loved,
strust and confidence. A legacy of love.
D’où vient cette croyance que nous avons besoin des experts ?
3. La parentalité positive
Au fil du temps dans la foulée de la déclaration des droits de l’enfant et les experts en
psychologie, le concept de parentalité positive apparait en désignant la bonne façon d’être
des parents aujourd’hui. Les experts se sont mis d’accord pour définir ce qu’est un parent
positif. Dans le livre « Parenting in contemporary Europe : a positive approach » le parent
devrait :
Parenthèse : la violence ordinaire est « commune » et pourtant interdite sous toutes formes
de réaction émotionnelle négative à l’égard de l’enfant. Il existe des recommandations
mentionnant qu’en présence de l’enfant le parent est prié de ne montrer que des émotions
positives (pourtant, les émotions négatives peuvent être importantes pour ajuster le
comportement). Combien de parents finissent par s’emporter et mettent des jours à s’en
remettre à cause de ces recommandations circulent ?
La déclaration universelle des droits de l’enfant donne le droit à un enfant de faire des
activités extra-scolaires (quid de la maman avec une famille nombreuse qui impose une
activité par personne à moins de 3 kilomètres ?).
« L’enfant fait de son mieux quand les parents font » : tout ce que l’on souhaite c’est
optimiser le développement de l’enfant… une fois de plus !
Dans cette mouvance, il y a plein de programmes qui ont été développés visant à promouvoir
la parentalité positive. Ils visent à éduquer des parents pour qu’ils deviennent des parents
positifs parce que l’idée véhiculée est que si tous les parents se comportent comme des
parents positifs, il n’y aura plus que des enfants géniaux (développement optimisé).
Le programme « PP » dit que pour être un parent positif il ne fait pas seulement être un
parent positif dans l’instant où l’on interagit avec l’enfant mais consiste en une préoccupation
constante de « comment être un bon parent ? ». Il faut anticiper, vivre l’interaction et réfléchir
l’après. Plus l’on prend les choses à cœur, plus ce cercle vicieux nous envahit (l’anticipation et
la réparation donne une réflexion permanente).
Le Triple-P est un autre programme australien dont le marketing est important (certifié et
utilisation très rigide). Un parent qui suit ce programme va apprendre des compétences
(jusqu’à comment montrer son affection à l’enfant). Ce programme véhicule qu’il n’est pas
possible d’être parent par soi-même car le naturel de la parentalité est mis sous une
compétence qui nécessite des apprentissages. Les experts apprennent la parentalité.
Ces croyances ont un impact important sur l’alliance thérapeutique. Les parents venant en
thérapie s’attendent à ce qu’on leur dise ce qu’ils doivent faire pour s’en sortir avec leurs
enfants. Le problème est qu’il n’y a pas réellement de « recette magique ». Il faut donc
travailler sur ces croyances pour que la thérapie fonctionne !
La notion de la régulation sociale maintient cette idée que si l’on investit dans la protection
de l’enfance et dans l’accompagnement parental par la régulation de l’État à travers des
campagnes, des dispositifs… on sécurisera le futur de la nation, on ira vers un futur meilleur.
L’État va « surveiller » les familles avec en cas d’extrêmes non-respect des déclarations, la
soustraction de l’enfant à sa famille.
La parentalité positive est vue comme un Graal, une cible à atteindre et lorsque nous,
psychologues, devrons évaluer une famille, c’est avec nos connaissances que nous allons
situer le parent sur le continuum (c’est l’évaluation de la situation familiale). Régler une
situation familiale, c’est évaluer ce qu’ « un bon parent » fait, observer ce que le parent
patient fait (la position que le parent occupe sur le continuum dépend des caractéristiques du
parent (son histoire, son éducation,…), des caractéristiques de l’enfant (son tempérament,
son passé,…) et des caractéristiques du contexte. Au-dessus de tout cela, l’État va réguler avec
des caps à ne pas franchir, des lignes très claires (exemple : la fessée est pénalement
répréhensible, dans certains pays être homosexuel est répréhensible).
En tant que psychologue, nous portons un titre signifiant que l’État nous mandate d’exercer
cette surveillance. Si l’enfant montre un signe de maltraitance, il est question de signaler les
services de protection de l’enfance (que faire lorsqu’il s’agit d’agir dans l’intérêt supérieur de
l’enfant). L’État régule également de manière spécifique comme avec la campagne des 1000
jours. Boris Cyrulnik écrit énormément sur la résilience de l’enfant entre autre et a été
mandaté par Emmanuel Macron pour participer à la campagne des 1000 jours. Il s’agit d’un
accompagnement de toutes les familles (toutes !) depuis l’annonce de la grossesse pendant
1000 jours à cause d’une pensée déterministe (investissement de l’État pour tout
accompagner dans le but d’assurer le futur de l’enfant). Ce programme contient plein de bons
outils, mais imaginons la phrase suivante imposée à un parent « tout se joue dans les 8
premiers jours de l’enfant » (les attitudes négatives de l’enfant sont dues aux 8 premiers jours)
avec l’État investissant des millions d’euros dans cette campagne (et donc que c’est
terriblement vrai ?). Imaginons la charge que cela peut être pour une mère en situation
précaire…
Si l’État intervient dans toutes les familles, cela véhicule qu’il est impossible d’être bon parent
par instinct, il faut nécessairement être accompagné par des experts pour « ne pas se louper »
(potentiel de pression énorme)
La régulation sociale pose des questions comme par exemple le droit à la parentalité (qui
est suffisamment bien pour être un parent ?) (exemples)
En Belgique, nous sommes dans le débat. La proposition de cette loi belge porte l’idée d’une
protection juridique prénatale. Il s’agit d’étendre la capacité d’intervenir de l’État avant la
naissance de l’enfant. On met en évidence tout ce qu’une mère pourrait faire enceinte, qui
n’est pas dans l’intérêt supérieur de l’enfant (boire, consommer des substances
médicamenteuses non conseillées,…). Du fait de l’existence de ses risques avec des
potentielles incidences sur l’enfant (malformations, autismes, problèmes de croissance…),
l’État veut considérer l’enfant comme déjà né pendant sa conception avec dans les cas
extrêmes une nécessité dans l’intérêt de l’enfant à naître de placer de force la femme enceinte
dans une institution fermée.
Une société centrée sur l’intérêt supérieur de l’enfant avec un parent vu comme éduqué
pour être un parent positif mais considéré comme potentiellement toxique pour son enfant
Solutions
• Dire aux parents d’être plus relax, de les aider à déculpabiliser, d’être conscient des enjeux
de la parentalité contemporaine et d’amener les parents à une prise de recul, de ne pas
être naïfs par rapport à ce genre de loi, autoriser le parent à ne pas être un bon parent
tout le temps.
• Impliquer les pères (pas naïvement, en supprimant la méfiance à leur égard)
• Conscientiser les professionnels, en particulier les experts de la parentalité sur ce qui est
occupé à se jouer et ne pas tomber dans ce piège de la parentalité contemporaine.
• Revoir l’idéologie (la culture de la parentalité) et susciter des débats de société
• Développer une autre culture parentale:
Soutien actif des parents dans leur autorité et leur jugement
Place au « parent suffisamment bon »?
Redonner de la olidarité entre adultes au sein de la communauté qui est actuellement
profondément individualiste
Un bon parent ne fait pas un bon enfant et un mauvais parent ne fait pas un mauvais
enfant ! Pourtant, c’est une idée largement répandue !
Le seul objectif est de le préparer à devenir un adulte autonome dans le groupe social auquel
il va être amené à vivre.
Quand est-ce que nous avons le sentiment d’avoir accompli le rôle de parent ?
C’est lorsqu’ils deviennent adolescents/jeunes adultes, ils ont toutes les clés en mains (ils ont
compris comment fonctionne le groupe social dans lequel ils sont amenés à vivre). C’est
lorsqu’ils ont toutes les compétences sociales, émotionnelles, intellectuelles, etc… qui leur
permettent de se débrouiller seul sans avoir besoin du parent.
Et donc lorsqu’un parent adopte des comportements éducatifs à l’égard de son enfant, c'est
en général parce qu’il veut qu'il se comporte d'une façon donnée. Cette façon donnée est celle
que le parent considère correspondante à ce qui est attendu par le groupe social auquel ils
appartiennent ou dans lequel le parent pense que l’enfant va devoir continuer de progresser.
Exemple : J’attends que mon enfant fasse ses devoirs en rentrant de l'école et je dois mettre
en place toutes les actions qu'il faut pour obtenir ce comportement de lui. J’attends que mon
enfant fasse ses devoirs parce que dans notre culture ne pas faire ses devoirs porte préjudice
(on se fait engueuler, on peut rater son année scolaire et si l’on rate son année scolaire et
qu'on n'a pas de diplôme on ne pourra pas s'intégrer).
De même, si je veux réprimander un enfant parce qu’il frappe quelqu’un d’autre ou qu'il tire
les cheveux de sa sœur, il s’agira du même mécanisme. Je sais que la violence n’est pas
fortement valorisée dans notre culture (il y a des cultures où l’agressivité est entretenue d’une
certaine manière parce qu'elle a une fonction), c'est quelque chose que l'on réprime, plutôt
dans les relations sociales entre pairs/enfants. Je vais donc le réprimer parce que je sais que
si je ne le fais pas et qu’il ne comprend pas « les règles du jeu » autour de l'agressivité, pourrait
en découler des problèmes d’intégration à l'école, parce qu'il n’y aura pas de copains et peut
être un jour il va se retrouver en maison d’arrêt parce qu’il n’aura pas compris que dans cette
culture-là, lorsque l’on est fâché, ce n'est pas comme ça que l’on exprime sa colère.
Exemple : si je vais à la plaine de jeux avec mon enfant qui ne veut pas se détacher, je peux
adopter des comportements d’encouragement, attirer son attention sur un jeu pour favoriser
ses compétences sociales pour qu’il aille vers d’autres enfants
Ou également pour transmettre des valeurs morales (comme pour l’exemple de l’agressivité
culturelle ou familiale car le but est de transmettre des règles qui ont du sens dans la culture
la famille, ce qui peut être un challenge pour les familles biculturelles avec des règles
différentes à l’école et à la maison).
La différence est le degré de généralité ou de transversalité. Plus on est dans la question des
styles, plus on est proche de ce qui s’apparente au trait (façon privilégiée dont les parents s’y
prennent.
Exemple dire d’un parent « c’est un parent plutôt chaleureux » est comme lui attribuer un
trait stable, quelque chose qui a le caractériser dans toutes les situations où vous l’observer
avec l’enfant. C’est un caractère très général et très transversal. Cela ne veut pas dire pour
autant qu’il n’existe pas de situation où le parent perd patience et ne fait pas preuve de
chaleur. La majorité des gens dans la vie quotidienne ont tendance à classer les enfants dans
des styles. Les institutrices par exemple vont avoir par exemple tendance à qualifier les
parents comme si on les mettait dans des cases (parents sévères, parents laxistes…).
Partir de ce principe pose problème car s’il s’agit d’un trait, cela implique qu’il ne va pas
beaucoup varier (ni dans l’espace ni dans le temps…). Mais en réalité nous imaginons
facilement que cela ne se passe pas comme cela
Exemple : être un parent chaleureux le matin et hyper permissif en fin de journée par
épuisement
En général, les styles étaient la première façon de conceptualiser les comportements parce
qu’il s’agissait d’une façon plus simple de ranger la réalité sachant qu’un modèle théorique
n’a que pour ambition que de mettre dans l’ordre dans une réalité complexe. On se rend très
vite compte qu’ils ne correspondent pas bien compte à la réalité (car ce que font les parents
n’est pas régulier).
On va aller petit à petit plus dans le détail et commencer à parler de pratiques éducatives
avec l’appui sur des comportements plus concrets dans une situation éducative donnée (plus
nuancé avec des situations particulière impliquant que le parent réagit différemment selon la
situation éducative).
Cette représentation est importante pour nous car si l’on « range » les gens dans des
cases/styles, cela donne un caractère immuable. Or on veut en tant que psychologue, amener
du changement et ne pas enlever d’une case pour remettre dans une autre. On va plutôt
travailler les situations problématiques sans pour autant toucher là où le parent d’en sort très
bien.
Un des premiers à s’intéresser à la façon dont les parents se comportent avec leurs enfants,
sinon le premier, est Baldwin (fin des années 40). Il est le premier à proposer une typologie,
un modèle qui prévoit des cases dans laquelle on « range » les parents.
Si l’on regarde un peu cette typologie, elle est traversée par deux dimensions qui vont faire la
base du travail autour des pratiques éducatives. Baldwin a posé les bases, les styles définis
sont traversés par l’Axe du soutien et de chaleur (question de la chaleur affective) et l’Axe de
contrôle (est-ce que le parent est dans la démocratie ou cherche-t-il à faire obéir l’enfant ?).
Un enfant a besoin de bienveillance mais aussi d’un cadre. Ce sont ces 2 dimensions qui vont
piloter le travail d'une des personnes qui reste une figure de proue dans la recherche sur les
pratiques éducatives et même si ces travaux date des années 70, on travaille toujours à partir
de ces catégories à elle : Diana Baumrind. L’intérêt de son travail est de savoir ce qui sous-
temps le fait qu’un parent utilise un style plutôt qu’un autre (quelles sont les valeurs qui sont
importantes pour eux et surtout qu’est-ce qu’ils ont comme représentation du
développement de l’enfant). Contrairement à Baldwin, il y a une compréhension du
développement de l’enfant qui est importante et nécessaire (rationnalise sans classer).
Les styles ne sont pas organisés hiérarchiquement, il n’y a pas de meilleur ou de moins bon
style !
Voici donc deux grandes typologique et celle de Baumrind est certainement la plus connue,
mais elle s'est largement inspiré de Baldwin. Évidemment, elles vont être critiquées parce
qu’elles laissent entendre (c’était tout à fait la vision de l’époque) :
Des parents qui se comporteraient comme ça c'est bien pour le développement de l'enfant
Des parents qui se comporteraient comme ça ce n'est pas bien pour le développement de
l’enfant
Mais comme on va le voir un peu plus tard, toutes les études de l'époque certainement, mais
beaucoup d'études (et encore aujourd'hui) sont des études corrélationnelles. En fait, comme
pour le tableau de l’OCDE, tout est basé essentiellement sur des études corrélationnelles. Il
est très facile d'être un parent très chaleureux quand on a un enfant qui ne pose pas de
problème mais lorsque l’on a un enfant quel tempérament coriace, être chaleureux c'est
presque mal-adaptatif.
Cette logique donne un aspect très unidirectionnel à la vision que l’on a l’influence du parent
sur l’enfant mais l’on oublie que cette influence est bidirectionnelle. Et que le parent réagit
comme il peut avec les enfants qu’il a.
Le deuxième problème est que ces typologies vont amener une vision normative, une lecture
de « bonnes cases » et de « mauvaises cases » donc de « bons parents » et de « mauvais
parents ». Se construit aussi en parallèle le monitoring de l’état, qui va intervenir dans les
familles où l’on considère qu’elles ne font pas correctement leur travail (quid de travaux
scientifiques qui délimitent des cases avec des points verts et des points rouges ?). Ces choses-
là ce sont ancrées à partir de simples études qui ont visé de l’observation des parents et la
typologie va amener une vision normative qui va rester dans les esprits et dans les
représentations sociales.
Le 3ème problème est de catégoriser le style parental comme un trait, dès lors est-il donc
possible de changer de catégorie ? De sauter d’une case ? Il n’est pas simple de répondre à
cette question car on peut être plus ou moins représentatif de sa catégorie. Les parents
peuvent être d’une même catégorie et moins ressemblants/proches que deux étant dans des
catégories différentes. Le problème de la catégorisation des styles est que ce n’est pas très
précis et ne différencie pas les parents car certains sont représentatifs et non-représsentatifs
de leurs catégories.
Chaleur
Contrôle
À la suite de ces réflexions, on se dit que l’on va laisser de côté les styles et qu’il vaut mieux
travailler avec les concepts de chaleur et de contrôle parce qu’ils définissent bien ce que les
parents font mais on va les travailler sous formes de dimensions. On va situer le parent sur
l’axe de soutien et sur l’axe de contrôle, chacun occupe une place dans l’espace qui lui est
propre et la représentation est plus nuancée (plus fin et plus facile à utiliser dans les
interventions).
La dispersion entre ces deux formes de contrôles date de fin des années 90/début des années
2000. Le contrôle psychologique ne faisait sens dans les années 80, la façon d’envisager les
comportement éducatifs étaient des comportements extrêmement concrets. Aujourd’hui
avec toute l’attention que l’on a sur la psychologie de l’enfant, non seulement nous faisons
attention à ce que les parents font mais également à ce qu’ils disent (à la façon dont ils jouent
avec les émotions de l’enfant).
Avant, le contrôle comportemental était plutôt travaillé (plus classique) avec des punitions,
des récompenses. Les récompenses matérielles par exemple ne sont plus vraiment d’époque,
on va plutôt dans des démarches qui vont tourner autour de l’aspect émotionnel de la vie de
l’enfant et c’est une raison pour laquelle il y a eu la différenciation entre le contrôle
comportemental et psychologique.
Intervient aussi la question du soutien sur laquelle tout le monde est toujours d’accord avec
l’importance de la chaleur qui rend tout le monde est unanime.
a) Le genre de l’enfant
Si l’on continue le chemin de l’histoire, les chercheurs vont être amenés à se demander
pourquoi les parents ne sont pas tous dans les mêmes cases et pourquoi occupent-ils des
positions différentes.
Le premier réflexe que vont avoir les chercheurs sera d’essayer de comprendre les variations
interindividuelles. Est-ce que des parents se comportent différemment selon qu’ils aient un
garçon ou une fille (question intéressante dans la norme de genre). Pour rappel, éduquer un
enfant c’est lui apprendre les codes du groupe social auquel il appartient.
Nous n’exprimons pas nos émotions de la même façon si nous sommes un homme ou une
femme. Donc si je veux éduquer mes enfants il faut leur expliquer les règles du jeu. Si j’ai un
jeune garçon et que je ne veux pas qu’on le prenne pour une ******* dans la société dans
laquelle on vit, je dois lui faire comprendre qu’il y a une façon d'exprimer ses émotions, qui va
être adéquate et une façon qui va être inadéquate.
Et donc si je constate que mon enfant, pour la moindre chose se met dans tous les états et il
pleure je vais adopter comportement explicatif visant à lui dire « écoute, mon gars, tu sois
triste ok, mais fais-le de façon virile ». Et donc je vais lui dire « aller tu es un grand garçon, un
grand garçon ça ne pleure pas comme ça, explique ce qui ne va pas et redresse toi ». S’il s’agit
d’une fille, avec une petite robe rose de princesse qui est triste je lui dirai « ma chérie, tu es
triste viens faire un câlin à maman, explique ce qui ne va pas ».
Je n’adopterai pas les mêmes comportements éducatifs parce que quelque part dans ma tête
j’ai toujours à l'esprit que je dois leur donner les règles du jeu pour qu’un jour ils deviennent
ces adultes autonomes dans le groupe social. Et donc effectivement des études montrent que
le genre enfant influence la manière dont les parents vont plutôt démontrer du soutien ou
plutôt démontrer du contrôle.
Il est évident que l'agressivité ne se régule pas de la même façon chez les filles et les garçons.
Dans une cour de récréation, si l’on observe les surveillants, c’est fascinant parce que 2
garçons qui se bousculent, on laisse faire tant que ça ne dégénère pas trop, personne ne s’en
tracasse (sentiment que cela fait partie de la définition de ce que c'est qu’est être un homme,
d’être capable de bousculer un peu les autres). En revanche, deux filles qui se crêpent le
chignon, ça ne va pas, et donc la surveillance va rapidement intervenir.
Socialisation de l’agressivité
Cela ne veut pas dire que les filles n’ont aucune agressivité, mais on leur apprend à la montrer
autrement. Très rapidement, elles vont comprendre les règles du jeu et que feront-elles ? Au
lieu de se crêper le chignon elles parleront les unes sur les autres.
b) L’âge de l’enfant
On va se demander si ce qui fait la différence entre les parents n’est pas dû à l’âge des enfants.
Est-ce qu’il ne va pas y avoir des comportements éducatifs qui vont être plus représentatifs à
avec les jeunes enfants et d’autres représentatifs avec les adolescents. Cela met le doigt sur
le fait qu’on ne peut se limiter à ranger le parent dans une case puisqu’il doit s’adapter un fur
et à mesure que l’enfant grandi. En fonction de l’âge on ne va pas utiliser les mêmes pratiques
éducatives. Dire à un enfant « si tu es sage tu auras ce bonbon-là » cela marchera sur un enfant
de 2 ans mais pas sur un de 17 ans. Il y a des pratiques plus subtiles comme le monitoring qui
consiste à laisser penser que même si pas de surveillance directe du parent, intérêt sur la
façon dont il se comporte et le parent continue à exercer sa surveillance). Cela marche bien
avec jeunes enfants mais pas avec adolescents (impression d’être fliqué).
Un même comportement éducatif peut avoir des effets très positifs ou très négatifs en
fonction de l’âge de l’enfant
Les chercheurs vont aussi se demander si ça ne dépend pas du genre du parent. Les mères et
les pères n’utilisent pas les mêmes pratiques éducatives. Des études ont montré les rôle de
genre dans la famille font en sorte que les mères n’utilisent pas les mêmes pratiques
éducatives que les pères (même moyens de socialisation par exemple). Il y a beaucoup
d’études qui montrent que les mères sont davantage dans le soutien émotionnel (utilisation
de ce qui a été appris) et les pères dans l’établissement des règles. Les pères vont aller plutôt
dans le contrôle comportemental et les mères dans le contrôle psychologique.
Tout cela peut être mis en lien avec la manière dont on a été socialisé, car nécessairement
les jeunes enfants n’ont pas été socialisés de la même manière et donc on transmet.
Tout ceci est amené à évoluer car les rôles de genre évoluent car l’égalité de genre est
vraiment au cœur de la réflexion dans nos sociétés parce que les pères sont encouragés à
s’investir dans la famille, travail autour de la coparentalité,... Tout cela change mais on
continue à faire une éducation plutôt genrée.
Exemple : demander aux filles avant de demander au garçon pour une question de baby-
sitting. Et peu de parents laisseraient leurs enfants en compagnie de jeunes hommes.
Dans la littérature on va comparer aussi les parents et les substituts parentaux. En partant du
principe qu’il existe des enfants qui ne grandissent pas dans leurs familles avec leurs parents
(enfants institutionnalisés). Ils ne sont pas exposés à des comportement éducatifs parentaux
mais produits par des professionnels (éducateurs). Il y a quelques études sur le sujet et il est
intéressant sur la notion du « touch don’t touch » avec une connaissance du besoin de
l’enfant d’être entouré et en même temps on apprend aux éducateurs de ne pas toucher les
enfants (comment ces enfants bénéficient-ils de cet axe de chaleur et de soutien ? de quel
type de contrôle ils bénéficient).
De plus, les éducateurs ne vont pas utiliser des pratiques éducatives du parents (les
récompenses matérielles par exemple). Les pratiques punitives ne se font pas car l’institution
est publique (le cadre éducatif n’est pas le même en plus d’être confronté à plusieurs figures
éducatives au lieu de 2).
Il y a aussi des études qui ont montré que les comportements parentaux des uns peuvent
aggraver ou compenser les comportements des autres. Que se passe-t-il quand un parent va
avoir un comportement dysfonctionnant et l’autre « fonctionne » bien ? Est-ce que l’on va
avoir un effet compensatoire et a l’inverse si les deux parents dysfonctionnent aurons-nous
un effet cumulatif ? Au niveau du clinique, être exposé à des parents tout deux
dysfonctionnels risque d’avoir plus d’effet que si l’un des deux fonctionnent relativement
bien. L’enfant trouve l’énergie d’aller piocher chez le parent fonctionnel des choses qui lui
permettre de ne pas être impacté au niveau des choses qui se passent avec l’autre parent.
Certains enfants dans des familles dysfonctionnelles, certains enfants arrivent à rester dans
une trajectoire de résilience en dépit du fait qu’ils ont un père ou une mère qui
dysfonctionnent parce dans leur environnement il y a d’autres figures éducatives auxquelles
il va se rattacher.
Effet cumulatif
Effet compensatoire
Baldwin et Baumrind avaient pour ambition de donner des modèles qui mettaient de l’ordre
dans cette réalité en comparant les parents et expliquer leurs différences. Puis très
rapidement, là où va foisonner la littérature, vont émerger des études qui vont faire le lien
entre comment se comporte un parent et comment se développe un enfant.
Objectif à CT: augmenter les comportements désirables & diminuer les comportements
jugés indésirables
Développement cognitif à travers le raisonnement, les demandes de prise de perspective
d’autrui, & la négociation de règles Développement social via les interactions avec des
adultes & la prise de responsabilités à l’égard de son propre comportement
Il existe toute une littérature qui fait le lien entre comportements parentaux de contrôle et psychopathologie
chez l’enfant.
Il existe toute une littérature qui fait le lien entre utilisation de la chaleur/bienveillance et des issues
développementales positives chez l’enfant.
C’est ce qui rend un tableau du type de l’OCDE très limpide. Une impression qu’il existe une
recette pour que les enfants se développent bien et n’est-il pas de notre devoir de la respecter
pour que les enfants se développent sans problème ?
Ces études sont corrélationnelles (ne connait pas le sens de la causalité) pour rappel et il
faudra attendre longtemps avant que quelqu’un dise qu’il est possible d’envisager que la
relation puisse être dans l’autre sens (l’effet de l’enfant sur le parent est plus grand que l’effet
du parent sur l’enfant). Si l’enfant fait 14 crises par jour, il est difficile de rester dans la
bienveillance et pas très adaptatif. Ces études sont toujours dans cette vision de Parental
Determinism et le second problème vient du fait qu’il faut mesurer la force de la relation (le
pourcentage de variance expliquée d’une variable sur une autre n’est pas significative).
a) Cross-lagged
À partir du moment où l’on considère une bidirectionnalité, on sort de cette idée « un bon
parent fait un bon enfant et un mauvais parent fait un mauvais enfant ». Les modèles
transactionnels (cross-lagged) montrent des effets croisés basés sur des études longitudinales
(chez le parent et l’enfant). Ces modèles permettent d’étudier les effets du parent/enfant sur
l’enfant/parent.
Exemple : l’enfant fait une crise et on le réprimande, est-ce que l’enfant se calme (au temps
suivant, sera plus calme) ou fait-il des grimaces (crise amplifiée, grime dans l’escalade).
Les objectifs sont d’analyser des variations des comportements éducatifs au cours
de la journée & associations entre le comportement de l’enfant et comportement
éducatif du parent. L’avantage est de pouvoir suivre les familles de manière simple
sans les inconvénients des études longitudinales.
Nous allons développer des méthodes d’évaluation à grande échelle de type questionnaire. Si
l’on souhaite faire des évaluations dimensionnelles il va falloir déterminer qu’est-ce que le
support, le contrôle, le contrôle psychologique (items)…
Cela va amener tout un travail sur ce que l’on pourrait appeler « le répertoire des
comportements éducatifs ». Cela va ancrer les choses dans le concret et amener une autre
prise de conscience et manière de penser par l’explicitation de différentes manières de
montrer du soutien ou du contrôle. Décliner ce répertoire de comportements permet de se
rendre compte qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais comportements en soi mais plutôt
approprié ou non approprié en fonction du parent, de l’enfant ou de la situation.
Il y a des parents qui sont sur une ligne de conduite qui utilise tout le temps la même chose
(répertoire éducatif faible). Notre rôle est de remplir cette besace.
b) Contrôle
Time-out : Mise à l’écart de l’enfant pour diminuer l’effet des renforcements sociaux
(e.g., rires de la fratrie) et la satisfaction
Exemple : Mettre sur une chaise face contre le mur
Ignorance : Signaler à l’enfant que son comportement est sans intérêt. permet
de diminuer le comportement de l’enfant
Exemple : détourner le regard, s’éloigner de l’enfant
Défend qu’un même comportement peut avoir soit une conséquence positive sur un enfant
soit une conséquence négative sur un enfant.
Dire à l’enfant de manière réactive « si tu fais cela, tu sers puni et voilà quelle sera la
punition » est très différent d’utiliser de manière proactive en disant « j’ai réfléchis, je veux
que l’on change de relation, je veux que l’on s’apaise mais 3 choses ne sont pas possibles à la
maison, et donc quand tu feras cela, voilà ce qui se passera ».
Le menace de punition n’aura pas le même effet dans les deux manières
La même pratique, selon son aspect proportionnel ou disproportionnel par rapport à ce que
l’enfant vient de faire ne va pas avoir le même effet. Deux enfants qui se chamaille, faire du
Time-Out c’est proportionnel mais la réprimande verbale est presque du laxisme. À l’inverse,
pour une chaussette trainée, le Time-Out est surréactif (possible si l’on anticipe pas ou
accumulation) Les comportements éducatifs sont fonction de la gravité de la situation et de
la responsabilité de l’enfant.
c) Consistance
Une même pratique éducative va d’autant mieux fonctionner si elle est consistante dans le
temps et entre les personnes qui s’occupent de l’enfant. L’enfant doit savoir que lorsqu’il
transgresse une règle, la conséquence est toujours la même et donc c’est toujours la même
règle.
Ce n’est pas parce qu’une pratique ne marche pas la première fois qu’elle ne marchera jamais,
l’importance c’est la consistance. Elle consiste à travailler entre les parents (ou figures
éducationnelles) par exemple, d’installer un cadre, que tous ceux qui s’occupent de
l’éducation de l’enfant soient consistant.
d) Délai
Plus l’enfant est jeune, plus il a besoin que la réponse éducative arrive rapidement après que
le comportement problème se soit posé. Punir un enfant 3 heures après n’a pas de sens pour
l’enfant, par contre pour un adolescent cela peut être bénéfique (laisser le temps de poser les
choses et puis parler).
e) Accordage (goodness-of-fit)
C’est l’idée que chaque relation éducative parents-enfants est unique car chacun a ses
caractéristiques, son tempérament, ses envies, ses motivations, ses besoins. Ce concept
prouve une fois de plus qu’il n’existe pas de recette magique parce rien ne va convenir à tout
le monde. Ce qui va fonctionner, c’est la correspondance entre les besoins de l’enfant et le
comportement de l’adulte au temps T, en termes d’âge, en termes de tempérament, en
termes de besoins socio-émotionnels… Et donc, ce n’est que quand il y a ce bon ajustement
entre le comportement d’un individu vis-à-vis d’un autre que cela va « fit ». Parfois, cela « fit »
mieux avec un enfant plutôt qu’un autre parce que la manière de réagir, le tempérament, la
manière d’être connectée à autrui, dont on peut gérer les émotions font que ça peut être plus
« fluide ».
Adéquation entre les besoins actuels de l’enfant (âge & personnalité) & le comportement
éducatif
Il faut regarder sous cet angle de rencontre particulière entre l’enfant (chacun fait avec son
tempérament)
Patterson a travaillé en grande partie avec les enfants difficiles et à documenter les problèmes
de cercles vicieux. Ce modèle explicite comment un enfant développe un trouble des
conduites externalisées et comment il s’installe pour qu’il soit aussi compliqué à déconstruire
par moment.
Patterson insistait sur l’effet bidirectionnel entre la façon dont les parents vont réagir au
comportement difficile de l’enfant et puis la manière dont l’enfant va les gérer derrière.
Quand un enfant a des comportement de refus, d’opposition (fait partie du développement
normal) et que les parents ont tendance à répondre par une discipline qui est inconsistante,
sévère, inappropriée… les comportements vont s’installer en tant qu’état.
Exemple : un enfant demande quelque chose plusieurs fois, le parent dit « non » 5 fois et la
sixième fois « oui » (discipline inconsistante). Au bout d’un moment, l’enfant va se dire que
cela vaut la peine de demander 5 ou 6 fois, si refus au prochain tour, il demander 10 fois et
lorsqu’il le demande, il monte crescendo en s’attendant à ce que le parent derechef, cède
(gentiment, en criant, en faisant une colère…). L’enfant se dit « si je monte en escalade, de
toute manière je gagne le bras de fer et je vais avoir mon « oui » ». Cette discipline
inconsistante et sévère va amener l’entretien de ces comportements dans lequel on va tenter
de remettre de l’ordre. L’enfant va apprendre ce sentiment de puissance dans lequel il va
assimiler qu’il suffit de monter dans l’agressivité, dans l’opposition et dans la provocation pour
gagner sur l’adulte. Ceci installe des rapports de force avec les enfants. Avec des enfants ayant
de grandes capacités naturelles d’autorégulation cela ne va pas inquiéter le parent mais avec
un enfant avec un tempérament difficile, le parent tombe très vite dans le travers de gérer les
oppositions de l’enfant de cette façon-là. Il est très difficile de sortir de là car cela devient pour
l’enfant un mode d’interaction comme parler. Certains enfants vont avoir tendance à utiliser
ce mode d’interaction retenu en famille, ailleurs (pour obtenir ce qu’ils veulent). Ces
comportements externalisés vont être généralisés car l’enfant apprend que c’est comme cela
que l’on obtient ce que l’on veut. Sortir de cela est compliqué, d’autant plus si ce cercle est
installé depuis longtemps (déconstruire les choses est de moins en moins simple en fonction
du temps).
Exemple : adolescent accro aux jeux vidéos au point de ne plus pouvoir faire bouger
l’adolescent (prise de pouvoir par son autonomie, son âge…). On s’assoit, on lui communique
l’envie qu’il descende manger. Première fois, il va être surpris et ne va pas reconnaître le
parent parce qu’il n’y a pas de conflit à proprement dit. Cela peut désamorcer (cercle
vertueux).
Quelques choses qui permettent de comprendre pourquoi l’effet du parent n’est pas celui que
l’on peut imaginer : le Goodness-of-fit et la Susceptibilité différentielle.
g) La susceptibilité différentielle
Si l’on prend le cas d’un pissenlit et d’une orchidée, il y a des gens qui sont plutôt
imperméables et d’autres perméables à l’environnement. L’enfant peut grandir dans un
environnement A,B,C ou D et avoir des variations (ou pas). Les variations contextuelles
peuvent prendre un petit poids (pissenlit) ou un grand (orchidée).
Exemple : un enfant avec des compétences innées très importantes, un bon patrimoine
génétique, un super tempérament, l’environnement va avoir un pourcentage de variance
expliquée faible car il y a des atouts individuels (pissenlit). Par contre, un enfant « fragile »,
qui cognitivement a besoin d’être stimulé et que l’environnement est plutôt non-stimulant,
c’est « dommage », il vaudra mieux avoir un environnement bien équipé car le pourcentage
de variance expliquée de celui-ci va être plus important.
I. Le tempérament
Génétiquement, lorsque nous observons des nouveau-nés, le tempérament est déjà visible
avec des marques de nervosité ou de calme par exemple (base de personnalité
génétiquement programmée). Des études de modération montrent que fonction de ce
tempérament, nous allons être plus ou moins ouverts aux expériences environnementales
(effets d’interaction entre les facteurs environnementaux et les marqueurs de susceptibilité
chez l’enfant). Chez les enfants avec des tempéraments plus difficiles, l’ouverture aux
expériences environnementales est moins grande (pissenlit) et en tant que parent on se sent
moins influent qu’avec un enfant avec un tempérament plus facile. L’agréabilité est un facteur
de susceptibilité différentielle comme l’extraversion. Plus la personnalité est forte, moins
l’environnement est influent.
Typiquement ce que l’on nomme le système de réaction au stress. Nous ne sommes pas tous
égaux dans la manière dont nous fonctionnons face à la réaction au stress. En fonction du fait
que ce système fonctionne fort ou moins fort, nous n’allons pas être impacté de la même
façon par des évènements stressants (banals comme les parents en disputes ou
problématiques comme les traumas) qui se passeraient dans notre environnement.
Le système de réaction au stress (SRS) est composé entre autre du système nerveux autonome
(ANS) et l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HPA). L’ANS est composé de deux
systèmes nerveux antagonistes : le système para-sympatique (PNS) et sympathique (SNS).
Quand un stresseur arrive, le SNS va se mettre en route de manière automatique (permis
grâce au « fight » or « flight »). Le PNS remet l’organisme dans l’état de homéostasie (état de
base).
Un autre système (HPA) est plus lent et lorsqu’il va être activé par un stresseur il va déclencher
une réaction en chaîne de sécrétion d’hormones (neurotransmetteurs…) et la sécrétion de
cortisol déclenché par les glandes surrénales. Le cortisol va être nécessaire en bonne dose. Ce
système va travailler de manière isolée du reste de l’organisme et connecté aux fonctions
supérieures comme la cognition, les émotions, les souvenirs, la mémoire…
Il existe des différences interindividuelles génétiques sur notre sensibilité innée au stress
qui se produit dans notre environnement.
C’est une sorte de modulation épigénétique comme la DNA méthylation. Des molécules de
méthyl viennent parfois s’accrocher à l’ADN et peut modifier l’expression du gène
(augmentation ou diminution). Cette méthylation se passerait tout au long de la vie et se fait
via le sperme et les ovocytes (influencé dans les conditions environnementales dans lesquelles
la procréation s’est déroulée, l’hyper-méthylation se retrouve dans les familles d’extrême
pauvreté ou dans lesquelles se déroulent une violence conjugale). Il s’agit d’une hypothèse (le
capital génétique comprends des informations transmises via l’ovocyte à l’enfant).
C’est une théorie développementale qui considère le SRS comme quelque chose de très
fonctionnel. Le stress est perçu souvent comme quelque chose de mauvais, pourtant c’est à
partir de ce que le stress envoie que la protection est permise.
Attention, c’est quelque chose de lent (impression d’ajout bénéfique mais résultats non
escomptés). Il y a des enfants qui vont se laisser plus ou moins impacter par ce que fait le parent
avec des mécanismes qui sous-tendent le SRS à travers des mécanismes hormonaux, génétiques et
qui expliquent qu’encore une fois : il n’existe pas de recette magique !
h) La causalité ?
Les études randomisées (le parent suit une formation, traitement par exemple) sont un
premier exemple de manipulation expérimentale.
Les manipulations expérimentales en laboratoire sont une autre manière mais les questions
éthiques se posent rapidement. Par exemple, inviter les parents à participer de la recherche,
ils sont ensuite attribué à un groupe « test » et « contrôle » et on met le parent dans une
position où il doit faire obéir l’enfant qui n’a que 3 cubes pour jouer VS des caisses de jouets
où l’on présente la chose comme des affaires non-utilisables pour observer les pratiques
éducatives (manière de montrer la causalité).
Le deuxième panneau (n’est pas complet ) relève également une recette avec cette
culpabilisation que le parent n’est pas tenu en compte alors qu’arriver au travail à l’heure
n’est pas un choix (si les parents presse les enfants, ils prennent le temps mais l’inverse ne se
pose pas). Il y a une stigmatisation des parents qui travaillent. Dans les temps de pause, les
parents voient cela et sont bombardés de ce genre de post culpabilisants.
La contamination de cette pression se fait au plus le parent veut bien faire et être « bon
parent »
Une autre vidéo qui pause question est celle d’Isabelle Filliozat (mandatée par le
gouvernement) où les mots employés sont durs comme « léthargie », « troubles », une
intonation et une gestuelle avec peu de nuances ce qui peut donner un sentiment de
culpabilité immense et donner l’idée au parent d’interdire le sucre de manière drastique.
1. L’attachement
a) Fondements
Il est important de relever la capacité d’un système à pouvoir apporter des choses
nuancées (de ne pas résumer l’enfant à quelque chose de trop simpliste)
La préoccupation de l’attachement commence dans des choses assez simples dans les travaux
Lorenz avec ce phénomène d’emprunte. Dès le début, il y a une notion qui va être très
importante, c'est la notion de sécurité. Lorenz va montrer, dès le début, qu'en fait il s’agir
d(une réaction instinctive par besoins des petits de se trouver en situation de sécurité/avec
quelqu'un qui peut leur apporter de la sécurité. En suivant un congénère qui est plus
expérimenté, on réalise une expérience de sécurité (on va là où il faut aller pour trouver de la
nourriture, se mettre à l’abris…).
En fait, la nature a programmé ces oies cendrées à suivre un congénère par sécurité
Lorsque Harlow va faire ses recherches sur les singes Rhésus (rapprochement de l’espèce
humaine) appelées « les expériences de l’amour (attention : être attaché n’est pas aimer). O
aime des tas de gens sans pour autant qu’il y ait de la sécurité à chaque coup au sens de
l’attachement. Dans les expériences d'Harlow, il s’agir de la même chose, c'est la recherche
d'un refuge en cas de stress. Il va ensuite montrer quelque chose de très important que Lorenz
avait laissé un peu en suspens, c'est que l’on aurait pu croire que les oies cendrées, en fait
suivaient pour trouver de la nourriture. Parce que l'objet qu'elles suivent, c'est l'objet qui les
nourri, puis qui les amène dans des endroits où potentiellement plus tard, ils prendront
réflexe d’y trouver de la nourriture. Mais Harlow va pouvoir montrer que la sécurité, elle n'est
pas tant liée à « l'appel du ventre » mais elle est liée aux besoins de sécurité physique,
affective, relationnelle, que procurent les congénères. C’est là la grande contribution de
Harlow (les oies cendrées suivent même quand elles ne sont pas stressées alors que les singes
Rhésus vont analyser les avantages qui se passent dans leur environnement et vont chercher
refuge en période de stress).
Celui qui va réellement travailler l’attachement s’appelle Bowlby qui est aussi dans cette
perspective d’adaptation évolutionniste en disant que l’attachement est la base de la
préservation de notre espèce. Le bébé est dans un état de dépendance tellement important
qu’il faut qu’il puisse s’attacher à l’autre et que l’autre s’attache à lui parce qu’il n’est pas
capable de survivre par lui-même. Donc si ce phénomène d’attachement n’a pas lieu l’espèce
humaine va s’arrêter (la survie de l’espèce humaine dépend de cela).
La question n’est pas est-ce qu’on s’aime ou pas mais lié à la survie (c’est instinctif) avec
des mécanismes qui vont nous faire rechercher la proximité avec ses congénères.
Nous sommes dans quelque chose qui va désigner la fonction adaptative de protection qui
n’est pas présente qu’au début de la vie (même lorsque nous sommes capables de se
débrouiller seuls, nous allons continuer à avoir besoin des autres pour notamment être
capable de réguler nos émotions).
Exemple : je sors d’un examen oral, je sens une activation de stress très forte (imaginons que
cela s’est mal passé) et je vais être dévastée. Probablement que je vais ressentir le besoin de
me mettre à proximité (ou appeler) quelqu’un qui dans notre proximité fait office de figure
d’attachement (petit ami, maman…). Cette personne va nous procurer, même à distance cette
expérience de sécurité/de proximité pour nous aider à gérer l’expérience de stress. Après le
coup de fil, si cette personne appelée est capable de jouer ce rôle, une régulation de l’humeur
intervient.
On garde ce besoin toute notre vie et plus les émotions sont fortes, plus nous allons avoir
besoin de ce soutien
Il est important de se rappeler de cette notion car nous vivons dans une société qui est très
individualiste et qui oublie parfois à quel point nous sommes des animaux sociaux et nous
avons besoin des autres (si le confinement a fait tellement de mal sur la santé mentale des
gens c’est que l’un des besoins fondamentaux que l’on a c’est le besoin de contact et de
contacts rapprochés avec nos figures d’attachement).
La manière dont le confinement a été gérée est presque comme si nous n’avions été
considérés que sur le plan physique « menacé par un virus externe » en sacrifiant la
dimension psychologique
Une des grandes contribution que Bowlby a fourni est de penser ça en termes de phases et
d’observer ce qui se passait chez les enfants et comment l’attachement se met
progressivement en place avec :
Phase I : Orientation & signaux sans discrimination de la figure d’attachement (à 2,3 mois).
Une Phase non orientée où l’enfant va manifester des signaux de l’attachement sans
discrimination (exemple : bébé qui pleure à l’hôpital, la plupart des bras vont suffire)
Phase II : Orientation & signaux dirigés vers une (ou plusieurs) figure(s) d’attachement (2-
3 à 7 mois). Progressivement, les signaux vont s’orienter vers des personnes en particulier
qui vont être vécues comme celles qui prennent soin de l’enfant (plus de signaux réflexes).
Phase III : Maintenance de la proximité avec une figure discriminée par la locomotion et
les signaux (7 mois à 3,4 ans) Cette discrimination des figures d’attachement va se sceller
autour de 8-9 mois (observation de « la peur de l’étranger »).
Phase IV : Implication du partenaire pour l’organisation des comportements
d’attachement (àpd 3-4 ans)
Ce qui est important c’est d’utiliser le bon vocabulaire. Derrière les mécanisme d’attachement
il y a des systèmes. On a plusieurs systèmes qui sont à l’œuvre, d’abord le système
d’attachement qui se donne pour objectif la régulation de la distance physique. Nous sommes
équipés de manière tout à fait « réflex » d’un système d’attachement parce que nous sommes
obligés de signaler lorsque quelque chose ne vas pas parce que nous ne pouvons nous occuper
de nous-même seuls.
Système d’attachement : comportements qui visent à réguler la distance physique entre moi
et mes congénères parce que lorsque je ressens de l’inconfort je ne peux rien faire mais je suis
équipé d’une série de comportements qui vont se déclencher par réflex et dont la fonction ne
va être que de réguler la distance physique.
La nature nous a équipé de ce système d’attachement qui fait que nous ayons plein de
cordes à son arc pour susciter l’intérêt et la venue à soi malgré cet aspect d’être
« démuni »
Ce système d’attachement déclenché par deux types de signaux qui sont souvent liés au
danger et au stress. Parmi les signaux de signalisation les sourires et les vocalisations peuvent
être précédés de quelques secondes par des épisodes de pleurs très importants (peut donner
l’impression de « sortit l’artillerie lourde » si non-réaction aux sourires afin de ramener
l’adulte à soi). Derrière cela il y a des :
- Signaux internes : Faim (très douloureux chez les bébés), maladie, fatigue, ou douleur
- Signaux externes : Stimuli perçus comme menaçants (exemple : courant d’air) activant
l’amygdale (on ne sait pas toujours d’où vient la menace perçue).
Ils vont donc potentiellement émettre toute une série de comportements qui font partie de
ce répertoire du système d’attachement, différents mais ayant la même fonction de réguler
la distance physique (comportements de signalisation & aversifs). Et progressivement avec
l’évolution des stades de l’attachement ces comportements vont s’affiner (plus facile
d’interprétation) et les comportements vont être utilisés de manière beaucoup plus
intentionnelle par l’enfant (comportements similaires ayant des fonctions différentes).
Le système d’exploration reprend l’ensemble des démarches que l’on fait dans
l’environnement pour découvrir/explorer ce qui se passe autour de soi.
Lorsque l’on réduit la théorie de l’attachement à dire que la sécurité de l’attachement dépend
de la sensibilité des donneurs de soins : c’est un raccourci.
La situation la plus optimale est lorsqu’il y a une alternance parfaite entre les systèmes
d’alarme (attachement) et le système d’exploration (fluidité avec des alternances qui traduit
un pattern sécure).
Les comportements d’attachement peuvent être observés chez les petits, parce que c’est
comme cela qu’ils vont manifester les choses mais progressivement, nous allons moins
évaluer et observer l’attachement du point de vue des comportements que du point de vue
des modèles internes opérants. À partir de la deuxième année, lorsque nous sommes
capables d’une fonction symbolique/de représentation, ces informations engrangées dans le
domaine de l’attachement nous allons les traduire en termes de représentations. En fait, nous
allons abstraire une série de règles que l’on construit à partir des expériences faites dans son
environnement avec nos figures d'attachement.
Ces MIO vont devenir essentiels pour tout le reste de notre vie parce qu’ils vont nous
permettre de réguler notre comportement, d'anticiper ce qui va se passer1.
Exemple : quelqu’un qui a vécu régulièrement des expériences de sécurité2, lorsqu’il met en
route son système d’attachement il reçoit en général de la réponse, va être équipé de MIO
pour le futur et lorsqu’il arrivera dans un nouvel environnement, démarrer d’une nouvelle
relation (couple/amitié), ces MIO sont là pour l’informer du « en général, qu’est-ce que je
peux attendre de l’autre ? ».
Cela vient construire des informations sur le sens de soi et le sens d’autrui (qu’est-ce je vaux ?
Est-ce que je vaux la peine que l’autre se moque lorsque je déclenche des signaux d’alerte ?
Est-ce que l’autre s’y intéresse ?... C’est très profondément inscrit dans l’estime de soi, dans
la relation à soi mais aussi est-ce que les autres sont dignes de confiance dans
l’environnement.
Il existe plusieurs MIO, on peut en construire des spécifiques à certaines relations et être tout
à fait cette capacité d’anticiper que dans certaines relations il y a de la méfiance à avoir et
1 La période avant 2 ans/ 2 ans et demi est très importante car c’est une période sensible car c’est à ce moment que nous expérimentons la
plus grande dépendance aux autres donc engrangement de beaucoup d’informations sur l’attachement qui ne seront plus accessibles aux
souvenirs autobiographiques (croyance de « l’Infant Determinism » d’où découle les campagnes de 1000 jours).
2 Fondements de nos premiers modèles internes opérants parce qu’ils se fixent lorsqu’il y a la capacité de fonction symbolique à 2 ans.
nous n’avons pas toujours la valeur que l’on devrait avoir mais que dans d’autres types de
relation c’est tout à fait sécurisant.
Exemple : situation de couple où le MIO vacille car nous n’avons pas tout à fait l’impression
de pouvoir compter sur l’autre ou de ressentir de l’insécurité (cela ne veut pas dire que l’on
était insécure avec ses parents).
Les MIO :
Les MIO sont des représentations d’attachement (quelque chose qui se symbolise, qui
devient des cognitions, des croyances à propos de la capacité des autres à réguler nos
émotions et notre stress).
3C’est « bien » parce que c’est fonctionnel mais en même temps cela signifie que nous sommes le fruit de nos expériences d’avant (repartir
d’une page blanche est impossible).
Lorsque nous sommes en état de stress, l’amygdale s’active et se met en signal d’alerte
(fonctionne comme une alarme dans notre cerveau). On ne la maitrise pas, lorsque l’on
ressent du stress, elle va alerter les fonctions supérieures (par exemple le cortex) et va
déclencher une hyper-vigilance et toute une série de réactions émotionnelles et
comportementales pour réagir au danger perçu.
L’« alarme » se coupe avec une intervention, les fonctions supérieures vont jouer un rôle
important. Elles comportent le cortex cérébral et l’hippocampe qui sont tous deux impliqués
dans la capacité à pouvoir un moment donné « faire taire » l’alarme. On peut faire plein de
choses pour faire taire l’alarme comme analyser la situation, répondre par un comportement,
parler de ce qu’il se passe, débriefer avec quelqu’un, en faire un souvenir, raconter, expliquer.
On amène dans la conscience une expérience que l’on a vécue et les fonctions supérieures
vont prendre le relai pour apaiser l’amygdale et vont faire quelque chose de cette expérience
(notamment en racontant, en partageant, en stockant dans la mémoire autobiographique, en
digérant l’évènement).
Lorsque l’on subit (par exemple) des violences extrêmes/trop importantes, le cortex peut être
frappé par de la sidération (se sentir tellement en danger avec un sentiment de mourir qu’il y
a une incapacité à réfléchir, à réagir, à prendre de la distance…). Le cortex ne va pas être en
mesure d’arrêter l’alarme (tempérer l’amygdale) et donc, elle continue (exemple :
cambriolage). Lorsque l’amygdale continue, elle enclenche des mécanismes qui vont
bombarder l’organisme d’hormones de stress. Ces hormones de stress, en trop grande
quantité déversée, on arrive à des taux toxiques à un point tel qu’il y a un risque vital 5 et
neuronal6.
L’organisme pour « nous empêcher de mourir » (parce que nous pensons que nous sommes
en danger de mort mais l’organisme contient tellement d’hormones devenant dangereuses
qu’il expérimente réellement qu’il est en danger de mort), il va se protéger. Pour empêcher
une crise cardiaque ou une mort cérébrale à cause des neurotoxiques, le corps va créer une
sorte de court-circuit pour que tout s’arrête. Le cerveau va faire disjoncter notre système pour
isoler l’amygdale (pour ne plus qu’elle contamine les autres systèmes). On va faire disjoncter
4Quand le trauma porte sur des expériences d’attachement, nécessairement la parentalité nous re-confronte à différents moments donnés
de notre vie à des expériences d’attachement où nous devons jouer le rôle du donneur de soin parfait et cela peut constituer des moteurs
qui réactivent progressivement cette mémoire traumatique. Constat clinique : une formation sur la question des traumas est importante
dans le travail avec les parents.
5 Risque cardiovasculaire d’avoir trop d’adrénaline dans le corps
6 Neuro-toxicité des hormones de stress
le circuit émotionnel (par exemple) avec les neurotransmetteurs (qui sont comme des sortes
de drogues dures anesthésiantes, dissociantes) et cela va éteindre complètement la réponse
émotionnelle. Le but est vraiment d’échapper à la crise cardiaque et la mort neuronale. Cela
fait disparaître le risque vital en créant une sorte d’anesthésie émotionnelle et physique.
L’amygdale reste « allumée » tant que le danger persiste mais reste isolée du reste du
cerveau.
Les conséquences, en isolant le cortex et l’hippocampe de l’amygdale et d’utiliser l’évènement
pour construire un souvenir (travailler les représentations), il y a un défaut d’encodage (ce
qui vient de se passer ne peut pas être transféré dans la mémoire autobiographique et restera
encapsulée dans la mémoire traumatique (non traitée). Vont y rester, les expériences de
trauma qui n’ont pas suivi le chemin habituel de passer par les fonctions exécutives (on ne
peut pas les raconter, on ne peut pas prendre de la distance, les confier, faire du partage
social…). Si je reprends mon histoire de cambriolage, après avoir éteint l’alarme, imaginons
que je m’assois avec les autres membres et discute de ce qui vient de se passer, je vais
construire quelque chose autour de l’expérience et les fonctions supérieures vont traiter les
données et la sécrétion de toute ces hormones va progressivement s’arrêter et se réguler
permettant qu’à un moment donné nous pouvons penser au fait d’aller dormir et transférer
en mémoire autobiographique. Cependant, si je suis en état de sidération et que mon
système disjoncte et qu’il y a dissociation traumatique, ce que devraient faire les fonctions
supérieures ne se produit pas (niveau de mémoire encapsulée non conscient). En cas de réveil
de mémoire traumatique, toutes les années précédées vont être qualifiées avec la conscience
qu’il y avait quelque chose mais incapable de mettre des mots, amnésie, sentiment
d’étrangeté (car tout est flou). C’est étayé, bizarre, nous n’avons pas tous les éléments, les
phrases sont incomplètes parce que tout est resté piégé dans l’amygdale sans être traité, sans
transformation par la mémoire avec le danger que c’est susceptible d’envahir l’organisme et
la mémoire à tout moment (en vivant une expérience qui ressemble ou pas).
L’expérience d’être soi-même parent peut amener toutes sortes de situations avec les
enfants qui un moment donné re-confronte à un vécu traumatique (exemple : l’inceste)
Dissociation
traumatique
Croyances, attitudes et attentes liées à l’attachement (2) : il s’agit de l’image que l’on a
de soi et que l’on développe de soi et de l’image d’autrui (quelles croyances j’ai par rapport
à ma valeur personnelle ? Quelles croyances j’ai par rapport à la capacité des autres à
répondre à mes besoins ?)
Buts et besoins de l’attachement (Généraux vs. Générique) : nous pouvons nourrir selon
des moments différents, selon notre personnalité, selon des périodes différentes des buts
très différents. On peut être dans des expériences d’attachement où l’on recherche
simplement de la sécurité (exemple : sortir d’un examen), mais on peut vivre des
expériences d’attachement où l’on recherche de l’attention (exemple : estime de soi
fragile cherche le renvoi d’une image d’eux-mêmes comme ayant de la valeur l’enfant
qui a besoin lorsque quelqu’un est là de s’accrocher et d’appeler car peur d’être oublié et
besoin de se rappeler qu’il est important lorsque quelqu’un est présent)7. On peut utiliser
son système d’attachement pour créer de l’affiliation, de l’amitié (donc buts et besoins
différents).
Les MIO sont composés de stratégies d’attachement (à un moment donné dans nos MIO,
on vient écrire quelque chose qui ressemble à des scripts qui vont généraliser la procédure
à faire pour obtenir l’attention d’autrui)
Ces stratégies peuvent être organisées ou désorganisées (ce qui va amener le concept de la
désorganisation de l’attachement). Un script organisé est un script que l’on peut presque
raconter. Pour arriver à observer les MIO de l’enfant on lui fait raconter une histoire sur base
d’un début établi par le clinicien8. À travers ce que l’enfant nous raconte, on cherche à
déterminer si l’enfant a « des scripts » organisés (« comment il raconte les comportements de
chacun ?»)
On a aussi tendance à penser que nous ne sommes caractérisés que par une seule forme
d’attachement mais nous avons des MIO qui peuvent être indépendants par rapport à des
figures comme le père ou la mère et ces MIO se complexifient au cours de la vie (chez les
enfants ils sont assez simples, mais chez l’adulte c’est bien plus complexe).
On pense aujourd’hui que les MIO sont organisés de manière pyramidale allant du général au
plus complexe avec tout en haut les MIO encodés au début de la vie et qui vont se décliner
jusqu’à des relations (très) spécifiques9.
7 Les enfants ayant des troubles de l’estime de soi utilisent leur système d’attachement pour obtenir de
l’attention de la part de l’adulte.
8 Les histoires mettent en scène des situations autour de l’attachement
9 Cette vision permet de ne pas considérer les choses de manière très déterministe. Nous sommes capables de discriminer et de complexifier
les choses en dépit de ce qui fait partie de notre histoire.
Lorsque l’on parle de modèle interne opérant il faut toujours garder à l’idée les systèmes
antagonistes en tête. Lorsque l’enfant nous raconte ce qu’il se passe dans son script, on
pourra observer si les systèmes sont occupés à s’altérer ou bien si nous sommes dans un
système tout le temps d’exploration ou dans un système d’attachement (d’anxiété).
Stratégies secondaire : est une stratégie d’adaptation non-pathologique qui est liée au fait
que lorsque j’active mon système d’attachement mais je fais l’expérience que les figures
autour de moi ne sont pas toujours disponibles, elles sont parfois inconsistantes, parfois
elles viennent s’occuper de moi mais la réponse n’est pas tout à fait adaptée à la demande
(ne permet pas au système d’attachement de s’éteindre). Deux solutions dans ces
conditions10 : continuer d’espérer du réconfort ou y renoncer.
10 Modèle transactionnel : je déclenche le système d’attachement mais la réponse ne me satisfait pas et va soit y renoncer en pensant que
le signal ne sert à rien et cette stratégie secondaire va mener à la stratégie insécure évitante/anxieuse où l’enfant ne va plus rien manifester ;
soit hyper-activer ce signal (enfants dont on a l’impression que rien ne calme) et cette stratégie va mener à la stratégie insécure ambivalent.
Les enfants insécures ambivalents sont ceux qui vont hyper-activer leur système
d’attachement. On va avoir une hyper-vigilance (système d’attachement presque tout le
temps activé) donc très peu d’exploration de l’environnement11. Graphiquement parlant c’est
l’attachement qui s’active au détriment de l’exploration
Dans la strange situation de Mary Ainsworth, ils vont réagir de manière ambivalente : quand
la mère revient ils vont vers elle mais peu importe ce qu’elle fait, il y a une impression rien ne
va l’apaiser. Les figures d’attachement auxquelles il a été en contact ont été un peu
déconnectées de leurs émotions, inconsistantes (répondent parfois et parfois ne répondent
pas). L’enfant fait l’expérience de cette inconsistance et développe de l’hypervigilance en
réponse à cela.
11Enfants qui ont une tendance à chouiner beaucoup, revenir vers la maman, être collant, rouspéter, ne jouent
pas…
12 Souvent le parent a lui-même des histoires d’attachement compliquées (cfr. histoires traumatiques ou histoire de la santé mentale). Les
parents schizophrènes peuvent parfois induire de la désorganisation d’attachement chez l’enfant (exemple : le jeu « coucou-beuh »). Les
parents souffrant d’un trouble de santé mentale ont quelque chose qui va désorganisé le lien parce que l’enfant ne reçoit pas du tout la
réponse adaptée à l’état de stress dans lequel il est (la réponse reçue ne « match pas »)
Le débat porte souvent sur « est-ce qu’il faut utiliser des catégories de l’attachement ou est-
ce que l’on doit plutôt travailler avec des axes :
C’est un débat qui se pose encore aujourd’hui, il faut juste savoir que les deux existent, des
outils évaluant l’attachement nous amènent parfois à utiliser les catégories et parfois les axes,
il y a du pour et du contre… Le mieux est d’avoir une vision complémentaire des approches
Le but est d’en savoir assez pour que lorsque nous sommes confronté à une situation, nous
puissions analyser les choses en profondeur et observer
On a des expériences qui nous protègent ou des facteurs de résilience qui sont inscrits dans
notre génétique, dans notre système de réponses au stress… (cf. susceptibilité différentielle).
h) Évaluation
- Extrait n°1 : Les parents (figures d’attachement primaires) partent en week-end et les enfants doivent
rester chez la grand-mère (figure d’attachement secondaire). L’enfant réagit « la maman va dans la
voiture et elle s’assied, le papa aussi et puis ils vont en voyage à la mer (…) Jade dit « je voulais rester
avec maman » et Pierre dit « Oh non t’es trop jeune pour aller toute seule avec eux parce que peut être
tu vas faire plein de bêtises et elle sera fâchée et elle revient demain (…) et puis Jade monte jouer dans
sa chambre et Pierre va regarder la télé. (…) la mamie va dire d’aller se coucher et le lendemain le papa
et la maman reviennent ». Bonne alternance entre système d’attachement et d’exploration, la grand-
mère fait fonction de sécurité, est heureux lorsque les figures d’attachement sont de retour (pratique du
monitoring),…
- Extrait n°2 : La famille va au par cet il y a un rocher et l’enfant a très envie de monter sur le rocher et la
maman dit « fait bien attention ». L’enfant dit :« il saura plus marcher il va avoir mal à la jambe, il a plein
de blessures sur le visage (…) il va aller chez le médecin (…) je sais plus » Se considère comme seul,
l’adulte qui est supposé agir ne fait pas partie de son script, vision assez catastrophique de monter sur le
rocher (l’exploration n’est pas sécure, les autres ne sont pas dignes ou n’a pas une bonne estime de lui
car ne se sent pas d’explorer positivement seul) Pas d’activation du système d’attachement ? (plutôt
insécure avec hyper-activation (rajoute une couche quand on lui rend la parole)). Système d’attachement
qui s’active mais pas d’exploration).
- Extrait n°3 : La famille se réunit pour le goûter, l’enfant prend sa grenadine et le renverse par terre.
L’enfant dit : « euhh »… Le matériel n’est pas manipulé (enfants insécures souvent bloqués par le
matériel et chez les évitants on en tire pas grands choses et chez les ambivalents n’utilisent pas le
matériel comme ils devraient). Le système d’exploration ne fonctionne pas comme il devrait, n’arrivent
pas à construire quelque chose car pas d’alternance (n’explore pas bien). Le système d’attachement
prend le relai mais mal.
- Extrait n°4 : La famille est dans le salon et la petite fille va jouer dans sa chambre et entend un bruit et
on lui dit « Oh c’est un monstre ». L’enfant dit : « il la mange la fille et puis il la met dans la poubelle et
puis il reprends la fille et la coupe en deux et puis les parents disent « ohhhh venez tous, venez tous » et
puis ils partent au parc se promener et puis Jade est revenu très méchante » Très désorganisé car on ne
pourrait raconter l’histoire à sa place, incohérent du début à la fin (l’imagination est nourrie à travers
l’environnement ou le vécu).
Il s’agir d’un concept qui n’est pas vieux qui a été d’abord étudié par la génétique du
comportement. En psychologie, il y a une obsession de faire la part des choses entre
« nature » et « nurture » (qu’est ce qui relève de la génétique et qu’est ce qui relève de
l’environnement). Cette question est très importante pour connaître notre marge de
manœuvres, notre part possible de l’action.
En étudiant la génétique du comportement, les chercheurs ont en fait chercher à savoir dans
le comportement (par exemple) des enfants combien de pourcentage de variance expliquée
est due à des facteurs génétiques. Pour arriver à faire cela, ils ont fait en fait varier le degré
de correspondance génétique entre des individus (en travaillant au plus fort de la
correspondance génétique qui sont les jumeaux monozygotes), puis on redescend d’un cran
chez les jumeaux dizygotes, puis chez les enfants d'une même fratrie, avec le même père et la
même mère et puis chez des demi-frères et demi-sœurs et puis on redescend d’un cran et on
va chez des fratries qui n'ont rien à voir, mais qui partagent le même environnement avec un
enfant adopté par exemple. Et puis on prend des enfants qui grandissent dans des familles
différentes avec un patrimoine génétique différent et un environnement différent.
Jusqu’à présent on n'a pas encore mis le doigt sur un facteur environnemental qui est capable
d'expliquer autant d'accord donc quand on dit les pratiques parentales constituent au mieux
10-12%, la génétique vient à côté peser plus lourd.
La génétique, c'est donc 50% du comportement de l'enfant et puis après, comme on fait varier
le degré de parenté et de partage environnemental entre les sujets, on peut se poser la
question de savoir « quelle est la part vraiment liée à l'environnement commun ? ». Par
exemple, en 2 enfants grandissent dans une même famille, on se demandera quelle est la part
liée à cette environnement familial ?
Face à cette question, les chercheurs vont se dire, mais au fond des enfants qui grandissent
dans une même famille ne se ressemblent pas beaucoup plus que les enfants qui n'ont rien à
voir et grandissent pas dans la même famille ! Cette analyse est interpellante et va amener les
chercheur à différencier 2 types d'environnement : l’environnement partagé (tout ce que les
frères et sœurs vont partager de la même façon avec les parents, toutes les expériences
similaires et l'environnement) en l'environnement non partagé (fait référence au fait que
même si on vit des évènements familiaux comme par exemple le fait que les parents se
séparent, l'événement le même pour les 2 MAIS la façon dont les 2 enfants de la fratrie vont
le vivre en fonction de leur personnalité en fonction de leur âge, de leur sexe, en fonction de
14 En dépit des fameuses pincettes que l’on doit prendre en tenant compte du % de variance expliquée.
leur d'attachement avec chacun des parents, en fonction de toute une sorte de chose, va faire
que cet événement n'est pas dans l’environnement partagé).
Imaginons par exemple que l'on annonce le divorce. Un des deux enfants fond en larmes et
l’autre fait une grosse crise de colère. Dans cette situation le premier va peut-être être pris
dans les bras de la mère, passer du temps avec elle etc. Et puis pour celui qui a fait des grosses
colères, il est parti en claquant la porte, elle a essayé de le rattraper, mais elle n’a pas pu et
s’est passé plusieurs heures avant de pouvoir en rediscuter. L’expérience qui est faite de
l'annonce du divorce n’a rien à voir si l’on compare. Ce qui se passe derrière en termes de
modèle transactionnel les enfants ont vécu 2 expériences qui sont fondamentalement
différentes.
Les chercheurs vont donc se dire qu’ils ont tort de penser que l’environnement est juste des
évènements et des relations qui vont affecter tous les individus de la même façon. On va
privilégier la piste de l’environnement non-partagé et se dire que chaque relation parent-
enfant est tout à fait particulière et que on n'est pas dans une situation. Cela pose évidemment
la question parce que si nous voulons évaluer, par exemple le profil éducatif des parents.
Nous n’aurions qu’une approche grossière de ce qui se passe dans ma famille parce que c'est
ce qu’ils vont nous déclarer faire d’habitude mais cela ne vous dit rien de ce qui se passe dans
chacune de relation avec chacun des enfants. Si nous voulons approcher cette dimension-là,
il va falloir y aller façon très spécifique (degré de profondeur nécessaire).
Cela va venir bouleverser la littérature sur le sujet parce que si nous demandons aux parents
« est-ce que vous élevez vos enfants de la même façon ? » 90% des parents vont nous
répondre que « oui ».
Pourquoi ?
Le traitement différencié n’est pas du tout désirable pour beaucoup de parents. Mais les
parents vont installer de toute manière un traitement parental différencié. Et ce traitement
parental différencié va avoir une influence complètement déterminante sur le
développement des enfants (beaucoup plus déterminant d'ailleurs que l'environnement
partagé). Dans les normes occidentales, on va prôner un traitement égalitaire des enfants et
si nous décidons d’aborder la question de manière franche aucun des parents ne va nous dire
que il fait des choses différentes avec ses enfants. Au contraire, ils vont dire que il s'efforce
d'être juste et de faire en fait la même chose avec tout le monde.
Mais en fait le traitement différencié, est essentiel. Cela témoigne de la sensibilité du parent
et de ses capacités de mentalisation. Un parent qui fait du traitement différencié le fait parce
qu'il est capable, à un moment donné, de comprendre les besoins spécifiques et les
caractéristiques spécifiques d’un des enfants à un moment donné et qu’il va adapter son
comportement15. C'est le fait d’être en résonance avec la personne qu'on a en face de soi
(dans la relation parent-enfant) et que, en fonction des réactions d'enfants, et bien on va
moduler, adapter son comportement et pas rester sur une espèce de ligne de conduite qu'on
s'est fixé sans faire attention à ce qu'il se passe de l'autre côté.
Il est important d’amener cette notion auprès des parents, on ne leur demande JAMAIS de
manière franche mais progressivement relever la prise en compte des besoins spécifiques
de l’enfant
15Exactement comme on a vu dans le phénomène transactionnel de ce qu'il ne se passe pas chez les mères
schizophrènes
fait sur des besoins spécifiques ou des caractéristiques d’un enfant). Cela peut se produire
dans des systèmes familiaux où il y a un enfant qui devient le bouc émissaire de service, va
être toujours le réceptacle des critiques, des reproches (pour toute une série de raisons)16.
Lorsque l’on travaille le traitement différenciel, la question est toujours de savoir « qu’est-
ce qui vient justifier qu’un enfant ne reçoit pas la même chose que les autres ? »
Ce concept est très intéressant à travailler dans les familles recomposées. Parce que dans les
familles recomposées un peu complexe où il y a des liens biologiques, semi-biologiques, des
enfants qui sont rattachés au système qui sont là 2 jours semaine alors que les autres sont là
toute la semaine ce traitement donne des pistes qui permettent d'aborder ce qui se passe
dans ces systèmes-là mais de nouveau si nous abordons la question de manière franche, les
parents ils vont dire que nous.
Quels sont les meilleurs prédicteurs du traitement différencié dans les fratries ?
Le plus puissant est l’âge de l’enfant. Un parent ne fait pas de la même manière avec un enfant
de 3 ans et un enfant de 7 ans et cela peut mettre en évidence une sensibilité aux besoins en
fonction du fait que l’enfant qui grandi. Ils vont utiliser des pratiques et ses comportements
différents pour la mise au lit, ce qu'ils tolèrent en manière de sortie, le monitoring… S’il n’y a
pas de traitement différenciel, cela peut poser problème et nous avons parfois une forte
résistance à cela et pas forcément dans les familles.
Exemple : le moment de la collation avec un enfant hyperactif qui doit attendre que Madame
passe chez tout le monde pour être servi. On peut suggérer d’utiliser son énergie à bon escient
en lui demandant de l’aider.
Lorsque ce principe d’équité est compris, les effets négatifs sont moindres. Autre chose qui
va venir justifier le traitement différencié c’est l’éducation qui reste genrée dans les fratries
mixtes. Les tâches ne sont pas répartie de la même manière dans la famille. Je ne vais pas
16 Les effets délétères ne vont pas s’arrêter à un individu dans le système (isolement, phénomène d’alliance).
demander à une petite fille avec un profil de princesse d’aller tondre la pelouse, on va plutôt
demander à son frère (aussi sur le principe de force physique).
Estime de soi, Comportement adaptatif, Vécu émotionnel, Anxiété & dépression, Conduites
antisociales & comportements externalisés, Relations fraternelles
L’être humain (et donc les enfants aussi) ont tendance à s’auto évaluer. Nous avons besoin
savoir où on en est par rapport à plein de choses, on a besoin de situer cette compétence17.
On a besoin de savoir comment les autres performent dans une tâche ou dans une situation
pour savoir où en est. La comparaison se fait par rapport à autrui et autrui est la personne la
plus proche dans la situation la plus similaire à la nôtre. Dans la famille, l’autrui le plus similaire
sont les frères et sœurs (phénomène de comparaison sociale automatique et inévitable).
Exemple : si je veux savoir si je suis un bon élève (mais pas dans l’absolu) c’est par rapport aux
élèves de ma classe.
La comparaison sociale est utile est permet parfois de se remettre en question, de voir où l’on
en est mais peut aussi être menaçant. Dès que l’on fait de la comparaison sociale défavorable
cela peut affecter l’image de soi, notre estime et le sentiment de compétence et donc cela
affecte nécessairement les enfants.
Nous allons avoir besoin d’évaluer les ressources qui sont distribuées à nous-mêmes et aux
autres. Les ressources qui sont nécessairement communes et distribuées sont l'amour des
parents et le territoire.
L'amour des parents est une ressource essentielle (l'amour, l’attention) et dans une fratrie
cet amour et cette attention doivent être distribué. Parce que chacun a des moments
privilégiés avec ses parents et que lorsqu’un enfant en bénéficie, les autres n’en ont pas. Par
exemple, je prends un enfant dans les bras, les autres vont vouloir venir aussi parce qu’ils
veulent leur place.
Le territoire traduit la lutte de pouvoir dans la famille où « tu ne rentres pas dans ma
chambre ». Chacun a besoin d’avoir son territoire propre, ses affaires à lui et cetera (srutout
dans une société comme la nôtre). Et donc la question du territoire dans une maison est
importante18.
La justice distributive se traduit par un besoin de voir comment les ressources sont
distribuées
C’est quelque chose auquel il est très compliqué d’échapper. Nous sommes tout le temps
occupé à faire le bilan des ressources disponibles et le jugement de la façon dont les
ressources sont distribuées entre nous-mêmes et autrui. Il y a deux règles
Règle de justice: Est-ce qu’il y a une adéquation entre les ressources reçues & la quantité
de temps, d’effort, et d’autres coûts ? Est-ce qu’il y a une adéquation avec les besoins ?
L’idée n’est donc pas de tous avoir la même ressource mais de recevoir selon ses besoins.
Exemple : Imaginons, que dans les 2 groupes, un échoue et l’autre réussi, ce que Madame
Roskam va donner sera différent et cela ne posera pas problème.
Le problème est que les besoins ne sont pas tous détectables aussi bien par le parent que par
l’enfant (exemple : un enfant qui est difficile pour aller au lit avec une lecture de la colère
différente en fonction du parent ou des enfants), d’où l’importance des mots et l’intérêt de
parfois travailler avec la fratrie19.
Règle d’équité : Comparaison des ressources reçues à celles d’autrui. Avec cette idée, qu’il
n'y a pas forcément besoin des mêmes ressources mais qu'à un moment donné il va quand
même falloir qu’il y ait une petite compensation qui soit équitable.
Exemple : si mon frère a des difficultés scolaires et ma mère passe 2h tous les soirs en tête-à-
tête avec lui pour faire ses devoirs ; je n'ai pas besoin de 2h30 mais il faudra quand même que
moi aussi je trouve un peu des moments privilégiés parce que je ne peux pas toute la semaine
être privé de ma mère sous prétexte que mon frère a des difficultés.
C'est intéressant d'aider les parents à ne pas avoir que le focus de l'enfant malade. Par
exemple, les parents qui ont des enfants avec handicap qui peuvent avoir cette tendance à
être hyper focalisés sur les besoins de cet enfant là et donc les autres enfants sont considérés
comme n’ayant pas de problème. On s'est investi beaucoup et de l’autre côté moins, on dirige
moins son attention parce que l’on a l'impression que pour les autres forcément « ça roule »20.
Ce que l’on veut, c’est une distribution équitable mais pas égalitaire
III. Processus 3 : Théorie des attributions & les modèles du traitement de l’information
Quand il nous arrive quelque chose comme tomber en plein milieu de la grande place, il est
impossible de se dire « Oh ! Je suis tombé ». Qu'est-ce que nous allons faire ? « Pourquoi je
suis tombé ? » Il faut trouver la cause. Et donc nous allons regarder si notre lacet n’est pas
défait, s’il y avait une peau de banane qui trainait... Mais il faut une explication derrière, il
n’est pas possible d'accepter qu'il nous arrive sans qu'il y ait des explications, l'être humain ne
peut pas donc il donne du sens à l'expérience.
Les enfants, lorsqu’ils expérimentent du traitement différencié, ils vont chercher à savoir
pourquoi ils ne sont pas traités de la même façon que les autres (en bien ou en mal). Les
enfants vont donner eux-mêmes une explication. Dans les théories du traitement de
l’information sociale, on sait que dans les explications que l’on va donner, il y a des gens qui
ont des biais dont le biais d’attribution hostile. Le biais d’attribution hostile est le fait que
lorsqu’il m’arrive quelque chose (souvent parce qu’on a une estime de soi qui n’est pas très
bonne), on a l’impression que les autres le font exprès « pour me rendre malheureux »,
« parce qu’on m’en veut », « parce qu’on ne m’aime pas », « parce que je suis nul » …
Exemple : imaginons un enfant qui est dans une cour de récréation (processus qui va parfois
sous-tendre l’agressivité réactionnelle chez les enfants) et qui reçoit un ballon en plein visage.
La première chose qui est faite est de lever la tête, regardais d’où venait le ballon et chercher
l’information sociale qui va lui permettre de faire son attribution causale. L’information
sociale peut être un enfant qui regarde de manière désolée et l’attribution causale sera qu’il
a voulu jouer au foot mais il ne savait pas tirer et j’étais dans la trajectoire. Dans ce cas-là je
peux traverser la cour et lui dire « fais-attention !» ou « joue à autre chose si tu ne sais pas
tirer ! ». Si cependant si l’enfant se marre, l’information sociale sera différente.
Il y a des enfants et des adultes qui (lorsque l’estime de soi est faible) vont commencer à faire
des bais d’attribution hostile. Ils n’ont pas ce temps de collecte de l’information sociale et tout
de suite, la seule question qui va être posée est « qui m’a fait ça ? ». Chez les enfants où il n’y
a pas ce temps de latence où il analyse le comportement social et cherche l’information, la
réaction comportementale est inappropriée car sans se poser de questions, ils vont
simplement traverser la cour et par exemple mettre une claque à celui qui a fait ça.
Un enfant de ce profil qui est la cible d’un traitement différencié dans une fratrie, la
première chose qu’il dira c’est « c’est parce que je suis le moins aimé de la fratrie, c’est
parce que mes parents m’en veulent pour quelque chose » etc…
Et donc le parent va penser qu’il fait du traitement différencié totalement justifiable, bon
pour le développement et sensible aux besoins et en même temps avoir un enfant en grande
souffrance parce que ce n’est pas la même perception et lecture qu’il a du comportement
différencié. Ce qui est observé n’est pas forcément ce que l’enfant perçoit.
Il est important non seulement de mettre des mots dessus mais aussi de demander à l’enfant
comment il perçoit les choses et pourquoi il pense qu’un parent passe autant de temps avec
un autre enfant de la fratrie. (légitimer, explorer les pistes que l’enfant donne, partir de
situations spécifiques…).
Exemple : les enfants devant la télévision qui viennent entre les jambes.
Une source de comparaisons sociales et d’équité avec l’aîné qui se dit qu’il a dû ouvrir toutes
les portes et les autres passent sans problème. Cela constitue du traitement différencié parce
que les enfants évoluent mais parce que les parents évoluent aussi. Mettre des mots, acquérir
la frustration de l’autre peut aider.
Les enfants construisent leur propre expérience et les comportements parentaux ont leur
importance mais l’enfant construit son expérience subjective du comportement parental
(environnement non-partagé). Le style parental n’est pas la clé de ce qui arrive dans le
développement de l’enfant mais plutôt l’expérience subjective que l’enfant fait des pratiques
parentales et de tout ce qui touche à ce traitement différencié.
Les attributions causales du PDT selon les enfants... Lorsque l’on interroge les enfants sur
pourquoi leurs parents n’agissent pas de la même façon avec les frères et sœurs, les raisons
qu’ils vont donner par degré d’importance sont :
Différence d’âge : on a des privilège selon l’âge (par exemple dormir seul, dormir plus
tard…).
Attributs personnels des enfants : comme par exemple « maman se fâche plus sur mon
frère car il fait des colères ».
Alliances possibles entre un parent & un enfant : n’est pas forcément négatif (exemple :
amener au foot ou à la danse).
Comportements des enfants pour attirer l’attention du parent : comment ils « piègent »
les parents.
Besoins spécifiques d’un enfant
3. La coparentalité
C’est un concept nouveau parce qu’il y a quelques générations, les rôles étaient tellement
traditionnels que chacun était complètement dans son rôle et la coparentalité ne se posait
pas parce que l’éducation et les soins se faisait par la mère et le père apportait les moyens
financiers. Par exemple, un mari qui se mêle de l’éducation était quasi pris comme une
incapacité de faire son rôle. Par conséquent, la coparentalité était vu comme un facteur de
risque alors qu’actuellement cela constitue un facteur de ressources.
Coparentalité : la manière dont les parents coopèrent dans l’actualisation de leurs rôles
parentaux : comment se déroule l’entente dans le partage des responsabilités, la
synchronisation des fonctions parentales (être sur la même longueur d’ondes),la qualité de
la communication, le respect des ententes, & les stratégies de contrôle des conflits
Comment se déroule la négociation vis-à-vis des rôles respectifs, des responsabilités, &
des contributions vis-à-vis de l’enfant
Soutenir vs. miner les efforts du coparent
Les relations père – mère sont envisagées en fonction d’un 3ème (voire davantage) membre
de la famille, l’enfant
La coparentalité émerge dans les années 80, avec l'évolution des types de
famille il y a eu l'accès au divorce (augmentation). Et ce concept a émergé
d'abord dans le contexte d'accompagnement des parents séparés. On
conscientisait qu’une fois que l’on avait eu des enfants ensemble, peu importe
si le couple décide de rester ou de se séparer, les deux personnes sont liées à tout jamais à
des responsabilités éducatives et de soins qu’il faut partager et il faudra nécessairement
trouver un degré d'accord. Parce que ce que les études ont montré, c'est que ce qui fait
souffrir les enfants dans un contexte divorce c’est le conflit dont ils sont l'enjeu. C’est donc
tout ce qui tourne autour de cette coparentalité où le père et la mère sont plus du tout
d'accord sur les valeurs éducatives donc ils exposent l'enfant à des tas de conflits de loyauté
et ce qui font souffrir les enfants.
La coparentalité peut être une ressource essentielle notamment chez les enfants qui ont des
problèmes de comportements puisque plus les personnes qui prennent soin et participent à
l’éducation vont proposer un cadre consistant, plus l’enfant va être sécurisé dans ce cadre
sécurisant avec les comportements problématiques qui diminuent.
24 Et cette vision est très intéressante parce que la coparentalité implique plus de 2 personnes. Exemple : Monsieur a vécu 5 ans avec une
compagne qui s’était attachée aux enfants qui se sépare de Monsieur qui par la suite a une autre compagnie. Sauf que la prem ière en fait,
elle continue pour les enfants parce qu'elle avait des vraies relations d'attachement, donc est encore impliquée. Les fonctionnements aux
co-parentaux peuvent énorme.
c) La coparentalité : conceptualisation
La dimension est très importante dans le domaine de la prise en charge. Lorsque l’on donne
des pistes dans la prise en charge, parfois ce qui va générer des conflits entre les parents à
propos de l’éducation de leurs enfants est parfois le fait qu’ils ne hiérarchisent pas les valeurs
de la même manière. Il y a beaucoup de valeurs (ceux à quoi nous accordons beaucoup
d’importance dans notre vie) et ce qui va important pour nous pour décider du comportement
à adopter.
Mais face à une situation, dans une culture individualiste, si nous demandons à chacun de
citer 10 valeurs, des redondances vont s’observer. Si on les hiérarchise de la plus importante
à la moins importante26. Dans une situation comme une décision sur l’avortement, personne
ne va dire que la vie n’est pas une valeur importante mais personne ne va dire non plus que
la qualité de vie n’est pas une valeur importante. La hiérarchisation va donner plutôt l’issue
de notre question. Il y a plein de décisions importantes que l’on prend au long de la vie qui
sont liées à la valeur prioritaire que l’on va prioriser à ce moment-là.
Dans les décisions éducatives que l’on fait, nous sommes sous-tendus par nos valeurs
Exemple : un enfant qui a du mal à l’école et l’un de ses parents passe des heures à faire des
dictées, des devoirs et l’autre se plaint parce que l’enfant est infantilisé, fliqué. Les valeurs
sont complémentaires que l’on souhaite transmettre et les expériences avec la mère et le père
peuvent être complémentaires (les valeurs ne sont pas sacrifiées).
25 L’accord sur les valeurs est quelque chose qui explique beaucoup de conflits entre les parents et chaque fois que l’enfant passe par une
période de transition l’enjeu des valeurs revient.
26 Parce qu’en cas de prise de décision difficile, on se réfère à nos valeurs et nous allons prendre la première.
Parfois, il y a cette impression que la parentalité investie représente 50% de tâches pour
chaque parent. En fait, il vaut mieux se partager les tâches avec un rapport coûts-bénéfices
optimal. L’idée n’est pas de faire du « chacun son tour » mais ce qui marche c’est de répartir
les tâches en fonction de ce qui est le plus/moins apprécié et de faire en fonction des
caractéristiques des parents (chacun est là où il a envie d’être). On peut aussi penser le jeu en
famille (dresser une liste de toutes les tâches à faire pour qu’une famille tourne, les mettre au
milieu de la table et chacun prend et choisi un petit papier27).
Dans quelles mesures un parent valide les décisions et les pratiques éducatives de l’autre ?
Si un enfant se fait gronder et que l’un des parents punit, un comportement de soutien serait
d’aller voir l’enfant et de dire que « je comprends que papa t’ait puni parce que ce que tu as
fait n’est vraiment pas cool et si j’avais été là j’aurais donné la même punition ». Un
comportement d’hostilité serait de réagir aux plaintes de l’enfant en disant « oui mais ton
père il s’emballe tout de suite ». Cela se passe dans les familles biparentales mais dans les
familles décomposées c’est une monnaie courante. Une décision prise dans le foyer A devient
le contrepied dans le foyer B28.
Comment est-ce que les deux parents arrivent à résoudre les conflits et est-ce qu’ils
arrivent à le faire sans que l’enfant soit pris comme un enjeu des conflits et garde sa place
d’enfant
Élever les enfants sans conflits est impossible, il y a des conflits entre coparents et ils sont
nécessaires car c’est au-travers de ceux-ci que l’on peut discuter, progresser… Le problème
n’est pas le conflit mais comment on le résout. Dans les coparentalités dysfonctionnelles, les
enfants l’enjeu de la résolution des conflits (les conflits se passent devant l’enfant, l’enfant est
pris à parti par l’un et par l’autre pour être rallié). Les enfants en sont impactés il s’agit d’une
27Met dans l’explicite ce qu’il y a à faire, la responsabilisation est appréciée par les enfants.
28« Focus on kids » : programme d’accompagnement des couples qui ont le projet de se séparer avec le principe
de base de regarder ce qu’il va être important pour l’enfant.
vraie source de souffrance et va les amener à des conflits de loyauté. Lorsque l’on
accompagne, on normalise les conflits (sain) mais on cherche à savoir comment utiliser des
stratégies de résolution de conflit et trouver les lieux pour aller explorer/vivre ces conflits, en
faire quelque chose sans que l’enfant soit dans ces lieux et devienne un enjeu.
Feinberg (2003) va retravailler ce modèle, ce qui change c’est que la dimension du partage
des tâches a disparue (parce qu’elle est plutôt liée à la dimension du fonctionnement de
couple qu’à la coparentalité et le parent). Sur le terrain, la dimension reste très pertinente.
Deux dimensions ont été ajoutées : la proximité accrue (explore si le fait d’avoir des enfants
ensemble rapproche ou éloigne, comment se passait la relation à deux avant d’être à trois,
est-ce que la venue des enfants est venue renforcer la proximité ou l’a diluée ?) et
l’approbation du rôle parental (vient toucher à des notions d’identité, savoir si l’autre valide
mon identité en tant que parent).
Enfin, la coparentalité est un concept dynamique qui varie en fonction des périodes de
développement. Chez les tout petits, la question du partage des tâches va prendre
énormément d’importance alors que les valeurs éducatives pas trop 29 qui se pose plutôt chez
les enfants vers 2 ans avec la mise en place de règles, de cases, de prise de décisions,
l’autonomie… Les question de coalition, d’alliance deviennent de plus en plus flagrantes et se
posent à l’adolescence.
Définition : Croyances des mères concernant la capacité d’un père à soigner ou à élever un
enfant & aux comportements découlant de ces croyances
Nous vivons dans une société où nous demandons de plus en plus aux pères de s’investir, on
travaille la coparentalité pour qu’elle soit équitable mais dans certaines familles, les mères se
plaignent d’avoir « trop », mais ce sont elles le frein majeur de la coparentalité parce qu’elles
font du « maternal gatekeeping » (des mères qui gardent la barrière, qui ont du mal à
abandonner leurs responsabilités ancestrales). Elles demandent aux pères qu’ils s’investissent
mais en même lorsqu’ils le font elles ont du mal à soutenir l’identité parentale de l’autre et à
valider l’action d’autrui. Les études montrent que dans beaucoup de familles le meilleur
prédicteur de l’investissement du père c’est le comportement de la mère.
Souvent, derrière cela il y a des croyances essentialistes qui assimilent parentalité à maternité
et qui véhiculent que ce sont les mères qui savent de manière ancestrale comment on éduque
les enfants et que les pères sont juste des hommes et sont moins capables que la femme 30.
29 Si ce n’est quand même « est-ce qu’on le laisse pleurer dans son lit ? »
30 Ces croyances sont entretenues par exemple dans les métiers de la petite enfance (puéricultrices).
Aliénation parentale : dans des situations de séparations conflictuelles (et même parfois
bien avant la séparation), c’est le fait de tout mettre en œuvre pour que l’autre parent
occupe une place d’étranger dans la vie de l’enfant. C’est une sorte de mise à distance de
l’autre physique et parfois psychologique.
Cela peut être vu comme la négation complète du principe de coparentalité jusqu’à ce que
l’autre occupe un statut d’étranger et sorte de la vie de l’enfant. Ce n’est pas nécessairement
des situations de violence conjugale, ce sont des reproches subtils, des petites broutilles mais
qui en même s’accumulent pour qu’au final on ne sache plus quoi penser et il y a une espèce
d’endoctrinement de l’enfant où le parent « aliénant » va entamer une campagne de
dénigrement vis-à-vis du parent « aliéné » qui dans certaines situations n’a rien fait de
« grave » mais se retrouve au final aliéné (syndrome d’aliénation parental).
Cela ne se passe généralement pas dans des histoires de familles où tout le monde est
d’accord qu’il faut protéger l’enfant d’un adulte malveillant. Dans la question du syndrome
d’aliénation parentale, il y a quelque chose qui de l’extérieur peut paraître complètement
injuste parce que l’autre parent (aliéné) n’est pas parfait mais n’est pas malveillant non plus.
Ce syndrome a été introduit par Gardner (1985) qui tente d’établir une liste de symptômes
avec des niveaux de sévérité avec pour ambition de faire rentrer la notion de syndrome
d’aliénation parentale dans le DSM. Le parent aliénant s’emploie régulièrement à redire à
l’enfant tout ce que l’autre parent a fait de mal, ce qu’il a dit de mal, tout ce pour quoi il ne
faut pas l’aimer, tout ce pour quoi il faut se méfier (on rappelle et on remet des couches).
Exemple : le parent aliénant dira à l’enfant « il/elle va essayer de t’appeler, mais méfie-toi
parce que quand il/elle essaye de t’appeler il a souvent nécessairement quelque chose à
demander »
La campagne de dénigrement va faire en sorte que tout ce qui est entreprit par l’autre doit
nécessairement être averti dans le sens qu’il s’agit d’un piège ou de manipulation.
Le but étant de faire entrer ce concept dans le DSM, quelques études se sont intéressées aux
conséquences sur les enfants. Il y a négation complète de la coparentalité mais cela vient aussi
casser des relations d’attachement puisque le fait que tout à coup le parent est « horrible »
crée qu’avant la relation d’attachement était sécure et se perd. Imaginons que l’on fait relire
à un enfant toute son expérience subjective d’attachement avec une personne de référence
à qui il avait donné sa confiance en impliquant que l’enfant s’est fait berné. Cela fait vaciller
les représentations de l’enfant et sa certitude de faire confiance à quelqu’un qui a dit vouloir
faire du bien. Les effets du paroxysme des conflits de loyauté font des dégâts horribles sur le
parent rejeté et sur l’enfant également.
Une particularité de ce concept est qu’il a été récupéré rapidement par les avocats comme
instrument de justifications dans des plaidoiries dans le cadre de séparations compliquées par
des personnes qui n’ont pas la même compréhension de ce qui se cache derrière ce syndrome.
f) Discussion
• Childhood disorder ? C’est un problème une relation triangulaire (ou voir plus). Il s’agit
d’un problème systémique et non un syndrome individuel.
• SAP et santé mentale des trois protagonistes (et plus)
• Étiologie multifactorielle : facteurs liés à la personnalité/au vécu du parent gardien, à la
personnalité de l’enfant et du parent rejeté (très complexe)
• Une entité nosologique supplémentaire ?
• Endoctrinement de l’enfant (ce qui souvent important, c’est l’expérience subjective de
l’enfant, il a un rôle actif et il s’inspire et construit) ?
31 Comment envoyer un SMS qui ne va pas générer des conflits, comment faire de la communication non-violente
32Convention qui porte sur beaucoup des pays qui signataires qui s’engagent à la mise en place de mécanismes
de protection de toute violence faites aux femmes et aux enfants. Imposition de ne pas transiger.
Il n’y a pas beaucoup de littérature sur le sujet et les études d’un point de vue méthodologique
posent problème (peu original). C’est la relation que l’on garde le plus longtemps en principe
Les relations fraternelles sont les interactions entre 2 ou plusieurs individus qui partagent des
parents biologiques ainsi que leurs perceptions, attitudes, croyances, et sentiments l’un
envers l’autre.
Deidentification: Besoin de se différencier les uns des autres (surtout dans les naissances
gémellaires ou le décès d’enfants)
a) Les dimensions
Le conflit n’est pas négatif en soi: Source d’apprentissage et de développement social s’il est
géré de manière constructive et préserve l’image de soi
Cette question est intéressante dans le cadre des enfants placés (faut-il les laisser
ensemble ?). Les relations fraternelles peuvent jouer un véritable rôle d’attachement
(attachement multiple), si on ne parvient pas à construire des relations très sérieuses avec les
parents, les frères et sœurs avec qui on construit des relations qui sont sécurisantes peuvent
amener quelque chose dans le développement.
Effet buffer
• Bouclier modérant les effets délétères des facteurs de risque(ex. maltraitance
parentale), diminue l’impact de la violence conjugale sur le développement de
l’enfant (fratrie = ressource)
• Protection contre dépression & manque d’estime de soi en cas d’absence de soutien
maternel
• Protection contre la solitude, l’insatisfaction,& manque d’estime de soi en cas
d’absence de soutien paternel
• Protection contre les événements de vie négatifs
• Réduction des risques d’apparition de comportements internalisés et externalisés
• Modération des effets problématiques des conflits interparentaux
Relation de modération : (% de variance expliquée grand mais la relation n’est pas causale)
X Modérateur Y
quantité ingurgitée métabolisme poids
Relation de médiation : la relation entre X et Y est médiée par une variable intermédiaire
X Médiateur Y
Attachement (parents) Relation frère-sœur quantité ingurgitée
Rôle médiateur
• Entre le PDT & le développement de l’enfant-cible
Compensation du PDT
Multiplication des effets du PDT
• Entre attachement et relations avec les pairs (social net work model, epigenetic view
of social development)
5. Le triangle primaire
Concept développé par une équipe à Lausanne qui permet de regarder comment se construit
la relation entre le père, la mère et l’enfant et en particulier à la naissance du premier enfant
pour voir comment les relations au sein de la famille se construisent quand on passe du couple
au couple coparental et comment le triangle se crée. Développement de la notion d’alliance
familiale pour distinguer la manière dont les membres d’une triade travaillent ensemble
interactions triadiques 33. L’alliance véhicule une propriété systémique qui émerge des
interactions entre les trois partenaires et qui constitue leur identité en tant que groupe.
L’objectif est d’observer des comportements familiaux du triangle primaire (la tâche peut être
un jeu ou réaliser une tâche domestique).
Alliance familiale : manière dont les membres d’une triade travaillent ensemble et se
coordonnent pour réaliser une tâche commune et atteindre des moments de plaisir
partagés.
Dans une interaction à trois, chacun a ses propres tâches : les parents sont là pour faciliter et
guider le développement de l’enfant, l’enfant doit grandir et acquérir de l’autonomie (mais a
son effet à lui et va orienter les parents) et leur tâche commune est de coopérer, de faire
alliance, de trouver leur place.
33Véhicule le travail d’équipe, que chacun y met du sien pour que la communication se passe, pour que chacun
trouve sa place dans le système.
Mère – Père – Bébé (de 10 mois à 18 mois pour que l’enfant puisse être dans une petite
chaise): Triangle équilatéral
Deux caméras
• Vers l’enfant
• Vers les parents
En position assise, on colle ensuite les vidéos pour voir la synchronisation, l’interaction…
Scénario
- (1) Un des deux parents joue avec l’enfant pendant que l’autre est simplement présent
- (2) Les parents changent de rôle
- (3) La mère, le père et l’enfant jouent/ interagissent tous ensemble
- (4) Les parents interagissent ensemble et c’est au tour de l’enfant de rester simplement
présent
Consignes
1: Pendant la 1ère partie, celui qui a été tiré au sort joue avec l’enfant et l’autre est
simplement présent. Dans ce cas, vous Madame, vous commencez à jouer avec votre
enfant. Vous essayez de lui faire faire ce qu’il sait faire d’habitude avec vous, pendant que
vous Monsieur resterez tout simplement présent.
2 : Après quelques minutes, lorsque vous sentez que c’est le moment, vous changez les
rôles et c’est, dans ce cas, Monsieur qui joue avec l’enfant pendant que Madame est
simplement présente.
3 : Après quelques minutes, vous passerez à la 3ème partie où vous jouez les deux
ensemble avec l’enfant pendant quelques minutes.
4 : Enfin, au cours de la 4ème et dernière partie, vous discutez entre vous et c’est au tour
de l’enfant d’être simplement présent.
Coopérative
- Fluide
- Tendue
Conflictuelle
- Ouverte
- Fermée
Désordonnée
- Exclusive
- Chaotique
I. Alliance coopérative
Coordination optimale
Activités partagées par tous même si l’un des trois acteurs est passif
- Co-construction
Participationdechaquepartenairedansl’élaborationdesactivités
- Créativité
Enrichissement des activités afin d’éviter la baisse d’intérêt chez les partenaires
- Activité suivie, cohérente et consistante
Climat affectif chaleureux, empathique et authentique
- Circularité des affects (surtout positifs)
Pseudo-positivité
- Aisance apparente (sourires & rires forcés)
Remarques
- Prenant l’allure d’humour
- Mais créant des ruptures de contact
Dissonance entre la tension perçue & les affects positifs forcés
b) Critères et fonctions
Participation
Postures & regards
Inclusion des partenaires
Organisation des rôles
Implication dans le rôle
Structure & temps
Focalisation
Co-construction
Encadrement
Chaleur & contact affectif
Chaleur familiale
Validation émotionnelle
Authenticité
Erreurs de communication & leurs résolutions
Pendant les activités partagées
Lors des changements de contexte
Si l’on regarde une multitude de parents, aucun ne se ressemble (tout le monde fait un peu
différemment avec ses enfants, on ne réagit pas tous de la même façon, il y a autant de façon
d’être parent que de parents). En travail thérapeutique, il est intéressant de se demander
pourquoi le parent est comme il est ?
Il est parfois difficile d’avoir devant nous des parents qui pratiquent l’attouchement ou la
violence sur leur(s) enfant(s) et de prendre du recul. Il est nécessaire de s’outiller, d’avoir des
outils à penser qui mettent de la distance entre ce que l’on a à gérer et notre propre vie. Les
modèles théoriques aideront à cela.
Le modèle théorique organise quelque chose une réalité complexe. La recherche va se charger
de mettre à l’épreuve les modèles et à mesure des mises à l’épreuve, on update les modèles
pour qu’ils collent mieux à la réalité. Le modèle de Belsky (1984) a été amélioré sur base de
la littérature constante. Ce modèle détermine la parentalité est représenté par 3 catégories
de déterminants (première idée majeure) :
La deuxième idée majeure est cette bidirectionnalité et va donc inclure dans ce modèle qu’il
y a des déterminants de la parentalité qui proviennent de l’enfant34. Nous sommes le parent
que nous sommes à cause que qui nous sommes, à cause de l’enfant que l’on a devant soi
mais aussi en fonction du contexte et de l’environnement dans lequel on est amené à élever
ses enfants.
Belsky va faire l’hypothèse que ces 3 types de déterminants ne se valent pas en termes de
poids (il y a des variables sont plus proximales et des variables plus distales). Les variables les
plus proximales sont les caractéristiques du parent. Ce qui influence le plus la manière d’être
du parent c’est le parent lui-même (variance expliquée plus importante). Puis les
caractéristiques de l’enfant vont déterminer le parents et enfin le contexte. Les flèches
indiques qu’il y a des relations qui se jouent entre les déterminants eux-mêmes. Par exemple
les flèches entre « Personality » et « Work » traduit que en fonction de qui on est en termes
de personnalité, cela va déterminer notre parentalité mais aussi (forcément) le choix du travail
que l’on va faire ou le choix de conjoint (les déterminants liés au parent lui-même vont avoir
un impact plus grand car les déterminants vont avoir des effets médiés car cela va passer
aussi par toute une série de choix.
Exemple : quelqu’un d’ambitieux va être exigent par rapport à ses enfants et va faire le choix
d’un travail qui correspond à ses ambitions.
Ce n’est pas juste une équation dans laquelle toute une série de choses vont d’additionner, il
y a des effets d’interactions où des facteurs ont des effets multiplicateurs les uns vis-à-vis des
autres.
Belsky va également attirer l’attention sur le fait que la parentalité est multi-déterminée
(présupposé de Belsky). Et donc il va lutter contre cette vision simpliste qu’un bon adulte fait
un bon parent. Il va justifier le fait de la multi-détermination sur base de la théorie
évolutionniste en disant que la survie de l’espèce humaine où les enfants viennent au monde
avec un état de dépendance tel que si personne ne prend soin d’eux, ils meurent ; que
l’évolution de la Nature n’a pas pu confier de façon simple la propre survie de l’espèce
humaine à un seul facteur. On ne peut imaginer que la survie de l’espèce humaine tienne à
un seul facteur puisque la parentalité est ce qui va permettre que les petits soient pris en
charge et que l’espèce survive. Nécessairement il faut qu’il y ait plusieurs facteurs qui sous-
tendent la qualité de la parentalité parce que si cela ne tenait qu’à une raison, le risque que
l’espèce disparaisse est bien trop grand.
Il y a chez tout parent des facteurs qui dysfonctionnent (il n’y a pas de parents parfaits) mais
ces-derniers sont compensés/en présence par d’autres facteurs qui fonctionnent bien. Si l’un
des déterminants est défaillant, ça ne nous condamne pas à être un mauvais parent pour
autant. Cette vision permet de sortir du déterminisme. Chaque personne a des ressources /
des forces, même les groupes considérés comme « à risque ». Mais tous les déterminants ne
se valent pas : certains ont des effets plus directs.
Exemple : les effets liés au contexte ont des effets plus indirects que les caractéristiques des
parents par exemple. Tous les déterminants ne se valent pas. Quand on accompagne les
familles, on commence par travailler sur les déterminants qui ont la plus grande influence 35.
35 En tant que professionnel, on n’attaque jamais en premier les failles, on cherche ce que le parent fait bien.
Depuis, mise à jour par Taraban & Shaw (2018) d’un update. Si on se concentre sur l’intérieur
du modèle on ne remet pas en compte la bidirectionnalité ni les 3 grandes caractéristiques.
Ce qui est davantage élaboré est ce que l’on va mettre derrière chaque famille de
déterminants puisque depuis Belsky, se sont développées de meilleures connaissances sur
l’impact de la génétique, sur les capacités en régulation émotionnelle chez les enfants
(sciences affectives). Ce que vient apporter ce modèle est une extension de ce que recouvre
chacune des 3 familles.
Souvenons-nous, le monitoring de l’état impose une « ligne » rouge et une cible à atteindre
qui est la parentalité positive. Les parents se situent sur le continuum et leur place respective
dépend des caractéristiques du parent, de l’enfant et du contexte.
La propre histoire du parent est importante en tant qu’enfant et avec ses propres parents.
Belsky travaille ce modèle à une époque où la littérature sur l’attachement existe.
L’attachement a mené très rapidement à l’intérêt de la transmission intergénérationnelle des
profils d’attachement, ce qui a attiré le focus sur la place qu’occupe l’histoire de l’individu
lorsqu’il devient lui-même parent. Ce que l’on a vécu soi-même en tant qu’enfant et le rapport
que l’on a vécu avec ses parents est un facteur extrêmement contributif de la manière dont
on va élever soi-même l’enfant.
Par exemple, une hypothèse que l’on pourrait faire est de mesurer l’attachement d’un parent
avec l’Adult Attachment Interview, on peut faire un modèle qui établit toutes sortes de
médiation en montrant que le profil d’attachement vient « prédire » la façon dont l’adulte va
se conduire sur le plan éducatif avec ses enfants et la nature de ces pratiques éducatives va
être soit de sécuriser ou insécuriser l’ enfant. Le profil d’attachement de l’enfant va prédire
en partie la façon dont il va se comporter en tenant compte des boucles de rétroaction que
l’on peut imager.
Ce que l’on a vécu (les MIO actifs) conditionne/influence sans prédéterminer toutes les
relations que l’on va avoir (y compris avec les enfants)
Cette littérature intergénérationnelle est passionnante mais donne une vision très
déterministe. Belsky se dit que le facteur « histoire développementale » peut être
dysfonctionnelle mais d’autres déterminants peuvent compenser (et donc il ne faut pas
directement condamner).
Dans le répertoire des pratiques éducatives que nous utilisons en tant que parent, est-ce que nous
reproduisons (en tout ou en partie) le répertoire de pratiques éducatives auquel nous avons été
exposé lorsque nous étions enfant ?
Exemple : des parents qui utilisaient beaucoup le chantage qui n’a pas trop mal marché avec
l’enfant. Est-ce que cet enfant, en devenant parent, va reproduire ce qu’il a connu.
D’un point de vue méthodologique, les études rétrospectives sont possibles mais il faut
prendre en considération la différence entre « rapporter pour soi » et « rapporter pour
autrui » (peu de corrélations, énormément de biais rétrospectifs et de biais liés à
l’informateur). Il y a également les études longitudinales, mais 3 générations à observer,
obsolescence garantie des outils utilisés à la première génération (impossible).
Les études ne sont donc pas toujours faciles à mener et n’ont pas la crédibilité scientifique
nécessaire en raison de la méthodologique.
Néanmoins, il y a une continuité modérée (mais pas inexistante) d’une génération à l’autre.
La continuité est plus importante pour les pratiques de support que pour les pratiques de
contrôle. Les pratiques de support, à travers le temps et les générations, sont moins remises
en question que les pratiques de contrôle.
36Cf. les répertoires de pratiques éducatives pauvres où les parents ont peut-être été eux-mêmes exposés à des pratiques éducatives
pauvres, savent que cela ne marche pas mais n’ont pas d’idées de ce qui pourrait être fait.
Hypothèse d’une tradition éducative familiale : continuité modérée qui implique une part
de non-déterminisme et laisse une place à la créativité, la reproduction partielle (les
choses positives plutôt que les négatives).
Processus de transmission
Apprentissage social_modeling (un seul modèle disponible)
Explication épigénétique
Processus discontinu
La plupart des recherches ont été faites sur base du modèle du Big Five. L’idée est de montrer
comment un parent +/- extraverti, +/- agréable au contact, +/- consciencieux… va influencer
la façon dont on va déployer nos pratiques éducatives. La relation entre parentalité et
personnalité n’est pas linéaire (corrélation). La relation en « U inversé » représente mieux les
choses (non-linéarité de la chose).
Corrélation trait/parentalité positive
Trait
37 Transmission intergénérationnelle des comportements de léchage : des rates ont des comportements de léchage (comportements
maternels qui consistent à prendre soin du petit) qui diffèrent en termes d’intensité et de fréquence. Ces différences interindividuelles sont
reproduites à l’identique (quasi) par les générations suivantes avec leur portée même si les rats sont mélangés. Lorsque l’on fait varier
l’environnement des rats, les petits « beaucoup léchés » sont particulièrement adaptés aux environnements riches en exploration et très
mal adaptés dans un environnement stressant. À l’inverse, les rats « peu léchés » sont hyper-résilients dans les environnements stressants.
Les mères préparent leurs petits à vivre dans un environnement particulier dont elles connaissent les conditions.
Extraversion : personnes qui vont être pleine d’énergie, très optimistes, très sociables,
très ouvertes sur le plan social. Hypothèse que l’extraversion va être plutôt liée à des
comportements positifs chez le parent (exemple : au fait de s’engager dans la parentalité,
de stimuler beaucoup l’enfant, d’avoir une parentalité très active) qui au niveau de
l’optimisation du développement va être très bien. C’est l’engagement, stimulation,
parentalité active.
Agrément de contact : quelqu’un qui fait confiance, qui a des relations proches avec les
autres, pro-social, prompt à faire des compromis. Favoriserait la chaleur,
sensibilité/responsiveness, empathie
Être consciencieux : est organisé, sur lequel on peut compter. Donne du cadre, structure,
persévérance (peut faire tomber sur le perfectionnisme).
Ouverture à l’expérience : aime les expériences nouvelles. Aide à la diversification des
expériences, stimulations, jeux symboliques, expérimentations.
Neuroticisme : vrai facteur de risque pour la parentalité. Toute cette instabilité
émotionnelle (anxiété, insécurité…). Procure de la surprotection, intrusives, low
sensitivity, attributions hostiles, parentalité sévère et inconsistante.
i. Santé mentale
Il existe toute une littérature qui se développe sur la santé mentale. Quelques réflexions
comme la dimension parentale dans le domaine psychiatrique n’est quasi jamais prise en
compte (n’est pas intégrée au parent qui est porteur d’une pathologie). L’impact de la
dépression est un champ de recherche un peu mieux exploré dans lequel on s’intéresse au
« pourquoi » de l’impact important de la dépression sur la parentalité.
La dépression va impacter les cognitions (façon dont le parent se voit), les comportements et
émotions. C’est un facteur important au niveau de la négligence et violence parentale
(énergie qui n’y est pas), qui va favoriser l’auto-centration et créer un manque d’empathie
(manque d’inhibition et de prise de recul qui nous force à ne pas dire les choses désagréables).
Du fait d’être trop centré sur soi et pas sur l’autre on observe un manque de synchronisation
entre le parent et l’enfant (absence de traitement de l’information sociale que l’enfant
donne). Les ruminations vont participer à ce manque de synchronisation et de disponibilité
(rôle de médiateur). La dépression va avoir un impact à long terme et vient diminuer le
sentiment de compétence parentale (car expériences difficiles/problématiques avec l’enfant
pendant la dépression). L’impact est plus sévère lorsque la dépression est chronique.
C’est un déterminant essentiel car les deux déterminants liés aux facteurs parentaux sont
intouchables (toucher à la personnalité du parent ou son histoire va être très compliqué en
tant qu’intervenant). En termes clinique, on ne peut « rien faire » de ces variables. Les
cognitions parentales par contre, sont les seules variables où l’on travaille « bien » puisque
nous avons accès à ces représentation comme vécu dans la tête du parent (travail sur la
perception de lui-même, sur la perception de son enfant, comment il comprend les troubles
de son enfant, comment ceux-ci l’impacte…).
Ce sont toutes les croyances, valeurs, attentes, connaissances, et désirs, les représentations, les
théories « naïves » (vient du vécu subjectif du parent et non-appris) des parents au sujet du
développement & de l’éducation de leur enfant
Les théories implicites sont toutes les connaissances naïves que les parents vont avoir à
propos des besoins de l’enfant de son développement et de son éducation. Cela vient de leur
vécu personnel, de ce qu’ils ont vécu en tant qu’enfant, comment ils observent ce qui se passe
dans les autres familles, de ce qu’ils observent dans les médias, de ce que la culture véhicule…
Il existe des croyances centrales dites plus encrées et donc plus compliquées à changer parce
qu’il y a une confiance en ces croyances (truismes). Les croyances périphériques sont plus
faciles à changées car elles résultent de points de vue personnels.
Les connaissances naïves sont multiples et les plus répandues sont les suivantes :
Les bornes développementales : juge de la normalité des choses chez l’enfant et prédit
la manière de se comporter avec l’enfant si régression ou stagnation.
Les facteurs de développement : ce qui fait que l’enfant se développe, à quoi cela est dû
(vision multi-déterminée ou rapport de cause à effet). Horloge biologique VS stimulation
Les comportements éducatifs jugés efficaces : quel est le comportement éducatif ayant
la plus grande efficacité dans une situation ? Attention inconsistance si croyance centrale
Les attributions causales est un deuxième type de cognition auquel il faut s’intéresser. Elles
sont systématiques et traduit le besoin de comprendre et de donner du sens au monde
lorsque quelque chose se produit. Un enfant qui fait de l’énurésie, des colères ou autre va être
le sujet d’interprétations causales des parents et nécessairement ces derniers vont s’ouvrir
sur une explication qu’ils mettent derrière la cause pour laquelle ils viennent consulter. On
attribue des causes aux comportements des autres et aux nôtres et cela détermine nos
réponses émotionnelles et nos comportements-réponses. Le choix par les parents d’un
psychologue neuro-pédiatrique (quelque chose lié au fonctionnement de l’enfant, attente de
Rilatin) ou pédopsychiatrique (explications environnementales, attentes de soins
psychotiques)38. Au moment de l’annonce de la demande, il est important de questionner les
parents sur les croyances qu’ils ont sur les mécanismes qui ont amenés l’enfant à avoir les
difficultés qu’il a (quel est le sens qu’ils donnent aux choses ?)39.
Les attributions causales contiennent plusieurs dimensions. Le locus (le lieux), défend l’idée
qu’il y a des attributions causales qui vont porter sur les causes internes dispositionnelles et
externes (attributionnelles).
Exemple : un enfant qui est difficile , en fonction de l’attribution que l’adulte en fait, va générer des
comportements éducatifs différents (« il est juste chiant » dispositionnelles VS « ça fait 3 jours que
l’on enchaine les fêtes il manque peut-être de sommeil » attributionnelles ).
Une autre dimension est la stabilité/instabilité. Va-t-on donner des explications malléables ou pas
malléables ? Impression d’un facteur instable sur lequel le parent n’a pas prise et si ce n’est pas exploré
et simplement conseillé alors qu’il attribue cela à quelque chose de stable lié à la personnalité, les
conseils éducatifs ne seront pas appliqués (ne font pas sens pour eux).
38
Importance de l’alliance thérapeutique et du travail de l’attribution causale (shopping médical), impression d’incompréhension, importance d’aller chercher
les personnes là où ils sont dans leurs croyances pour ne pas les perdre. Les cognitions vont être plus travaillées que les conseils (les parents mettent en œuvre).
39
Avant de vouloir donner son avis, il est important d’écouter et de faire en sorte que le patient soit aligné sur le plan de ses croyances, de ses connaissances
naïves et que nous comprenons ce point de vue pour l’emmener à l’ouverture potentielle qu’il pourrait avoir.
40
Exemple : situation de divorce, nouvelle situation
Au-delà de tout cela, il est important que le parent envisage qu’il y ait plusieurs explications
concomitantes (pas de cause à effet, vision assez simpliste). Il faut toujours se mettre en tête
que l’on peut travailler avec le parent en parlant de ses cognitions et les faire progresser, leur
donner de la flexibilité et faire en sorte qu’elle vienne d’eux au final.
Exemple : Pourquoi mon enfant est agité ? Il n’y a pas qu’une seule cause... Certains parents
font appel à plusieurs facteurs causaux tandis que d’autres n’évoquent qu’une cause (intellect,
milieu précarisé). Plus c’est complexe, plus cela nuance la compréhension du problème.
Dans quelle(s) mesure(s) est-ce que je suis capable/compétent dans mon rôle parental ?
Il s’agit d’une croyance que l’on va travailler pour toute une série de choses. En général,
lorsqu’un parent consulte un professionnel, son SCP est bas (sauf si envoi de la part de …). Les
impacts vont être de nous positionner en tant que « celui qui sait » et de se positionner eux-
mêmes comme « ceux qui ne savent pas/plus »41 mais aussi une perte dans la motivation à
agir (sentiment que cela ne sert à rien car lorsqu’on le fait cela ne marche pas) et impression
de perte de contrôle. Pour les remotiver à agir, il va nécessairement falloir restaurer leur SCP42.
41 Piège ! Le parent attend cela, mais il ne faut pas se mettre dans une position d’auteur directif (cf. Super Nanny)
42 Sentiment de compétence vis-à-vis d’un examen, conditionnement à rater (CS bas, plus de motivation).
Dans la littérature, le SC a des relations très étroites avec la façon de faire sur le plan éducatif,
sur la manière d’utiliser les comportements éducatifs. Les personnes à SC bas ont tendance à
sur-réagir et à être beaucoup dans le contrôle (parce qu’impression de quelque chose va
échapper dans tous les cas)44. Le SC est bon dans une zone optimale (il n’est pas bon de penser
tout contrôler, il n’est pas bon de penser ne rien contrôler, relation en « U inversé »).
Je ne suis qu’un bon parent qu’à travers ce que je peux faire ! Il y a des choses qui
m’échappent et cela ne dit rien de qui je suis en tant que parent !
SC élevé SC faible
Environnement éducatif adéquat Comportements défensifs &
contrôlants
Comportements de soutien en adéquation avec Stratégies éducatives passives & laxistes
les besoins de l’enfant
Comportements stimulants Discipline dure, punitive, surréactive ou
coercitive
Stratégies proactives ou de prévention Comportements inconsistants
Engagement dans les interactions
Monitoring
Limites claires & consistantes
43 Importance de valoriser en premier lieu ce qui est fait de la bonne manière (Super Nanny fait de la persuasion
verbale en mentionnant les mauvaises choses, mise du SCP à plat, rend les parents à la merci du professionnel).
44 Si je n’arrive pas à faire obéir mon enfant, quand je sens qu’il va désobéir, impression de devoir en faire des
Ce qui est lié au tempérament (définit comme les bases biologiques de la personnalité) et au
comportement de l’enfant sont les facteurs les plus consécutifs. On sait que le tempérament
va avoir un effet sur les personnes avec lesquelles on interagit. L’effet évocatif est le fait qu’en
fonction du tempérament que l’on a, on évoque des effets chez les personnes avec qui on
interagit.
Le tempérament étant peu lié à l’environnement, la plupart des études se sont concentrés sur
l’effet qui est lié à l’émotionalité négative (facteur de tempérament le plus étudié en termes
de parentalité) qui est la tendance que l’enfant a à réagir au stresseurs environnementaux
avec des émotions négatives. Ces effets sont bien connu avec les effets bidirectionnels et de
cercles vicieux (Patterson).
Le graphe ci-dessous montre une étude qui étudiait comment le comportement éducatif du
parent évolue dans le temps (ratio entre comportement de support et de contrôle). Les
enfants dans le groupe « control » en grandissant subissent de moins en moins des
comportements de contrôle et de plus en plus de comportements de support (laisse de
l’autonomie, moins de réprimande…). Le groupe « clinic » (enfants avec troubles du
comportements). Ce que l’on voit, les parents n’arrivent pas à sortir des pratiques de contrôle
(constante avec justement au besoin des enfants).
Ce n’est pas la même chose d’élever ses enfants lorsque l’on a la chance d’être deux ou
lorsque l’on est seul. Il faut venir questionner ce contexte entre toutes les personnes qui
prennent soin de l’enfant. Deux hypothèses sur l’influence que peut avoir la coparentalité
(relations maritales) sur la parentalité :
Des études montrent qu’il y a des différentes entre les hommes et les femmes. L’effet Spillover
est plus important pour les pères, les hommes vont être plus affectés dans leur parentalité
par des relations maritales difficiles avec leur femme que l’inverse (meilleure résistance).
C’est un gros facteur de protection. Les sociétés dans lesquelles nous vivons sont
très individualistes et la parentalité est devenue une activité très solitaire. Pour
beaucoup de parents il va être important de raviver ce soutien social, de ne pas
les laisser isoler dans leurs difficultés (construction d’un sociogramme).
Soutien émotionnel : se sentir écouté émotionnellement sans jugement.
Soutien instrumental : aide concrète (donner un coup de main).
Soutien informationnel : avoir des gens qui peuvent donner des informations dans des moments
cruciaux
Soutien formel/informel : par des services/par des amis ou l’entourage (capital social)
Soutien reçu/perçu : différence
Notion de « capital social » : Identifier qui peut m’aider et identifier à quel type de soutien je peux m’attendre avec cette personne
Ce n’est pas parce que quelqu’un peut nous donner une forme de soutien
qu’il peut nous donner toute forme de soutien (exemple : belle-mère)
Voici le schémas reprenant les tailles d’effet. Le d de Cohen (.d) explique les statistiques de
toutes sortes donnant une base comparative impliquant différents indices. Plus le d est petit,
plus la taille d’effet est « ridicule ». Le but est de montrer la non causalité des choses.
Il y a des relations, il y a de la significativité mais la taille d’effet n’est pas grande ! Tout est
facteur de risque, seuls ils ont peu d’effet mais leur cumul augmentent le risque d’une
parentalité dysfonctionnelle
Personality : d = .11-.19 ce qui signifie que 52% à 54% de chances de bien placer un sujet
dans le bon groupe (exemple : sur base du score au Big Five, de la placer dans la catégorie
« parent positif » VS « parent négatif ») très hasardeux.
Depression : d = .40 ce qui signifie que 58% de chances de bien placer un sujet dans le bon
groupe. La dépression est un facteur de risque qui augmente un peu la probabilité qu’il y
ait une parentalité dysfonctionnelle (parentalité trop sévère, sur réactive…).
Marital Quality : d = .46-.62 ce qui signifie que 62% de chances de bien placer un sujet
dans le bon groupe. Travailler la coparentalité, la qualité de la relation dans le couple fait
sens (utile).
Negative Emotionality : d = .06-.10 l’effet n’est pas grand et cela est positif puisque nous
n’avons pas de contrôle sur le tempéramment.
Genetics : d = 1-1.6 sur les caractéristiques de l’enfant. Ce qui signifie que 69 à 79% de
chances de bien placer un sujet dans le bon groupe.
L’effet lié à l’enfant est parfois plus élevé que l’effet lié au parent lui-même (contre l’intuition
de Belsky). Lorsque l’on dit que les parents font ce qu’ils peuvent avec les enfants qu’ils ont,
rien n’a jamais été aussi vrai. Dans l’équation, cela va jouer un vrai rôle, l’enfant a sa part
d’auto-détermination.
Les croyances du Parental Determinism bien que centrales ne sont pas toujours justifiées
1-1.6
LE DÉVELOPPEMENT PARENTAL
Ce que l’on a consacré à la question du développement parental c’est l’idée que l’on ne nait
pas parent, on le devient. Il s’agit d’un processus dynamique où le parent va évoluer dans le
temps avec les enfants qui grandissent.
Le parent évolue au gré des changement de l’enfant mais aussi au gré de ses changements à
lui. Le domaine littéraire du développement parental parle énormément du moment de
transition vers la parentalité (pourquoi les gens font le choix de devenir parents ? Pourquoi
transiter vers la parentalité ?).
Pourquoi devenir parent ?
Toutes ces raisons ne sont pas exclusives les unes des autres mais nous pourrions
parfaitement imaginer que les personnes transitent vers la parentalité pour des raisons
sociales mais que psychologiquement cela ne colle pas avec leurs aspirations personnelles.
Plusieurs femmes peuvent faire le témoignage que socialement elles n'ont pas le choix mais
cela ne veut pas dire après que la maternité est épanouissante psychologiquement pour
toutes les femmes. Parfois, on devient parent parce que cela devient une « évidence » à un
certain âge ou dans une certaine situation45, il faut parfois être costaud et solide pour refuser
la parentalité (absence de générativité vue comme de l’égoïsme autocentré). Le refus de la
parentalité doit entrainer dans nos sociétés une justification.
Il y a aussi une série d’études qui vont se pencher sur le changement du mode de
fonctionnement du parent (être parent change la personne). Par exemple, lorsque l’on
transite vers la parentalité, les compétences émotionnelles changent du fait de la
responsiveness sensibility aux besoins de l’enfant (boost de compétences émotionnelles),
renforcent certains traits de personnalité…
45 Certains plongent dans la parentalité sans vraiment y réfléchir et s’ils avaient su, ils n’auraient pas fait d’enfants
46 Calme plat niveau objectif (et c’est tant mieux si l’on se réfère aux couples, ils exploseraient et niveau sociale pareil !)
1. L’approche identitaire
L’approche identitaire part du principe que si l’on devait représenter le « self », ce qui fait que
nous sommes nous et personne d’autre, on pourrait imaginer une bulle. La bulle contient des
sous-identités (théorie des identités multiples ancrée dans une réalité socio-culturelle47).
Nous sommes le fruit de sous-identités. C’est ce qui nous définit en tant que personne unique,
ayant une continuité dans le temps et une consistance. Cette collection d’identité est flexible
dans le temps (ajout, retrait, faire grossir, faire rétrécir…). Au moment où l’on transite vers le
rôle de parent, on ajoute dans le self une identité qui n'existait pas.
Une fois qu'elle s'impose, par définition, elle est imposante. Il faut lui faire une grande
place. Et comme on doit aller faire une grande place, nécessairement, du jour au
lendemain quand l’enfant nait, les autres identités doivent être comprimées. C'est une des
raisons pour lesquelles l'étude rapporte une baisse de la satisfaction conjugale dans un
grand nombre de groupes après la naissance de l’enfant (parce que cette identité
conjugale qui prenait beaucoup de place auparavant se retrouve comprimée. Donc cette
identité parentale, elle vient comprimer l’identité.
Une fois que l’identité parentale est là, il est impossible de la fuir (alors que si la personne
en a marre de faire de la course à pied, elle peut simplement jeter ses baskets). Même
l’identité de genre peut être flexible pour une autre. L’identité parentale est beaucoup
moins flexible.
a) Identité parentale
Identité (Delmore-Ko, 2000; Markus & Nurius, 1986) : C’est la manifestation d’une part de
soi dans un rôle particulier
Soi : c’est l’ensemble d’images de soi et d’identités au sein d’un processus cognitif qui
donne une impression de continuité au sein de sa vie
Ce qui compose l’identité parentale n’est pas seulement de dire « j'ai des enfants », cela vient
faire intervenir plein de cognitions. Dans chaque identité nous pourrions la décrire à travers
toutes ces caractéristiques :
Le parent peut décrire ses perceptions de lui-même en tant que parent (SCP par exemple). On
peut donner à l’identité une importance relative ou moins grande, et ce n'est pas parce
qu’objectivement elle s'impose fort que l'importance psychologique que l’on veut lui donner
est grande48. On peut également se qualifier en termes de traits de personnalité en tant que
parent et il y a aussi des situations compliquées avec les enfants/adolescents à appréhender
pour tous les parent et ces derniers peuvent manifester le fait que cette identité, elle n'est
que source d'émotions négatives. Enfin, les parents peuvent caractériser leur identité
parentale au travers de leurs comportements parentaux.
Nous avons donc différentes identités que l'on collectionne. Pourquoi est-ce qu'on a besoin
de toutes ces identités pour se sentir soi ?
Parce que chaque identité vient nourrir une partie de ce que nous sommes et donc il y a des
traits de personnalité que vous allons pouvoir valoriser dans une identité et pas dans une
autre.
Exemple : si vous êtes quelqu'un d’hyper-téméraire, peut être que dans vos loisirs, vous
pratiquez un sport de type escalade en haute montagne. Vous accomplissez ce trait par le biais
« loisir » car vous ne pouvez l’accomplir si vous êtes comptable et père de famille nombreuse
Voilà d’où vient ce besoin de collection d'identités pour se sentir pleinement nourri dans ce
qu'on est. Il y a certains traits de personnalité sont plus associés, valorisés dans certaines des
identités et pas dans d'autres.
48De ce fait, il y a beaucoup de parents qui se sentent obligés à un moment donné, de répondre à cette entité
parentale et qui n'ont pas envie d'en face de donner cette importance relative (grande frustration).
Exemple : si vous êtes aussi quelqu'un d’assertif et ambitieux mais à la fois aussi quelqu'un de
très sensible et d’émotionnel, peut être que vous accomplirez plus votre côté sensible,
émotionnel à travers votre parentalité et votre côté ambitieux à travers votre travail.
Chaque identité est associée à des sentiments, des émotions qui ne sont pas là une fois pour
toutes. Mais qui évoluent en fonction de la situation, et c'est aussi à travers ces identités c'est
là qu'on va évaluer si on est ou pas un bon parent.
C’est le degré dans lequel les parents avoir un engagement parental. Certaines personnes
auront une identité parentale très claire (très engagés) ou une identité parentale associée à
des émotions négatives où le parent ne s’engage pas et a des doutes.
The degree to which parents have clear and coherent commitments in their parenting role
(Fadjukoff et al., 2016) >< parents having repeated doubts about their parenting role
Clear parental identity mental health, less anxiety and life satisfaction
Diffused indentity parental stress
Dans les théories sur l’identité en général, chaque identité est associée à des rôles sociaux.
Mon identité en tant que professeur à l’université par exemple est associée à une série de
rôles sociaux. Les rôles sociaux sont des rôles que je suis censé tenir en tant que professeur
d'université. Rien que le fait de dire à quelqu'un « mon job, c'est professeur d’université », les
gens dans leur tête vont avoir une série de rôles sociaux qui sont associés (et forcément aussi,
des rôles sociaux incompatibles). Ce rôle social va être accompagné de toute une série
d’attentes sociale sur des comportements attendus et des comportements qui deviennent
non désirables (façon de se présenter, de se tenir, de parler, de s’habiller).
Exemple : arriver en training en auditoire casse le code (va nous faire sourire)
Dans la parentalité, il y a ce même principe. Il y a des choses dans le rôle social qui ne vont
plus marcher. Si votre passion dans vos loisirs, c'était d’être gogo danseuse, le jour où vous
devenez mère de famille et que vous continuez d’assumer ce rôle, automatiquement il y aura
incompatibilité de rôles.
L’identité parentale prend beaucoup de place dans le « self », ce qui impliquera que les rôles
sociaux qui vont être associés à cette identité parentale vont nous obliger à reconsidérer les
rôles sociaux que nous avons dans d’autres identités (mais pas inversement). Plus une identité
à de l'importance dans le self, plus on va lui donner une importance subjective, plus cela va
vous obliger à reconsidérer et à ajuster tous les rôles sociaux. Le changement de rôles avec la
transition vers la parentalité́ implique que la vie familiale > vie personnelle.
b) Théorie de l’identité
Cette théorie est intéressante parce qu’elle permet de comprendre « pourquoi beaucoup de
parents au moment de la transition (et dans toutes formes de transitions/moments de
vie/…) se voient chamboulés ? ». Il y a toujours un équilibre à aller trouver dans la difficulté
que certains ont de redonner de la flexibilité à leur identité et à faire coïncider les différentes
identités et les différents rôles sociaux.
Nous allons avoir besoin pour se sentir bien avec cette identité et ces rôles sociaux de
confirmation de notre identité. On a besoin que de ce qu'on appelle des sources de
vérification d'identité autour de soi.
Exemple : récompensé dans la réalisation d’une tâche professionnelle par une prime
(confirmation de l’identité professionnelle, renforcement du sentiment de compétences,
solidification de l’identité qui va provoquer une continuité de l’engagement dans l’identité).
Se sentir bien dans sa peau revient au self composé d’identités qui nous définissent
parfaitement, nous permettent d’exprimer chaque trait de personnalité qui nous tient à cœur,
qui nourrit la personnalité entière et ces identités et les rôles sociaux associés cohabitent dans
une harmonie parfaite (pas de chevauchement, pas de compression inutile). Lorsque l’on parle
de problème de conciliation de vie familiale et vie professionnelle il s’agit de deux identités,
deux rôles sociaux qui se grimpent dessus et qui n'arrivent pas à cohabiter. Cela génère des
tensions parce que lorsque vous nourrissez une identité l’autre est en souffrance et
inversement.
Lorsque l’on cherche à concilier, finalement, ce que l'on cherche à faire c'est remettre de
l'ordre dans ce self de façon que mes différentes identités puissent cohabiter ensemble.
Lorsque l’on a des périodes de notre vie où il y a un curseur qui change, chaque microdécision
oblige ce self à être dynamique/mouvant et à se réadapter. C’est à l’individu d’établir la place
qu’il est prêt à donner à ces sous-identités pour aller vers cette harmonie51.
Enjeu : parvenir à être un bon parent tout en restant épanoui dans les autres domaines
(perso, couple, travail...)
49 Dans le modèle de Feinberg, lorsque le coparent fait de l’approbation de rôle, il confirme l’identité. L’extrême de l’invalidation de rôle est
l’aliénation parentale.
50 Base de l’estime de soi, du sentiment de continuité et d’utilité chez l’individu.
51 Pour aller plus loin : littérature sur les « self discrepancies » : les écarts entre le soi idéal et le soi perçu (attention si l’écart est grand)
L’approche en stades existe mais ne sera pas explorée (obsolète) mais l’idée est de montrer
que la parentalité peut être définie au travers de stades (côté figé/déterministe). Ces théories
ont été inspirées de Benedek (psychanalyste) qui s’est intéressé au remaniement psychique
au moment de la naissance du premier enfant chez les femmes, puis d’Erickson avec la
générativité qui a donné l’inspiration à ce type de modèle. Galinsky fera le parallèle entre les
stades de développement de l’enfant et du parent avec un rapport entre les deux.
Lorsque nous donnons naissance, nous recevons (et envoyons) ce genre de cartes qui parlent
de bonheur, de bonnes nouvelles, de contentement (intense).
Même si nous nous considérons avec beaucoup d’humour, personne n’aurait l’idée d’envoyer
ce genre de cartes par exemple. La raison est que dans notre culture, être parent est
nécessairement associé à des émotions positives. Lorsque nous avons des enfants, nous ne
pouvons être qu’épanoui et nager en plein bonheur.
Ce qui a pour conséquence que les gens se laisse généralement dégringoler dans un état
psychologique lamentable avant d’oser faire appel à un professionnel. La parentalité n’est pas
un long fleuve tranquille et on peut trouver ne pas être heureux ou épanoui dans l’allaitement,
ne pas trouver que la période de la petite enfance est facile, etc...
Il faut pouvoir donner l’occasion aux gens de dire que c’est dur !
Parce que si l’on n’ose pas le dire, il y a une tendance à attendre que la situation devienne
catastrophique en faisant d’abord croire aux gens que tout va bien (photos souriantes, effort
lorsque l’on vient rendre visite…) en ressentant une culpabilité énorme de ne pas ressentir ce
qui était annoncé sur ce style de cartes. Ouvrir la porte vers un « ce n’est pas aussi simple que
ce qui est marqué au dos de la carte » peut déjà énormément aider.
Être parent est un travail exigeant... dont on ne peut jamais démissionner car l’identité
parentale ne peut jamais être éjectée du self ! Cette capsule met tout le monde d’accord de
reconnaître que la parentalité n’est pas un long fleuve tranquille et qu’il y a des tonnes de
responsabilités sur le dos (job stressant).
Le premier réflexe que l’on a est de se dire « mais comment est-ce possible de regretter ? ».
L’accouchement est parfois une expérience qui procure énormément d’amour et qui nous fait
ressentir l’évidence d’aimer, de s’attacher à l’enfant mais cela n’est pas le cas de tout le
monde. Ces regrets font partie de l’expérience de plus de parents que ce que l’on imagine.
Parler de regrets n’est pas politiquement correct mais néanmoins, dans la culture populaire,
on en parle.
Exemple : Ils vont se disputer pour ne pas avoir les enfants, si l’on reprend la théorie des
identités, la difficulté à concilier leurs ambitions professionnelles et les 3 enfants amène au
but d’écarter leur rôle parental du self (mais ce n’est pas socialement désirable donc
inavouable et font ce jeu de rendre la vie impossible aux enfants).
Anémone (actrice française) qui maintient que la parentalité a ruiné sa vie (commentaires
incendiaires, buzz…). Cette expression de regrets n’est pas si rare que cela, il y a un intérêt
récent pour les regrets de la maternité.
La prévalence est de 7 à 8% des parents (US-Allemagne) qui expriment des regrets (étude
menée aux USA et en Allemagne). Voici quelques items :
If I could choose today once again, I would not want to have children.
If you could travel back in time and once again make the decision, would you once again
decide to become a parent ?
C’est un tabou qui a été levé par les études d’Orna Donath (Israël) qui a travaillé sur des
entretiens qualitatifs très approfondis avec des mères qui se cachaient de manifester ces
pensées (culturellement).
Lorsque l’on regarde sur les réseaux sociaux, on retrouve des traces de ces regrets, le
phénomène présent depuis longtemps (cft requêtes google « I hate being a mother »
recherche en augmentation depuis les années 200052). La parole commence à se libérer (cft
page FB créée en 2012 « I regret having children »).
b) Le concept de « regrets »
maternelle » en psychanalyse pourrait être vu comme la prémisse des regrets. Dans cette
ambivalence, le sentiment n’est pas définitif, on peut en tant que mère vivre à la fois le
meilleur et le pire (il est normal d’avoir une forme d’ambivalence, ce sont des sentiments
passagers). En revanche, le phénomène des regrets implique quelque chose de définitif (« à
refaire, c’est non et je ne m’épanoui pas dans ce rôle »).
La notion de honte et de culpabilité qui est associée aux émotions négatives dans la
parentalité actuellement pose également soucis. Le jour où l’on admettra qu’être parent c’est
de la joie mais aussi du stress inhérent à la parentalité. La pensée de jeter ses enfants par la
fenêtre est normale, et 95% du temps cette pensée passe mais ne se matérialise pas. Les
pensées sont le reflet d’un ressenti d’une émotion négative (et les émotions informent de
l’état). Faire quelque chose de cette émotion, chercher de la causalité amène une richesse
dans la manière dont les choses nous impactent et des solutions pouvant être possibles
(utilisation à bon escient pour se protéger de cette émotion et informer l’autre).
Pour beaucoup de parents, arriver chez un professionnel qui ne juge pas et qui leur dit « vous
exprimer de l’amour à leur égard c’est bien, mais les regrets exprimés sont tout autant ok »,
on peut être dans les deux ce n’est pas contradictoire. Soulager la honte et la culpabilité passe
par accueillir la souffrance sans jugement, sans remettre une couche du style « mais enfin, tu
as des enfants géniaux ! Tellement de gens aimeraient être à ta place »56. Ce qu’ils nous
apprennent de leur souffrance va nous aider à définir le soi idéal et ne pas être soumis au soi-
prescrit.
55 Met au-devant toute une série de question (positif) mais expérience qui reste pour la majeure partie naturelle (93% de
personnes s’en sortent bien, cela pourrait être une pression inutile et ramène à l’appel aux professionnels).
56 N’est pas une démarche d’accueil mais souligne l’incompréhension des émotions négatives alors que tout est là pour être
heureux
3. Dépression du post-partum
Une des échelles les plus utilisées est l’échelle d’Édimbourg qui n’est pas ancrée dans
l’expérience parentale. Les personnes faisant une dépression post-partum n’ont pas
forcément d’humeur dépressive et de perte de plaisir lié à la parentalité mais cela arrive au
moment de la grossesse.
a) Symptômes primaires
Si on observe l’échelle d’Édimbourg, rien ne nous renseigne sur le fait que cela soit en lien
avec le fait d’avoir un bébé.
b) Symptômes secondaires
c) Étiologie
Problèmes somatiques
Risque accru d’addiction
Idées suicidaires
Déclin de la satisfaction conjugale (peut-être aussi une cause)
« Contamination » conjugale (fragilise l’autre conjoint)
En tant que psychologue, nous allons travailler sur les mécanismes médiateurs en se
demandant comment venir soutenir la sensibilité vis-à-vis de l’enfant, comment soutenir les
comportements éducatifs… Pour limiter les effets négatifs de la dépression sur la parentalité.
4. Burnout parental
Il existe des études internationales faisant intervenir presque 50 pays. Les études ont été
randomisées (comment fonctionnent le burnout parental), longitudinales (comment s’installe
le burnout parental), des entretiens qualitatifs, développement d’instruments de recherche…
Être parent, c’est aussi du stress. Lorsqu’il y a trop de stress, trop longtemps sans assez de
ressources pour y faire face, on tombe en burnout. Le stress dans la parentalité est normal
mais s’il y en a trop pendant trop longtemps (stress chronique), cela devient problématique.
Christina Maslach va reprendre cette notion (travaille avec des soignants) et dit qu’il s’agit de
la « maladie de ceux qui prennent trop à cœur leur métier d’aider et de prendre soin des
autres »
3 symptômes :
Le burnout est très contextualisé, ce qui le différencie de la dépression qui est transversale
et envahit toutes les sphères de notre vie.
Le concept de burnout parental est plus récent, mais pas tant que cela. La première fois était
en 1983 avec Lamstrom qui écrit « Burnout d’une mère chrétienne ». Elle faisait partie d’une
communauté religieuse dans laquelle elle côtoyait des familles et entend beaucoup de mères
expliquer à quel point elles ne sont pas bien dans leur parentalité. Elle va décrire ces
témoignages tout en faisant une lecture externe en mettant en lien avec la culpabilité et la
honte que l’on peut ressentir lorsque les croyances chrétiennes sont très ancrées57. Ensuite,
Procaccini & Kiefaber (deux chercheurs) travaillaient sur le burnout professionnel et se
disaient qu’il n’y a pas de raison que cela ne se passe que dans le contexte du travail. Ces
chercheurs vont sortir un livre (sans succès). Pelsma va ensuite en 1989 faire une étude sur
une centaine de mères au foyer et derechef, elle sombrera dans l’oubli 58. Norberg (2007) va
être la première figure a lancé le champ de recherche là-dessus en travaillant sur des parents
d’enfants malades (grave) en laissant penser que pour être en burnout parental il faut être
dans des situations extrêmes. Enfin, Guéritault travaillait avec des personnes en burnout
professionnel mais va expérimenter une expérience similaire dans sa parentalité et Holstein
va utiliser ce terme pour rapporter des cas cliniques qu’elle rencontre.
Le modèle de Maslach va être repris puisque pour Roskam, défend qu’il n’y a pas besoin d’être
dans des situations extrêmes pour être en burnout parental. Dans les consultations, il y a une
évolution, la patientèle passe d’être « inquiète pour l’enfant » à « mon enfant va bien mais
moi en tant que parent non ». Cette nouvelle demande vient de personnes tout-venants et
des études vont être menées pour update le modèle de Maslach.
Épuisement physique et émotionnel : passer deux jours (week-end) avec les enfants donne une
incapacité à sortir du lit mais fonctionnent très bien au boulot.
Distanciation émotionnelle : fonction en pilotage automatique, faire le strict minimum sans énergie
pour se connecter aux émotions de l’enfant (parentalité un peu froide et pourrait passer à côté d’un
enfant en souffrance car plus de capacité d’empathie, manque de synchronicité avec les émotions de
l’enfant).
Perte de plaisir parental : saturation du rôle parental, plus de plaisir à passer du temps avec les enfants
quelle que soit l’activité.
Contrast : phénomène qui fait dire que le parent se dit ne plus être ce qu’il était ou ce qu’il voulait être.
Il y a le « passé » dans lequel ils ont été investi dans leur parentalité qui s’est effondré et de ce fait ne
se reconnaissent plus en tant que parent. Ce contraste n’échappe pas aux autres membres du système.
Nous ne sommes pas dans le cadre des regrets si nous reprenons la théorie des identités.
L’idée est que l’identité parentale a pris énormément de place et le parent est hyper-investi.
Tant que l’identité parentale donne retour sur investissement tout va bien (réduire le temps
de travail, faire à manger soi-même…) mais si l’enfant n’exprime pas de gratitude (veut rester
tard à la garderie) cela va donner l’impression de tout donner sans retour. Les jeunes enfants
(en raison de leur incapacité à imaginer que le parent a une vie en dehors de la leur) et les
adolescents (en raison d’une vision égocentrée mais aime montrer une indépendance) sont
particulièrement ingrats.
Tous ces parents qui présentent ce surinvestissement dans la parentalité (avec la volonté à un
moment de tout sacrifier, de mettre tous les œufs dans le même panier…) vont au moment
où le rôle parental ne sera plus épanouissant ressentir qu’ils ne sont plus personne car aucune
identité ne peut les récupérer (concilier avec un travail évite le burnout parental, le facteur
majeur est le mi-temps adaptatif à l’enfant)59.
59Théorie des identités multiples qui fait sens car nous avons de nourrir notre personnalité et nos besoins à travers ces différentes identités
et lorsque tout repose dans une identité, le jour où l’identité flanche, les autres ne peuvent rattraper et nourrir la personnalité.
En comparant le cortisol chez les parents étant « épanouis » et ceux présentant un burnout
élevé, on observe de nettes différences. Les parents témoins montrent que le stress fait partie
inhérente de la parentalité, on ne peut y échapper. Ce facteur est positif car les hormones du
stress nous préparent à agir (équipement d’un phénomène hormonal qui prépare à agir et
réagir lorsque l’on est parent). Chez les parents en burnout, le double de cortisol capillaire est
accumulé (ce qui explique pourquoi on ne sait sortir de son lit60). Les parents en burnout ont
encore plus de cortisol que des patients souffrant de douleurs chroniques sévères et que les
victimes de violence conjugale.
Mesure de la prévalence dans 42 pays avec deux hypothèses : soit les parents peuvent
potentiellement être stressés partout mais pour des raisons très différentes (prévalence
similaire avec des facteurs de risque différents), soit une prévalence différente (facteurs
culturels à l’œuvre).
Dans les pays occidentaux, la prévalence varie de 5 à 8% ce qui donne 200 000 parents en
souffrance (Belgique) et 900 000 (France). La prévalence est beaucoup plus élevée que dans
les années 80. La vision de la parentalité contemporaine est très typique des pays occidentaux
(pas dans les pays collectivistes). Un des facteurs le plus à l’œuvre sont les valeurs
individualistes (degré individualiste61) qui font les différences entre les pays (au Camroun dire
« je suis frustrée car je ne trouve pas de temps pour moi » ne fait pas sens). Le fait de devenir
parent, dans une société individualiste, demande de faire passer l’enfant avant soi (injonctions
contradictoires62).
Sur le parent : problème de santé physique lié à la présence de trop de cortisol (toxicité :
maux de tête à répétions, problèmes somatiques…). La mutualité chrétienne investit dans
la cherche sur le BNP car les parents ne vont jamais bien et consultent énormément.
Également, beaucoup d’idées suicidaires car la porte de sortie est inexistante (envie de
tout plaquer).
Sur l’enfant : négligence car le parent n’a plus l’énergie à s’occuper des enfants (pas le
courage d’aller chez le médecin ou le dentiste, de faire les devoirs, de rester avec eux dans
la même pièce). La violence verbale peut se traduire par des cris hystériques ou des
paroles blessantes, la violence physique (pétage de plombs).
Sur le couple : contamination parce que le conjoint voit son partenaire hyper-investit et
s’effondre tout à coup (responsabilités forcées avec quelqu’un d’irritable, violent…). Le
conjoint peut être une source de soutien mais il faut aussi en prendre soin pour éviter son
effondrement également.
61 Couplé à d’autres valeurs comme au « self reliance » : ne compter que sur soi (sinon aveu de faiblesse), expliquant la
parentalité solitaire où l’on s’isole et se méfie alors que la parentalité implique des responsabilités énormes. La valeur de
« compétitivité et de performances » entre aussi en jeu avec la recherche de buts et de standards élevés. Aussi, transmettre
des valeurs individualistes à un enfant (comme dire « non », écouter ses besoins…) revient à se tirer une balle dans le pied.
62 Vision qui demande d’être hyper-individualiste et être un super parent : équilibre difficile à trouver.
La honte et la culpabilité est tellement énorme dans cette souffrance que souvent, les gens
se laissent aller très loin (arrivée en consultation très tardive)
Le burnout arrive lorsqu’il y a trop de stress, trop longtemps sans assez de ressources pour y
faire face. La représentation la plus adaptée est une balance avec tout ce qui nous coûte en
tant que parent et tout ce qui nous ressource en tant que parent. Tant que la balance est en
équilibre, il n’y aura pas de burnout, voir même il y aura de l’épanouissement.
Lorsque l’on parle de stresseurs, on parle de 5 familles de stresseurs qui ont des équivalence
du côté des ressources et le processus est toujours le même.
Les stresseurs et les ressources sont très différents d’un parent à l’autre ! Chaque burnout a
son histoire.
Ce n’est jamais un seul facteur qui conduit au burnout, toujours une accumulation de (petits)
facteurs de stress. Certains facteurs pèsent plus lourd que d’autres (personnel, relation avec
l’enfant et familiaux). Heureusement car si ils sont plus explicatifs, ce sont aussi ceux que l’on
peut travailler dans la prise en charge, les autres sont plus compliqués.
f) Diagnostic différentiel
C’est un trouble qui est relativement spécifique (pas d’overlap). Tout dépend simplement de
ce qui est dans la balance.
Également, un burnout qui n’est pas soigné peut s’étendre à d’autres sphères. Par exemple,
en burnout parental on peut tenter d’y pallier par un surinvestissement d’une identité pour
aller chercher toute la vérification d’identité dont on a besoin (comme tout miser sur son
travail) et cela va, si cela dure trop longtemps, créer un écroulement au travail. Si le burnout
d’étend partout, on parlera de dépression.
Les parents en burnout se sentent honteux, coupables, seuls, il est très important de
commencer par trouver quelqu’un qui va accueillir, écouter et laisser dire la souffrance. Avant
d’engager toute forme de prise en charge, il faut accueillir parce que l’on vit dans une culture
où il est politiquement incorrect de dire que l’on en peut plus de ses enfants, que l’on arrive
plus à les aimer, que l’on manque d’empathie envers eux… Nous cherchons à diminuer la
sensation de pression, de honte et de culpabilité qui va faire en sorte que la personne ose
déposer ce qu’elle dit. L’accueil inconditionnel est une écoute active, cela constitue le premier
objectif thérapeutique64.
La posture thérapeutique à prendre en partant du principe que le parent n’est pas maltraitant
à la base est de remercier le patient de la confiance qu’il nous témoigne et que l’on mesure à
quel point ce qu’il vient de confier est une démarche difficile est compliquée et cela témoigne
la construction d’une alliance thérapeutique très forte qui leur a permis de déposer cela. Nous
devons accueillir cela avec tout le respect que l’on peut avoir en sachant que ces parents ont
eu leur histoire d’investissement pour être de très bons parents.
Derrière, on rappelle l’interdit « si vous me l’avez confier de la sorte, c’est parce que vous
comme moi savons que ce sont des choses que l’on ne peut pas faire ». On se met d’accord
sur le fait que si cela a été confié, cela vient probablement du fait que le parent veut que l’on
trouve une solution pour que plus jamais cela n’arrive : « on va vous accompagner de sorte à
soulager cette souffrance immense qui vous amène à commettre ce type d’actes parce qu’
nous avons conscience que vous êtes un parent, que vous êtes conscient que cela ne peut plus
arriver et que nous avons conscience que cette alliance thérapeutique va vous permettre
d’avancer suffisamment loin pour soulager et ne pas reproduire » (incarnation de l’interdit).
Le regard social s’exprime sans cesse. Pour un parent en souffrance, cela ne l’autorise pas à
dire qu’il ne va pas bien, la pression se ressent et cela explique la consultation souvent tardive.
64Rappel : ils tardent à venir et souvent viennent après un trop grand débordement (violence par exemple). Il
faut arbitrer entre l’alliance thérapeutique en construction et l’intérêt supérieur de l’enfant.
Et puis ?
On travaille avec l’image de la balance qui parle particulièrement bien. Le thérapeute peut
faire l’examen avec le patient de ce qui se trouve dans la balance du patient pour identifier
pourquoi la balance est en déséquilibre. Ensuite, on diminue le poids des stresseurs et
augmenter le poids des ressources. Une fois que la balance est remise en équilibre, la
compréhension du fonctionnement augmente la vigilance vis-à-vis de celle-ci et donc évite les
rechutes65. La balance est en perpétuel déséquilibre et il faut refaire l’examen en permanence.
Après avoir fait l’inventaire des ressources dans la balance, 4 pistes sont possibles, 2 pour les
ressources et 2 pour les stresseurs.
Cela réduit les symptômes du burnout parental en 8 semaines de manière significative (8 fois
2 heures). Il y a également une baisse des comportements de négligence et de violence
proportionnellement à la baisse des symptômes (relation causale).
Le taux de cortisol diminue de 52% ce qui les ramène à un état de stress normal pour un
parent.
Ces deux techniques que sont d’accueillir le parent, lui rappeler l’interdit et améliorer le
burnout pour éviter le passage à l’acte sont bonnes. L’attitude thérapeutique fonctionne de
sorte à diminuer causalement les problèmes de violence et les symptômes du burnout.
L’objectif principal des interventions auprès de parents est de promouvoir une parentalité
positive (Rodrigo, 2010), c’est-à-dire augmenter les comportements parentaux positifs et
supprimer au maximum les comportements négatifs. Lorsque l’on intervient auprès de
parents, nous sommes ces psychologues mandatés par l’état et nous allons accueillir des
parents qui sont plus ou moins proches/éloignés de cet objectif de parentalité positive qui est
considéré aujourd’hui par l’Europe comme étant le point de repère que ce qu’un parent
devrait faire (évaluation nécessaire d’objectifs réalistes et en accord avec le parent).
a) Qui ? Publics
Première voie d’entrée : Parents dysfonctionnels (premier type de publics). Ceux dont les
comportements éducatifs, les agissement ne vont pas (négligence, violence
verbale/ordinaire…) parfois l’aide est imposée
– Ceux dont la parentalité n’est pas « dans l’intérêt supérieur de l’enfant »
– Soutien ambulatoire ou soutien institutionnel (contrainte)
– Parents déficient intellectuel; parents adolescents; parents soupçonnés de maltraitance
ou de négligence
– Milieux caractérisés par la pauvreté, violence domestique, etc.
Pas du tout le même type d’entrée selon la voie, pas du tout le même type d’alliance ou le
même type de travail.
Une intervention auprès de parents peut prendre plein de formes différentes. Il y a des
niveaux d’intervention. Situer le niveau permet de savoir combien de séance prévoir, les
dispositifs que l’on prévoit, ce que l’on fait et pourquoi. Le niveau dépend de la sévérité.
67 Dans le cadre de la procédure et considération que l’enfant va avoir des besoins spécifiques en termes d’attachement
Niveau 1: Intervention universelle, auprès d’une large population de façon brève et préventive
pour des choses « pas graves » exemple : travail ONE avec des plaquettes
Public : Tous les parents sont sensés rencontrer ce style d’intervention
Méthodes d’intervention
Ressources auto-administrées par les parents
Consultations brèves
Conférences
Stratégies mass-media (campagnes)
Comportements-cibles possibles
Anticipation des besoins de l’enfant autour de l’allaitement
Dire « non » à l’enfant
Choisir les jouets
Encourager le développement du langage
• Exemple : Campagnes de sensibilisation aux dangers des écrans, Yapaka, campagne des 1000
jours68…
Niveau 2 : Intervention sélectionnée, les parents sont face à une difficulté spécifique mais
courante comme des difficultés d’endormissement, des colères qui prennent des proportions
inhabituelles ou certains enfants qui passent par des phases où ils n’ont pas envie d'aller se laver,
problème d’énurésie...
Public : Parents face à une difficulté spécifique mais courante
Méthode d’intervention
Conseils spécifiques quant à un problème ciblé chez l’enfant (en groupe aussi)
Suivi par téléphone (on appelle entre les séance pour ne pas reprogrammer)
Entretien avec un intervenant
Session de groupe
Comportements-cibles possibles
Difficultés d’endormissement
Colères
Entrainement à l’hygiène
Ados fumeurs : soirée thématique dans les collèges (sélection)
Exemple : Conseils brefs lors de séances d’info ou de réunions de parents
68 Nécessaire ? Situé au moins un niveau au-dessus et laisser certaines familles en-dehors sinon impression
d’incapacité à élever un enfant.
Niveau 4 : Intervention standard : travail du psychologue type prenant en charge les parents qui
ont besoin d’un entrainement intensif à la parentalité positive.
Public
Parents d’enfants ayant des problèmes de comportement /développement plus sévères
Entrainement intensif à la parentalité́ positive
Méthode d’intervention
Programme intensif (>5séances)
Focalisation sur l’interaction parent-enfant
Application d’habiletés parentales positives
Large champ de comportements ciblés
Comportements-cibles possibles
Gestion du comportement émotionnel, agressif, oppositionnel
Difficultés d’apprentissage
Multiples variables parentales
Cognitions (SCP, attributions causales)
Comportements éducatifs (usage des punitions, récompenses, félicitations, mise de
limites, temps de qualité, coparentalité)
Niveau 5 : Intervention intensive : familles dysfonctionnelles un peu dans tous les sens (SAJ)
Public
Parents d’enfants ayant des problèmes comportement aux coexistant
Familles souffrant de dysfonctionnement sévère
Méthodes d’intervention
Programme intensif( >15 séances)
Visites à domicile
Suivi thérapeutique individuel/de couple/de famille
Comportements-cibles possibles
Problème de conduite persistant
Coexistence de problèmes comportementaux chez l’enfant & de
problèmes parentaux (conflits, maladie mentale, dépression,
addiction, maltraitance)
Les modules principaux & complémentaires qui composent certains programmes où l’on part
de choses plutôt universelles qui s’adressent à tous et les niveaux les plus avancés requiert 18
à 22 semaines d’intervention avec à chaque fois des programmes complémentaires (exemple :
programmes pour les parents et délivrés dans les écoles). Les cas les plus sévères combinent
les modules pour rendre l’intervention encore plus intense.
c) Organisation de l’intervention
L’organisation d’un dispositif dans les niveaux 3, 4 et 5 71 démarre avec une ligne de base. La
ligne de base est un instantané, un état des lieux fait à un moment donné dans la famille prise
en charge. Cet état des lieux est souvent fait à partir de tests, d’évaluations qui permettent
de savoir où la famille/les parents en sont (quel est leur niveau de sentiment de compétence,
comment fonctionne la coparentalité…). Les outils d’évaluation vont être choisi selon
l’anamnèse72. Cette dernière va nous donner une piste de ce que l’on va décider de mettre
dans la ligne de base (délimiter ce qui va être évalué). L’intervention arrive ensuite avec la
décision du nombre de séances et l’intervalle des séances. Le post-test va reproduire ce qui a
été fait dans la ligne de base pour comparer où en est la famille par rapport à la situation
initiale. Enfin, le follow-up va consister à revoir les personnes après un certain temps afin de
voir comment les choses évolue.
Dans la ligne de base, on ne va pas seulement mettre une évaluation des choses
problématiques. Dans l’idée de ne pas vouloir nuire, nous pourrions imaginer qu’améliorer
une chose peut en affecter une qui était fonctionnelle au départ (y prêter attention pour éviter
de poser des cercles vicieux).
Exemple : travail avec les mères d’enfants avec des troubles du comportements et
incompréhension des nouvelles cognitions travaillées et des nouveaux actes par le conjoint
qui peut créer des conflits entre une coparentalité fonctionnelle.
II. Intervention
La ligne de base va nous aider à établir un nombre déterminé de séances limitées dans le
temps : utile pour l’organisation et pour que le patient puisse cadrer (savoir pour combien de
temps nous sommes là). L’intervalle entre les séances va dépendre de la disponibilité des gens
mais aussi dans temps laissé pour le développement des choses, donner du temps (exemple :
les cognitions sont résistantes au changement).
Lorsque l’on fait du groupe, il va falloir penser au développement d’une alliance participative,
voire d’une dynamique de groupe. Elle se fait au début en individuel (poser le cadre, secret
partager, respect de l’autre…). Les routines de travail en séance (ex. Intro, travail à domicile,
mot de la fin, paysage du groupe...) permettent d’accompagner le groupe et de cadrer au
niveau du temps. Enfin, parfois le psychologue ou le parent a besoin de structurer les
rencontres avec des Thématiques / séance (une séance pour travailler un concept) 73.
Dépend de …
Dépend de …
III. Post-intervention
Évaluation : évolution constatée par les outils (travailler la perception de l’objectif, vérifier
que les forces ne sont pas dé-forcées)
Instruments Cf. ligne de base
Mesure des bénéfices obtenus
Test de l’efficacité de l’intervention
Feed-back pour les parents quant à leur évolution personnelle & aux comportements à
travailler en vue d’un suivi ultérieur (Prinz, 2009)
IV. Follow-up
c) Variables ciblées
Lorsque l’on va réaliser notre ligne de base, nous allons nous rendre compte de ce qui va être
concrètement travaillé pendant les séances. La ligne de base nous renseigne aussi qu’en
fonction du niveau d’intensité, ce qui est le plus urgent/pertinent à travailler (qui va peut-
être avoir un effet domino sur les autres objectifs).Plusieurs choses peuvent être travaillées :
Cognitions
Sentiment de compétence parentale
Attributions causales
Théories implicites liées au développement et à l’éducation de l’enfant
Comportements
Utilisation des punitions
Renforcements positifs
Soutien émotionnel vàv de l’enfant
Communication parent – enfant (ex. Donner des consignes claires et brèves)
Modes éducatifs
Entre réactivité & proactivité
Entre laxisme & surréactivite
Consistance
Goodness-of-fit
Variables familiales
Traitement parental différencié
Coparentalité
Relations fraternelles
d) Programmes d’intervention
The Incredible Years (Webster-Stratton, 2005) : pensée pour la parentalité positive pour
parents d’enfants avec des difficultés de comportement (spécifiquement)
Triple-P (Turner et al., 2006) : pensée pour la parentalité positive pour parents d’enfants
avec des difficultés de comportement (spécifiquement)
VIPP-training (Van Ijzendoorn, Bakermans-Kranenburg, & Juffer, 2008) : conçu comme
une intervention qui travaille la qualité de la relation parent-enfant basée sur
l’attachement.
Le Triple-P aborde tout. Le parent va être coacher sur la façon dont on va encourager les
comportements, traiter les comportements problématiques, travailler les compétences en
autorégulation… Chacune des catégories est détaillée en plusieurs tâches (programme lourd).
Ces programmes ont des effets mais les tailles d’effet indiquent que les rapports
coûts/bénéfices se sont pas bons. Des études orientées dans le micro-trainers isolent les
variables afin de voir s’il y a des effets dominos où les programmes sont plus courts et mieux
ciblés.
Une fois que nous sommes au clair avec le niveau d’intervention et la/les variables ciblées,
alors on passe aux moyens et techniques à mettre en œuvre (et seulement à ce moment !)
Jeux de rôles (Forgatch, Bullock, & Patterson, 2004) nécessite une bonne alliance !!
Situations représentatives de la vie quotidienne (mise en séance de ces situations
compliquées par exemple)
- Moments de jeu libre
- Négociation en vue d’une sortie
- Acquisition d’un nouveau jouet
Un des parents peut jouer le rôle de l’enfant (parfois en groupe cela peut être
intéressant)
Prise de perspective d’autrui (notamment de l’enfant, côté cathartique)
En groupe : exemple : le papa avocat qui explique à son enfant de 2 ans qu’il doit
mettre ses chaussures.
- Visualisation de la manière de gérer la situation par d’autres parents (prise de
conscience des renforcements que le parent peut provoquer)
- Points de convergence & de divergence (dédramatisation, rend compte)
Lectures : les parents qui intellectualisent beaucoup aiment beaucoup !
Ouvrages à destination des parents
- Questions éducatives
- Développement de l’enfant
Livres pour enfants (questionner comment aborder les
choses avec l’enfant, rendre l’enfant acteur de la gestion)
- Peur du noir
- Colère
- Rivalités entre frères et sœurs
Objectifs
- Trianguler la communication parent-enfant
Vidéo feed-back outil très puissant mais très confrontant, parfois doit être adapté !
Le film : vidéo faite en pré-test pour évaluer et prendre un extrait par exemple ou
demander au patient de filmer un moment de famille privé
- Jeu libre
- Jeu avec objectif particulier (ex. puzzle)
- Activité de coopération (ex. dresser la table)
- Échange verbal (ex. demander comment s’est passé la journée)
- Routines (ex. repas, coucher)
- Devoirs
- Jeu de société avec la fratrie
- Négociation (ex. choix d’un programme TV)
La procédure
- Montrer la séquence afin de susciter les réactions & les observations du (des)
patient(s)
- Sélectionner des extraits (+) lies aux contenus ciblés par l’intervention & discuter
Partir du positif et montrer les moments de qualité (travail du SCP naturel !)
- Montrer une action (-) & en discuter d’une façon acceptable pour le(s) patient(s)
- En saisir les implications émotionnelles, les représentations & attributions
causales, les rôles endossés, & les intentions
- Identifier un changement à mettre en place
L’entretien : discuter les moments positifs, amener les gens à dire leurs cognitions
autour de ces moments positifs pour après cibler ce qui les empêchent (attention :
burnout). Idées de questions :
- Qu’est-ce que cela vous a fait de regarder cette vidéo ?
- Quelle partie de la vidéo trouviez-vous la plus intéressante ?
- Qu’avez-vous le plus aimé dans le comportement de x ?
- Qu’avez-vous le moins aimé dans le comportement de x?
- ..dans votre propre comportement ?
- Racontez-moi un peu plus sur x. Quel genre d’enfant est-il ? Pouvez-vous me donner
quelques exemples?
- Qu’est-ce qui va bien dans le comportement de x ? Quelques exemples ?
- Qu’est-ce qui vous inquiète le plus dans le comportement de x?
- Donnez-moi plus de détails sur votre relation avec x. Qu’est-ce qui fonctionne le mieux? Le
moins bien?
- Si x était ici/pouvait parler, que trouverait-il le plus difficile dans votre relation?
2. Exemples de matériel
Le matériel peut être déjà prêt à l’emploi ou à créer soi-même. Lorsque l’on découvre un jeu,
il faut imaginer toutes les situations où l’on peut les décliner parce qu’il y a des règles et ce
que l’on peut imaginer.
« Moi comme parent… » est une trousse contenant beaucoup de médias. Les thématiques
sont intéressantes mais mérite un recul nécessaire (met parfois une pression). Il y a des fiches
pour les mères et les pères qui permettent d’adresser par exemple la question essentialiste.
Le récit de vie74 (de Gaulejac, 1995) intéressant quand l’histoire en tant qu’enfant a joué
Narration orale ou écrite faite par une personne/famille/couple de son histoire de vie,
de la représentation qu’il s’en fait ce qui est important c’est la construction du liant
Discours libre : la vérité ne nous importe pas
Histoire: Structure, sens, & transmission (le parent donne le point de départ)
Élaboration de relations de causalité entre certains événements
Pondération de l’importance subjective de ces événements
Perspective intergénérationnelle/Transitions de vie telles que la naissance d’un enfant,
un divorce, ou un deuil
Travail sur l’identité parentale : donne du sens à quel parent je suis maintenant
Prise de conscience de ce qui nous détermine; Interrogation vis-à-vis des limites de sa
liberté individuelle, forme d’acceptation active et de reconnaissance de la mise
d’énergie (relecture moins pressurisante).
Le travail à domicile problématique des feed-backs négatifs « Le conte chaud et doux des
chaudoudoux »
Tâches à réaliser entre les séances
Déterminées par les parents pendant les séances
Séance suivante: Récit des réalisations faites à domicile, succès, & difficultés
- Appels téléphoniques
Entre les participants Réseau social
Par le clinicien
- Soutenir la participation des parents au programme
- Accompagnement dans la mise en œuvre de mesures concrètes
Public-cible: Parents isolés
74 Perspective intergénérationnelle
Le choix dépend de …
Niveau de directivité (Kaminski et al., 2008) miser sur un changement lié à une directivité
ou non ?
Forte directivité
Psy = Expert/spécialiste de la parentalité
Faible directivité
Psy = Facilitateur – soutien du développement personnel & familial (parfois choix)
Enjeux à être dans la forte directivité
Capable d’identifier les cognitions & comportements parentaux PP
Or, inexistence de «recettes universelles»
Diminution de la capacité de coping
Les parents ne parviennent plus à générer des solutions par eux-mêmes
Danger pour l’alliance participative
Diminution du SCP
I. Processus directifs
L’instruction/Psychoéducation (Butera,Matuga,&Riley,1999)
o Présenter des comportements parentaux & expliquer leur efficacité (parfois ok !)
o Apprendre les mécanismes à l’œuvre dans les renforcements (théorie du
conditionnement)
Le modeling
o Objectif: Guider les parents vers un comportement à adopter
o Modèles à imiter
o Répliquer au mieux les comportements-cibles
o Exemple : Contenu vidéo avec une interaction positive entre un parent et un enfant
Reproduire ce style d’interaction en famille (
o Avant l’implémentation en famille, possibilité de faire un jeu de rôle afin de bénéficier
de la guidance verbale de l’intervenant
Les processus directifs visent à faire changer les comportements éducatifs tandis que les
non-directifs cherchent à passer par les cognitions.
75Les choses qui déstabilisent les représentations peuvent être quelque chose jugé compétent ou d’autres
personnes qui partagent les mêmes difficultés mais résonnent autrement.
Techniques utilisées..
Conflit sociocognitif (utilisé chez les enfants dans les phénomènes d’apprentissage : groupe qui
upgrade le raisonnement)
o Confrontation à un problème entre plusieurs individus qui tentent de solutionner une tâche
dans le cadre d’une interaction sociale (Doise, Mugny, & Pérez, 1998)
o Perturbation < Conflit entre la réalité & la représentation que l’on a d’elle l’Accommodation
/ Assimilation
o Principe d’argumentation & de contre-argumentation entre les partenaires de l’interaction
o Opposition de points de vue : Déstabilisation des théories implicites Recherche active
d’équilibre (Régulation cognitive) Théories implicites + riches & complexes
o Prise de conscience du point de vue d’autrui
o Reformulation de son point de vue en intégrant des éléments plus nuancés et complexes
o Validation
Programme de formation auprès de mères monoparentales dites «à risque»: Efficacité du
conflit sur le SCP et les pratiques éducatives (Pithon, Terrisse, & Prévôt, 1999)
Mères d’enfants porteurs d’un handicap (Roskam,2003)
o Concrètement
Groupe de parents
Tâche de résolution de problème (ex.vignette)
Aucune solution parfaite
Confrontation des idées entre les parents
Idéalement, distance optimale entre les parents au niveau des schèmes de départ
Mindfulness (Duncan & Bardacke, 2010) Prêter attention à soi, ce que l’on vit, ses émotions…
o Porter son attention intentionnellement sur l’instant présent afin de vivre des XP (+) avec
l’enfant
o Efficacité auprès de parents d’enfants avec des troubles comportementaux
Biais attentionnel(-)
Ne profitent pas des moments(+)
Mindfulness focalisation sur des moments (+)
Changements dans les schèmes de représentation de l’enfant
o Effets sur les parents en burnout (!)
Il faut évaluer ce que l’on fait, il faut être sûr que nous ne nuisons pas, il ne faut jamais y
aller à l’intuition.