Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Métropole
_____________________________________________________________________________________
DOCUMENTS ANNEXES
DOCUMENT 1 : Antoine Dulin ; « La jeunesse est un parcours, pas un âge ni un statut », www.injep.fr, mis
en ligne le 24 mai 2017
DOCUMENT 5 : Extrait d'une étude intitulée « Parcours d'études et lien formation/emploi, Politiques
publiques et gouvernance », edupass.hypotheses.org, 18/10/2014
2019-BTS111-SEC-ME 1/9
SUJET
Quatre points seront consacrés à l’évaluation de la présentation et à celle de la maîtrise des codes
(orthographe et syntaxe)
En vous appuyant sur le document principal, vous répondrez aux questions suivantes :
Une association culturelle de la ville voisine organise une semaine culturelle sur le thème de la jeunesse.
Dans le cadre d’un partenariat entre votre lycée et cette association, vous apporterez votre contribution à
la préparation de cet événement. Vous devez rédiger un article de trois pages manuscrites pour le journal
des lycéens en répondant à la question suivante :
Vous défendrez votre position sur cette question en vous appuyant sur des arguments socio-économiques
et culturels précis, extraits des documents joints en annexes, ainsi que sur vos connaissances et
expériences personnelles.
2019-BTS111-SEC-ME 2/9
DOCUMENT PRINCIPAL
2019-BTS111-SEC-ME 3/9
DOCUMENT PRINCIPAL (suite)
récemment par la dernière chanson des Enfoirés, « Toute la vie »1, a ainsi illustré combien elles pouvaient
être à vif.
Telle est notamment la thèse défendue par le sociologue Louis Chauvel. Au fil d’une minutieuse
analyse comparée des conditions de vie et d’emploi de trois cohortes*- celles nées respectivement dans les
années 1920-1935, 1936-1950 et 1951-1965, il constate que les membres de cette dernière période font
face à des conditions bien plus défavorables que celle de leurs parents et grands-parents. Ceux de la
première cohorte, malgré un niveau éducatif relativement faible, avaient pu bénéficier du plein-emploi et de
l’extension de la protection sociale ; les suivants, d’une mobilité ascendante tant scolaire que
professionnelle - sans pour autant que les inégalités intragénérationnelles ne s’estompent. Mais les
derniers, arrivés sur le marché du travail après la « décade dorée » (1965-1975), ont fait l’expérience de la
stagnation, voire d’une dégradation de leurs conditions de vie (en matière de santé notamment).
Louis Chauvel pointe par ailleurs l’existence d’un « effet cicatrice », c’est-à-dire que les conditions
d’insertion dans l’âge adulte d’une cohorte pèseraient durablement sur sa trajectoire socio-économique.
Usant d’une méthode statistique originale pour comparer l’évolution du niveau de vie de cohortes
successives en France et aux États-Unis, le sociologue montre que cette hystérésis* est nettement plus
marquée dans l’Hexagone, où les cohortes nées durant les années 1970 connaîtraient par exemple un
niveau de vie de 18 % inférieur à celui de leurs aînés du baby-boom au même âge, une fois neutralisé l’effet
des autres variables pouvant influencer les résultats. Pour Louis Chauvel, il est donc urgent de renégocier le
contrat social au profit des plus jeunes générations.
Reste que la thèse est sensible selon les utilisations politiques que l’on en fait : certains en sont
ainsi venus à opposer les « privilèges » dont auraient bénéficié les baby-boomers*, dont les « sacrifices »
auxquels devraient consentir les cohortes les plus récentes constitueraient la contrepartie. Outre les effets
politiques d’un tel discours, qui favorise la remise en cause des droits sociaux, à commencer par la retraite,
cette vision est également contestée dans son diagnostic même. Statistiques à l’appui, d’autres chercheurs
remettent ainsi en question cet « effet cicatrice », pointant au contraire que le désavantage d’une mauvaise
conjoncture lors de l’insertion professionnelle est effacé en quelques années. D’autres concluent plus
généralement qu’il est exagéré de parler de « génération sacrifiée » concernant les jeunes actuels, pointant
qu’ils bénéficieraient bel et bien, eux aussi, de l’amélioration générale des conditions de vie.
Les inégalités traversent ainsi davantage les différentes générations en leur sein plutôt
qu’elles ne les divisent entre elles. Et plutôt que de mener des politiques ciblées vers les jeunes en
général ou de s’en remettre largement, comme aujourd’hui, aux solidarités familiales, il importerait de
réduire les inégalités au sein de la jeunesse elle-même, en termes d’accès aux diplômes et à l’emploi
notamment. Bref, le débat, tant scientifique que public, est loin d’être clos.
Igor MARTINACHE, Alternatives Economiques, n°345, avril 2015
Lexique :
Cohorte: Ensemble d'individus nés à la même période ou ayant vécu le même événement au même âge.
Hystérésis: Désigne le poids d'événements passés sur la situation présente (par exemple, le fait que la
durée de chômage antérieure diminue la probabilité de retrouver un emploi).
Baby-boomers : Les cohortes nées dans l'immédiat après-guerre, période de forte natalité, et ayant ainsi
bénéficié des progrès sociaux amenés par les Trente Glorieuses.
1 Chanson de Jean-Jacques Goldman dont les paroles reproduisent un dialogue entre les jeunes et leurs aînés,
mettent en scène un conflit inter-générationnel et la difficulté à être jeune aujourd’hui.
2019-BTS111-SEC-ME 4/9
DOCUMENT 1
[...]
Que préconisez-vous ?
Nous préconisons de simplifier les démarches et mieux accompagner les jeunes qui en ont besoin, de ne
plus penser la jeunesse à travers les âges et les statuts mais de l’envisager comme un parcours vers
l’autonomie et l’insertion sociale et professionnelle, qu’il convient à la fois de fluidifier et sécuriser, en
agissant dans un cadre institutionnel renouvelé, grâce à une coordination accrue au niveau territorial. Nous
préconisons enfin de travailler en particulier l’accès à l’autonomie des jeunes sortant de la protection de
l’enfance et de la protection judiciaire de la jeunesse. Dans l’esprit, nous plaidons pour un changement de
paradigme dans la conception même des politiques de jeunesse. Au lieu de penser la jeunesse en termes
d’âge, il faut la penser dans ses dimensions de parcours et dans sa visée politique qui est l’accès à
l’autonomie. Pour l’acteur public, c’est plus facile à gérer, plus rassurant d’agir en fonction des critères âge,
mais pour les jeunes, ce traitement n’est pas fluide et profondément insécurisant. Certains jeunes ont le
sentiment d’être maltraités et nous ont parlé d’une violence institutionnelle.
Un exemple : les jeunes protégés par l’aide sociale à l’enfance. Si certains peuvent être accompagnés dans
le cadre des contrats d’aide jeunes majeurs, pour beaucoup le couperet tombe à 18 ans : ils sont livrés à
eux-mêmes, sans ressources familiales et financières, sans soutien de la collectivité alors même que cette
dernière a dépensé des milliers d’euros pour eux avant la majorité. Quel gâchis humain et financier ! Au lieu
d’assumer sa responsabilité d’accompagner les jeunes et d’adapter nos politiques publiques au regard de
l’allongement du temps de la jeunesse, la communauté nationale s’enferre dans une injonction à
l’autonomie qui n’est pas équitable et qui produit beaucoup de précarité. Je rappelle qu’aujourd’hui un jeune
sur cinq vit sous le seuil de pauvreté.
Aussi, dans cette optique, nous plaidons pour un cadre institutionnel renouvelé, au travers d’une
coordination accrue au niveau territorial, sans quoi, nos différentes propositions n’auront pas d’impact
véritable.
Sur le plan national, de nombreux efforts ont été engagés dans le cadre du plan « Priorité jeunesse » et
avec la création d’un délégué interministériel à la jeunesse, pour assurer une meilleure transversalité dans
la conduite des politiques de jeunesse. Cette dynamique doit se poursuivre et être renforcée.
[...]
2019-BTS111-SEC-ME 5/9
DOCUMENT 2
Quoi qu’en dise notre carte d’identité, nous n’avons pas toujours l’âge qui y est inscrit. Les
psychologues le savent depuis longtemps. Une grande enquête confirme leurs théories.
(...)
Flou générationnel
Ces études tombent à point nommé. Elles valident, entre autres, les analyses de nombreux
psychosociologues sur le flou générationnel dans nos sociétés. Elles confirment également différentes
tendances actuelles, comme celle des « adulescents », « adultes de tous âges qui s’infantilisent et vivent
un prolongement interminable de l’adolescence » (Les Adulescents, de Marie Giral, Le Pré aux clercs), des
enfants précoces poussés à grandir toujours plus vite par des séniors eux-mêmes frappés de
« jeunisme »… On est en pleine confusion.
Mais cette mutation des générations confirme l’impact croissant des valeurs d’optimisme et d’hédonisme sur
le comportement et le vécu de chacun. « Par exemple, les séniors « toniques », de 50 à 64 ans – ceux qui
ont encore des ambitions familiales ou artistiques, ainsi que le désir permanent de se réaliser –, partagent
des valeurs convergentes avec les adolescents, eux-mêmes poussés à la maturité par des projets forts »,
explique Denis Guiot.
http://www.psychologies.com/Moi/Se-connaitre/Personnalite/Articles-et-Dossiers/L-age-que-l-on-se-donne
2019-BTS111-SEC-ME 6/9
DOCUMENT 3
ÊTRE JEUNE
Si un jour, votre cœur allait être mordu par le pessimisme et rongé par le cynisme,
puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard.
2019-BTS111-SEC-ME 7/9
DOCUMENT 4
2019-BTS111-SEC-ME 8/9
DOCUMENT 5
(...)
Différences de parcours
Les jeunes ne vivent pas tous de la même façon cette période d’expérimentation car selon les pays, le
traitement sociétal diffère. Van de Velde (2008) distingue quatre pays représentatifs du traitement de la
période de transitions. Celle-ci permet aux jeunes de :
– « se trouver » (pays emblématique : le Danemark) : la jeunesse est vécue comme un temps long
d’exploration avec une logique de développement personnel. L’État se substitue aux familles et aux lois du
marché pour prendre en charge les jeunes en leur offrant à tous, dès 18 ans, un haut niveau de protection
sociale, favorisant ainsi le processus de « défamilialisation ». Le départ du domicile parental est
relativement précoce (âge médian : 20 ans), les parcours sont divers, discontinus et réversibles.
L’alternance dans les formations professionnelles est très répandue (ça concerne les trois quarts des
élèves), et le marché du travail n’est pas discriminant à leur encontre ;
– « s’assumer » (pays emblématique : le Royaume-Uni) : il s’agit d’une configuration de type libéral, où
l’émancipation relève uniquement de l’individu et s’inscrit dans un « devoir d’indépendance » vis-à-vis des
parents et de la société. Le départ du domicile est vécu comme une rupture fondatrice qui met un terme à la
période de l’enfance. Mais le départ peut se faire en deux temps : un départ pour aller à l’université, suivi
d’un retour provisoire avant un deuxième départ définitif (autrement dit, il n’y a pas symétrie entre vivre loin
de chez ses parents et partir de chez ses parents). Les trajectoires sont courtes avant le premier emploi, les
études sont financées par des prêts contractés auprès des banques. Il y a quand même des aides
parentales ponctuelles ou plus régulières, d’autant plus du fait des difficultés économiques croissantes ;
– « se placer » (pays emblématique : la France) : le diplôme initial exerce une véritable tyrannie auprès des
jeunes tant il détermine les trajectoires ultérieures. S’ajoute une pression sociale pour se placer au sein
d’une hiérarchie prédéfinie. La France se révèle être une société corporatiste où l’individu est avant tout
défini par son statut social, lui-même conditionné par le diplôme. La formation initiale et le premier emploi
sont déterminants et conséquemment anxiogènes pour les jeunes. La France offre un profil paradoxal, du
fait de la coexistence de comportements d’indépendance qui rapprochent les jeunes de ceux des pays
nordiques et d’itinéraires socio-professionnels caractéristiques des pays du sud de l’Europe. Il y a une
injonction à l’autonomie, mais cette autonomie est partiellement prise en charge par les familles. Il s’agit
davantage de « semi-dépendance », surtout pour les classes moyennes. Les étudiants sont souvent
indépendants au niveau du logement, mais restent dépendants en ce qui concerne leurs finances ;
– « s’installer » (pays emblématique : l’Espagne) : la logique qui prédomine est celle de l’appartenance
familiale. La décohabitation se fait plus tardivement qu’ailleurs (âge médian : 27 ans) et se produit une fois
que l’installation matrimoniale est possible (autonomie financière, mariage, stabilité). Les considérations
économiques expliquent en partie cet état de fait, mais le poids culturel et religieux est aussi très important.
Le poids du catholicisme des pays du sud et de l’Irlande explique que les jeunes ne partent pas de chez
leurs parents pour vivre seuls ou même en union libre, à l’inverse des pays plus marqués par le
protestantisme.
2019-BTS111-SEC-ME 9/9