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Critiques métaphysiques des mathématiques modernes,

L'idée de mouvement et d'immobilité selon René Guénon


Benatia Atia
Université Amar Telidji
– Laghouat – Algérie

 Résumé

Les critiques métaphysiques de René Guénon ont était formulées à l'encontre de la philosophie
occidentale et des mathématiques modernes. On abordant la question du mouvement, il critique les
conceptions de l'infini et de l'indéfini de Leibniz et Descartes en soulignant la différence entre la
nature de l'espace et de l'étendue, d'une part, et celle du temps et de la durée, d'autre part. Il
cherche à rétablir une connexion entre les concepts mathématiques abstraits et les principes
métaphysiques, qu'il considère comme essentielle pour une compréhension correcte des
mathématiques. Il met également en évidence l'importance de l'unité dans la multiplicité.

 Avant-propos

 Qu'est-ce que la métaphysique selon René Guénon ?

La métaphysique est universelle et n'est ni orientale ni occidentale. Cependant, les formes


extérieures dans lesquelles elle est exprimée peuvent être orientales ou occidentales. La
métaphysique orientale est mieux connue et étudiée dans l'Orient, tandis qu'elle est oubliée et
ignorée dans le monde occidental.

La métaphysique est ce qui est au-delà et au-dessus de la nature, c'est donc proprement le
"surnaturel". La métaphysique est la connaissance de l'être en tant qu'être. Dans toute conception
vraiment métaphysique, il faut toujours réserver la part de l'inexprimable. La métaphysique est au-
delà de la physique, qui est l'étude de tout ce qui appartient au domaine de la nature. La
connaissance métaphysique n'est pas une connaissance naturelle.

 Les principes de la métaphysique Oriental

La métaphysique orientale selon René Guénon est basée sur des principes fondamentaux qui se
retrouvent dans les traditions spirituelles et ésotériques de l'Orient. Guénon était un érudit et un
philosophe qui s'est intéressé à la philosophie ésotérique, à la métaphysique et aux doctrines
spirituelles de l'Orient. Voici quelques-uns des principes clés de la métaphysique orientale selon
René Guénon :

1. L'Unité transcendante : Pour Guénon, l'Unité transcendante est l'Absolu, le Principe Suprême
qui est au-delà de toute manifestation et de toute multiplicité. C'est l'origine et le fondement de
toute réalité, et c'est à partir de cette Unité que tout émerge.

2. Le Non-Dualisme : Guénon insiste sur le principe du non-dualisme, qui enseigne que l'Absolu
est indivisible et non dual, sans aucune division ni séparation. Il est au-delà des contraires et
transcende les catégories du bien et du mal, du vrai et du faux.
3. La Hiérarchie cosmique : Guénon reconnaît l'existence d'une hiérarchie cosmique qui se
manifeste à différents niveaux de réalité. Cette hiérarchie s'étend des plans les plus élevés et
spirituels aux plans les plus matériels, et elle reflète la descente de l'Absolu dans la manifestation.

4. La Voie Initiatique : Guénon valorise la voie initiatique comme moyen de connaissance


directe et intérieure de la réalité supérieure. Cette voie implique une transmission spirituelle
directe et une initiation par un maître qualifié.

5. La Transcendance de l'Intellect : Pour Guénon, la connaissance métaphysique dépasse les


limites de l'intellect. La compréhension ultime ne peut être atteinte par la pensée rationnelle, mais
par une intuition directe et une connaissance transcendante.

6. La Complémentarité des Traditions : Guénon croyait que les différentes traditions spirituelles
authentiques de l'Orient partagent un fond commun de vérité, et qu'elles se complètent
mutuellement plutôt que de s'opposer.

7. Le Renversement du Monde : Guénon considérait que le monde actuel était dans un état de
déclin spirituel, marqué par la perte des valeurs traditionnelles. Il appelait à un "renversement du
monde" pour rétablir l'équilibre et retrouver la voie de la métaphysique authentique.

Il est important de noter que René Guénon ne prétendait pas créer une nouvelle métaphysique,
mais plutôt présenter et défendre les principes universels de la métaphysique traditionnelle de
l'Orient. Sa philosophie était profondément enracinée dans la sagesse ésotérique et spirituelle des
traditions orientales, et son œuvre a eu une influence durable sur la compréhension de la
métaphysique et de la spiritualité dans le monde occidental.

 Caractères essentiels de la métaphysique de René Guénon 

Les caractères essentiels de la métaphysique chez René Guénon peuvent être résumés comme
suit :

1. L'Absolu ou le Principe Suprême : Pour Guénon, la métaphysique est centrée sur la recherche
de l'Absolu, le Principe immuable et transcendant qui est à la source de toute existence et de toute
réalité. C'est l'origine ultime et immuable de tout ce qui est manifesté dans l'univers.

2. L'Unité : La métaphysique de Guénon met l'accent sur l'unité fondamentale de toute création.
Derrière la diversité apparente des formes et des manifestations se trouve une réalité essentielle,
une unité primordiale.

3. La hiérarchie : Guénon souligne la notion de hiérarchie métaphysique, où différentes réalités


émanent de l'Absolu selon un ordre précis. Cette hiérarchie s'étend des plans matériels aux plans
spirituels et implique une gradation de l'existence.

4. L'immutabilité : Un autre caractère essentiel de la métaphysique de Guénon est l'immutabilité


de l'Absolu. Contrairement au monde manifesté en perpétuel changement, l'Absolu est éternel et
immuable.

5. La connaissance directe : Pour Guénon, la métaphysique ne peut être pleinement


appréhendée que par une connaissance directe et intuitive, au-delà des concepts intellectuels
ordinaires. Cette connaissance directe est accessible par le biais de certaines disciplines
spirituelles et initiatiques.
6. Le symbole : Guénon considère le symbole comme un moyen essentiel de transmettre les
vérités métaphysiques, car elles dépassent la compréhension conceptuelle. Les traditions
ésotériques utilisent souvent des symboles pour représenter des réalités supérieures.

7. La transcendance de l'espace et du temps : La métaphysique de Guénon dépasse les limites de


l'espace et du temps. L'Absolu est au-delà de toute limitation spatio-temporelle et est donc universel
et éternel.

Ces caractères essentiels soulignent l'approche profonde et spirituelle de la métaphysique selon


René Guénon. Il convient de noter que Guénon s'est principalement inspiré des traditions
ésotériques de l'Orient, en particulier de l'hindouisme, du soufisme et du taoïsme, pour élaborer sa
vision de la métaphysique. Sa pensée a eu une influence significative sur le domaine de la
métaphysique comparée et sur la compréhension des principes ésotériques.

 La métaphysique de Leibnitz et Descartes selon René Guénon

Guénon a exprimé des critiques envers les principes métaphysiques de Leibniz et Descartes, en
particulier en ce qui concerne leur vision de la réalité et leur approche philosophique. Voici un
aperçu des critiques de Guénon concernant ces deux philosophes :

 Critique de la métaphysique de Leibniz :

1. Monadologie : Guénon critiquait la conception de Leibniz concernant les monades, qu'il


considérait comme insuffisamment expliquée. Selon Guénon, les monades de Leibniz semblaient
être des entités isolées et disjointes, ne permettant pas de saisir l'unité fondamentale de la réalité.

2. Individualisme : Il reproche à Leibniz d'accorder une trop grande importance à


l'individualisme et de considérer les monades comme des substances complètement autonomes.
Pour Guénon, cela menait à une fragmentation de la réalité plutôt qu'à une compréhension globale
et unifiée.

3. Le principe de raison suffisante : Guénon critiquait également le principe de raison suffisante


de Leibniz, qui postule que tout a une raison suffisante pour exister. Guénon considérait que cela
limitait l'idée de l'Absolu ou du Principe Suprême, qui est au-delà de toute raison et explication.

 Critique de la métaphysique de Descartes :

1. Dualisme cartésien : Guénon critiquait le dualisme de Descartes, qui séparait radicalement


l'esprit (la pensée) et la matière (l'étendue). Pour Guénon, cela conduisait à une vision fragmentée
de la réalité et négligeait l'unité fondamentale de l'existence.

2. Le matérialisme caché : il reprochait à Descartes d'avoir indirectement contribué à une forme


de matérialisme en attribuant à la matière une réalité indépendante et en plaçant l'esprit en dehors
de l'espace matériel.

3. La primauté de la pensée : il critiquait également l'approche cartésienne qui considérait la


pensée comme l'essence fondamentale de l'existence (Cogito, ergo sum - "Je pense, donc je suis").
Pour Guénon, cela conduisait à une vision intellectualiste de la réalité, négligeant d'autres
dimensions essentielles de l'être.
Il convient de noter que les critiques de Guénon envers Leibniz et Descartes sont liées à sa
propre vision de la métaphysique et de la réalité. Guénon considérait que la métaphysique
véritable devait aller au-delà de l'intellect et des apparences, pour atteindre une connaissance
directe et intuitive de l'Absolu. Sa philosophie mettait l'accent sur l'unité primordiale de l'existence
et la transcendance des formes matérielles et intellectuelles.

 L'infini et l'indéfini, Selon René Guénon.

L'infini est un concept métaphysique qui transcende toutes les limites et catégories du monde
manifesté. C'est un principe suprême et absolu, au-delà de toute détermination. L'infini est
indivisible, non-duel et ne peut être divisé en parties distinctes. Il est la source ultime de toute
réalité et englobe tout ce qui est.

D'un autre côté, l'indéfini se réfère à quelque chose de vague, d'indéterminé, ou de non-spécifié.
C'est un concept plus limité par rapport à l'infini. L'indéfini est encore défini en relation avec des
limites potentielles, même si ces limites ne sont pas clairement définies. Il implique une notion de
quantité non précise ou non bornée, mais cela reste en-deçà du concept métaphysique de l'infini.

Ainsi, Guénon souligne que l'infini représente la réalité ultime et transcendantale, tandis que
l'indéfini est lié aux limites du monde manifesté mais avec une absence de spécificité. Il appelle à
ne pas confondre ces deux concepts et à reconnaître l'importance de l'infini comme principe
métaphysique fondamental.

René Guénon considère l'unité et la multiplicité comme deux aspects complémentaires de la


réalité. Selon sa perspective métaphysique, l'unité est le principe fondamental qui sous-tend toute
existence, tandis que la multiplicité est le résultat de la manifestation de l'unité dans le monde
phénoménal.

 Les rapports entre l'unité et la multiplicité chez René Guénon :

1. Unité transcendantale : Pour Guénon, l'unité est un principe transcendant et absolu, au-delà
de toute forme et catégorie. C'est l'Un non-conditionné qui englobe toutes les choses manifestées et
non manifestées. Cette unité est au-delà de la dualité et des opposés.

2. Multiplicité des formes : La manifestation de l'unité se fait à travers la multiplicité des formes
dans le monde phénoménal. Cela signifie que toutes les choses dans le monde manifesté sont des
expressions particulières de l'unité sous différentes formes et apparences.

3. Polarité complémentaire : Guénon souligne que l'unité et la multiplicité sont complémentaires


et interdépendantes. L'unité ne peut être pleinement comprise que lorsque la multiplicité est
reconnue et intégrée dans cette compréhension. De même, la multiplicité ne peut exister que grâce
à l'unité qui la sous-tend.

4. La voie vers l'unité : Guénon considère que le chemin spirituel vers l'unité implique la
transcendance de la multiplicité et des apparences illusoires pour réaliser la réalité ultime de l'Un.
Cela implique de dépasser les limites du monde phénoménal et de percevoir l'unité qui est au-delà
des formes changeantes.

5. Illusion de la multiplicité : Guénon met en garde contre l'identification exclusive à la


multiplicité des formes, ce qui peut conduire à une perception erronée de la réalité. Il considère
que la fixation sur la multiplicité est la source de l'illusion et de l'ignorance, car elle masque l'unité
fondamentale.

6. Symboles et signes : Guénon souligne également l'importance des symboles et des signes dans
la compréhension de l'unité et de la multiplicité. Les symboles, en tant qu'expressions des réalités
supérieures, peuvent aider à transcender la perception purement matérielle et à se rapprocher de
la réalité unitaire.

Dans l'ensemble, René Guénon insiste sur l'importance de reconnaître l'unité comme principe
fondamental de la réalité tout en comprenant que la multiplicité est une manifestation illusoire de
cette unité. La compréhension de cette relation entre l'unité et la multiplicité est essentielle pour
aborder la métaphysique et la spiritualité d'une manière profonde et holistique.

 L'unité et la multiplicité

L'importance de l'unité dans la multiplicité est liée à sa nature fondamentale et à son rôle dans
l'ordre cosmique. Il considère l'unité comme étant le principe primordial qui engendre la
multiplicité. Guénon affirme que la multiplicité ne peut pas être véritablement comprise ni existée
de manière isolée. Au lieu de cela, elle doit être reliée à une unité supérieure qui lui donne sens et
cohérence. Pour lui, la multiplicité n'est pas simplement une collection disparate d'individus, mais
plutôt une manifestation de l'unité sous différentes formes ou aspects. Cette unité supérieure, selon
Guénon, réside dans la nature universelle des principes métaphysiques. L'unité dans la multiplicité
apporte donc une structure et une harmonie à l'univers. Elle permet de comprendre que toutes les
formes et les manifestations diverses sont en réalité interconnectées et interdépendantes. Elle offre
une vision unifiée du monde, où chaque élément trouve sa place dans un ordre plus vaste.

En reconnaissant l'unité fondamentale dans la multiplicité, Guénon soutient également que cela
permet d'éviter les erreurs conceptuelles et les déséquilibres. Lorsqu'il y a une séparation ou une
rupture entre les concepts erronés et les principes nécessaires, cela conduit à des distorsions et des
déviations dans la compréhension des concepts mathématiques et dans la manière dont ils
s'alignent avec les principes métaphysiques. En comprenant l'importance de l'unité dans la
multiplicité, on peut donc rétablir l'harmonie et l'équilibre nécessaires pour une compréhension
plus profonde des mathématiques et de la réalité.

En résumé, pour Guénon, l'unité dans la multiplicité est cruciale pour comprendre la nature
cohérente et interconnectée de l'univers. Elle permet de donner sens et harmonie à la diversité et à
la multiplicité en reliant toutes les formes et manifestations à un principe supérieur. En
reconnaissant cette relation fondamentale, on peut éviter les erreurs conceptuelles et restaurer
l'équilibre nécessaire entre les concepts mathématiques et les principes métaphysiques.

 Points essentielle : Le mouvement et l'immobilité

Parler de mouvement et d'immobilité, c'est plonger dans les traits d'une controverse antique,
aussi ancienne que la philosophie grecque, que les historiens de la philosophie appelaient : les
civilisations orientales. Et si le caractère philosophique de ces civilisations orientales se
caractérise par le fait qu'il découle de la philosophie de l'action émanant de pures contemplations
spirituelles, alors le caractère philosophique qui distingue la philosophie grecque est qu'elle est
une philosophie qui a adopté des perceptions et des réflexions mentales issues des impressions
sensorielles. Et si elle a parfois pris le caractère d'une philosophie de l'action, elle a rarement eu
une référence liée à une dimension spirituelle contemplative.
Pour René Guénon, la philosophie dite orientale, est une philosophie des principes purement
métaphysiques. La métaphysique comme il a défini dans " Orient et Occident(1924)": « … est la
connaissance des principes d’ordre universel, dont toutes choses dépendent nécessairement,
directement ou indirectement ; là où la métaphysique est absente, toute connaissance qui subsiste,
dans quelque ordre que ce soit, manque donc véritablement de principe, et, si elle gagne par là
quelque chose en indépendance (non de droit, mais de fait), elle perd bien davantage en portée et
en profondeur. »1

Dans ses études critiques des mathématiques modernes, René Guénon insiste sur le fait que les
mathématiques doivent être fondées sur des principes purement métaphysiques. Bien que les
mathématiques s'intéressent à la quantité dans les choses, qu'elle soit liée au temps ou à l'espace.
Leibniz était aussi convaincu de l'ancrage nécessaire des mathématiques dans des
"commencements" métaphysiques et a exprimé cette idée dans ses écrits. Leibniz a soutenu que les
mathématiques devaient être fondées sur des principes métaphysiques solides pour garantir leur
validité et leur universalité. Il croyait que la métaphysique fournissait les fondements nécessaires à
la logique et à la raison, qui sont des éléments essentiels des mathématiques.

Selon Leibniz, les mathématiques et la métaphysique partagent un langage commun basé sur la
logique et la raison. Il a affirmé que les vérités mathématiques sont des vérités nécessaires et
évidentes, tout comme les vérités métaphysiques. Pour lui, l'étude des mathématiques permettait de
développer la capacité à raisonner et à appréhender les vérités métaphysiques.

Leibniz s'est également intéressé à la question de l'infini mathématique et métaphysique, et il a


exploré les liens entre ces deux domaines. Il a cherché à établir une correspondance entre les
structures infinies des mathématiques et les principes métaphysiques, affirmant que l'infini était
inhérent à la fois aux mathématiques et à la réalité métaphysique.

En somme, Leibniz était effectivement convaincu que les mathématiques devaient être ancrées
dans des "commencements" métaphysiques, et il a cité cette idée dans ses écrits pour souligner
l'importance des fondements métaphysiques dans la compréhension et la validité des
mathématiques.

 Le mouvement et l'immobilité selon Leibnitz

Leibniz, a élaboré une conception originale du mouvement et de l'immobilité qui est intimement
liée à sa métaphysique et à sa philosophie de la réalité. Pour Leibniz, le mouvement et l'immobilité
sont des aspects d'un principe fondamental qu'il a appelé "force vive" ou "vis viva". Cette force
vive représente la mesure de la quantité de mouvement dans un corps, et elle est liée à la fois à sa
vitesse et à sa masse. Leibniz a développé une théorie du mouvement appelée "dynamique", dans
laquelle il affirmait que la force vive d'un corps est conservée lorsqu'il se déplace sans être affecté
par des forces externes. Cela signifie que dans un système isolé, la somme de la force vive de tous
les corps reste constante.

D'un autre côté, Leibniz a également considéré l'immobilité comme une manifestation spécifique
de la force vive. Lorsqu'un corps est en repos, sa vitesse est nulle, mais sa force vive n'est pas nulle,
car il conserve toujours sa masse. L'immobilité est donc une forme de mouvement où la vitesse est
nulle, mais la force vive est préservée.

Cette conception du mouvement et de l'immobilité de Leibniz était en opposition avec la


conception newtonienne classique du mouvement, qui considérait le mouvement comme une

1
- p : 52-52.
quantité séparée et indépendante de l'immobilité. Leibniz considérait que tout mouvement dans
l'univers était déterminé par des forces internes inhérentes aux corps eux-mêmes, plutôt que par
des forces externes. Il croyait également que les mouvements individuels de chaque corps étaient
interconnectés dans un ensemble harmonieux, formant une vision optimiste d'un univers ordonné et
déterminé.

Cette vision du mouvement et de l'immobilité selon Leibniz est étroitement liée à sa


métaphysique monadologique, où chaque entité individuelle (monade) possède sa propre force
interne qui la guide vers un développement préétabli et harmonieux.

En conclusion, Leibniz a développé une conception originale du mouvement et de l'immobilité, basée sur le principe de force
vive, qui reflète sa métaphysique monadologique et sa vision déterministe et harmonieuse de l'univers.

 Le mouvement et l'immobilité selon Descartes

René Descartes, avait également une conception particulière du mouvement et de l'immobilité


qui était en accord avec ses principes philosophiques et scientifiques.

Pour Descartes, le mouvement et l'immobilité sont liés à la notion de l'étendue, qui est l'une des
deux principales substances du monde, l'autre étant la pensée. L'étendue est la substance
corporelle, et le mouvement est une propriété fondamentale de cette substance. Selon lui, le
mouvement est le changement de position d'un corps dans l'espace, et l'immobilité est l'absence de
ce changement. Le mouvement est causé par des forces extérieures agissant sur un corps, et
Descartes a développé des lois du mouvement pour expliquer comment les corps se déplacent sous
l'influence de ces forces.

Descartes a utilisé les mathématiques et la géométrie pour développer une théorie du


mouvement dans son ouvrage "Principes de la philosophie", publié en 1644. Il a également défini
la notion de quantité de mouvement, qui est le produit de la masse et de la vitesse d'un corps, une
idée qui a jeté les bases de la mécanique classique ultérieure.

Quant à l'immobilité, Descartes la considérait comme l'état naturel d'un corps en l'absence de
forces externes le mettant en mouvement. Il croyait que les corps ont une tendance intrinsèque à
rester immobiles, et que tout changement de leur état de repos vers le mouvement nécessite une
cause externe agissant sur le corps. Sa conception du mouvement et de l'immobilité était donc
étroitement liée à sa vision mécaniste du monde, où tout était régi par des lois physiques et
mathématiques déterministes. Son approche du mouvement a eu une influence significative sur le
développement ultérieur de la physique et de la science en général.

En résumé, pour Descartes, le mouvement est le changement de position des corps causé par des
forces externes, tandis que l'immobilité est l'absence de ce changement. Le mouvement est une
propriété fondamentale de la substance corporelle, et il a utilisé les mathématiques pour
développer une théorie du mouvement dans son œuvre philosophique. Cette conception du
mouvement et de l'immobilité s'inscrit dans sa vision mécaniste et déterministe du monde.

 Le mouvement et l'immobilité selon René Guénon

Cette idée a occupé une place centrale dans la pensée métaphysique de Guénon, selon lui, le
monde manifesté est caractérisé par le changement et le mouvement perpétuel, ce qu'il appelait le
"devenir" ou le "monde des apparences." Cependant, derrière ce monde changeant se trouve
l'immobilité, le "Principe immuable" ou le "Principe suprême," qui est au-delà de toute
manifestation et qui est éternel et immuable. Cette idée est intimement liée au concept de
"hiérarchie" chez lui. Il considérait que l'immobilité transcendantale est le fondement de la
hiérarchie métaphysique, où différents degrés d'existence et de réalité émanent de cette source
immuable. La hiérarchie se manifeste dans toutes les dimensions de l'univers, depuis les mondes
physiques jusqu'aux sphères les plus spirituelles.

Guénon considérait également que l'homme est un "pont" entre le monde manifesté et le
Principe immuable. L'être humain possède le potentiel de transcender le monde matériel et de
s'orienter vers l'immobilité et la réalisation spirituelle. Il est important de noter que la pensée de
René Guénon s'appuie sur des concepts ésotériques et philosophiques profonds qui peuvent être
difficiles à appréhender sans une étude approfondie de ses écrits et des traditions auxquelles il se
référait, telles que la tradition métaphysique orientale et la tradition hermétique.

René Guénon, avait une vision particulière du mouvement et de l'immobilité qui était enracinée
dans sa compréhension de la réalité et de la métaphysique traditionnelle. Selon lui, le mouvement
et l'immobilité sont deux aspects complémentaires et interdépendants de l'existence. Ils
représentent des principes fondamentaux qui sous-tendent la manifestation du monde phénoménal.
Le mouvement implique le changement et la multiplicité des formes, tandis que l'immobilité
représente l'unité et la stabilité de l'être.

Guénon considérait que l'immobilité est le principe suprême, au-delà de toute manifestation et
différenciation. C'est l'état d'unité pure, sans changement ni division. L'immobilité est associée à ce
qu'il appelait le "Principe non manifesté" ou le "Centre immuable" qui transcende le monde
manifesté.

D'un autre côté, le mouvement représente la manifestation du Principe non manifesté dans le
monde phénoménal. C'est le mouvement du devenir et de la diversité. Toutes les formes et
phénomènes dans le monde sont en perpétuel changement, résultant du mouvement incessant de
l'existence. Guénon considérait que le monde phénoménal était une manifestation illusoire de
l'immobilité primordiale. Le mouvement apparent et la multiplicité des formes masquent l'unité
ultime de l'être. La quête spirituelle consiste à transcender le mouvement et la multiplicité pour
réaliser l'immobilité éternelle, c'est-à-dire retrouver le Principe non manifesté.

Il est important de noter que pour Guénon, le mouvement et l'immobilité ne sont pas des opposés
absolus, mais plutôt des aspects complémentaires de la réalité. Le mouvement est nécessaire pour
que l'immobilité se manifeste, et l'immobilité est le fondement immuable du mouvement. C'est une
perspective métaphysique qui dépasse les conceptions purement matérielles et mécanistes du
mouvement et de l'immobilité.

En résumé, selon René Guénon, le mouvement et l'immobilité sont des principes


complémentaires de la réalité. L'immobilité représente l'unité et la stabilité ultimes, tandis que le
mouvement est la manifestation de cette unité dans le monde phénoménal. La quête spirituelle
consiste à transcender le mouvement pour réaliser l'immobilité primordiale qui sous-tend tout
l'univers.

Dans le livre "Les États multiples de l'Être", René Guénon aborde le concept du mouvement
dans le contexte de la métaphysique et de la cosmologie traditionnelle. Voici comment il décrit le
mouvement dans ce livre :

1. Le mouvement comme principe de la manifestation : Guénon considère le mouvement comme


un principe fondamental de la manifestation. Selon lui, le mouvement est ce qui permet à l'Être de
se manifester et de passer de l'état potentiel à l'état actuel. Le mouvement est la dynamique qui
anime toutes les réalités manifestées dans l'univers.
2. Le mouvement et le changement : Guénon relie le mouvement au concept de changement. Le
mouvement implique un passage d'un état à un autre, une transformation perpétuelle des choses et
des êtres. Il souligne que le mouvement est inséparable du devenir et de l'évolution.

3. Le mouvement et l'espace-temps : Guénon considère que le mouvement est intimement lié à


l'espace et au temps. Le mouvement se déploie dans l'espace en occupant différentes positions, et il
se déroule dans le temps en se succédant dans des instants successifs. Cependant, il insiste sur le
fait que le mouvement n'est pas réductible à l'espace et au temps, mais qu'il est une réalité en soi.

4. Le mouvement et l'immobilité : Guénon explore également la relation entre le mouvement et


l'immobilité. Il affirme que l'immobilité est présente au cœur même du mouvement. En d'autres
termes, l'essence du mouvement est en réalité immobile et stable, tandis que son apparence
extérieure est celle d'un changement constant.

5. Le mouvement et l'Absolu : Guénon considère que le mouvement est un attribut de l'Absolu,


l'Unité transcendante qui est à la source de toute réalité. L'Absolu est à la fois immobile et en
mouvement, car il est au-delà des catégories d'espace et de temps.

En somme, dans "Les États multiples de l'Être", René Guénon aborde le concept du mouvement
en le considérant comme un principe fondamental de la manifestation. Il explore sa relation avec
l'espace, le temps et l'immobilité, et le relie à l'Absolu en tant qu'attribut transcendant. Le
mouvement est présenté comme un élément clé de la cosmologie traditionnelle et de la
compréhension métaphysique de l'univers.

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