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CHAPITRE 2 : ANALYSE DE LA LOI COMPTABLE

SECTION 3: LA FINALITE DES ETATS DE SYNTHESE : L'IMAGE FIDELE

31. HISTORIQUE

32. PORTEE DU CONCEPT ET EXEMPLES D'APPLICATION

33. L’IMAGE FIDELE ET L’ETIC

34. L’IMAGE FIDELE ET LA PREEMINENCE DE LA REALITE SUR L’APPARENCE

35. L’IMAGE FIDELE ET LES PRINCIPES COMPTABLES

31. HISTORIQUE

Selon la loi comptable, tout le dispositif de normalisation préconisé (articles 1 à 22) vise à établir des états
de synthèse annuels qui «doivent donner une image fidèle des actifs et passifs ainsi que de la situation 42
financière et des résultats de l’entreprise» (article 11 alinéa 1)

Le concept d’image fidèle, s’il est ainsi introduit pour la première fois dans la législation marocaine, est
par contre très largement répandu au plan international :

En Grande Bretagne, 43

 D’abord en 1844, le Joint Stock Compagnies Act exigeait des firmes: «Un bilan complet et fidèle
indiquant la situation réelle des actifs et passifs et une vue claire des profits et pertes de la
période».

 Ensuite en 1867, le Railways Compagnies Act attendait des états de synthèse annuels qu’ils traduisent
«l’état complet et véritable de la situation financière de la firme».

 De même en 1879, le Compagnies Act exigeait des auditeurs de dire si le bilan était «complet et
fidèle et établi correctement de sorte qu’il donne une image véritable et correcte des
transactions de la firme telles qu’elles ressortent de ses livres».

 Enfin en 1948, l’article 149 du Compagnies Act stipule que «le bilan et le compte de profits et
pertes doivent donner une image fidèle de la situation et des résultats de la firme, à la fin de
chaque exercice».
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SECTION 3: LA FINALITE DES ETATS DE SYNTHESE : L'IMAGE FIDELE

Aux Etats Unis, 44

 L’évolution dans ce pays a été globalement comparable à celle du droit anglais, mais la pratique
Américaine de l’audit fait explicitement référence au rôle des principes comptables dans l’obtention
de l’image fidèle:

 l’auditeur Américain conclut toujours ainsi : «les états financiers présentent (avec ou sans
réserve, ou ne présentent pas) fidèlement la situation financière de la société et le résultat de
ses opérations en conformité avec les principes comptables généralement admis, appliqués
de manière constante durant l’exercice».

Dans les pays de l'Union Européenne,

 Le concept de l’image fidèle est apparu pour la première fois dans ces pays (autres que la Grande 45
Bretagne) à travers la 4ème directive européenne établie par la Commission des communautés
Européennes le 15/7/1978.

 Pratiquement tous les pays membres ont désormais adapté leurs législations propres en introduisant
cette notion en tant que finalité des états de synthèse annuels des sociétés :

 En Allemagne, la nouvelle rédaction prévoit que : «compte tenu des principes de comptabilité
régulière, les documents comptables annuels doivent donner une image fidèle du patrimoine,
des résultats et de la situation financière de la société».

 En France, l’article 9 alinéa 4 du Code de Commerce stipule que «les comptes annuels doivent
être réguliers, sincères et donner une image fidèle du patrimoine, de la situation financière
et du résultat de l’entreprise».

32. PORTEE DU CONCEPT

La loi marocaine a adopté le concept d’image fidèle à la place de la notion plus classique de régularité et 46
de sincérité.

Ce choix, fait à bon escient, repose sur trois éléments fondamentaux:

1- Pratiquement toutes les législations avancées dans le domaine font désormais référence, non plus
uniquement à des notions de régularité et de sincérité, mais requièrent que les comptes, au delà de la
soumission à ces deux règles, doivent en outre, inclure toute information ou adaptation spécifique, afin
de refléter de la manière la plus fidèle possible, la situation financière réelle, le patrimoine et les
résultats de l’entreprise à la fin de chaque exercice.
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La normalisation marocaine se devait par conséquent de s’aligner sur cette position avancée, afin de
permettre à l'information financière d’être en harmonie avec les dispositions de la CEE à laquelle le
Maroc a été officiellement candidat, et avec laquelle il prépare actuellement un accord de libre
échange.

2- Dans l’esprit de la loi, l’application des prescriptions contenues dans ses articles 1 à 22 doit
permettre aux états de synthèse qui en sont issus, de répondre normalement à l’objectif d’image fidèle.

Néanmoins, lorsque le chef d’entreprise juge que ce n’est pas le cas sur un exercice particulier, ces
mêmes dispositions prévoient que :

..«lorsque l’application d’une prescription comptable ne suffit pas pour donner l’image fidèle ...
des informations complémentaires doivent être données» (article 11 alinéa 3)

..et «Si, en raison de situations spécifiques à l’entreprise, l’application d’une prescription


comptable de la présente loi ne permet pas de donner une image fidèle de l’actif et du passif, de
la situation financière ou des résultats, il peut y être dérogé ;...» (article 19)

Ainsi le concept d’image fidèle n’est pas défini de manière explicite par la loi, mais sa compréhension
résulte de ce qu’il est placé en tant qu’objectif que l’on atteint normalement par l’application des
prescriptions de la loi de manière :

 Régulière : en se conformant à ses prescriptions

 Sincère : en les appliquant de bonne foi, en fonction de la réalité et de l’importance des


opérations, événements et situations de l’entreprise.

Par conséquent, n’étant pas une notion bien définie par le Droit, l’interprétation du concept d’image fidèle
est essentiellement issue de la pratique des entreprises et de la doctrine professionnelle (voir n° 47 et
suivants).

3- La loi a voulu par là même responsabiliser d’avantage le chef d’entreprise ainsi que tous ceux qui
interviennent avec lui dans la tenue des comptabilités (article 1, alinéa 1, et article 24) en leur
demandant de produire des états de synthèse qui donnent une représentation fidèle de la réalité de
l’entreprise, et non pas seulement qu'ils soient réguliers en la forme.

Pour bien décrire la recherche de l’objectif d’image fidèle, il est utile de donner la méthodologie de cette
démarche :

 L’objectif de l'entreprise est de «produire» une image apte à «refléter» au public, l'état de son
patrimoine et de ses résultats. Cette image doit par conséquent être fidèle par rapport à sa source et
être ainsi la plus conforme à la réalité de l’entreprise.
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 L’établissement de cette «image» est normalement obtenue par l’application régulière des
prescriptions de la loi. Mais, la seule régularité des comptes obtenue par le respect de ces prescriptions
peut, dans certains cas exceptionnels, conduire à donner de la situation de l’entreprise une vision qui
ne correspond pas à sa réalité propre (1).

 Lorsque c’est le cas, la loi offre au rédacteur des états de synthèse deux solutions qu’il peut utiliser,
sous sa responsabilité, pour obtenir une image plus fidèle de la situation de l’entreprise (voir n° 49 à
53) :

 d’abord, apporter des informations complémentaires, au delà de celles qui sont légalement
demandées, pour mieux éclairer le lecteur sur certaines décisions comptables prises ;

 et si cela n’est pas suffisant, déroger à la ou les dispositions légales, dont la stricte application ne
permet pas d’obtenir une image fidèle.

Par conséquent, le rédacteur des états de synthèse doit éviter deux écueils:

 un respect démesuré des principes comptables qui conduirait à un application aveugle de règles
mal adaptées à des cas particuliers d’entreprises.

 un grand laxisme dans les possibilités de dérogations qui favoriserait des abus et rendrait les
comparaisons difficiles.

Le tableau ci-après permet de schématiser l'approche du chef d'entreprise dans sa recherche de l'image
fidèle, en faisant la liaison entre les attitudes d'esprit qu'il doit avoir à chaque étape et les actions
correspondantes qu'il doit effectuer pour atteindre son objectif.

1
Compte tenu de la connaissance intime qu'en a le chef de l'entreprise.
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TABLEAU : 2 SCHEMA DE RECHERCHE DE L'OBJECTIF D'UNE IMAGE FIDELE

ATTITUDES ACTIONS

RESPECT APPLICATION DES METHODES


PREVUES POUR L'ENREGIST-
REMENT, L'EVALUATION ET LA
PRESENTATION DES
 DES LOIS
OPERATIONS AUX ETATS DE
(1)
 DES REGLEMENTS SYNTHESE
COMPTABLES
(2)
 DE LA JURISPRUDENCE
 DE LA DOCTRINE
APPLICATION DE BONNE FOI
DE CES METHODES
SINCERITE DANS :

(4)
 L'EXHAUSTIVITE DES
ENREGISTREMENTS (3)
LA COMPTABILITE OBTENUE
 L'EVALUATION DES EST REGULIERE ET SINCÈRE
OPERATIONS
 LA PRESENTATION
AUX ETATS DE
(6)
(5)
RECHERCHE DE L'IMAGE
FIDELE :

OUI
OBTIENT-ON UNE IMAGE
(6)
FIDELE DU PATRIMOINE, DE LA
SITUATION FINANCIERE ET
DES RESULTATS ?

NON (6) bis


OUI
(7)
L'IMAGE FIDELE PEUT-ELLE
ETRE OBTENUE EN DONNANT
DES INFORMATIONS
COMPLEMENTAIRES A CELLE
DEJA REQUISES ?

IDENTIFICATION INTRODUIRE LA OU LES


DEROGATIONS AUX METHODES PREVUES POUR
OBTENIR UNE IMAGE FIDELE, AVEC MENTION PRESENTATION
AUX TIERS
A L'ETIC :
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Les choix laissés au chef d'entreprise pour refléter une image fidèle de la situation réelle du patrimoine et
49
des résultats de celle-ci peuvent être illustrés par les exemples suivants :

1/ Exemples de compléments d'informations nécessaires pour éclairer le lecteur sur certaines


décisions comptables importantes prises à la clôture:

 Dans le cadre d'une décision de restructuration prise en fin d'année, une entreprise a constitué une
provision "d'un montant très significatif" pour faire face aux coûts futurs liés à cette restructuration.
Elle décide de donner un complément d'information justifiant la nécessité de la restructuration, la
mesure de son impact financier futur et la base de calcul de la provision constituée.

 Une entreprise vient de rompre un contrat avec son fournisseur d'une usine clé-en-main, au motif
qu'elle refuse la réception mécanique pour des défauts que l'ensemblier ne veut pas reconnaître.

A titre de prudence, elle constitue une provision pour faire face aux conséquences financières
éventuelles dans le cas où l'arbitrage qu'elle a demandée n'est pas en sa faveur.

2/ Exemples de dérogation aux prescriptions de la loi

 Compte tenu (1) de l'importance des immobilisations acquises par crédit-bail dans le patrimoine d'une
entreprise (2) du fait que ces acquisitions sont réalisées au moyen de contrats avec option ferme
d'achat à la fin du crédit (3) de la nature spécifique des immobilisations et de l'inexistence d'un marché
d'occasion les concernant, une entreprise peut décider par dérogation aux prescriptions de la loi, de
comptabiliser ces biens en actif immobilisé amortissable, d'inscrire en dettes de financement la valeur
initiale du contrat et de retraiter la redevance de crédit-bail, partie en remboursement de dettes, et
partie en frais financiers.

 Une entreprise a contracté un crédit de financement de ses immobilisations en $ USA sur cinq ans,
pour fabriquer des produits exclusivement vendus sur le marché américain dans le cadre d'un contrat
ferme sur la même période. A la fin de chaque exercice, elle se limite, par dérogation au principe de
prudence, à provisionner uniquement les pertes de change liées aux échéances du crédit à moins d'un
an.

Dans ces deux types de situations, l'ETIC joue un rôle essentiel pour informer correctement le lecteur sur
la nature et l'impact des dérogations prises par le chef d'entreprises (voir n° 50 à 53).
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33 L’IMAGE FIDELE ET L’ETAT DES INFORMATIONS


COMPLEMENTAIRES (ETIC)

Le rôle de l’ETIC (1) consiste précisément à : 50

1- éclairer les conditions dans lesquelles les comptes ont été arrêtés;

2- préciser les modalités retenues par l’entreprise dans l’application de certaines prescriptions
de la loi (évaluation des transactions) ;

3- et donner les détails les plus significatifs sur le contenu des postes de l’actif, du passif et du
compte de produits et de charges.

Ainsi comme on vient de le voir (voir n° 46 et suivants), la loi établit une relation étroite entre l’image
fidèle et la quantité d’informations émises par l’entreprise. Le rôle de l’ETIC est précisément de compléter
les comptes proprement dits par toute indication de nature à éclairer le lecteur sur la situation réelle de
l’entreprise, en tenant comptes des règles d'évaluation et de présentation adoptées.

Cet objectif d’information économique et financière implique que l’ETIC présente tout élément
susceptible de compléter l’information donnée au bilan, au CPC, à l’ESG et au tableau de financement.

De fait, l’article 10 qui définit la fonction d’information de chaque état de synthèse, précise dans son
alinéa 5 que «l’état des informations complémentaires complète et commente l’information donnée par le
bilan, le compte de produits et charges, l’état des soldes de gestion et le tableau de financement».

33.1 UNE IMAGE FIDELE GRACE A DE NOUVELLES INFORMATIONS


COMPLEMENTAIRES

L’article 11 alinéa 3 prévoit que «lorsque l’application d’une prescription comptable ne suffit pas à
51
donner l’image fidèle, des informations complémentaires doivent être données».

Cet article ne le précise pas, mais les informations complémentaires que le rédacteur des comptes juge
nécessaire d’ajouter pour donner une image fidèle, doivent être insérées dans l’ETIC.

Les situations qui peuvent être à l’origine de ce besoin d’informations complémentaires sont diverses.

Il peut s’agir par exemple :

 d’événements liés à la constatation de provisions pour pertes et charges (pertes de changes


potentielles, incertitudes sur le sort de certaines transactions en cours ...)

1
1 voir présentation détaillée aux n° 160 et suivants
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SECTION 3: LA FINALITE DES ETATS DE SYNTHESE : L'IMAGE FIDELE

 d’opérations constituant des profits ou pertes non courants, qui du fait de ce caractère et de leur
importance sur les comptes de l’exercice, nécessiteraient un complément d’information (sur leur
origine, les modalités de leur détermination ...)

 de livraisons d’immobilisations à soi-même dans le cadre d’un programme particulier à


expliciter nécessairement.

 d’opérations liées à un financement exceptionnel de l’entreprise et qui engendre une


modification très significative dans sa structure financière.

33.2 UNE IMAGE FIDELE GRACE A DES DEROGATIONS

Dans des situations spécifiques, l’article 19 de la loi ouvre à l’entreprise la possibilité de déroger à
52
l’application d’une prescription comptable, lorsque cette dérogation est de nature à permettre aux états de
synthèse de donner une meilleure image fidèle de la situation de l’entreprise.

Lorsque cette faculté est exercée par l’entreprise, «cette dérogation est mentionnée à l’état des
informations complémentaires et dûment motivée, avec l’indication de son influence sur l’actif, le
passif, la situation financière et les résultats de l’entreprise».

Quand peut-il s’agir d’une situation spécifique ?

Jusque là, l’interprétation des situations spécifiques n’a pas été très abondante dans la pratique européenne
du fait d’une position très restrictive à ce sujet :

Est considérée comme situation spécifique pouvant ouvrir la possibilité à une dérogation, celle issue d’un
:

(1) - Evénement exceptionnel,


(1) - Non répétitif
(1) - Spécifique à l’entreprise
(1) - Et dont le traitement n’a pas été prévu par le législateur.

Ainsi, d’après cette doctrine très restrictive, toute situation spécifique à une entreprise ayant un caractère
permanent en raison de son secteur d’activité ne pourrait donner lieu à une dérogation.

L'application de cette position dans le contexte marocain serait discutable au moins pour deux raisons :

 L’article 19 de la loi ouvre la possibilité de dérogation, du seul fait de l'existence de toute situation
spécifique, qu’elle soit de caractère permanent ou ponctuel, pourvu que la dérogation puisse amener
effectivement les états de synthèse à donner l’image la plus fidèle possible.
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 Notre Conseil National de la Comptabilité, étant de création toute récente, n’a pas encore été en
mesure de proposer des réglementations particulières qui répondent à des situations spécifiques de
caractère permanent liées à la nature de certains secteurs d’activité.

C’est pourquoi, il nous parait indiqué de nous éloigner de l’interprétation européenne à ce sujet et
d’admettre toute dérogation justifiée et estimée nécessaire par le chef d’entreprise, sous sa
responsabilité, à condition qu’il se conforme aux dispositions de l’article 19 de la loi et qu'il
l’applique de manière constante d’un exercice à l’autre.

34. L’IMAGE FIDELE ET LA PREEMINENCE DE LA


REALITE SUR L’APPARENCE

Selon l’IAS 1 «les opérations et autres événements de la vie de l’entreprise doivent être enregistrés et
présentés conformément à leur nature et à la réalité financière sans s’en tenir uniquement à 53
l’apparence juridique».

Cette règle, érigée en principe fondamental dans les pays anglo-saxons, privilégie la réalité économique
des opérations et contrats sur leur apparence juridique.

Ainsi, par exemple les opérations de Crédit-bail d’une certaine importance sont comptabilisées comme des
achats à crédit et non comme des locations.

Cependant, la 4ème directive européenne, comme la loi comptable marocaine, n’ont pas retenu ce
principe.

Il n’en demeure pas moins vrai que, contrairement à l’attitude restrictive préconisée par la doctrine
européenne, les dispositions de l’article 19 de la loi comptable marocaine pourraient permettre à une
entreprise de déroger à la présentation de certains contrats de crédit-bail en tant que location, mais comme
achat à crédit (1), dans le cas extrême où du fait de l’importance déterminante de ce mode de financement
sur la situation patrimoniale de l’entreprise, cette présentation est effectivement de nature à permettre aux
états financiers de refléter plus fidèlement la situation financière et les résultats réels de l’entreprise.

35. L’IMAGE FIDELE ET LES PRINCIPES COMPTABLES

1
Essentiellement dans le cas de contrats avec option ferme d'achat
CHAPITRE 2 : ANALYSE DE LA LOI COMPTABLE
SECTION 3: LA FINALITE DES ETATS DE SYNTHESE : L'IMAGE FIDELE

L’établissement d’états de synthèse donnant une image jugée à priori fidèle par tout utilisateur, n’est
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possible que si l’entreprise devait appliquer des concepts et des méthodes préalablement définis et
publiquement acceptés.

L’utilité de la définition écrite des concepts et méthodes à la base de tout système comptable a été mise en
évidence, pour la première fois, par la première norme IASC entrée en application au 1/1/1975.

Elle a ensuite fait l’objet de débats approfondis au sein des pays de la C.E.E. pendant les années 80.

l’Ordre Français des Experts Comptables a notamment précisé que «chercher ... à définir un ensemble de
principes et de conventions cohérents entre eux c’est, du même coup, tenter de protéger les intérêts des
utilisateurs des comptes annuels... Ainsi, reconnaît-on mieux la nécessité de préciser les règles du jeu,
pour que les destinataires de ces comptes comprennent le message qu’à travers eux veulent leur
transmettre les dirigeants des entreprises» ( 1).

Il est donc certain que la formulation cohérente de conventions de base issues de la pratique (méthode
inductive), a finalement constitué le point de départ pour l’élaboration d’un modèle comptable,
admis au préalable par les différents partenaires économiques, comme apte à refléter normalement
l’image fidèle de l’entreprise (méthode déductive). (voir n° 36 et suivants).

C’est dans cet esprit que la loi marocaine, dans sa définition du modèle comptable national, a précisé les
55
principes comptables qu’elle retient comme fondamentaux, et sur la base desquels les états de synthèse
d’une entreprise sont aptes à «donner une image fidèle de son patrimoine, de sa situation financière et de
ses résultats».

Ces principes (voir n°56 et suivants) constituent des règles générales d’une importance essentielle,
desquelles découlent normalement des règles et modalités d’application qui assurent aux états de synthèse
une représentation fidèle de la réalité économique de l’entreprise.

1
OECCA - Actes du 36ème Congrès National français

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