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Morales du grand siècle, Paul Bénichou 

Introduction :
Intentions de l’essai, éclaire les choix méthodologiques / Origine = « désir » de retrouver les rapports
entre les « conditions sociales de la vie et ses conditions morales »
Conviction : connaissance des circonstances socio-pol de la formation des morales permet notre
capacité à évaluer les jugements et à mesurer leur pertinence pr présent (malgré variations historiques)

Effort d’historicisation des idées du XVIIe siècle / + ambition transhistorique = comprendre la


constante ds la condition humaine / Valeurs classiques non éternelles MAIS qu’en garder ?
PAS de stricte correspondance entre litté et sct, œuvre jamais simple reflet de conditions socio-pol
MAIS possible homologie : vie litté, vie des idées et vie de la sct carac par des « heurts de courants
divers »  débats et oppositions fondent approche du grand siècle
Conflictualité du XVII e = objet/corpus/méthode de PB  lire les textes des grands moralistes en
dégageant leur position ds les conflits récurrents de pensées selon excellence/médiocrité de l’humanité

3 tendances ds la discussion sur l’homme : 1) « morale héroïque » avec passage de la nature à la


grandeur 2) morale chrétienne rigoureuse : nature humaine porte sur néant 3) morale mondaine sans
illusions et sans angoisses, avec refus de la grandeur sans ôter la confiance
 tripartition nuancée et complexe (mais forme pédagogique de l’étude de cas)
PB réforme étude de la litté du XVIIe avec complication d’une vision homogène + déplace l’intérêt des
querelles litté aux débats d’idées
Envisager Classiques selon perspective éthique = défendre certaine idée de la litté non pas esthétique
MAIS comme ensemble de textes porteurs d’idées sur le monde
Réponse à une possible objection : risque d’une « systématisation hasardeuse » qui masque les
particularités des œuvres en en faisant des abstractions, risque de disparition de l’individuel ≠ collectif

Chapitre 1 : Le héros cornélien


Appelé par les contemporains de PB « Père du théâtre » : écrit contre les « souvenirs de collège » qui
font de Corneille un « classique aggravé » bienséant = remise en q° de la tradition critique assurant la
transmission de Corneille jusque 1940
Contradiction ds la réception de C : loué pr sa « puissance exaltante » ≠ sans « chaleur » et « passion »

Contradiction = passage d’une idéologie féodale (valeurs principales de l’orgueil, gloire, générosité) à
une nvlle tendance morale des vertus de l’honnêteté ≠ héroïsme
Influence persistante des idéaux chevaleresques/courtois ≠ lectures contemporaines faisant de C un
maitre de volonté, figure de la raison contre les passions  rejet de la réduction du sublime cornélien
aux rigueurs du devoir et au triomphe de la vol
Selon PB : nature orgueilleuse selon psychologie noble et valeurs aristocratiques de la féodalité
Exaltation du moi + primauté de la gloire ds les caractères de C = « air de famille »  étude des perso
féminin de Sophonisbe, Domitie, Cléopâtre selon soucie de gloire et appel de l’ambition
+ distinction entre diverses manifestations de grandeur, diff stratégies de défi ds malheur/succès/crime
Orgueil pas condamné univoquement comme péché + amour aiguillon de la grandeur
Influence de la tradition romanesque et précieuse avec place de la galanterie = disparate des
inspirations cornéliennes + recherche de l’éclat  expliquent les procès d’invraisemblance (Le Cid)
Diff inhérentes à la morale noble, contradiction des perso = non naturalité de Chimène
Prbl moral de conciliation entre orgueil et vertu = réponse optimiste de C = « le moi s’affirme, et
s’épure en même temps, dans le sens du bien »
Chapitre 2 : Le drame politique dans Corneille
Place de l’esprit aristocratique et des valeurs féodales ds théâtre de C : étude des « traces » des conflits
pol entre aristocratie et pouv (non pas slt influences chevaleresques et courtoises)
 « écho » « empreinte des remuements aristocratiques » : contestation des maximes absolutistes
Hypothèse indiscutable selon PB de l’animosité de Richelieu pr Le Cid et C
Matière politique des pièces : prédominance d’un discours anti-absolutiste = écho ds Le Cid du
« brouhaha de protestations » contre interdiction des duels par Richelieu et Louis XIII en 1626
+ condamnation des abus de pouvoir + moins conciliant pr toute-puissance monarchique
PAS « partisan » ou « défenseur conscient de la cause des Grands » MAIS politique ≠ « broderie »
 politique pas slt « rhétorique » (selon Brunetière) : pol = trace des débats et évènements du siècle
Actualité n’est PAS une matière précisément identifiable MAIS une « atmosphère »
Nicomède : intrigue en résonnance avec Fronde contre Louis XIII/Mazarin avec sédition de
Nicomède-Condé qui finit avec succès
Rapprochement avec des attaques philosophiques contre tyrannie (Montesquieu) MAIS pas un
théoricien politique = réflexions sur le fonctionnement du pouv et divers régimes politiques
PAS de clôture d’un débat MAIS vol d’en « tirer l’effet dramatique le plus intense »
MAIS pas un « pur exercice de rhétorique »

Chapitre 3 : La métaphysique du jansénisme


Lien aux 3 chapitres précédents / Articulation par opposition et contraste à l’orgueil héroïque et
aristocratique du héros cornélien ≠ pessimisme janséniste et dissolution du moi
Tentative pr définir jansénisme comme courant de pensée + 1 ère histoire selon situation par rapport à
l’augustinisme du siècle
Q° de la grâce : après péché originel, homme déchu ne peut pas accéder au Salut que par grâce divine
 aucune incidence des actions/mérites/démérites sur terre
Observation des conduites et valeurs morales de chaque conception théologiques (jansénisme ≠
molinisme ≠ jésuite) / Comment les partisans de Port-Royal juge la nature humaine
Doctrine de la Grace efficace = source d’un rigorisme moral des jansénistes MAIS surtout « mise en
œuvre théologique d’un parti pris de défiance et de sévérité envers l’homme »
Pensées de Pascal : énonciation apologétique avec adresse à un libertin qui doit être converti = contre
l’optimisme moral qui réconcilie le christianisme avec l’idéalisme aristocratique
Réfutation de l’idée de degrés intermédiaires conduisant homme au salut par les Jansénistes
Rejet des délices des arts/sciences/réputation par Desmarets de Saint-Sorlin + rejet de l’oraison
mystique (querelle des Visionnaires entre Nicole et Desmarets) / Elévation stoïque des perso de
Corneille = péché d’orgueil / Oraison mystique déguisée sous apparence de piété surnaturelle MAIS
slt expression de la nature concupiscente de l’homme
Amour-propre pervertit tout  soupçon jeté sur toutes les vertus
Paradoxe de Pascal : pas de grandeur accessible à l’homme MAIS slt connaissance de sa condition
misérable + adhésion au pari

Chapitre 4 : La démolition du héros


Pessimisme moral = « entreprise de dissolution de l’autonomie humaine »  idéal héroïque de
l’aristocratie féodale renvoyé au passé : triomphe de l’absolutisme de Louis XIV + importance des
morales ds sphère littéraro-mondaine du salon de Mme de Sablé de 1660-1670
Mise à bas du « désir de gloire » = valeur aristocratique faisant la grandeur de tout carac chez
Corneille, chemin possible de vertu et salut de l’âme ds christianisme ≠ dépouillé de tout prestige
Désir de gloire ≠ moteur de la générosité héroïque MAIS manifestation de la libido dominandi
 appétit qui porte homme déchu sur l’accaparement et la possession DONC gloire = amour-propre
Pensées de Pascal / Trois discours sur la condition des Grands / Traité de l’Education du Prince par
Nicole / Pensées diverses de l’abbé d’Ailly = mise à bas des prétentions de la noblesse à faire reposer
leurs qualités sur la naissance MAIS désir de gloire ridicule
Mise à mal de la conscience, du sentiment intérieur de soi, de l’hypothèse de causalité inconsciente ds
ses propres actions  homme aveugle aux mouv de l’intérêt et de l’amour-propre
Bel-esprit = slt détour rusé et mensonger de la raison pr éviter de considérer sa propre misère
Assaut contre l’idéalisme noble et le sublime héroïque mis en rapport avec contexte politico-social de
l’échec de la Fronde et de l’affaiblissement de l’aristocratie
Vertus chevaleresques dégradées ds les Maximes de La Rochefoucauld

Chapitre 5 : La parti janséniste


Quel est le sort réel du jansénisme ? Tentative pr « définir socialement le jansénisme » (Sainte-Beuve)
Doctrine théologique avec positions sur la nature humaine + hostilité face à trad morale aristocratique
MAIS Port-Royal = « un milieu et un parti » lié aux officiers et aux robins (avocats)
Rappel des grandes étapes de l’histoire sociale et politique du jansénisme : conflits avec pouv de Louis
XIV  incompatibilité profonde entre doctrine théologique de Port-Royal (désir d’autonomie morale)
≠ soumission servile au pouvoir absolu du Roi/Rome
Rapports complexes entre sct et parti du jansénisme : échec de la théologie MAIS réussite de la morale
janséniste avec défiance face à la nature humaine et à l’exaltation du moi  devient ennemi du pouv
monarchique et romain + extension de la condamnation des fausses vertus à l’échelle de la sct entière
Pascal : disqualification des coutumes/dignités/justice/autorité = « masques de la puissance brutale »
Jansénistes censés être fidèles au Roi MAIS abbaye de Port-Royal des Champs rasée en 1713

Chapitre 6 : Racine


Analyse du théâtre racinien selon « oscillations entre le sublime traditionnel et une psychologie qui le
contredit »
Passe en revue toutes les tragédies : 1ers essais non connus (Thébaide, Alexandre)  « psychologie de
Racine se rattache aux vues inhumaines de Port-Royal »
Vol de correction de la trad critique selon enseignement scolaire : ne pas exagérer « l’opposition »
« de l’héroïsme et de la tendresse » ou encore du « cruel Racine » au « tendre Racine »
Repérer les innovations de Racine avec Andromaque + redéfinitions successives du genre tragique
 intro d’un amour violent, meurtrier, avide, prédateur, cruellement autodestructeur = positions
chrétiennes rigoristes sur l’amour
Tragédie = parodie des modèles courtois/héroïque « réduits à une façade verbale »
Inflexion du genre ds le sens du gout/valeurs du public = accomodation du sublime tout en l’altérant
Drame politique pas absent des tragédies : Britannicus, Mithridate, Esther, Athalie
MAIS critique du despotisme PAS par un éloge grandeur/magnanimité : religion = « seule source de
culpabilité désormais possible pour l’absolutisme »
Audace pas slt ds la violence MAIS alliage entre ressources habituelles du genre tragique (sublime)
avec nvlle conception naturaliste de l’homme = humanisation de la figure du héros

Chapitre 7 : Molière


Dénonciation du « caractère systématique » des interprétations de Molière selon des pièces à thèses
 censées former sagesse conservatrice / « critique judicieuse et moyenne de tous les excès humains »

MAIS selon PB expression morale de Molière = « la raison accordée aux choses » = morale sceptique
libérée de l’angoisse (≠ démolition de l’idéalisme par les jansénistes)
Réhabilitation de la « galanterie à grand spectacle » des comédies : comédies-ballets spécificité
Relecture comparée d’Amphitryon et Dom Juan = mise en débat du « fait social du privilège »  Dom
Juan = « déchéance politique de l’aristocratie » + ridicule de ses prétentions/conflit à la loi chrétienne
Moquerie du bourgeois ridiculisé (M. Jourdain, Georges Dandin) / Quelle critique des Précieuses ?
 requalification de ses rapports à la préciosité et au féminisme : « rend illusoires les prétentions de la
morale romanesque, mais demeure dépouillé de tout esprit de dénigrement » = 3ème voie ds la
« Querelle des femmes »
Tartuffe / Misanthrope : « puissance irrésistible de la nature engendre ici une irrésistible indulgence
qui se communique, au moins par le rire, à toutes les formes, même les moins belles, du désir »
 philosophie de l’agrément ou morale « démoralisée » MAIS tendance à la soumission/acceptation
de l’ordre établi

Chapitre 8 : Réflexions sur l’humanisme classique


Epilogue selon orientation transhistorique à son entreprise historienne : pas de nécessaire séparation de
ce passé à notre présent  « grandeur des siècles classiques » = « philosophie morale » donnant à
l’humanité « son véritable prix »  « revalorisation de l’humain » nécessaire
Contre les réactionnaires : affirmation de la continuité entre classicisme et Lumières
OUVERTURE PERSONNELLE :
Barthes, le degré zéro de l’écriture : la négation restrictive et l’effort de démystification chez La
Rochefoucauld / Relation d’identité déceptive = expression « n’est que »  relation démystifiante
avec réduction de l’apparence (constance, clémence) ) sa réalité (pol, art)
PAS simple dévoilement (« en effet » « en réalité ») = réducteur avec définition du plus par le moins
Relation déceptive = expression logique du pessimisme MAIS pessimisme ambigu car avec
explication  désillusion + mouv positif de rationalisation /
Ecriture non systématique des moralistes avec tendance à la fragmentation = analyse de La Bruyère
par Barthes
La Rochefoucauld dans ses Mémoires : aveuglement des hommes face à leurs capacités + histoire pas
gouvernée par la raison MAIS logique de hasard malgré la lutte des aristocrates
Perversion des moralistes dans Liaisons dangereuses = parodie des morales pour les mettre à distance
Figures excessives des « Prudes » qui incarne les héroïnes raciniennes
Déchéance de l’aristocratie cantonnée au boudoir (cf cours Jamois)
Critique du tragique racinien chez Molière : Tartuffe scène 3, acte II = position ridiculement outrée de
Marianne qui veut se tuer pour échapper à la loi de son père ≠ Dorine qui joue indifférence avec
condescendance  critique du tragique de Racine ?

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