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PROFESSOR J.S.WILL
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University of Ottawa
littp://www.arcliive.org/details/duchristianismeaOOIote
DU CHRISTIANISME AH GERMANISME
^ ET
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hi
'
Ù
A MES PARENTS
/«^9431,
/
AVANT- PROPOS
De la Méthode historique.
Ce livre sur les origines du « Germanisme » *
prendre.
Xulle part la souplesse de la méthode n'est plus
nécessaire à la libre recherche, que dans un
domaine étendu et nouveau: nulle part, au con-
traire, ne seraient plus stériles les préjugés
scolasticjues, dont le propre est de produire des
résultats médiocres avec un pesant appareil, en
des sujets dénués d'importance.
Or, les vastes conceptions sont indispensables,
et l'intelligence du détail ne va pas sans elles.
vérité.
René Lote.
PREMIERE PARTIE
Les causes d'une Évolution intellectuelle
l'Histoire des Religions au X VHP siècle.
CHAPITRE PREMIER
1" Courant ; L'Apologétique chrétienne en Histoire,
et son développement moderne.
tement, que des circonstances qui les amènent. Mais, pour l'intel-
ligence de ces faits qui sont des idées, et pour mieux saisir ainsi
les conditions de leur existence, l'on doit user de rapprochements
instructifs entre des phénomènes souvent fort distants, en s'aidant
surtout des plus récentes vérités de la Science. A cet égard, le
présent sert sans cesse à l'interprétation du passé (cf. ci-dessus,
10 RU CHRISTIANISME AU GERMANISME
Le renouvellement moderne.
18. Cf. une lettre du 20 sept. 15'i2, de Goa, Die Briefe des heiligen
Franz von Xavier..., l. Bd. Kôln, 1836.
24 DU CHRISTIANISME AU GERMANISME
et de la « Nature ».
apologiste de la Religion.
Ainsi les historiens chrétiens, reprenant les don-
nées primitives de l'apologétique, mais pour les
exagérer, servei^t les idées de « Nature » et de
« Raison », au lieu de s'en servir. La religion,
certes, n'est pas abandonnée, mais elle évolue, se
répand hors du christianisme, déborde sur le siècle ;
46. Mém. Ac. Inscr., t. XXVII. 3« Mém. sur le Principe actif île
l'univers, par M. l'abbé Le Batteux, 1757, p. 225.
l'apologétique chrétienne en histoire 39
47. Mém. Ac. Inscr.. t. XXXI. 5e Mém. sur les anc. Philos, de
l'Inde, par l'abbé Mignot, 1762, p. 333.
iS. Mém. Ac. Inscr., S*? Mém., 1761, p. 128.
49. L'abbé Le Batteux, op. cil., 17.56, t. XXVII, p. 208.
50. ni.s.sertatlon sur l'union de la Religion, de la morale et de
la politique tirée d'un ouvrage de M. Warburion [La Mission
:
même, et séduit —
sans qu'il le Teuille par son —
espérance persistante et ses visions étendues, sa
domination de l'Histoire. L'esprit moderne suit le
conseil de cette ambition prodigieuse évocateur;
L
42 BU CHRISTIANISME AU GERMANISME
d'avis que parmi animaux on choisit, pour les adorer, les plus
les
utiles comme plus nuisibles, à cause de leur utilité ou de
les
leur nature dangereuse. (Meixers, Ueher den Thierdienst der
.Erjyptiei, in seinen verm. philosoph. Schrifteii, I. Th. Leipzig,
1775, p. 192 sqq.)
10. Les causes physiques des mythes ou des fables, dit l'historien
Heyne en I7&i, se rencontrent en partie dans la nature de
<•
hebr.
18. Id , p 14.
l'expérience historique et les idées nouvelles 53
térique « Vérité ». —
Les anciennes religions reven-
diquèrent un privilège de même espèce elles pos- ;
religieuses.
La persistance du préjugé de l'Initiation, en
matière de connaissance, tient donc étroitement à
la vie mystique. Ce n'est pas qu'il soit indispensable
à toute religion. Le christianisme, tel que nous le
voyons, n'a pas d'école de Mystères mais précisé- :
7. hl., p. 1.
8. EnthiUlinig des Systems der WeUhnrgcr-Repiiblik. Rom, 1786.
p. 411.
9. Der Sionatsin-n ader die enthûllten sàmmtlichen sieben
Grade der mystischcn Frebyiaurerei nebst dcm Ordeii der Ritter
des Liehts, p. 132.
10. System der Frymdurerloge Wnhrheit und Einigkeit zu den
drey gehronten Suuleu In P" (Prag), 1594 (1794), p. 55.
l'espkit du xviri- siècle 71
2" degré. —
La personnalité du Clirist est un
attrayant sujet pour la fantaisie des théoriciens;
ne demeure-t-il pas, parmi les maîtres religieux de
riiumanité que l'Histoire convoque pour un ins-
tructif taLleau, le plus imposant par l'autorité
historique de sa doctrine, par son « humaine »
importance ? Chacun imagine à son gré le sens de
la « Yie de Jésus » elle est un modèle de ce :
52. Abraham Roger, Offne Thûr..., op. cit., ûbers. Xiirnb., 1663.
Vorrede an den gûnstigen Léser.
53. \fém. de VAc. dex Inscr... t. XXXI. 2e Mém sur les anc.
Philos, de l'Inde, par M. l'abbé Mignot, 1761, p. 128-129.
54. Mém. Ac Inscr..., t. XXVII. 2e Méra sur le principe actif de
l'univers, par M. l'abbé Le Batteux, 1756, p. 208.
88 DU CHRISTIANISME AU GERMANISME
La Crise allemande.
CHAPITRE ly
1. chapitre IV.
Cf. ce
2. ci-dessous, chap. V.
Cf.
3. Id., chap. VI et VII.
4. M., chap. IX.
LE DANGER d'iRRBLIGION ET LE PROBLÈME POLITIQUE 95
21. Mehr Noten als Tcxt oder die Deutsche Union der lier, eines
neuen geheimen Ordens zum Besten der Menschheit, par
J. J. Ch. EODE. Leipzig. 1789, p. 59.
2-2. Id., p. 87-90.
LE DA>'GER D'IRRÉLIGION ET LE PROBLEME POLITIQUE 105
institué directeur. —
Vers cette époque, au rapport
d'un autre contemporain ^3^ retentissait de divers
côtés une clameur d'alarme le progrès des :
philosophes, professeurs, —
prêtres d'un Etat, pour-
rait-on penser.
Moïse Mendelssohn ^5^ en 1700, critiquant la
« Bibliothèque philosophique de léna», publiée sous
la direction du conseiller aulique Daries, signale
avec humour dès cette époque, la religieuse vénéra-
tion qui eutoure le Professeur. « T^ii professeur est
vernement! —
Il vaut mieux, en ce cas, que le diri-
geant n'ait pas appris à écrire, et garde seulement
une main ferme et solide, pour apprendre à écrire ou
combattre au besoin plutôt que l'esprit, le coup
;
affermit.
Pour la Révolution, les « pontifes » et les
« culture ». Là où il ne s'agit
et les initiateurs d'une
que de caporalisme, une organisation intellectuelle
s'affirme, et construit l'Etat du présent ou de
l'avenir. Il sera aussi « religion » : ne représente-t-il
pas l'essentielle raison d'être, pour les « croyances »
p. 148.
LE DANGER d'iERÉLIGION ET LE PROBLEME POLITIQUE 121
class. 10.
63. J. A.' HERMES, OV- cit., p. 738-739.
64. /cf., p. 747.
124 Df CHRISTIANISME AU GERMANISME
7. Cf. Herder.
l'allemagxe protestante et le danger catholique 129
Le a rationalisme
» protestant s'est appelé « pra-
tique en devenant mystique à ce prix, il reprend
» :
maintient l'Eglise.
L'ALLEMAGNE PEOTESTAXTE ET LE DANGER CATHOLIQrE 135
5
146 DU CHRISTIANISME AU GERMANISME
réplique ». —
La piété, d'après Daniel-Joachim
Kœppen ^^^ demeure une pure question de cons-
cience, « totalement indépendante de toute régle-
mentation humaine », tant que l'individu la garde
« pour lui sev.1... Jusque-là, la croyance est complè-
p. 442-443.
15-4 BU CHRISTIANISME AU GERMANISME
perdu.
Aussi, la « religion du cœur », pure et univer-
selle, qu'appelle le mysticisme protestant, est-elle
singulièrement encline à quelque restauration ou
renouvellement catholique, qu'en effet le Roman-
tisme du siècle finissant apportera au siècle nou-
veau comme une mode passagère. Ce n'est, en
"1,
Dès
lors, si l'on retourne à la foi du cœur, n'j-
a-t-ilpas là certain mysticisme où perce l'habileté
catholique ? La ruine des croyances ne prépare-t-elle
point les voies à une autre croyance ? Quel lien
secret entre la libre-pensée — danger intérieur —
et la superstition, où se reconnaît un retour offensif
de l'esprit catholique! Des deux façons, le cri
d'alarme est justifié : sauvons l'Etat, sauvons le
protestantisme! La lutte contre l'irréligion et la
campagne contre la superstition mènent un même
combat, pour l'intérêt de l'Etat protestant '^^.
87. Id. 6. Ed., 17S5. Berlin, Julius 17S5. 4. Ueber die Besorgnisse
der Protestanten in Ansehung der Verbreitung des Katholicismus.
An Herrn Doktor Biester. Vom Hrn. Prof. G.\rve In Breslau,
p. 19-21.
L'ALLEMAGNE PROTESTANTE ET LE DANGER CATHOLIQUE 161
Le libraire Nicolaï'35
dénonçait en même temps
les « missionnaires publics » du catholicisme et
ses « secrets émissaires »et aussi l'oppression hié-
;
l'ordre intérieur i
de plus, le catholicisme est un
;
3. Cf. ci-dessous,
4. Lettre écrite d'Ingolstadt le 25 janvier 1782 et publiée dans
le Nachtray zu den Originalschriften der Illumi»atcn. Mùnchen,
1787, p. 28.
5. Joh. Aug. Stakk, KryptuhathoUcismiis..., II. Ed., p. 173.
l'étatisme, ou la discipline en face de la vérité 177
néamnoins ne
Nicolaï, qui tient à se disculper, et
saurait absolument, reconnaît sa sympathie
nier
envers riUuminisme, mais pour en préciser le degré
pas » 33. —
De même, la « Bibliothèque » de
!Xicolaï vantait en 1777 le libéralisme du clergé
catholique. Soudain, le péril jésuitique est dénoncé
par les libéraux de Berlin. Il ne s'agit plus d'une
simple imitation des principes du papisme, mais
d'une propagande précise pour les intérêts de Rome.
Alors se déchaîne la campagne que l'on sait ^.
En revanche, les orthodoxes menacés accusent les
libéraux leurs accusateurs. Si Stark est suspect de
catholicisme, le D'' Biester n'est-il pas convaincu
de a pur déisme » ? Expliquera-t-il comment cette
libre-pensée peut s'accorder avec son prétendu zèle
pour son Eglise?... ^s. L'orthodoxie avait pour elle
quelque apparence de logique croyez ou ne croyez
:
drons.
Si chacun se défend, c'est pour accuser l'adver-
saire, Ts^ous avons vu que les mystiques suspects
criaient à l'intolérance. On ne se ménage pas les
sarcasmes. Fichte écrit que Nicolaï est un sujet
rare, pour 1' o historien de la littérature et le
pédagogue », comme type paifait d'un esprit à
o
68. Cf. ci-dessus, la fin du chap. IV, où nous avons insisté sur
l'aspect original du problème tel qu'il se présente en Allemagne.
202 DU CHRISTIANISME AU GERMANISME
« renverser la religion ? —
prouvé que c'est
je lui ai
impossible ou bien peut-être « organiser autre-
» ;
« besoin d'Etat ». —
L'Eglise protestante est une
association religieuse. Le peuple qui s'y assemble a
besoin d'une règle certaine. Dès lors il faut conférer
à la doctrine religieuse une ferme autorité. Tel est
le rôle du Prince car le peuple, par un contrat
:
a propos de la
113. Tolérance », citons un autre passage de
la comédie • de Bahrdt. Il attribue la rédaction de l'édit au
"
à ce sj'stème —
« ne peut-il pas ordonner par des
Conscience de fonctionnaire.
p. 30.
146. Cf. ci-dessus, chap. I-III.
l'étatisme, ou la discipline en face de la vérité 227
Vers le Germanisme.
CHAPITRE VII
sant.
3. Chap. Xll-IX.
4. Cf. le présent chapitre. Cf. aussi Schelling p. ex., ci-dessous,
chap. IX. — C'est un système « pragmatique », mot déjà fréquent
à cette époque. Le Pragmatisme consiste à se donner volont<ii-
rement l'illusion d'une « vérité nouvelle, conforme au désir ou à
>•
tisme d'Etat.
LA GENÈSE D'uNE VÉRITÉ « PRATIQUE » 23i
nité de la Bible. —
Ainsi l'on dénonce une faillite
de la connaissance, mais celle-ci se réveille à l'appel
de la volonté. Ce processus intellectuel est nettement
exposé par Fichte. Comment savoir si un miracle
fut ou ne fut pas P « Il n'est absolument pas possible
d'en recevoir l'idée a posteriori par le phénomène
donné ». Mais cette idée elle-même « est là, a
priori » c'est donc à la « raison » de décider « si
:
L'argument « pratique ».
19. Kant, Dcr Stieit der FacitUatm, 179S. — Kant, éd. cil.,
La Religion rénovée.
23. Kant, Kritih der prahtischen Vermmft, 1788. — Kant, éd. cit.,
I. Abt., 5. iid Préface de la « Kritik... », p. 5.
Opportunité du système.
Kant^^, à « la connaissance de
c'est-à-dire », écrit
tous les en tant que commandements
devoirs
divins ». Elle satisfaisait au désir énoncé entre
autres par Steinbart ^ au milieu de la crise sociale :
7*
242 DU CHRISTIANISME AU GERMANISME
58. Cf. Kant, Der Slreit der f'arvliùlen, 1798. — Kant, éd. cit.,
1. Abt.. 7. Bd. Préface, p. 6.
.^9. /ri., p. 10.
60. Cf. ci-de.ssu.s, chap. VI.
248 DU CHRISTIANISME AU GERMANISME
Révélation ^6 —
si nombreuses que puissent être les
64. Kant, Der Streit der Facultdten, 1708, éd. cit., l. Abt., 7. Ed.,
p. 65.
65. D. .Johann Georg Rosen.mCller, EiiUtje Rcnininiiujtn dos
Studhim der Théologie betreffend. Nehst einer .Xbliaiulliing ûber
einige Aeu.sserungen des H. Prof. Kant, die Auslegung der Bibel
betreffend. Erlangen. 179'i, p. 72-73.
66. Snell, Critili der Volksmoial..., op cit., p. 187.
67. Id , p. 274.
250 DU CHRISTIANISME AU GERMANISME
68. K.\.\T. Kritik der praktischen Verminft, i~8S.— Kant, éd. cit.,
l'Idée suprême ».
75. —
K.\NT, Kritlk der Urthcilskralt, 1790. K.\nt, éd. cit., 1. .\bt.,
5. Bd., p. 451.
76. Kant. Kritik der praktischen Vernunft, 1788. — Kant, id .
p. 122.
77. Id.. p. 83-84.
LA GENÈSE d'uXE VÉEITÉ « PEATIQUE )) 253
lisme...
Mais ce n'est pas en vain que le principe, par une
fiction mjstique, reste supérieur à l'Intérêt qu'en
réalité il cherche à se concilier sans cesse. D'abord,
il est le prétexte d'une vertueuse exaltation chimé-
« vertueuse » Discipline.
més.
p. 247-249.
101. Un (adversaire de Flchte représente ce professeur démon-
trant à ses étudiants d'Iéna « qu'ils se suffisent à eux-mêmes »,
qu'ils sont des dieux », et les auditeurs s'écriant
•< « tu es notre :
derne au contraire,
;
le sens de la clarté peut grandir
avec les modernes : il sera toujours classique et
humain.
Donc, ce qu'il faut entendre par 1' « esprit nou-
veau », c'est la nature fie ses occupations et l'exten-
sion de ses connaissances. Mais, de plus, il lut
« moderne par
» opposition à une autre mentalité,
qui n'était en vérité ni moderne ni rien d'accep-
table la folie métaphysique du Moyen-Age. C'est
:
marchands qu'il
diverses fois plusieurs matelots et
avoit cogneus en ce voyage » Alors Montaigne se
'^
.
« nature » perpétué —
tous ces rêves ne formaient
:
î3 Cf. ci-dessus.
2/1 DU CHRISTIANISME AU GERMANISME
lumières de la raison ».
Mais voici que ces « lumières » de la Nature ou
de la Raison, invoquées par les apologistes, se
retournent maintenant contre le christianisme qu'ils
croyaient défendre les vanter, n'est-ce pas assez
:
tisme '^o. —
L'Evangile nouveau semblait donc libé-
rateur, il encourageait à la Révolution. L' « Illu-
minisme » en Bavière, et aussi, dans toute l'Alle-
magne, des imaginations tentées par la France,
accédèrent —
du moins pour un temps à cette —
forme d'enthousiasme.
Le
« naïf » âge d'or n'est plus l'homme a déserté
:
80. Cf. no.s " Origines my.stiqtie.s tie la Science " allemande " >.
294 DU CHEISTIANISME AU GERMANISME
irgend eine Art von Tâuschuvg dem Vnlke zntràglicli. seyn ?...
Berlin, 1780. p. 15.
296 DU CHRISTIANISME AU GERMANISME
89. Par suite, le retour à la Nature ne fut pas ici, comme chez
Rousseau, l'occasion d'un dangereux optimisme social. Ou en
tous cas son influence fut contrebalancée chez les artisans mys-
tiques de l'Etat futur, par l'idée de la Discipline indispensable et
du « Mal » permanent.
90. Cf. ci-dessus, chap. VII.
91. Das protestantische Freymaurerhlerihat. Aus den eigenen
Schriften uud ungedruckten Papieren desselben gezogen. Mit
Protokollen. 1788, p. ii.
A LA RECHERCHE d'uN IDÉALISME 297
99. Joli. Adolf DoRi, UehtT dus hochste Gut und dessen Vcr-
Mndung mit dem Staate. Ein Versuch. Leipzig, 1798, p. 212.
100. F. W. J. VON Schelling, Sâmmtliche Werke, 2. Abt., 4. Bd.
Philosophie der Offenbarung Stuttgart und Augsburg, 1858, p. 270-
.
271.
101. Cf. ci-dessus, chap. IV.
102. Joh. Willi. Rectti:, Nener Versuch uber die Granzen der
Aufkhiriiiuj, Dusseldorf, 1789, p. 88-89 et 98.
A LA EECHERCHE d'uN IDÉALISME 299
Le Magisme nouveau.
apôtre de la Nature, —
fonction belle et sacrée...
Quiconque ressent une intime nostalgie pour la
nature, quiconque cherche tout en elle, quiconque
est pour ainsi dire un organe sensible de son activité
secrète, ne reconnaîtra pour son maître et pour le
confident de la Nature, que celui qui parle d'elle
avec dévotion et foi, et dont les discours ont cette
force indissoluble, cette pénétration merveilleuse,
La « Culture » et le Germanisme.
occupent s.
Et la solution ne manquerait pas d'ingé-
niosité : « les histoires miraculeuses racontées dans
les livres des Evangélistes », bien qu'elles ne soient
plus « des histoires miraculeuses proprement
dites », poui^raient être considérées « comme des
événements naturellement miraculeux. \ aurions-
nous un réel avantage ? D'après notre sentiment, le
Christianisme aurait gagné là une preuve très
féconde, ferme et valable, de sa divinité... » '''.
7. Id., p. 289-290.
8. D. Georg Fr. Seiler, Ueber die gottUchen Oftenharungen.
Vornehnilich die welclie Jésus und seine Gesandten empfangin
haben. Erlangen, 1. Theil, 1796, p. 368-369.
9. Cf. nos " Origines mystiques de l;i Scienc^î " allemande
" »,
308 DU CHRISTIANISME AU GERMANISME
prouve » 1^.
Ainsi le problème de la Révélation ne se présente
plus avec cette netteté déconcertante qui avait
effrayé le rationalisme protestant devant les progrès
de l'Histoire. Est-elle véritable, cette Révélation,
peut-on la prouver ? -A quoi bon ? L'Histoire est—
infirme par elle-même, elle ne saurait fournir
aucune preuve, qui ne lui ait été suggérée par le
Beligionsgeschichte, p. 1.5.
21. Kant, Die Religion innerhalb der Grenzen der blossen Ver-
minft, 1793. — Kant, éd. cit., l. Abt., 6. Bd. Berlin, 1907, p. 112.
22. D. G. Fr. Seiler, Ueb. die gôttl. Offenb..., l. Tb., 1796.
Avant-propos (non paginé, p. 10).
312 DU CHRISTIANISME AU GERMANISME
gion ?» 25 —
problème que le commentateur résout
par l'affirmative. Alors il présente le cas d'un
peuple dont les idées religieuses manquent de cette
netteté et de cette « certitude » « qui est nécessaire
pour qu'elles soient utilisables pratiquement ». Par
exemple le peuple peut avoir l'obscure notion d'une
vie future et d'un état de récompense, mais sans
qu'elle soit soutenue par des motifs suffisants dès :
pratique ? Or l'époque où
le « Besoin » de
c'est
l'Allemag-ne protestante, exprimé par des philo-
sophes ou théologiens qu'inspire un nouveau Logos,
prophétique mais utilitaire, exige de Dieu une reli-
gion et un univers également soumis aux postulats.
Kant déjà en 1788, évoquait « le Dieu qui parle »,
disait-il, « par notre propre Raison pratique » ^9.
Dieu, créature des postulats, Dieu qui subit, selon
Fichte, leur loi « constitutive », n'est plus différent,
dans Schelling, de la volonté agissante ^o. Un mys-
tique de l'époque, embrassant la Nature et Dieu
en quelque orgueilleuse et volontaire synthèse,
s'écriait : « Oui, j'agis sur l'Etre des êtres, sur
Dieu » 31. Dieu, dira plus tard un pangermaniste,
« ne s'offre pas de lui-même, mais il doit être ar-
raché de force au ciel » ^s.
utile à l'homme. —
La Révélation chrétienne n'est
qu'une étape de cette providence immanente, au
service du besoin d'un temps. De la sorte les reli-
gions, événements de l'histoire, deviennent les sjm-
boles d'une préparation tout à la fois habile et
fatale, naturelle et mystérieuse,que démêlent quel-
ques théoriciens inspirés. La providence est au
service de la o Culture » humaine, c'est-à-dire de la
« Raison » du théologien éducateur. Celle-ci ne
retrouve-t-elle point en elle-même le sens de l'hu-
manité ? Elle le veut, elle le sait. Tout homme, dira
1765, p. 185.
.50. Cf. Ci-dessus, chap. VI.
51. G. S. Steinbakt. Prùfima iler Betvetjitngsyiûinlf znr
Tufjend... Berlin. 1770, p .50-51.
52. D. Joh. Sal. Semlkr, Mof/nzin ftir die Religion , 2. Theil
Halle, 1780. Préface.
53. Cf. ci-dessns, cbap VI.
322 DU CHRISTIANISME AU GEEMANISME
6â. .J. W. ScuMiD, Ueb r den Geist.... op cit. Jena, 1790. p. 38-39.
66. Fr. Lange, Reines niiitschtiim. k. Auflage, Berlin, 1904,
p. 133-134.
67. Cf. ci-dessus
LA « CULTURE » ET LE GERMANISME 327
pour l'Etat futur qui déjà se dessine: — cf. ci-dessus, chap. VIH.
76. ID., Nuchricht von der Einrlrhtnvg in Vnlerricht, ) ^hrart
7ind Erzieliuvg auf dem padaqoçihim zn Kloster Berge, welche
me diircU dev Druck liehannt gemacht worden. Réimprimé ici,
p. 34
330 BU CHRISTIANISME AU GERMANISME
écoles ? —
Les militaires, classe qui doit être tou-
jours prête à marclLer courageusement au-devant de
la mort ^^ ». Tels étaient les principes éducatifs de
liasedow, fondateur et directeur d'un établissement
pédagogique à Dessau. Idéologie parfaitement
réaliste, qui déjà instruisait l'Allemagne Or le !
a De même qu'il y a » —
écrit Hippel dans un
célèbre roman de 1T94- « —
une Eglise invisible
ou une coalition qui adore Dieu non pas à
Samarie ou à Jérusalem, mais dans l'esprit et
dans la vérité, et qui en ses frères honore Dieu,
et qui le voit dans l'humanité, il y a aussi une mw-
sible constitution d'Etat. Dans celle-là sont des
supérieurs et des porte-paroles, sans qu'ils aient
reçu les Ordres et de même dans l'invisible admi-
;
104. II. VON Treitschke, op. cit., 26. Ed., 3. TheU, p. 718.
105. Id., 27. Ed.. 'i. Theil. Bis zum Tode Kôniij Friedr. Wil-
hehns 111. 3. Aiifl.. 1890. p. 4S5.
106. Id., 24. Ed., 1. Theil, p. 274:
107. Id., p. 289
LA (( CULTURE » ET LE GERMANISME 337
Un
nationalisme intellectuel s'était fait jour en
Allemagne, avec la nouvelle « Culture », dans cette
période de crise et d'organisation i'^.
Déjà les premiers partisans de la réaction d'Etat,
les défenseurs de la discipline contre l'excessive
propagation des « lumières dangereuses », oppo-
saient en patriotes, à l'exemple de la France impru-
demment libérale, une Allemagne sagement utili-
taire.
p. 413-414.
124. M., p. 414.
LA (( CULTURE » ET LE GERMANISME 343
éternel i^.
Le Germanisme, nouvelle religion « rationnelle »
Theil 1, p. 377.
l^. Les Discnvrs de M le comte de Bismarck, vol. Pr. Berlin,
Stilke et von Muyden. Paris, MM. Lévy frères. — Chambre (les
Députés, séance du 23 août 1866.
10*
350 DU CHRISTIANISME AU GERMANISME
René Lote.
TABLE DES MATIERES
AVANT-PROPOS
Pages.
De la Méthode historique 1
PEEMIEKE PARTIE
Les causes d'une Evolution intellectuelle : l'Histoire
des Religions au XVIII* siècle.
CHAPITRE PREMIER
l*"" courant L'Apologétique chrétienne en Histoire,
:
CHAPITRE II
Sommaire La Franc-Maçonnerie, à
: la faveur des études
historiques, développe l'idée d'une tradition reli-
gieuse sjTithétique de l'humanité, p. 64. L'étude —
historique des « Mystères » religieux de l'antiquité,
et la vogue de l'Esotérisme maçonnique, ou des
« Mystères » du présent, p: 73. —
La manie de prêter
au passé la conviction secrète des « vérités » du
présent, p. 75. —
Jésus lui-même de\aent un adepte de
l'Idéal nouveau, entendu par des théoriciens divers,
p. 78. —La " Science de l'homme », dans les
« Mystères » de la Franc-Maçonnerie, p. 82. En- —
core un thème de l'époque Rôle de l'Homme, du
:
IP PARTIE
La Grise allemande.
CHAPITRE IV
Le Danger d'Irréligion et le problème politico-
religieux 93
dogmes, p. 95 —
L'Irréligion envahissante, ou le
péril pour l'Eghse, p. 100. —
Le péril pour l'Etat,
—
p. 105. Le souci d'une Discipline sociale parmi les
besognes de l'esprit, —
ou les origines de l'éducation
nationale en .Mlemagne, p. 100. —
La leçon d'une
époque la volonté allemande, et la France idéaliste.
:
CHAPITRE VI
L'Etatisrne, ou la Discipline en face de la Vérité.... 175
IIP PARTIE
Vers le Germanisme.
CHAPITRE VII
La Genèse d'une Vérité <( pratique ». ou la Religion
de la Volonté 22U
de sa « Raison », p. 248. —
Le pacte moral avec la
Discipline: Obéir sans condition..., mais alors Féli-
cité certaine. Renouveau d'Elatisme, p. 251. — Am-
bition mystique de la Volonté : Elle et Dieu, elle et
le monde, p. 256.
364 DU CHRISTIANISME AU GERMANISME
Pages.
CHAPITRE VIII
Suites générales de l'esprit du siècle. (2® aspect) :
CHAPITRE IX
La K Culture » et le Germani.sme 3<)4
Conclusion 357