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Chapitre IV : Machines à courant continu

Chapitre IV :

MACHINES A COURANT CONTINU

IV.1. Principe et structure des machines à courant continu

IV.1.1. Principe

Les machines à courant continu sont des machines tournantes. Leur principe de
fonctionnement est basé sur les lois de l’induction électromagnétique (Lenz et Faraday).
En déplaçant un conducteur fermé dans un champ magnétique, on engendre un courant (cas
de la génératrice). Inversement, ce même conducteur, parcouru par un courant et placé dans
un champ magnétique, est soumis à une force électromagnétique (cas du moteur). Ces deux
principes sont présents dans une machine à courant continu qui est donc réversible.
On a deux parties principales (Figure IV.1), séparées par un
entrefer :
– un inducteur qui crée le champ magnétique (excitation) ;
– un induit dont le but est de produire le courant (génératrice),
ou d’alimenter les conducteurs en courant électrique
(fonctionnement en moteur).
Figure IV.1 : Inducteur et
IV.1.2. Constitution induit d’une MCC

On considère le cas simple d’une machine bipolaire (Fig. IV.2) :

L’inducteur : est la partie fixe placée au stator. Parfois c’est un aimant permanent,
pour les petites puissances, mais en général c’est un électroaimant constitué de deux
bobines en série qui, alimentées en courant continu, créent un pôle nord et un pôle sud
(Fig. IV.2). Le champ magnétique dans l’entrefer est maximal dans l’axe des pôles, et
nul dans la direction perpendiculaire à cet axe, appelée ligne neutre.
L’induit : est la partie tournante posée au rotor. C’est un cylindre ferromagnétique
feuilleté constitué d’encoches dans lesquelles sont répartis des conducteurs. C’est un
enroulement fermé sur lui-même.

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Figure IV.2 : Machine bipolaire

Le collecteur : constitué de lamelles conductrices isolées entre et calé sur le rotor. Le


courant est acheminé dans le cas du moteur, ou récupéré dans le cas de la génératrice,
grâce à deux balais en carbone frottant sur le collecteur. Il change le sens du courant
(commutation) dans les conducteurs lors du franchissement de la ligne neutre,
permettant ainsi aux forces d’agir dans le même sens (Fig. IV.3). Le collecteur est un
onduleur de courant tournant (dans le cas du moteur).

Figure IV.3 : Rôle du collecteur

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Remarque :
– Le collecteur et les balais sont les points faibles d’une machine à CC.
– Une machine bipolaire comporte deux voies d’enroulement en parallèle, une voie
d’enroulement étant l’ensemble des conducteurs entre les balais. Chaque voie est traversée par
la moitié du courant d’induit.

IV.2. Équations des machines à courant continu

IV.2. 1. Schémas équivalents

La machine est composée, vue de l’induit d’un bobinage comportant sa résistance propre et
son inductance propre. Par ailleurs, lors de la rotation du rotor, l’inducteur étant parcouru par
un courant donné, il se produit aux bornes de la machine une force électromotrice dite «
interne ». Cette force électromotrice ne dépend que de la vitesse de rotation et de la valeur du
flux inducteur. Ces caractéristiques sont communes aux fonctionnements moteur et
générateur. En définitive, le schéma équivalent de la machine à courant continu est commun à
tous les régimes de fonctionnement, à la convention de représentation du courant près. On
représente ce schéma, les diverses conventions et les équations caractéristiques de la machine
sur la figure IV.4. On retiendra tout particulièrement sur cette figure les relations reliant les
grandeurs électriques et mécaniques.

Figure IV.4 : Schémas équivalents et équations de la machine à courant continu.

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IV.2.2. Calcul de la force électromotrice

Voies d’enroulement :

Les balais divise l’induit en 2a voies d’enroulement, chaque voie d’enroulement comporte
donc n/2a conducteurs actifs (n : nombre total de conducteurs d’induit ou brins actifs). Les
voies d’enroulement sont à considérer comme deux générateurs identiques montés en
parallèle (même f.é.m. et même courant= (I/2a) avec I désigne le courant débité (absorbé) par
l’induit.

Figure IV.5 : Voies d’enroulement.

On conclut que :
-Pour augmenter le courant débité par une génératrice, on doit augmenter le nombre de voies
d’enroulement ;
-Pour avoir la f.é.m., la plus grande. On minimise le nombre de voies d’enroulements (on
prend 2a = 2 et on augmente le nombre de conducteurs actifs).

Force électromotrice moyenne dans un brin actif :

Supposant qu’un conducteur actif se déplace à une vitesse angulaire Ω et d’un pas polaire αp
(angle qui sépare deux pôles successives) tel que αp = π/P avec P désigne le nombre de paires
de pôles, il va donc couper un flux dΦ pendant un temps dt.
D’après la loi de Faraday, la f.é.m. moyenne dans ce conducteur sera donnée par :

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d Φ Φ pΩ
eb = = (IV.1)
dt π
Force électromotrice aux bornes de l’induit :

Les conducteurs de l’induit sont repartis sur 2a voies d’enroulement identique. Chaque voie
comporte n/2a conducteurs actifs, par conséquent la f.é.m. à la sortie de la génératrice sera
celle produite par voie d’enroulement qui est égale à :

n.eb npΦΩ
E= = (IV.2)
2a 2 aπ

Le nombre de spires, le nombre de paire de pôles et les voies d’enroulement sont fixés par le
constructeur. De point de vue utilisateur la f.é.m. dépend uniquement de deux variables qui
sont le flux et la vitesse de rotation c’est pourquoi :

E = KΦΩ (IV.3)

Avec :

np
K=
2 aπ

Si la vitesse de l’induit est exprimée en tr/mn et avec Ω= 2π.N/60, on aura :


pn Φ N
E= (IV.4)
a 60

Avec :
– n : Nombre total de conducteurs d’induit ou brin actifs (n/2 spires)
– P : Nombre de paires de pôles
– a : Nombre de paires de voies d’enroulement
– Ω : Flux engendré par pôle
– N : Vitesse de rotation de l’induit en tr/mn

Remarque :

– Le collecteur est un redresseur de tension tournant.


– Si le flux est constant (cas fréquent), E = kΩ est directement proportionnelle à la vitesse.
– Le courant dans l’induit provoque un champ magnétique qui modifie la f.é.m. : c’est la
réaction magnétique d’induit, qu’on atténue en disposant des enroulements supplémentaires
au rotor. On négligera ce phénomène par la suite.

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IV.2.2.Bilan énergétique et rendement

Bilan énergétique :
- Fonctionnement en moteur :

Le bilan de puissance d’un moteur à courant continu est le suivant :

Figure IV.6 : bilan de puissance d’un moteur à courant continu.

- Fonctionnement en générateur :

Le bilan de puissance d’une génératrice à courant continu est le suivant :

Figure IV.7 : bilan de puissance d’une génératrice à courant continu

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Rendement d’un moteur à courant continu

Du fait de ces différentes pertes, le rendement d’une machine à courant continu varie entre 80
et 95 %. Ce rendement peut être mesuré par une méthode directe en mesurant Pa et Pu :

Pu Cu Ω
η= = (IV.5)
Pa UI + U e I e

Soit par la méthode des pertes séparée en effectuant des essais pour évaluer les différentes
pertes:

Pu Pa − Σpertes Pa − ( PjInduit + PjInducteur + Pc )


η= = = (IV.6)
Pa Pa Pa

IV.2.3.Expression du couple électromagnétique

Lorsqu’un courant I circule dans l’induit, il apparait un couple électromagnétique Cem crée par
les forces de Laplace qui s’exercent sur les conducteurs de l’induit. Le couple
électromagnétique noté Cem est égale à Pem/Ω, avec Pem = E.I. Finalement, on aura :

EI
Cem = = KΦ I (IV.7)

Si l’excitation est constante le couple électromagnétique est proportionnel au courant.

IV.4. Démarrage, freinage et réglage de vitesse des moteurs à « CC »

IV.4.1. Démarrage

Pour simplifier l’étude théorique, nous allons supposer que notre moteur est parfaitement
compensé, par conséquent la réaction magnétique de l’induit sera négligée (Ɛ(I) = 0). Il en
découle que E = K.Φ.Ω.
L’inducteur est alimenté par une tension indépendante à celle de l’induit (figure IV8).
Au démarrage Ωd = 0 → Ed = 0, le courant de démarrage est Id = U/Ra » In, pour diminuer ce
courant, il faut démarrer le moteur à tension réduite (ceci est possible car la tension
d’alimentation est variable)) Id = Ud/Ra avec Ud : la tension de démarrage.
Si la tension U est constante, il faut insérer un rhéostat de démarrage Rhd en série avec l’induit
(elle est maximale à l’instant de démarrage, elle est nulle lorsque le moteur atteint sa
vitesse de rotation nominale). Le courant de démarrage est Id = U/ (Ra + Rhd).

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Figure IV.8 : Moteur à courant continu à excitation séparée

IV.4.1. Freinage

Le freinage du moteur utilise le principe de la réversibilité


(Fig. IV.9). L’induit est relié à un rhéostat. Entraînée par son
inertie, la machine fonctionne en génératrice et dissipe son
énergie dans le rhéostat. On peut aussi récupérer cette
énergie avec des procédés électroniques : Redressement
commandé et la renvoyer sur l’alimentation (freinage avec Figure IV.9 : Réversibilité
récupération).

IV.4.2. Réglage de vitesse des moteurs à courant continu

Dans ce cas, la tension d’alimentation de l’induit et le courant d’excitation sont réglés à leurs
valeurs nominales.
La loi des mailles à l’induit donne :

E = U − Ra I = KΦΩ = K ' Φn (IV.8)

Ce qui permet d’écrire pour la vitesse:


U − Ra I U RI
n= = (1 − a ) (IV.9)
K'Φ K 'Φ K 'Φ

On peut régler la vitesse en agissant surΦ , donc sur l’excitation, ou sur la tension U
(alimentation de l’induit) :
– L’action sur l’excitation, avec un rhéostat de champ ou une tension Ue réglable, n’offre
qu’une variation limitée, et n’est pas possible si l’inducteur est à aimants permanents.

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– L’action sur la tension d’induit résout le problème du démarrage.


En conclusion, la souplesse de ces deux réglages indépendants confère à ce moteur une
grande précision.

IV.5. Phénomènes de commutation, réaction magnétique d'induit

IV.5.1. Commutation

Lorsque le balai passe d’une lame du collecteur à la suivante, il y a court-circuit momentané


d’une section du bobinage induit et, pendant ce temps, le courant doit changer de sens dans
les conducteurs en commutation ; l’inductance de la section s’oppose à cette inversion et
conduit à l’apparition d’étincelles (arcs) de commutation.

IV.5.2. Réaction d'induit

La circulation des courants dans l’induit s’accompagne de phénomènes parasites :


– Résistance de l’induit et des contacts balais/collecteur : Cette résistance est équivalente aux
2a voies d’enroulement mises en parallèle, en série avec la résistance des contacts
balais/collecteur. Le phénomène est cependant plus complexe car le contact balais/collecteur
se présente comme une résistance non linéaire (fonction du courant I). La chute de tension
dans les contacts balais/collecteur restant faible, on négligera ce phénomène et on mesurera la
résistance pour des courants proches du courant nominal.
– Réaction magnétique de l’induit : Le passage du courant I produit une force
magnétomotrice perpendiculaire à l’axe des pôles qui modifie la topographie des lignes
d’induction. En fonctionnement moteur, on a les sens de courants indiqués sur la figure IV.10.
L’induit constitue une bobine qui crée le flux de réaction d’induit ϕr. La ligne neutre est
décalée en sens inverse de la rotation et les balais ne recueillent plus la f.é.m. maximale :

Figure IV.10 : Réaction magnétique de l’induit d’une machine à courant continu.

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IV.5.3. Pôles auxiliaires de commutation.

La réaction magnétique de l’induit entraîne donc une réduction de f.é.m. en charge. Pour
rendre cet effet négligeable devant la chute ohmique, on utilise des pôles auxiliaires, excités
par le courant de l’induit et qui créent une force magnétomotrice opposée à celle de l’induit
comme le montre la figure IV.11.

Figure IV.11 : pôles auxiliaires d’une machine à courant continu.

IV.6. Fonctionnement moteur/générateur

Comme l’étude générale l’a montré, le fonctionnement des machines est réversible. Les
variables mécaniques sont le couple utile Cu et la vitesse de rotation N. On distingue quatre
quadrants de fonctionnements comme le montre la figure IV.12.
Dans les quadrants 1 et 3, le couple et la vitesse sont de même sens : la puissance électrique
est transformée en puissance mécanique fournie à la charge.
Le quadrant 1 correspond au fonctionnement moteur en marche avant, tandis que le 3
correspond à un fonctionnement moteur en marche arrière.
Dans les quadrants 2 et 4, le couple est opposé à la vitesse. La puissance mécanique est
fournie par la charge qui est alors entraînante, le moteur se comporte en frein convertissant la
puissance mécanique en puissance électrique qui sera soit renvoyée vers l’alimentation
(récupération) soit dissipée dans des résistances (freinage rhéostatique).
On n’obtient pas toujours tous les quadrants de fonctionnement en raison :
– du type de moteur (séparé ou série) ;
– du mode de réglage (action sur Ie ou sur U) ;
– du type d’alimentation (réversible ou non).
Une alimentation réversible en courant peut fournir ou absorber du courant, donc de la
puissance. Si l’alimentation n’est pas réversible en courant, le courant est toujours de même

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sens et aucune puissance ne peut être reçue par l’alimentation ce qui interdit tout freinage
avec récupération. C’est le cas des génératrices entraînées par moteur thermique ou par des
montages redresseurs à diodes. Si l’on souhaite obtenir une grande précision sur la vitesse, on
associera aux montages un asservissement de vitesse.

Figure IV.12 : les quatre quadrants de fonctionnement d’une machine électrique tournante.

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