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26/04/2018 Memoire 

Online ­ La finance islamique : réglementation et financement des PME dans la zone UEMOA ­ MOUNKAILA Soumana Illiassou

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Memoire Online > Economie et Finance
La finance islamique : réglementation et financement des PME dans la zone
UEMOA Disponible en mode
par MOUNKAILA Soumana Illiassou  multipage
Ecole Supérieure de Technologie et de Management de Dakar (ESTM) ­ Licence en Finance Comptabilité 2013
  
La finance islamique : Réglementation et financement des PME dans l'espace UEMOA

SOUMANA ILLIASSOU Mounkaila

DEDICACES

« Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux »

Il me serait impossible de dénombrer les bienfaits de mon Seigneur, ni ceux par qui ils me sont parvenus.

C'est pourquoi je tenais à dédier ce modeste travail à

Ma famille, tout particulièrement à ma Mère et à mon Père... Pour tous les sacrifices que vous avez consentis pour que
nous ne manquions de rien, Nous ne vous serons jamais assez reconnaissants.

Puisse Allah (SWT) abaisser pour vous l'aile de l'humilité et vous faire, à tous les deux miséricorde comme vous nous
avez élevés tout­petits.

« Et par miséricorde, abaisse pour eux l'aile de l'humilité ; et dis « Ô mon Seigneur, fais­leur ; à tous les deux ; miséricorde
comme ils m'ont élevé tout­petit» ».

Sourate 17 (Al­Isra), verset 24.

Licence 3 Finance ­ Comptabilité Année académique 2013 ­ 2014

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SOUMANA ILLIASSOU Mounkaila

REMERCIEMENTS

La rédaction de ce document n'aurait pas été possible sans l'aide d'Allah (SWT), puis de certaines personnes.

C'est pourquoi je rends tout d'abord grâce au Tout Miséricordieux, sans Qui rien n'est possible. Puisse­t­Il me compter
parmi les reconnaissants.

Mes remerciements vont également à l'endroit de :

? Mon Directeur de mémoire, Mr Diakhaté Ahmadou, pour sa disponibilité, son aide et ses conseils ;

? L'ensemble des intervenants au niveau de la DMC/MEF/Sénégal, en particulier Mr

Alioune N'Diaye, Mr N'Gom et Mr N'Gor Sarr, pour leur aide et leur bienveillance tout au long de modeste travail ;

? Dr Abdoul Karim DIAW, pour sa précieuse contribution dans la réalisation de ce travail

? L'administration et du corps professoral de l'ESTM;

? Tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ont contribué à la rédaction de ce mémoire.

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SOUMANA ILLIASSOU Mounkaila

GLOSSAIRE

(Glossaire des termes arabes utilisés tout au long de ce travail)

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Bai al­inah : (rachat). L'une des parties achète un bien à l'autre au comptant et le lui revend à

un prix supérieur avec paiement différé.

Bai bithaman ajil : Vente à prix fixé et paiement différé.

Charia board : comité de Charia.

Charia: loi islamique basée essentiellement sur le Coran et la sunna.

Coran: livre sacré des musulmans.

Fiqh: la doctrine juridique islamique.

Gharar: incertitude.

Hadith: récit historique d'une parole (celle du Prophète (PSL) le plus souvent).

Hibah: don.

Ijarah thumman al­bai: contrat de location suivi d'un autre contrat de vente du bien loué.

Ijarah: location.

Ijarah­wa­iqtinâ: location assortie d'une promesse d'achat.

Ijma: règles établies à l'unanimité des jurisconsultes à la suite de l'interprétation.

Istisna: contrat d'entreprise.

Kafalah: Kafalah est un contrat qui consiste en l'addition d'une responsabilité à une autre par

rapport à une obligation. En d'autres termes, la responsabilité du garant est jointe à celle du

débiteur pour le paiement de la dette.

kard hasan: prêt gratuit.

Masahifs: réceptacles bénis.

Maysir : jeu de hasard.

Mudaraba al­muqayyada : Mudaraba restreint.

Mudaraba : forme d'association dans laquelle une partie contribue seule au capital, et l'autre

au travail.

Mudarib : gestionnaire de projet dans un contrat Mudaraba.

Murabaha : vente avec une certaine marge déclarée.

Musharaka : association ou compagnie.

Qiyas : méthode juridique de raisonnement par analogie pour résoudre les cas d'espèce.

Rabul mal : apporteur des capitaux dans un contrat Mudaraba.

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Rahn: gage donné en garantie d'une dette.

Riba: usure ou intérêt bancaire.

Salam: C'est une vente avec livraison différée. L'acheteur paie comptant le prix négocié à

l'initiation du contrat. Le vendeur livre le bien à terme.

Sunna: l'exemple normatif du Prophète (PSL).

Takaful: assurance islamique.

Wadiah wad dhaman : dépôt garanti.

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Wadiah: dépôt.

Wakala : contrat d'agence.

Zakat : aumône légale.

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SIGLES ET ABREVATIONS

AAOIFI: Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions.

BCEAO: Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest.

BI : banque islamique.

BID : Banque Islamique de Développement.

CBM : Commodity Based Murabaha.

CREPMF : Conseil Régional de l'Epargne Publique et des Marchés Financiers.

DIB: Dubaï Islamique Bank.

DMC/MEF/Sénégal : Direction de la Monnaie et du Crédit du Ministère de l'Economie et des

Finances du Sénégal.

FI: finance islamique.

IFAAS: Islamic Finance Advisory & Assurance Services.

IFRS: International Financial Reporting Standards.

IFSB: Islamic Financial Services Board.

IILM: International Islamic Liquidity Management.

IRR: Investment Risk Reserve.

ISLI: Islamic Sukuk Liquidity Instrument.

OCAIFI : Organisation de Comptabilité et d'Audit pour les Institutions Financières

Islamiques.

OCI : Organisation de la Conférence Islamique.

PDR : prêteur de dernier ressort.

PER: Profit Equalization Reserve.

PME : petites et moyennes entreprises.

PSIA: Profit­Sharing Investment Accounts.

PSL : Paix Sur Lui.

RAA : RadiAl lahou Anhou (que Dieu l'agrée).

SFD : systèmes financiers décentralisés.

TOB : taxe sur les opérations bancaires.

TVA : taxe sur la valeur ajoutée.

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest­Africaine.

UMOA : Union Monétaire Ouest­Africaine.

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La finance islamique : Réglementation et financement des PME dans l'espace UEMOA

SOUMANA ILLIASSOU Mounkaila

LISTE DES TABLEAUX

Ière Partie

TABLEAU I.1 : INDICATEURS D'ACTIVITÉ ET RATIOS CARACTÉRISTIQUES DES ÉTABLISSEMENTS DE

CRÉDIT SUR BASE SOCIALE (EN MILLIARDS DE F CFA) 13

TABLEAU II.1 : SYNTHÈSE DES OPÉRATIONS DE FINANCE ISLAMIQUE 35

TABLEAU II.2 : EXEMPLE D'ALLOCATION DES COÛTS 42

TABLEAU II.3 : RÉCAPITULATIF DE L'ANALYSE DE LA RÉGLEMENTATION BANCAIRE 58

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LISTE DES FIGURES

FIGURE II. 1 : ETAPES DU MURABAHA 36

FIGURE II.2 : ETAPES DE L'IJARAH 37

FIGURE II.3 : TYPOLOGIE DES RISQUES DES INSTITUTIONS FINANCIÈRES

ISLAMIQUES (IFI) 46

FIGURE II.4 : ABSORPTION DE LIQUIDITÉ AU MOYEN DU CBM : 54

FIGURE II.5 : INJECTION DE LIQUIDITÉ AU MOYEN DU CBM : 55

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SOMMAIRE

INTRODUCTION 11

PREMIERE PARTIE : CADRE GENERAL DE L'ETUDE 13

CHAPITRE I : LA FINANCE ISLAMIQUE ET SON IMPACT SUR L'ÉCONOMIE OUEST AFRICAINE 13

CHAPITRE II : LA FINANCE ISLAMIQUE ET SON IMPACT SUR L'ÉCONOMIE OUEST­AFRICAINE ... 20

DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE DE L'ETUDE 31

CHAPITRE III : CHOIX ET OUTILS MÉTHODOLOGIQUES 31

CHAPITRE IV : LES RÉSULTATS DE LA RECHERCHE 35

CONCLUSION GENERALE 64

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RESUME

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Ces dernières décennies, la finance islamique connait un grand essor un peu partout dans le monde. En Asie, Amérique,
Europe  et  plus  récemment  en  Afrique,  beaucoup  d'Etats  songent  à  elle  comme  une  alternative  viable,  ou  au  moins  un
complément  du  système  financier  actuel.  C'est  ainsi  que,  conscients  des  opportunités  qu'offre  la  finance  islamique,
plusieurs rencontres ont été organisées par les Etats membres de l'UEMOA pour la promouvoir et l'impliquer davantage
dans le développement de l'économie ouest­africaine. Il s'agira, tout au long de cette étude, d'analyser la règlementation
bancaire, comptable et fiscale en vigueur dans la zone UEMOA, afin de déterminer si elle constitue un cadre propice au
développement  de  la  finance  islamique  ou  si  au  contraire  des  réformes  doivent  être  entreprises  pour  permettre  son
épanouissement dans l'espace sous régional. Qu'est­ce que la finance islamique ? Quels sont ses principes ? Peut­elle
réellement avoir un impact positif sur l'économie ouest­africaine ? La règlementation bancaire dans l'UEMOA permet­elle
à la finance islamique d'être viable ?

Ce  modeste  travail  se  propose  d'apporter  des  réponses  aux  différentes  questions  soulevées  en  se  basant  sur  des
données solides et fiables.

Mots­clés : Finance islamique, finance conventionnelle, réglementation bancaire, banques islamiques.

Licence 3 Finance ­ Comptabilité Année académique 2013 ­ 2014

La finance islamique : Réglementation et financement des PME dans l'espace UEMOA

SOUMANA ILLIASSOU Mounkaila

ABSTRACT
Over the last decades, Islamic finance has been experiencing a great upsurge around the world. In Asia, America, Europe
and more recently in Africa, many States are considering it as a viable alternative, or at least a complement to the current
financial  system.  Given  the  opportunities  offered  by  Islamic  finance,  several  meetings  were  organized  by  the  States
members  of  the  West  African  Economic  and  Monetary  Union  (WAEMU)  to  promote  and  integrate  it  further  in  the  West
African economy's development.

Throughout this study, the researcher will analyze the banking regulations as well as the accounting and tax environments
in force in the WAEMU zone, in order to determine whether they constitute an enabling framework for the development of
Islamic finance or to the contrary some reforms should be undertaken to allow its development in this region of the world.
What is Islamic finance? What are its principles? Can it really have a positive impact on the West African's economy? The
banking regulation in the WAEMU does it allow to Islamic finance to be viable?

This modest work intends to provide answers to different questions raised based on solid and reliable data.

Keywords: Conventional finance, Islamic finance, banking regulations, Islamic banks.

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SOUMANA ILLIASSOU Mounkaila

INTRODUCTION
«  L'économie  mondiale  est  entrée  dans  une  phase  d'instabilité  extraordinaire  et...  son  parcours  futur  est  absolument
incertain », annonçait Helmut Schmidt il y a des années

(Schmidt,  1974).  Cette  instabilité  a  persisté  et  l'incertitude  se  poursuit.  En  effet,  les  grands  argentiers,  les  banquiers,
courtiers et autres spéculateurs, convaincus que le système financier actuel ne s'écroulera jamais, sont surpris d'assister
aux crises qui l'ébranlent. L'exemple le plus récent est la crise des subprimes dont les conséquences se font encore sentir
un peu partout dans le monde. Face à la persistance et à l'acuité de ces crises, beaucoup songent à réformer le système
financier  actuel.  C'est  dans  cette  optique  qu'ils  envisagent,  entre  autres  solutions,  la  finance  islamique  (FI)  comme  une
sérieuse alternative viable au système financier conventionnel.

Cette finance, dite islamique, ainsi proposée comme alternative, a pour fondement la Charia, qui peut être définie comme
la loi islamique basée essentiellement sur le Coran. Elle fut révélée au Prophète Muhammad (PSL), sur vingt­trois années,
entre la Mecque et Médine, pour régir non seulement les actes relevant du domaine de l'adoration, mais également ceux
qui régissent les relations entre l'Homme et les autres créatures, domaine duquel découle l'économie, et par voie de fait
les finances et le commerce. Ainsi furent établis les principes de ce qui allait être considérée aujourd'hui comme la finance
islamique.

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Cette croissance a permis à la finance islamique d'acquérir une certaine notoriété, suscitant l'engouement de bon nombre
d'Etats,  notamment  les  huit  membres  de  l'Union  Economique  et  Monétaire  Ouest  Africaine  (UEMOA)1.  Des
aménagements ont été opérés au niveau de la règlementation en vigueur pour accueillir les banques islamiques (BI) car
tout  système  financier,  islamique  ou  non,  a  besoin  d'un  cadre  règlementaire  et  institutionnel  adéquat  pour  assurer  sa
viabilité.  Deux  approches  de  développement  de  la  finance  islamique  ont  été  adoptées  :  la  première  consistant  en  une
transformation intégrale du système financier qui désormais est entièrement islamique (exemple de l'Iran et du Soudan),
et  la  seconde  qui  reconnaît  un  système  dual  au  sein  duquel  les  institutions  financières  islamiques  et  conventionnelles
coexistent (comme en Malaisie).

C'est ainsi que, conscients des avantages que la finance islamique peut apporter à leur économie, plusieurs rencontres à
l'initiative du Sénégal ont été organisées par les Etats
1
 Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo.

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membres de l'UEMOA pour la promouvoir et l'impliquer davantage dans le développement de l'économie ouest africaine
fortement dominée par l'intermédiation bancaire classique. En effet, même si un marché financier communautaire existe,
le  mode  de  financement  privilégié  des  Etats,  entreprises  et  ménages  reste  le  recours  au  crédit  bancaire,  ce  qui  a  pour
effet  de  maintenir  l'économie  ouest  africaine  dans  une  économie  dite  d'endettement.  Faire  de  la  finance  islamique  une
alternative, ou au plus un complément au système financier de la zone semble être devenu pour ces Etats une priorité.

Toutefois,  même  si  en  théorie  la  finance  islamique  présente  bien  des  avantages  pour  l'économie  ouest  africaine,  il  n'en
demeure  pas  moins  que  son  application  pratique  dans  la  zone  peut  poser  un  certain  nombre  de  problèmes  liés  à  la
réglementation en vigueur. En effet, bien que l'espace UEMOA constate la présence de deux (2) banques islamiques, de
nombreuses interrogations peuvent se poser concernant la règlementation bancaire en vigueur lorsqu'on sait qu'il a fallu la
modifier  dans  certains  Etats  pour  l'adapter  à  la  finance  islamique.  En  d'autres  termes,  la  règlementation  bancaire  de  la
zone UEMOA, telle qu'elle se présente aujourd'hui, est­elle compatible avec les principes de la finance islamique ? Si oui,
constitue­t­elle un cadre propice à son développement ou dans le cas contraire quels sont les obstacles qu'elle rencontre
et les défis qu'elle doit relever ?

Il s'agira de ce fait, en premier temps, d'analyser les textes régissant l'activité bancaire dans la zone UEMOA, les produits
proposés  aux  PME,  en  y  décelant  les  points  qui  sont  favorables  à  l'implantation  de  la  finance  islamique  et  ceux  qui
constituent un obstacle à cet objectif.

En plus, nous procèderons à l'analyse de la règlementation bancaire pour y repérer les dispositions favorables à la finance
islamique et celles qui constituent une entrave à son implantation. Pour finir, nous verrons aussi les différents proposés
aux PME. Nous verrons ainsi concrètement :

· DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE DE L'ETUDE

· PREMIERE PARTIE : CADRE GENERAL DE L'ETUDE

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PREMIERE PARTIE : CADRE GENERAL DE L'ETUDE

Chapitre I : La finance islamique et son impact sur
l'économie ouest africaine
Le transfert de fonds des agents à capacité de financement vers ceux à besoin de financement peut se faire de
plusieurs  façons  dans  la  zone  UEMOA.  Il  est  nécessaire  dans  ce  chapitre  d'étudier  le  système  financier  de
l'espace UEMOA et les conséquences de ce mode de financement sur l'économie ouest africaine.

Section I : Présentation du système financier de la zone UEMOA

1. L'intermédiation financière dans l'UEMOA

1.1. Les modalités de financement dans l'UEMOA

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Les agents économiques ayant des besoins de financement ont différents moyens pour attirer

les capitaux détenus par les agents économiques à capacité de financement. Il existe dans

l'UEMOA deux types de financement : le financement indirect et le financement direct.

?  Le  financement  indirect  :  Le  financement  indirect  de  l'activité  économique  fait  intervenir  un  agent
économique qui fait le lien entre les autres. On parle alors d'intermédiation financière. Cette intermédiation est
faite  par  les  banques  qui  d'une  part,  collectent  l'épargne  auprès  des  ménages,  et  de  l'autre,  prêtent  aux
entreprises  les  sommes  nécessaires  au  financement  de  leur  activité.  Une  économie  qui  fonctionne  grâce
essentiellement au rôle d'intermédiation des banques est appelée « économie d'endettement ».

L'activité bancaire est en croissance comme en témoignent ces chiffres de la commission bancaire de l'UMOA
:

Tableau  I.1  :  Indicateurs  d'activité  et  ratios  caractéristiques  des  établissements  de  crédit  sur  base
sociale (en milliards de F CFA)

UMOA 2008 2009 2010 (*) Total


bilan
10 218 11 13 Crédits à la clientèle
453 471

6 071 6 7 Autres emplois
573 463

2 083 2 3 Dépôts et emprunts
392 322

7 425 8 9 Fonds propres nets
442 931

774 938 1 Autres ressources


202

669 709 769 Produit net bancaire

741 776 862 Résultat brut d'exploitation après


amortissements

258 240 267  

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Taux net de 7,1% 7,3% 6,9% Taux de


dégradation provisionnement
du des créances en
portefeuille souffrance

68,0% 63,6% 64,5% Taux de


provisionnement
des créances
douteuses et
litigieuses

80,7% 78,4% 79,3% Marge globale

8,0% 7,6% 8,0% Coefficient net


d'exploitation

69,8% 73,5% 74,2%  

(*) : Données provisoires

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Source : rapport annuel de la commission bancaire de l'UMOA (2010)

Les SFD, constitués des coopératives et des mutuelles viennent en appoint au système bancaire par le biais
de la microfinance en prêtant notamment à ceux qui ne peuvent pas accéder aux services bancaires.

?  Le financement  direct  : Les  institutions  financières  font  payer  leur  service  d'intermédiation  financière  aux
emprunteurs  dans  le  financement  indirect.  Ce  qui  a  pour  effet  de  rendre  plus  onéreuse  l'obtention  de
ressources de la part des agents éprouvant un besoin de financement. Ceux­ci sont donc amenés à rechercher
des  modalités  leur  permettant  de  ne  pas  devoir  faire  appel  à  ces  intermédiaires  financiers.  Pour  ce  faire,  ils
vont s'adresser directement aux agents économiques ayant des capacités de financement. Les entreprises, ou
l'Etat, vont donc passer par le biais des marchés financiers en émettant des valeurs mobilières de placement
qui seront acquises directement par les agents économiques souhaitant faire fructifier leur épargne disponible.
Si une économie fonctionne essentiellement grâce aux marchés financiers, on parle alors d'une « économie de
marchés financiers ».

La création du marché financier de l'UEMOA avec la mise en place du Conseil Régional de l'Epargne Publique
et des Marchés Financiers (CREPMF), avait donc pour principal objectif de trouver des solutions à ce problème
de  financement  des  économies  des  pays  de  l'Union.  Il  s'agissait  en  effet  de  créer  un  marché  conforme  aux
standards internationaux pour mobiliser l'épargne régionale et internationale, ainsi que l'instauration d'un climat
de confiance, gage du succès de ce nouvel instrument de financement. C'est ainsi que fut mise en place une
architecture de marché distinguant le pôle public du pôle privé de même qu'une règlementation adéquate.

Le  marché  financier  et  les  SFD  sont  régis  par  des  dispositions  particulières  différentes  de  celles  régissant
l'activité bancaire. De ce fait, ils ne feront pas partie de la suite de ce travail pour les

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raisons  évoquées  dans  la  délimitation  du  champ  d'étude.  Une  vague  mention  y  est  faite  pour  comprendre  le
système  d'intermédiation  financière  de  l'espace  UEMOA.  Cela  permet  d'avoir  une  idée  sur  le  mode  de
financement de l'économie au niveau sous régional.

2. Mode de financement basé sur l'endettement

Comme nous l'avons souligné plus haut, il existe essentiellement deux modes de financement. Un financement
indirect qui est basé principalement sur l'intermédiation des banques, et un financement direct où les agents se
rencontrent  par  le  biais  des  marchés  financiers.  Aujourd'hui,  un  peu  partout  dans  le  monde,  l'économie  est
fortement  influencée  par  le  développement  des  marchés  financiers  et  tend  vers  une  économie  de  marché.
L'une des raisons pouvant l'expliquer est le fait que les agents à besoin de financement, particulièrement les
Etats,  soumis  à  une  dette  et  des  déficits  budgétaires  sans  cesse  croissants,  sont  à  la  recherche  d'un
financement à moindre coût offert par les marchés financiers. C'est ainsi que le milieu des années 80 marque
le début d'une baisse considérable du taux d'intermédiation bancaire, au profit du financement sur le marché
financier, passant par exemple en France de 75,2 % en 1994 à 53,6 % en 2009.

En Afrique de l'ouest par contre, l'économie est toujours au stade d'endettement, sa plus grande partie étant
financée par le recours au crédit bancaire. La primeur du marché financier de l'UEMOA, sa difficulté d'accès et
aussi le fait qu'il ne soit pas très développé sont d'autant de raisons qui peuvent expliquer ce fait. Mr Ahmed
Abdelkéfi  dans  son  entretien  accordé  à  Les  Afriques,  affirme  ainsi  que  «  plusieurs  managers  africains  ont
compris  qu'ils  ne  peuvent  pas  développer  leurs  entreprises  localement  et  encore  moins  à  l'échelle  régionale
avec de la dette bancaire », avant de rajouter, toujours dans le même entretien que « l'économie d'endettement
n'a pas d'avenir en Afrique »2. En effet, ce mode de financement n'est pas sans conséquences sur l'économie
ouest africaine.

Section II : Analyse critique de l'intermédiation financière de l'UEMOA
1. Les spécificités du système financier de l'UEMOA

Les pays de l'UEMOA ont entamé les politiques de libéralisation financière à partir de1989.

Elles se caractérisent par : le retrait du contrôle quantitatif du crédit, la privatisation des institutions financières
publiques, l'introduction de mécanismes de marchés dans la gestion de
2
 Ahmed Abdelkéfi: «L'économie d'endettement n'a pas d'avenir en Afrique», 2008

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la  politique  de  crédit  (instauration  de  la  concurrence),  la  création  d'un  organisme  de  surveillance  et  la
libéralisation  des  taux  d'intérêt.  Ces  réformes  de  libéralisation  du  système  financier  visaient  à  augmenter
l'efficacité  dans  la  mobilisation  et  l'allocation  des  ressources  financières.  Cependant,  malgré  toutes  ces
mesures,  le  système  financier  de  la  zone  demeure  «  inefficace  ».  Dans  cette  section,  il  convient  donc  de
présenter les éléments qui montrent l'inefficacité du système financier de l'UEMOA et les échecs relatifs aux
réformes financières de la zone.

1.1. L'inefficacité du système financier

Selon  la  littérature  un  système  financier  est  efficace  lorsqu'il  dispose  des  instruments  de  financement  de
l'investissement  diversifiés.  L'inefficacité  du  système  financier  se  traduit  par  la  prédominance  des  institutions
financières  bancaires  qui  n'offrent  pas  de  services  de  qualité  alors  qu'elles  perçoivent  de  leurs  clients  des
commissions,  agios  et  intérêts  excessifs.  Elles  ne  ressemblent  même  pas  à  des  caisses  d'épargne  car  elles
n'assurent  pas  bien  leur  rôle  de  gardiennes  des  épargnes  des  populations  surtout  les  plus  vulnérables.  Ces
banques  sont  l'expression  et  le  lieu  où  se  manifeste  la  discrimination  entre  les  riches  et  les  pauvres  dont
l'accès  est  interdit  à  ces  derniers.  Bref,  elles  ne  contribuent  pas  à  la  croissance  économique  des  pays  de  la
zone UEMOA. En plus de cela on a la mauvaise allocation des ressources bancaires et le poids important du
secteur public et le développement du système financier informel.

1.2. Un système financier qualifié de « réprimé »

Malgré la libéralisation financière entamée depuis les années 1990, le système financier de l'UEMOA peut être
toujours qualifié de réprimé: par sa faible mobilisation des ressources, de fortes pertes de crédits, des coûts
d'intermédiation élevés et d'excessives ingérences politiques. Les institutions financières de la zone sont très
peu  exposées  à  la  concurrence  et  évoluent  dans  un  climat  d'oligopole,  ce  qui  n'incite  pas  ces  dernières  à
rechercher l'efficacité financière. Par exemple le spread du taux d'intérêt moyen annuel est passé de 3,11% en
2008 à 3,18% en 2010. Somme toute, les banques financent peu l'investissement des entreprises et collectent
faiblement l'épargne. Elles ont un rôle négligeable dans la promotion du développement et constituent un frein
à la croissance

En plus de cela, on peut ajouter les différentes barrières à l'entrée sur le marché bancaire qui constituent aussi
un phénomène non négligeable. Les conditions d'ouvertures de banque dans l'espace UEMOA ont continuées
à s'alourdir malgré la libéralisation entamée depuis 1989. A titre illustratif, en 1989 pour ouvrir une banque au
Burkina, il fallait disposer un montant minimum de 50 millions mais en 2011 ce montant s'élève à 10 milliards.

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Les politiques publiques (régimes des propriétés, taux d'intérêt, orientation sélective des crédits, lourdeurs de
la fiscalité, etc.) ont également affaibli les systèmes financiers. Tout d'abord, les pouvoirs publics ont beaucoup
intervenus  dans  la  gestion  des  banques  aussi  publiques  que  privées.  Ensuite,  les  banques  ont  continué  de
financer les déficits de 12 « Plus de 60% des actifs du système bancaires sont détenus par quatre banques
tout  au  plus  »  Popiel  (1995,  p39)  13Cité  par  Chouchane­Verdier  (2001)  l'administration  et  des  entreprises
publiques. Elles sont le prolongement du budget et la forte proportion du crédit intérieur accordée au secteur
public évince le secteur privé. Les crédits aux entreprises privées ne sont pas systématiquement examinés et
les procédures d'allocation des crédits laissent à désirer: il y a la question des garanties qui, de fois dépassent
le montant sollicité. Par exemple de 2008 à 2009 les crédits bancaires accordés au secteur public de l'UEMOA
sont passés en moyenne de 21,7 milliards à 19,5 milliards.

2. Les conséquences de cette intermédiation

Qu'il s'agisse d'un financement direct sur les marchés financiers ou d'une intermédiation financière par le biais
des banques, le système financier de l'espace UEMOA est basé sur le recours au crédit assorti d'intérêt. Ce
dernier a certes des avantages : il permet au prêteur de fructifier son capital sans prendre de risque ni même
fournir un quelconque effort. Mais il n'est pas, de manière générale, exempt d'inconvénients relativement à la
distribution, à la production et à la consommation comme nous allons le voir dans les parties qui vont suivre.

2.1. Conséquences sur la production

Comment  produire?  Voici  là  l'une  des  questions  fondamentales  dont  traite  le  système  économique.  En  effet,
cette  production  fait  intervenir  principalement  quatre  (4)  facteurs  :  la  terre,  le  travail,  l'entreprenariat  et  le
capital.  Concrètement,  pour  produire,  l'entrepreneur  a  besoin  du  capital  afin  d'assurer  les  dépenses
nécessaires au travail de la terre. Or dans un système où le transfert du capital est essentiellement basé sur le
prêt à intérêt, et sans prise de risque (l'essentiel des crédits étant accordé par les banques), il va de soi que ce
dernier  souffrira  d'une  inefficience  dans  l'allocation  des  ressources  destinées  à  la  production.  En  effet,  entre
plusieurs  projets,  le  choix  sera  vraisemblablement  porté  sur  le  projet  dont  le  propriétaire  a  la  possibilité  de

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donner des garanties même si la rentabilité économique est questionnable. Quant aux autres, quelle que soit
la pertinence de leur projet, ils n'y auront pas accès. Le financement est ainsi orienté vers la sécurité plutôt que
vers la croissance. Ce système tend à favoriser ainsi les grands business (grandes entreprises), au détriment
des PME qui présentent pourtant un taux

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de croissance plus élevé et qui sont porteuses d'innovation. Ainsi, la problématique du financement des PME
se pose avec acuité. Il est évident qu'un tel système aura inexorablement des conséquences sur la distribution
et la consommation.

2.2. Conséquences sur la consommation

Le  financement  basé  sur  l'intérêt  encourage  l'endettement  d'une  part,  et  le  consumérisme  de  l'autre.  Ce
système  encourage  en  effet,  la  surconsommation  de  produits  de  luxe  au  détriment  de  produits  de  base
essentiels  au  bon  fonctionnement  de  toute  société.  La  compréhension  de  ce  fait,  passe  inévitablement  par
celle de la réponse à la question de savoir : « d'où vient l'argent ?». Cette question évoque pour la plus part
des  gens  la  fabrication  des  billets  ou  des  pièces  de  monnaie.  On  croit  que  c'est  le  gouvernement  qui  crée
l'argent  que  nous  dépensons.  C'est  vrai  en  partie,  car  ces  symboles  (billets  et  pièces  métalliques)  que  l'on
appelle l'argent, sont fabriqués par des agences fédérales. Mais la plus grande partie (85%)  3 de l'argent en
circulation  (la  masse  monétaire)  est  créée  par  des  entreprises  privées  :  les  banques.  En  effet,  les  banques
créent  de  l'argent  directement  à  partir  des  promesses  de  remboursement  faites  par  les  emprunteurs.
Concrètement, à chaque fois qu'une personne emprunte auprès des banques, de l'argent est créé. Le montant
total d'argent qu'il est ainsi possible de créer n'a qu'une seule limite : le montant total de la dette. Les banques
peuvent donc prêter autant d'argent qu'on est capable d'emprunter même si ce dernier n'existe nulle part. Cela
est rendu possible par le système de réserves fractionnaires qui est un ratio de réserve minimale permettant
aux  banques  de  prêter  un  montant  fictif  d'argent  garanti  par  un  moindre  montant  d'argent  réel  (exemple  10
francs fictifs pour 1 franc existant). Les réserves d'une banque sont ainsi faites de deux choses: Le montant en
devises réelles qu'elle a déposé au niveau de la banque centrale, et le total de son argent dette (argent crée à
partir des emprunts). En résumé, les banques prêtent de l'argent qu'elles n'ont pas ! L'on est donc confronté à
un problème de taille. Les banquiers ne créent uniquement que l'argent du principal lors d'un prêt. Ils ne créent
pas  l'argent  servant  à  rembourser  les  intérêts.  Or,  le  seul  endroit  où  les  emprunteurs  peuvent  trouver  de
l'argent  pour  rembourser  le  principal  et  les  intérêts  est  la  réserve  totale  d'argent  constituée  uniquement  du
principal. Il est donc tout à fait impossible pour tout le monde de trouver l'argent du principal et des intérêts car
l'argent  des  intérêts  n'existe  pas.  A  moins  que  de  plus  en  plus  de  nouvelles  dettes  soient  contractées  pour
créer l'argent servant à payer les intérêts, car, sans dette, il n'y a pas d'argent. Cela cause donc une escalade
perpétuelle de l'endettement total.

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Les ménages, les entreprises et surtout les États sont condamnés à s'endetter de façon incessante sous peine
de voir tout le système monétaire s'effondrer comme lors de la grande dépression de 1929­1933. Les banques
encouragent  donc  les  consommateurs  à  s'endetter  de  plus  en  plus  car  comme  le  mentionne  Bill  Bowner4,  «
toute notre économie mondiale dépend du consommateur ; s'il cesse de dépenser de l'argent qu'il n'a pas pour
des choses dont il n'a pas besoin, nous courons à notre perte ».

2.3. Conséquences sur la distribution

Nous avons vu plus haut que dans le système financier basé sur le prêt à intérêt, ceux qui ont accès au crédit
sont  ceux­là  qui  sont  en  mesure  de  fournir  des  garanties.  Ainsi,  le  critère  décisif  dans  l'allocation  du  crédit,
nonobstant la pertinence du projet, reste la solvabilité. Cela a évidemment des répercussions néfastes dans la
distribution car ceux qui ne sont pas en mesure de fournir ces garanties se verront refuser l'accès au crédit.
Conséquences : seuls les riches accèdent au financement. D'autre part, lorsque le crédit est octroyé, le prêteur
est sûr de se faire rembourser le capital et les intérêts sans prise de risques, et ce, quel que soit le résultat du
projet de l'entrepreneur. En cas de banqueroute, ce dernier court le risque de perdre les biens qu'il a laissés en
garantie. Il y a donc un transfert de biens de ceux qui produisent réellement vers ceux qui ne produisent pas et
qui refusent de mettre leur capital à risque. La conséquence directe et à long terme est le risque de voir les
riches devenir de plus en plus riches et moins nombreux, alors que les pauvres deviennent plus nombreux tout
en s'appauvrissant davantage.

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Chapitre II : la finance islamique et son impact sur l'économie ouest­africaine Section I : Evolution et
réglementation des institutions financières islamiques

1. Historique et évolution des institutions financières islamiques

Les techniques de financements islamiques utilisées de nos jours, appelés Musharaka,

Salam,  Murabaha  (voir  ch.2.2)  ne  datent  pas  d'aujourd'hui.  Effectivement,  toutes  les  techniques  de
financement sont inspirées de la vie du prophète Mohammed, de ses dires et de ses actes, et datent donc du
7ème siècle après J.­C (Kahf et Khan, 1989, p.4­6).

Bien que la finance islamique existe depuis plusieurs siècles, l'essor du système financier islamique est apparu
depuis  une  cinquantaine  d'année  avec  l'indépendance  d'une  grande  partie  des  pays  musulmans  face  à  la
tutelle coloniale. La première tentative d'intégration des préceptes islamiques de financement aurait commencé
en Malaisie, en 1962, avec le Pilgrim's Management Fund. En créant ce fond, le gouvernement malais voulait
permettre  à  ses  citoyens  le  pèlerinage  à  la  Mecque.  Malgré  son  caractère  restreint,  il  s'agit,  selon  certains
spécialistes  (Chapra,  1992,  p.  9  ;  Karich,  2002,  p.79),  de  la  première  ébauche  de  création  d'un  système
financier islamique.

Par  ailleurs,  la  première  banque  islamique  n'a  été  créé  qu'en  1963  à  Mit  Ghamr  en  Egypte  par  Ahmed  Al
Naggar  (Karich,  2002  ;  IFSB  et  al.  2007  ;  Martens,  2001).  Cette  banque  prospère  jusqu'en  1967,  date  à
laquelle  on  ne  compte  pas  moins  de  neuf  succursales  dans  le  pays.  Il  faut  attendre  le  début  des  années  70
pour  assister  au  véritable  tournant  de  la  finance  islamique.  En  effet,  la  création  de  la  Banque  Islamique  de
Développement  (BID)  en  1975  marque  le  véritable  lancement  du  financement  conforme  à  la  Chari'a  (loi
islamique). La BID fournit à ses pays membres, soit plus de 55 pays3, ainsi qu'aux communautés musulmanes
à travers le monde, des fonds nécessaires à leur évolution afin de favoriser leur développement économique et
leur progrès social respectif.

D'autres établissements financiers islamiques vont éclore durant la même décennie. Nous pouvons nommer la
Dubaï  Islamic  Bank  en  1975,  la  Faysal  Islamic  Bank  en  1977  ainsi  que  la  Banque  Islamique  de  Bahreïn  en
1979
3
 ISLAMIC DEVELOPMENT BANK. http://www.isdb.org/irj/go/km/docs/documents (Consulté le 05.05.2014)

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2. La réglementation bancaire de la zone de l'UEMOA 2.1. Objectifs de la réglementation

La  réglementation  de  manière  générale  vise  très  souvent  à  éviter  le  développement  de  pratiques
(anti)concurrentielles  abusives  et  à  protéger  le  consommateur.  Elle  vise  en  outre  deux  objectifs  majeurs  que
sont :

· Protéger les épargnants, et éviter ainsi une crise de confiance se traduisant par un retrait massif des dépôts,
susceptible de bloquer le financement de l'économie ;

· Eviter la matérialisation du risque systémique c'est­à­dire une faillite bancaire qui aurait un effet de dominos
sur  l'ensemble  du  système  et  menacerait  l'économie  toute  entière,  ceci  à  la  faveur  du  comportement  «
moutonnier » des épargnants.

Afin de limiter le risque de propagation, communément appelé risque systémique, de nombreuses mesures de
sauvegarde  du  système  bancaire  ont  été  mises  en  place  par  les  instances  de  régulation  communautaires,
inspirées  par  la  grande  dépression  de  1929.  Les  principales  mesures  de  sécurité  du  système  sont  les
suivantes :

·  Les  réserves  obligatoires  :  considérées  beaucoup  plus  comme  des  instruments  de  politique  monétaire,
elles  ont  été  initialement  mises  en  place  pour  protéger  les  déposants  en  contraignant  les  banques  à  détenir
une  part  de  leurs  actifs  sous  forme  de  liquidités,  afin  qu'elles  soient  en  mesure  de  répondre  à  des  retraits
massifs.

· Le dispositif prudentiel : qui s'exerce à travers un corpus de règles prudentielles destinées à s'assurer que
les  pertes  potentielles  liées  aux  risques  que  prennent  les  banques  peuvent  être  couvertes  par  leurs  fonds
propres.

·  La  supervision  bancaire  :  les  autorités  de  supervision  surveillent  de  près  l'activité  des  banques.  Elles
contrôlent  régulièrement  les  documents  comptables  pour  s'assurer  notamment  du  respect  de  certains  ratios

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(solvabilité, liquidité, exposition au risque de marché etc.).

·  L'assurance­dépôt  :  elle  a  essentiellement  pour  objectif  de  dissuader  les  ruées  vers  les  banques.  Les
déposants,  sachant  que  leurs  fonds  sont  assurés,  ne  sont  plus  incités  à  retirer  leurs  dépôts  à  la  moindre
rumeur. Cela élimine le risque de panique bancaire.

· Le prêteur de dernier ressort (PDR) : les autorités monétaires peuvent apporter leur soutien à une banque
en difficulté sous forme de prêts exceptionnels. Le plus souvent c'est la banque centrale, dotée du pouvoir de
créer la monnaie, qui tient ce rôle.

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L'intervention  du  PDR  est  d'abord  curative  dans  la  mesure  où  elle  permet  d'éviter  qu'une  faillite  isolée  ne
débouche,  par  un  effet  domino,  sur  une  crise  systémique.  Mais  comme  l'assurance­dépôt,  elle  joue  un  rôle
préventif.  Lorsque  les  déposants  savent  que  la  banque  centrale  est  susceptible  d'agir  en  tant  que  PDR,  leur
confiance  dans  la  capacité  du  système  à  faire  face  aux  crises  se  renforce,  ce  qui  rend  peu  probable  les
phénomènes  de  contagion  et  de  panique.  L'internationalisation  de  l'activité  bancaire  appelle  donc  à  une
coopération réglementaire internationale.

2.2. Les organes de régulation de l'activité bancaire. 2.2.1. BCEAO

La  Banque  Centrale  des  Etats  de  l'Afrique  de  l'Ouest  (BCEAO)  est  l'Institut  d'émission  commun  aux  huit  (8)
États membres de l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA). C'est un établissement public international dont
le siège est fixé à Dakar. Les textes qui régissent la BCEAO sont :

· Le Traité de l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA), signé le 12 mai 1962, entré en vigueur le 2 novembre
1962 et révisé le 14 novembre 1973.

·  L'Accord  de  coopération  entre  la  République  Française  et  les  Républiques  membres  de  l'Union  Monétaire
Ouest Africaine conclu le 4 décembre 1973.

· Un  avenant  à  cet  accord  de  coopération  a  été  signé  entre  les  pays  membres  de  l'UMOA  et  la  République
Française le 29 mai 1984.

·  Convention  de  compte  d'opérations  conclue  le  4  décembre  1973  entre  la  République  Française  et  l'Union
Monétaire Ouest Africaine.

La  BCEAO  jouit  du  privilège  exclusif  de  l'émission  monétaire  sur  l'ensemble  des  Etats  membres  de  l'Union
Monétaire Ouest Africaine. Elle émet des signes monétaires, billets et pièces de monnaie, qui ont cours légal et
pouvoir  libératoire  dans  l'ensemble  des  Etats  membres  de  l'Union.  La  création,  l'émission  et  l'annulation  des
signes  monétaires  sont  décidées  par  le  Conseil  des  Ministres.  Malgré  le  développement  des  moyens  de
paiement  scripturaux,  l'utilisation  de  billets  et  pièces  de  monnaie  continue  d'occuper  une  place  relativement
importante  dans  les  transactions  des  agents  économiques.  Les  mouvements  de  billets  entre  les  Etats  sont
favorisés  par  l'unicité  des  signes  monétaires.  Concrètement,  la  Banque  Centrale  est  investie  des  missions
fondamentales suivantes :

· définir et mettre en oeuvre la politique monétaire au sein de l'UMOA,

· veiller à la stabilité du système bancaire et financier de l'UMOA,

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· promouvoir  le  bon  fonctionnement  et  assurer  la  supervision  et  la  sécurité  des  systèmes  de  paiement  dans
l'UMOA,

· mettre en oeuvre la politique de change de l'UMOA dans les conditions arrêtées par le Conseil des Ministres,

· gérer les réserves officielles de change des Etats membres de l'UMOA.

La  Banque  Centrale  définit  la  réglementation  applicable  aux  banques  et  aux  établissements  financiers  et
exerce à leur égard des fonctions de surveillance. Dans ce cadre, la Commission Bancaire, créée le 24 avril
1990  et  présidée  par  le  Gouverneur  de  la  BCEAO,  est  chargée  de  veiller  à  l'organisation  et  au  contrôle  du
système bancaire dans l'UMOA. La BCEAO assure le Secrétariat Général de la Commission Bancaire.

2.2.2. Commission bancaire
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La Commission Bancaire de l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) a été créée par une

convention  signée  par  les  Ministres  des  Finances  des  Etats  membres  de  l'UMOA  le  24  avril  1990  à
Ouagadougou,  dans  le  but  de  «  contribuer  à  assurer  une  surveillance  uniforme  et  plus  efficace  de  l'activité
bancaire et une intégration de l'espace bancaire dans l'UMOA ». Elle procède ainsi de la volonté des Autorités
de  l'Union  de  confier  le  contrôle  de  l'activité  bancaire  à  une  structure  communautaire  à  laquelle  ont  été
dévolus, par les Etats, les pouvoirs nécessaires à l'exercice de ses attributions. En application de la Réforme
Institutionnelle de l'UMOA et de la BCEAO, adoptée par la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement
de  l'union  le  20  janvier  2007,  une  nouvelle  Convention  régissant  la  Commission  Bancaire  de  l'UMOA  a  été
signée  par  les  Ministres  des  Finances  des  Etats  membres  le  6  avril  2007  à  Lomé.  La  Commission  Bancaire
exerce les pouvoirs qui lui sont attribués dans l'annexe à la Convention sur le territoire de chacun des Etats
membres. Ces pouvoirs se rapportent notamment :

· à l'agrément et au retrait d'agrément des établissements de crédit ;

· au contrôle des établissements de crédit et des systèmes financiers décentralisés ;

·  aux  mesures  administratives  et  sanctions  disciplinaires  à  l'encontre  des  établissements  assujettis  ou  des
dirigeants responsables ;

· à la nomination d'administrateur provisoire ou de liquidateur d'établissement de crédit. Il s'agit de l'ensemble
des textes mis en place pour atteindre les objectifs visés par la réglementation bancaire. Nous nous attèlerons
dans  notre  travail  à  étudier  non  pas  l'ensemble  de  ces  textes,  mais  uniquement  ceux  qui  concernent  de
manière directe ou indirecte la finance islamique.

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2.2.3. La loi cadre portant réglementation bancaire de l'UEMOA

La  loi­cadre  portant  réglementation  bancaire  dans  l'UEMOA  constitue  le  texte  de  base  du  dispositif  de
supervision bancaire et, plus généralement, de l'organisation et de la surveillance des activités bancaires dans
l'UEMOA.  Cette  loi  contient  les  principes  et  dispositions  régissant  globalement  l'exercice  des  activités
bancaires et plus exactement celles des banques et établissements financiers. Dans la zone UEMOA, il revient
à la BCEAO de mettre en place une loi bancaire commune aux huit Etats membres qui la font promulguer dans
leur  Etat  respectif.  La  révision  de  la  loi  portant  réglementation  bancaire,  intervenue  en  1990  dans  les  Etats
membres de l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA), répondait aux deux objectifs ci­après :

· Moderniser la législation en vigueur en vue de l'adapter au dispositif de gestion monétaire et de crédit adopté
en 1989 ;

· Mettre en harmonie ce texte de loi avec les dispositions de la Convention portant création de la Commission
Bancaire de l'UMOA.

2.2.4. Le dispositif prudentiel

Le conseil des Ministres de l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) a arrêté au cours de sa session du 17
juin  1999,  de  nouvelles  règles  prudentielles  applicables  aux  banques  et  établissements  financiers,
conformément aux dispositions du 4ème alinéa de l'article 22 du traité du 14 novembre 1973 instituant l'UMOA,
et du 6ème alinéa de l'article 38 des statuts de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest annexés
audit traité. La mise à jour de la règlementation prudentielle a été rendue nécessaire par le souci :

· De prendre en considération l'évolution des normes internationales en matière de supervision bancaire ;

· D'assurer  une  protection  accrue  des  déposants  dans  un  contexte  de  libéralisation  de  plus  en  plus  affirmée
des activités monétaires, bancaires et financières ;

·  De  prendre  davantage  en  compte  les  innovations  financières  dans  l'appréciation  des  risques  et  des
engagements du système bancaire ;

· Enfin, de procéder à une mise en harmonie avec le plan comptable bancaire, rendu obligatoire en 1996, soit
cinq (5) ans après le précédent dispositif prudentiel.

Les  nouvelles  règles  prudentielles  applicables  aux  banques  et  établissements  financiers  portent  sur  les
domaines ci­après :

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· Les conditions d'exercice de la profession ;

· La règlementation des opérations effectuées par les banques et établissements financiers

· Les normes de gestion.

2.2.5. Autres textes

Les banques sont d'abord et avant tout des entreprises. De ce fait, elles sont également

soumises, au­delà des textes cités plus haut, à d'autres réglementations qui régissent les entreprises comme
par  exemple  la  réglementation  fiscale,  comptable,  etc.  Il  sera  question  d'étudier  certains  principes  de  la
réglementation fiscale et comptable qui pourraient avoir des répercutions d'une manière ou d'une autre sur la
finance islamique dans la zone UEMOA.

3. L'impact de la finance islamique sur l'économie ouest­africaine

3.1. Mobilisation de l'épargne

La mobilisation de l'épargne est un processus capital pour le bon fonctionnement de toute

économie.  En  effet,  plus  cette  épargne  est  élevée,  plus  les  agents  à  besoin  de  financement  trouveront  des
financements, et mieux l'activité économique sera.

Comme nous l'avons souligné, la collecte de l'épargne, essentiellement assurée par les banques, reste faible
dans la zone UEMOA. Au Sénégal par exemple, le taux de bancarisation est de 8% malgré les efforts mis en
place pour le relever14, alors qu'il se situe à 11% pour l'ensemble de l'UEMOA. Ce faible taux peut trouver une
explication  rationnelle  dans  le  fait  que  la  quasi­totalité  de  la  population  sénégalaise  est  musulmane.  Or,  la
pratique du prêt à intérêt étant l'activité principale des banques, beaucoup de personnes, notamment de riches
commerçants, sont réticentes au fait de confier leur argent aux banques assimilant leur activité au Riba (usure)
interdit par le Coran. Une grande manne financière reste ainsi thésaurisée. Aussi, des efforts sont menés pour
mobiliser cette épargne, en proposant aux musulmans un système financier qui est conforme à leur conviction
religieuse.

En 2009, un peu plus de la moitié de la population de l'espace UEMOA était musulmane (57,7%) compte tenu
de pays tels que le Mali, le Niger, ou encore le Sénégal qui comptent au moins 90% de musulmans. Il existe
par conséquent une manne financière non négligeable qui ne participe pas à l'activité économique au niveau
communautaire,  thésaurisée  par  une  communauté  musulmane  désireuse  d'une  finance  conforme  à  leur
croyance.  Offrir  une  finance  conforme  aux  attentes  de  ces  derniers  permettra  de  mobiliser  cette  manne
financière non négligeable dans le circuit économique de l'espace UEMOA.

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3.2. Une finance éthique et participative

La  finance  islamique  est  souvent  qualifiée  de  finance  éthique.  Il  s'agit  en  effet  d'une  finance  encadrée  par
l'éthique  islamique.  L'Islam  attend  des  musulmans  qu'ils  ne  dévorent  pas  illégalement  les  biens  d'autrui,  et
qu'ils  ne  soient  pas  non  plus  obsédés  par  la  recherche  du  profit.  Allah  (Le  Très­Haut)  dit  en  effet  :  «  Ô  les
croyants  !  Que  les  uns  d'entre  vous  ne  mangent  pas  les  biens  des  autres  illégalement.  Mais  qu'il  y  ait  du
négoce (légal), entre vous, par consentement mutuel. Et ne vous tuez pas vous­mêmes. Allah, en vérité, est
Miséricordieux envers vous » (sourate 4 (les femmes), verset 29). De même, par ses multiples exhortations, le
Prophète  (PSL)  nous  invite  à  nous  préserver  des  actes  répréhensibles  dans  le  commerce  tels  que  le
mensonge,  la  tricherie,  la  tromperie  et  l'injustice  (Imane  KARICH,  2004).  Ainsi  selon  la  charia,  on  ne  peut
prétendre  au  profit,  sans  fournir  le  moindre  effort  ou  mettre  son  capital  à  risque.  C'est  la  notion  d'iwad  ou
contre­valeur.  D'autre  part,  la  finance  islamique  présente  une  technique  de  financement  fondée  sur  la
participation.  Le  principe  des  «3P»  (Partage  des  Profits  et  des  Pertes)  est  fondamental  dans  certaines
opérations  bancaires  islamiques.  De  ce  fait,  les  banques  islamiques  interviennent  dans  une  relation  de
partenariat avec un entrepreneur. Elles ont une responsabilité importante dans la gestion des fonds car elles
vont  accompagner  les  entrepreneurs  à  maximiser  la  rentabilité  économique  du  projet  contrairement  aux
banques classiques qui ne prennent aucun engagement et ne se soucient pas des retombées du projet, une
fois  le  prêt  accordé.  Pour  finir,  la  finance  islamique  participe  activement  au  développement  en  finançant
directement  l'économie  réelle.  Tous  ces  points  font  qu'elle  peut  venir  en  appoint  au  crédit  bancaire
conventionnel dans l'espace UEMOA.

3.3. Diversification des investisseurs

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L'instauration  d'un  système  de  finance  islamique  sera  bénéfique  pour  tout  Etat  car  elle  pourra  attirer  des
investisseurs  en  provenance  des  pays  du  Golfe.  Ils  ont  la  particularité  de  posséder  des  portefeuilles
conséquents  et  liquides.  Il  y  a  donc  des  liquidités  abondantes  en  provenance  des  monarchies  du  Golfe  car
l'argent qu'elles génèrent provient en grande partie du pétrole. Or, conscients que le pétrole n'est pas éternel,
ils souhaitent préparer l'après­pétrole et sont sensibles aux opportunités que la finance internationale peut leur
offrir.  Offrir  donc  des  opportunités  pour  ces  investisseurs  en  leur  proposant  une  finance  respectant  leur
croyance est un enjeu important pour l'économie ouest africaine.

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Section II : Notions sur la finance islamique.

1. Les sources de la finance islamique

1.1. Sources primaires

Les sources primaires se subdivisent en deux (2). Il s'agit du Coran et de la Sunna :

· Coran : Le droit islamique est d'abord issu du Coran, texte qui aborde tous les comportements de la vie du
fidèle  dans  une  approche  à  la  fois  globale  et  détaillée.  Sur  plus  de  six  mille  versets,  six  cents  environ
contiennent des règles de droit, ceux qui sont spécifiquement relatifs à l'économie et à la finance n'étant qu'une
dizaine  (Guéranger,  2009).  Ce  sont  des  textes  pragmatiques  abordant  des  cas  d'espèces  plutôt  que  des
principes  théologiques.  Ils  font  appel  à  l'équité  et  au  bon  sens,  à  la  faculté  d'adaptation.  La  seconde  source
primaire (Sunna) vient pour apporter plus de détails sur la précédente.

· Sunna : La Sunna est un recueil des traditions établies à partir du comportement et des paroles (hadith) du
Prophète Muhammad (PSL) et rapportées par ses compagnons. C'est aussi une source de la Charia en ce
qu'elle fournit des réponses à des questions non abordées par le Coran.

1.2. Sources secondaires

Elles sont multiples et permettent de trouver des réponses aux questions sur lesquelles les

sources primaires ne se sont pas prononcées. Elles évoluent et s'adaptent selon le temps et l'espace
permettant ainsi à la législation islamique d'être dynamique. Les plus importantes sont:

· L'Ijma : ce terme signifie littéralement « décider » ou « être déterminé à faire quelque chose ». Mais dans la
terminologie  du  Fiqh,  ce  dernier  désigne  le  consensus  des  savants  musulmans  après  la  mort  du  Prophète
(PSL) sur une question de la Charia.

· Le Qiyas : veut dire littéralement « évaluer une chose d'après la valeur de son équivalent ». Il s'agit, dans le
sens  technique  du  raisonnement  par  analogie.  Cette  méthode  consiste  donc  à  rattacher  une  affaire  pour
laquelle il n'existe pas de jugement dans les trois (3) premières sources, à une affaire pour laquelle il existe un
texte pour son jugement parce que les deux (2) affaires ont en commun la cause qui a motivé ce jugement.

· L'Istihsan : au  sens  littéral,  Istihsan signifie  «  considérer  quelque  chose  comme  bien  ».  le  sens  technique
quant à lui veut dire préférer un jugement exceptionnel à un jugement universel à cause d'une preuve qui lui
est apparue et qui justifie cette préférence. Il ne s'agit pas de l'intégralité des sources secondaires. Mais la plus
part des principes en

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finance islamique sont tirés de ces dernières, majorées évidemment des sources primaires.

2. Les principes de la finance islamique

Il s'agit des conditions à remplir pour la validité d'une transaction selon la Charia. Ces

principes  font  ressortir  de  manière  théorique,  la  différence  existant  entre  les  institutions  financières  islamiques  et
conventionnelles.

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2.1. Consentement mutuel

Le consentement mutuel des contractants est une condition sine qua non pour la validité d'un

contrat. Ce principe a été clairement établi aussi bien dans le Coran que dans la Sunna. Pour l'islam, un contrat dépourvu
de consentement mutuel revient à « manger les biens des autres illégalement »4. Dans le même ordre d'idée, le Prophète
(PSL)  affirme,  dans  un  hadith  rapporté  par  Ibn  Majah,  que:  «  Un  contrat  de  vente  n'est  valide  qu'en  présence  du
consentement mutuel ». Ce principe implique que la conclusion d'un contrat suppose que les contractants ont librement
donné  leur  consentement  sur  la  base  de  connaissance  certaine  de  l'objet  du  contrat  ainsi  que  des  droits  et  devoirs  de
chacune des parties. C'est ainsi qu'un consentement obtenu sous la contrainte, la fraude, une dénaturation des faits ou
par n'importe quel autre moyen illégal, rend le contrat invalide. De même, un contrat conclu en état d'ivresse ou par voie
de plaisanterie ou de méprise est aussi invalidé par la Charia. Cela est dû au fait que dans tous les cas précités l'élément
de consentement libre ou l'intention réelle des contractants à conclure le contrat est absent.

2.2. Liberté de contracter

Dans le domaine des transactions le principe est de considérer que toute chose qui n'est pas

interdite  par  les  sources  fondamentales  de  la  Charia  est  légale  et  permise.  Ce  principe  a  été  clairement  énoncé  par
l'éminent  juriste  musulman,  Ibn  Taymiyyah,  qui  a  soutenu  que  les  actes  des  individus  sont  de  deux  types  :  les  actes
dévotionnels qui visent à promouvoir leur spiritualité, et les coutumes dont ils ont besoin pour le cours normal de la vie.
Une  analyse  attentive  des  sources  de  la  Charia  révèle  que  les  actes  dévotionnels  sont  établis  par  des  injonctions
explicites de la part du Législateur, tandis que pour les coutumes le principe est de les considérer permises en l'absence
d'une prohibition explicite. Ce principe implique que les contractants dans une transaction ne sont pas tenus de se limiter
aux traditionnels contrats endossés par les juristes. Ils peuvent, au contraire, introduire autant de termes qu'ils souhaitent
tant que ces termes ne violent pas des principes établis.
4  Coran, Sourate 4, verset 29

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2.3. Eviter les interdictions

Comme nous l'avons mentionné, les contractants peuvent inclure dans leur contrat, autant de clauses qu'ils désirent. La
seule limite à cette liberté est l'ensemble des interdits imposés par la Charia. On peut citer quelques­uns, notamment ceux
qui font ressortir la particularité de la finance islamique :

? Interdiction du Riba : le Riba signifie littéralement augmentation,

surplus, croissance. il n'existe pas de définition claire du Riba dans le Coran. Cela suppose que comme le vin, l'adultère
ou le vol, le Riba était beaucoup pratiqué et bien connu des interlocuteurs directs, les Quraych. Ainsi, son interdiction s'est
faite d'une manière progressive, allant du caractère réprouvé5, à celui d'interdit6. Il est également mentionné dans d'autres
sourates7, mais concrètement, on parle de Riba chaque fois qu'il y a un surplus contractuel payable sur le principal d'une
dette  (provenant  d'une  transaction  de  vente  ou  d'un  prêt),  même  si  le  paiement  du  surplus  se  fait  périodiquement  alors
que le principal est payé à la date préfixée ou encore si le surplus et le principal sont payés ensembles. La conséquence
de  cette  interdiction  est  dans  le  monde  contemporain,  une  assimilation  des  intérêts  bancaires  à  une  nouvelle  forme  de
Riba.  En  effet, l'Académie  du Fiqh Islamique  de  l'Organisation  de  la  Conférence  Islamique  (OCI),  la  plus  haute  autorité
spécialisée, dans sa résolution no10 adoptée en 1985 concernant les transactions bancaires comportant des intérêts et les
transactions  des  banques  islamiques,  a  décidé  que  :  «  toute  majoration  ou  intérêt  sur  un  prêt  venu  à  échéance,  en
contrepartie d'un moratoire, dans le cas où le débiteur ne serait pas en mesure de payer, et toute majoration (ou intérêt)
sur un prêt, à compter de l'entrée en vigueur du contrat, sont deux formes d'usure prohibées par la Chari' a »8.

Le Prophète (PSL) a par la suite étendu la portée de cette interdiction sur l'échange concernant certains produits de même
nature (il s'agit du Riba al bouyou), précisant ainsi : « Or pour or, argent pour argent, blé pour blé, orge pour orge, datte
pour  datte,  sel  pour  sel,  les  quantités  doivent  être  égales  et  l'échange  doit  se  faire  sur  place;  quiconque  augmente  ou
demande une augmentation pratique le Riba, le preneur et le donneur sont pareils dans cette situation »9.
5
 Sourate 30 (Ar­rum), verset 39

6
 Sourate 2 (Al bakara), versets 275­278

7  Sourates 3 (al Imran), verset 130 et Sourate 2 (al Nissa), verset 161

8
 Académie Islamique du Fiqh. (2000). Résolutions et Recommandations du Conseil de l'Académie Islamique du Fiqh 1985­2000. Djeddah:IIRF.

9
 Rapporté par Mouslim

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? Interdiction du Gharar et du Maysir : Gharar est un terme arabe qui

signifie  incertitude,  hasard  ou  ignorance.  Techniquement,  on  peut  retenir  qu'il  y  a  Gharar dans  une  transaction,  chaque
fois qu'un des contractants est désavantagé à cause d'une ignorance sur le prix, l'article/service ou sur la date de livraison
(Mansuri, 2006). Quelques exemples classiques de Gharar sont la vente d'un oiseau dans le ciel ou d'un poisson dans la
mer. Beaucoup de hadiths interdisent le Gharar. D'après Abd­Allah Ibn Oumar (RAA) :

« L'Envoyé d'Allah (PSL) a interdit de vendre la portée d'une chamelle avant que celle­ci ne mette bas » (rapporté par Al
Boukhari et Mouslim).

Le  Maysir  quant  à  lui,  signifie  obtenir  facilement  quelque  chose  ou  acquérir  un  profit  sans  avoir  travaillé  pour  cela.
Techniquement, c'est une transaction où un ou plusieurs parieurs gagnent au détriment des autres. C'est un jeu à somme
nulle  où  l'intérêt  des  cocontractants  est  divergent  car  ne  pouvant  réaliser  simultanément  des  gains.  Il  est  explicitement
interdit dans le Coran10.

? Interdiction d'investir dans des secteurs jugés illicites : l'un des

interdits majeurs en finance islamique est le fait que l'investissement dans une activité économique ne peut se faire que si
l'activité  sous­jacente  est  licite  selon  la  Charia. Ainsi,  certains  secteurs  comme  celui  de  l'industrie  porcine,  du  tabac,  ou
encore de l'armement, ne peuvent faire l'objet d'un contrat. En plus de ces principes, il faut rajouter certaines obligations
dans  certains  types  de  contrats  comme  par  exemple  celles  de  partager  les  pertes  et  les  profits  dans  les  contrats  de
partenariat, ou encore d'adosser toute transaction à un actif réel.

Toutefois, ils seront largement suffisants pour montrer la singularité de la finance islamique et sa différence avec la finance
conventionnelle. Il s'agira maintenant de voir comment, à partir de ces principes, elle participe au financement de l'activité
économique.
10  Sourate 5 (al Maeda), versets 90­91

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DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE DE L'ETUDE Chapitre III : Choix et outils méthodologiques

Section I : Choix méthodologique
1. Cadre de l'étude

Le cadre de l'étude désigne le lieu d'expérimentation ou d'observation. Pour les besoins de la

réalisation  de  ce  travail  nous  avons  recueilli  certaines  informations  utiles  au  niveau  de  la  BCEAO  qui  est  La
référence en matière de règlementation bancaire dans la zone.

Cette étude pratique a été complétée par des recherches théoriques, en ayant accès à des ouvrages et
documents traitant de la finance islamique de manière générale et en nous aidant également de certains cours
dispensés par les intervenants de l'École Supérieure de Technologie et de Management (E.S.T.M.)

2. Délimitation du champ de l'étude

Comme tout système financier, celui de l'espace UEMOA vise à faciliter le transfert des flux

financiers  entre  les  agents  à  capacité  de  financement,  vers  ceux  qui  en  ont  besoin.  Dans  cette  optique,  un
ensemble constitué de marché, d'institutions, de lois, régulations et techniques a été mis en place. Toutefois,
même si un marché sous régional et des systèmes financiers décentralisés (SFD) (institutions de microfinance)
existent,  il  n'en  demeure  pas  moins  que  les  banques  restent  la  principale  source  de  financement  dans
l'UEMOA.

Ainsi, dans une perspective de développement économique à court ou moyen terme (moins de cinq (5) ans)
dans la zone UEMOA, il serait bien plus judicieux d'axer les efforts de développement de la finance islamique
dans  un  premier  temps  autour  de  l'activité  bancaire.  D'où  la  délimitation  de  notre  champ  d'étude  au  secteur
bancaire,  tout  en  précisant  que  le  développement  du  marché  financier  et  des  SFD  n'en  demeure  pas  moins
important.

3. Cadre conceptuel

Pour une meilleure accessibilité et compréhension du corps du travail, il est nécessaire de définir

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au  préalable  dans  cette  section,  certains  mots  et/ou  groupes  de  mots  récurrents,  notamment  ceux  propres  à  la  finance
islamique qui ne sont souvent pas communs au langage financier :

· Banque islamique : une banque islamique est un établissement de crédit fonctionnant selon les principes de
la Ghania.

· Banque : est considérée comme banque, toute personne morale qui effectue, à titre de profession habituelle,
des opérations de banque. Constituent des opérations de banque,

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la  réception  de  fonds  du  public,  les  opérations  de  crédit,  ainsi  que  la  mise  à  disposition  de  la  clientèle  de
moyens de paiement.

· Charia compliant : se dit de tout ce qui est conforme à la Charia (contrats, opérations, produits...etc.)

· Charia :  la  Charia  peut  se  définir  comme  «  l'ensemble  de  ce  qui  a  été  révélé  au  Messager  (PSL)  comme
commandements, sous forme de principes ou lois prescrites par le Coran et la Sunna, concernant les dogmes,
les  activités  et  les  actions  des  personnes  légalement  responsables,  que  ce  soit  de  façon  péremptoire  ou
conjecturale » (Kharûfa, 2000).

·  Coran  :  C'est  le  Livre  d'Allah  (Le  Très­Haut),  révélé  à  Son  Prophète  (PSL),  écrit  dans  les  masahifs
(réceptacles bénis), et qui nous a été transmis par voies multiples et pur de tous soupçons. C'est une oeuvre
dont l'ordre de composition est inimitable. Il (le Coran) est la première source de législation en droit musulman.

·  Finance  conventionnelle  (classique)  :  Terme  générique  désignant  la  finance  telle  qu'elle  est  pratiquée
aujourd'hui partout dans le monde, régie par les normes internationales.

· Finance islamique : Il n'y a pas de définition unique concernant la finance islamique. L'Islam stipule
simplement que tout musulman doit vivre en accord avec la Charia. Ainsi, la finance islamique pourrait être
définie comme étant un ensemble de services financiers et opérations de financement se conformant aux
principes de la Charia (Guéranger, 2009).

·  Finance  :  Dans  une  compréhension  large,  la  finance  est  l'ensemble  des  activités  qui  rendent  possible  et
organisent  le  financement  des  agents  économiques  ayant  des  besoins  de  capitaux  (comme  par  exemple  les
entreprises ou les États) par les agents ayant des surplus (typiquement les ménages épargnants). Le terme de
finance s'applique donc à la recherche de financements (en particulier par les entreprises), à la recherche par
les détenteurs de surplus de capitaux de placements et enfin à tous ceux qui organisent la convergence entre
ces deux types d'acteurs (les marchés financiers, les banques et les autres institutions financières).

· Sunna : La Sunna signifie littéralement habitude, manière. Mais, dans le langage technique, elle est définie
comme étant constituée de l'ensemble des paroles du

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Prophète Muhammad (PSL), de ses actes et de ce qu'il a implicitement approuvé. Elle est, après le Coran, la deuxième
source législative en droit musulman.

Système financier : un système financier est un ensemble de marchés, d'institutions, de lois, régulations et techniques
régissant le flux des fonds des agents économiques à surplus vers ceux à déficit.

Section II : Outils méthodologique
1. Techniques et outils de collecte des données

Comme mentionné plus haut, cette étude est à la fois l'aboutissement d'une recherche

pratique, et théorique (recherche documentaire).

La  recherche  documentaire,  consistait  essentiellement  à  la  consultation  des  ouvrages  en  une  approche
qualitative, et la collecte d'informations au niveau de l'encadreur et des différents intervenants au niveau de la
Banque Islamique du Sénégal.

2. Difficultés et limites de la recherche

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La rédaction de ce mémoire, comme tout travail a nécessité beaucoup d'endurance et de

patience dans la recherche des informations.

Lorsqu'on aborde un thème relatif à la finance islamique dans la zone UEMOA, le premier obstacle auquel l'on
est  confronté  est  naturellement  le  manque  crucial  d'informations  pratiques.  Tout  d'abord,  les  ouvrages
consultés renseignent sur la finance islamique de manière générale, et ne l'abordent pas particulièrement au
cas de l'économie africaine. Ensuite, la primeur de cette discipline, le manque de spécialistes et la réticence de
certaines  entreprises  à  partager  les  informations  (souvent  non  confidentielles),  sont  d'autant  de  facteurs
pouvant expliquer ces difficultés.

3. Revue critique de la littérature

Ces dernières années ont connu un accroissement de la documentation en finance islamique.

Bon nombre de ces ouvrages traitent de la finance islamique par rapport à la règlementation bancaire des pays où cette
dernière est beaucoup plus développée. Rares sont les ouvrages qui traitent du cas de l'Afrique en général, et celui de la
zone UEMOA en particulier. Toutefois, des réflexions ont récemment été menées, et d'autres sont en cours pour définir et
déterminer les apports potentiels de la finance islamique dans la zone UEMOA. Il s'agissait également de voir dans quelle
perspective elle pourrait s'installer durablement dans la zone et être viable. On peut citer notamment comme études allant
dans le même sens que la nôtre :

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? Le séminaire de restitution d'étude, tenu par l'Islamic Finance Advisory & Assurance Services (IFAAS) à Dakar le 22 et
23 juin 2012: l'IFAAS est un cabinet spécialisé et dédié exclusivement à la finance islamique comptant des bureaux au
Royaume Uni, en France et au Royaume de Bahreïn. Dans le cadre de la promotion de la finance islamique dans
l'UEMOA, une étude à été menée par ce groupe pour déterminer les conditions requises à l'implantation de la finance
islamique dans la zone

UEMOA.

Il est impératif pour la pertinence de ce travail de nous référer aux études susmentionnées. Il est également indispensable
de tenir compte de certaines documentations et ouvrages tels que :

·  La  loi­cadre  portant  règlementation  bancaire  de  l'UEMOA  :  tout  au  long  de  ce  travail,  nous  nous
référerons principalement aux dispositions de ladite loi;

·  Le  dispositif  prudentiel  :  Le  dispositif  prudentiel  regroupe  toutes  les  règles  permettant  de  protéger  les
épargnants  contre  les  risques  excessifs  pris  par  les  banques.  Dans  l'UEMOA,  une  vaste  réforme  a  été
entreprise par les Autorités monétaires et de contrôle au milieu des années 1980 pour renforcer le contrôle des
banques et établissements financiers. Ainsi, au début des années 1990, un nouveau dispositif prudentiel a été
adopté qui a fait l'objet d'un réaménagement en 1999 pour tenir compte des normes internationales notamment
celles des travaux du comité de Bâle qui tiennent un rôle très significatif.

· « Finance islamique, Une illustration de la finance éthique », de François Guéranger, édition DUNOD,
2009 : Docteur en droit, avocat au barreau de Paris, ancien chargé de mission à la Commission des opérations
de bourse, l'auteur évolue depuis longtemps dans le monde de la finance et a notamment contrôlé, comme

Inspecteur de la Banque de France, les activités de finance islamique d'établissements de crédit en Europe et en Asie. Il
propose dans cet ouvrage, de décrypter la finance islamique, en présentant les principaux mécanismes et les enjeux de
cette  dernière,  sur  le  plan  aussi  bien  théorique  que  pratique,  à  partir  d'une  analyse  juridique  solide.  Cet  ouvrage  très
accessible, offre une vue d'ensemble sur les différents thèmes relatifs à la finance islamique.

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Chapitre IV : Les résultats de la recherche
Section I : PME et institutions financières islamiques
1. Mode de fonctionnement de l'intermédiation financière islamique

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Lorsque l'on évoque les principes de la finance islamique, les premières remarques

auxquelles l'on doit faire face sont celles relatives à la manière dont les institutions financières islamiques parviennent à
réaliser des bénéfices en l'absence de taux d'intérêt. De même que les banques conventionnelles, les banques islamiques
se  proposent  de  financer  les  agents  économiques  en  proposant  des  opérations  spécifiques  correspondant  aux  besoins
des entreprises et des particuliers. Elles financent ainsi les opérations classiques à l'aide des produits islamiques comme
indiqué dans le tableau suivant (Guéranger, 2009) :

Tableau II.1 : Synthèse des opérations de finance islamique

BANQUE CONVENTIONNELLE BANQUE ISLAMIQUE
  Ressources
  Dépôts
Compte de dépôt   Wadiah/Kard hassan
Compte d'épargne   Wadiah/Kard hassan
    Mudaraba (compte d'investissement)
  Emplois
  Financement d'investissement
Financement immobilier   Bai bithaman ajil
Financement mobilier   Ijara thumman al­bai
Matériel d'exploitation   Murabaha
Financement de haut de bilan   Bai bithaman ajil/Mudaraba/Musharaka
Facilité de caisse   Bai bithaman ajil/Murabaha
Crédit­bail ou location   Ijara
Prêt personnel   Bai bithaman ajil/Bai al­einah/Murabaha
Mise en gage   Rahn
Financement divers   Bai bithaman ajil
  Financement commercial
Lettre de crédit   Wakala/Murabaha/Musharaka
Traite acceptée   Murabaha
Garantie bancaire   Kafalah
Crédit export   Murabaha
  Services bancaires
  Cartes bancaires
Carte de débit   Khard hassan
Carte de crédit   Bai al­einah

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Sur  la  base  des  principes  évoqués  précédemment,  les  juristes  musulmans  ont  mis  en  place  certains  contrats  (liste  non
exhaustive) et dont voici les plus usités :

1.1. Contrats commerciaux

? Murabaha : dans ce contrat, une des parties (le client) donne l'ordre à l'autre (la banque)

d'acheter  pour  son  compte  une  marchandise  au  comptant.  Il  (le  client)  s'engage  ensuite  à  reprendre  ce  bien  suite  à  un
paiement  différé  en  un  seul  ou  plusieurs  versements,  moyennant  une  marge  bénéficiaire  versée  à  la  banque.  Celle­ci
signe deux contrats, un avec le fournisseur, et un autre avec le client.

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CLIENT

FOURNISSEUR

BANQUE
ISLAMIQUE

Figure II. 1 : Etapes du Murabaha

1. Le client approche un fournisseur pour choisir le bien qu'il désire acquérir.

2. Le client approche la banque pour lui demander de mettre sur pied un murabaha.

3. En cas d'acceptation de l'opération, une promesse d'achat/vente est établie entre la banque et son client.

4. La banque acquiert le bien auprès du fournisseur et en règle le montant.

5. Le fournisseur effectue le transfert de propriété en livrant la banque (NB : la banque peut désigner son client
comme agent auquel cas, c'est ce dernier qui est livré).

6. La banque vend le bien au client à un prix supérieur au prix au comptant et transfère le bien et la propriété
de celui­ci à son client.

7. Le client règle le prix du bien à une échéance ultérieure (ou en plusieurs échéances).

? Ijarah : il est assimilable au crédit­bail. Il s'agit aussi d'une vente à crédit mais qui porte sur les services rendus par un
équipement. Souvent la location est assortie d'une promesse

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de vente de l'équipement loué à la fin de la période de location. Elle prend alors le nom d'Ijarah­wa­iqtinâ.

BANQUE
ISLAMIQUE

FOURNISSEUR

CLIENT

6
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Figure II.2 : Etapes de l'Ijarah

1. Le client approche un fournisseur pour choisir le bien dont il a besoin.

2. Le client approche la banque pour lui demander de mettre sur pied un contrat d'Ijarah.

3. La banque acquiert le bien auprès du fournisseur et en règle le montant

4. Le fournisseur effectue le transfert de propriété en livrant la banque

5. la banque loue le bien au client et lui transfère le droit d'utilisation du bien

6. Le client règle les loyers

7. À l'échéance, le bien revient à la banque

? Salam : c'est une vente à crédit mais à l'envers, le prix étant payé au comptant alors que la marchandise vendue n'est
délivrée que plus tard. Elle constitue un moyen adéquat de financement des intrants de production. Cependant, la banque
qui  voudrait  limiter  au  maximum  son  intervention  directe  dans  l'activité  commerciale  proprement  dite,  devrait  utiliser  la
vente  «  salam  »  dans  le  cadre  d'un  montage  financier  où  elle  n'achèterait  «  salam  »  que  sur  la  base  d'une  promesse
préalable d'achat de la même marchandise.

?  Istisna  :  littéralement  l'Istisna  est  la  demande  de  fabrication.  Il  ne  constitue  pas  nécessairement  un  moyen  de
financement, puisque le paiement peut être retardé jusqu'au moment de la livraison de la chose fabriquée. Il peut même
se  réduire  à  une  simple  promesse  d'achat  d'un  certain  produit  à  fabriquer.  L'Istisna  devient  un  moyen  de  financement
lorsque le prix est avancé avant la livraison du produit à fabriquer.

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1.2. Contrats basés sur le partenariat

? Mudaraba : Il s'agit d'une forme d'association entre le capital financier d'une part et le

travail  de  l'autre.  La  gestion  de  l'affaire  est  totalement  entre  les  mains  du  «  travailleur  »  appelé  Mudarib,  alors  que  les
actifs acquis grâce au capital avancé demeurent la propriété du « capitaliste » connu sous le nom de Rabul mal. Les deux
parties  se  partageront  les  bénéfices  (s'il  y  en  a),  selon  un  ratio  convenu  à  l'avance,  alors  qu'en  cas  de  perte,  c'est  le
capital qui le supporte pendant que le Mudarib perd en termes d'effort et de temps consacré au projet.

? Musharaka : la Musharaka consiste en la participation de deux ou plusieurs parties au

capital d'une même affaire. Chaque partenaire a le droit d'intervenir directement dans la gestion de l'affaire ; les bénéfices
nets étant partagés suivant des proportions préalablement agréées et les pertes supportées au prorata de la contribution
de chacun au capital.

1.3. Autres contrats et mode de financement

? Khard hassan : le Khard hassan ou crédit gratuit s'inscrit surtout dans le rôle social que la banque joue dans la société.
La gratuité du prêt (prêt al­hassan) est exigée sous peine de voir le contrat frappé de nullité absolue. L'objet peut en être
des  biens  fongibles,  comme  l'argent,  ou  non  fongibles  dans  le  cadre  du  prêt  à  usage.  Ce  dernier  prêt  est  celui  qui
présente la plus haute valeur dans la morale islamique car il concrétise une aide au prochain (Guéranger, 2009).

Le  mécanisme  du  Khard  Hassan  est  simple  :  un  agent  économique  emprunte  une  certaine  somme  d'argent  pour  une
durée  déterminée  ou  non.  Le  remboursement  se  fait  sans  paiement  d'intérêt  à  la  date  convenue  ou  sur  demande  du
prêteur. Ce dernier peut exiger un bien en garantie qui est régi par la règle du gage. Il a également le droit de facturer des
frais  administratifs  de  gestion  du  prêt.  Ce  mécanisme  est  utilisé,  notamment,  pour  des  financements  personnels
temporaires, par exemple pour les cartes de crédit.

? Sukuk : certains définissent les Sukuks comme des obligations islamiques. Mais la définition donnée par l'Accounting
and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions (AAOIFI) du Sukuk montre bien une différence de ces derniers
avec  les  obligations.  En  effet,  l'AAOIFI  définit  les  Sukuks  comme  étant  «  des  certificats  de  même  valeur  représentant­
après la clôture des souscriptions, la réception de la valeur monétaire des certificats et son utilisation comme planifié­ une
part de propriété ou des

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droits sur des actifs tangibles, des usufruits et services. Les Sukuks peuvent représenter aussi une part de propriété d'un
projet ou d'une activité d'investissement spécial »13. Il s'agit donc d'un titre représentant une part de propriété d'un actif
réel qui donne droit à des cash­flows futurs.

2. Fonctionnement des banques islamiques

Le concept de banque en lui­même, relativement au rôle qu'elle joue dans le développement économique n'est pas remis
en  cause  par  l'islam  contrairement  aux  idées  reçues.  C'est  tout  simplement  le  mode  de  financement  de  l'activité
économique  qui  est  réfuté  par  l'islam.  Ainsi,  les  banques  islamiques,  tout  en  jouant  le  même  rôle  que  les  banques
conventionnelles,  utilisent  d'autres  techniques  de  financement.  Une  analyse  du  bilan  de  ces  dernières  permet  de  faire
ressortir cette différence. Concrètement, concernant l'origine des fonds (passif du bilan), nous avons :

· Le capital qui est constitué par les actionnaires.

·  Les  comptes  d'épargne  et  courants  :  constitués  par  les  déposants  sous  la  forme  de  prêts  sans  intérêts
(Khard Hassan). La banque peut utiliser ces fonds mais à charge pour elle de les restituer à la demande des
déposants. Ces comptes ne sont évidemment pas rémunérés.

·  Les  comptes  d'investissement  :  Il  s'agit  des  comptes  destinés  aux  déposants  désireux  de  fructifier  leur
épargne.  La  banque  islamique  ne  rémunérant  pas  sur  la  base  d'intérêts,  ces  déposants  doivent  eux  aussi
accepter les principes de la finance islamique notamment celui du partage des pertes et des profits. Ainsi ils
déposent leur épargne sur la base d'un contrat de Moudaraba : Les déposants amènent le capital, la banque
fournit le travail, s'il y a bénéfice les parties le partagent selon un ratio convenu à l'avance, alors que le capital
supporte les pertes.

·  Pour  finir,  l'on  retrouve  les  autres  éléments  constituant  le  passif  des  banques  conventionnelles  (trésorerie
passive, soldes débiteurs dans les autres institutions financières...etc.).

Ainsi,  les  banques  islamiques  ont,  en  ce  qui  concerne  l'origine  de  leur  fonds,  plusieurs  sources  de
financement.  Pour  ce  qui  est  des  emplois,  les  banques  islamiques  utilisent  les  contrats  que  nous  avons
mentionnés plus haut pour financer l'économie et réaliser des bénéfices qui serviront entre autre à rémunérer
les titulaires des comptes d'investissement. Certains de ces instruments sont plus utilisés que d'autres.

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Section II : Analyse critiques et recommandations

1. Analyse de la réglementation bancaire

1. Analyse de la loi­cadre portant réglementation bancaire de l'UEMOA

Pour exercer l'activité bancaire dans l'espace UEMOA, une banque doit se conformer à la

réglementation qui y est en vigueur. Une analyse de la loi­cadre bancaire permet de déceler des dispositions
qui  permettent  d'exercer  l'activité  bancaire  islamique  conformément  à  la  Gharia,  et  d'autres  qui  sont  une
entrave.

1.2. Dispositions de la loi bancaire favorables à la finance islamique

Parler de dispositions favorables à la FI revient pour une banque islamique à pouvoir exercer

librement une activité conforme à la Gharia. Cette possibilité peut être due au fait qu'il existe des dispositions
lui permettant d'exercer une telle activité.

En réalité, il existe déjà deux (2) banques islamiques dans la zone UEMOA. Il s'agit de la Banque Islamique du
Sénégal (BIS) au Sénégal et de la Banque Islamique du Niger pour le Commerce et l'Investissement au Niger,
aujourd'hui dénommée Banque Islamique du Niger (BIN).

La  loi  bancaire  a  été  modifiée  en  1983  afin  de  permettre  aux  banques  islamiques  d'exercer  leurs  activités
conformément  aux  principes  de  la  Gharia.  Cette  ouverture  a  été  maintenue  dans  la  loi­cadre  portant
réglementation bancaire qui stipule en son article 43

« qu'il est interdit aux banques de se livrer, pour leur propre compte ou pour le compte d'autrui, à des activités
commerciales, industrielles, agricoles ou de services, sauf dans la mesure où ces opérations sont nécessaires
ou accessoires à l'exercice de leur activité bancaire ou nécessaires au recouvrement de leurs créances ». Ces
activités  étant  justement  la  principale  source  de  revenu  des  banques  islamiques,  une  dérogation  leur  est
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accordée  relativement  à  cette  disposition.  Aussi,  pour  prendre  l'exemple  de  la  BIS  au  Sénégal,  l'arrêté  n
°015822/MEF/DGT/DMC11 du 24 novembre 1983 fixe la base juridique permettant à la Banque Islamique du
Sénégal de :

· Effectuer de manière régulière et permanente des opérations commerciales, immobilières et financières.

·  Exercer  ses  activités  sur  la  base  d'un  système  de  partage  des  pertes  et  profits,  avec  exclusion  de  toute
perception ou paiement d'intérêts.
11
 Arrêté n°015822/Ministère de l'Economie et des Finances/Direction Générale du Trésor/Direction de la Monnaie et du Crédit.

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Ainsi, les banques islamiques peuvent offrir des produits excluant toute forme d'intérêt et pouvant revêtir divers
types  de  financement  comme  la  Murabaha,  l'Ijarah,  et  le  Salam.  Et  plus  encore,  l'article  9  de  la  même  loi
appuie cette ouverture en offrant aux BI la possibilité de prendre des parts dans des entreprises existantes ou
en formation (sous réserve de certaines conditions). Ces opérations de prise de participation sont assimilables
aux contrats de Musharaka et Mudaraba.

En outre, la loi bancaire permet à une banque islamique d'offrir à la clientèle tous les autres services bancaires
classiques  ne  comportant  pas  de  perception  ou  de  paiement  d'intérêts  :  compte  courant,  compte  d'épargne,
opérations d'encaissement et d'achat ou vente de chèque de voyage, change manuel, transfert rapide d'argent,
domiciliation d'opérations bancaires de commerce extérieur.

2. Contraintes liées à la loi bancaire

Les obstacles rencontrés par la finance islamique sont relatifs :

? Aux comptes d'investissement :

La  première  entorse  faite  par  la  loi­cadre  portant  réglementation  bancaire  à  l'exercice  de  l'activité  bancaire
islamique  vient  de  l'article  5  de  ladite  loi.  En  effet,  cette  dernière  prévoit  que  les  banques  ont  l'obligation  de
restituer  les  dépôts  qu'elles  reçoivent  du  public.  De  plus,  la  banque  peut  disposer  de  ces  dépôts  pour  son
propre compte. Cet article ne prend pas en compte la particularité des comptes d'investissement mentionnés
dans  le  chapitre  précédent.  En  effet,  les  banques  islamiques  ne  pouvant  pas  rémunérer  leurs  clients  sur  la
base  du  taux  d'intérêt,  elles  ont  recours  aux  comptes  d'investissement  pour  les  clients  désireux  de  fructifier
leurs  avoirs.  Ces  comptes  fonctionnant  sur  la  base  du  Moudaraba,  les  clients  sont  non  seulement  tenus  de
partager les bénéfices provenant de l'investissement, mais aussi de supporter les éventuelles pertes avec la
banque  en  cas  de  faillite  du  projet.  De  ce  fait,  sauf  faute  avérée  de  la  part  de  la  banque  dans  la  gestion  du
projet,  cette  dernière  n'a  pas  l'obligation  de  restituer  les  dépôts  qu'elle  reçoit  au  titre  des  comptes
d'investissement.

D'autre part, dans le cas d'un compte d'investissement restreint (limité), c'est le client qui donne des indications
à la banque quant à la nature de l'investissement. Il s'agit du contrat de Moudaraba restreint ou Mudaraba al­
muqayyada  dans  lequel  la  convention  porte  sur  un  projet  ou  des  types  d'investissement  déterminés.  Ce
compte  constitue  une  exception  à  la  règle  de  la  disposition  de  l'article  5  qui  donne  à  la  banque  le  droit  de
disposer des dépôts pour son propre compte.

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Deux  autres  problèmes  peuvent  également  se  poser  au  niveau  de  ces  comptes  en  l'absence  d'une
réglementation adaptée. Le premier est lié à l'allocation des ressources. En effet, la banque islamique dispose
entre autre, pour financer ses emplois, des fonds provenant des comptes « ordinaires » (comptes d'épargne,
comptes  courants)  et  des  comptes  d'investissement.  Lorsque  la  banque  utilise  les  fonds  du  premier  type  de
compte pour des financements, les bénéfices réalisés lui appartiennent intégralement et elle n'a pas l'obligation
de les partager avec les titulaires de ces comptes (car les dépôts sont garantis et les déposants ne partagent
pas les risques de l'investissement avec la banque). Par contre, les bénéfices réalisés sur des projets financés
par les comptes d'investissement sont eux partagés entre la banque islamique et les titulaires et ces comptes,
de même que les éventuelles pertes. La banque pourrait dès lors être tentée de financer les projets rentables
et sûrs avec les fonds des comptes « ordinaires », tandis que les projets moins rentables et plus risqués seront
financés par les comptes d'investissement. Cela ne serait pas très équitable.

Le second problème est quant à lui lié à l'allocation des coûts entre la banque et les détenteurs des comptes
d'investissement.  En  effet,  les  financements  entrainent  en  général  deux  types  de  charges.  Les  charges

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directes  (c'est­à­dire  les  dépenses  directes  liées  aux  financements)  et  les  charges  administratives  (salaires,
factures...etc.).  Deux  méthodes  sont  utilisées  pour  répartir  les  coûts  entre  la  banque  et  le  client.  Il  y  a  la
méthode  de  séparation  des  comptes,  qui  consiste  pour  la  banque  à  partager  les  revenus  des  ventes,
investissements et financements directement après avoir retranché les charges directes. La banque supporte
toutefois  les  charges  administratives  et  conserve  les  revenus  provenant  des  différentes  commissions  de  ses
activités.  La  méthode  de  fusion  de  compte  quant  à  elle  permet  à  la  banque  et  aux  titulaires  des  comptes
d'investissement  de  partager  les  revenus  des  ventes,  investissements  et  financements,  de  même  que  les
commissions,  une  fois  que  toutes  les  charges  (directes  et  administratives)  ont  été  retranchées.  Le  tableau
suivant permet d'illustrer le problème lié à l'allocation des coûts :

Tableau II.2 : Exemple d'allocation des coûts

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Méthode de séparation des comptes Méthodes de fusion des comptes  

   

Revenus des ventes, 400

investissements et 000

financements 000

Revenus des ventes, 400

investissements et 000

financements 000

ALLOCATION DES COUTS

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(­) Charges directes 150

000

000

(­) Charges directes 150

000

000

(=) bénéfices 250 (=) bénéfices 250

000 000

000 000

(+) Commissions 20

000

000

(+) Part de la banque (60%)

150

000

000

(­) Charges administratives 50  
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(­) Charges administratives 50  

000

000

Revenu avant impôt et zakat

220

000

000

(+) Commissions 20 (­) Charges administratives 50

000 000

000 000

Part des déposants (40%) 88

000

000

Part de la banque avant impôt et zakat

120

000

000

Part de la banque (60%) avant impôt et zakat

132

000

0000

(­) Part des déposants (40%)

100

000

000

On constate avec ce tableau que pour les mêmes revenus, charges et commission, la banque reçoit une part
différente selon la méthode utilisée. En effet, lorsque la commission est inférieure aux charges administratives,
la  banque  a  tout  intérêt  à  utiliser  la  méthode  de  fusion  des  comptes.  Cela  lui  permet  de  faire  supporter  une
partie  des  charges  administratives  au  client.  Par  contre  avec  des  commissions  très  élevées  supérieures  aux
charges  administratives,  elle  aura  tendance  à  utiliser  la  méthode  de  séparation  des  comptes  qui  est  plus
avantageuse.  Il  est  dès  lors  nécessaire  de  ne  pas  laisser  la  décision  du  choix  de  la  méthode  à  utiliser  à  la
banque car elle aura tendance à utiliser celle qui l'avantage.

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? Aux comptes courants et comptes d'épargne

En  général,  les  banques  islamiques  ne  font  pas  de  distinction  entre  les  comptes  courants  et  les  comptes
d'épargne  car  la  différence  est  souvent  minime.  Cela  s'explique  par  le  fait  que  pour  les  deux  comptes,  les
contrats généralement utilisés sont ceux basés sur le Kard Hassan et/ou le Wadiah wad dhaman12. Dans ces
deux cas, la banque garantit le principal et a l'autorisation du client pour utiliser ses fonds. Si elle réalise des
bénéfices,  la  banque  les  conserve  en  intégralité,  de  la  même  manière  qu'elle  supporte  toutes  les  pertes
éventuelles.
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Contrairement  aux  banques  conventionnelles,  il  n'y  a  pas  de  rémunération  contractuelle  pour  ces  comptes.
Toutefois, la pratique du Hibah est monnaie courante au niveau des banques islamiques. Le Hibah est un don
qui  consiste  en  une  part  du  profit  versée  par  la  banque  dans  le  compte  du  client  suite  à  un  bon  rendement
(Guéranger,  2009).  Cela  s'explique  par  la  nécessité  de  rendre  attrayants  les  comptes  courants/d'épargne
islamiques et de les rendre compétitifs par rapport aux comptes conventionnels qui eux sont rémunérés. Si le
Hibah  est  licite  lorsqu'il  n'est  pas  une  obligation  pour  la  banque  et  laissé  à  sa  plus  grande  discrétion,  des
problèmes  se  posent  lorsqu'il  est  annoncé  ex  ante.  En  effet,  pour  être  compétitives  et  attirer  plus  de  clients,
certaines banques n'hésitent pas à garantir, en plus du principal, le versement d'une part du profit réalisé au
titre du Hibah. Il ne s'agit plus à ce moment du Hibah mais bien du Riba interdit par le Coran.

D'autres  problèmes  se  posent  également  quant  à  l'origine  des  fonds  constituant  les  dépôts.  Si  pour  les
banques  conventionnelles  le  critère  de  conformité  avec  la  Charia  n'est  pas  pris  en  compte,  il  en  est  tout
autrement  pour  les  BI.  En  effet,  il  peut  arriver  qu'un  client,  dont  l'activité  principale  est  illicite  (exemple  d'une
brasserie), veuille traiter avec la banque islamique et y verser ses revenus. Les banques islamiques peuvent­
elles accepter comme dépôts des fonds provenant d'une brasserie, ou encore d'une usine de fabrique de tabac
? Est­il nécessaire pour elle de vérifier l'origine de ces fonds ?

Toutes ces questions soulevées par les comptes courants/d'épargne ne sont pas prises en considération dans
la  règlementation  bancaire.  Des  dispositions  doivent  être  prises  dans  la  loicadre  bancaire  relativement  à  la
nature des dépôts afin que cette dernière joue pleinement son rôle (IFAAS, 2012).
12  Article du Dr Abdoul Karim DIAW (Introduction à la finance islamique), p. 35

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? Règles de gouvernance :

La  gouvernance  des  entreprises  peut  se  définir  comme  l'ensemble  des  processus,  réglementations,  loi  et
institutions influençant la manière dont l'entreprise est dirigée, administrée et contrôlée. Elle comprend de ce
fait  les  relations  entre  les  nombreux  acteurs  impliqués  (les  parties  prenantes)  et  les  objectifs  qui  gouvernent
l'entreprise. Les acteurs principaux sont les actionnaires, la direction et le conseil d'administration. Les autres
parties  prenantes  incluent  les  employés,  les  banques  ou  autres  prêteurs,  le  voisinage,  l'environnement  et  la
communauté au sens large.

Le  concept  de  la  gouvernance  des  entreprises  vise  donc  à  promouvoir  la  justice,  la  transparence  et  la
comptabilité nécessaires pour prévenir les multiples abus des dirigeants pouvant léser toute partie en relation
avec l'entreprise.

Des règles de gouvernance sont prévues dans la loi bancaire. On y trouve par exemple :

· L'interdiction faite pour toutes les banques de prêter jusqu'à une certaine somme aux personnes intervenant
dans la gestion de la banque (article 45),

· L'obligation pour les dirigeants d'avoir une certaine expérience en matière bancaire pour officier (article 25),

· L'obligation de publier dans un journal officiel d'annonces légales et d'afficher

clairement à l'entrée de leurs locaux et à leurs guichets, les barèmes des conditions

minimales et maximales applicables à la clientèle dans un souci de transparence, etc.

Ces  règles  applicables  aux  banques  de  manière  générale  ne  tiennent  pas  compte  de  la  spécificité  des
banques islamiques. En effet, dans la perspective financière islamique, la religion fait partie des ayants­droit, et
il  faut  donc  des  dispositions  permettant  de  vérifier  si  les  pratiques  des  banques  islamiques  sont  conformes
avec cette dernière.

Les  règles  de  gouvernance  prévues  par  la  loi­cadre  ne  prévoient  pas  de  règle  de  gouvernance  pour  les
banques islamiques. Ce qui pourrait poser un problème de vérification de la conformité des produits offerts au
public à la Ghania, ou encore des problèmes de compétence des dirigeants dont une connaissance minimum
en finance islamique n'est pas requise par ladite loi.

2. Analyse du dispositif prudentiel

La mise en place du dispositif prudentiel se justifie à deux niveaux. Tout d'abord du point de vue systémique, il
est nécessaire de solidifier le système financier mondial, afin d'éviter que des banques prennent des risques
surdimensionnés en comparaison avec la taille de leur bilan.

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Ensuite,  cette  règlementation  permet  aux  banques  et  à  leurs  actionnaires  de  mieux  connaitre  les  risques  et
ainsi  de  mieux  se  couvrir.  Les  banques  islamiques,  en  plus  d'être  soumises  aux  mêmes  risques  que  les
banques conventionnelles, encourent des risques qui leur sont propres comme illustré dans la figure suivante :

Figure II.3 : Typologie des risques des institutions financières islamiques (IFI) (Adaptée d'IFAAS, 2012)

Les risques spécifiques aux banques islamiques.

Les risques communs avec les banques conventionnelles.

Les travaux du comité de Bâle jouent un rôle prépondérant dans le processus d'élaboration

de cette règlementation. Les normes Bâle II constituent un dispositif prudentiel destiné à mieux appréhender
les  risques  bancaires  et  principalement  le  risque  de  crédit  ou  de  contrepartie  et  les  exigences  en  fonds
propres. Les recommandations de Bâle II s'appuient sur trois piliers (terme employé explicitement dans le texte
des accords) :

· l'exigence de fonds propres (ratio de solvabilité Mc Donough) ;

· la procédure de surveillance de la gestion des fonds propres ;

· la discipline du marché (transparence dans la communication des établissements). Nous allons voir dans les
lignes suivantes si ces normes constituent un obstacle au développement de la finance islamique dans la zone
UEMOA.

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2.1. Les dispositions favorables à la finance islamique

Le dispositif prudentiel vise de manière générale à mettre des « garde­fous », de sorte à limiter les risques que
nous  avons  cités  plus  haut.  La  banque  se  voit  donc  dans  l'obligation  de  respecter  les  ratios  établis  par  ces
dispositifs  pour  pouvoir  exercer  son  activité  bancaire.  Il  est  important  de  distinguer  dans  ce  cas  précis  selon
qu'il  s'agisse  de  dispositions  qui  sont  des  points  gênants  ou  alors  bloquants  pour  la  finance  islamique.  Les
dispositions  gênantes  permettent  aux  banques  d'effectuer  l'activité  bancaire  islamique  mais  de  manière  très
limitée  ou  moins  compétitive  par  rapport  aux  autres  banques,  tandis  que  celles  qui  sont  bloquantes,  ne
permettent pas d'effectuer cette activité (IFAAS, 2012).

A priori, le respect de ces règles prudentielles n'empêche pas la banque d'exercer une activité islamique, car
elle peut exercer les activités que nous avons citées tout en respectant ces règles. Ce ne sont donc pas des
points bloquants. De ce point de vue, on pourrait avancer le fait qu'il s'agisse d'une ouverture à la pratique des
activités de finance islamique.

Toutefois,  même  si  ces  dispositions  ne  constituent  pas  un  point  empêchant  d'exercer  l'activité  financière
islamique,  elles  peuvent  entraver  le  bon  fonctionnement  des  banques  islamiques  et  les  rendre  moins
compétitives par rapport aux autres banques. A long terme, ces dernières peuvent se transformer en facteurs
gênants car l'accumulation de mauvais rendements peuvent mener la banque islamique en faillite.

2.2. Les contraintes liées au dispositif prudentiel

Ces  contraintes  sont  dues  en  grande  partie  au  fait  que  le  dispositif  prudentiel  ne  prévoit  pas  des  règles
permettant  de  gérer  les  risques  propres  à  la  finance  islamique.  Aussi,  pour  les  risques  pris  en  charge,  les
règles établies ne permettent pas une gestion efficace de ces derniers.

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Il  s'agira  de  soulever  dans  cette  partie  uniquement  les  contraintes  liées  au  dispositif  prudentiel.  Les
recommandations suivront dans la partie consacrée à cet effet. Ainsi un certain nombre de contraintes peuvent
être soulevées relativement :

? Au risque commercial translaté :

C'est le risque qu'une insuffisance de rendement des actifs de la banque islamique ne se translate en crise de
liquidité,  conséquence  de  l'insatisfaction  des  déposants.  Ce  risque  est  défini  par  l'Islamic  Financial  Services
Board (IFSB) comme étant celui se référant aux pertes que la banque islamique absorbe pour s'assurer que
les  titulaires  des  comptes  d'investissement  sont  rémunérés  à  un  taux  de  rendement  équivalent  à  un  taux  de
référence

(IFSB, norme 76). En effet, un des principes cardinaux de la finance islamique réside dans les

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3P (partage des profits et des pertes), qui a donné naissance aux comptes d'investissement (PSIA, pour Profit­
Sharing Investment Accounts). Les déposants partagent donc les rendements de la banque islamique. Si les
rendements sont insuffisants, la banque est naturellement sujette au risque de «la ruée vers la banque» (bank
run),  qui  est  un  risque  de  retrait  massif  et  soudain  des  dépôts.  Ce  type  de  risque  n'est  pas  prévu  par  le
dispositif prudentiel bien que des mesures existent pour le gérer.

? Au rapport fonds propres sur risques

Ce ratio vise à rendre cohérents les fonds propres avec les risques encourus par les établissements financiers.
Il  comprend  au  numérateur  le  montant  des  fonds  propres  effectifs  de  la  banque,  et  au  dénominateur,
l'ensemble des risques encourus par cette dernière. Avant 1996, la principale variable prise en compte était le
montant du crédit distribué. Seul le risque de crédit était considéré dans ce ratio dénommé ratio de Cooke.

Ratio de Cooke

Le dispositif prudentiel de l'UEMOA tient compte de cette norme internationale. Ainsi, il prévoit que « la  règle
de  couverture  des  risques  est  définie  par  un  rapport  minimum  à  respecter,  dit  «  rapport  fonds  propres  sur
risques  ».  Ce  ratio  comporte  au  numérateur,  le  montant  des  fonds  propres  effectifs  de  la  banque  ou  de
l'établissement financier, et au dénominateur, les risques nets... le pourcentage minimum à respecter est fixé à
8%  »13.  En  essayant  de  mapper  ces  normes  de  gestion  de  risque  sur  les  banques  islamiques,  nous  nous
rendons compte que seuls les risques génériques sont pris en compte. Les risques spécifiques aux banques
islamiques  cités  plus  haut  ne  sont  pas  pris  en  charge.  De  plus  le  problème  des  fonds  des  comptes
d'investissement  n'est  pas  pris  en  compte.  Peuvent­ils  être  considérés  comme  des  fonds  propres  ou  de
simples dépôts ?

Les risques spécifiques à la FI combinés aux problèmes liés aux comptes d'investissement remettent en cause
la pertinence de ce ratio dans la gestion des risques des banques islamiques.
13  Dispositif prudentiel applicable aux banques et aux établissements financiers de l'UMOA à compter du 1 er janvier 2000, VII.1. La couverture
des risques.

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Nous verrons dans les recommandations les alternatives proposées par l'IFSB pour une gestion optimale de
ces risques.

? Au coefficient de couverture des emplois à moyen et long terme par des ressources stables :

Ce coefficient sert à éviter une transformation excessive des ressources à vue ou à court terme en emplois à
moyen ou long terme. Les banques doivent en effet financer une certaine proportion de leurs emplois à moyen
et long terme par des ressources stables. Ainsi, « La norme à respecter pour le coefficient de couverture des
emplois  à  moyen  et  long  terme  par  des  ressources  stables  est  fixée  à  75%  minimum  »14.  Le  coefficient  de
couverture des emplois à moyen et long terme par des ressources stables est exprimé par le rapport suivant :

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Les ressources des banques islamiques ne sont pas très longues. Elles sont constituées, en dehors des fonds
propres, des dépôts à vue et des comptes d'investissement qui sont généralement à court terme. En sus de
l'impossibilité pour la banque islamique de se refinancer avec de l'argent frais, la maturité des emplois de cette
dernière est généralement plus longue que les ressources mises à sa disposition. Elles sont donc confrontées
à des difficultés pour le respect de ce ratio.

? Au ratio de structure de portefeuille

La  banque  centrale,  lors  de  la  refonte  de  ses  règles  d'intervention  et  de  sa  politique  monétaire  en  1989,  a
accordé une priorité à la qualité des emplois bancaires, en particulier les crédits.

Aussi,  un  système  des  accords  de  classement  va­t­il  été  mis  en  place  en  janvier  1992,  objet  d'instructions
détaillées aux banques et établissements financiers  15 . Depuis lors, les établissements assujettis sont tenus
de respecter un ratio de structure de portefeuille appréciant la qualité de ce dernier. Le dispositif des accords
de  classement  a  pour  objectif  d'inciter  les  banques  à  détenir  des  actifs  sains  et  à  leur  fournir  des  outils
d'analyse financière homogène. Il permet en outre à la Banque Centrale d'apprécier à postériori la qualité des
signatures  détenues  en  portefeuille  par  le  système  bancaire  et  de  déterminer  l'encours  mobilisable  auprès
d'elles.
14 Dispositif prudentiel applicable aux banques et aux établissements financiers de l'UMOA à compter du 1er
janvier 2000, VII.2.d. Coefficient de couverture des emplois à moyen et long terme par des ressources stables
15 Dispositif prudentiel applicable aux banques et aux établissements financiers de l'UMOA à compter du 1er
janvier 2000, VII.3.3. Le ratio de structure de portefeuille

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Le ratio de structure du portefeuille est défini par un rapport entre d'une part, l'encours des crédits bénéficiant
des accords de classement délivrés par l'Institut d'émission à la banque déclarante, et d'autres part, le total des
crédits bruts portés par l'établissement concerné.

Lors  de  la  mise  en  place  de  ce  ratio,  deux  groupes  de  ratios  financiers  fondent  l'examen  des  dossiers  de
demande des accords de classement. Il s'agit des ratios de décision qui conditionnent l'accord ou le rejet de la
demande  et  les  ratios  d'observation  permettant  d'appuyer  éventuellement  des  recommandations.  Pour  les
premiers, il s'agit du ratio d'autonomie financière, de capacité de remboursement, de rentabilité et de liquidité
générale.  Enfin,  les  seconds  ratios  permettent  de  migrer  les  accords  de  classement  vers  un  système  de
scoring.  Pour  les  demandes  de  classement  introduites  par  les  banques  islamiques,  d'autres  facteurs  sont  à
prendre  en  considération.  En  effet,  il  faudrait  que  des  facteurs  tels  que  la  productivité  et/ou  la  rentabilité  du
projet et même la conformité avec la Gharia soient mis en avant.

3. Analyse des autres dispositions 3.1. Réglementation Fiscale

La fiscalité est l'ensemble des pratiques relatives à la perception des impôts et autres prélèvements
obligatoires qui permettent de financer les besoins des Etats et des collectivités. En effet, cette dernière donne
à un Etat sa capacité à payer ses dépenses publiques, qu'il s'agisse de construction de ponts, de routes,
d'écoles, d'hôpitaux publics ou autres.

La législation fiscale applicable aux banques et institutions financières est à rechercher à deux niveaux. Il s'agit
d'abord de l'impôt dont elles sont redevables elles­mêmes sur leur résultat (l'impôt sur les sociétés), sur leurs
activités (contribution des patentes), sur leurs propriétés (les contributions foncières) et sur les rémunérations
versées  (la  contribution  forfaitaire  à  la  charge  de  l'employeur).  Ensuite,  l'impôt  dont  elles  sont  redevables
légaux, qui est la catégorie de contributions la plus importante.

Le code général des impôts stipule en son article 323 qu'« il est institué une taxe sur les opérations bancaires.
La  taxe  s'applique  aux  intérêts,  commissions  et  autres  rémunérations  perçues  par  les  banques  et
établissements  financiers  agréés  au  Sénégal  sur  les  crédits,  prêts,  avances,  engagements  par  signatures,
opérations de services réalisées avec des personnes physiques ou morales, quel que soit leur domicile ». Les
produits bancaires par nature, réalisés par les banques et établissements financiers, sont donc imposés à la
taxe  sur  les  opérations  bancaires  (TOB)  à  l'exception  des  produits  ne  relevant  pas  par  nature  de  l'activité
bancaire

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comme  par  exemple  les  produits  de  l'activité  immobilière  qui  sont  assujettis  à  la  taxe  sur  la  valeur  ajoutée
(TVA).

En  ce  qui  concerne  les  banques  islamiques,  elles  sont  redevables  de  tous  les  impôts  dont  les  banques  et
établissements  financiers  classiques  sont  assujettis  en  vertu  du  principe  que  toute  institution  financière  ne
bénéficiant  pas  d'un  régime  particulier  et  qui  réalise  les  opérations  prévues  à  l'art  323  est  assujettie  à  ces
impôts.  Le  problème  se  posant  est  que  la  TVA  (18%)  est  supérieure  à  la  TOB  (17%).  De  ce  fait,  si  les
transactions  financières  islamiques  ne  sont  pas  considérées  comme  des  opérations  bancaires,  elles  seront
imposées à la TVA.

L'autre problème est quant à lui lié à la double taxation du fait du double transfert de propriété. En effet certains
contrats  exigent  que  la  banque  islamique  acquière  d'abord  le  bien  avant  de  le  revendre  ou  de  le  mettre  en
location. De ce fait, il y a risque d'une double imposition à l'enregistrement qui sera supportée par le client final.
Les opérations suivantes sont dans le champ d'application de la TVA :

· Les ventes (transfert de propriété de biens corporels à des tiers) ;

· Les importations (franchissement du cordon douanier) ;

· Les prestations de services

· Les livraisons à soi­même.

Ainsi, les contrats de Murabaha, Istisna, Ijarah sont  entre  autres  concernés  par  cette  difficulté.  En  plus  de  la
TVA, les frais liés aux droits d'enregistrement ou aux dédouanements des produits importés viennent alourdir
les frais des transactions financières islamiques.

Pour  finir,  dans  certains  pays  islamiques  (comme  l'Arabie  Saoudite  par  exemple),  l'impôt  sur  le  revenu  est
remplacé par la zakat. Ces pays étant islamiques, il est tout à fait normal que l'obligation de s'acquitter de la
zakat ne soit pas liée au paiement de l'impôt sur le revenu. Dans la zone UEMOA, la donne en est toute autre.
Le principe de la laïcité empêche une institution publique communautaire ou un Etat de veiller à l'observation
de cette obligation religieuse. Il s'agit du domaine privé laissé à l'appréciation des croyants. De ce fait, si une
réglementation fiscale adaptée n'est pas prise en compte, les banques islamiques pourraient être contraintes
de payer lorsque les actionnaires le demandent, la zakat en plus des impôts dont elles sont redevables.

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3.2. Comptabilité

La  comptabilité  est  un  processus  qui  consiste  à  identifier,  mesurer  et  communiquer  des  informations
économiques afin de permettre aux destinataires de ces informations de faire des jugements à bon escient.

L'objectif visé par la comptabilité est accepté par l'islam. En effet, on y fait mention dans le plus long verset du
Coran (Sourate 2, verset 282) mais aussi dans d'autres comme la sourate 24 au verset 47 : « Au  Jour  de  la
Résurrection, nous placerons les balances exactes. Nulle âme ne sera lésée en rien, fût­ce du poids d'un grain
de  moutarde  que  Nous  ferons  venir.  Nous  suffisons  largement  pour  dresser  les  comptes  ».  C'est  ainsi  que
l'Organisation de Comptabilité et d'Audit pour les Institutions Financières Islamiques (OCAIFI/AAOIFI) a vu le
jour en 1990 avec pour mission de développer des pensées de comptabilité et d'audit pertinentes pour les IFI.
Les standards de l'AAOIFI communément appelés « Financial Accounting Standards (FAS) » au nombre de 23
portent sur :

· Les états financiers des banques et institutions financières islamiques ;

· Les produits financiers (Murabaha, Moudaraba, Salam...etc.) ;

· Les comptes d'investissement ;

· Les provisions et les réserves ;

· Les états financiers, les provisions et réserves dans les compagnies d'assurance ;

· Les fonds d'investissement ;

· Les opérations en devises.

Il  n'y  a  pas  une  grande  différence  dans  les  normes  comptables  conventionnelles  et  islamiques  car  la
comptabilité est, en définitive, une technique permettant d'enregistrer les opérations effectuées. C'est d'ailleurs
la  raison  pour  laquelle  l'AAOIFI  recommande  pour  les  opérations  qui  ne  sont  pas  encore  couvertes  par  ses
normes de se référer aux normes IFRS (International Financial Reporting Standards). Toutefois, compte tenu

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de la spécificité des banques islamiques de se conformer aux principes de la Charia, plusieurs aspects doivent
apparaitre dans les écritures comptables notamment :

· Le rôle du Charia board dans le contrôle des activités de la banque ;

· Sa responsabilité par rapport à la collecte et la distribution de la zakat ;

· La nature et le montant des revenus et charges non conformes à la Charia...etc.

Ceci met un terme à l'analyse de la règlementation bancaire. Comme nous l'avons fait remarquer plus haut, il
ne s'agit pas d'une liste exhaustive de l'ensemble des textes régissant

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l'activité  bancaire  et  encore  moins  de  toutes  les  contraintes  et  opportunités  relatives  à  la  finance  islamique
dans  la  zone  UEMOA.  Il  convient  dans  la  suite  de  ce  travail  de  faire  des  propositions  par  rapport  aux
problèmes posés par cette règlementation.

4. Recommandations

4.1. Recommandations par rapport à la loi­cadre bancaire

? Comptes courants/d'épargne et d'investissement :

En  l'absence  d'une  règlementation  adaptée,  les  dépôts  reçus  des  clients  par  les  BI  peuvent  révéler  certains
problèmes.  En  effet,  le  principal  problème  est  lié  à  la  méconnaissance  de  la  nature  de  ces  comptes.  Par
exemple certains titulaires des comptes d'investissement

n'accepteraient  pas  que  la  banque  leur  annonce  que  les  projets  financés  par  leurs  dépôts  ont  été  investis  à
perte. D'autres détenteurs de comptes courants/d'épargne eux, ne comprendraient pas que la banque ne verse
pas  de  rémunérations  dans  leur  compte  comme  don.  Cette  méconnaissance  peut  prêter  à  confusion  et
constituer une source de litiges entre la banque et les clients. De ce fait, la loi­cadre doit prévoir explicitement
des textes pour pallier ces insuffisances. Ainsi certaines dispositions doivent être prises :

·  La  qualification  des  régimes  des  dépôts  doit  être  déterminée  (IFAAS,  2012)  :  quels  sont  les  comptes
rémunérés ou non ? la banque islamique à­t­elle l'obligation de verser des dons dans les comptes ordinaires ?
toutes ces dispositions doivent être prévues dans la loi­cadre bancaire pour éviter tout litige entre la banque et
les clients ;

·  La  méthode  utilisée  pour  allouer  les  coûts  de  même  que  celle  d'allocation  des  ressources  doit  être
prédéterminée dans la loi­cadre et non laissée à la libre appréciation de la banque islamique qui aura tendance
à privilégier celle qui l'avantage ;

La  Banque  Centrale  pourra  donc  se  référer  aux  normes  de  l'IFSB  pour  déterminer  le  régime  des  comptes
courants/d'épargne et des comptes d'investissement.

? Gestion de la liquidité et problème du refinancement

La problématique de la gestion de liquidité des banques islamiques se pose avec acuité.

Remédier  à  cette  difficulté  est  d'une  importance  capitale  dans  le  processus  d'implantation  de  la  finance
islamique  dans  la  zone  UEMOA.  Il  en  va  en  effet  de  la  «  survie  »  des  banques  islamiques.  Pour  cela,  la
première  étape  de  ce  processus  consisterait  pour  les  autorités  compétentes  à  reconnaitre  et  autoriser
l'émission  et  l'acquisition  des  titres  financiers  islamiques  (Sukuk)  pour  permettre  aux  banques  islamiques  de
faire  face  aux  problèmes  liés  à  la  gestion  de  la  liquidité.  Ensuite,  la  Banque  Centrale  peut  s'inspirer  de
l'exemple des Banques Centrales de

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la Malaisie, du Bahreïn et du Soudan qui ont mis en place des instruments de gestion de liquidité efficaces des
BI. En effet, ces dernières ont apporté certaines innovations dont :

· En 2008, La Banque Centrale de Bahreïn (BCB) a lancé un nouvel instrument financier islamique permettant
l'amélioration de la liquidité à court­terme. En effet, ce produit, l'Islamic Sukuk Liquidity Instrument (ISLI)  est

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conçu  pour  permettre  aux  IFI  et  aux  banques  conventionnelles  d'avoir  accès  à  une  liquidité  à  court  terme
contre  des  Sukuks  Ijarah  souverains.  le  but  de  la  stratégie  de  la  BCB  est  de  créer  un  marché  Sukuk  plus
profond et plus liquide, ce qui devrait stimuler et promouvoir un marché financier islamique plus actif ;

·  En  juin  2009,  La  Banque  Centrale  de  Malaisie  ou  Bank  NEGARA  a  procédé  à  la  mise  en  place  de  la
plateforme  de  Trading  (échange)  des  Commodity  Based  Murabaha  (CBM).  Le  Trading  des  CBM  est  un
instrument efficace de gestion de liquidité très utilisé en Malaisie qui utilise l'huile de palme comme actif sous­
jacent aux opérations de Murabaha de maturité court terme. Cette technique est très pratique dans le cadre de
la politique monétaire des banques centrales car elle permet d'absorber ou d'injecter de la liquidité selon les
besoins.  Dans  une  situation  de  surliquidité  des  banques  islamiques,  la  Banque  Centrale  joue  le  rôle  de
donneur  d'ordre  en  achetant  à  crédit  auprès  des  banques  en  excès  de  liquidité  de  l'huile  de  palme.  Puis,  la
Bank NEGARA revend les produits au comptant légèrement en deca de sa valeur d'acquisition. Elle arrive ainsi
à capter la surliquidité des banques islamiques.

Courtier A

Courtier B

BC Malaisie

BI A

Figure II.4 : Absorption de liquidité au moyen du CBM :

1. La BI A (en surliquidité) achète cash pour la BC de l'huile de palme auprès d'un courtier A

2. La BI A vend l'huile de palme à crédit à la BC au prix d'achat + marge bénéficiaire

3. La BC revend l'huile sur le marché des matières premières à un courtier B

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Courtier A

Courtier B

BC Malaisie

BI B

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Figure II.5 : Injection de liquidité au moyen du CBM :

1. La BC achète cash pour la BI B (non liquide) de l'huile de palme auprès d'un courtier A

2. La BC vend l'huile de palme à crédit à la BI B au prix d'achat + marge bénéficiaire

3. La BI B revend l'huile sur le marché des matières premières à un courtier B au comptant

Il ne s'agit pas d'une liste exhaustive des techniques utilisées pour gérer la liquidité des banques islamiques. En plus de
celles­ci des réflexions peuvent être menées pour trouver d'autres respectant les principes de la Gharia.

? Règles de gouvernance :

La gouvernance des banques islamiques est différente de celle des banques conventionnelles. En effet, l'objectif premier
des  banques  islamiques  est  de  promouvoir  l'activité  bancaire  conformément  aux  principes  de  la  Gharia.  Cette  attitude
s'impose à l'ensemble du personnel de la banque islamique et guide la gouvernance interne de l'établissement. C'est dans
ce contexte que l'IFSB définit le système de Gharia gouvernance comme : « un ensemble de dispositions institutionnelles
et  organisationnelles  à  travers  lequel  les  IFI  assurent  qu'il  y  a  un  contrôle  indépendant  efficace  de  la  conformité  à  la
Gharia, grâce à l'émission de pertinentes Gharia déclarations, la diffusion d'informations et un audit interne de Gharia »
(IFSB, 2009, p. 2). Cette définition laisse apparaitre trois éléments essentiels de la gouvernance islamique :

· Mise en place d'un dispositif institutionnel et organisationnel ;

· Un contrôle indépendant efficace ;

· Une Gharia déclaration (diffusion d'information).

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En résumé, la loi­cadre bancaire doit rendre obligatoire la présence d'un Gharia board dans toute institution de
type islamique dont le rôle sera de veiller à la conformité des produits offerts par la banque à la Gharia. La
Banque Centrale doit­elle même se doter d'un tel comité pour contrôler les décisions rendues par les comités
des différentes IFI.

D'autre part, les règles de gouvernance déjà existantes doivent être étendues aux banques islamiques. Ainsi,
la Banque Centrale doit également rendre obligatoire pour les banques islamiques :

·  L'article  45  relatif  à  la  limitation  des  prêts  aux  personnes  intervenant  dans  la  gestion  de  la  banque.  Cette
limitation doit s'étendre aux financements Murabaha, Ijarah...etc., accordés aux mêmes personnes concernées
travaillant dans les banques islamiques ;

· L'exigence d'une certaine expérience en matière bancaire et financière islamique pour pouvoir postuler aux
postes prévus par l'article 25 dans les banques islamiques ;

·  L'obligation  d'informer  la  clientèle  des  barèmes,  des  conditions  minimales  et  maximales  qui  leur  sont
applicables.  De  même  cette  disposition  doit  mettre  l'accent  sur  l'obligation  d'informer  les  déposants,  et  en
particulier ceux titulaires des comptes d'investissement sur la nature de leurs comptes. Etc.

4.2. Recommandations par rapport au dispositif prudentiel

? Risque commercial translaté :

Ce risque est spécifique aux banques islamiques. Il existe des mesures pour s'en prémunir. Il faudrait que dans
le  dispositif  prudentiel,  la  Banque  Centrale  comme  l'IFSB  et  l'AAOIFI,  reconnaisse  l'exposition  des  banques
islamiques  à  ce  risque  et  rende  obligatoire  le  respect  de  certaines  réserves  prudentielles.  Deux  types  de
réserves sont retenus : le premier est le Profit Equalization Reserve (PER), qui est une réserve de péréquation
des  rendements  retenue  à  partir  du  revenu  brut  de  la  banque  avant  l'allocation  des  profits  entre  les
actionnaires et les titulaires des comptes d'investissement. Ce mécanisme permet de garder un certain niveau
de  profit  pour  les  comptes  d'investissement.  Le  deuxième  est  l'Investment  Risk  Reserve  (IRR),  qui  est  une
réserve pour risque d'investissement permettant de prémunir les titulaires des comptes d'investissement contre
d'éventuelles pertes.

D'autres mécanismes peuvent être utilisés également. Il s'agit du recours à la mobilisation des fonds au niveau
des  actionnaires  ou  encore  l'abandon  de  la  commission  de  gestion  (dite  du  mudarib)  que  la  banque  devait
percevoir.

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? Rapport fonds propres sur risques

Concernant le rapport fonds propres sur risques, des réaménagements doivent être faits au niveau du dispositif
prudentiel pour tenir compte de la spécificité des banques islamiques. En effet, il s'agira surtout de:

· Revoir la pondération des risques en prenant en compte les risques spécifiques à la finance islamique ;

·  Au  numérateur,  ne  pas  intégrer  les  comptes  d'investissement  dans  les  fonds  propres  pour  les  institutions
financières islamiques ;

· Pour la déductibilité des participations, faire la distinction entre les participations émanant des fonds propres
et celles ne faisant pas appel aux comptes d'investissement. Ainsi le ratio pourrait s'inspirer de la formule de
calcul du ratio de couverture selon IFSB. Ce ratio s'exprime de la manière suivante :

Avec:

PSIA: Profit­Sharing Investment Accounts (comptes d'investissement)

RWA: risk­weighted assets (actifs pondérés par les risques)

Restricted PSIAs: comptes d'investissement restreints (hors bilan)

Unrestricted PSIAs: comptes d'investissement non restreints (au bilan) PER, IRR: profit equalization reserves,
investment risk reserves á: facteur d'ajustement entre 0% et 100% à la discrétion du régulateur.

4.3. Recommandations concernant la règlementation fiscale et comptable

Les  contraintes  imposées  par  la  règlementation  fiscale  sont  liées  à  la  double  taxation  au  niveau  des  droits
d'enregistrement et de la TVA. De même, les opérations financières islamiques sont taxées à la TVA et non à
la TOB. Enfin, les banques islamiques seraient enclines à payer en plus des impôts, la zakat bien  que  cette
dernière  soit  une  obligation  religieuse,  et  que  les  institutions  communautaires  n'ont  pas  vocation  à  la  faire
respecter au nom du principe de la laïcité.

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Pour  y  remédier,  des  dispositions  doivent  être  prises.  La  première  étape  consisterait  à  considérer  les
opérations financières islamiques (murabaha, ijarah, wakala, salam...) comme des opérations bancaires. Ainsi
seront­elles soumises à la TOB et non à la TVA. Ensuite, pour éviter le problème lié à la double taxation pour
les droits d'enregistrement et la TVA, le principe de la déclaration de commande pourrait être appliqué à la BI
du fait du caractère temporaire de la possession du bien par cette dernière. Pour finir, les Sukuks quant à eux
peuvent être fiscalisés au même titre que les actions ou les obligations.

Enfin,  concernant  la  comptabilité,  il  s'agira  essentiellement  de  se  conformer  aux  recommandations  des
standards  de  l'AAOIFI  pour  la  comptabilité  des  produits  financiers  islamiques,  normes  complétées  par  les
normes  IFRS.  Ces  normes  de  l'AAOIFI  portent  notamment  sur  la  comptabilité,  l'audit,  la  gouvernance  et
l'éthique  conformément  à  la  Gharia.  Au­delà  de  ces  recommandations  relatives  à  la  loi­cadre  bancaire,  au
dispositif  prudentiel  et  à  la  règlementation  fiscale  et  comptable,  d'autres  démarches  doivent  être  entreprises
par les institutions communautaires, les autorités étatiques et même la population pour promouvoir la finance
islamique. Ainsi, il sera nécessaire de :

· Confier la tâche de l'analyse de la règlementation bancaire de la zone UEMOA à d'autres cabinets d'experts
en  finance  islamique  pour  déterminer  quelles  sont  les  opportunités  qu'offre  la  finance  islamique  et  les
conditions à remplir pour son implantation dans la zone économique ;

·  Organiser  des  séminaires  pour  former  les  dirigeants  des  banques,  et  autres  fonctionnaires  de  l'Etat  aux
techniques et principes de la FI ;

· Mettre fin aux préjugés selon lesquels la FI ne serait qu'une forme de finance conventionnelle déguisée ou
encore  qu'elle  remet  en  cause  le  principe  de  la  laïcité.  Il  sera  dans  ce  cas  nécessaire  d'avoir  recours  aux
campagnes de sensibilisation ;

· Impliquer les autorités religieuses dans la promotion de la finance islamique...etc. Le tableau suivant résume
ce  chapitre  en  y  regroupant  les  textes  analysés,  les  opportunités  qu'ils  offrent  et  leurs  limites,  ainsi  que  les
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dispositions à prendre :

Tableau II.3 : Récapitulatif de l'analyse de la réglementation bancaire

LOI CADRE PORTANT REGLEMENATION BANCAIRE

OPPORTUNITES

Dispositions

Commentaire recommandations  

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Article 43

Article 56

Article 9

Autres articles

Absence de textes

Permettent déjà d'effectuer de manière très limitées certaines opérations financières

islamiques, ainsi que d'autres

opérations moyennant
commissions.

Elargir ces prérogatives accordées aux BI.  

Comptes d'investissement

  CONTRAINTES
Statut des · Qualification de la nature et
· déposants

Obligation de du régime des dépôts doit
·
  restitution être déterminée
Problème des  
· comptes restreints
  · Allocation des · Déterminer la méthode Comptes
ressources d'allocation des charges
et des charges et des ressources

courants/d'épargne
Hibah prédéterminé
·  

 
Origine des fonds
·  

Nature et régime de    
· rémunération du
compte

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Gestion de Pas de moyen · Reconnaitre et autoriser Règles de


liquidité et de gestion de l'émission et l'acquisition gouvernance
refinancement liquidité licite des titres financiers
pour les BI du islamiques par les BI

fait de · Mettre en place des
l'organisation et techniques de gestions
le de liquidité en s'inspirant
fonctionnement de l'exemple malaisien,
du marché soudanais et bahreïnien
financier et
interbancaire de

l'UEMOA

La religion · Mise en place Pénalités de retard


n'est pas prise d'un
en dispositif
institutionnel et
compte dans
les règles de organisationnel
: il s'agit
gouvernance. d'une charia
Pas de charia board
gouvernance
· Un contrôle
indépendant
efficace

· Charia
déclaration,
diffusion
d'information

Illicite en islam Encadrement DISPOSITIF


car il s'agit du des BI pour PRUDENTIEL
OPPORTUNITES
Riba. qu'elles
Autorisées n'utilisent pas
pour des ces

mesures pénalités mais
dissuasives. qu'elle les

donne en
aumône

Dispositions Commentaire recommandations Disposition


du
Il s'agit de Réaménagements CONTRAINTES Dispositif
dispositions pour prudentiel
gênantes et non
bloquantes. empêcher les
dispositions gênantes
Permettent d'être bloquantes
d'effectuer
l'activité

bancaire
islamique mais de
manière limitée

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Risque commercial · PER Rapport


fonds
translaté · IRR propres
N'est pas pris en sur
compte par les · Recours aux risque
dispositifs prudentiels actionnaires

· Abandon des
commissions

Les risques Formule de calcul du Règlement des


spécifiques à la ratio de couverture
finance islamique selon l'IFSB participations
non pris en compte

Limite les contrats de Dérogation pour les BI A la


Musharaka et comme pour les règlementation
Mudaraba sociétés de capital des
risque
immobilisations
· Considérer les hors
opérations financières
islamiques comme des exploitation et
opérations bancaires
participation
· Relever les plafonds des sociétés
du ratio immobilières

Limite  le  recours  à  


certains  contrats  car
difficulté  à  qualifier
les  biens  des  BI.
Sont­ils  hors
exploitation  ou
entrent­ils  dans  cette
dernière

Les  BI  ont  des · d'intégrer les comptes Règlementation


difficultés à respecter d'investissements dont sur la
ce  ratio  car  leurs la maturité dépasse
ressources  sont deux (2) ans dans les liquidité
courtes  pour  des ressources stables des
emplois longs banques islamiques

· diminuer le ratio

les BI ne peuvent Considérer les titres de  
pas utiliser les type islamique à court
techniques de

  financement   terme  

conventionnelles (prêt à Prévoir les outils de  

intérêt, titrisation).  
gestion de risque de  

Pas de titres financiers  
liquidité conforme à la  

islamiques   Gharia  

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Ratio de Les facteurs · Intégrer la


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Ratio de Les facteurs · Intégrer la
structure de religieux et de la productivité ou REGLEMENTATION
portefeuille FISCA LE
rentabilité ne sont la rentabilité OPPORTUNITES
pris en dans les
compte (ou pas critères de
assez) décision ou de
suivi.

· Intégrer l'étude
de projet
dans les
dossiers à
instruire

pour l'accord de
classement

Dispositions

Commentaire recommandations Règlementation


fiscale

Dispositions Prendre des CONTRAINTES


gênantes et dispositions pour
non que les
bloquantes dispositions
gênantes ne
deviennent pas
gênantes

Droit d'enregistrement

Double Déclaration de TVA vs TOB


taxation commande

· Opérations Considérer les opérations  
financières
islamiques financières islamiques
imposées à la
TVA et non à comme des
la TOB
opérations bancaires
· Double
taxation

Zakat Possibilité de double taxation Imbriquer la zakat dans les


impôts + Zakat impôts
COMPTABILITE
OPPORTUNITES
Dispositions Commentaire recommandations
Règlementation Dispositions gênantes et non Réaménagements pour
comptable bloquantes
empêcher les dispositions
gênantes d'être bloquantes
CONTRAINTES

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Règlementation Prendre en compte les
La conformité à la Ghania des
comptable normes
  opérations financières des BI doit ressortir dans les écritures de l'AAOIFI
comptables

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CONCLUSION GENERALE
Il est indéniable, à l'égard de l'intérêt suscité par la finance islamique dans la zone UEMOA, que cette dernière présente
une opportunité pour l'économie ouest africaine. Il ne s'agissait pas dans ce modeste travail, de faire une liste exhaustive
des  opportunités  et  des  contraintes  liées  à  la  règlementation  bancaire  de  la  zone  UEMOA.  Il  s'agissait  simplement  de
montrer, à l'égard des obstacles relevés, la nécessité d'apporter une modification à cette règlementation en vigueur pour
mener à bien la politique d'intégration de la finance islamique.

Dans le cas contraire, deux options s'offrent aux banques islamiques déjà présentes dans la zone UEMOA. La première
serait  d'exercer  une  activité  en  totale  conformité  avec  la  Ghania  malgré  les  contraintes  et  courir  le  risque  d'une
banqueroute. Et la deuxième, plus raisonnable et adoptée par la BIS et la BIN, consiste à opter pour un fonctionnement
mixte, où les limites de la finance islamique seraient comblées par la finance conventionnelle, dans l'attente d'une réforme
de la règlementation en vigueur.

Les autorités compétentes, conscientes de cette situation, ont déjà pris les mesures qui s'imposent comme en témoignent
le  rapport  du  groupe  de  travail  de  la  DMC/MEF/Sénégal,  le  séminaire  de  restitution  d'étude  du  cabinet  IFAAS,  et  plus
récent  encore,  la  signature  d'un  protocole  d'accord  le  vendredi  07  septembre  2012  à  Dakar,  entre  la  BCEAO  et  la  BID
dans le but de tirer profit de l'expertise et du conseil de cette institution spécialisée dans la finance islamique.

En définitive, cette étude sur la règlementation bancaire et aux produits financier proposés aux

PME  de  l'UEMOA  n'est  qu'une  partie  dans  le  processus  d'implantation  de  la  finance  islamique  dans  l'espace  sous
régional. Elle doit donc être complétée par l'analyse des dispositions régissant l'activité du marché financier de l'UEMOA,
des compagnies d'assurance ainsi que celles des SFD relativement à la finance islamique.

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BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES

1. François Guéranger, « Finance islamique, une illustration de la finance éthique »,

édition DUNOD, 2009.

2. Imane KARICH, « Finance & Islam », édition le SAVOIR, 2004.

3. JournArles, « La face cachée de la monnaie », Editions Yves Michel, 2008.

4.  Mansuri,  M.T.  «  Islamic  Law  of  Contracts  and  Business  Transactions  ».  New  Delhi:  Adam  Publishers  &
Distributor, 2006.

5. Schmidt, Helmut, « the structure of the World Product », Foreign Affairs, avril 1974.

ARTICLES

6. Anouar Hassoune, Les fonds propres des banques islamiques face aux exigences

réglementaires, Paris, Janvier 2010.

7.  Dr.  MUHAMMAD  UMER  CHAPRA,  vers  un  système  monétaire  juste,  Série  de  traduction  de  travaux  en
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8.  Kharûfa,  A.  (2000).  La  Philosophie  de  la  Chari'a  Islamique  et  la  Portée  de  sa  Contribution  à  la  Science
Juridique Contemporaine. (Trad. Turkim A.M). Jeddah:

IIRF.

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allocation approach », Journal of Risk Finance 9. n° 1, pp. 40­51.

10.  Académie  Islamique  du  Fiqh.  (2000).  Résolutions  et  Recommandations  du  Conseil  de  l'Académie
Islamique du Fiqh 1985­2000. Djeddah:IIRF

11. Dr Abdoul Karim DIAW, (introduction à la finance islamique), p.35

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WEBOGRAPHIE :

12. http://www.lesafriques.com/africain­de­la­semaine/ahmed­abdelkefi­l­economiedendettement­n­a­pas­d­
avenir­en­afr.html?Itemid=194?articleid=8942 (Ahmed Abdelkéfi: «L'économie d'endettement n'a pas d'avenir
en Afrique») Ahmed Abdelkéfi, fondateur du Tuninvest Finance Group Consulté le 13/05/14.

13. http://www.microfinance.sn/detail_actu.php?id=114

(La finance islamique pour bancariser la population Sénégalaise)

Daouda DEME, Manager Général ZONE FINANCE, Président APFIS Consulté le 22/06/2014

14. http://www.pewforum.org/newassets/images/reports/Muslimpopulation/Muslimpopula

tion.pdf

(Muslim population) Consulté le 13/05/14

15. http://www.ifsb.org/

(Standards & Publications) Consulté le 13/05/14

16.  http://www.bceao.int/inc_rub_regulieres­108­60­fr­asc.html  (Rapport  annuel  de  la  BCEAO)  Consulté  le


13/05/14

17. http://www.aaoifi.com/aaoifi/Publications/KeyPublications/tabid/88/language/en­US/Default.aspx#account

(AAOIFI Key Publications) Consulté

le 13/05/14

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Table des matières

DEDICACES 1

REMERCIEMENTS 2

GLOSSAIRE 3

SIGLES ET ABREVATIONS 5

LISTE DES TABLEAUX 6

LISTE DES FIGURES 7

SOMMAIRE 8

RESUME 9

ABSTRACT 10

INTRODUCTION 11

PREMIERE PARTIE : CADRE GENERAL DE L'ETUDE 13
CHAPITRE I : LA FINANCE ISLAMIQUE ET SON IMPACT SUR L'ÉCONOMIE OUEST AFRICAINE 13
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CHAPITRE I : LA FINANCE ISLAMIQUE ET SON IMPACT SUR L'ÉCONOMIE OUEST AFRICAINE 13

SECTION I : PRÉSENTATION DU SYSTÈME FINANCIER DE LA ZONE UEMOA 13

1. L'INTERMÉDIATION FINANCIÈRE DANS L'UEMOA 13

1.1. LES MODALITÉS DE FINANCEMENT DANS L'UEMOA 13

2. MODE DE FINANCEMENT BASÉ SUR L'ENDETTEMENT 15

SECTION II : ANALYSE CRITIQUE DE L'INTERMÉDIATION FINANCIÈRE DE L'UEMOA 15

1. LES SPÉCIFICITÉS DU SYSTÈME FINANCIER DE L'UEMOA 15

1.1. L'INEFFICACITÉ DU SYSTÈME FINANCIER 16

1.2. UN SYSTÈME FINANCIER QUALIFIÉ DE « RÉPRIMÉ » 16

2. LES CONSÉQUENCES DE CETTE INTERMÉDIATION 17

2.1. CONSÉQUENCES SUR LA PRODUCTION 17

2.2. CONSÉQUENCES SUR LA CONSOMMATION 18

2.3. CONSÉQUENCES SUR LA DISTRIBUTION 19

CHAPITRE II : LA FINANCE ISLAMIQUE ET SON IMPACT SUR L'ÉCONOMIE OUEST­AFRICAINE 20

SECTION I : EVOLUTION ET RÉGLEMENTATION DES INSTITUTIONS FINANCIÈRES ISLAMIQUES 20

1. HISTORIQUE ET ÉVOLUTION DES INSTITUTIONS FINANCIÈRES ISLAMIQUES 20

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Licence 3 Finance ­ Comptabilité Année académique 2013 ­ 2014

La finance islamique : Réglementation et financement des PME dans l'espace UEMOA

SOUMANA ILLIASSOU Mounkaila

2. LA RÉGLEMENTATION BANCAIRE DE LA ZONE DE L'UEMOA 21

2.1. OBJECTIFS DE LA RÉGLEMENTATION 21

2.2. LES ORGANES DE RÉGULATION DE L'ACTIVITÉ BANCAIRE. 22

2.2.1. BCEAO 22

2.2.2. COMMISSION BANCAIRE 23

2.2.3. LA LOI CADRE PORTANT RÉGLEMENTATION BANCAIRE DE L'UEMOA 24

2.2.4. LE DISPOSITIF PRUDENTIEL 24

2.2.5. AUTRES TEXTES 25

3. L'IMPACT DE LA FINANCE ISLAMIQUE SUR L'ÉCONOMIE OUEST­AFRICAINE 25

3.1. MOBILISATION DE L'ÉPARGNE 25

3.2. UNE FINANCE ÉTHIQUE ET PARTICIPATIVE 26

3.3. DIVERSIFICATION DES INVESTISSEURS 26

SECTION II : NOTIONS SUR LA FINANCE ISLAMIQUE. 27

1. LES SOURCES DE LA FINANCE ISLAMIQUE 27

1.1. SOURCES PRIMAIRES 27

1.2. SOURCES SECONDAIRES 27

2. LES PRINCIPES DE LA FINANCE ISLAMIQUE 28

2.1. CONSENTEMENT MUTUEL 28

2.2. LIBERTÉ DE CONTRACTER 28

2.3. EVITER LES INTERDICTIONS 29

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DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE DE L'ETUDE 31

CHAPITRE III : CHOIX ET OUTILS MÉTHODOLOGIQUES 31

SECTION I : CHOIX MÉTHODOLOGIQUE 31

1. CADRE DE L'ÉTUDE 31

2. DÉLIMITATION DU CHAMP DE L'ÉTUDE 31

3. CADRE CONCEPTUEL 31

SECTION II : OUTILS MÉTHODOLOGIQUE 33

1. TECHNIQUES ET OUTILS DE COLLECTE DES DONNÉES 33

2. DIFFICULTÉS ET LIMITES DE LA RECHERCHE 33

3. REVUE CRITIQUE DE LA LITTÉRATURE 33

CHAPITRE IV : LES RÉSULTATS DE LA RECHERCHE 35

SECTION I : PME ET INSTITUTIONS FINANCIÈRES ISLAMIQUES 35

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Licence 3 Finance ­ Comptabilité Année académique 2013 ­ 2014

La finance islamique : Réglementation et financement des PME dans l'espace UEMOA

SOUMANA ILLIASSOU Mounkaila

1. MODE DE FONCTIONNEMENT DE L'INTERMÉDIATION FINANCIÈRE ISLAMIQUE 35

1.1. CONTRATS COMMERCIAUX 36

1.2. CONTRATS BASÉS SUR LE PARTENARIAT 38

2. FONCTIONNEMENT DES BANQUES ISLAMIQUES 39

SECTION II : ANALYSE CRITIQUES ET RECOMMANDATIONS 40

1. ANALYSE DE LA RÉGLEMENTATION BANCAIRE 40

1. ANALYSE DE LA LOI­CADRE PORTANT RÉGLEMENTATION BANCAIRE DE L'UEMOA 40

1.2. DISPOSITIONS DE LA LOI BANCAIRE FAVORABLES À LA FINANCE ISLAMIQUE 40

2. CONTRAINTES LIÉES À LA LOI BANCAIRE 41

2. ANALYSE DU DISPOSITIF PRUDENTIEL 45

2.1. LES DISPOSITIONS FAVORABLES À LA FINANCE ISLAMIQUE 47

2.2. LES CONTRAINTES LIÉES AU DISPOSITIF PRUDENTIEL 47

3. ANALYSE DES AUTRES DISPOSITIONS 50

3.1. RÉGLEMENTATION FISCALE 50

3.2. COMPTABILITÉ 52

4. RECOMMANDATIONS 53

4.1. RECOMMANDATIONS PAR RAPPORT À LA LOI­CADRE BANCAIRE 53

4.2. RECOMMANDATIONS PAR RAPPORT AU DISPOSITIF PRUDENTIEL 56

4.3. RECOMMANDATIONS CONCERNANT LA RÈGLEMENTATION FISCALE ET COMPTABLE 57

CONCLUSION GENERALE 64

BIBLIOGRAPHIE 65

69

Licence 3 Finance ­ Comptabilité Année académique 2013 ­ 2014

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