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FEVRE                   Mercredi 3 mai

2023
Ambre
22209386
Licence 1

Géographie Historique
Partiel CM Lacombrade

Consigne : rédiger une réponse argumentée répondant a ce sujet « Dans quelle mesure peut-on considérer
que la géographie historique cela sert d’abord à faire la guerre et à coloniser ? »

Réponse argumentée :

L’histoire des territoires est marquée par des évènements majeurs qui ont façonné les paysages et
influencé les modes de vies des populations. Offrant une approche multidisciplinaire, la géographie
historique permet d’étudier les transformations territoriales à travers le temps. En effet, elle prend en compte
les facteurs économiques, sociaux, culturels et surtout environnementaux, qui ont contribué a son évolution.
L'histoire selon Bloch, c'est « l'étude de l'histoire des Hommes et des sociétés dans le temps ». Quant
à la géographie, c’est selon Jacques Schelling,    « l'étude de l'organisation et du fonctionnement des
territoires comme espace approprie par les Hommes ou les sociétés ». L'histoire croit au temps et a son rôle,
c’est a dire que les historiens s’intéressent aux périodes de changements. Alors qu'a l'inverse, le géographe
étudie le présent, les pratiquants de cette science étudient un territoire : l'espace approprié par les zones. La
géographie historique étudie à la fois le passé et l’histoire. Les relations géo-histoires sont «  positives »
comme nous pouvons le voir avec Jules Michelet et Paul Vidal de la Blache, ainsi qu’a l’aide des fondateurs
des Annales de 1929 : Lucien Febvre et Marc Bloch. La géographie historique est intimement corrélée au
désir belliqueux et à l’aspect curieux de la colonisation. De ce fait, les enjeux actuels sont extrêmement
importants et ont des impacts conséquents sur la société de notre temps.
C’est pourquoi, il est intéressant de s’interroger sur le potentiel rôle de la géographie historique à
travers le fait de faire la guerre et à déclencher la colonisation.   

Une géographie historique belliqueuse

Fondée par 3 hommes du nom de Mahan, Hatzel et Mc Kinder, la géopolitique est l’étude des
rivalités de pouvoir sur des territoires entre différents acteurs et a toutes les échelles. Elle regroupe les
conflits entre les États. La géopolitique a besoin de 3 ingrédients : une conflit mettant un jeu un territoire, le
tout articulé par des acteurs. Après la seconde guerre mondiale, la géopolitique a connu un tournant car elle a
été discréditée, ce n’est pas une vraie discipline car elle a instrumenté l’Asie pour faire des horreurs. La
géopolitique a connu une période difficile et s’est éclipsée.
La géopolitique a fait son grand retour à l’aube des années 70 et elle est encore d’actualité
aujourd’hui. Par exemple, la géographie historique a joué un rôle important le 22 février 2022, dans la guerre
en Ukraine. En effet, l’Ukraine est un pays qui se trouve au carrefour des chemins entre l’Europe et la
Russie, et son histoire a été marquée par des conflits de longues dates. Il faut prendre en compte le fait que
l’Ukraine est un pays qui manifeste une certaine diversité géographique. Nous voyons cette diversité lorsque
nous observons ses plaines fertiles, ses montagnes, ses mers et rivières. Cette diversité géographique a des
implications importantes pour la guerre. Les objectifs de l’attaque russe sont en majeur partie la Crimée
puisque cette zone est l’accès direct a la mer. Mais l’Ukraine offre aussi la frontière entre l’Est et l’Ouest. De
plus, elle peut affecter la capacité des forces en présence à se déplacer et à se ravitailler, mais surtout leur
capacité a défendre contre les attaques des opposants. La nature de l’ethnie de la population ukrainienne, qui
regroupe des ukrainiens, russes ou encore d’autres, a pu agrémenter les tensions et favoriser la guerre. Mais
surtout, l’Ukraine est un pays qui possède des ressources naturelles importantes, notamment en terres
agricoles, en charbons, en gaz naturel et en métaux. Les ressources fossiles sont très demandées et participent
a de nombreuses crises. Elles peuvent attiser l’appétit de puissances étrangères et contribuer à la violence des
conflits.   
D’autant plus que Poutine est obsédé par l’histoire, or dans cette guerre, il y a en permanence de
l’histoire. Mais il prône la grande guerre patriotique et veut « dénazifier » l’Ukraine en s’appuyant sur
l’existence de personnages auxquels on ne peut se référer. C’est en effet depuis l’apparition du christianisme
en Europe occidentale, qu’Ukraine et Russie se querelle. Les conflits n’ont cesser de s’intensifier avec
l’URSS du XXème siècle et les progrès fulgurants dans la technologie nucléaire qui permettent d’instaurer la
terreur. Les relations entre Ukraine et Russie ne datent pas d’hier ce qui a pu expliquer notamment les
actions récentes. Les relations se dégradent a partir des année 2004.

La géographie historique au service de la colonisation

De nombreux géographes ont travaillé pour les puissances coloniales. En effet, le travail consistait
principalement à mener a bien la production de cartes, elles mêmes biaisées et qui avaient pour but de
montrer les territoires coloniaux tant en « blancs » : vides, qu’en territoires ayant peu d’importance.
En Algérie, par exemple, le travail collaborateur entre les géographes et les militaires a permis
d’élaborer des stratégies de colonisation dans le but de créer des départements et territoires. De ce fait, les
géographes ont joué un rôle clé dans la fortification d’Alger en 1920 et dans la création de « Bureaux
Arabes ». En 1830, la France a envahi l'Algérie en prétextant la piraterie et les insultes subies par un consul
français. La géographie historique de la région a été utilisée comme justification, la France cherchant à
étendre son empire colonial et à sécuriser ses intérêts économiques dans la région. Le colonialisme français
en Algérie a duré plus de 130 ans, la ville d'Alger devenant le centre de l'administration coloniale et de
l'exploitation économique. Par exemple, en Algérie, 25% de terres vont être accaparées par les européens. Ce
qui se traduit par le transfert d’une partie du territoire dans les mains des colonisateurs, était généralement ce
sont les terres les plus riches. La question de l’inclusion du Sahara est aussi très évidente et pertinente car au
début, on ne pense pas a coloniser cette zone qui fait office de barrière naturelle pour se protéger
d’éventuelles agressions.
Les plus grands spécialistes qui traiteront la géographie de l’Afrique du Nord ne sont d’autre que
Emile Felix Gauthier et Augustin Bernard. Gautier part d’ailleurs du principe que les musulmans d’Algérie
et les français métropolitains n’ont rien a voir. Il pense donc qu’il faut occidentaliser l’Algérie. Bien qu’on
ait accusé les géographes de « chiens de garde » des colonisateurs, il ont, une fois de plus, joué un rôle dans
la délimitation des frontières coloniales et l’appropriation du territoire. Finalement, la géographie historique
est une science qui s’est mise au service de la colonisation. Depuis 1840, elle est aussi corrélée a la
colonisation du fait des nombreux débats géographiques, concernant l’avenir de la colonisation.

Une manifestation accrue de violence au sein de la colonisation

Malgré cette association fulgurante et intelligente, une certaine violence a été utilisée pour justifier
les conquêtes territoriales. Comme nous le savons, les explorations ont conduit à la colonisation de l’Afrique
par les plus grandes puissances européennes. Ces dernières se sont d’ailleurs livrées à une concurrence féroce
pour contrôler ce continent. Il est vrai que l’Afrique a été le principal sujet de fascination pour les européens
au début du XIXème siècle. En effet, la carte de « la fin des blancs » nous montre que l’Afrique suscite le
plus d’intérêts du fait qu’elle ne soit pas totalement connue par les européens. La conquête de ce territoire
s’étend de 1850 à 1908. La rencontre entre Stanley et Livingstone scelle, en 1871, l’exploration de l’Afrique
par l’incarnation de cette rencontre mythique entre ces deux personnages. A l’aube de 1914, l’Afrique est
découpée en frontières où les principales puissances occidentales se la partageront. Ils ont progressivement
commencé à s’accaparer ce territoire en suivant les 3 principes majeurs de la colonisation : l’allocation,
l’attribution de la frontière et la démarcation. .
Cette violence est aussi décryptée dans une oeuvre de Edvard Said, un militant du Tiers Monde, qui
dénonce la colonisation en tant « qu’acte de violence géographique par lesquels la quasi totalité de l’espace
mondial est exploré, annexé ». De même que, la constitution de ces frontières fait l’objet de compromis et de
négociations entre les différents puissances. Les colonisés manifesteront une certaine rébellion, mais
certaines modalités, comme la force et la punition, seront prises par les colonisateurs pour y mettre fin.

La géographie a donc été utilisée pour légitimer les guerres et les colonisations. La guerre en
Ukraine en est le parfait exemple. Ce conflit de mémoire concernent le XXIème siècle et nécessite la
géographie historique pour être comprise et traiter. Elle a renforcé les divisions ethniques et culturelles
existantes dans cette région. L’histoire a participé à façonner les identités culturelles et ethniques des
différentes régions de l’Ukraine. La colonisation est elle aussi affectée par la géographie historique, sans qui,
il ne pourrait y en avoir. Le projet Mercator de 1569 est d’ailleurs l’une des premières cartes qui offre une
vision du monde. Les cartographes se sont donc mises au service au temps et donc à la colonisation. En fin
de compte, il est important de se demander si la géographie historique est utilisée comme une justification
pour des conflits et des conquêtes, ou si elle peut également être un outil pour favoriser la paix et la
coopération entre les peuples et les nations.

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