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DE L'ENSE¡GNEMENT
Sommaire

If tbe mind is the hardware, cubure is the software. Avant-propos. . .

And if you don't know tbe software of a country,


you can't run your program !
Plan de l'ouvrage
Geert Hofstede

La problémat¡que de l'enseignement/
''ii,:
apprent¡ssage de la culture étrangére 17
I : .A:i/i ,. ,f .
: "
' ;j' '.

!L-* l¡EEli nm Les notio ns de « cu ltu re »», d' <t i nte rcu ltu re I »»
et de «« communicatíon interculturelle»» en didactique
des langues-cultures étrangéres 19

La notion de " cwhwre » 19

La notion d' r, intercwhurel,, 20

La notion de n commwnication intercwltwrelle " - - . ll

ul
Il f¿IfifÍf Langue et culture: état des lieux . .... . 23

Les relations entre l'enseignement de la langue et de la culture. . 23


Lesfinalitésdidactiques .. "23
Le traitement de la dimension cwlturelle/intercwlturelle . . . . . . 24
Les obiectifs priuilégiés dans I'enseignement des langues . . . . . 24

Le code de la propriété intellectuelle n'autorise que les copies ou reproduct¡ons strictement réservées
"
L'apprentissage culturel/interculturel dans les manuels de FLE. " 25
á l'usage privé du copiste et non dest¡nées á une utilisation collective, [article L. 122-51;il autorise
également les courtes citations effectuées dans un but d'exemple ou d'illustration. En revánche toute
L'exploitation des contenws cuburels en classe' ..... . 25
"
représentation ou reproduction ¡ntégrale ou partielle, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants Qwelqwes raisons powr I'absence de l'apprentissage
drort ou ayants cause, est illicite [article L. 122-4). 21
" cwhwre I / int er cubur el.
La loi 95-4 du 3 janvier 1994 a confié au C.F.C. (Centre franqais de l'exploitation du dro¡t de copie,
20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris), l'exclusivité de la gestion du droit de reprographie. Toute l. Unmanque d.for-uiior. .... . . . 21
photocopie d'oeuíres protégées, exécutée sans son accord préalable, constitue une contrefaqon sanc- 21
2. Des approches non officialisées
tionnée par les frticles 425 et suivants du Code pénal.
t\ 3. Des erreurs dans les démarches 21
@ Éditions Bdl¡n, eol 1 |SSN 1 147-51 96 |SBN 978-2-701 1 -5330-8 Quelqwes exemples d déueloPPer
28

SOIVIMAIBE 5
nlEfim¡m Vers une méthodologie de l,apprentissage mfaf¡Ii¡m L'approche soc¡oculturelle. . . 61
culturel/interculture! en classe de FLE. . 29
Activité 1 " La cwbure dans I'image » : une publicité télévisée . . . 61
Les besoins culturels des apprenants. . . . 29
Activité 2 " La cwhwre des objets,, :
Les objectifs culturels dans l'apprentissage 31 les objets racontent l'Histoire... 69
Les contenus culturels 32
La cubure en tant qw'objet. m[f:llf¡m L'approche interculturelle . . . 91
La cwhwre en tdnt que suiet ')')
Activité 1 Le Petit Cbaperon rouge:
mEf¿¡f¡fil Constructions de la démarche culturelle un exemple d'adaptation culturelle 91

et interculturelle 1E Activité 2,. Une transaction commerciale


Tableau conceptuel dans wne pharmacie franqaise et allemande,, :

Remarques sur le tableau


JO
comparaisondedialoguesintraculturels .. .... 113
ót
Propositions d'approches différenciées. . Activité 3 " Clichés et stéréotypes »:
3B
versuneconscienceinterculturelle... ..135
.

L' ap p r o cb e lingui sti co - cultur ell e 3B


L'approcbe sociocultwrelle . . . . 20
L' appro ch e inter cuhwrelle 3B
Les activités et les supports pédagogiques En guise de conclusion . . . 155
á objectifs culturels. QO

Lesactiuitéspédagogiqwes...". . . . . . .. 39
Critéres pour une meilleure conscience interculturelle . . . . . . . . 39 Bibliographie.... 157
Actiuites communicatiues . . 40
Actiuités uisant la décowuerte de I'Autre . 41
Solutions des activités pédagogiques . 159
Les supports d'apprentissage. . 42

Approches didactiques et activités pédagogiques


pour l'apprentissage culturel/interculturel ... ... 43

mEI¡fiIiIl L'approche lingu istico-cultu relle .45


Activité 1 "La cultwre desmotsr: les emprunts étrangers. . ... .45
Activité 2 La cuhwre dans les mots >>: exemples de traduction
"
Astérix chez les Bretons Áe

ENSEIGNER LE FLE SOIMMAIRE


Avant-propos

Lors du salon Expolangwes qui s'est tenu á Paris en janvier 2009,


Mme Glasson-Deschaumes (Directrice de la revoe Transeuropéenne)
rappelait que l'Union européenne ne s'intéressait hélas qu'á l'angle
pragmatique de la langue. En effet, si nous voulons aller plus loin dans
notre relation avec les citoyens européens et tenter de développer l'in-
tcrculturalisme en Europe, nous devons nous former á la diversité des
pratiques, des idées, des savoirs et des imaginaires interculturels qui ne
sont en aucun cas des éléments linguistiques á mettre dans les " boites
i outils " des manue[s de langue. Il est vrai que communiquer ne signi-
fie pas seulement comprendre et savoir utiliser les structures lexicales et
grammaticales. Il est également essentiel de comprendre les attitudes, les
systémes de valeurs, les points de vue de ses interlocuteurs en se référant
au contexte culturel de ces derniers.
Toutefois, dans I'enseignement/apprentissage des langues-cultures,
c'est cette notion d'ninterculturalité» que souligne le Cadre européen
commun de référence pour les langues (CECRL) et c'est une prise de
conscience interculturelle chez l'apprenant que les concepteurs du
CECRL prónent depuis quelques années, afin qu'il puisse " développer
une personnalité plus riche et plus complexe et accroitre sa capacité
á apprendre d'autres langues étrangéres et s'ouvrir á des expériences
culturelles nouvelles r. (CECRL, apprendre, enseigner, évaluer, 2005,
p. 40). En outre, étant donné qu'apprendre une langue, c'est intégrer la
culture de cette langue, le Cadre associe la notion de " pluriculturalisme ,
á celle ds " plurilinguisme » et introduit la n compétence plurilingue et
pluriculturelle ". Ces notions sont au centre de la philosophie du CECRL
conformément aux objectifs formulés par le Comité des Ministres
du Conseil de L'Europe qui souhaite « parvenir á une plus grande

AVANT-PROPOS
unité parmi ses membres » et atteindre cet objectif o par l'adoption ( l('ttc compétence n'est pas comparable á la compétence commu-
d'une démarche commune dans le domaine culturel ,, (CECRL, 2005, rrr;rtivc, clle renferme une dimension sociale, psychologique, affective,
paragraphe 1.2.). L'idée qui se profile ici est que la diversité culturelle rrh'nlitrrirc et cognitive qui lui est propre et qu'il convient de prendre en
et linguristique devienne non plus un obstacle á la communication, mais r r)illl)t(' clans l'apprentissage d'une langue étrangére.
une source d'enrichissement et de compréhension réciproques, et que f'cspére que cet ouvrage y contribuera et qu'il guidera les enseignants
la meilleure connaissance des langues européennes permette, entre ,1,¡rrs lcurs démarches d'analyse et dans la conception méthodologique et
autres, d'éliminer les préjugés et la discrimination. En effet, la situation ¡
rcrl rr gogiq ue d'activités pour l'approche culturelle et interculturel l e.
multilingue en Europe tend á développer de plus en plus l'acquisition
de compétences dans plusieurs langues étrangéres. A ce sujet, dans, le Cet ouvrage est á la fois un guide pédagogique et un manuel d'auto-
chapitre Diuersification lingwistique et curricwlwm, le cECRL définit lorrnirtion destiné aux enseignants. Il repose sur une double démarche:
la compétence plurilingue et pluriculturelle comme une . compétence á trnc approche formative dont l'objectif est didactique. Elle expose de
comnrnniquer langagiérement et á interagir culturellement d,un acteur rrrrrrriére synthétique 'la problématique qui régne autour de 1'approche
social qui posséde, á des degrés divers, la maitrise de plusieurs langues et t rrlturelle et interculturelle dans l'enseignement des langues étrangéres, et
l'expérience de plusieurs cultures, (CECRL, chapitre g, p. 129). t'rr ¡rarticulier du franqais langue générale, et présente un certain nombre
tlc critéres essentiels á prendre en compte dans la mise en reuvre d'une
Néanmoins, si la finalité de l'enseignement d,une langue étrangére ,rp¡rroche méthodologique pour 1'apprentissage de la culture étrangére;
est de doter l'apprenant d'une compétence de communication en une ou - Lrne approche pédagogique qui propose des activités considérées comme
plusieurs langues, ce qui inclut la compétence culturelle et interculturelle, spécifiques de la dimension culturelle/interculturelle de la didactiqr"re des
il semblerait que les concepteurs de manuels et les enseignants ne lui la r-rgues-cultures.
accordent pas le róle éducatif et pédagogique qui lui revient. En effet, Les activités pédagogiques sont conEues pour un public d'appre-
c'est surtout sur l'acquisition de compétences communicatives langa- nants adolescents et adultes ayant atteint le niveau de langue A2 et plus,
giéres que se concentrent les auteurs de manuels, parce que ces derniers du CECRL. Étant donné que l'objectif visé repose sur 1'acquisition d'une
considérent que les apprenants ont déjá acquis « une connaissance suffi- compétence culturelle/interculturelle, la langue maternelle des appre-
sante du monde" (CECRL, chapitre 5, paragraphe 5.1.1.1.). pourranr, nants doit constituer un vecteur privilégié de cette acquisition. Dans le
les compétences culturelle et interculturelle aménent l'apprenant á modi- cas contraire, I'approche utilisée ne serait pas culturelle, mais comrtu-
fier ses croyances et ses valeurs et á prendre en considération celles qui nicative, et conduirait á I'exclusion de toute activité culturelle auprés
caractérisent une culture étrangére. En ce qui concerne les enseignants, d'un public de débutants. Par conséquent, la langue maternelle est aussi
ces derniers se sentent souvent démunis, car ils n'ont pas été assez formés la iangue d'apprentissage dans la plupart des activités, ce qui rend l'ap-
d¿rns ce domaine ou parce qu'ils pensent que les apprenants doivent avoir proche culturelle/interculturelle accessible aux apprenants débutants. De
acqr-ris un niveau delar¡gúe élevé pour pouvoir acquérir une compétence ce point de vue, ie partage l'opinion des chercheurs qui, dans le domaine
culturelle et interculturelle. c'est une erreur de penser cela, car ce ne de l'acquisition du langage, ont montré que l'intégration didactique de la
sont pas les savoirs, mais les savoir-faire et les savoir-étre qui rendent langue maternelle jouait un róle primordial dans Ia dimension culturelle/
possible la relation et l'interaction avec les autres. Il ne s'agit pas ici de interculturelle de l'apprentissage (entre autres).
transmettre des savoirs relatifs á Ia culture étrangére, mais de motiver les Cet ouvrage présente I'avantage de relier les composantes didac-
apprenants i prendre conscience de la diversité culturelle, ou encore de tiques d'un domaine précis de l'enseignement du franEais langue étrangére
I¿r relation ethnocentrique qui relie chaque individu á sa propre culture. (FLE) - la culture étrangére - á un apprentissage basé sur des savoir-faire
[,'intercultul'el se vit et se développe au contact de l,Autre. - les aptitudes pratiques - dans le but d'aider les apprenants á acquérir
IO ENSEIGNER LE FLE AVANT-PROPOS 1'I
une compétence culturelle et interculturelle, compétence trop rarement
exploitée dans l'enseignemenr du franqais.
Les activités pédagogiques reposent sur le résultat d,une étude qui Plan de l'ouvrage
porta sur l'absence méthodologique de l'approche culturelle/intercultu-
relle dans les n:ranuels de FLE narionaux en Allemagne (F. \x/indmüller:
2003; v. viallon, F.'§7indmüller: 2008). cette étude reposa également
sur des enquétes menées auprés des enseignants et d". ,pprÁnnts de
FLE en France et á I'étranger. Elle permit de recueillir le point de vue
des professeurs sur les contenus culturels dans le matériel pédrgogiqre
I qu'ils utilisenr, ainsi.que leurs souhaits pédagogiques dans le cadre de
la formation et de l'autoformation dans ce domaine précis de la didac-
tique des langues-culrures (F. §7indmüller: 2005). Les enquétes réa-
lisées auprés des apprenants révélérent un certain nombre de besoins
Premiére partie
culturels exprimés de maniére explicite et implicite. Elles dévoilérent, Un exposé théorique á valeur formative qui fait Ie point sur la place
en outre, les problémes d'incompréhension que les apprenants rencon- rrec«>rdée á l'approche culturelle/interculturelle dans les manuels d'ensei-
traient fréquemment lors d'échanges interculturels avec les Frangais ou
Bncment du FLE aux adultes/grands-adolescents dans une grande rnajo-
face á des réalités culturelles inconnues. Enfin, res apprenants évoqudrent
rité des manuels en Europe.
leurs intéréts pour certains n thémes culturers r. L, plrpurt des activités n Un rappel des notions de culture r,, d'u interculturel et de
présentées dans cet ouvrage représente la « ssns¡[¡isation, péd¿gogique " "
. communication interculturelle
d'un certain nombre de besoins recueillis dans mon enqu6te. "
. Un rappel de la problématique autour de l'intégration didactique
tlc la dimension culturelle/interculturelle en classe de langue.
. Des propositions didactiques pour l'élaboration d'une méthodo-
logie spécifique de l'approche culturelle/interculturelle.

Deuxiéme part¡e
Une démarche didactique et des activités pédagogiques réparties
sous trois approches: linguistico-culturelle, socioculturelle et intercultu-
relle. Chaque activité pédagogique est présentée de la maniére suivante:
. une fiche pédagogique sous forme de tableau (arguments didac-
tiques, objectifs généraux, démarches utilisées, supports pédagogiques,
niveau et langue d'apprentissage).
o des propositions pour le déroulement de l'activité.

" des explications/informations intégrées á la description du


déroulement de l'activité. Ces informations constituent les données
culturelles nécessaires á l'enseignant pour effectuer les exercices. Elles

12 ENSEIGNEB LE FI F
PLAN DE L'OUVRAGE I3
comportent également un complément d'informations pour élargir les
I'rri choisi, pour ma part, de travailler sur des contenus compara-
tác[res d'apprentissage. rrl,. r onccrnant la culture/langue frangaise et la culture/langue germano-
des remarques sur l'intérét didactique et péclagogique de l,activité,
' l,lr,,rrr', car: il s'agit du contexte d'enseignement oü j'exerce ma profession
ainsi que des suggestions pédagogiques supplémenraires. r r .rr j'rri mené en partie ma recherche (voir l'avant-propos). Toutefois, je
" des références bibliographiques renfermant, d'une part, les réfé- rrrrrs rr signaler que l'ensemble des activités peut étre utilisé, voire adapté
fences aux documents utilisés comme supports pédagogiques pour I'ac- ,r tl':rrrtres cultures/langlres sources (j'ai indiqué dans la seconde partie les
tivité et, d'aLrtre part, des références complémentair:es (ouvrages, sites ¡,r',rt'titlures á suivre pour adapter les activités aux contextes d'enseigne-
internet, vidéos, etc.) portant sur les sujets traités dans les activités er que rr rt'rrt/apprentissage différents du mien).

['enseignant pourra utiliser dans le groupe-classe s'il souhaite approfon- .fe suis consciente des lacunes méthodologiques qui résident dans
dir la thématique proposée. l',r¡rproche culturelle/interculturelle de l'enseignement/apprentissage du
o des annexes présentant l'ensemble I I Ir ct que toute activité á visée culturelle demande beaucoup d'efforts á
des docurnents utilisés pour la
réalisation de l'activité: les exercices, les comptes renclus cle recherches l"r'rrscignant dans la recherche de documents authentiques et particulié-
r('nlcnt dans la mise en €uvre pédagogique des activités. C'est pour cette
menées pour l'élaboration des activités. cette partie est indispensable i
r;rison que les informations présentées dans la premiére partie de l'ou-
l'enseignant.
vrrrge, ainsi que les comptes rendus dans les démarches pédagogiques de
l,r scconde partie, constituent un ensemble de données pour l'enseignant
L'ensemble des activités est á effectuer en tandem ou en petits
tlont 1'objectif est la réalisation autonome d'activités pour la classe.
groupes et favorise l'interaction et la réalisation de táches dans le groupe-
La démarche didactique á adopter dans les activités d'apprentis-
classe. L'objectif vise avant tout la compétence culturelle/interculturelle,
srrge a été signalée, mais la démarche pédagogique n'a été que suggérée.
et non langagiér:e. Par conséquent, les activités portent sur des contenus ( irmme je le signalais plus haut, les activités sont á effectuer en bindme
relatifs i la culture étrangére et maternelle cles apprenants qui requiérent ou en petits groupes. Certaines peuvent étre planifiées sur une séance de
l'acquisition de savoirs et savoir-faire culturels qui dépassent le cadre cours (90 minutes), d'autres sur deux. Tout dépend du contexte d'en-
pragnatique de la communication et, corollairement, le cadre superfi- scignement dans lequel I'enseignant travaille. C'est aussi á l'enseignant
ciel de l'approche comparative des contenus. En effet, dans les manuels de juger des activités qui se dérouleront dans la langue maternelle des
de frangais issus de l'approche communicative, les approches culturelles :.rpprenants. En effet, ce livre ne s'adresse pas á un ensemble d'ensei-
sont basées sur des comparaisons intuitives entre la culture source et la gnants évoluant dans la méme situation d'enseignement/apprentissage.
culture cible: l'apprenant est considéré comme le clétenteur du savoir de .le ne souhaite pas, par conséquent, imposer des consignes sur les fagons
Iir culture maternelle, ce qui suffit, en génér:al, á accréditer ses opinions de procéder. Seul l'enseignant saura adapter les diverses approches á son
colrme unique source de ré{érence de la culture maternelle. c,est pour public. Les activités proposées dans cet ouvrage ont été réalisées avec
cctte raison qure j'ai souhaité apporter dans les activités pédagogiques des des groupes d'apprenants débutants et avancés. Elles conduisent á des
cxe rnples de contenus et de suppqrts
approches interactives et originales.
_cpncrets issus de la culture étrangére
et cle la crrlture maternelle. ,, corir.i, sig,ifie propre d wne cultwre par-
ticuliire et souligne mon intention d'exclure l'approche universaliste des
cultures en contexte d'enseignement/apprentissage exolingLle et de rap-
¡rclcr dans l'enseignernent/apprentissage des rangues-culrures étran-
qr-re
gi'res, I'approcl-re culturelle et interculturelle doit suivre une démarche
qui lLri est spécifique.

I4 ENSEIGNER tE FLT
PLAN DE L'OIJVBAGE 15
,l
Les notions de <« culture>>,
d'« interculturel» et de
<< com m u nication i ntercultu rel le »

en didactique des
lang ues-cu ltu res étra ngéres

lr

La notion de << culture»»


l)¿rns l'enseignement des langues, la notion de "ciuilisation" fut utilisée
rlds l'apparition de la méthodologie traditionnelle en contexte scolaire,
puis dans les diverses méthodologies de langues jusqu'aux années 1970-
ti0. Elle désignait essentiellement Ia " cultwre cubiuée " ou la "cubure
sauante, : la littérature, les beaux-arts, l'Histoire... Elle renfermait aussi
les connaissances scientifiques et techniques, les usages religieux, les phé-
noménes sociaux, I'habitat, la géographie d'un pays) etc. Le renouveau
rnéthodologique amorcé il y a plus d'une trentaine d'années et particu-
liér:ement l'apparition de " I'approche commwnicatiue r, introduisirent la
prise en compte de nouvelles disciplines linguistiques et extra-linguis-
tiques qui enrichirent la réflexion didactique par 1'étude qu'elles entre-
prirent sur I'objet ncwhwre". Ainsi, á c6té de la littérature, les contenus
culturels se sont étendus au domaine anthropologique: les modes de vie,
les rites sociaux, les habitudes comportementales dans des situations de
rencontres, etc. Les manuels de langue actuels comportent également un
óventail de contenus sociologiques: informations d'ordre politique, éco-
nomique et social. A cela s'ajoute des contenus sociolinguistiques inhé-
rents á ia communication: les connaissances implicites contenues dans les
interactions verbales entre les membres de la méme culture, les conven-
tions langagiéres spécifiques des pratiques sociales, tels les comporte-
rnents non verbaux, les régles de politesse, la distance corporelle, la
gestuelle, etc. Le concept de o cwltwre " ainsi élargr, englobe désormais la
n culture saudnte, et la ,, cubure qwotidienne
".

1 LES NOTIONS DE «CULTUBE», D,«INTERCULTUREL» ET DE «COMMUNICATION INTERCULTURELLE» 19


La notion di< interculturel»» r,r;rr'(üre ethnocentrique. Ce n'est que par le passage d'un retour sur
,ror r¡rc l'apprenant sera plus disposé á accepter l'Autre dans ses diffé-
La notion d'" interculturel fut pensée en termes de méconnaissance des
" r{'n(('s. ll est impossible d'accepter l'Autre sans vouloir se connaitre et se
différentes cultures. EIle fit son entrée dans les années 1970 á,l'école pri- ,,rrrr¡rrcndre mutuellement en respectant nos différences, c'est cela qui
maire dans les classes d'enfants de migrants. L'éducation interculturelle r ;l rrlctérise n conscience interculturelle
permit d'intégrer des groupes minoritaires á un groupe culturel majo- ".
l)epuis les années 1990,le CECRL multiplie les projets et les
ritaire, de renforcer l'image positive des étrangers et de faire prendre r)ilvrrrges concernant la dimension socioculturelle et interculturelle dans
conscience au groupe dominant qu'il vivait dans une société multi-
" " I'rrpprentissage et l'enseignement des langues. Les travaux sur l'acquisi-
culturelle et pluriethnique. L'objectif d'une telle approche est formatif. Irolr de la compétence interculturelle reposent sur l'étude des objectifs
Elle vise auprés des apprenants á développer un sentimenr de relativité
lll lt lc rnode d'évaluation de cette compétence. Le CECRL souligne, entre
de leurs propres convictions et valeurs, d'assumer leur identité culturelle
rlUfrcs, que cette compétence est une composante clé de l'éducation á Ia
tout en reconnaissant celle des autres. cette approche est essentielle si t it«ryenneté européenne. EIle prépare les apprenants á vivre dans une
l'on considére que la réalité multiculturelle et plurilingue en Europe peut
société pluriculturelle et á reconnaitre le droit á la différence, de méme
devenir source de conflits ou d'incompréhension, ce qui engendre davan-
.¡u'elle vise á renforcer la cohésion sociale, la compréhension mutuelle
tage de ruptures que d'unité. En outre, alors que les frontiéres euro-
t't la solidarité.
péennes ont presque disparu, les gens se replient sur eux-mémes face á
la montée du terrorisme, de l'intégration difficile des immigrés ou encore
des problémes économiques. Ajoutons le développement du nationalisme
(et non du patriotisme) dans lequel s'exprime la peur de voir disparaitre
La notion de << communication interculturelle>»
les traditions, les coutumes nationales qui reflétent I'identité nationale et
cr,rlturelle. Dans ce contexte, nous craignons l'Autre au point de perdre l.'¿ commwnication intercwlturelle repose sur l'interrelation de personnes
notre propre identité, ce qui nous empéche d'aller vers lui. pourtant, et issues de culture différente en situation d'interactions verbales et non-ver-
paradoxalement, c'est l'existence de l'Autre, par un effet de miroir, qui lrales dans des contextes de communication variés. Dans la communica-
ili nous fait prendre conscience de notre identité culturelle. tion interculturelle, plusieurs paramétres sont á prendre en considération:
La démarche interculturelle n'est pas une comparaison entre deux * Le róle et le statut social des interlocuteurs, Ie type de relation
cultures basée sur les différences ou les similitudes enrre des faits, des qu'ils entretiennent, le sujet de communication, etc., ce qui implique cer-
pratiques, des coutumes, etc. Elle est une démarche, une pédagogie tains choix linguistiques dans les salutations, par exemple, les formes
interactionniste et constructiviste qui améne l'apprenant á effectuer un d'adresse, les régles de politesse, les énoncés conventionnels et ritualisés
apprentissage qui se dirige vers l'Autre, mais avant tout vers lui-méme, qui sont spécifiques d'un groupe social.
avant de trouver sa raison d'étre en situation de contact entre les per- " Les échanges sont également ponctués d'allusions culturelles, de
sonnes de cultures différentes. cette démarche est, en outre, subjective, connotations qui, sous forme d'expressions ou de jeux de mots, véhi-
car elle prend en compre le vécu de chacun, les perceptions individuelles, culent un contenu implicite qui manifeste l'adhésion du locuteur á la
les représentations sociales, les ima#--eollectives véhiculées dans une communauté á laquelle il appartient. Les allusions et les connotations
communauté donnée. La perspective interculturelle s'intéresse donc aux s'inscrivent dans une trame infinie de références culturelles partagées par
sujets culturels et á leur identité. Dans le contexte de l'enseignement/ les membres d'une méme communauté. Dans l'exemple suivant, " Si /e
apprentissage des langues-cultures, l'apprenant est amené á rechercher premier auril tombe wn uendredi, ce sera bel et bien le jowr dw poisson ! ,,,
les mécanismes d'appartenance á toute culture en prenant d,abord c'est la connaissance de la coutume populaire qui rend la connotation
conscience que sa propre appartenance á la culture maternelle revét un compréhensible.

ENSEIGNEB LE FLE 1 , LES NOTIONS DE « CULTURE », D,« INTEBCULTUBEL » ET DE « COIVMUNICATION INTEBCULTURELLE » 21


¡ La rencontre de la culture dans la communicarion ne se situe
pas uniquement sur le plan verbal. Tout message verbal est accompa-
gné de gestes, d'attitudes, de mimiques, de postures, de rapprochement Langue et culture: état des lieux
ou d'éloignement des interlocuteurs, etc. Ces éléments accompagnent et
complétent la communication verbale: haussement d'épaules, sourires,
mouvements des yeux, battement des sourcils, etc. Ces signes parayer-
baux sont complexes, car ils varient d'une culture á une autre. Certains
sont imposés par les normes sociales, d'autres sont une partie de l,héri-
tage culturel d'une communauté. Dans une situation de communication
rlt I
interculturelle, un geste commun entre deux cultures étrangéres, niais
ayant un sens différent dans les deux cultures, peut désorienter le locu-
teur étranger qui pourrait mal interpréter ce geste pour ne pas avoir pu
le décoder; c'est ce que l'on appelle une .homonymie intercultureller.
L'étranger peut aussi attribuer une signification erronée á une attitude,
Iorsque celle-ci est inexistante dans sa culture maternelle.
Les relations entre I'enseignement
e Aux facteurs kinésiques, s'ajoutent aussi les facteurs proxé- de la langue et de la culture
miques, tels l'espace et le temps qui, soumis á des variables culturelles,
jouent un r6le considérable dans les interactions inrerculturelles. Les ü Les finalités didactiques
Méditerranéens, par exemple, se tiennent proches de leurs interlocuteurs (luand on s'interroge sur les finalités de 1'enseignement des langues
quand ils conversent. Par contre, les cultures nordiques, ou encore les v ivantes, on affirme avec raison, que l'enseignement d'une langu e á l' état
FranEais, maintiennent une certaine distance corporelle et n'apprécient pur est impossible, voire impensable. Apprendre une langue pour elle-
pas les contacts tactiles. rnérne n'aurait aucun sens. La langue est un moyen d'apprentissage qui
r En dernier lieu, notons également qu'il existe de nombreux pays tcnd vers autre chose: la communication avec les membres d'une culture
til qui possédent une langue identique et plusieurs cultures. Le dysfonc- í'tr:angére. Mais plus que l'objectif formatif et fonctionnel, l'apprentis-
tionnement dans la communication peut aussi avoir des origines inrra- sage d'une langue poursuit aujourd'hui, et plus que dans le passé, un
culturelles. Quoi qu'il en soit, un meilleur entrainement aux éléments objectif humaniste : l'intercompréhension entre les différentes cultures.
paralinguistiques de tra langue étrangére ne pourra que faciliter la com- Bon nombre d'enseignants de langue sont d'accord sur le fait qu'en-
munication interculturelle. La connaissance et la reconnaissance des seigner une langue revient á enseigner une culture et qu'enseigner une
normes réglant les comportements et les conduites au sein cles échanges langue, c'est enseigner une culture. Langue et culture sont donc indénia-
permettent d'éviter certains blocages interactifs. blement liées et si nous approfondissons cette idée, force est de recon-
naitre qu'aucun apprenant n'apprend une langue pour en démontrer les
mécanismes, mais dans le but de l'utiliser au contact de la culture étran-
gére. Le fait de considérer la langue comme le moyen de transmission
de la culture étrangére est fondamental en didactique, quand il s'agit de
définir les objectifs d'enseignement/apprentissage linguistiques et com-
municatifs. Ce sont, en effet, ces objectifs qui impliqueront, ou n'impli-
queront pas, l'étude de Ia culture étrangére.

ENSEIGNER LE FLE
2. LAI\GUE ET CULTUBE: ETAT DES LIEUX
ffi Le traitement de la dimension culturelle/interculturelle lr,', r'r'l;rtions sociales, il ne faut pas non plus négliger le fait que d'autres
Il n'existe aucun enseignement de la culture indépendamment de l'ensei-
I r)url)()sllrltes culturelles ont une place á tenir dans I'enseignement des

gnement de la langue. Soit la culture est abordée aprés que les apprenants l,rrr¡',ut's et qu'elles doivent poursuivre leurs propres objectifs d'appren-

ont acquis une maitrise suffisante de la langue, soit la culture est dépen- l',r;rli(', au méme titre que la langue.
dante des contenus linguistiques. t,a pr:oblématique de l'apprentissage culturel reléve de la définition
Les contenus culturels traités dans les cours sont issus de la culture rlrs ohjcctifs et des contenus retenus dans les méthodologies et dans les
savante (littérature, Histoire...) de l'anthropologie culturelle (vie quo- ror¡rs clc langue, mais aussi d'une question de point de vue sur ce que
tidienne, coutumes...), de la sociologie (phénoménes sociaux, écono- ',r¡1,rrific la langue pour les enseignants et les apprenants: un outil de
r olnnlunication efficace pour produire et comprendre des énoncés dans
miques...) et de la sociolinguistique (régles implicites du comportement
rrr¡ hrrt utilitaire ? Ou un outil de communication qui vise une meilleure
verbal et non-verbal dans les conversations...).
r'orrr¡"rréhension des membres de la culture étrangére et une meilleure
Cet ensemble de constatations nous informe sur Ie rapport qu'entre-
t'onn¿rissance de la culture étrangére ?
tiennent les objectifs de l'enseignement de la langue et les contenus culturels.

I Les objectifs privilégiés dans l'ense¡gnement des tangues


Depuis les années 80, c'est l'aptitude á communiquer oralement qui est pprentissage cu Itu rel/intercu ltu rel
lJa
considérée comme l'objectif essentiel de l'enseignement des langues. C'est dans les manuels de FLE
D. H. Hymes qui, par l'introduction de la notion de n compétence de
communication" (1972), souligna l'importance des formes verbales et l,'crrseignement/apprentissage des langues s'appuie essentiellement sur
non verbales du langage dans leur contexte de communication. Toutefois, It's recherches menées en sciences du langage. Tout manuel de langue
la n compétence de communication " comporte également des compo- r'('pose sur un curriculum dans lequel sont définis des objectifs, des conte-

santes socioculturelles que 1'apprenant devra connaitre et reconnaitre rrrrs, des supports d'apprentissage, des démarches pédagogiques et des

lors de tout échange. Cette derniére serait incompléte, si elle n'incluait rrrodes d'évaluation. Cependant, si ce curriculum existe dans 1'approche

pas un ensemble de significations culturelles qui n'ont pas de relation rlc la langue et de la communication, force est de constater son absence
directe avec les fonctions du langage. La langue incarne aussi des normes srrr le plan culturel et interculturel dans les cours de langue et dans les
sociales, des références culturelles, des valeurs, des artefacts, des impli- ruanuels de langue.
cites, etc. qui se référent au réel. Par conséquent, elle dépasse largement Il existe, certes, des contenus culturels présentés dans un ensemble
clc documents dont le but est de transmettre des connaissances sur des
la relation qu'elle entretient avec Ie domaine communicatif.
l¿rits de société, des informations touristiques ou anthropologiques. Ils
L'enseignement de la culture implique aussi, pour l'apprenant,
rcnseignent sur les coutumes, les mentalités, la vie quotidienne...
l'acquisition d'un savoir factuel, le plus souvent organisé sous forme de
Les contenus culturels illustrent également des scénes de la vie quo-
thémes: le ch6mage, l'éducation, les sentiments... Ce savoir est aussi
tidienne á travers cles dialogues dans lesquels sont introduites des formes
d'orclre anthropologique: la nourriture, les loisirs... Ces connaissances
de salutations, des prises de contacts, des modes d'adresses, etc.
ne mettent aucunement l'accent sur la réalisation d'objectifs communi-
catifs. En effet, si on apprend une langue dans le seul but de demander
son chemin ou d'aller faire ses coursesr-l¡lpprenant n'ira pas trés loin 'r L'exploitation des contenus culturels en classe
au contact de la culture étrangére ! Par co\équent, si la connaissance Le premier objectif poursuivi est l'exploitation langagiére et l'entraine-
de l'usage des formes de politesse, par exemple, est fondamentale dans ment á la communication, qu'elle soit simulée ou authentique. Un exercice

ENSEIGNER tE FLE 2 LANGUE ET CULTUBE: ÉTAT DES LIEUX


sur le classement cles plats d'un menu, par exemple, a pour objectif la l, ,, rrolrncs d'interactions verbales exigeant la (re)connaissance de cer-
mémorisation du lexique relatif au théme traité dans l'unité. r,unr, ( ()llrportements socioculturels. L'apprentissage de l'utilisation des
Le second objectif est l'apport de connaissances: apport de nou- lli )t ilt('s clui réglent les conduites communicatives est inexistant.
velles données culturelles ou réactivation de connaissances acquises.
Le troisiéme objectif repose sur la comparaison de la culture étran- I Ouelques ra¡sons pour I'absence de l'apprentissage
gére et de la culture maternelle. Néanmoins, les documents informatifs r:ulturel et interculturel
concernent uniquement la culture étrangére. Ils présentent des données
culturelles que les apprenants confrontent avec les connaissances par-
I I ltt tttttnqate d.e forwation
I ',r¡r¡rrcntissage culturel suppose des connaissances dans différentes dis-
tielles et intuitives qu'ils ont de leur culture maternelle.
r r¡rlirrcs annexes de la linguistique et dans d'autres disciplines issues des
Le dernier objectif est une amorce de l'approche interculturelle.
,,( r('nccs humaines pour lesquelles les enseignants, les formateurs et les
On présente alrx apprenants un ensemble de stéréotypes émanant de
,ur(('urs de méthode n'ont pas été formés. En effet, la formation clas-
la culture maternelle concernant les membres de la culture étrangére,
,,r.¡rrc cl'un enseignant de langue est avant tout littéraire et linguistique (la
et vice-versa. Les apprenants doivent donner leur opinion, mais ils ne
,lrtlrrctique, beaucoup plus récente, ne présente pas de formation dans les
sont pas confrontés aux effets que ces stéréotypes provoquent et aucune
,lrsriplines extralinguistiques). Et chacun se débrouille comme il peut...
démarche de réflexion ne leur est soumise.
Par conséquent, cl'aprés la reconnaissance de l'inséparabilité de la .f , l)¿,s approcbes rcou. officialisées
langue et de la culture dans les cours de langue, la dimension culturelle Lls tcntatives d'introduire ces différentes disciplines existent, mais ne sont
en classe de langue est exploitée de la maniére suivante: l)rrs crlcore prises en compte ni officialisées dans les manuels de langue.
- la culture étrangére est présente implicitement et donne lieü á une l'rrp¡rroche interculturelle, par exemple, est présente dans les cours de
exploitation communicative. Nous sommes en présence de la culture l;rrrgr:e sous forme de sensibilisation á l'altérité. Mais l'exploitation péda-
« avec et par la langue r. ¡io¡¡ic1ue n'est jamais orientée vers une prise de conscience du fait que la
( lrlture maternelle est toujolrrs considérée comme la culture de référence
- la culture étrangére est présente explicitement dans les documents et
donne lieu á des discussions sur différents sujets, le plus souvent basés (t'thnocentrisme). L'objectif de bette approche, qui vise la relativisation de
sur les connaissances et les opinions des apprenants. lrr culture maternelle, ne peut se limiter á la simple sensibilisation. Dans
" "
urrc démarche interculturelle, il faut amener les apprenants á étre confron-
- dans la majorité des cas, les contenus culturels suivent la thématique
des unités dont ils dépendent et sont exploités pour l'apprentissage de la ti's ¿\ une autre réalité culturelle que la ieur. Dans une approche visant la
gramrnaire et de la communication. ¡rrise de conscience de l'altérité, confronter signifie uiure la relation auec
Force est de constater la prédominance de la langue et de la commu- I'Autre, dans la communication et en dehors de celle-ci, á travers la décou-
nication sur la culture et l'interpénétration de la culture dans la langue. vcrte de traditions, d'habitudes, de régles, etc. autres que celles de la culture
nrrrternelle. En ce qui concerne l'ethnocentrisme, la démarche consisterait
Contrairement á la «compétence de communicationr,, .. 1¿ compétence
culturrelle ou interculturelle " ne fait pas partie de l'objectif didactique
i faire découvrir aux apprenants les mécanismes qui entrainent l'adhé-
sir¡n aux valeurs de la culture maternelle. Plus les apprenants en auront
de l'enseignement des langues sur le plan de l'apprentissage. Dans le
conscience, plus ils seront capables d'objectiver leur vision du monde.
domaine de f interculturel, aucune activité n'autorise une meilleure com-
préhension envers les membres de la culture étrangére ni une décentration l. Iles ewewrs dans les déwarches
des attitudes et des valeurs envers la culture maternelle des apprenants. l.e n:ranque de formation dans ce domaine conduit inévitablement á des
Enfin, la priorité des cours de langue, centrée sur Ia communication, crreurs dans les démarches d'apprentissage proposées: demander á l'ap-
ne tend pas vers la mise en place de pratiques pédagogiques basées sur prenant de se mettre dans la peau d'un étranger, de reproduire des gestes

ENSEIGNER tE FLE 2. LANGUE ET CULTURE: ETAT DES LIEUX


et des mimiques dans les conversations, etc. Ces procédés sont dange-
reux, car ils ne font que réitérer les stéréotypes.
Vers une méthodologie
Il existe bel et bien en didactologie des langues-cultures étrangéres de l'apprentissage cultureU
un courant didactique qui considére que les finalités de l'enseignement
des langues-cultures visent la compréhension et la reconnaissance des
interculturel en classe de FLE
membres d'une culture étrangére par l'étude de leur langue et de leurs
spécificités culturelles. Nous vivons néanmoins á une époque oü la com-
pétence á communiquer devient de plus en plus synonyme de pragmatisme
fonctionnel, ce qui ne fait qu'accentuer le fossé entre la connaissance de
,Tl la langue et la reconnaissance des cultures

I Ouelques exemples á développer


. Le rapprochement entre la recherche en didactique et la pédago- l,c premier point á considérer dans l'enseignement des langues-cultures
gie des langues est nécessaire. La plupart des chercheurs écrivent pour ('st qLre la seule dimension linguistique et communicative a un eÍfet
d'autres scientifiques et les enseignants n'ont guére accés á l'actualité rtir.luctionniste sur l'ensemble de l'apprentissage. Il y a, c'est un fait, de
didactique. En outre, les ouvrages de vulgarisation scientifique sont rares, lir culture dans la langue, mais cela ne peut suffire á justifier l'absence de
en tout cas, peu utilisés par les enseignants. l'irpprentissage culturel/interculturel.
. Une autre nécessité est que les formateurs/enseignants propo- En bref, la problématique de cet apprentissage dépend de la prio-
sent davantage d'ateliers pédagogiques qui traitent de l'apprentissage ritó de l'objectif didactique que les enseignants accordent á la dimension
(inter)culturel. Toutefois, ces derniers auront á se pencher sur l'étude t'r¡lturelle dans leurs cours, que les formateurs traitent dans leurs ateliers
de disciplines qui ne leur sont pas familiéres, mais cette démarche est pédagogiques et que les concepteurs de méthodes prennent en compte
incontournable. cl¿rns l'élaboration des manuels. La didactique des cultures étrangéres
,ll" c La création d'un manuel intégrant l'apprentissage de la langue
occupe une large place dans la recherche scientifique en didactologie des
et de la culture étrangére sur le méme " pied d'égalité » permettrait de l:rngues-cultures, mais il lui reste encore á trouver sa place sur le terrain
traiter l'objectif communicatif et culturel dés le début de l'apprentissage auprés de l'ensemble des intervenants pédagogiques et dans les matériels
et autoriserait la légitimation de la didactique des cultures. Espérons que
clidactiques.
ce premier pas sera franchi dans les récents manuels issus de l'approche
actionnelle. L'avenir nous le dira...
" L'élaboration de manuels contextualisés (produit pour une culture
maternelle bien précise) plutdt que de manuels universalistes moins adap-
Les besoins culturels des apprenants
tés aux situations d'enseignement exolingue.
. Élaborer une méthodologie qui prenne doublement en considé- L'un des critéres principaux est l'analyse des besoins culturels des appre-
ration Ia culture étrangére et la culture maternelle de l'apprenant, n'est nants qui peuvent étre recueillis par des enquétes. D'aprés le résultat
certes pas une entreprise aisée. Toutefois, sa mise en ceuvre est réalisable des premiéres enquétes que j'ai menées, Ies apprenants de frangais ont
á condition de respecter quelques critéres didactiques incontournables. témoigné, lors de séjours en France, de phénoménes observés ou vécus
qu'ils n'avaient pas compris, qu'ils avaient mal interprétés ou qui leur
semblaient étranges. I1 existe également tout un ensemble de ;'ugements

ENSEIGNEB LE FI F 3 VEBS UNE IV]ETHODOLOGI E DE L'APPRENTISSAGE CUTTUBEL/INTEBCULTUREL


ou de représentations que les apprenants ont exprimé inconsciemment á Ius objectifs culturels dans l'apprentissage
propos de certains usages ou concernant la mentalité étrangére.
Voici quelques critéres á prendre en considération: l r.lr,, lrr pcrspective communicationnelle actuelle, l'intégration d'une
e Un apprentissage de la culture doit préparer l'apprenant á agir et ,r¡r¡r¡1¡1 1¡¡ rninimale (inter)culturelle dans les cours de débutants est
á réagir dans un ensemble de contextes diversifiés. ('virl)lc'. Minimale, parce qu'elle dépendrait des thémes du manuel
','n(
n Il doit, en outre) préparer 1'apprenant á résoudre les problémes ou l,,r',,'s srrr la progression linguistique, mais pour lesquels des exercices
les confrontations d'ordre linguistique et paralinguistique inhérents aux ¡',,l.r1,,ogic¡ues y seraient intégrés. Ces contenus traités pour eux-mémes
contacts interculturels. ',rrl I rr'¡ricnt á légitimer l'approche (inter)culturelle.
o Un apprentissage doit permettre á l'apprenant d'interpréter et de A partir du niveau B1 de l'apprentissage de la langue, il serait souhai-
produire des signes culturels multiples dans un ensemble de contextbs t,rlrlc dc pratiquer un apprentissage essentiellement culturel/interculturel.
culturels variés. !l r¡'t'st pas question ici d'approfondir les connaissances des apprenants
1i ,,rr lrr société etla langue étrangére, comme c'est majoritairement le cas
* I1 doit préparer l'apprenant á négocier et á maitriser un ensemble
de situations culturellement variées. ,r, t ut'llcrrent, mais de choisir des sujets sélectionnés en fonction des inté-
l{'ts, (lcs besoins, de la motivation des apprenants et aussi d'aprés les
' Il doit former l'apprenant á utiliser ses connaissances culturelles .,¡'t'tificités qui relient les cultures en présence. Il serait alors souhaitable
dans un ensemble de situations diverses, connaissances comportemen-
tales, discursives, anthropologiques, sociales... ,l't'trrblir une progression en fonction de ces critéres. L'apprentissage
n Il doit entrainer 1'apprenant á reconnaitre, accepter et comprendre r('l)()slrnt sur la recherche, la découverte, la comparaison, mais aussi la
les membres de la culture étrangére en tant qu'individus appartenant á r[;r'r'rrtration ethnocentrique, renverrait le statut de la langue étrangére á
une culture spécifique, y compris celle de l'apprenant. ,,'lui de moyen, et non de finalité d'apprentissage.
. Il doit amener 1'apprenant á relativiser les spécificités cuirurelles f)ans un enseignement des langues-cultures, une approche maxi-
de sa culture maternelle et viser la compréhension mutuelle. rrrrlc de la culture est aussi réalisable. La langue et la culture sont ici inté-
Un autre critére incontournable est la didactisation de certaines dis- ¡ir'['cs, car considérées comme deux entités globales indépendantes, deux
ciplines de références indispensables á l'élaboration d'une méthodologie olricctifs didactiques différents á atteindre. Dans ce cas, il est nécessaire
d'apprentissage la lexicologie, la sémantique, la sémiologie, la phoné- rk' rnettre en reuvre une méthodologie portant sur la langue et la culture
tique, la pragmatique linguistique, la linguistique inreractionniste, la rrrrris renfermant une approche paralléle et distincte, oü langue et culture
sociolinguistique interactionnelle, l'anthropologie, la sociologie, la psy- iruraient leur propre cohérence. Les contenus renverraient á la culture
chologie sociale, entres autres. Je n'approfondirai pas la question ici. titrirngére, mais aussi á la culture maternelle (surtout dans la perspective
Cet ouvrage se voulant pédagogique, je me contenterai de présenter des interculturelle), les activités pédagogiques seraient adaptées aux thémes
activités dont le contenu est issu des résultats des recherches que j'ai t raités en fonction des caractéristiques liant les deux cultures.

menées dans ces disciplines. Que nous soyons des adeptes de l'apprentissage (inter)culturel ou
tlcs dénigreurs de celui-ci, l'enseignement des langues-cultures ne peut se
l)asser d'une réflexion didactique sur les objectifs (inter)culturels et sur
lcr-rr apprentissage. Langue et culture sont intrinséquement liées, il faut
ck¡nc se rendre á l'évidence sur le plan didactique et méthodologique...

30 ENSEIGNER LE FLE 3. VERS UNE MÉIHODOLOGIE DE L'APPBENTISSAGE CULTUñEL/INTERCULTUREL 31


Les contenus culturels rluoti(li(lnne, situations typiques de communication en face á face ou par
l¡, hr,ris cl'un canal de communication, utilisation de régles sociales entre
Il faut avant tout fairela distinction entre la culture en tant qu'nobjet" ¡{.r'§onnes du méme groupe social, manifestations de la différence hié-
et Ia culture en tant que « sujet ". Sur le plan didactique, ces deux réalités lrl'r'lrit¡trc, manifestations des opinions et des représentations collectives
reposent sur des démarches méthodologiques différenciées. r.n rirl)port avec les diverses identités dans le groupe, relations sociales
rlrr ¡ir«rupe á travers ses conduites et ses manifestations de solidarité ou
I La culture en tant qu'ob¡et rlc .ornplicité, présence d'habitudes culturelles liées aux valeurs et aux
r r'()yilnces du groupe, etc.
. Elle est au contact de la langue étrangére á travers la lecture (le troisiéme point est á la fois présent dans la nculture objet" et
sémiotique de mots, l'interprétation de signes, de symboles, de dessins, rlirrrs l¿r " culture sujet ".
d'images, de caricatures; á travers le mode d'appréhension du discours
\l par le canal oral et visuel, tel la radio, le cinéma, etc.
. Elle se situe dans l'environnement immédiat á travers Ia percep- I La culture en tant que sujet
tion auditive, visuelle, mais aussi olfactive et gustative. Ces situations pla- Il s'agit de la culture en tant que représentante des personnes qui
cent 1'apprenant au centre de réalités culturelles auxquelles il participe ou l'rrtilisent, la font et la défont dans Ie but d'interagir avec des représen-
non: il rencontre des objets inconnus dont il ne reconnait pas la fonction, liurts d'autres langues et d'autres cultures.
il attribue un sens á un fait vu ou vécu, ou ne décéle aucun rapport: la clé . Il est question ici de la compréhension entre membres de cultures
berlinoise, qui décontenancera plus d'un étranger, La Fontaine'Wallace á rlif:fórentes. C'est dans cette optique que la démarche interculturelle a un
Paris, chargé de tout un symbolisme patriotique, n'est pas qu'une simple rírlc essentiel á jouer dans l'apprentissage. Cette démarche peut tenter
fontaine, etc. Le contact visuel est Ia forme préliminaire de l'expérience tlc rapprocher des individus de cultures différentes tout en permettant
de 1'altérité. irrrx sujets de se décentrer de leur attitude ethnocentrique et de présenter
Dans cette catégorie entre aussi la culture en tant que l'expression rrrrc plus grande disposition d'esprit et une plus grande tolérance face á
d'un groupe social. I'cnsemble des cultures étrangéres.
. On la repére dans la langue á travers la communication non-ver-
bale: dans les gestes, les mimiques, les comportements, le contact phy-
sique, la distance corporelle.
r Elle est présente dans la langue á travers la communication verbale:
- sur le plan linguistique (connotations culturelles, expressions idioma-
tiques, polysémie sémantique des mots, emprunts étrangers et faux-amis,
variations linguistiques... )
- sur le plan communicatif (implications conversationnelles [jeux de mots,
insinuations, sous-entendus, euphémismes...], implications convention-
nelles [utilisation de la situation de communication et de messages impli-
cites], utilisation des tours de parole, des stratégies de communication,
implications des rituels dans les échanges...
Enfin, la culture en tant que caractéristique de l'identité ethnique.
. Elle se réalise par un contact relationnel au moyen de la langue
étrangére ou en 1'absence de celle-ci: comportements sociaux dans la vie

ENSEIGNEB LE FLE 3 VEBS UNE IVÉIHODOLOGIE DE L'APPRENTISSAGE CULTUBEL/INTERCULTUBEL


Constructions de la démarche
culturelle et interculturelle

'tilll

( irrnme nous I'avons vu précédemment, l'individu, en tant que membre


rl'une culture donnée, se trouve étre á la base de la langue et de la culture:
t'cst lui qui produit la culture et c'est lui qui produit la langue. Il exerce
r¡rrc influence directe sur leur évolution et sur leur utilisation. En outre,
srrr le plan diachronique, l'historique de la langue et de la culture exerce
ti¡¡alement une influence sur l'homme: celui-ci est élevé au sein d'une
société parmi des personnes qui vont lui inculquer implicitement et expli-
t itcment des modéles collectifs, des valeurs, des attitudes déterminées par
lc statut social ou le contexte social au sein de la société dans laquelle
I'individu évolue. La construction de l'identité collective se fait donc au
[,,
c()ntact des personnes évoluant dans la méme culture, mais également
rlu moyen d'éléments externes á la culture maternelle, notamment par
lcs contacts avec d'autres enyironnements culturels et par les relations
cntre les personnes de cultures différentes. I1 existe, ainsi, un ensemble
frés vaste de données, de composantes, qui ont toutes un róle spécifique
rr jouer dans une culture et qui de par leur connexion les unes aux autres
forment un ensemble cohérent.
C'est á partir de cette perspective multidimensionnelle que nous
devons envisager l'approche culturelle dans l'enseignement des langues-
cultures. Il est, par conséquent, essentiel, de concevoir une approche
culturelle/interculturelle qui prenne en compte la perspective du sujet-
culturel-apprenant, lequel aura á entretenir des relations avec les
membres de la culture étrangére. Enfin, la langue occupe une place trop
importante dans Ia culture pour étre reléguée á une simple fonction ins-
trumentaliste. En tant que pratique sociale, elle est marquée de traits

4 CONSTRUCTIONS DE LA DÉIV]ARCHE CULTUBELLE ET INTERCULTUBELLE


culturels et, corollairement, directement liée aux individus. En tant que I Ilomarques sur le tableau
moyen d'expression culturelle, elle a une fonction explicative, descrip-
tive, interprétative, et comporte implicitement et explicitement des réfé-
. l,cs objectifs linguistiques et communicatifs étant actuellement
rences culturelles. { ,nuus ct répandus, ils n'ont pas été détaillés dans le schéma.
L'apprentissage d'une culture étrangére ne saurait donc se passer
. (lette configuration témoigne des objectifs d'apprentissage consi-
des facteurs inhérents á la culture étrangére que sont principalement les sclon la perspective de la culture en tant qu'objet et en tant que
'h'rt's
membres de la culture étrangére et de la culture maternelle, la langue l,r rrrc cl'expression d'une collectivité.
étrangére et maternelle, les réalités socioculturelles. Ces trois points
. [.a démarche d'apprentissage choisie est orientée en fonction du
constituent de vastes domaines qui s'interpénétrent les uns aux autres rLrrrrrrine culturel suivant: Iinguistico-culturel, socioculturel ou intercul-
,ilfl selon leur contexte d'apparition. Il est essentiel, dans un but didactique, trrlcl. [.es contenus sont sélectionnés d'aprés les besoins des apprenants,
l|[ de traduire ces données en différents oblectifs d'apprenrissage rour en rl';r¡rrüs la fréquence et l'importance des « points de contacts culturels r,
effectuant une sélection rigoureuse en fonction des finalités de l'enseigne- ¡riris ¿lussi d'aprés le róle social que les apprenants auront á tenir avec les
ment des langues-cultures. lr;rti[s de la culture étrangére.
o La . compétence interculturelle constitue l'objectif ultime de
"
l';rpprentissage; elle ne peut étre évaluée qu'au contact de l'apprenant
,rvt'c la culture étrangére. En classe, le terme d'"évaluation de capacités
Tableau conceptuel tl'rrpprentissage » est, á mon avis, plus pertinent. Toutes les capacités ne
¡rotrrront étre soumises á une évaluation, cela dépendra du domaine de
i. lrif'['rence des contenus. L'évaluation d'une culture n'est pas concevable,
i Finalités de I'enseignemen(apprentissage des langues-cultures lr
¡rrrr exemple, quand celle-ci vise une meilleure connaissance des représen-
Connaitre et comprendre des personnes d'une culture étrangére á travers leur lanque ¡l
et leurs spécif icités culturelles. ¡ll trurts de cette culture ou une meilleure compréhension entre les membres
';/ il
\t ,lc la culture maternelle et de la culture étrangére. C'est par le contact
t¡trc l'apprenant aura la possibilité de vérifier s'il a acquis une compétence
l
interculturelle. L'évaluation de l'apprentissage doit porter sur la capacité
0biectifsd,enseignemenflappfentissagecultufel 0blectifs d'ensei gnement/
interculturel rlc l'apprenant á gérer du mieux qu'il peut sa relation avec la culture
I et
i& . apprentissage linguistiques
I + Compétence culturelle et communicatifs titrangére. Quant aux sayoirs relevant de faits socioculturels, ces derniers
il
' :f§:t:ll:ri:.a,:iy.lf;frinut::u.la.as,yiitt::filr|rr§:r.1.1..i,,1,.1r:*,,..,.r.".,1t*,,,.i nc constituent pas un ensemble de savoirs á acquérir, mais une aide, un
n'royen heuristique d'accés á la compréhension, ils devront étre ciblés et
,;l rlonner lieu á une évaluation non-systématique.
Approche Approche Approche
linguistico- , socioculturelle interculturelle
culturelle ;

] , ] -Contenus ll l +Contenus
+Contenus I.
'--^"-"'.§.*ia lr.rrr,r'..,-¡,,.,,,,,..'.,..,"1ii1 r'-',,.,i:::yr:r-..r.,,r.r:,, .

11! "l-
--sl-
)tI iü

I tvaluation
+
I
f.
J Capacités d'apprentissage rn rzifro

i - Compétence interculturelle rn vivo


__l

36 ENSEIGNER LE FLE
4. CONSTBUCTIONS DE LA DÉMABCHE CULTUBELLE ET INTERCUTTUBELLE 37
Propositions d'a pproches différenciées Ics activités et les supports pédagogiques
Voici trois exemples. Ces approches sont essentielles pour la connais- ¡'r objectifs culturels
sance et la compréhension de la culture étrangére, ainsi que pour l'acqui-
I r", .rr't ivités et les supports pédagogiques doivent étre choisis en fonction
sition d'une compétence de communication.
,1,' l,'ur"pertinence pédagogique et de leur intérét culturel. L'apprentissage
l lr()sc sr-rr l'utilisation et le développen-rent de capacités d'apprentissage
:: L'approche linguistico-culturelle {',.rvorrs et savoir-faire) dans le but de faire acquérir aux apprenants un
Elle repose, en partie, sur l'étude des relations entre la langue, la culture r.rr:tirr nombre de compétences culturelles qu'ils pourront utiliser en
et la société et prend en considération la faqon dont une personne utilise '
r)nl('xte interculturel. Les savoirs et savoir-faire, de nature communi-
et actualise la langue qu'elle utilise selon les différentes situations de la i,rtivc ou socioculturelle, sont inscrits dans un cadre langagier ou non-
W vie sociale. Cette approche est une approche á dominante linguistique, l.rrr¡irrgier, selon I'ensemble des données, des phénoménes, des réalités,
mais considérée sous son aspect culturel. frrrits, mais aussi des manifestations subjectives, caractéristigues de
'1,'s
l,r . ulrure cible.
' L'approche socioculturelle
r Les activités pédagogiques
Elle place l'homme au centre de l'organisation sociale et du systéme cultu-
rel dans lesquels il évolue. Le rapport de l'homme á la culture est multiple: I 'irpprentissage culturel/interculturel doit étre conqu en fonction de cri-
imprégnation inconsciente des comportements, valeurs, mécanismes qui lclt's cie choix précis qui, sur le plan méthodologiqtte, ont á étre renouvelés
caractérisent l'identité culturelle; rapports que chaque individu entretient ,rrr/ct approfondis réguliérement et adaptés au contexte d'enseignement
ayec les différentes structures, manifestations et produits sociaux. Cette ,1,' I'apprenant. Ces critéres de choix, qui prennent en considération un
approche est, par conséquent, sociologique et anthropologique. ¡,ublic particulier, impliquent aussi la prise en considération explicite
,1,'lrr langue et de la culture maternelle des apprenants sur le plan de
l',r¡rprentissage. Sans elles, la découverte de Ia culture étrangére resterait
L'approche interculturelle
llrrgrnentaire, inorganisée et de l'ordre de la complémentarité esthétique
Elle repose sur une pédagogie de la relation entre les membres de deux ()u communicative.
cultures dont l'enjeu vise la compréhension mutuelle. La démarche est
une démarche réflexive qui vise l'acceptation de l'autre dans o sa, dif-
férence. La connaissance de l'Autre nécessitant la connaissance de soi,
la dérnarche vise l'ouverture á 1'altérité, la reconnaissance du caractére Critéres pour une me¡lleure consc¡ence
ethnocentrique de chaque culture, la relativisation de la culture mater-
interculturelle
nelle. La reconnaissance se vérifie lors des échanges interculturels, mais
la dimension socioculturelle extra-communicative est également sollicitée Toute réflexion culturelle porte sur les caractéristiques de la culture
dans la « compétence interculturslls » qui représente la compétence finale tilrangére et de la culture maternelle. Les démarches proposées sont
des objectifs d'apprentissage culturel et interculturel. interculturelles et intraculturelles dans les deux langues de référence.
l,'apprentissage doit mettre en scéne des capacités d'interprétation qui,
sculs, permettent l'accés á la reconnaissance, la compréhension et la
production culturelle/interculturelle. Il est nécessaire que les apprenants
pr-rissent travailler á partir de la perception de soi et de l'Autre, ainsi

ENSEIGNEB LE FLE 4. CONSTBUCTIONS DE LA DEMARCHE CULTUBELLE ET INTEBCULTURELLE


que de leurs points de vue, lesquels, si cela est nécessaire, pourront
6tre tlivcr:gentes. Les activités doivent porter également sur l'origine, puis sur
restitués, relativisés etlou corrigés. Il s'agit, par exemple, de montrer
ce l;r lcvée de malentendus en mettant en cuvre des stratégies qui auront été
qui peut 6tre dissimulé derriére certaines affirmations apparemment
ano- lttrdiées dans les exemples de conversations interculturelles.
dines, car renvoyant á un contexte partagé ou impricite. il p.,rt étre
aussi
question de prendre du recul face á des a priori culturels, le principal
étant de mertre en lumiére les raisons des différents possibles interpréta=
I Activités visant la découverte de l'Autre
tifs. Il est donc question de démarches allant vers la découverte de l,Autre r Les activités pédagogiques doivent reposer sur des contenus qui
et vers la connaissance de soi. rtivélent, á premiére vue, certaines divergences ou incohérences:
Les démarches doivent proposer un éventail d'activités qui s,effec- tlécouvrir l'inconnu,
tuent par des approches contrastives (notion que je préfére á * approthe confronter clichés et stéréotypes,
comparative », cette derniére amenant á une hiérarchie conscienre ou révéler des pratiques différentes,
ilil1"
inconsciente d'ordre de valeur culturelle), des anaryses, des réflexions, -sensibiliser á l'arbitraire des systémes culturels de référence,
des commentaires, des recherches d'indices variables selon le corpus
d,ac-
- construire un ensemble explicatif,
tivités proposé, plus exactement selon le type de support et so*contenu - cxpliciter les implicites et les divagations interprétatiYes des apprenants,
d'apprentissage. - découvrir les imaginaires socioculturels qui sous-tendent les discours.
L'apprentissage pédagogique est synonyme d'implications langa- ' L'analyse de traductions qui soulignent le caractére ethnocentrique
giéres, comportementales et organisationnelles, d'engagement personnel rlc cet exercice. La traduction pédagogique dans le cadre d'un appren-
dans o le dire , et dans n le faire ,. Les apprenants, qu,ils aient á déu.lop- tissage culturel/interculturel permettra d'accéder á la culture de l'Autre
per des savoirs ou des savoir-faire, doivent travailler de faEon active et ct dévoilera que les maniéres de traduire sont inhérentes á la culture qui
r lill coopérative en abordant un certain nombre de stratégies d'apprentissage traduit. La traduction révéle comment le Méme appréhende l'Autre. Elle
et ne sauraient adopter une attitude passive, réceptive et assimilatrice rloit conduire les individus d'une méme culture á un certain décentrement
de données informatives, comme c'est souvent le cas en classe de langue ct non seulement á la compréhension d'éléments linguistiques adaptés á
lorsque les données culturelles sont abordées. run public ciblé de lecteurs. Les émissions de télévision étrangére en sont
r-rn bon exemple. Dans 1'adaptation linguistique des émissions étrangéres

ffi Activités communicatives cloublées en franqais, on s'apergoit que les allusions culturelles ont été
rraduites par des allusions culturelles frangaises pour que les spectateurs
' Analyse de corpus de conversations familiéres en langue étrangére
franEais puissent en rire. Une allusion á un homme politique frangais
et en langue maternelle: étude des usages comportementaux, des actes
clans une émission britannique n'est pas ressentie comme " ¡s¡¡¡¿ls ', par
rituels...
exemple, surtout si ce fait est réitéré. Un public que l'on entend rire lors
'Analyse de corpus de transactions commerciales en rangue étran- d'une émission de télévision allemande á la vue de la photo d'un artiste
gére et en langue maternelle. Les interactions commerciales permettent
de présenté dans Ie cadre d'un sketch, ne provoquera pas de rires auprés
relever les différences communicatives et sociocurturelles selon les types
cl'un public franqais, qui n'aura pas saisi l'allusion. En outre, dans ce cas
de magasins, etc. ou remplacée par une autre...
précis, une photo ne peut 6tre "doublée,
' Analyse de corpus interculturels en langue maternelle et en langue Nous comprenons alors que ces émissions ont été adaptées.
étrangére qui mettent en scéne des participants appartenant aux cultures
C'est á partir de l'analyse, de la recherche de ces adaptations á la
concernées. Les conversations permettent de relever les causes de dys-
culture et á la langue des spectateurs/lecteurs que les apprenants peuvent
fonctionnements communicatifs, discursifs ou res décalages culturels
étre confrontés á une véritable construction de savoir-faire culturels/inter-
engendrés par les connotations, les normes et les conventions culturelles
culturels. Par une approche visant la compréhension, ils seront á méme

ENSEIGNEB LE ILE
4. CONSTBUCTIONS DE LA DÉMARCHE CULTUBETTE ET INTEBCULTURELLE 41
clc clócot¡vrrr cux*rrénrcs ces rólúrc'nces ct i\ lr:s inter¡rr:étr:r. (lueIcltrcs
cxcnr ¡-rIes cl'act ivités púclrr¡¡ogic¡ucs :
- ltclcver 1es clistoi:sir.rns, les incohérenccs ct les ('rrcurs conll'lusc-s par les
tr¿cltlctcitrs; ec c¡tri révilcrlt Ies rrrptures sónrrrriticlr.rcs clolrt Ics t,risincs
sont tl'«rrilre cul lrrrel.
- llechcrcher l'crpiicarion riu scns culturcl drurs Ic tc:rtc r¡risinlrl.
- l{ctr¿rrrrriller trnc tracluctirln c-n intirgrant rles clr¡nnóes erplic:rrives rrrrx
PIit rr,rrrcrrt: ,. rtlrtrr', 1..

l-es supports d'apprent¡ssage


flr,
lls pcLrvent étre élaborc¡s par les apprenants ti'aprüs les táchcs c¡ u'ils
¿lttlrollt i réaliscr. IIs pcr.rvcnt égrrlcrnent Ótre coltstitués cle clocLnnents
aLrthcnticlr-res sólcctionnós selon les activités proposécs.
P<ttlr: l'étLrclc cles conversations, les cloctrnrents ócrits sont I¿rcun:rirus.
,:¡r i[s n'intigrcnt ¡ras le r]inrension lraraverbalc clu langage. [-t- clocu-
I
rlrcllt vidó<¡ est Itóccss¡irc el cotriplónlcntrrur.lLr rcr-\[e tr'¡ltscl'it. [)¡rrs
lc cas cl'urrc anrrlyse socioculturell«r, clans lat¡.rclle le c¿rclrc situirtiorrncl
joue un róle prinrorclial, lc clocumcnt viclór¡ scra ¡rlus rrpproprió qLr'uu
corptls clc tcxtes. Mictrx vatrf tttiliser clcs cL,cunr.nts r¡Lri rclt:t-iuncrrf sirr
ic c¡r¡ctérc ctrlturc-l présent clirns la lrrnrrre, Irr c«»nrlrur.rication, lcs con'r-
l)()l't( ¡ll('llt\ ttstlt'lt. Ir's tlr;trlt's srl1i,¡¡¡1. lll:tis ,tttsr¡ t{)il\ L('lt\ (lUi f(:vr.l('nl
clcts coltvcrgcrtces cltlturcllcs dans Ics clcLrr cultures cr¡rrccrnécs prrr I'a¡r-
prcntissafle. Ainsi, il cst tr-rossi[:llc qtr'un mórnc support puissc clonner licu
i rics objectifs ct cles corten,s cl'ap¡rrcr-rtissage divcrs. (i'csf por-rr cctfc
raison clr-r'unc placc ¡rrivilégitlc cst i accorcler ¿lux crrssette s-vicléo, DVD,
próscrrtant des illterrvicws, clcs prirticlucs qu()ticlicl-lnc-s, dcs rituels, clcs
clis«rurs, cles prrblrcitels, crc. [.e clisc«¡urs pr-rblicitarrc róvdlc les carirctéris-
tic¡r-res cultlircllcs cl'une société eLr rnoyen du sens transnris c1¿lns l'ir¡for'-
nretion cle la publicité. Cctte transnrission sc fait par lc choix clcs thén.rcs
ct clcs r:éférenccs in'rplicites et erplicites culturelles. La ¡rLrblicitó rénroiunc
rlc I'ir-r'iagc nrérlc clc la cultrrre et pelrt renclrc conrpte clu type cle société
tl.ur. l:rtltrt llt' r'llt' s'inrerit.
L,rrlitr, il scr¿rit soLrh¿rirable cle proposer clcs activités bicr-rlturcllcrs par
l:r partici¡retion clc persot'rncs francopl-rones clans le groupc-clirsse. En outre,
lcrtr ¡rrclsctrcc pourririt clorrner licr-i i ['enrcgistremcnt de convcrs¿rtions cntre
lcs prrrticipltnts clui rtnréner¿licnt lieu r-rltóricr:r'emcnt ¿i cles activités péclago-
gic¡trcs cl,rrts le c¿clrc cl'activitós sur l:i cornnrunic¿.rtion intercultLrrelle.

42 [NSFltiN$] tE Fl E
Lapproche lingu istico-cu ltu relle

'
flrt'

Trois approches sont proposées : ringuistico-cultureile, sociocur-



turelle et interculturelle. Les activités pédagogiques sont susceptibles
f^ffitffiI «La culture des Ínots»»:
I d'étre réparties sur deux des trois approches, parfois sur Iensembre. les emprunts étrangers
Il
cela dépend de ra nature du contenu et du support d'apprentissage . Cette activité m'a été suggérée par un ensemble de remarques faites
'lll que les activités comportent. ¡rrrr les apprenants: la francisation exagérée des mots d'origine étrangére
ct le probléme de la compréhension des expressions idiomatiques.
I

Rapperons que |on vise avant tout |apprentissage curturer


IDl
I
et . L'activité
interculturel dont les contenus et les démarches pédagogiques peut se dérouler en franqais ou en langue maternelle sur
sui- l'utilisation des documents. En effet, il
lc plan des échanges en classe et de
vent un déroulement logique et cohérent.
cst aisé de rassembler de la documentation sur ces thémes en langue fran-
gaise et en langue maternelle. Vous trouverez dans la bibliographie p. 157
rlcs exemples de documents á utiliser pour traiter le sujet n la culture des
rnots » en langue frangaise et, á titre d'exemple, en langue allemande.
. Au-delá de la démarche intra- et interculturelle sur la signification
des représentations que chacun a sur une autre culture, cette activité
permet une approche dans la construction du savoir: la naissance et la
formation de la langue officielle en France et dans le pays des apprenants.
o Le particularisme de l'unité linguistique en France et la reconnais-
sance officielle des dialectes dans les différentes cultures maternelles révé-
lent une évolution historique divergente de la langue dans les divers pays.

1.I'APPBOCHELINGUISTICO-CULTURETLE 45
fl Fiche pédagogique
539), bannis-
l,r r rgr.re écrite ; n L' ordonnance de Villers-Cotteréts, (1

Argwments didactiques \r'lno1t du latin et domination du frangais.


o ( )uvragesr magazines, extraits vidéo, ensemble d'opinions, etc. trai*
" Remise en question de l'opinion d'aprés laquelle les Frangais font
preuve de chauvinisme et d'intransigeance dans l'emploi des mots t¡rrrt du róle de l'Académie frangaise, de l'abolition des dialectes en
étrangers. lilrrrrce (ou documents de vulgarisation historique).
o Confrontation des apprenants face aux étrangers qui ressentent un . l{ccherche de documents semblables pour la langue maternelle.
sentiment de frustration devant des phénoménes intraculturels sem- . llandes dessinées d'Astérix dans différents dialectes de Ia langue
blables, m6me s'ils sont de nature et d'origine différente. illiltcrnelle.
I Découverte de la relation établissant une réalité historique et ses
Niucaw et langwe d'apprentissage
conséquences dans les usages langagiers contemporains.
o l,angue maternelle pour les apprenants débutants.
Abjectifs généraux . l,rrngue étrangére (42 et +).
o Approche contrastive intraculturelle et interculturelle: ¡ Matériels didactiques en langue franqaise et en langue maternelle.
- remettre en question les représentations sur certaines pratiques lin-
guistiques dans la culture étrangére par I'observation de faits histo-
riques et actuels;
- actualiser les connaissances et prendre conscience des jugements I Déroulement de l'activité
subjectifs qu'entraine une méconnaissance des faits; Faire réfléchir les apprenants á la présence
"N, Remue-méninge.
- sensibiliser les apprenants á l'opinion des Frangais confrontés au rl't'rrrprunts étrangers dans la langue frangaise. Les classer par langue
lexique dialectal dans une langue étrangére; rl'origine. Vérifier les résultats par une recherche étymologique á l'aide
- sensibiliser les apprenants á l'existence de conflits régionaux large- rlrr rlictionnaire.
ment créés par des a priori dialectaux dans leur culture maternelle.
2" Proposer aux apprenants une liste de mots (fiche 1) et leur deman-
Démarcbes utilisées rlt'r'cle rechercher si certains de ces mots ont une origine étrangére. La
. Objectiver ses propres représentations. lrstc contient un maximum de mots d'origine étrangére, mais il n'en est
. Définir et évaluer différentes caractéristiques langagiéres. ¡rrrs fait mention aux apprenants.
¡ Construire un systéme de références pour poursuivre 1'apprentissage.
3" Confronter les apprenants á la réalité des emprunts (voirci-dessous).
r Conceptualiser, relativiser le phénoméne des emprunts par l'étude
de l'attitude négative des étrangers face aux emprunts régionaux et I x ¡tl icns/ i nfa r m ati a n s
ati o
plus généralement aux dialectes. ll cst inexact de penser qu'un maximwm de mots étrangers est systéma-
Suppotts pédagogiqwes litluement traduit en franEais, selon I'opinion répandue. Les emprwnts á
¡ Dictionnaires franqais monolingues, dictionnaires étymologiques. l'ttnglais sont les plws repérables, mais pas sous lewr forme originelle. Le
o Corpus fabriqué par 1'enseignant. ¡tlus sowuent, ils swbissent des modifications phonétiqwes ow/et ortho-
¡ Documents
de vulgarisation linguistique et historique sur l'origine Nrdphiques dont les transformations surprennent les wtilisateurs qwand
tls décowurent I'origine de ces mots. Encore plus surprena.nt powr les
des emprunts étrangers et sur l'histoire de Ia langue franEaise.
.
Photocopies de reproductions de documents historiques : ., Les I'rtngais comme pour les Étuangers qui se plaignent de la francisdtion
rlrs mots, est la similitwde de mots qwi, phonétiqwement bien o franqais ",
Serments de Strasbourg" (842), acte de naissance du frangais comme
ottl des origines étrangéres.

46 ENSEIGNEB LE FLE ].I'APPROCHELINGUISTICO-CULTUBELLE 47


La présence des premiers emprunts anglo-saxons remonte au . Les emprunts apparus pendant et au lendemain de la Seconde
xvut" si¿cle. Il était répandw de faire uenir des gens de lettres franqais |,tt'tt'( mondiale confiotent un certain prestige. Certains ont été qwelque
aux différentes cours. Pourtant, c'est á cette époque que les emprunts
1,,'tt ltttttcisés tout en gardant une pdrtie de leur origine: kitchenette...
de I'anglais au franqais diminwérent de 75oa, alors que les emprunts du . l,a prononciation franEaise essdya parfois de résister' mdis sans
franqais d I'anglais awgmentérent de 200 o/". Rappelons ici qwe Guillaume ',/¡ r{'.§.' il y eut le mot «poudingue» iwsqw'd la fin dw xtx" siécle pour
le conquérant, en enuahissant I'Angleterre en 1066, introduisit le parler
lttt,ltlittÍl (1678) ; «toste» ne résista qwe cinq ans d toast (1745)...
normand.
Aprés la seconde guerre mondiale, les effets dw plan Marshall swr
la consommation de nouuedux produits essentiellement transmis par le
I Pour aller plus loin...
déferlement de films américains et des médias, trdnsmirent de nouueaix I . Faire rechercher par les apprenants pour comprendre le phéno-
modéles cubwrels et des termes américains en France. L'imprégnation des rl,'rrt'de protectorat du frangais et de la revalorisation des langues régio-
anglicismes donna lieu d la création franEaise de termes nouuedux comme u,rl,'s, la forte présence et la reconnaissance trés ancienne des dialectes
o dancing r, « parking », o recordman »>, << tenn i sma lt,, ,l,rrrs la cr-rlture des apprenants. Cette étude contrastée permettra aux
¡ a uto- stop, ou de
<<

calques:
" (cold war), « prét-d-porter , (ready-to-wear)...
« guerre froide ,rl)l)rcnants de mieux comprendre la position de la majorité des FranEais
Certains mots continuent d'étre employés en anglais, «week-end,, ,'nv('r's le regain d'intérét qu'ils portent aux langues régionales.
«gadget », sans doute powr leurs représentations cultwrelles et parce qwe
", Faire repérer des emprunts issus cle différents dialectes dans
beawcoup de mots anglais sont brefs, donc facilement utilisables.
l,r ,rrlture maternelle des éléves et désignant un méme signifié. Donnez
Parvenir, á travers des témoignages d,opinions, de récits et de
,4,,, (¡r('l(lues exemples pour le frangais et les langues régionales.
documents historiques sur les anglicismes (fiche 2), á comprendre l'ori-
gine de l'attitude puriste envers la protection de la langue franEaise er
: sensibiliser les éléves au sentiment de frustration ressentie dans
lr',; tórnoignages de Frangais confrontés á la présence des dialectes dans
de l'attitude actuelle envers la traduction ou l'utilisation en anglais de
néologismes.
r¡rrt'culture étrangére. Si les Étrangers se heurtent en France á des pro-
l,lt'rncs de compréhension d'origine diverse, les FranEais rencontrent le
."':i.. Comparer ces attitudes á celles des Franqais envers la politique
rrri:rrrc' probléme avec les langues étrangéres, méme si les raisons sont
linguistique des langues régionales en France. tliffórentes.
,:,r' ¡,; li¡.;¡ ¡,i¿'.x ¡¡,=i,¡ltn /¿;r,1",1,'llul f ifi ¡'l,s ':, Essayer cl'expliquer la dichotomie entre la reconnaissance des
certains mots ont gardé I'ortbographe anglaise, et lewr prononciation rlirtlcctes et le róle que les mots jouent dans les confrontations régionales
n'est pds trés différente de la prononciation anglaise. D'awtres sont ce que t'thrriques dans une culture (petite guerre entre les diverses mentalités
I'on appelle des calqwes: paquebot (packet boat, nauire portant des colis), rrlgionales manifestées, entre autres, par une guerre des mots: critiques,
redingote (riding coat, uétement pour cbeuaucber), rosbif (roast beef) ... nrise en dérision, moquerie lexicale...). Demander aLtx apprenants s'ils
c En 1810, les pwristes t onnaissent des exemples issus d'autres langues et d'autres cultures.
font la chasse dux emprunts anglais ressem-
blant awx frangais : confortable, mot d'origine anglais (1796), inoffensif, I'lxcrnples: les Espagnols de Madrid traitent de " radin " les Espagnols
mot issw de I'anglais inoffensiue (xvu" siécle) qui signifie non offensif, tlc Catalogne; Les Italiens du sud appellent les Italiens du nord «man-
non agressif... ¡it'urs de polenta,. Les Italiens du nord appellent les Italiens du sud les
. A la fin dw xtx" siécle,
les rapports amicaux qwe la France entre- * cul-terreux, ; Les Suisses de Berne nomment les Suisses de Fribourg,
tient auec I'Angleterre accordent plus de tolérance aux emprunts anglais: l¡¡; «puantsr. Les Suisses de Fribourg appellent les Suisses de Berne,
mentalité... lcs .lents du verbe», etc. Cette activité peut étre traitée par la lecture

ENSEIGNEB LE FI F 1. L'APPROCHE LINGUISTICO-CULTUBELLE


{l'r'\rr',rrs tl'Astérix traduits, pour les apprenants germanophones,
par
(,\(,ntl)l(,, crr souabe, en franconien, en
alémanique... Activité1.Fiche1 La culture des mots

Voici une liste de mots dont l'origine est frangaise ou étrangére. Soulignez
I Bibliographie
l€s mots qui, selon vous, sont d'origine étrangére. Vous pouvez vous
Photocopies de reproductions de documents
historiques : Les serments aider d'un dictionnaire. De quelles langues les mots étrangers (emprunts)
de strasbourg (842), acte de naissance du franEais.o--" viennent-ils ?
rangue écrite;
L'ordonnance de vilrers-cotteréts (1539), bannissement
du latin et domina-
tion du franqais.
P. Gurneuo (1971), Les mots étrangers, pUF,
ananas kiosq«e
Collection eue sais_je ? paris. week-end
P' Gurneu¡ (197r), patois et diarectes doberman
frangais, puF, colrection eue sais-ie gadget
ilili Paris.
?
flingue panorama
angora
Henrietre rü/arrpn (198s) rkééd. 1996) Le tomate
frangais dans tous res sens,Robert bouleau
Laffont, Collection La fontaine des Sciences, paris. pharaon
Henrierre §'erreR, 1998, Le üsigane
1ilil
frangais d'ici, de ld, de ld-bas. Éditions Jean_
Claude Lattés, paris.
bivouac
Deutsche stiimme wnd Diarekte. Document internet
¡rlll : http://www.deutsche-
schutzgebiete. deldeutsche-staemme.htm
cargo saharienne shopping
Die Bedewtung regionaler varietiiten in der heutigen
deutschen sprache und. film
|
D eutsch e I dentitiit :
http://de.wikipedia.org/wiki/Dertsche_Spráche goudron
¡tl|
[ilrll Langue alsacienne ou allemandei : hmp://www.plaquesbilingr...f.
a rq uebuse
lavande steppe
assassin grnseng

chenapan magazine krach


bl¡r*ries canyon

mirage Paitre
tr¡ble
alchimie caoutchouc

hoFde chow-chow

prompteur ¡abre
margarine
pis¿oleü gazelle
caraibe
chocolat
cacatois
pickpocket
antiquaire

50 ENSEIGNER LE FLE
1. L'APPROCHE LINGUISTICO-CULTUBELLE 51
Activité1.Fiche2 La culture des mots ffinftEffi La culture dans les mots: exemples
A" Les mots anglais ont infruencé ra curture frangaise á prusieurs époques. tle traduction Astérix chez les Bretons
voici quelques exemples ci-dessous. eue remarquez-vous dans l,ortho-
graphe de ces mots ? ( r'ttc activité doit étre réalisée á partir de la traduction de la BD dans
l,r lrrrrgue maternelle des apprenants. Rappelons qu'Astérix a été traduit
mot frangais mot d'origine remarque rlirns ¡llusieurs dizaines de langues.
club l.'activité repose sur l'incohérence sémantique rencontrée dans la
confortable Ir;r(lr¡crion allemande d'un passage d'Astérix chez les Bretons. Dans ce
inoffensif l)irssilfle, les références culturelles de la culture source ont été occultées, si
Irrlrr c¡ue la version allemande offre une interprétation sémantique erro-
kitchenette
rtlt' rlu texte initial.
mentalité l,'exercice de traduction révéle qu'il peut aussi étre un moyen de
lt non-résistance r,'t'rrtrainer á la compétence culturelle. Le passage choisi ici permet aux
paquebot ,rl)l)rcnants de découvrir les particularités culturelles que contiennent les
lrurllues étrangéres d'oü les difficultés á les traduire.
rl
pickpocket
pudding
redingote
I Fiche pédagogique
rosbif
A rgwweruts didacti.qwes
toast
o Pour traduire, il faut connaitre les références culturelles présentes

ilr rlans la langue. Leur méconnaissance peut entrainer des incohérences


Quels sont les mots ou expressions ci-dessous qui sont d,origine
frangaise? sómantiques dans l'accés á la compréhension du sens. Le passage
choisi dans Astérix chez les Bretons en est un bon exemple.
n baby-foot tr ordinateur ()bjec{ifs généraux
n baladeur n parking . Sensibiliser les apprenants aux spécificités culturelles inhérentes á
n ball-trap ! planning famllial la langue.
n guerre froide ! recordman r Prendre conscience de l'importance de la culture dans la compré-
! libre penseur ! smoking hension d'une langue étrangére.
n mini-jupe
. Confronter les apprenants aux problémes de traduction d'ordre
! tennisman
culturel.
l)émarches oúilisées
. Construire des hypothéses sur le sens des expressions en franqais.
¡ Exercer un travail de déduction entre les différentes interprétations
sémantiques.

52 ENSEIGNER LE FLE
1 L'APPBOCHELINGUISTICO-CULTUBELLE 53
r Comparer et analyser rnéme sang,, mdis signifie également ,. de Germanie ». Cet idiotisme ne
le contenu de la version étrangére et proposer
reléue aucwne ambigulté pour un Franqais, towtefois, les lecteurs d'Asté-
des éléments d'explications quant aux différences sémantiques dans
rix connaissent le manque de perspicacité d'Obélix...
les deux textes.
Dans I'antépénubiéme image, Obélix interpréte littéralement le
Swpports pédagogiques message que lui adresse Jolitorax « Secowons-nous les mains ! " ce qwi fait
. Extrait de la bande dessinée " Astérix chez les Bretons >>. rebondir Jolitorax swr le sol. Ce second gag est prodwit par la tradwction
. Extrait de Astérix chez les Bretons; en allemand, Asterix bei den littérale anglaise shake sb.'s hand (= secouer la main de qwelqw'wn). Il
Briten. est probable qwe si les apprenants ne connaissent pds I'expression fran-

Niueaw et langue d'apprentissage


jaise o se seruer la mainrr, ces derniers trouueront matiére d rire dans le
. Langue étrangére (B1 et +) contexte situationnel de I'image et non dans son contexte lingwistique.
F)n effet, I'expression anglaise et I'expression allemande sont identiques:
jemandem die Hand schütteln, tradwction littérale de secouer la main de
quelqu'wn. Par conséqwent, le gag, qwi en frangais, dépend du contenw
f Déroulement de l'activité
sémantiqwe de I'expression, ne sera. pas perEu par les apprenants.
l. Distribuer le passage á étudier d'Astérix chez les Bretons 4. Distribuer l'extrait de Asterix bei den Briten (Fiche 2). Demander
(Fiche 1). Les apprenants résument la scéne et font des hypothéses sur
aux apprenants d'expliquer pourquoi la deuxiéme et la cinquiéme image
la relation entre l'expression de Jolitorax ,. Secouons-nows les mdins ,
clans la version allemande ont été traduites différemment.
(troisiéme image) et le comportement d'Obélix á la cinquiéme image. En
quoi cette image est-elle dróle ? 5.Demander aux apprenants de comparer le texte frangais et le
texte allemand á la sixiéme et á la derniére image. Est-ce que Ia derniére
2. Les apprenants font des hypothéses sur la signification de «mon
image est dróle ? Pourquoi Astérix explique-t-il que Jolitorax est étranger
cowsin germain " á la sixiéme image. Est-ce qu'Astérix présente Jolitorax
ct qu'il s'exprime différemment ? En quoi s'est-il exprimé différemment ?
comme un cousin originaire de Germanie ? Puis ils confrontent la réponse
qu'ils ont donnée pour l'explication de * cousin germain » avec ce que dit E x p Ii c ati o n s./ i nf o r m at i o n s
Astérix á la derniére image ,. Ce n'est pas un Germain, c'est un Breton et Ln effet, la tradwction de o se serrer la main » étant identique en anglais
il ne parle pds towt á fait comme nousll! " ct en allemand, Jolitorax ne s'est pas exprimé différemment! Par consé-
3. La confrontation sémantique révélera que si Jolitorax est Breton, quent, il n'y a pas de cbute dans le texte allemand. Nous pouuons méme
I'expression * cousin germain " ne signifie pas que ce dernier est ger- duancer qu'il y d une rupture sémantique entre ces deux images'
main... Laisser aux apprenants quelques minutes de réflexion pour trou- ll y a wn décalage cuburel dans la tradwction allemande: pour tra-
ver la signification de " cousin germain » et leur demander d'expliquer en duire I'expression « cowsin germain" I'allemand a recours d une éqwi-
quoi consiste Ie gag de cette scéne. Pourquoi Astérix explique-t-il á son ualence, Geschwisterkind, mais cette expression n'est pds courante. Les
ami que Jolitorax n'est pas Germain ? Allemands désignent ce terme de parenté en distingwant les cousins du
n premier degré de parenté » des autres cowsins dw o second degré
" (dési'
E xpl icati o n s/ i nf o rm atio n s gné en allemand par CousinNetter des ersten Grades, Cousin/Vetter des
Obélix n'ct pas compris le message d'Astérix parce qu'il a interprété le zweiten Grades/. Toutefois, I'expression franEaise n'a été ni tradwite, ni
sens de ,. cowsin » et de « germain,
littéralement et non en tant qu'expres- transposée, ni expliqwée, le traductewr I'a simplement occwhée dans la
sion idiomatiqwe « cousin germain » (cowsin issu de « germain », c'est-d- uersion allemande. Mon cowsin germain " a été traduit par li4etn Vetter
<<

dire ode fréres et de suurs»). En latin, germanus signifie «qwi est du aus Britannien (mon cowsin de Grande-Bretagne).

54 ENSEIGNER LE FLE 1.I'APPBOCHELINGUISTICO-CULTURELLE 55


L'idiotisme franqak absent en rangue ailemande,
empéche ra finarité Autre possibilité á partir des calques: les expressions de Jolitorax
du ieu de mots d'Obélix: o Mais c'estie Germain
qri *;a dit... , qwe le ',r¡lrl traduites littéralement dans les deux langues "Je dis. Qa, c'est wn
traducteur remplace par Aber der Brite hat doch gárugr...
(Mais c'est ce »t()rceaLt de chance!",Ich mu[] schon sagen! Das ist ein Stück Gliick,
Breton qwi m'a d.it-..). certes, le traducteur aurait pw
traduire l,énoncé ,'r¡rrcssions calquées sur l'anglais I say ! That's a piece of luck !
par Aber der Germane hat doch gesagt... (Mais
c'esi ce Germain qui m,a
dit"') et' par conséquent, rester fidéle aw texte
frangais, mais cera n'aw- I Bibliographie
rait ew aucun sens dans ra uersion ailema,de. ñ'ouit¡o^
pas qw,Astérix
présente son cousin comme arriuant l(. (ioscinny & A. Uderzo (1,989,
de Grande_Bretagne. [1'" édit. 1966)\, Astérix chez les Bretons,
Le texte allemand présente donc un sens éroigné [)argaud, Paris.
du texte originar.
ce sens est cependant rompu dans ra derniére lmage, l(. (ioscinny & A. Uderzo (1,994), Asterix bei den Briten (Trad. De G.
r'absence d,éqwiua-
lence pour I'expression o cousin germain , l)enndorf), Delta Verlag, Stuttgart.
empéche la traduction de o gs
n'est pas un Germain, c'est un Breton... , qr) ,,Astérix: film, mythe et histoire, dans Le Frangais dans le monde (revue
l, tuaductewr exptliqwe par
Er ist eben Auslánder und drückt sich etwas anders internationale et francophone des professeurs de franqais), no 303, mars-
est étranger fwstement et
aus ars *i, ¡lrtol, lr
il s'exprime Ltn peu différemment que nows). múl 1999, Hachette FLE, Paris, p.p. 53-68.
Towtefois, ctucun élément dans re texte ailemand ., A l'écoute des traducteurs, dans Le Franqais dans le monde, n" 314, mars-
,ortlgn" qrL
n"
mal exprimé pour auoir mérité d.'étre o secowé » par ¡rrirrro*
s'e-st avril 2001, Hachette FLE, Paris, p.p. 43-52.
Obélix. En
allemand, Jolitorax s'est d'aiileurs correctement
exprimé: Lar3t uns die
Hánde schütteln !
En conclwsion, nous pouuons,
faute de mieux, rapporter l,énoncé F.r
ist eben Auslánder d une des iilwstrations précédentes,
dont ra singurarité
des phrases a réuélé au lectewr ra nationarité
de Joritorax. La ph,rase, bien
placée dans son enuironnement contextuel,
ren-d possible l,interptrétation
d' o wn>> sens. si ce texte n'auait pas été iilustré, ir n,awrait
eu aucune
logique sémantique, c'est ce qui a p'ermis au tradwcteur
de faire preuue de
créatiuité powr pallier res probrémes de tradwction.
Ir ,rt álrrr. pnruenw d
garder le sens général dw théme narratif de
ce passage.

Iffiil Pour aller plus loin...


I1 est- possible d'approfondir l'étude des
éréments culturels conrenus
dans la version franEaise et alremande. par exempre,
les Bretons sont des
habitants issus des peuples celtiques de Grande_Br.rrgr..
Or, Astérix
et obélix sonr des Gaulois qui habitent en Breragne,
s*
re ,or br.,orr.
Le traducteur a donc traduit les Brerons et la
Breiagn e par die Briten et
Britannien, faisant référence á la Grande-Breragne.
Il a donc adapté ra
traducdon au public allemand et n'a pas respecté
la référence cultureile
franqaise qui annonEait n B¡.¡u*r", o Br"to.r r.
"-t

56 ENSEIGNEB LE FLE
1.I'APPROCHELINGUISTICO-CULTURELLE 57
Astérix chez les Bretons
m
Z,
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G)
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Asterix. bet oen Brtie"

-r-
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-z
O
a
i
-
O
O
C
+
C
a
m
Lapproche sociocu ltu re lle

[Effif culture dans l'image»»:


« La
une publicité télévisée
( lctte activité repose sur un rituel culturel franqais lié á I'enfance : Ies
rí'compenses données aux enfants aprés Ia perte d'une dent de lait. Ce
rirLrel est réguliérement utilisé dans les médias. Il n'esr donc pas difficile
(lc trouver de la documentation á ce sujet et d'adapter la procédure péda-
¡¡«rgique. Le rituel apparait dans une publicité pour France Télécom dans
lrrc¡uelle il joue un róle affectif. Cette activité est un exemple de ce qui
lrcrut étre faít avec une publicité télévisée. Les publicités qui renfermenr
un contenu culturel implicite sont trés fréquentes et nous vous conseillons
ilc les enregistrer réguliérement ou de les télécharyer á partir de sites web
p«rr-rr utilisation en classe.

ffi Fiche pédagogique


Argwments didactiques
¡ Document visuel: contexte culturel plus explicite que dans un docu-
ment écrit gráce á Ia mise en image des références culturelles.
. La publicité peut faire l'objet d'une recherche sur la fonction ou
l'image que l'objet publicitaire évoque auprés des individus de la
culture étrangére. (Il existe dans quelques régions d'Allemagne une
fée Zahnfee qui a pour mission de remplacer les dents de lait par une
piéce de monnaie. Issue d'un conte anglais Tbe Tooth Fairy, sa pré-
sence est relativement récente et peu connue des enfants.)

2. L'APPHOCHE SOCIOCULTUHELLE 61
. La publicité se préte bien aux comparaisons qui font allusion á des
ll Déroulement de l'activité
clichés et des symboles culturels et nationaux. 'fl, Expliquez alx apprenants qu'ils vont regarder une publicité et
Objectifs générawx r¡rr'ils vont devoir exprimer individuellement des hypothéses sur ce qu,ils
o Découvrir un rituel de la culture enfantine en France et peut-étre l)cnsent avoir compris de la publicité en général, puis de la séquence avec
lrr souris, en particulier. Visionner plusieurs fois la publicité (Fiche 1)
inconnue dans la culture des apprenants.
o Prendre conscience du fait que les traditions et les modéles culturels s¡ns le son.
influencent notre faEon de penser ou de percevoir certains faits. ,f x¡.r/aeafions / i ¡tfo rm ati on s
¡ Sensibiliser les apprenants á un ensemble de données extra-linguis-
l,cs apprenants peuuent saisir la relation entre la dent et la boíte d'allw-
tiques (implicites culturels) nécessaires á la compréhension et ) la
tttettes gráce d la réapparition de la boite d'allumettes d la
fin de la publi-
découverte d'une culture étrangére.
cité, quand celle-ci fait fonction de cadeaw powr le grand-pére: lorsque
üémc.wches utilisées k, grand-pére sowrit, I'absence d'une de ses dents est réuélée et les dppre-
n Compréhension du sens á travers le décodage d'une connotation n(tnts comprennent qwe la dent de I'enfant est destinée aw grand-pére. ll
sémiotique et extra-linguistique par l'utilisation de divers savoir- s'agit donc d'un accés Au sens pdr rapprochement sémiotiqwe (l'image) et
faire : questions, hypothéses interprétatives, explications. ttt¡n sémantique (la langwe). C'est ce second point qui pose probléme : les
o Reconstruction du message connotatif culturel par l'utilisation de il)prendnts ne sont pds en meswre d'interpréter la connotation cuhwrelle
capacités de repérage, de déduction et de comparaison. lr¿tnsmise dans la séquence de la souris et de comprendre le lien qui wnit

Swp p o t'ts p é dago gi qu e s


lu dent d la souris, et par conséquent, la dent au téléphone.
¡ Publicité télévisée de 1999 sur le théme des tarifs d'abonnemenr á *,
Visionner le début du dessin animé et demander aux appre-
France Telecom. n¡nts de résumer l'histoire. Confronter les apprenants á l'explication
r Un dessin animé télévisé sur le théme d'un conte de Noél, La sowris ,lc la connotation culturelle en mettant en scéne tous les éléments de
du Pére Noá/, conte basé sur une idée originale de Frangoise Gaspari, lrr séquence du rite enfantin, au moyen d'un autre exemple. Il s'agit de
diffusé sur Arte en association avec SiriolProductíons Eua. tk»rner aux apprenants l'opportunité de reconstituer l'histoire originale
o Publicité en langue maternelle des apprenants et en franqais sur un
r¡Lri lie ces trois éléments au moyen d'un dessin animé.
méme produit.
e Corpus créé par les apprenants. r[: :'
j:i:tr ií*ms"4r¡for¡maf tgr¡s
",
. Composition d'une liste de produits de la culture source, puis d'ar- ll s'agit d'wne histoire fictiue dont le début repose swr le comportement
guments publicitaires écrits et visuels de ces produits pour téléspec- ,las enfants qwand ils ont perdu une de leurs dents de lait. Dans le dessin
tateurs de Ia culture source. trrimé, un enfant dort dans son lit. sowris sort d'un trou dw mur, une
[.Jne

Ni.ueaw et langue d'apprentissage tttusette d l'épaule, wne échelle de corde swr le dos. La souris jette l'échelle

Langue maternelle et langue étrangére (B1 et +). snr le lit qw'elle escalade, prend la dent qui se trouue sous I'oreiller de
I'cnfant et l'échange contre un petit cadeau enueloppé de papier. (pwis
( ommence le récit
fictif ...)
,:,¡, A partir du résumé des apprenants, puis de Ia séquence de la
¡rrrblicité avec la souris, et du conte avecla dent et la monnaie, demander
rrux éldves d'émettre des hypothéses sur la double présence de ces éléments

62 ENSEIGNEB LE FLE
2 L'APPBOCHE SOCIOCULTURELLE 63
dans les deux documents visionnés et d'exprimer la présence du cadeau Il suffit de comparer Ia publicité d'un produit franqais adapté pour la
(variante possible) au lieu de la monnaie. publicité en Allemagne pour s'assurer de Ia différence...
Une étude de Ia publicité peut également fake apparaitre les pro-
E x p I i c a t i o n s / i nf o r rn at i o ¡'r s
cluits les plus sollicités dans les deux pays; on remarquera alors Ia nette
La présence de ces éléments dans les deux documents oblige les appre- tendance chez les Allemands á opter plus fréquemment pour des pro-
nants á déduire que ce n'est pas le fruit du basard, mais qwe les éléments cluits ménagers ou des automobiles, toutes marques confondues. En
de cette histoire iowent wn r6le particwlier cbez les enfants. La dowble France, par contre, la place qu'occupe la culture culinaire dans la société
présence de I'enfant les améne á conclwre á wne croyance populaire.
fait que les produits alimentaires sont plus présents et plus variés qu'en
4" Revenir á la publicité et demander aux apprenants de reconstituer . Allemagne. La comparaison des publicités dévoile également les repré-
Ie sens. sentations autour de Ia répartition des táches attribuées aux hommes et
eux femmes. En Allemagne, un homme qui vante un produit ménager
il cn faisant la vaisselle dans le but d'épater ou de surprendre son épouse
Remarques
fera sourire les téléspectateurs accoutumés á la publicité représentant la
¡
Le fait que cette publicité date de 1"999 et que le prix de l'abonne- f-emme dans le róle de la femme au fover.
ment téléphonique correspond á un tarif en francs n'affecte pas sa portée
didactique. En effet, le produit publiciraire en lui-méme n'a aucun intérét
r Activités complémenta¡res
pour l'approche didactique et pédagogique.
o L'information, á I'image de la publicité frangaise, n'a en outre o Faire rechercher des publicités télévisées dans la culture source
aucun róle informatif sur le produit vanté. La connotation introduit le révélant une connotation ou un implicite culturel et demander aux appre-
théme de la tendresse qui unit un enfant á son grand-pére et cette ten- nants d'expliquer en quoi elles seraient difficilement accessibles á un
dresse est symbolisée par le téléphone ou, plus exactement, par le produit public franqais.
publicitaire vanté, la société France Télécom. . Travailler sur les clichés sociaux contenus dans les publicités en
o La pertinence didactique de cette activité est que cette derniére I"rance et dans la culture source (par exemple, l'image de la femme ou le
soumet les apprenants á une compréhension du sens qui n'est rendue róle de l'enfant).
o Comparer la publicité d'un produit frangais en France, puis adapté
possible que par le décodage de l'interprétation d'un message connotatif
sémiotique et, de surcroit, extra-linguistique. ri la publicité dans la culture maternelle des apprenants.
. Mettre á jour la présence des hétérostéréotypes dans la publicité
franqaise vantant un produit de la culture source. Il existe, par exemple,
ffi Pour aller plus loin...
une excellente publicité en France pour les appareils électroménagers
Cette activité autorise un prolongement sur l'étude des publicités dans la Miele. Cette publicité montre une famille d'aristocrates frangais deman-
culture maternelle des apprenants et dans la culture étrangére. En ce qui dant conseil á des amis aristocrates allemands sur le choix d'une marque.
concerne la culture allemande et franqaise, par exemple, Ie fait de faire l.a publicité est composée d'une mine de clichés culturels. En France, Ia
rechercher aux apprenants des publicités allemandes qui manifestent des f-emme est brune et va aux courses de chevaux; en Allemagne, la femme
connotations culturelles n'est pas une mince affaire, quand on sait que la cst blonde et sportive. Le couple habite le cháteau de Neuschwanstein (le
publicité allemande est basée sur le registre de l'information. Le róle de cháteau dont s'est inspiré \Walt Disney dans la Belle au bois dormant ).
" "
Ia publicité est plus de convaincre les consommateurs que de les séduire, La qualité de la marque Miele est rendue par les propos de l'aristocrate
alors qu'en France, la publicité doit jouer sur l'agrément et la séduction. allemand qui reflétent á la {ois un cliché intraculturel allemand et un

ENSEIGNEB LE FLE 2. L'APPBOCHE SOCIOCUTTURELLE


stéréotype frangais doublé d'une référence culturelle (la chanson d'Annie Activité 1 . Flcur La culture dans l'image
Cordy) : " Faudrait pas confondre'Wagner auec Frida Owm Papat,,
r Repérer les produits franqais les plus fréquents dans la publicité Descriptif de la publicité France-Télécom
de la culture source.
''o' Premiére séquence
I Bibliograph¡e Un gargon d'une huitaine d'années est assis sur son lit, l,air pensif. ll tient
dans la main droite une dent qu'il regarde de tous les cótés et qu'il touche
Bernard Ceru¡rer Bernard 6¿ Robert Encuv (1987), Style de pub. 60 maniéres
de communiquer. L' expérience EUROCOM, Les Éditions d'Organisarion, avec les doigts de la main gauche. ll met l'index de la main gauche dans
Paris. la bouche, pour vérifier l'endroit de la dent manquante (il peut s,agir d,un
Geneviéve Conr¡u (1990), Sémiologie de I'image dans la publicité, Les Édirions geste naturel de l'enfant, mais ce geste peut aussi faire partie de la stratégie
d'Organisation, Paris. publicitaire: montrer aux téléspectateurs la raison de la présence de la dent
Monique Drci.¡euo (2003), Enfants, consommation et publicité télévisée, La dans la main de l'enfant). Une pensée traverse l,esprit de l,enfant. Cette
Documentation franqaise, Paris. pensée est visualisée pour le spectateur: une souris noire est entourée de
Arnaud DeyeN (1988), La pwblicité, PUF, Que sais-je ?, Paris. piéces de monnaie. (cette image suggestive permet aux téléspectateurs de
Géraldine LE FI-oHrc (2003), Les médias: marchés, acteurs stratégies, Elenbi, reconnaitre le rite auquel il est fait allusion. L'image établit le lien entre la perte
Paris. de la dent et I'atténuation de cette perte matérialisée par une récompense).
Franqoise Mmor (2002), Les enfants et la pwblicité téléuisée, La Documenrarion
franqaise, Paris. -., Deuxiéme séquence
Jacques Secutle (1982), Hollyuood laue plws blanc,Flammarion, Paris. Le gargon met la dent dans une boite d'allumettes vide. Il prend un stylo et
Simone Trpp¡.cu-Scuwnrotn (2004), Tausend Tele-Tips: das Werbefernsehen in s'appréte á écrire quelque chose sur le couvercle de la boite qu,il a refermée.
der DDR 1959 bis 1976, Schwarzkopf und Schwarzkopf, Berlin.
David Vtcronorn (1983), La pwblicité et I'image, Denoél/Gonthier, Paris. ' Troisiéme séquence
L'enfant traverse un couloir pour se diriger vers la porte de sodie d,une
maison. ll porte un cartable sur le dos et donne la main á un monsieur ágé.
Devant la pode, l'homme se penche vers le gargon en lui disant quelques
mots (inaudibles dans la publicité) et l'embrasse sur le front. Une fois l'enfant
sorti, le vieux monsieur fait signe de la main au gargon et lui fait un clin d'ceil.
Les trois premiéres séquences se déroulent sur fond musical lent.

. Quatriéme séquence
Lefond musical devient plus rapide et un second théme musical est enchainé.
un téléphone rouge est posé sur une table. Sous la partie inférieure du
combiné téléphonique se trouve une boite d,allumettes. Le téléphone est
en train de sonner, le monsieur ágé décroche et, surpris, souléve la boite
d'allumettes sur laquelle est inscrit: "Pour Papy,,. L,air intrigué, il ouvre
la boite et découvre une dent de lait. ll sourit et approche le combiné á
son oreille. L'image suivante montre le petit garqon, assis á une table qui

66 ENSEIGNEB LE FLE 2 |APPBOCHE SOCIOCULTUBELLE 67


dit: "Alló! c'est toi, Papy? Le grand-pére répond en souriant: *c,est for,
".
mon poussin !" son large sourire fait apparaitre l'absence d,une dent á la [tlntflm << La culture des objets»»: Ies objets
máchoire supérieure. racontent I'Histoire...
I Cinquiéme séquence
¡ Le terme " culture des objets » est trés général. I1 désigne les ali-
Un fond bleu apparait sur l'écran avec l,inscription suivante:
nlents, les vétements, les produits manufacturés, etc.
Forfait Local Les objets choisis sont en partie des objets connus dans le monde
6 h de communicatlons rocares pour 30F/mois de 1gh á gh en semaine, cntier, mais la majorité d'entre eux sont caractéristiques de la France.
tout le week-end et les jours fériés ¡ Vous pouvez accompagner les activités par des publicités télévi-
Offre soumise á conditions sées, comme par exemple, pour Le petit Lu, La uacbe qwi rit, etc. qui
sont des publicités toujours récurrentes (voir aussi I'émission télévisée
France Télécom
Karambolage si l'on travaille en contexte germanophone). Les appre-
t, nants pourront ainsi mieux comprendre f importance de certains objets
s/- clans la culture frangaise liés á la mentalité collective. Les objets inconnus
Le message écrit estaccompagné;;;;""""ne orar qui annonce: * ForJait intraduisibles, car inconnus de la culture des apprenants, peuvent étre
local de France Telecom pour étre encore plus proche de ceux qui sont rnontrés en classe, illustrés ou expliqués par le professeur ou l'un des
tout prés. " ¿lpprenants.

S Derniére séquence
04 Fiche pédagogique
Le méme fond bleu sur lequel apparait le message suivant:
Nous allons vous faire aimer l,an 2000
Arguruents didactiques
r Relativisation des connaissances sur la culture étrangére construites
France Télécom
á partir d'a priori et de représentations erronées.
t1 e Savoir Íatela différence entre une réalité culturelle et f imaginaire
óy- collectif báti sur cette réalité.
e Entrainement á la compréhension et á la reconnaissance d'objets
spécifiques de la culture frangaise et caractéristiques de la mentalité
des Franqais = acquérir des savoir-faire.

übjectifs généraux
. Découvrir un aspect original du patrimoine franqais á travers l'his-
torique d'un ensemble d'objets.
e Remettre en question des clichés sur la culture étrangére.
r Comprendre en partie l'origine des clichés sur la culture étrangére.
¡ Prendre conscience de l'influence de la culture étrangére dans la
culture maternelle.
u Rechercher les objets connus d'une culture et inconnus dans une
autre.
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68 ENSEIGNEB LE FLE
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I |r t tt,trrltts tttilisées (ré)chauffe-thé, l'éponge á absorber les gouttes de thé ou de café sur le
. l,il cor)rpétence culturelle est sollicitée par: llec verseur.)
I'rrnalyse de documents.
* <lcs ¿rctiyirés de réflexion et de déduction. 3. Faire faire l'exercice C. Sensibiliser les apprenants aux objets
- cJcs activités de comparaison. clont l'origine n'est pas franEaise, mais dont l'utilisation s'est tellement
répandue en France, qu'ils sont considérés comme 100% franEais (le
- clcs activités de communication dépendant des contenus culturers.
café, le croissant...).
- la culture comparée: les activités sont á réaliser á partir d,objets
issus de la culture source. 4. Distribuer les textes sur les objets (fiche 2). Poser les questions
- l'approche intracultu¡elle. suivantes:
Swppotts pédagogiqucs ¡ Pourquoi certains ob;'ets vous semblent étre d'origine franEaise ?
¡ Exercices fabriqués par l,enseignant (en franqais ou en langue " Y a-t-il une catégorie plus répandue (voir exercice A) ?
maternelle selon le niveau des apprenants). ¡ Dans les objets que yous avez cítés, dites pourquoi ils vous sont
c Documents authentiques en franEais (pour venus á l'esprit (influence de l'école, voyages, cinéma, presse, expériences
les apprenants avancés)
extrairs de livres franEais (approche anthropologique). personnelles... ).
. Enquétes menées auprés de Frangais. IDans quelle mesure l'idée que vous vous faites de la France et des
. Cartes postales illustrant ls npoisson d'auril ,. Frangais correspond-elle (etlou ne correspond-elle pas) aux objets qui
. Publicités télévisées.
vous ont été présentés ici ?
r Jeux de róle (á effectuer dans res deux langues seron les groupes).
. Quelques objets ramenés de France. 5. Présenter les résultats d'une enquéte. (Faire auparavant une
Niueau et larugue d,apprentissage enquéte auprés de Franqais et leur demander de citer les objets qu'ils
r Langue maternelle jusqu,au point 6 ci-dessous (sans l,enquéte, considérent étre frangais.) Les éléves découvrent les objets qui semblent
point 5). représentatifs pour les FranEais.
. Langue étrangére (B2 et +). €i. Poser les questions suivantes:
c Est-ce que votre image de la France semble influencer votre propre
milieu culturel ? Donnez des exemples.
ffi Déroulement de l'activité
o Connaissez-vous des objets franEais trés répandus dans votre pays ?
'i
Distribuer la fiche n" 1 ,.25 , 50, 7 5 ou 100 "A franEais? , et faire (Objets de la liste ou autres...) Cette question met en évidence l'intercul-
faire l'exercice A. Donner aux apprenants la traduction áes mots turalité des cultures. Ici, les apprenants pourraient faire une recherche
dont
ils ignorent la signification et leur montrer les objets inconnus sur les objets originaires de leur pays et répandus dans les autres cultures.
dans leur
pays: « la Bétise de Cambrai,,, n l,espadrille », etc. r Quelques-uns des objets franqais constituent-ils des clichés sur la
variante plus intéressante: aprés avoir laissé les apprenants réflé- France ?
chir quelques instants, distribuer des photocopies avec ies dessins
des
objets pour que les apprenants puissent les identifier. 7" Dialogues
¡ Distribuer á trois groupes de deux apprenants Ia fiche 3 et distri-
2,, Faire faire l'exercice B. Il serait intéressant de faire une
com- buer aux autres participants (travail en binóme) deux fiches cartonnées
paraison entre les objets présents dans la culture source et inconnus
en sur lesquelles le nom d'un objet a été écrít. Prendre des objets dans la liste
France: (exemples pour l,Allemagne: appareil pour percer les
reufs, le dont o La b6tise de Cambrai,.

ENSEIGNEB LE FLE
2, L'APPROCHE SOCIOCULTURELLE 71
o Ilrr
¡rrcmier couple rit le dialogue. Dés qu'un participant a trouvé [: x B I i c a t i a n sl i nf o r m ati o n s
It' rrrrrr tlc l'.bjet dont il esr quesrion dans le dllogr., il
bándit sa fiche ll fawt obseruer ici un changement de priorité dans les actiuités commu-
ct t itt, kr nom de l'objet á voix haute.
nicatiues. L'expression orale est un moyen pédagogiqwe de trauailler swr
' si l'objet n'a pas encore été trouvé, un second couple lit re diaro- le cwhureL Notons qwe dans les méthodes communicatiues, la procédure
¡¡uc 2. M6me procédure que ci-dessus. pédagogiqwe est inuersée: les contenus cwltwrels seruent de moyens
' Si le nom de l'objet n'a toujours pas été découvert,
faire lire re d'apprentissage d la compétence de commwnication.
clizrlogue 3. Ici, l'objet á reconnaitre par i", ,pp...rr.,r,
l, Bétise de
cambrai. L'enseignant_ demande á un apprenant de bien"r, vouloir
expri- EfllCon",rr,on
quer l'origine du nom donné ára Bétise de cambrai.
d'aprés ce qu,il aura
compris dans les informations qu,il aura entendues. . Les exercices proposés permettent aux apprenants de travailler sur
' En récompense, I'enseignant peLlt distribuer á chacun une Bétise du .concretr. Ils sont confrontés á un environnement quotidien qu'ils
de cambrai, la friandise qu'il aura fallu découvrir. (Le théme
peut étre ont peut-étre déjá observé en France et qu'ils redécouvriront avec un
poursuivi par l'emploi en classe du document qui présente
l,origine de autre regard. Ils découvriront également quelques objets qui leur sont
la friandise et qui se trouve dans tous les paquets/boítes des inconnus. En outre, les objets qui, jusqu'alors, étaient inconnus des par-
fameux
bonbons...) ticipants, autoriseront dorénavant les apprenants á mieux saisir en quoi,
ou/et pourquoi tel objet s'avére étre frangais.
8" Distribuer la fiche 4. Les apprenanrs complétent re texre á
tro,s. . L'activité pédagogique permet une approche comparative idéale
Demandez-leur de quel objet ir s'agit. Réponse: le .rougat entre la culture cible et la culture source. Il est, en effet, aisé d'élaborer
de Montélimar.
un dossier portant sur les objets de la culture source et d'organiser des
Á:xp/rcaf'rt:ns i i nf a r m a ti o n s enquétes auprés de passants dans les rues.
Ilest ici question d'wn obiet qui ne
figure pds sur ra riste d'objets de ra
. Ici aussi, l'ensemble des activités peut étre réalisé en langue mater-
fiche 1. comme il s'agit d'wne spécialité de Montélimar, les intdications nelle et une partie des documents joints, résumée en langue maternelle.
géograpbiques et le nom de o I'objet, á compléter quatre
fois dans le
te,xte seront assez faciles á trouuer- L'apprenant
deura faire un rdppro- a'! Bibliographie
chement entre les indications cultwrelles mentionnées dans
le texte et les Renaud Tsouezo (Dirs) (2003), Franqais ! Notre histoire,
connaissances qu'il posséde swr la France. Carl ApsnHoi-o &
nos passions, Larousse, Paris.
'$' Montrez un poisson d'aurir fabriqué Jacqueline oE BouRcoINc (2000), Le calendrier, maítre du temps ? Découvertes
avec du papier et découpé.
Demandez aux apprenants de faire des hypothéses Gallimard, Collection Histoire, Paris.
,u, i, drt" er sur le
róle du Poisson d'auril. Nadine CnETIN (2003), lnuentaire des fétes en France, Larousse, Paris.
Distribuer quelques documents sur le pozsson d'aurir,authentiques Hubert L¡unroz (1998), Dictionnaire des superstitions, Albin Michel, Paris.
-
ou fabriqués. Les apprenants font un résumé orar ou écrit
de ce qu,ils ont André RaucH (1,996), Vacances en France. De 1830 á nos jowrs, Hachette,
compris sur l'origine de cette coutume. Collection La vie quotidienne, Paris.
si vous étes en possession de cartes postales anciennes, montrez http://www. Arte-tv.com (rechercher,,Karambolage").
des cartes du premier avril du début du xx' siécle,
époque oü les gens
s'envoyaient des veux pour le premier avril. Faire dá.ouu.i,
ces carres
par un jeu de questions et par la recture d'un résumé sur
r'historique de
cette tradition.

72 ENSEIGNER LE FLE
2 L'APPBOCHE SOCIOCULTUBELLE 73
Activité 2. Fiche 1
La culture des B. Faites une liste des objets ci-contre qui vous sont inconnus.

25, SO, TS ou l00o/o frangais ?

A" classez les différents objets dans une ou prusieurs des catégories.

C. Trouvez cinq objets qui, d'aprés vous, sont frangais, et cinq autres
qui sont étrangers. Classez-les dans la grille. Si vous avez une idée de
l'origine étrangére de l'objet, écrivez le nom du pays auquel vous pensez.

le jeu de l'oie

le Iit de deux personnes

le poisson d'avril

le lue sais-je?

le sapin de Noél

la Vache qui ri1

74 ENSEIGNER LE FLE
2. L'APPBOCHE SOCIOCULTUBELLE 75
Activité 2. Fiche 2 La culture des ets aurait tort de croire que le menu a cessé d'évoluer; en 1984, un restaurateur
de Nantes a inventé le premier menu... en braille.
Descriptif des objets
* Le croissant
O La baguette de pain S'il n'est pas de petit déjeuner vraiment franqais sans croissant, c'est á la
Fait unique au monde: res 50000 bourangeries franqaises sont res
seures á reine Marie-Antoinette que nous le devons, celle-ci l'ayant apporté dans
fournir une, voire souvent deux fois par jour du pain frais un juste retour ses bagages, débarquant de son Autriche natale, lors de son mariage avec
; des
choses quand l'on sait á quer point, á r'étranger, ra baguette est Louis XVl. La légende raconte qu'en 1683, les boulangers de Vienne auraient
assimirée
á l'image de la France. découvert le stratagéme des ennemis d'alors, les Turcs, permettant á l'ar-
L'origine du pain est étroitement riée á ra Révorution franqaise. mée autrichienne de remporter la victoire. En souvenir, ils auraient fabriqué
Le
26 Brumaire an il (15 novembre 1rg3),raconvention fait paraitre un petit pain feuilleté en forme de croissant - embléme du drapeau turc - et
un décret
pour que tous les citoyens se nourrissent du méme pain: l'auraient offert á l'Empereur. C'est sous Louis-Philippe, cependant, que les
ARrcrr 5. Les bourangers ne pourront faire et vendre qu,une méme croissants - en particulier ceux du boulanger Zang, installé rue de Richelieu
espéce de pain. á Paris - devinrent populaires. lls entrérent peu á peu dans les habitudes
ARrcre 8. La richesse et ra pauvreté devant égarement disparaitre des Franqais si bien qu'actuellement, plus de 50 millions de croissants sont
du
régime de l'égarité, ir ne sera prus composé de pain de freur vendus chaque semaine et que plus d'un Franqais sur trois ne conEoit pas,
de farine pour
le riche et du pain de son pour le pauvre. sans eux, un vrai petit déjeuner du dimanche...
ARrcrr g. Tous res bourangers sont tenus, sous peine d,incarcération.
de
faire une seule et bonne espéce de pain, le pain de l,égalité. @ La guillotine
Coup d'épée dans l,eau; les habitudes étant ce qu,elles sont, les pauvres En 1789, le docteur Joseph-lgnace Guillotin, médecin et député de Paris,
et les paysans se contenteront encore rongtemps de boures de mauvais próne l'utilisation d'une machine qu'il a vu fonctionner en Angleterre, et
pain noir... qu'on appelle maiden,la jeune fille. ll en vante le caractére " humanitaire
"
devant l'Assemblée nationale: " Le mécanisme tombe comme la foudre,
@ Le menu
la téte vole, le sang jaillit, l'homme n'est plus. " Le dispositif en question
Le plus vieux menu date de 17s1 : il fut présenté aux convives était encore rudimentaire et c'est un autre médecin, le docteur Antoine
d,un souper
donné par Louis XV au cháteau de choisy. Mais re menu n,est pas Louis, qui conEut la machine telle que nous la connaissons, aidé par un
entré
facilement dans les meurs: pendant tout le xvr" siécle, le maitre fabricant de clavecins (!) nommé Schmidt. Elle fonctionna pour la pre-
de maison
se demande s'il doit le communiquer á ses invités. certains pensent miére fois sur la personne d'un bandit de grand chemin, Nicolas-Jacques
en effet,
comme Grimod de ra Reyniére, qu'«attendu qu'un vrai gourmet Pelletier.
a toujours
de l'appétit en reste au service des bons morceaux, nous pensons que Appelée á ses débuts La Louisette ou La Petite Louison (par référence
Ie
menu doit étre un secret entre le cuisinier et l'amphytrion., une au docteur Louis), elle devint La Guillotine (puis, plus tard, La Veuve) dés
formule
quasiment abandonnée de nos jours.
1792, malgré les véhémentes protestations du docteur Guillotin... qui faillit
L'usage régulier des menus est rancé par res restaurants créés lui-méme périr guillotiné sous la Terreur!
sous ra
Révolution par les anciens officiers de bouche de |aristocratie.
[...]
Le menu devient peu á peu I'embréme et re porte-parore du dr La montgolfiére
restaurant.
Tous les grands restaurateurs ont eu á cceur de faire illustrer leurs
menus Le 19 septembre 1783 fut un jour faste pour un coq, un mouton et un
par les plus célébres peintres et artistes de leur temps. jours,
[...] De nos on canard. Ces trois animaux venaient en effet de s'envoler en ballon devant

76 ENSEIGNER LE FLE
2- L'APPBOCHE SI]CIOCL]LTIIREI LE 77
I, rr¡i I ouis XVI et la reine Marie-Anto¡nette, tous deux ébahis, ce qui
valut @ Le poisson d'avril
r;rs animaux, honneur supréme, de falre partie de la ménagerie royale.
;'r
En 1564, une ordonnance du roi Charles x décide de reporter le début de
Le 21 novembre de ra meme année, ce fut re tour des hommes: pirátre
l'année au 1"' janvier, alors que, jusque-lá, elle commenqait au 1u'avril.
du Rozler et le marquis d'Arlandes s'envolaient du cháteau de la Muette
Pour se moquer des nostalgiques de l'Ancien Régime, on leur offrit donc,
á Paris dans un bailon á air chaud et atteignaient miile métres d,artitude.
chaque 1"' avril, de faux cadeaux, en matiére de plaisanteries. Comme c'est
cet exploit doit naturelrement beaucoup aux fréres Étienne et Joseph
au mois d'avril que le soleil quitte le signe zodiacal des poissons, on donna
Montgolfier, papetiers á Annonay en Ardéche, qui les premiers eurent
á ces événements le nom de « poissons d'avril ". [...] Aujourd'hui, le 1" avril
l'idée d'employer un gaz prus réger que |air pour faire vorer un
baron. a encore bien des adeptes et un signe de ralliement; Ie poisson de papier
L'engouement pour les montgolfiéres devient vite débordant et
va durer que l'on accroche dans le dos, le plus discrétement possible. La presse,
prés d'un siécle. Des ascensions pubriques sont organisées,
on vend des quant á elle, le féte en annonqant de fausses nouvelles toujours aussi far-
assiettes, des horloges, des luminaires á leur image...
felues: la tour Eiffel démontée, un décret promulguant l'obligation d'avoir
deux roues de secours dans sa voiture, le réseau routier qui ne comporterait
S Le jeu de l'oie
plus que des virages á droite, un nouveau foie gras, celui de l'anguille, et
Le jeu de l'oie est né de tradiilons dont res origines se perdent
dans ra nuit bien d'autres, de plus ou moins bon goü1...
des temps... En France, on en trouve trace dés Ie 26 avrir 1612
dans re jour-
nal de Jean Hérouard, médecin de Louis Xlll enfant: .ll est toujours 6¡ Le Que sais-je?
malade,
mais gai, iljoue á l'oie avec Monsieur de Vendóme, le grand écuyer.,
Sur les Lancée en 1941 par Paul Angoulevant, qui reprend pour l'occasion la devise
anciens jeux, le nom complet était Jeu de I'oie, renouvelé des Grecs,
car on de Montaigne, la collection Que sais-le? répond á un triple défi : moral,
le disait héritier du rabyrinthe crétois. on |appeile aussi Jeu
de grand praisir matériel et moralisateur. Les trois premiers titres de la collection: Histoire de
et récréation et Noble jeu de l,oie. la biologie, De I'atame á l'étoile et Les certitudes du hasard sont révélateurs
Trés prisé á r'origine par res mirieux aristocratiques et aisés, ir devient de la confiance nouvelle dans le róle de la science.
vite trés populaire, et ce sont res corpofteurs qui re drffusent au sein Quels que soient les thémes abordés, le défi est le méme:tout dire,
de ra
population.
tout expliquer en 128 pages (4 cahiers de 32 pages). Quant aux auteurs,
ce sont les meilleurs techniciens dans les domaines concernés, membres
$ L'espadrille
du Conseil A'État, de la Cour des comptes, journalistes, professeurs au
chaussure populaire, efle chausse des miilions de pieds r'été, toutes Collége de France, membres de l'lnstitut d'Études politiques de Paris. Et
crasses
sociales confondues... Les premiers ainsi chaussés furent les fantassins tous se plient á cette discipline qui permet á la collection de toucher á la fois
du
roi d'Aragon, au xr," siécle. EIle équipe ensuite les mineurs du nord un public de spécialistes et d'étudiants. [...] Actuellement diffusé á plus de
et de
l'est de la France vers 1850 et prend son véritable essor au xx"siécle: 60 millions d'exemplaires et traduite en 40 langues, la collection sort cinq
avant
la deuxiéme guerre mondiare, vingt miilions de paires étaient titres par mois, dont les meilleurs, comme Le Marxisme, sont vendus entre
fabriquées en
France. 150000 et 300000 exemplaires.
Malgré la diminution de ra crientére des mineurs et ra disparition
de cefle
des Pieds-noirs d'Argérie, ra France produit encore dix miilions de paires S Le porte-jarretelles
par an, mais doit faire face á ra concurrence sévére de IEspagne C'est parce que les bas de sa femme tire*bouchonnaient sur ses jambes
et de
la chine. Le tressage des cordes des semeiles d'une paire d,espadriiles, que Gustave Eiffel, mari attentionné, inventa le porte-jarretelles! (Quand
qu'elles soient faites á ra main ou industrieilement, la construction de la fameuse tour qui porte son nom lui en laissait le
demande cinq métres de
corde. loisir.)

78 ENSEIGNEB LE FLE 2. L'APPROCHE S(]CIOCULTUBELLE 79


son ancétre, la jarretiére, apparait dés re xr" siécre, oü eile est portée .'i) Le Petit LU
au niveau du jarret, aussi bien par les hommes que par les femmes. Au
c'est tout simplement Louis Lefévre-utile qui a donné les initiales de son
siécle, elle devient spécifiquement féminine et remonte jusqu,á mi-cuisse
xrv"
nom á son célébre petit beurre. Louis était le fils de Jean-Romain Lefévre
sous Louis XlV. Avec le second Empire nait enfin la jarretelle. Véritabre com-
plément du corset, á raqueile Iindustrie nouveile ajoute métar
et d'lsabelle Utile, boulangers á Nantes. Tous deux ont un jour l'idée de
et érastique, fabriquer un biscuit de grande qualité pour une riche clientéle, au lieu du
elle devient célébre et peut-étre immorteile gráce au French cancan.
traditionnel * biscuit de mer,. ldée géniale qui sera développée par leur troi-
& Le monument aux morts siéme enfant, Louis. Pour concurrencer les Anglais qui dominent le marché,
celui-ci met au point en 1886 la recette du " Petit Beurre ": du lait, du beurre
Entre 1919 et 1925, ir s'est construit un monument aux morts dans chaque
salé, de la farine de froment et du sucre de canne.
commune de France, á une exception prés: la commune de Thierville dans
ll s'agit d'un biscuit simple d'aspect, rustique de goüt et á la forme bien
l'Eure, seul village frangais á ne déprorer aucune victime, ni en 1870,
ni en particuliére: un rectangle avec 4 * oreilles " et 48 dents. Le succés est immé-
14-18, ni en 39-45. En l'espace de cinq ans, plus de 36 000 monuments
aux diat et l,entreprise croit á une vitesse spectaculaire: 14 ouvriers en 1886,
morls ont été érigés: on en construisait plus de seize par jourl
130 en 1889, 1 200 á la veille de la Premiére Guerre. [...] Dans les années 50,
Pratiquement aucun de ces monuments n'est l'oeuvre d,un véritabre
le célébrissim e designer Raymond Loewy dessine le sigle LU: deux lettres
sculpteur moderne. Bon nombre d'entre eux sont méme identiques d,un
allongées, dorées sur fond rouge.
village á un autre, car ils étaient fabriqués en série. selon les ressources,
la commune achetait un simpre sordat de bronze, un coq gaurois et un :;l' Le Thermolactyl de Damart
bloc de pierre nue. Leur esthétique correspondait aux goüts trés popu-
En 1950, les fréres Joseph, Paul et Jules Despature, qui sont á la téte d'une
laires de l'époque de reur construction. Aprés ra séparation de ,Égrise
f et de entreprise textile familiale á Roubaix, s'intéressent de trés prés á une nou-
l'État, les symboles rerigieux étaient bannis et rempracés par des symbores
velle fibre de synthése, le chlorofibre, aux propriétés bien particuliéres. Aprés
pai'ens ou inspirés de I'Antiquité: menhirs, obélisques, coqs, pyramides,
des tests effectués á l'hÓpital de Nanterre, ils décident en 953 de l'utiliser
"l

urnes drapées, colonnes tronquées, mais aussi obus, chaines ou murs


de pour la fabrication de sous-vétements de protection contre l'humidité et le
coquillages.
froid et pour le soulagement des douleurs rhumatismales. Le Thermolactyl,
sous-vétement de santé, est né! Ses trois propriétés sont l'isolation ther-
¡p te Iit de deux personnes
mique, la non-rétention de l'humidité et la tribo-électricité ou électricité par
Traditionnellement, le lit conjugal ,> mesLrre 140 cm de large sur .190 cm de
" frottement, riche en ions négatifs légers. Gráce á un remarquable service
long. Des dimensions qui correspondent au *bois de lit,. Aujourd,hui,
les de vente par correspondance et de nombreux magasins-conseils, la société
sommiers et matelas de deux personnes mesurent plutót 160 x 200 cm
et, Damart vend aujourd'hui plus de six millions de sous-vétements chaque
pouftant, l'espace moyen des chambres est en moyenne de 3,gS
m2, soit année.
trois fois moins qu'ir y a vingt ans. sur 60 miilions de materas en France,
54% sont á deux places. $ La Vache qui rit
La notion de lits jumeaux, trés commune dans res pays angro-saxons,
800 millions de portions vendues annuellement; le petit triangle de fromage
n'est absolument pas intégrée en France, comme dans le reste des pays poupe !
- de * créme de gruyére,, pour étre plus exact - a toujours le vent en
latins d'ailleurs. ll existe aujourd'hui des sommiers doubles á lattes de Bel, qui fit fabriquer en 1921 . En portion
bois c,est un industriel du Jura, Léon le
sur lesquels on pose deux matelas indépendants en mousse ou en latex. par et méme 24
[...] unique á ses débuts, elle se multiplie par 3, par 8, 12, 16
A noter que 60 % des Franqais dorment sur des materas á ressorts, 1g o%
sur dans les désormais célébres boites rondes. Depuis 1955, pour l'ouvrir, il
de la mousse et 7 %o sur de la laine. fallait tirer sur une languette rouge. Mais, aprés cinq ans de recherche, la

80 ENSEIGNEB LE FLE 2 L'APPBOCHE SOCIOCULTURELLE 81


fromagerie Ber a mis au point un nouveau procédé
d,ouverture en .r 9gg: une
feuille posée directement en couvercre @ Le camembert
et que |on souréve. Le dessin de Ia
célébre vache a égarement subi querques
modifications. [...] La vache est En reniflant un camembert á point, Léon-Paul Fargue s'écria " Les pieds
tout d'abord de coureur naturere, puis cororiée
en rouge, puis affubrée de de Dieu !, sans doute, en amateur éclairé, savait-il ce qu'est un véritable
boucles d'oreilles. camembed...
Pour faire un camembert, il faut deux bons litres de lait de vache non
'@ La rustine pasteurisé. L,affinage dure une trentaine de jours et le camembert, une fois
ce sont les fréres Micherin qui ont inventé en .rg91 pneu prét á déguster, pése environ 250 g pour onze centimétres de diamétre et
re gonfrabre et ra
chambre á air. cette invention fit beaucoup pour
amériorer re confort des trois d'épaisseur. La meilleure période pour le manger se situe de juin á
vélocipédistes. Mais ir restait un probréme octobre. L'appellation d'origine ne date que du décret du 31 aoÜt 1983, bien
de tailre: en cas de crevaison, ir
fallait remplacer intégrarement ra chambre que l'existence du camembert soit beaucoup plus ancienne. [..']
á air. c,est arors qu,intervient un
industriel franqais nommé Rustin quitrouva
ra sorution: tout simprement une Actuellement, plus de 500 millions de camember.ts sont fabriqués par an.
petite ronde'e de caoutchouc appriquée sur les 185 000 tonnes de camembert, I300 seulement sont du camembert
á r'aide d'une core spéciare qui
simplifie, encore aujourd,hui, la vie de tous les * véritable,. on trouve le * camembert de Normandie " d'appellation contrÓ-
cyclistes du monde.
lée, le camembert " fabriqué en Normandie " et des quantités d'autres, fabri-
€¡ Le pompon des marins
qués un peu partout, en Belgique et méme en Californie.".
L'ancétre du pompon de marin, la houppe
de laine, naquit en i7g6.
Avant cette date, r'uniforme n'était porté que S La barbe á papa
rors des visites royares.
[...]
L'ordonnance du 1"' janvier 17g6, en créant re «corps
royar des canonniers C'est á l'Exposition Universelle de 1900 que la barbe á papa, inventée par
matelots", décida du méme coup d,un uniforme.
Celui_ci comportait un un Franeais dont on a oublié le nom, fit sa premiére apparition' La machine
chapeau rond surmonté d'une houppe de raine
aux coureurs de rescadre: qui la fabriquait fonctionnait á la manivelle. Elle fonctionne ensuite au gaz,
cramoisi pour la premiére, blanc pour la deuxiéme.
ce chapeau rond fait avant de devenir électrique. Fait de sucre, de vitesse et de chaleur, la barbe
partie de l'uniforme de parade, mais re
materot continue ordinairement de á papa peut aussi prendre de la couleur: rose le plus souvent, mais aussi
porter un bonnet de travair. En 1g5g re
chapeau est formé d,une * houpette vert, orange, jaune, blanc ou bleu. On la vend dans le monde entier' En
de laine bleue et garance (rouge) mélangées,
repliés dans leur longueur France, on consomme dix millions de barbes á papa par an. Pour en réussir
et formant un grand"' La coiffure de sortie,
eile, porte re ruban si cérébre une gfosse» comme les enfants franqais les aiment, 50 g de sucre
en taffetas noir fixé de faEon á laisser deux "bien
bouts frottants derriére re cha_ candi suffisent.
peau. c'est la combinaison de ces
deux coiffures qui donnera naissance au
bonnet de marin actuel.
O Le petit noir
* Le savon de Marseille c,est un Turc, Soliman Aga, ambassadeur du sultan de constantinople, qui
'l
D',aprés Prine rui-méme, re savon a été inventé apporta le café dans sa valise diplomatique en 669. C'est un Arménien,
en Gauile: *on se sert aussi
de savon, c'est une invention des Gaurois pour Pascal, qui ouvrit le premier établissement appelé café, en 1672, á la foire
rendre res cheveux bronds;
on le fait de suif et de cendres de hétre., Mais saint-Germain. c'est un ltalien nommé Procope qui créa en 1684 le célébre
ce n,était, on peut en juger,
pas du tout á fait Ie méme que celui que café Procope. Mais c'est un Franqais, Louis-Bernard Rabaut, qui inventa le
nous utilisons aujourd,hui. En
revanche, c'est bien son véritabre ancétre que percolateur en 1822. Cet appareil fut présenté en 1855 á la foire-exposition
fabriquaient déjá au xr. siécre
les savonneries de Marseire, gráce á ra richesse de Paris: il permettait de remplir 2 000 tasses á l'heure, ce qui constituait á
de ra région en oriviers^
l'époque une véritable révolution.
82 ENSEIGNEB LE FLE
2. T,APPBOCHE SOCIOCULTUBELLE 83
Pour réussir un bon «express», ra mouture, trés fine,
doit étre bien tassée. du cháteau d'Amboise. La baignoire Individuelle que nous connaissons a
Afin que le parfum puisse étre extrait convenabrement,
ir faut utiriser du café pour ancétre l'étuve humide á usage hydro thérapeutique imaginée par le
torréfié assez foncé, ce qui correspond á des cafés
communs comme Ie chirurgien Ambrois Paré. Le cuivre, courant jusqu'au xvrrru, céde bientót la place
Robusta et l,Arabica courant. Les tasses des * petits
noirs, sont fabriquées á la tóle puis au zinc (le tub). La fonte et l'acier apparaissent á leur tour et
dans une céramique trés résistante et reur forme a été
spéciarement étudiée aujourd'hui on fabrique des baignoires en acrylique.
pour permettre de les empiler facilement.

S Le papier toilette
* Le soutien-gorge
ll est apparu á la fin du xrx" siécle sous la forme, typiquement frangaise, de
En 1889, Herminie cadoile décide de couper son corset
en deux pour se paquets á feuilles intercalées les unes dans les autres. ll se présente en
libérer le diaphragme et ra respiration. cette brassiére
á épaurettes qu,ere bulle corde, de couleur brune ou beige, obtenu naguére á partir de sacs de
vient ainsi d'inventer prend successivement le nom de
corselet_ceinture, toile ou d'espadrilles et aujourd'hui fabriqué á partir de papiers de derniére
corselet-gorge et, enfin, de soutien-gorge. C,est en 1904 que
ce mot appa_ catégorie, comme les cartons et les journaux. Seules les collectivités en
rait pour la premiére fois dans un dictionnaire.
achétent encore.
$ Les rouleaux ne sont apparus que bien plus tard et représentent prés de
Les bétises de Cambrai
8O%o de la consommation actuelle. lls sont en "crete» (épaisseur simple,
La légende raconte que re secret de fabrication de ces
cérébres bonbons fabriqué á partir de pátes mécaniques) ou en ouate de cellulose (84o/o du
est né d'une vraie bétise: ÉmireAfchain, jeune apprenti
dans ra confiserie marché). Le papier toilette padumé, lui, est en nette progression'. 8%o du
familiale, aurait fait une erreur et sa mére lui aurait crié
avec colére: * ils sont marché total. La consommation annuelle des Franqais est de 7,3 kg, contre
ratés, tes bonbons! T,es bon á rien, t,as encore fait qu,des
bétises!, 7,1 pour les Belges, 7,8 pour les ltaliens et 18,6 pour les Suédois.
on dit aussi que, le 24 de chaque mois, se tenait á cambrai une
foire
aux bestiaux. Aprés res achats sérieux de ra journée, res paysans S Le couteau économe
et reurs
femmes se laissaient ailer, parfois, á acheter des friandises,
des petites Seule la marque Économe gravée dans la lame prouve l'authenticité de
"bétises". Et en particurier res fameux bonbons d'Émire Afchain. euoi qu,ir cet ustensile de cuisine inventé en 1929 et qui a fait le tour du monde. Son
en soit, re succés fut ter que res bétises furent abondamment
coprées: re inventeur, un certain M. Pouzet, artisan á Thiers, capitale du couteau et des
célébre procés en date du 31 décembre 1g9g reconnut
Émire Afchain seur ciseaux sous toutes leurs formes, avait mis au point un article constitué
inventeur de la
"véritabre bétise de cambrai ,. Les boites étaient facire- d'une lame en acier au carbone montée sur un manche de bois, l'alisierteint.
ment reconnaissabres á ra grand-mére dessinée sur re
couvercre qui pro- Aujourd'hui, la lame est en acier inoxydable et le manche le plus souvent en
clamait le fameux srogan; *Non mais goütez-moi qar,
cette méme ai.eure plastique, mais rien n'a fondamentalement changé. La production annuelle
veille encore de nos jours sur Ia production des petits
bonbons á Ia rayure est d'un million d'articles dont 50% á l'exporlation.
jaune (menthe), rouge (framboise) ou verte (anis).
Aujourd,hui, une usine de
4 000 m2 fabrique jusqu'á 500 000 bonbons par jour,
soit 1 20 miilions par an S te o¡¿et
(300 tonnes).
Bien que l'origine du bidet demeure relativement floue, on l'attribue en géné-

@ La baignoire ral au Frangais. ll semble qu'il soit apparu aux alentours des années 1710.
Quelques décennies plus tard, les historiens rapportent que la Princesse de
Déjá forl connue des Grecs et des Romains, ra baignoire
ne fut pourtant Savoie, ayant épousé le Comte de Provence, futur Louis XVlll, regut parmi
relancée qu'au xvr" siécre par res Frangais. Franqois ru,, r.rn des
rois franqais res ses cadeaux de mariage un bidet de bois rouge dont la cuvette en cuivre
plus civilisés, dessina rui-méme ra forme et |ornementation
des baignoires argenté était gainée d'un étui de cuir.

84 ENSEIGNEB LE FLE
2 L'APPBOCHE SOCIOCULTURELLE 85
Dans les grands hótels d,Europe du nord, d,Allemagne ou des États_ Mais pour que le sapin entre dans les maisons, il faudra encore attendre
Unis, le bidet est un appareir totarement inconnu ou peu répandu. chez un peu. La coutume de l'arbre semble avoir gagné les milieux aristocratiques
nous, il perd du terraln et n'a plus vraiment sa prace dans nos salles allemands, puis la Scandinavie. Elle gagna ensuite les régions protestantes
de
bains contemporaines: on n'en trouve plus que cinq pour cent habitants de Suisse, d'Autriche et de Bohéme. A la suite de la Réforme du xvl" siécle,
en
France. les protestants, trés hostiles aux représentations de la Nativité, favorisérent
l'implantation de l'arbre de Noé|. ll leur rappelait l'arbre de la connaissance
I Le jeu de cartes
du Bien et du Mal, l'arbre du Paradis et de la Rédemption aprés la chute
c'est pour distraire le roi charles vl, si l'on en croit un savant jésuite, re d'Adam et Éve. Toutefois, jugé symbole de protestantisme par l'Église et
pére Ménestrier (1 63"1 -170s), que les cartes auraient été fabriquées pour considéré comme le concurrent pai'en de la créche, cet arbre eut plus de
la premiére fois en France en 1392. ces cartes représentaient, seron mal á s'implanter dans les pays catholiques. [...] Petit á petit, il vainquit les
rui, Ia
structure féodale symbolisée. réticences et, au cours du xrx" siécle, la tradition gagna de nombreux pays.
Ce n'est qu'au xv€ siécle que sont nées les familles _ cceur, tréfle, car_ [...] A Paris, la duchesse Héléne de Mecklenbourg, belle-fille du roi Louis-
reau et pique - tandis que les figures ne sont définitivement fixées qu,au Philippe, fit dresser le premier sapin aux Tuileries en 1837. [...]
xvrF siécle. c'est le ministre des Finances qui décide, en 1g27, qu,au lieu Mais qui, le premier, eut l'idée de décorer le sapin ? Ce sont les Alsaciens
d'étre en pied, les personnages seront faits de deux bustes inversés. qui, á l'origine de la coutume de l'arbre de Noé|, furent logiquement les
premiers á le décorer. L'une des premiéres descriptions nous vient de
O Les images d'Épinal Strasbourg en 1605. On suspendait alors dans un arbre dressé dans la piéce
Rouge garance, vert émeraude, breu outremer, jaune vif, marron terre principale de la maison, des pommes, des hosties non consacrées, des
de
sienne... telles sont res principares coureurs de ces images imprimées sur roses en papier symbolisant le Christ et le Paradis, ainsi que des sucreries.
un papier pur chiffon, corportées de viilage en viilage á travers ra France
D'aprés Le livre de Noé/ par Nadine Cretin, 2001
et l'Europe depuis le xvr" siécle. Leurs thémes sont fort divers: chanson
d'amour, images de saints, pavillons de pélerinages, blasons de corpo_
rations et de confréries, personnages historiques, grandes bataiiles,
faits
divers, etc. Les plus cérébres sont ceiles des rmageries peilerin d,Épinar
créées par Jean-charles pellerin, excellent graveur et directeur d,un
atelier
qui connut une rare célébrité á la fin du xvr.siécle. Au fur et
á mesure, les
sujets présentés sur les images se déveroppent. En 1914, ra productron
des
images se ralentit et Ia société dépose bilan en 'lgg4 pour devenir L,lmagerie
d'Épinal S.A. Les collections sont visibles au musée d,Épinal.

D'aprés le Grand inventaire du Génie frangais


en 365 objets par Jéróme Duhamel, 1990.

O L'arbre de Noél
Les premiéres véritables mentions d'un arbre de Noél sont alsaciennes:
á
sélestat, en 'l 521, res comptes de ra viile autorisent des gardes forestiers
á " surveiller les arbres á partir du jour de la saint-Thomas, puis, en
1546,
á couper des "Mais" (arbres verts) pour Noér, res coupes sauvages étant
interdites. [...]

86 ENSEIGNER LE FLF
2. L'APPBOCHE SOCIOCULTUBELLE 87
Ae tivitá , +rche 3 La culture des iets Activité2.Fiche4 La culture des obiets
Llaoz les dialogues
Complétez le texte par le méme mot et découvrez la spécialité régionale
dont il s'agit.
i Dialogue 1 (deux personnes: la mére et la fille)
Lamére: Si on allait á la foire aux bestiaux samedi prochain
?
C'est Olivier de Serres, célébre agronome et conseiller d'Henri lV, qui orga-
Lafille: Excellente idée! Aprés, on pourra passer se régaler
chez nisa la culture systématique et rationnelle des ............ dans la
Mme Afchain!
région de Montélimar au xvlt" siécle. En avril 1701, on remarqua la premiére
I Dialogue 2 (deux personnbs: la mére et la fille)
La fille: Tu préféres ceux á la menthe ou ceux á l,anis?
réception donnée par la municipalité en l'honneur des Ducs de Bourgogne
La mére: Ceux á la menthe.
et de Berry qui revenaient d'Espagne.

Son industrie est relativement récente et les usines de fabrication inten-


I Dialogue B (trois personnes: le narrateur, la mére
et son fils Émile)
Le narrateur: Émile Afchain est
sive du ...... ne sont apparues qu'au début du xx' siécle.
confiseur á la confiserie de sa
C'est le tourisme vers le Midi qui assura le développement et le succés du
mére:
La Émile, j,ai une commande de bonbons pour
samedi prochain. ...... blanc qui se vendait le long de la nationaleT, avant la
Émile: Trés bien, je me mets tout de suite au travail.
Le narrateur: Émire, distrait et peu habire, se trompe
construction de l'autoroute. Le............ noir, plus rare et meilleur,
dans les ingrédients de
ra recette! prus tard, sa mére passe voir si res bonbons sont se fabrique au moment de Noé|. ll fait partie des treize desserts flu «gros
terminés et les goüte.
Souper» provenEal.
La mére: (en goútant tes bonbons) Émile, qu,est_ce que
c,est que ces
bonbons ! lls sont ratés ! Tu n,es qu,un bon á rien,
t,as encore De quel objet s'agit-il?
fait que des bétises !

88 ENSEIGNEB LE TLE
2. L'APPROCHE SOCIOCULTUBELLE 89
L'a pproche ntercu lturel le
i

Ftffift l Le Petit Chaperon rouge: un exemple


d'adaptation cu Iturelle

f Fiche pédagogique
. Ce qui est intéressant dans l'utilisation des contes dans les cours
de langue, et en particulier, dans Le Petit Cbaperon rowge, c'est
que ces derniers renferment une potentialité intra- et interculturelle
exemplaire, et ceci á différents niveaux: l'approche intraculturelle
permet d'isoler un paramétre culturel qui détermine les points com-
muns ou les différences entre les données culturelles rencontrées dans
deux cultures. Cette approche fait également ressortir les différents
niveaux linguistiques, sociologiques et historiques dans les phéno-
ménes d'adaptation attribuables á 1'appartenance culturelle.
. Le second critére pédagogique est d'ordre interculturel. Il repose sur
le fait que les contes dévoilent les transformations d'ordre culturel
auxquelles une culture procéde, afin de les adapter aux normes de sa
propre sphére culturelle.
Argument s d.i d acti q* e s
I Les contes témoignent de l'évolution ou de la résistance des cou-
tumes, croyances, etc., ainsi que de l'idéologie autour des mcurs.
. Les contes nous informent sur la vie sociale d'une époque: ils occu-
paient une position particuliére au sein des communautés.
. Les contes jouaient un róle éducatif dans les sociétés traditionnelles.

3. L'APPHOCHE INTERCULTURELLE 91
¡ La traduction des contes porte l'empreinte culturelle de la culture
I Déroulement de l'activité
du traducteur. (Voir la fiche 3 p.102, qui place le conte de Perrault dans son contexte
historique et culturel et explique les différences entre le conte tel qu'il est
Objectifs généraux
o Développer des savoirs culturels
raconté par Perrault et par les Fréres Grimm.)
et savoir-faire (inter)culturels.
o Découverte des traits de la culture
franEaise á l'époque de charles l. En binóme, faire raconter ou dessiner le Petit Chaperon rouge de
Perrault. Perrault (si l'histoire est connue).
-Prise de conscience de l'écriture, de la langue, du choix lexical en tanr 2. En groupe classe, quelques apprenants racontent le conte.
que traits culturels spécifiques d'une aire culturelle et sensibilisation
aux représentations divergentes d'une méme réalité culturelle. 3. Lecture du conte de Perrault (fiche 1 p.97) et mise en commun:
- Prise de conscience des spécificités culturelles, langagiéres et de leur les apprenants comparent leurs connaissances du conte d'aprés leurs
évolution dans la culture maternelle. connaissances préliminaires et la lecture du conte.

Démarches utilisées 4. En groupe classe, lecture du conte de Grimm (fiche 2 p. 99).


n Travail d'analyse et de prospection
sous forme de táches: recherche 5, Comparaison des deux contes (Recherche des passages ayant
d'informations culturelles dans les deux versions du conte. subi des changements thématiques ou ayant été supprimés ou ajoutés.)
c Démarche contrastive. o Diviser la classe en six groupes. Faire rechercher les raisons de la
t Étude du conte franEais en allemand: écarts interprétatifs et raison variation thématique du conte á partir d'une liste de thémes comme, par
de leur présence dans l'adaptation allemande. exemple: I'introduction dw conte, la mission de I'enfant, la rencontre
' confrontation du conte de perrault á celui de Grimm avec des ver- auec le lowp, la maison de la grand-mére, la rencontre dw loup et de la
sions plus anciennes et plus récentes. grand-mére, les dewx dialogwes entre le lowp et le Petit Chaperon rouge,
r Táche individuelle ou collective: recherche de données culturelles la fin de I'histoire. Trois groupes travailleront sur le conte de Perrault,
et linguistiques des deux contes qui laissérent reur empreinte dans la trois autres sur le conte de Grimm. Faire travailler les apprenants á partir
langue contemporaine, dans les publicités, les textes littéraires, etc. de leurs hypothéses et de leurs déductions; apporter en classe des docu-
Sup p orts ¡tédagogiques ments bibliographiques sur Charles Perrault et les Fréres Grimm ou faire
o Texte original du Petit
chaperon rowge de c. perrault et des Fréres faire une recherche bibliographique sommaire par les apprenants. Ce
Grimm et traduction frangaise du conte allemand. travail peut étre effectué sous forme de táche individuelle ou collective
o Textes issus d'autres versions franEaises en-dehors du groupe-classe.
et allemandes.
o Textes issus de versions
étrangéres avec des exempres de traduction.
. Aider les apprenants á établir un schéma commun relatiÍ á la
¡ Documents bibliographiqures. structure de chacun des deux récits qui seront ensuite reportés au tableau.
n Faire découvrir la fonction culturelle de ces changements en fai-
Langue et niueaw d'apprentissage
sant réfléchir les apprenants aux éléments distinctifs á partir des connais-
r Langue cible (niveau 82 et +)
sances générales qu'ils ont des deux cultures.
e Langue cible (niveau 42) accompagnée
de la langue source: étude . Faire relever les structures, les expressions et les mots désuets
du conte des Fréres Grimm et de perrault traduit en allemand donr ou obsolétes dans le conte de Perrault. Le mot oruelle ,,,pát exemple
la traduction est proche de la version originale. L'enseignant pourra (passage situé entre le lit et Ie mur d'une chambre á coucher). Sur le
fournir des explications lexicales. plan culturel, le lecteur trouvera également des coutumes suggérées par
les mots (Épiphanie), des mots qui accompagnent un usage (galette), ou

92 ENSEIGNEB LE FLE
3. L'APPBOCHE INTERCULTUBELLE 93
cncore des mots dont le contenu culturel est le résultat
de l,association premiére version des Fréres Grimm, puis dans les suivantes, et rechercher
d'un lieu á un produit ou á un objet (les saucisses dans Grimm
ou encore les raisons de la disparition de certains contes de Perrault. Une lecture
la chevillette et la bobinerte dans perrault).
sur l'origine des sources de la collecte des contes de Grimm donnera
E xp I i catio n s/i nfo rm ati o n s quelques explications sur le fait que les auteurs renoncérent, dans les
L'étwde de I'intégralité du texte est superflwe, miewx udut éditions postérieures á celle de 1.8L2, á reprendre des contes issus de ceux
se concentrer
sur le lexiqwe ciblé, repéré dans les dewx uersions. de Charles Perrault.

5. Prendre conscience de l'impact culturel et linguistique du conte


I Pour aller plus toin... dans Ia société contemporaine (médias, cinéma, etc.) dans les pays des
l ' Proposer une activité ludique en demandant aux apprenants et en France.
apprenants
d'exercer leur prononciation en répétant le virelangue
sur le p.ut pot a.
beurre: I Conclusion
nDis-moi, petit pot de beurre, quand te dé-petit-pot-de-beurrerise- Cette démarche est intéressante pour son approche culturelle. La simple
ras-tu ? * Gros pot rond de beurre, je me dé-petit-po1-de-beurreriserai
' lecture d'un conte ou le fait de mentionner les différences á la fin du conte,
quand rous les petits pots de beurre se dé-petit-pot-d.-b.rrr.riseront.
suffit á faire ressurgir la présence de variations thématiques. Au-delá de
Et auronr dégros-pots-rond-de-beurrerisé to.rs r.s gros pots
ronds de cette simple constatation, on peut réfléchir á l'impact culturel identitaire
beurre. (Origine probable: xx. siécle.)
" de la thématique et de la langue propres á une culture donnée. Seules des
2. Les éléves peuvenr aussi chanter ra chanson Le petit chaperon investigations comparatives sont révélatrices de la tendance á l'adapta-
rouge trottinait dans les grands bois, chanson dont les paroles tion et á la conformité littéraire, sociale, etc. de chaque culture, tout en
sont attri-
buées á FranEoise Giroud et que les enfants chantaieni étant basée sur des données ob;'ectives, car susceptibles d'étre analysées. Il
dans la cour des
écoles en 1945 faut souligner l'intér6t d'orienter toute démarche interculturelle vers des
« Le petit Cbaperon rowge, trottinait données analysables, plutót que de la cantonner á l'expres-sion de points
dans les grands bois,
Qwand, soudain, wne ombre bouge, de vue personnels et généralisables.
C'est le lowp, le grand loup, á I'eil sowrnois,
Qui se dit en uoyant la gamine, I Bibliograph¡e
J'ai besoin de uitamines, M. Frerssnn, C. RrrNrc & E. JrlrNm (1994), Rotkdppchen erlegt den Wolf,
Je uais faire un bon petit repas froid Holos, Bonn.
Refrain
Die Brüder Gnrltu, L978 [1. gesamte Ausgabe 1.8L9l,Kinder-und Hawsmiirchen,
Tire, tire, tire la cheuillette, et la bobinette cherra...,
\Tinckler rWeltliteratur, München.
(Pour lire toutes les paroles, voir: http:ilwww.frmusique.rultexts/j/
Les Contes de Grimm (199 5\, traduit de P oh adky bratri Grimmu (19 9 5), Brio,
j ambel_lisette/petitchaperonrouge.hrm ) Prague.
3. Lecture des versions modernes du conte pour découvrir les tour- Catherine ORsNstErN (2003), Caperucita al desnudo, Critica, Barcelona.
nures modernes et le registre de la langue enfantine propres Charles PnrReurr (1967), Contes, textes établis par G. Rouger, Éditio.rs
aux diffé-
rentes cultures. Garnier Fréres, Paris.
4, P. Enuv (2003), Sur les traces du Petit Cbaperon Rouge: wn itinéraire dans la
Fahe une comparaison entre les titres des contes de perrault
qui figuraient dans la version d.e 1697 et ceux qui apparurent for ét, L'Harmattan, Paris.
dans la H. E. KürupronN, 2000, Rotkrippchen und die \X/ólfe, Shaker Verlag, Aachen.
94 ENSEIGNEB LE FLE
3 L'APPROCHE INTEBCULTURELLE S5
M, I ,r rrrs (2003), L1992,1' éd.1, La béte du Géuawdan, paris, perrin,
colrection Activité l.Fiche Le Petit Chaperon Rauge
'l'crnpr.rs. 1

M. 's.rrr,rrNo, 1968, Les contes de perrawlt, Étwde critique, Thése de Doctorat,


université de Paris, Faculté des Lettres et des sciences Humaines, Gallimard, Le Petit Chaperon Rouge par Charles Perrault
Paris.
E. \ü/orrnarr, 19L2, Psychologie in Miirchengestalt: Dornróschen, petite fille de Village, la plus jolie qu'on eüt su voir;
Schneetuittchen, Rotkiippchen, Hans im 1u I était une fois une
Glück,M. Altmann, Leipzig.
ffi sa mére en était folle, et sa mére-grand plus folle encore' Cette bonne
"iW,.temme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien, que
partout on l'appelait le Petit Chaperon rouge.
Un jour, sa mére, ayant cuit et fait des galettes, lui dit: Va voir comme se
porte ta mére-grand, car on m'a dit qu'elle était malade. Porte-lui une galette
et ce petit pot de beurre.
Le Petit Chaperon rouge partit aussitÓt pour aller chez sa mére-grand,
qui demeurait dans un autre Village. En passant dans un bois elle rencontra
compére le Loup, qui eut bien envie de la manger; mais il n'osa, á cause de
quelques Bücherons qui étaient dans la Forét. ll lui demanda oü elle allait;
la pauvre enfant, qui ne savait pas qu'il est dangereux de s'arréter á écouter
un Loup, lui dit: Je vais voir ma Mére-grand, et lui porter une galette, avec
un petit pot de beurre, que ma Mére lui envoie. Demeure-t-elle bien loin ? lui
dit le Loup.
Oh! oui, dit le Petit Chaperon rouge, c'est par-delá le moulin que vous
voyez tout lá-bas, á la premiére maison du Village.
Eh bien, dit le Loup, je veux l'aller voir aussi ; je m'y en vais par ce che-
min-ci, et toi par ce chemin-lá, et nous verrons qui plus tÓt y sera. Le loup se
mit á courir de toute sa force par le chemin qui était le plus court, et la petite
fille s'en alla par le chemin le plus long, s'amusant á cueillir des noisettes, á
courir aprés des papillons, et á faire des bouquets des petites fleurs qu'elle
rencontrait.
Le loup ne fut pas longtemps á arriver á la maison de la Mére-grand; il
heurte: Toc, toc. Qui est lá? C'est votre fille le Petit Chaperon rouge (dit le
Loup, en contrefaisant sa voix) qui vous appofte une galette et un petit pot
de beurre que ma Mére vous envoie. La bonne Mére-grand, qui était dans
son lit á cause qu'elle se trouva¡t un peu mal, lui cria: Tire la chevillette, la
bobinette cherra. Le Loup tira la chevillette et la porte s'ouvrit. ll se jeta sur
la bonne femme, et la dévora en moins de rien; car il y avait plus de trois
jours qu'il n'avait mangé. Ensuite il ferma la porte, et s'alla coucher dans le lit
de la Mére-grand, en attendant le Petit Chaperon rouge, qui quelque temps
aprés vint heurter á la porte. Toc, toc.

96 ENSEIGNER LE FLE
3 L'APPBOCHE INTERCULTURELLE 97
Qui est lá? Le petit Chaperon rouge, qui entendit la grosse
voix du Loup Le Petit Chaperon Rouge
eut peur d'abord, mais croyant que sa Mére_grand Activité1.Fiche2
était enrhumée, répon_
dit: c'est votre fiile re petit chaperon rouge, qui vous
apporte une garette Le Petit Chaperon Rouge par Ies Fréres Grimm
et un pet¡t pot de beurre que ma Mére vous envoie. Le
Loup lui cria en (traduit de l'allemand)
adoucissant un peu sa voix: Tire ra cheviilette, ra bobinette
cherra. Le petit
Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s,ouvrit.
I était une fois une adorable petite fille que tout le monde aimait rien
Le Loup, ra voyant entrer, rui dit en se cachant
dans re rit sous ra couver- qu'á la voir, et plus que tous, sa grand-mére, qui ne savait que faire ni
ture: Mets la galette et le petit pot de beurre sur la huche, I que donner comme cadeaux á I'enfant. Une fois, elle lui donna un petit
et viens te coucher
avec moi. Le Petit chaperon rouge se déshabille,
et va se mettre dans le lit, chaperon de velours rouge et la fillette le trouva si joli, il lui allait si bien,
oü eile fut bien étonnée de voir comment sa Mére-grand
était faite en son qu'elle ne voulut plus porler autre chose et qu'on ne l'appela plus que le
déshabillé.
Petit Chaperon rouge.
Elle lui dit; Ma mére-grand, que vous avez de grands
bras? C,est pour Un jour, sa mére lui dit:
mieux t'embrasser, ma fille.
- Tiens, Petit chaperon rouge, voici un morceau de galette et une bouteille
Ma mére-grand, que vous avez de grandes jambes?
C,est pour mieux de vin : tu iras les porter á ta grand-mére; elle est malade et affaiblie, et elle
courir, mon enfant. Ma mére-grand, que vous avez
de grandes oreilles? va bien se régaler. Fais vite, avant qu'il fasse trop chaud. Et sois bien sage
C'est pour mieux écouter, mon enfant. Ma mére-grand, que
vous avez de en chemin, et ne va pas sauter de droite et de gauche, pour aller tomber et
grands yeux ? C'est pour mieux voir, mon
enfant. Ma mére_grand, que vous me casser la bouteille de grand-mére, qui n'aurait plus rien. Et puis, dis bien
avez de grandes dents. C,est pour te manger.
bonjour en entrant et ne regarde pas d'abord dans tous les coins'
Et en disant ces mots, ce méchant Loup se jeta
sur le petit Chaperon - Je serai sage et je ferai tout pour le mieux, promit le Petit chaperon rouge
rouge, et la mangea.
á sa mére, avant de lui dire au revoir et de partir.
Mais la grand-mére habitait á une bonne demi-heure du village, tout
Moralité
lá-bas, dans la forét; et lorsque le Petit chaperon rouge entra dans la forét,
On voit ici que de jeunes enfants,
ce fut pour rencontrer le loup. Mais elle ne savait pas que c'était une si
Surlout de jeunes filles
méchante béte et elle n'avait pas peur.
Belles, bien faites, et gentilles,
- Bonjour, Petit Chaperon rouge, dit le loup.
Font trés mal d'écouter toute sorte de gens,
- Merci á toi, et bonjour aussi, louP.
Et que ce n'est pas chose étrange,
- Oü vas-tu de si bonne heure, Petit Chaperon rouge?
S'il en est tant que le Loup mange.
- Chez grand-mére.
Je dis le Loup, car tous les Loups
- Que portes-tu sous ton tablier, dis-moi ?
Ne sont pas de la méme sorle;
- De la galette et du vin, dit le Petit chaperon rouge; nous I'avons cuite hier
ll en est d'une humeur accorte,
et je vais en porter á grand-mére, parce qu'elle est malade et que cela lui
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
fera du bien.
Qui privés, complaisants et doux,
- Oü habite{-elle, ta grand-mére, Petit Chaperon rouge? demanda le loup'
Suivent les jeunes Demoiselles
- Plus loin dans la forét, á un quart d'heure d'ici ; c'est sous les trois grands
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles;
ch6nes, et juste en dessous, il y a des noisetiers, tu reconnaitras forcément,
Mais hélas I qui ne sait que ces Loups doucereux,
dit le Petit Chaperon rouge.
De tous les Loups sont les plus dangereux.
Fort de ce renseignement, le loup pensa: "Un fameux régal, cette
mignonne et tendre jeunesse ! Grasse chére, que j'en ferai : meilleure encore

98 ENSEIGNER LE FLE
3. L'APPBOCHE INTEBCULTURELLE 99
que la grand-mére, que je vais engloutir aussi. Mais
attention, il faut étre - Comme tu as de grandes oreilles, grand-mére !

malin si tu veux les déguster l,une et l,autre.


"
Telles étaient res pensées du roup tandis qu'ir faisait un bout
- C'est pour mieux t'entendre.
de conduite - Comme tu as de gros yeux, grand-mére!
au Petit Chaperon rouge. puis il dit, tout en marchant:
- C'est pour mieux te voir, répondit-elle.
- Toutes ces jories freurs dans re sous-bois, comment se fait-ir que tu ne res
regardes méme pas, petit Chaperon rouge ? Et les oiseaux,
- Comme tu as de grandes mains !

on dirait que tu - C'est pour mieux te prendre, répondit-elle.


ne les entends pas chanter! Tu marches droit devant toi comme
á l'école, alors que la forét est si jolie I
si tu allais - Oh I Grand-mére, quelle grande bouche et quelles terribles dents tu as !

Le Petit chaperon rouge donna un coup d,eil alentour


- C'est pour mieux te manger, dit le loup, qui fit un bond hors du lit et avala
et vit danser les le pauvre Petit Chaperon rouge d'un seul coup.
rayons du soleil á travers les arbres, et puis partout, partout
des fleurs qui sa voracité satisfaite, le loup retourna se coucher dans le lit et s'endor-
brillaient. "si j'en faísais un bouquet pour grand-mére, se
dit-e[e, cera rui mit bientót, ronflant de plus en plus fort. Le chasseur, qui passait devant la
ferait plaisir aussi. ll est tót et j,ai bien le temps d,en cueillir.,
maison l,entendit et pensa: "Qu',a donc la vieille femme á ronfler si fort? ll
Sans attendre, eile quitta re chemin pour entrer dans re sous-bois
et faut que tu entres et que tu voies si elle a quelque chose qui ne va pas' » ll
cueillir des fleurs; une ici, l,autre lá, mais la plus belle était toujours
un peu entra donc et, s'approchant du lit, vit le loup qui dormait lá.
plus loin, et encore plus loin dans l,intérieur de la
forét.
Le loup, pendant ce temps, courait tout droit á la maison
- C'est ici que !e te trouve, vieille canaille ! dit le chasseur. ll y a un moment
de la grand_ que je te cherche...
mére et frappait á sa porte.
Et il allait épauler son fusil, quand, tout á coup, l'idée lui vint que le loup
- Qui est lá? cria la grand-mére. avait peut-étre mangé la grand-mére et qu'il pouvait étre encore temps de
- C'est moi, le Petit Chaperon rouge, dit le loup;je t,appode de la galette
la sauver. ll posa son fusil, prit des ciseaux et se mit á tailler le ventre du
et du vin. ouvre-moi
loup endormi. Au deuxiéme ou au troisiéme coup de ciseaux, il vit le rouge
!

- Tu n'as qu'á tirer re roquet, cria ra grand-mére. Je suis trop faibre


et ne chaperon qui luisait. Deux ou trois coups de ciseaux encore, et la fillette
peux me lever. Le Loup tira re roquet, poussa ra porte
et entra pour s,avan- sortait du loup en s'écriant:
cer tout droit, sans dire un mot, jusqu,au lit de la grand_mére, qu,il
mit ensuite sa chemise, s'enfouit ra téte sous son bonnet de
avala. ll - Ah I Comme j'ai eu peur ! Comme il faisait noir dans le ventre du loup !
denteile, et se Et bientót aprés, sortait aussi la vieille grand-mére, mais c'était á peine
coucha dans son lit, puis tira les rideaux de l,alcóve.
si elle pouvait encore respirer. Le Petit chaperon rouge se háta de chercher
Le Petit Chaperon rouge avait couru de fleur en fleur, mais présent
á de grosses pierres, qu'ils fourrérent dans le ventre du loup. Quand celui-ci
son bouquet était si gros que c'était tout juste si eile pouvait re porter.
Alors se réveilla, il voulut bondir, mais les pierres pesaient si lourd qu'il s'affala et
elle se souvint de sa grand-mére et se remit bien vite en chemin pour
arriver resta mort sur le couP.
chez elle. La porte était ouverte et cela l,étonna.
Tous les trois étaient bien contents: le chasseur prit la peau du loup et
Mais quand eile fut dans ra chambre, tout rui parut de prus
en prus bizarre rentra chez lui; la grand-mére mangea la galette et but le vin que le Petit
et elle se dit: Mon dieu, comme tout est étrange aujourd,hui
" I D,habitude, chaperon rouge lui avait apportés, se retrouvant bientÓt á son aise. Mais
je suis si heureuse quand je suis chez grand_mére
!, pour ce qui est du Petit chaperon elle se jura: " Jamais plus de ta vie tu ne
Elle salua pourtant:
quitteras le chemin pour courir dans les bois, quand ta mére te l'a défendu. "
- Bonjour, grand-mére!
Mais comme personne ne répondait, eile s'avanga jusqu'au
rit et écarta
les rideaux.
La grand-mére y était couchée, avec son bonnet qui lui
cachait presque
toute la figure, et elle avait l,air si étrange.

l()() ENSEIGNEB LE FLE


3. L'APPROCHE INTERCULTURELLE 101
Activité1.Fiche3 Le Petit Rouge Parallélement, les contes témoignent aussi de l'idéologie et des meurs
d,une époque. Quand Perrault publia ses contes en 1697, il existait déjá
Fiche d,information (pour lnenseignant) de nombreuses variantes qui l'obligérent á effectuer des choix. En ce qui
sur Le petit Chaperon rouge concerne le Petit chaperon rouge,les différentes versions remontent au
.@' L'empreinte culturelle des contes
haut Moyen Age. Dans l'une d'elle, le loup fait manger de Ia chair de la
grand-mére au Petit chaperon rouge. Perrault ne reprit pas cette version du
c'est Perrault qui donna naissance á la littérature écrite des contes, dont
conte. La fin aurait été ressentie comme trop atroce par des enfants vivant
la grande majorité avait été transmise oralement. Avant perrault, de nom- qu'il écarta
á son époque. c,est également pour des raisons de bienséance,
breux contes étaient déjá connus en France et répandus dans Les confes
la version cannibale. Les contes se situent toujours dans un univers culturel
de ma mére L'oye, mais on res connaissait aussi en ltarie, en chine et dans
dans lequel connaissances et croyances entretiennent certains rapports.
quelques pays africains. Les chercheurs ont longtemps pensé que
les contes
Perrault préféra ne pas aller á l'opposé du goüt, des préjugés et des idées
étaient originaires de l'lnde et qu'ils furent introduits en Europe occidentale
morales des hommes de son temps: il modifia ou supprima des passages
au Moyen Age, mais des études récentes situent lorigine des contes dans
trop cruels, irrationnels voire choquants. c'est également pour des raisons
I'Antiquité, particullérement dans l'ancienne Égypte. Les thémes abordés
d,inadaptation que Perrault ne retint pas la version alsacienne du conte
évoquaient la survivance de rites anciens disparus, tels les rites saison-
niers, rites initiatiques, etc. L'évolution thématique des différentes variantes
dans lequel le loup meurt et les personnages sont sauvés. une fin heureuse
aurait rendu impossible la moralité de l'histoire, indispensable aux
«contes
des contes témoigne de l'évolution des meurs, des coutumes, des besoins
et des croyances, mais beaucoup de contes ont aussi été remaniés en d'avertissemg¡1, (ils * avertissaient " les enfants des dangers du monde) que
fonction des considérations artistiques des différentes époques. D,autres, Perrault destinait aux enfants et dans lesquels la vertu est récompensée et
qui reprennent des motifs pai'ens, soulignent, en revanche, la résistance le vice puni. cette suppression révéle le renoncement explicite de l'écrivain
de
certaines coutumes populaires malgré la victoire du christianisme. aux contes merveilleux et surréalistes qui, á son époque, étaient considérés
comme révolus et de plus réprouvés par l'Église, trés attentive aux écrits
td L'empreinte sociale des contes des savants et aux autres hommes de lettres. Perrault, comme beaucoup
Les contes sont le témoignage de ra vie sociare d'une époque. ils jouaient d,autres, écrivit en respectant les idées de son siécle, qu'elles concernent
un trés grand róle dans ra vie quotidienne de ra popuration des campagnes. la science, la religion, la connaissance ou les traditions et le folklore.
lls accompagnaient les travaux, les veillées, servaient de reconnaissance
identitaire entre les gens d'une méme communauté. Les paysans, s,irs st La culture littéraire pour enfants
étaient analphabétes, n'étaient pas incultes pour autant. lls se cultivaient La littérature pour enfants n'existait pas sous l'Ancien Régime. Des auteurs
au contact des classes sociales supérieures et gráce á la littérature de ont, ceries, écrit pour des enfants de noble naissance, mais, á cette époque,
colportage. Vivant dans un monde méconnu et sous la domination des ces derniers étaient considérés comme des adultes. En fait, une forme de
classes privilégiées, ils manifestaient leurs croyances, leurs superstitions, littérature destinée aux adultes plaisait aux enfants, les romans épiques.
leurs coutumes á travers le folklore: fétes, chansons, cérémonies, contes...
cependant, il existait aussi des contes pour enfants sous la forme de contes
Aujourd'hui, nous n'interprétons pas les contes de la méme maniére que d,animaux, de *contes d'avedissement" et des fables. Les contes de voie
nos ancétres au xvil" siécle: les contes étaient anxiogénes, Ia manifestation
orale étaient destinés aux adultes. c'est en fait l'ignorance des enfants et
du merveilleux n'avait alors aucune explication rationnelle et scientifique,
la crédulité des paysans qui firent que les contes du folklore servirent de
comme le démontrent aujourd,hui les recherches en psychologie de
bases éducatives pour les deux publics. En tout cas, c'est l'accession des
l'enfance. Perrault nous livra aussi des témoignages de son époque en
Gontes au statut de produit éducatif qui fit Ie succés populaire des contes
faisant figurer dans ses Contes la Cour, la ville et la campagne.
de Perrault, lorsque ces derniers cessérent d'étre lus á la Cour'

102 ENSE¡GNER LE FLE


3,I'APPBOCHEINTEBCULTUBELLE'I03
@ L'empreinte culturelle de la langue A ces changements syntaxiques vinrent aussi s'ajouter des changements
Les contes de Perrault donnérent lieu á de nombreuses traductions:
en 1729, de registre. Aujourd'hui, qu'il s'agisse des versions frangaises ou des
une édition anglaise
"Histories, or Tales of past rimes,; en 174s, une pre* versions étrangéres, l'écriture est adaptée á de jeunes lecteurs, ce qui trahit
miére édition allemande ; en 1z 47 , une édition bilingue franco-hollandaise parfois le sens original du texte. Néanmoins, les expressions et tournures
;
en 1768' une édition russe; en 17g4, une édition américaine; en '1g24,
une dans certains contes d'origine trés ancienne ont été maintenues pour leur
édition espagnole... Certaines ont connu une plus grande popularité que caractére ludique, donnant ainsi lieu á des comptines ou des chansons
d'autres. c'est re cas du
"petit chaperon rou§€» des Fréres Grimm (1 g12), qui existent encore de nos jours. Le lexique utilisé offre également de
la version la plus répandue dans le monde. La traduction des contes
en nombreux renseignements sur la culture anthropologique de l'époque
différentes langues est intéressante dans une approche pédagogique, parce et notamment sur une culture en particulier. Cela est manifeste dans les
qu'elle fait ressortir l'empreinte culturelle de la culture qui traductions des contes que les cultures étrangéres adaptérent á leur aire
traduit. En effet,
la langue révéle une adaptation intentionneile du rexique et des culturelle.
expressions
langagiéres. Tout comme perrault
"littérarisa, les contes de voie orale en
les adaptant á la rangue et ra curture de son époque, res curtures '.il De Perrault á Grimm
étrangéres
adaptérent elles aussi les contes á leur propre culture. Elles le firent
au moyen Les Contes de Perrault renferment des traits spécifiques du génie popu-
de la traduction, mais aussi en y ajoutant res variantes de contes
spécifiques laire franqais dans lesquels l'auteur atténue le merveilleux, fait disparaitre
de leur aire culturelle. La lecture d'un ensemble de contes étrangers peut,
les étres fantastiques, Ies lutins et les magiciens qui peuplent les foréts.
par conséquent, révérer des différences sur re pran rexicar,
morphorogique Perrault humanise les personnages dans le but d'adoucir leur caractére.
et thématique. certains passages sont effacés au profit d'autres, d,autres
Corollairement, l'écrivain évite toute extravagance dans sa verve faisant
ont été rajoutés. Ainsi, les modifications nous transmettent des informations
preuve d'un esprit cartésien. En revanche, les contes de Grimm sont carac-
culturelles intéressantes sur la culture étrangére.
térisés par la présence du merveilleux et d'éléments surnaturels qui témoi-
qi' Les différentes gnent des sphéres culturelles dont les contes, les légendes et les récits
versions des contes de perrault
facétieux sont issus.
Les contes de Perrault subirent plusieurs transformations selon les
époques. En effet, la publication des Contes s'inscrivit dans un contexte de
Dans cendrillon, par exemple, perrault parle d'une pantoufre de .
verre,. ce recherches plus ou moins érudites sur la littérature germanique ancienne. Au
matériau plutót fragire, fut jugé par Honoré de Barzac et par Littré comme début du xrx" siécle, la Prusse se dressa contre l'occupation frangaise. Elle
trop invraisemblable. lls prirent alors la décision de remplacer le mot par se replia sur elle-méme, fut animée par une prise de conscience nationale et
«va¡r», fourrure de zibeline souple et rare, utilisée par
les nobles. Le mot se mit en quéte de son passé. cette recherche identitaire fut théorisée par la
«verre» tomba en désuétude et fut peu á peu rempracé par *vair,
que l,on littérature romantique. Ce contexte national, voire nationaliste, fut essentiel
trouve dans maintes versions"
dans la démarche des Fréres Grimm. lls aspiraient á la reconstitution de
Les différentes versions frangaises et étrangéres nous renseignent l'ancienne Germanie avec sa langue, sa religion, ses traditions mythiques et
également sur l'importance de ra littérature orale. Beaucoup de héroques, ses lois et ses coutumes et tentérent de relier le passé au pré-
contes
donnent des indications sur la fagon dont le conte doit étre Iu. A l,orígine,
les sent. Certains contes furent méme rédigés en dialecte. Par conséquent, les
contes écrits étaient destinés á la lecture á voix haute. petit á petit, quand personnages des contes de Grimm avaient pour la plupart connu un culte
la lecture silencieuse supplanta la lecture oralisée, toutes les didascalies
ou une réalité dans l'ancienne religion germano*scandinave' Ce fut une des
furent supprimées, de méme que les interjections et les onomatopées. raisons maieures pour laquelle les Fréres Grimm, dés la seconde édition de
Parfois, méme les formes rittéraires furent rempracées par des expressions
leurs Contes, supprimérent les contes d'origine étrangére ou franqaise, tels
mieux adaptées á la rangue orare, ce qui continua á modifier re récit
originar. Le Chat botté ou Cendrillon.

104 ENSEIGNER LE FLE 3- L'APPROCHE INTERCULTURELLE 105


Les Fréres Grimm remaniérent res contes dés ra seconde édition
sur re Le mécanisme de la serrure fut également remplacé par des expressions
plan stylistique. lls s'efforcérent de garder les spécificités la cordelette, le
de Ia rangue orare plus simples: *Tire la bobinette, le loquet tombera", "Tire
et de la lecture á voix haute en ajoutant des dictons, des idiotismes propres
loquet se lévera,. Parfois, la pode est déjá ouverte, et la question/réponse
aux jargons de certains métiers, des onomatopées. A partir de á l,ouverture de la porte est donc supedlue... Les versions étrangéres sim-
1g37, ils
ajoutérent des réfrexions de prus en prus morares dans un dessein plifiérent aussi cette formule pour les enfants.
d,édu-
cation nationaliste, ce qui correspondait aux préoccupations moralisantes Les versions pour enfants mélangent fréquemment le conte franEais et
de leur époque, le Biedermeier. Les auteurs supprimérent, par conséquent, le conte allemand. Dans une version moderne de Grimm, l'enfant apporte
des passages jugés trop violents pour les enfants. du vin et une galette á la grand-mére. on retrouve également la traduction
de * cuire , au sens transitif * Nous l'[la galette] avons cuite hier
", alors qu'en
verbe est intransitif comme dans le conte de Perrault. En outre,
O La langue de perrault allemand le
les versions récentes, congues pour les enfants, ressemblent de moins en
Les confes firent circuler beaucoup d'expressions á travers les
áges que moins aux versions littéraires. comme á l'époque reculée, oü les contes
l'on redécouvre aujourd'hui dans ra langue orare, res bandes dessinées,
étaient oralisés, la langue emploie de plus en plus de tournures orales et
les répliques qui soulignent un trait d'humour. c,est le cas de *Anne,
ma modernes mélangées á la langue littéraire. Le chasseur, par exemple, traite
seurAnne, ne vois_tu rien venir" (Barbe_Bleue) reprise pfus d,une fois
dans le loup de * vieille canaille, dans une des variantes qui ont succédé au conte
" Astérix chez Rahazafl s " (1 987).
de Grimm.
Dans Le Petit chaperon rouge, ra formurette *re petit pot
de beurre,
donna lieu á un virerangue que lon trouve au xrx" siécre, peut-étre
méme prus @ Les versions frangaise et allemande
tót (voir ci-dessus:
" Déroulement de l'activité,,). on trouve aussi des traces
de l'expression "Tire la chevillette et la bobinette cherra,, notamment
Le Petit chaperon rouge des Fréres Grimm est proche de la version tra-
dans duite par L. Tieck en 1800. ce conte ne fait pas partie de la tradition orale
une chanson: Le Petit chaperon rouge, trottinait dans les grands
bois... allemande. ll a été transmis aux Fréres Grimm par Marie Hasenflug dont
(Voir ci-dessus: « Déroulement de f,activité").
le pére était président du conseil de la Hesse et la mére originaire d'une
Le vocabulaire dans re petit chaperon rouge refréte lusage
de ra rangue famille huguenote. Marie Hasenflug fut élevée dans l'esprit franEais. ce
des différentes époques. Les éditeurs ont progressivement procédé
á des conte aurait donc dC¡ également étre supprimé dans la seconde version des
interventions linguistiques pour faire disparaitre certains mots ou
certaines contes de Grimm, mais ce ne fut pas le cas. Les Grimm ont gardé la version
tournures, jugés obsolétes ou incompréhensibles. Des recherches
menées au dénouement heureux, car il s'agissait, á la fois, de la verslon alsacienne
dans la collection rdéar de chez Hachette autour des années 1960
ont du conte frangais et d'une «contamination» du conte allemand Le loup et
dévoilé plus de cent artérations de toutes sortes. c'est ainsi que und die sieben iungen GeiBlein)'
r,énoncé les chevreaux (Der Wotf
de Perrault; "Sa mére ayant cuit et fait des garettes, est peu á peu
devenu
"sa mére ayant fait et cuit des garettes,, ou prus simprement *sa mére
S Le loup
ayant cuit des galettes,> olr encore
"sa mére ayant fait des garettes,. La chez Perrault, la figure du loup posséde une double signification sym-
disparition du sens intransitif de * cuire, anéantit I,information cultureile qui
bolique. Dans sa «moralité', l'auteur le compare á un homme' L'allusion
renseigne sur le fait que le jour de la semaine destiné á la fabrication
et á la métaphorique á la sexualité est évidente, particuliérement quand la fillette
cuisson du pain, était aussi cerui oü r'on faisait de ra pátisserie, pour
éviter va se coucher auprés du loup. Dans le conte de Grimm, le loup est l'ani-
de préparer et de chauffer re four une seconde fois. ce jour était un jour mal qui fut considéré pendant des siécles comme un mangeur d'homme'
particulier qui permettait de manger un peu mreux qu'á
r'ordinaire et d,en ce n,est pas un hasard si la mére met en garde l'enfant contre les dan-
faire profiter plusieurs personnes.
gers de la forét. Des recherches historiques ont d'ailleurs révélé que la

106 ENSEIGNEB LE FLE 3 L'APPROCHE INTERCULTURELLE 107


chasse au loup était chose courante dans les foréts allemandes, alors Chez Perrault, le Petit Chaperon rouge désigne la bande d'étoffe servant
qu'elle fut longtemps un privilége aristocratique en France. En outre,
ra de coiffure aux femmes, mais les analystes ont fourni un trés grand nombre
peur du loup est un phénoméne trés franqais. Aucun autre pays
du monde d'interprétations.
ne considéra cet animal comme dangereux pour I'homme. Les loups,
á
l'époque préhistorique, s,approchaient des tribus pour s,emparer des S La galette et le beurre
déchets alimentaires. Dans leur quéte de nourriture, les lndiens d,Amé-
Les présents, chez Perrault, consistent en une galette et du beurre. La
rique du Nord considéraient le loup comme un concurrent et le surnom- galette, vraisemblablement une galette des rois faite le jour oü le pain a été
maient "Frére Loup". Dans I'histoire de l,Amérique, on ne recense que
cuit, est, selon l'usage, partagée en famille le jour de l'Épiphanie. La féve
deux hommes tués par des loups, mais dans les deux cas, r,animal était porte-bonheur a engendré plusieurs expressions renvoyant á l'argent et á la
enragé. En Europe, au Moyen Age, Ies guerres, les famines, la peste noire,
fortune. Dans la version allemande, la fillette apporte du gáteau et du vin (la
firent des millions de victimes. Les morts restaient sans sépulture et les coutume de l'Épiphanie n'existe pas en Allemagne). En France, le vin était
loups devinrent arors nécrophages. L'inquisition, re pouvoir monarchique,
une boisson courante chez les paysans. En Allemagne, cette boisson n'est
les coutumes paiennes et ra narVeté du peupre des campagnes engen- pas consommée comme dans les pays méridionaux. Elle est plutÓt consi-
drérent l'idée selon raquelle re loup était Iincarnation du mal. Les bergéres dérée comme une boisson revigorante, voire médicinale.
n'avaient pas peur de cet animal qu'elles chassaient á coups de báton.
cependant, l'obscurantisme répandit l'idée d'aprés laquelle ll existait, á 4» Le chasseur et le loup
cóté du loup craintif, un autre animal, dévoreur d'hommes. Les nobles se
Chez les Fréres Grimm, le chasseur est un personnage connu, sympathique
gaussaient des croyances paysannes et entreünrent la croyance
du *loup et familier. ll était courant de rencontrer des chasseurs et des gardes fores-
carnassier", sachant trés bien que le loup n'attaquait pas l,homme. Le tiers dans la forét, tout comme aujourd'hui. Le personnage du loup est tel
loup craint l'odeur de |homme et ne s'attaque á rui que s,ir est mourant, que I'on peut se le représenter dans un conte pour enfant: il porte une che-
ivre ou inconscient. En bref, les contes accréditérent l,image du loup
tueur, mise de nuit et il n'a rien d'effrayant. De méme que le rideau du llt représente
mangeur d'hommes...
une curiosité pour les enfants. En le tirant, la fillette a moins peur.

{F Le nom petit Chaperon rouge»


" @ La serrure
Le nom a donné lieu á prusieurs significations. La prus courante dans ra
La serrure de la porte est une énigme pour les lecteurs allemands. La
version des Grimm est celle qui a pour origine un rituer de mai, le chaperon
chevillette et la bobinette sont des termes issus de la tradition orale que
de fleurs représentant arors ra couronne de mai. ce jour-rá, Ia fiilette
apporle Perrault a intentionnellement gardés. A l'époque de l'écrivain, ces termes
du vin á sa grand-mére et doit étre attentive en chemin, autant de rituers
rap- étaient une forme dialectale. Aujourd'hui " bobinette " fait encore partie du
pelés dans le conte á travers Ia présence de cadeaux et la mise
en garde de dialecte picard et angevin; elle sert á fermer des portes de bois, comme
la mére: au début du mois de mai, res bois étaient hantés par des mauvais fait aujourd'hui partie du franqais stan-
celles des granges. "Chevillette,,
esprits et par des animaux redoutables. Le « petit chaperon [ouge » désigne dard. Des experts ont essayé d'expliquer le mécanisme de l'ouverture de
également la nouveile année qui est symborisée par ra renaissance de ra la porte, mais leurs explications ne sont pas vraiment de nature á "éclai-
fillette á la fin du conte. Dans une seconde version, le *méchant,, est puni rer la lanterne" des apprenants étrangers: "Un morceau de bois rond
une seconde fois; lors d'une visite ultérieure, la fillette n,écoute pas le loup (bobinette), engagé á l'intérieur dans une cavité du jambage, tient lieu de
et va directement chez sa grand-mére qui, gráce á une ruse, améne le roup verrou. A cette " bobinette " est attachée une petite corde qui passe par un
á tomber dans une marmite preine d'eau, arors qu'ir vourait pénétrer trou de la porte et pend au-dehors, munie á son extrémité d'une " cheville "
dans ra
maison par la cheminée. formant poignée. On tire la " chevillette ", la " bobinette » glisse et tombe, la

I08 ENSEIGNEB LE FLE 3. L'APPBOCHE INTERCULTURELLE 109


poñe s'ouvre. (M. soriano, 196g, Les contes de perrault,
" Étude critique, & Les versions étrangéres
Gallimard.)
Elles sont trés vastes et présentent aussi des différences non négligeables.

S . Dans un conte allemand de 1905, une vieille femme habite la forét avec
Le contenu des versions frangaises
sa fille, mariée au fils du garde forestier. Alors qu'elle voulait rentrer chez
certaines versions reprennent le conte issu de la tradition orale que perrault
elle, la fille est dévorée par le loup qui lui ouvre la porte. Elle sera sauvée par
n'a pas retenue, d'autres sont un mélange du conte oralisé et écrit,
d,autres son mari.
encore, plus contemporaines, sont de véritables créations, tant par Ie . Dans des variantes portugaises et italiennes, le loup est un ogre qui
contenu thématique que lingulstique.
a pris l'apparence du Petit Chaperon Rouge et qui dévore la grand-mére.
ll existe, par exemple, une version orale plus ancienne que celle de
L'enfant est soit une fille, soit un garQon.
Perrault qui a été transcrite vers 1g7g en Bretagne. il s,agit d,une
version ¡ Dans Cappucceto rosso (ltalie), le loup dit á la petite fille d'aller ramas-
qui reprend le théme trés ancien du cannibarisme. Dans ce récit,
res os de ser des pommes. Le loup mange la grand-mére, puis l'enfant, avant d'étre
la grand-mére servent de bois de chauffage dans ra cheminée
et ra petite décapité par un chasseur.
fille boit le sang et mange ra chair de ra grand-mére posée sur une
huche, . Dans une autre version italienne, le loup fait manger les dents de la
avant de se faire dévorer par le loup. Dans une autre variante bretonne,
le grand-mére au Petit Chaperon rouge qu'il fait passer pour des grains de riz.
loup est mis á mort par des gens de passage que ra fiilette avait interpeilés
lci, la mention du riz pourrait avoir pour origine une habitude alimentaire de
pour Iui venir en aide. on trouve de nombreuses versions de
ce conte dans la région. La grand-mére est parfois le dévoreur. A la place du loup ou loup-
la tradition bretonne.
garou nous trouvons aussi, un homme sauvage, un homme des bois, une
En 1880, une autre variante frangaise, Le petit Chaperon d,or, propose
vieille femme...
une version fantastique du conte: alors que la grand-mére est partie .
vendre En Roumanie, c'est un petit garqon qui va voir son grand-pére, mais
des herbes á la ville, la fillette est confrontée au loup dans la maison
de la dans la majorité des contes, c'est une petite fille qui porte le nom de " Petit
vieille dame. Elle porte un capuchon magique sur ra téte auquer
re roup se Chaperon rouge», mais on observe aussi d'autres prénoms: Jeannette,
brüle, au moment oü il veut dévorer l,enfant.
Blanchette, Fillon-fillette, une petite fille...
Une version de ra région de |rndre vers 1gg3 rerate que Ia fiilette mange r Dans la plupart des variantes contemporaines du conte de Grimm, le
de la chair de la grand-mére sans le savoir (comme dans la version bretonne)
loup a la téte coupée par un chasseur ou est tué d'un coup de fusil pendant
et entend une voie mystérieuse qui rui souffre: *Tu manges de ma titine (=
son sommeil avant d'avoir le ventre ouvert. Quelquefois, le loup "éclate"
la tétine de ma mamelle), ma fille, tu bols de mon sang, mon
enfant., pour avoir trop mangé de fruits (figues) en plus des deux femmes.
Parfois, ce sont des animaux famiriers qui viennent prévenir |enfant: . Les questions que pose la fillette sur la physionomie de la grand-mére
chat, oiseau, chien, coq, rouge-gorge, lapin, renard. ll existe une version
suivent des canevas différents: questions sur les poils aux jambes ou au
dans laquelle un lapin, un renard et un chien rencontrent la fillette dans
la corps, sur le nez, la langue, la voix rauque. Dans ce dernier cas, la raison
forét et lui demandent un morceau de páté.
évoquée par le loup est celle de l'áge avancé de la grand-mére.
Dans quelques versions, res chemins que re roup et lenfant prennent, . Les dons apportés par la fillette varient eux aussi.
portent des noms: chemin des pierrettes et des épinglettes
au pays d,Oc, - Versions franqaises: tarle; pain, gáteau, raisin, pomme; pain et lait, beurre
chemin des ronces et des pierres au Tyrol. ce choix constitue une
sorte de et fromage.
jeu pour les enfants qui sont invités á expriquer reur préférence ne sont pas mentionnés,
pour Iun - Versions allemandes: quand le vin et le gáteau il
des deux chemins. Dans les versions écrites dans lesquelles les indications s'agit de «vivres», sans aucune autre précision.
pour la lecture oralisée ont été supprimées, Ie nom des
chemins n,a pas été - Versions baltes: baies de la forét.
repris.
- Versions italiennes: biére, eufs, compote de fruits, beurre, beignets.

1 I() ENSEIGNER LE FLE


3. L'APPROCHE INTERCULTURELLE 11 1
o Les différentes versions du petit chaperon rouge ont donné
á des opéras, des comédies musicares, des scénes de cabaret,
naissance
EfffifiI f << (Jne transaction commerciale
un firm des
Monty Python, des publicités... En Allemagne, il existe une version
écolo- dans une pharmacie frangaise et allefftdnde»»:
gique dans laquelle le loup, animal protégé, a la vie sauve. plusieurs
sonnes se sont lancées dans des parodies, mais aussi dans Ia création
per_ comparaison de dialogues intraculturels
de
divers styles d'écriture (á ra maniére de Raymond eueneau). on trouve
re
Petit chaperon rouge écrit dans Ia rangue de spécialité d,un chimrste,
d,un
théologien, d'un fonctionnaire, d'un poriticien, d'un miritaire, d,un
ringuiste,
I lntroduction
ou encore d'un publicitaire. Le conte connait également une version qui
se . Cette activité fepose sur les contrastes entre un dialogue dans une
déroule sous le nationar-sociarisme en ex-RDA. Enfin, ir ex¡ste aussi
des pharmacie frangaise dans la Somme et un dialogue dans une pharma-
versions oü le narrateur incárne le personnage de la grand-mére
ou du loup. cie allemande en Baviére. II s'agit d'une transaction commerciale dans
laquelle le pharmacien et le client adoptent un comportement spécifique
relátif á ce contexte de communication. Cependant, méme s'ils sont ritua-
lisés, ces échanges révélent aussi un caractére informel'
. un lieu commercial comme une pharmacie est intéressant dans
une étude sur les interactions, car c'est un lieu qui offre plus d'éléments
d'analyse que d'autres commerces, tels une boulangerie, une charcuterie
ou un supermarché. En effet, dans une pharmacie, le client est toujours
un cas particulier, tout comme dans la relation entre un patient et son
médecin, par exemple. En outre, l'interaction dans ce type de commerce
présente fréquemment des échanges plus longs et plus variés. Les points
étudiés et exploités pour l',activité pédagogique sont les suivants:
- les salutations d'ouverture et de clóture de la transaction,
- les exemples d'échanges á bátons rompus,
- les exemples de rituels (types de comportement) et de manifestations
verbales liées á un rituel particulier,
- les particularités socioculturelles qui sont Iiées aux interactions :
demande d'informations, conseils, paiement, remise d'articles, etc'
. La démarche méthodologique consiste d'abord á enregistrer une
transaction commerciale dans un commerce en France, puis dans le pays
des apprenants. L'enseignant effectuera une transcription oralisée (telle
qrr,or, l,"rrt.nd dans l,enregistrement) et une version écrite du dialogue.
Ii s,agira ensuite de comparer le mode d'ouverture et de cl6ture de la
rransaction pour y déceler les similitudes etlou les différences. Dans un
troisiéme temps, l'on pourra dresser un inventaire des caractéristiques de
l,oral spécifiques des deux langues de méme qu'une liste des pratiques
socioculturelles qui divergent d'une culture á l'autre. Les résultats obte-
nus serviront de base d'exploitation pédagogique'

112 ENSEIGNER LE FLE 3. L'APPBOCHE INTERCULTURELLE 1 13


o sur le plan didactique, rapperons
ici que les activités visent ber et
bien la compétence culturelle et intercultu..ll.,
.t non communicative. téristiques culturelles d'ordre social et administratif, propres á une
La langue étrangére joue le róle essentier de vecteur
et de moyen d,ap- culture donnée.
prentissage, et non d'objectif.
euant á ra [angue maternere, elle autorise
une approche métacommunicative (le fait d. dirc.rt.. Objectifs généraux
,,r, .. que l,on a . Analyse contrastive des interactions faisant ressortir les carac-
découvert) qui permet aux apprenants d'alrer au
fond des chosÉs et d,ex-
primer l'interprétation et la perception qu'ils auront téristiques et les différences sociolinguistiques, socioculturelles et
du cadre étranger
environnant. pragmatiques d'une méme situation de communication dans deux
r L'approche contrastive d'interactions verbares intraculturelres cultures différentes.
constitue une activité pédagogique enrichissante. r Familiarisation des apprenants avec une culture verbale et compor-
Elle permet de décou_
vrir les similitudes et les diversences sur le pran des régles tementale étrangére plus ou moins ritualisée et prise de conscience
prug-utiqu.,
de la langue, des comporremenrs sociaux et des des spécificités culturelles propres aux deux cultures'
,péJfl.ite, Jultrrelle,
dans et en dehors de la langue dans deux groupes ¡ Découverte des particularités langagiéres régionales'
culturels spécifiques.
Mais cette approche, seule, est insuffisante.
eue ce soit en contexte de Démarches utilisées
communication intra-ou interculturel, I'enregistfement . Lecture de corpus.
vidéo apporte
des renseignements supprémentaires soulignari
r'"pport non verbar de la . Analyses inductives.
communication. Il est une nécessité si l,on ,rire ,r" .
l.rulyse optimale de la Comparaison des interactions.
dimension culturelle de la communication. Bien
entendu, tout enregistre- . Recherche des différences/ressemblances socioculturelles'
ment pose des problémes d,ordre éthique et technique
q.ri ,réar_oir,, ,e . Recherche d'éléments paratextuels dans l'enregistrement suscep-
sont pas insurmontables. Il est rare de rencontre,
d.r.o-L.rqants déniant tibles de renseigner sur 1'ambiance contextuelle'
se soumettre au jeu ou de clients qui, aprés
" " visionnement ou écoute . Élargissement r ét,rde du caractére prosodique de la langue et du
du document aient refusé ra diffusion d. i.rrs propos.
Une approche comportement verbal des interlocuteurs.
contrastive peut également donner lieu á l,observati,on
d,échanges ver_
baux entre personnes de culture différente. SwPPorts Pédagogiqwes
. Corpus authentique en frangais et en langue maternelle'
. Traduction du corpus frangais.
I Fiche pédagogique . Enregistrement des interactions sur CD ou cassette audio (pour la
Arguments didactiques partie de l'activité basée sur l'écoute).

' L'exploitation
d'interactions verbares conduit á ra découverte des Niueau et langue d'aPPrentissage
caractéristiques culturelles suivantes : . Niveau 81 et t
' Les rituels communicatifs propres á une communauté curturelle . Niveau fin A2, utilisation du corpus en langue maternelle et de
donnée: les salutations, la g.rtrr.lr. (si I'interaction la traduction du corpus franEais en langue maternelle: travailler les
est filmée), les
formes d'adresse, les formes de politesse, les stratégies activités sur les différences socioculturelles et les formes verbales du
la face d'autrui, le degré de ritualisation des
po.r, *i.rur.,
i.rt.rrltiors, lu url.rr.t début et de la fin de l'échange.
la place de la parole.
' Les spécificités de la ffansaction commerciare:
début (l,ouverture)
et fin (clóture) de l,échange, róle er srarur des interlocrr.rrr,
,ur^r_

114 ENSEIGNEB tE FLE


15
3. L'APPBOCHE INTEBCULTURELLE 1
f Déroulement de l'activité
- les explications sur la prise de médicaments (détaillées, bréves"' ?),
1. Introduire le contexte familier aux apprenants en présentant le - l'attitude des clients (patient, impatient... ?),
dialogue en langue marernelle (Fiche 2). - 1'ambiance (bruyante, feutrée, silencieuse, agitée... ?).
' Distribuer le texte du dialogue en langue maternelle (avec pauses, 4. Demander aux éléves de raconter leurs expériences dans une
intonations, accenruarions) et la fiche qui exprique les symboles utilisés pharmacie franEaise (si cela a déiá été le cas) etlou dans tout autfe com-
dans cette derniére transcription (Fiche 2, Fiche 5). merce : impressions, incompréhensions, différences.'.
t Écouter et faire lire le dialogue, en groupe classe ou en binóme, et
comparer les deux transcriptions.
' Demander aux éléves de faire des commentaires sur les séquences I Pour aller plus loin...
d'ouverture et de clóture de i'échange et sur ra ffansaction du point de ¡Faire rechercher la présence de régionalismes, les caractéristiques
vue du conrenu et de la langue (Fiche 7).
de la langue orale dans le dialogue franEais.
I Faire observer les spécificités de la langue orale dans le dialogue
Ex p I i c ati o n s/ i nf o rm ati o n s
en langue maternelle et effectuer une traduction en frangais qui en tient
Les deux derniers points ont pour obiectif de
faire s'exprimer les appre- compte.
ndnts sur wne scéne ritualisée qwi, aw premier plan, ne présente aucun
intérét tbématiqwe; elle fait partie des phénoménes qwotidiens qwi se réi- Ex p I i c ati o n / i nf o rm ati o n
térent régwliérement sans auoir d étre remis en question á wn moment
ou Cette actiuité permet de s'entratner á l'expression orale et de prendre
á wn autre. La rwptwre du quotidien, des habitwdes dans les échanges
uer- conscience des particularités propres awx dewx langues, d'oü I'importance
bawx et des comportements, n'apparatt que dans une sitwation similaire,
de trauailler d partir d'enregistrements et de textes transcrits oralement.
mais ayant lieu dans une dutre cwlture que celle des apprenants. cette
rupture se manifeste ici par I'introduction du dialogwe
franEais.
2. Introduire le dialogue franEais.
I Bibliographie
. Écourer et faire lire le dialogue. Ces ouvrages traitent du fonctionnement des échanges communicatifs authen-
t
Demander aux éléves d'émettre des hypothéses et de faire des tiques. Ils permettent une approche auto-formative de l'analyse de conver-
remarques sur Ie rituel d'ouverture et de cl6ture. Les faire réfléchir
á
sations quotidiennes. IIs seront utiles aux enseignants désirant élaborer des
d'autres énoncés possibles pour le début et la fin de I'interaction. activités pédagogiques á partir d'un enregistrement de conversations intra-et/
o Demander aux éléves de trouver les
informations sur: ou interculturelles. (Rappelons qu'il n'existe á ce jour aucun manuel pédago-
- la prise des médicaments, gique qui propose des activités de ce genre...)
- le remboursement par la Sécurité sociale,
- le rendez-vous avec l'infirmiére. G.D.oESerms(1988),lJneapprocheethnographiqwedelacommunication:
rencontres en milieu parisien, Hatier Crédif, Collection LAL'
3. Demander aux éléves de commenter les différences sociocultu- G. D. o¡ Ser-rNs (1992), [Jne introduction d I'ethnograpbie de la communi'
relles observées dans les deux transactions: I'enseignement du franEais langue étrangére,
cation. Powr la formation á.
- les rituels d'ouverture et de clóture, Didier, Paris.
- le registre de la langue (informel ou pas ?), E. GorprvteuN (1974), Les rites d'interaction, Minuit, Paris.
- les vendeurs (rapides, lents... ?), J. GurrlEnz, 1,989, Engager la conuersation, Minuit,
Paris.

1 16 ENSEIGNER LE FLE
3. L'APPBOCHE INTEBCULTURELLE 117
lr' l{.,r'rr (198r), o Échange,
intervention et actes de langage dans la struc-
ture de la conversarion,, dans Études de linguistique Activité2.Fiche2 Une transaction commerciale
appliquée,44,Didier
Érudition, Paris, p. 7-39.
v' Tnawnso (1996), La conuersation
famiriére. Anaryse prdgmatique des inte-
Texte du dialogue en allemand
ractions, PUL, Collection linguistique et sémiologie,
LyÁ.
P = le pharmacien
C = la cliente

P Frau B. Grüssgott.
C Hallo Herr K. Ja, also, ich bráuchte... lch hátte hierein Etikett... von
Activité2.Fiche1 einem Hustensaft. Hum... Das habe ich meinem Kind ganz spát noch
Une transaction commerciale
gegeben.
Conventions de transcription P Mm Mm.

Gonvention C Und es hat die ganze Nacht gehustet.


Exemple Explication
lettres en majuscules maDAME accentuat¡on d'un mot, d'une syllabe ou d,un
P Ja. Das ist auch ein Hustensaft, der den Schleim rauslóst und den
son
mots entre parenthéses (plus bas)
sollte man eigentlich das letzte Mal am spáten Nachmittag dem Kind
commentaire du transcripteur
deux-points
noch geben und nicht mehr nachts. Dann hustet es die ganze Nacht
allongement d'une syllabe ou d,un son
apostrophe
den gelósten Schleim ab. Man kónnte sonst so machen, wenn Sie
rntonation montante
wollten, wenn Sie einen trockenen Reizhusten wollen, müsste man
apostrophe inversé
_ intonation descendante
einen anderen Saft nehmen. Da gibt es für frei káuflich nur den Silomat
un ou deux traits obliques
densité de I'lntonation montante
Saft. Óh. . . Besser wáre natürlich K (naudible) aber den müsste lhnen
un ou deux traits obliques
inversés
densité de l'intonation descendante der Doktor aufschreiben. Also müssten Sie zum Doktor gehen und
sich ein Rezept holen und man kann es so aufteilen, dass Sie ihm
entre crochets
tl transcription phonétique, quand le transcripteur
ignore l'orthographe
tagsüber den schleimlósenden Saft geben und nachts dann den
anderen.
signe égale
ffirqr..,b;ébr,
d une autre ou un enchainement immédiat entre C Und was für einen Schleimlóser geben?
deux
séquences d'une méme réplique
points de suspension P Also, zum Beispiel, es gibt verschiedene Móglichkeiten. Den, was sie
pause moyenne
ouverture de crochet
auf Etikett haben oder halt, was pflanzliches, zum Beispiel. So was
chevauchement de paroles
wáre für Kinder ganz gut. lch (prononcé á voix basse) würde persón-
nom propre réduit á une Monsieur pour garder I'anonymat O. Iu
seule lettre
K purrorr. q, purl. lich die zweite Móglichkeit nehmen, die für mich die Sympathischste
ist.
C Und zum stillen dann den K. Kann ich ihn meinem Kind schon geben?
P Den kónnen Sie ihm dann geben, wenn der Doktor ihn aufgeschrieben
hat. Ja (prononcé á voix trés basse) aber das müssen Sie erstmal ein
Rezept besorgen.
Gut. Dann werde ich zum Arzt gehen. Aber ich will erst mal einen
pflanzlichen Saft nehmen.

1 I8 ENSEIGNEB LE FLE
3. L'APPROCHE INTEBCULTUBELLE 119
so (bruit de carsse enregistreuse).yier zwanzig bitte (/a
criente paie).
Danke. Haben Sie unsere letzte Zeitschrift bekommen? Activité2.Fiche3 Une transaction commerciale

C Nein. Noch nicht.


Texte du dialogue en franga¡s
P So bitte.
C Danke schón. Tschüss. P = le pharmacien
P Wiedersehen. C = la cliente

(L'ensemble du diatogue se déroule dans un cadre bruyant dont les bruits


de fond sont dus á la présence de deux autres pharmaciens/préparateurs
occupés á servir d'autres clients: bruits de voix, d'ordinateur, de tiroirs-
calsses, d'enregistrements électronlques des paiements, de porte, de
sachets plastiques.)

P Vous avez été enrhumé cet hiver?


c Oui, oui. C'était d'abord mon fils, puis j'ai attrapé...
P Vous I'avez attrapé. Alors ga, c'est des antibiotiques. Vous en
prenez trois par jour. Qa c'est pour la gorge, des petites pastilles á
sucer, quatre á cinq par jour. Qa c'est du sirop. Bon celui-lá, vous
connaissez?
Oui, je l'ai déjá eu.
par jour. Par contre
Qa, c'est pour les douleurs. Vous en prenez trois
sur le (inaudibte) il y a une petite différence á payer, hein ? C'est pas
pris en compte par la, Par |a...

C Bon, s'il faut payer je le paierai. Rester enfermé d'un temps pareil.
P Ben oui, pas le droit de sortir de ce temps lá. Moi, je vais travailler á
Saint-Tropez.
C Oh ! Pas besoin d'aller á Saint-Tropez pour avoir du soleil.

P Lá les mecs, ils travaillent sur les plages avec des parasols'

C Ah oui? (rlres)

P Bon, est-ce que je renote sur les boites?


C Non non. Je connais qa Par ccur, non.
P Méme les génériques?
C Ouais, ouais.
P C'est pour quoi ga?

120 ENSEIGNEB LE FLF


3 L'APPfiOCHE INTERCULTURELLE 121
C Des antibiotiques (rires)
Activité 2. Fiche 4 Une transaction commerciale
P Ouais.
c (rires) Non c'est pas des antibiotiques c'est...
re chorestéror? Transcription du dialogue franqais
P Le chorestéror (on entend rordinateur enregistrer res
données pen-
dant six á huit secondes). Bon, voilá. P = le pharmacien
C Je voulais aussi vous demander... (froissement de papier).ea, je C = le client
dois
me faire rembourser?
P Oui, donc ga, vous euh...vous avezréglé? P vous avez été enrhumé / c't hiver =

c Oui. C = oui oui c'était d'abord mon fils puis \ j'ai attrapé \ vous l'avez attrapé
P Donc Aa, il faut l,envoyer á la caisse primaire. P \ alors ga c'est des antibiotiques vous en prenez trois par jour: QA
ea, il faudrait mettre
votre numéro de sécurité social. En principe ils devraient c'est pour la gorge des p'tites pastilles á sucer... quatre á cinq par
vous
rembourser. jour... qa c'est du sirop / bon c'ui lá vous connaissez =
Bon. Et pour la prise de sang? euand est_ce qu,il pourrait passer? C = oui \ j'lai déjá eu
Avant huit heures vendredi matin ?
P Qa \ c'est pour les douleurs vous en prenez... TROIS \\ par jour... par
P Avant huit heures, cette semaine. C,est pas p. C,est contre sur le (inaudible) \ y'a une petite différence á payer / hein c'est
madame D. P. rentre lundi. pas pris en compte par |a... par |a...
C C'est pareil. Si elle peut passer avant huit heures... C \\ bon s'il faut payer je l'paierai... // resler enfermé d'un temps pareil
P Bon. Je lui dis de passer avant huit heures. L,adresse
c,est... P /ben OUI pas l'droit d'sortir de c'temps lá MOI \ j'vais travailler á
C 718 rue de D.
P Prise de sang... demain matin... surtout: ... avant C oh : \ mi b'soin d'aller á Saint-Tropez pour... avoir... du soleil
huit heures... (/e
pharmacien note sur papier). Voilá. pas de probléme.
ea vous Ie don_ P \ lá les mecs i travaillent sur les plages avec des parasols
nerez á l'infirmiére.
C ah: oui (rires)
C Mm... D'accord, merci.
P Bon, ben voilá. P BON // est-ce que je renote sur les boites =

C Merci. Au revoir. C = non non \ j'connais Qa par cceur \ non =


P = méme les génériques
C ouais ouais

P / c'est pour quoi qa


C des antibiotiques (rires)
P

C (rires) non c'est pas des antibiotiques c'est... l'cholestérol

P l'cholestérol (on entend I'ordinateur enregistrer les données pendant


six á huit secondes) Bon VOllá =

122 ENSEIGNEB LE FLE


3 L'APPBOCHE INTEBCULTUBELLE 123
= j'voulds aussi vous d'mander... (froissement de papier)
QA \ j,dois Activité2.Fiche5 Une transaction commerciale
m'faire rembourser
P oui / donc QA.. vous euh... / vous avez réglé Transcription du dialogue allemand
c \ oui
P donc ga\ ifaut l'envoyer á la caisse primaire P = le pharmacien
eA\ ifaudrait mettre votre
numéro de sécurité social... \ en principe idevrait vous rembourser C = la cliente
bon... /et pour la prise de sang / quand est-ce qu,il pourrait passer
avant huit heures vendredi matin P frau B. \ grüssGOTT

\avant huit heures... cette semaine \ c,et pas p. c'est c hallo \ / bráuchte... / ich hátte hier ein etiKETT" '
herr K. JA also ich
l. ou
madame D. ... \ P. rentre lundi von einem hustenSAFT hum... \\ das habe ich meinem kind ganz spát
C \ c'est pareil si elle peut passer avant huit heures... noch gegeben

P bon \ je lui dis de passer avant huit heures \ I,adresse c,est... P [mm mm
C 718 rue de D. C und \ es hat die ganze nacht gehustet
P \ prise de sang... demain matin... surtout: ... avant huit heures... (le P JA \ das ist auch ein hustensaft der den schleim rauslóst und \ den
pharmacien note sur papier) \ voilá \ pas de probléme
eA vous l,don_ sollte man ElGENTlich das letzte mal am spáten Nachmittag \ dem
nerez á l'infirmiére kind noch geben und nicht mehr nachts \\ dann hustet es die ganze
C mm d'accord merci nacht den gelósten schleim ab / man kÓnnte sonst so machen wenn
sie,wollten / wenn sie einen trockenen reizhusten wollen müsste man
P \ bon ben voilá
einen anderen saft nehmen da gibt es für frei káuflich nur den "'
C \merci au reVOlR
siloMAT SAFI óh... / besser wáre natürlich K (inaudible)/ aber den
müsste ihnen der DOKtor aufschreiben \ [also mÜssten sie zum doktor
gehen und sich ein rezept holen \ und man kann es so AUFteilen dass
sie ihm tagsüber DEN schleim lósenden saft geben und NACHTS \\
dann den anderen =

C = / und was für einen schleimlóser geben

P also zum beispiel \ es gibt verschiedene mÓglichkeiten DEN \ was sie


auf etiKett haben oder HALT \ was pflanzliches zum beispiel \\ so was
wáre für kinder ganz gut \\ ICH (prononcé á voix basse) wÜrde persón-
lich die zweite móglichkeit nehmen \ die für mich die sympathischte
ist

und zum STlLLen dann den K. /kann ich ihn meinem kind schon
§eben =
= DEN \ kónnen sie ihm dann geben wenn der
doktor ihn aufgeschrie-
ben hat JA \\ (prononcé á voix trés basse) aber das mÜssen sie ersmal
ein rezept besorgen

124 ENSEIGNEB LE FLE 3. L'APPBOCHE INTERCULTUBELLE 125


c GUT \ dann werde ich zum artzrgehen ABER ich wiil
ERSTmar \ einen
pflanzlichen saft nehmen Activité 2. Fiche 6 Une transaction commerciale

so (bruit de caisse enregistreuse) vier zwanzig bitte (ra


criente paie)
danke / haben sie unsere lezte ZElTschrift bekommen Texte du dialogue allemand traduit en frangais
C \ nein noch NICHT
P = le pharmacien
P so bitte C = la cliente
C DANke schón TSCHü;SS
P WIeDERSEHEN P Bonjour, Madame B.

C Bonjour, Monsieur K. Alors, voilá, j'aurais besoin... J'ai ici l'étiquette


d'un sirop contre la toux... J'en ai donné á mon enfant encore assez
tard et il a toussé toute la nuit.

Oui, mais c'est un sirop qui dissout la mucosité et que vous pouvez
encore donner tard dans l'aprés-midi á votre enfant, mais pas la nuit,
sinon il toussera toute la nuit la mucosité qui sera résorbée. Si vous le
voulez, vous pourriez faire la chose suivante: si vous voulez un sirop
pour toux séche, il faudrait prendre un autre sirop. En vente libre, il
n'y a que le Silomat. Le K. serait naturellement mieux, mais le docteur
devra vous le prescrire, alors vous devriez aller chez le médecin pour
l'obtenir sur ordonnance. L'on pourrait ainsi répartir la prise du sirop
de faqon á ce que vous lui donniez dans la journée le sirop qui dissout
les mucosités et l'autre sirop, la nuit.

C Et quel sirop lui donner pour dissoudre les mucosités ?

P Alors, il y a plusieurs possibilités. Celui que vous avez sur l'étiquette


ou alors un á base de plantes, par exemple. Un tel sirop serait trés
bien pour les enfants. Personnellement, je choisirais la seconde solu-
tion, qui pour moi, est la plus sympathique.

Et pour calmer le K. alors, je peux le donner dés maintenant á mon


enfant ?

Vous pourrez alors lui donner, quand le docteur vous l'aura prescrit,
mais vous devez d'abord aller chercher une ordonnance.

C Bien, alors je vais aller chez le médecin, mais je vais tout de méme
prendre maintenant du sirop á base de plantes.

Voilá. Qa fait 4,20. (Lacliente paie.) Merci. Vous avez eu notre dernier
magazine?

126 ENSEIGNER LE FLE


3 L'APPROCHE INTERCULTUBELLE 127
C Non, pas encore.
Activité2.Fiche7 Une transaction commerciale
P Tenez, voilá.

C Merci, au revoirl Synthése des différences culturelles observées

P Au revoir! I 1. L'ouverture de l'interaction

Dialogue franqais
. Le pharmacien n'utilise ni salutation ni forme d'adresse pour ouvrir
l'échange. Nous nous trouvons dans un schéma d'action type de I'ouver-
ture de la transaction commerciale: la vive entrée en matiére signale mani-
festement que le client se trouve dans une file d'attente et que son tour est
arrivé. Le premier geste que le client effectue est de tendre son ordonnance
au pharmacien. Les formes de salutations enregistrées dans les interactions
débutent par celles du pharmacien. Dans notre dialogue, un autre rituel
aurait été possible par l'utilisation d'un appellatif tel MONsieur (soulignant
la salutation et l'attention communicative) ou monSlEUR (signalant au client
l'invitation á formuler sa requéte).
. Nous remarquons l'absence d'appellation chez le client, mais ce der-
nier est lá depuis un certain temps á attendre son tour. La question du
pharmacien "Vous avez été enrhumé cet hiver? » correspond au désir d'in-
troduire un caractére informel á la conversation.

Dialogue allemand
¡ Le terme d'adresse que le pharmacien utilise dans l'ouverture de
l'interaction est caractéristique du rituel d'ouverture des transactions com-
merciales en Allemagne quand le nom du client est connu. L'attention
est tout d'abord portée sur la personne, puis l'énonciation se termine sur
ubonjour"; dans le dialogue, le pharmacien annonce Frau 8., GrÜssgott,
variation dialectale bavaroise de Guten Tag («Bsn¡sur» en haut allemand)
(,. Madame B., Bonjour"). Quand la personne n'est pas connue du pharma-

cien, un simple u bonjour" suffit.


. Notre dialogue présente une seconde caractéristique allemande dans
les interactions, celles de la salutation informelle " Salut " dans le rituel d'ou-
verture des transactions commerciales. Ainsi, la cliente répond par Hallo
(,Salut") au "Bonjour,,du pharmacien. En outre, son "Salut" est complété
pár « M. Kuttner". Un tel écha¡ge serait inimaginable en France! Prenons
un exemple littéral :

- " Madame Dupont, bonjour"


- "Salut, Monsieur Leblanc"
I28 ENSEIGNEB LE FLE
3 L'APPROCHE INTERCULTURELLE 129
* 2. La clóture de l,interaction
est alors obligé de régler le pharmacien lors de la transaction. La feuille de
Dialogue franEais soins est ensuite envoyée par le patient á sa mutuelle d'assurance mala-
En gulse d'au revoir, le pharmacien annonce *Bon ben voilá,, qui
die. Les frais lui ont ensuite été remboursés par virement ou par chéque
"
pourrait surprendre les éléves si les interactions sont analysées bancaire. Depuis quelques années, le systéme de paiement est en train
en dehors
du contexte commercial. ll est clair ici que . Bon ben, clót la transaction
de changer. Les Frangais disposent dorénavant de la "carte vitale" sur
et laquelle est noté leur numéro de sécurité sociale. La remise de la carte
eue «voilá" est une indication paraverbale (le pharmacien tend le sachet de
au pharmacien permet aux patients de ne plus á avoir á payer les frais de
médicaments au crient). il serait effectivement difficire d,imaginer
re phar- médicaments au pharmacien. La Sécurité sociale fait suivre á la mutuelle
macien s'acquitter d'un
"Bon ben voilá,, pour saluer le client qui s,en va, du patient les frais complémentaires (30 %) á rembourser. Quelques jours
en ayant les mains sur le comptoir ou dans les poches... Nous pouvons
en plus tard, les patients reqoivent un décompte des frais encourus. La visite
déduire ici que Ie pharmacien est déjá prét á accueiflir re prochain
crient. médicale chez un médecin généraliste coüte 20 euros ou plus. Quand le
Dialogue allemand médecin est informatisé, le patient muni de sa carte vitale, n'a pas besoin
¡ de payer le médecin. lci aussi, le patient regoit en l'espace de quelques jours
Nous observons Ia présence du discours informer dans re rituer
de un décompte de la Sécurité sociale. Si le patient doit payer les 20 euros au
clóture comme dans celui de I'ouverlure de la transaction. La cliente
termine médecin, il pergoit le remboursement des 20 euros par virement bancaire
l'interaction par un Tschüss (,. salut") dont l,accentuation du « ü,
est assez en 5 ou 6 jours, accompagné quelques jours plus tard d'une attestation de
longue. cette marque prosodique est propre au mot rui-méme
et non á ra la Sécurité sociale.
situation dans laquelre ir est énoncé. *Salut, exprimé d,un ton trés
bref est ¡ Le passage dans lequel le pharmacien franqais énumére la maniére
rare.
dont le client doit prendre les médicaments et dans lequel il demande s'il
Remarques doit noter ces informations sur les boites, est caractéristique de la transac-
Le rituer de cróture peut égarement donner rieu á des échanges prus tion commerciale dans les pharmacies frangaises. Ce procédé est rare en
"
standardisés (.,Au revoir"/A uf wiedersehen). Dans res échanges Allemagne, á moins que le client ne le demande.
ailemands,
le pharmacien peut égarement utiriser ra forme *Sarut, dans ra
. Enfin, la requéte d'informations concernant le remboursement d'un
séquence
finale de l'interaction et cera indépendamment du fait qu,ir connait médicament ou d'une consultation (le dialogue n'indique aucune précision)
le client.
ce dernier peut également utiliser cette forme dans le rituel d,ouverture ou souligne une divergence culturelle dans le fait qu'il incombe toujours au
de clóture, méme s'il vient pour la premiére fois á la pharmacie. client frangais de faire des démarches pour se faire rembourser de visites
o D'autres analyses d'interactions verbales médicales qui dépassent le cadre d'une simple visite chez le médecin. En
en pharmacieont montré
que le client allemand ouvrait plus souvent l,échange qu,en Allemagne, les questions administratives se réglent généralement entre le
France.
médecin et la caisse d'assurance maladie ou entre le client et la caisse,
6 g. tes informations socioculturelles si l'assuré a un contrat d'assurance qui l'oblige á régler les prestations
en liquide. Quoi qu'il en soit, les démarches du patient sont plus rares en
" Le rituel du paiement et res formules routiniéres *Je vous dois
com_ Allemagne, car les médecins ont un champ d'action professionnel plus vaste
bien?u, "Qa fait combien?» sont absents des interactions franqaises et qu'en France: analyses de sang, radiographies, traitements thérapeutiques
allemandes^ En générar, re pharmacien annonce re prix á payer
á ra fin de ra divers sont réalisés sur place au cabinet médical.
transaction. ce fait est en partie vrai en Allemagne et est devenu plus
rare . Le dialogue allemand dévoile une particularité culturelle dans le fait
en France ces derniéres années.
que le pharmacien offre un magazine á la cliente. ll s'agit d'une revue publi-
" Explications; dans notre drarogue, re patient est muni d,une feuiile citaire qui renferme des conseils alimentaires, hygiéniques, thérapeutiques,
de soins (ou ordonnance) qui rui a été remise par re médecin. Le patient
mais aussi de la publicité pour de nouveaux produits, des recettes, etc.

130 ENSEIGNEB LE FLE


3 L'APPROCHE INTEBCULTURELLE 131
Un enreglstrement firmé aurait égarement montré que re pharmacien
crót ra introducteurs de conséquence, de conclusion, d'explication, que nous
transaction en remettant un petit cadeau aux clients: paquet de mouchoirs
observons également dans la conversation ordinaire. Nous remarquons la
en papier, sachets de produits de cosmétique, sachet de sucre de
régime, trés forte présence de l'adverbe A/so (,.¿le¡s,,, .de¡6") en début d'énon-
sachet de bonbons pour ra gorge, boisson vitaminée, etc. dont ra taiile
a ciation renforcé par Ja. Un énoncé comme Ja, also, es gibt verschiedene
été conEue spéciarement pour cette offre gratuite et dont re nombre
varie Móglichkeiten ne saurait convenir dans un contexte franqais (.,Oui, alors, il
selon le prix de l'achat du/des produit(s). Le pharmacien peut parfois y a plusieurs possibilités"). En frangais, les interactions qui demandent une
rece-
voir gratuitement res produits par des entreprises, mais ir doit ra prupart
du explication, une reprise d'information ou d'explication, sont le plus souvent
temps les acheter. ces cadeaux, ne sont pas drstribués avec parcimonie"
" accentuées ou contiennent des marqueurs plus dynamiques etlou persua-
Le client regoit toujours quelque chose. fait, il y a plusieurs possibilités", "Vor.ls avez plusieurs
sifs comme "En
" Nous pourrions ajouter que re pharmacien demande aux crients qui possibilités". Dans le dialogue allemand, ces marqueurs introduisent une
achétent plusieurs produits s'ils désirent repartir avec un sachet plastique. longue explication détaillée du pharmacien pour le sirop qui, en cela, cor-
Si le client n'achéte qu,un seul produit, le pharmacien le dépose sur respond tout á fait á la fonction explicative de l'introducteur A/so.
le
comptoir en y ajoutant un petit présent et demande * va comme ga ,; o Nous constatons également quelques marqueurs conversationnels
Qa ?
en d'autres termes, il demande sl le client peut se passer de sachet. caractéristiques de l'oral comme half, intraduisible littéralement, mais qui
Dans
le dialogue, ceci n'apparait pas, car ra criente décide de se rendre correspond plus ou moins á *alors, dans le sens de «cela mCme», «Ea,
d,abord
chez le médecin. justement" qui a un sens démonstratif. Ce marqueur est un signe de la
si nous devions ajouter á cette étude re statut du personner travaiilant
n
maitrise linguistique des locuteurs qui s'avére incontournable dans l'étude
dans les pharmacies, nous devrions indiquer qu'ir existe en Ailemagne des interactions. Nous pouvons également ajouter la présence tout aussi
deux
catégories de vendeurs, en prus du pharmacien. ceux spéciarisés caractéristique des articles définis qui sont repris comme démonstratifs:
dans ra
vente et ceux spécialisés dans les commandes et les factures. ce person- den kónnen Sie ihm dann geben... (traduction littérale: " alors celui-lá, vous
nel commercial suit une formation pour raqueile ir est demandé d,avoir pouvez lui donner"...). La langue orale est ponctuée de ces démonstratifs,
un
diplóme de fin du second cycre de |enseignement secondaire (ce qui
cor- tandis que le franqais utilisera le pronom personnel pour la reprise d'un
respond au BEPC en France). seuls les vendeurs doivent assurer substantif.
une for-
mation plus longue qui est de deux ans. Le « préparateur en pharmacie, . Une seconde particularité dans la transaction commerciale est la pré-
n,a
pas de statut équivarent en Ailemagne. Le pharmacien peut sence du conditionnel dans la requéte et dans les données informatives et
étre secondé
par un autre pharmacien, dont le statut peut différer sur
le fait que ce dernier
explicatives. Le dialogue révéle quelques exemples:
n'a pas terminé la derniére année d,étude qui suit le stage pratique. - la demande de la cliente: Ja, also ich bráuchte... (,.Oui, alors, j'aurais
besoin... "),
@, q. ta langue - Ies informations/conseils du pharmacien'. Man kónnte es so machen, wenn
sie es woilten... (Ce que l'on pourrait faire, si vous le vouliez...), Besser wáre
Dialogue frangais
natürlich K... (Naturellement K. [marque de sirop] serait mieux.. .), Also müs-
Nous trouvons des marqueurs de la langue orale *bon,, *voilá, qui peu_ sten Sie zum Doktor gehen... (,, Alors vous devriez aller chez Ie docteur... "),
vent amorcer ou concrure un échange. Le diarogue dévoire égarement lch würde persónlich die zweite Móglichkeit nehmen... (,.Je prendrais per-
des
régionalismes sur le plan du lexique « oLrais,, * mi b,soin, (,. pas besoin,). sonnellement la seconde possibilité "), etc. La grammaire nous apprend que
Divergences langagiéres entre l'emploi du conditionnel est le mode de la demande, de la requéte, de l'ex-
re diarogue ailemand et re diarogue franqais
pression de la politesse. Nous avanqons ici que le mode conditionnel est
r
Le corpus dévoile quelques particularités de la langue orale. Les
spécifique de la transaction commerciale en Allemagne. Pour un Franqais,
Allemands utilisent souvent des connecteurs argumentatifs comme
des les interactions commerciales entendues lui donneront l'impression que le

132 ENSEIGNEF LE FLE


3, L'APPBOCHE INTEBCULTUBELLE 133
vendeur allemand fait preuve d'un respect exagéré envers
fait en soñe de re ménager au prus haut point. Le vendeur
le client et qu,ll
conseiile tout en @ « Clichés et stéréotypes»»:
expliquant en douceur ses arguments commerciaux. En France,
r,on pour- vers une consc¡ence interculturelle
rait s'attendre á une démonstration prus directe des
arguments qui ne seront
pas énoncés au conditionnel, mais plus souvent
au présent.
¡ Un trait particurier de ra transaction est ra présence de ra formure I Fiche pédagogique
réactive biffe (s'¡l vous plait) aprés un remerciement verbal, Argument s d.idacti que s
mais cette for_
mulation est tout aussi courante dans res conversations
famiriéres. il s,agit
. Travailler sur les clichés franco-allemands de faqon ludique afin de
d'un véritable rituer que |on ne peut comparer aux formures
franqaises * De dédramatiser les stéréotypes négatifs.
rien ", " Je vous en prie,, * Merci á vor,S », * C,est moi qui o Connaitre l'origine des clichés et le contexte historique qui les a
vous remercie , qui
ne sont pas utilisées systématiquement dans l,ensemble
des interactions engendrés dans le but de mieux les comprendre.
verbales, en tout cas, dans ra prupart des situations communicatives. . Découvrir l'origine des clichés qu'une culture étrangére (A) projette
En
allemand, la formure bitfe est générarement répandue dans
tout contexte sur une autre culture (B), permet aux membres de cette culture (A) de
interactionnel comme forme initiative et réactive; mieux accepter ces clichés (et réciproquement).
- So, bitte. fl-enez, s,il vous plait.)
Objectifs générawx
- Danke schón. (Merci beaucoup.) . Faire découvrir un ensemble de clichés franco-allemands á travers
- Bitte. (Je vous en prie.)
des caricatures frangaises et allemandes et á travers des interviews
si cet échange n'est pas courant en France, on re trouve dans querques
pays francophones, en Belgique, par exemple. d'Étrangers.
r n Découvrir l'origine historique des clichés.
L'ensemble des interactions ailemandes a dévoiré une
d'échanges informers entre res interrocuteurs. Le fait que
absence . Découvrir l'origine des emblémes nationaux ainsi que leur
res interactions signification.
ne reposent que sur ra transaction commerciare rend
ra communication
et le contexte trés pesant, méme si I'enregistrement dévoire présence
. Reconnaissance des valeurs personnelles par leur confrontation
ra avec un événement authentique.
d'un autre vendeur dans re magasin. En effet, ra communication
informeile o Représentations que les Franqais ont des représentations qu'une
permet d'introduire un autre sujet de conversation qui
peut conduire á intro_
dulre une ambiance sympathique, amusante, etc. mais ici,
culture étrangére a sur eux-mémes (exemple: Les FranEais pensent
Ia conversation que les Allemands pensent que les Franqais ne sont pas disciplinés...).
s'en tient au domaine professionnel, méme le second vendeur
n,intervient
pas pour entamer une conversation informelle. Déntarcbes wtilisées
. Analysede documents.
o Comparaisons de caricatures.
¡ Comparaison des emblémes nationaux.
¡ Confrontation avec des opinions étrangéres.
. Mise en miroir de ses propres idées reEues.
. Activité de réflexion.
. Activité de décentration.
¡ Confrontation du phénoméne ethnocentrique par le récit d'une
expérience personnelle.

134 ENSEIGNEB LE FLE


3 L'APPROCHE INTERCULTUBELLE 135
Supports pédagogiqwes
niueau de comparaison. L'actiuité fait ressortir le fait que toute personne
¡ Exercice fabriqué par I,enseignant (en frangais ou en allemand). juge d'aprés les ualeurs de sa propre culture.
o Synthése informative sur «
lss clichés franco-allemands á travers la
caricature... ». 4" Distribuer la fiche no 3 et faire l'exercice.
¡ Document Type de questionnement pour
" dépasser ses croyances/ FxpJrcations / i nf c¡ r ¡n ati o n s
préjugés...
o Document
". Lors de I'enqwéte, demandé aux persottnes interrogées de me
i'ai
" Exemples de préjugés dans les citations littéraires... ,. d.onner des raisons de leurs témoignages. Qu'auaient-ils obserué cbez les
' Document La naissance des préjugés franco-allemands
" á travers Frangais powr affirmer ces jugements? Le fait de pouuoir s'exprimer sur
Ia littérature historique,.
les opinions qw'elles auaient émises a engendré wne remise en qwestion
Niueau et langwe d'appre'ntissage de lewrs id.ées reques. Ainsi, cette actiuité pédagogique d opéré cbez les
¡ Niveau A2 et langue maternelle personnes interrogées une dttitude de décentration. Lewrs explications
r Niveau 82 et + pourraient également seruir d'élargissement pédagogiqwe d la fin de
I' exer cice prop osé dux dpprendnts.

ffi Déroulement des activités


W Pour aller plus Ioin...
{ , Distribuer la fiche n' 1 (p. r39) et faites faire res exercices. .fl. Faire étudier les emblémes nationaux des deux pays représentés
L'activité pourrait étre complétée par des caricatures allemandes
et dans les caricatures: les drapeaux, le coq gaulois, l'aigle allemand, les
anglaises, par exemple, pour montrer que les clichés ne
sont pas unique_ anciennes piéces de monnaie, les billets, la croix de Lorraine, etc. Les
ment franco-allemands (dédramatisation).
aliments et les boissons nationales peuvent étre aussi étudiés, á condition
P. Posez les questions suivantes: de les relier á Ia spécificité de la culture d'origine et d'en expliquer leur
' A l'aide de la description que vous avez faite, crites s,il est possible présence.
de situer chaque couple á un moment de l,histoire
commune de lá France 2- Les clichés peuvent également étre étudiés á travers les citations
et de I'Allemagne. littéraires. C'est certainement á travers les ouvrages littéraires qu'ils sont
.
Gráce aux repéres historiques, vous étes capable de formuler les plus nombreux. Pour cette raison, nous vous proposons la fiche n' 4,
l'origine des clichés franco-allemands : . -. un support pédagogique accompagné de commentaires á partir duquel
¡ A votre avis, pourquoi les clichés naissent-ils et évoluent-ils vous pourrez élaborer des activités pédagogiques. Les citations ont été
? Et
pourquoi d'autres se répétent-ils sans cesse ? présentées et regroupées de maniére á faire ressortir leur caractére arbi-
traire et souyent illogique. Les citations témoignent également du rapport
s" Faire vérifier les hypothéses des éléves et compléter leurs connais-
sances en disrribuant la fiche n" 2 (p.141).
entre les relations franco-allemandes á travers l'histoire et les préjugés
qui en découlent.
Explfcafioms / i nfa r m at i o n
une simple actiuité swr la description des caricatwres aurait ffi Bibliograph¡e
été de l,ordre
de I'apprentissage linguistiqwe- Ir est, par conséquent, nécessaire,
dans Dietrich RErNueno & §íalther Frru (1988), Dr\les de uoisins, Goethe Institut,
une optiqwe intercwlturelle, d'introduire des actiuités de
réflexion sur Paris.
I'origine et le fonctionnement des stéréotypes. Les caricatures permet-
Jean-Noél JtenxENrv (2000), Une idée fawsse est un fait urai,
Les stéréotypes
tent d'aborder les clichés franco-allemands de
faqon ludique d u'n méme nationaux en Ewrope, Odile Jacob' Paris.

136 ENSEIGNER LE FLE


3, L'APPROCHE INTEBCULTURELLE 137
Jótg-vou urH¡r¿aNN (1984), Le diabre est-ir ailemand? 200 ans de préjugés
Activité3.Fiche1 Clichés et stéréotypes
fr an c o - a ll em and s, D enoéL, Collection L, infini, paris.
Béatrice Dun,qNo (2002), cousins par alliance. Les
Allemands en notre miroir,
Autrement Frontiéres, paris. Les clichés franco-allemands á travers la littérature
Thomas MeNN (1912), Mort á Venise, Fayard, paris.
Alfred PEnr¡s (1941), Sentiments limitrop h es, 1 0, 1 g, paris.
1. Relier d'un trait les deux personnages qui forment un couple.
Marion Ponn¡pon'r (200t), J'aimerais aimer pailer ailemand,
Anthropos, paris.
Andreas Rrrrau (2003), Interaction Ailemagne-hrance.
Les habitudes curtu-
relles d'awjowrd'hui en questions,L,Harmattan, paris.
Ted Srectn, 2003, Sacrés franEais, Editions Michalon, paris

138 ENSEIGNEB LE FLE


3 L'APPBOCHE INTERCULTUBELLE 139
2. Décrivez la physionomie, les vétements, les accessoires, etc. Clichés et
Activité 3. Fiche 2
caractérisent les personnages de chaque couple.

Les clichés franco-allemands á travers la caricature

O Marianne et Germania
. Marianne est la représentation allégorique de la République. L'origine
de ce choix remonte á la Révolution franEaise, la convention ayant décidé
en 1792 que le symbole de la République serait représenté par la déesse
* Liberté, coiffée du bonnet phrygien. Marianne est la contraction de Marie et
de Anne, prénoms populaires et répandus au xvill" siécle. En 1796, Marianne
.l
apparait sur une piéce de monnaie. c'est en 854, lors du soulévement des
ardoisiers deTrélazé dans le Maine-et-Loire, que Marianne fut connue dans
toute la France. En 1889, s',instaure la production industrielle de bustes de
Marianne. A partir de 1877 , elle fait son entrée dans les mai¡es oü son buste
remplace celui de NaPoléon.
. Marianne coiffée d'un bonnet phrygien est une guerriére. on la trouve
aussi drapée á l'antique, entourée d'épis, de couronnes de fleurs et de
fruits.
;*,, observez en détail les personnages/couples. euelle est Ia partie ves- .Dans les caricatures frangaises et allemandes d'aujourd'hui, Marianne
timentalre commune aux couples A, B et D?
a perdu son caractére républicain. Elle représente désormais la France en
tant que pays et que nation, sans aucune mission politico-idéologique.
Aprés la premiére Guerre mondiale, dans les caricatures franqaises, la com-
battante süre de soi, fait place á un 6tre plutÓt craintif, dupé et humilié,
menacé par la fondation de la République fédérale allemande'
r Dans les caricatures allemandes, Marianne, comme pour dans le passé,

incarne la France, le gouvernement, les habitants. Mince, bien proportion-


née, jeune, les cheveux flottants, elle est présentée comme une séductrice,
parfois comme une fille de joie. Elle est parfois l'épouse du « Michel » alle-
mand et ne cache pas ses charmes, ce qui n'exclut pas le fait d'apparaitre
aussi comme mégére ou voleuse.
r
Pour le Franqais, ce n'est pas "Michel " qui symbolise l'Allemagne,
mais une jeune femme aux nattes blondes, appelée Germania ou Gretchen,
personnage quasiment inconnu en Allemagne. son histoire remonte á
l'époque romaine. Cette femme musclée et armée était le symbole des
barbares transalpins. ce n'est qu'en 1870 que le Reich allemand en fit
un personnage important (monument de Niederwald, prés de Bingen,
1893). Pendant la premiére guerre mondiale, Germania devint la cible de la

140 ENSEIGNER LE FLE 3, L'APPHOCHE INTERCULTUBELLE 141


propagande militaire franqaise. son image dégénéra sous le régime nazi.
$ Les chapeaux et couvre-chefs
Aprés la seconde Guerre mondiale, ses traits changérent, son caractére
lls constituent tous un moyen d'expression chargé de beaucoup de sens
devint plus positif.
pour caractériser les personnages de la vie publique et les personnages

* allégoriques.
Le couple Napoléon et Bismarck
. Le bonnet phrygien
'
La caricature de |officier est utirisée en France depuis toujours. par
La mode du bonnet rouge est lancée par les hommes en 1792. ll est syno-
contre, en Allemagne, elle a été utilisée jusque dans les années 40. Le mili-
nyme de liberté. Cette tradition remonte á la Rome antique' Ce bonnet
taire allemand est un officier prussien, issu de la noblesse, présenté dans
est aussi appelé bonnet des Jacobins, car il fut porté en majorité par les
une attitude rigide, coiffé d'un casque á pointe (l'eil souvent orné d,un
membres de ce club. Le bonnet phrygien représente surtout la France et
monocle et le sabre sur le cété). ll incarne la «mauvaise Allemagne,, celle
les Franqais, il n'évoque pas obligatoirement la Révolution et ses idéaux, du
de Bismarck. Elle est, dit-on, riche en biens matériels, pauvre en capacités
moins en ce qui concerne les Allemands.
intellectuelles, voire belliqueuse et barbare. r Le bicorne napoléonien et le casque du " poilu "
¡ C'est surtout le casque á pointe et les bottes qui témoignent d,une
lls évoquent le souvenir d'événements liés á la guerre et sont souvent utili-
virilité et d'une trés grande force á laquelle la *douce France, a les
sés par les caricaturistes comme toile de fond historique. Le bicorne sym-
poings liés.
bolise l,hégémonie frangaise en Europe, la grandeur et la gloire de Ia nation
frangaise, mais aussi le désir de puissance'
S L'homme contemporain
o Il n'y a pas de différence physique á part la couleur " Le béret basque
de cheveux (type Dans la caricature franqaise, il représente le réactionnaire que l'on critique
latin/type nordique). Nous sommes dans la période de réconciliation.
ou la victime des politiciens. Dans la caricature allemande, il est le symbole
d'une France retirée et agréable.
0 Le Frangais et l'Allemand moyen
. Le casque germain ou viking
Dans la caricature frangaise et allemande, le Franqais moyen est repré-
' on le rencontre surtout dans la caricature franqaise (et anglaise).ll souligne
senté avec une baguette de pain ou un panier sous le bras, un litre de vin que le militarisme est un trait de caractére archaque des Allemands.
rouge, une cigarette sans filtre au coin des lévres... ll incarne une France . Le casque á Pointe
contemplative et idyllique. souvent, surtout en France, la caricature montre ll souligne la contribution prussienne au présumé caractére national des
au second plan une certaine étroitesse d'esprit, un caractére intolérant, et Allemands. La pointe caractérise l'autorité, l'agressivité, voire la brutalité,
agressif. " Monsieur Dupont correspond á l'image caricaturale du Bavarois. surlout quand il est accompagné d'un uniforme et de bottes. ll renvoie aux
"
' Le Bavarois est souvent utilisé dans les caricatures frangaises pour conflits franco-allemands, et moins á des traits spécifiquement allemands.
représenter l'Allemand. ll est reconnaissable á son chapeau tyrolien á n Le chapeau tyrolien
plumet, á sa culotte de culr, sa pipe recourbée, sa chope de biére. Ce sym_ signification dans les deux pays. ll y a cependant une différence
ll a la méme
bole a remplacé Germania depuis les années 70-g0. Le Bavarois incarne essentielle: chez les caricaturistes allemands, il décrit des hommes poli-
la "bonne Allemagne", l'Allemagne folkrorique, les fétes de la biére et res tiques ou des mentalités régionales. ll n'est en aucun cas une auto-image
villes médiévales romantiques. pourtant, I'image du Bavarois recéle aussi ethno-nationale.
quelques traits négatifs: la lourdeur, la grossiéreté, Ia lenteur d'esprit. pour
le FranEais, Ie Bavarois est une figure ambivalente. Aujourd'hui, les caricatures frangaises liées á la République fédérale,
montrent que l'image que les Franqais se font de la France change: l'utili-
sation de couvre-chefs civils augmente constamment"'

142 ENSEIGNEB LE FLE 3, L'APPROCHE INTERCULTURELLE 143


$ Les moustaches et les coiffures * L'évolution de I'histoire franco-allemande
Au méme titre que les chapeaux, elles ont valeur de symbole. pour le
o . L'évolution historique introduit de nouveaux clichés' mais elle permet
les anciens'
Frangais, la moustache allemande taillée á la hache évoque la moustache aussi en cas de désunion, de conflit, de faire réapparaitre
contribue á créer des images
de Guillaume ll ou d'Hitler. Elle souligne une multitude de traits de caractére L'image qu'un peuple se fait de lui-méme
baguette liée á l'image du
attribués aux Allemands: ordre, discipline, besoin d,avoir raison, etc. stéréotypées dans une autre culture (comme la
d'un
r Les nattes á la Gretchen montrent que la jeune fille est satisfaite de soi, Frangais moyen). Une méme image est interprétée de fagon différente
qu'elle déteste la négligence, qu'elle aime l'ordre. Cette fagon de se coiffer pays á l'autre (le Tyrolien en France et en Allemagne)'
était typique pendant la Seconde Guerre mondiale. En revanche, Marianne, "Lesclichésqu,unecultureaSurUneautrevarientenfonctiondel,his- sur la France
sous les traits de la caricature allemande, se présente comme une personne toire commune des deux cultures. Les Anglais ont des Clichés
par exemple' Ces clichés
süre d'elle, dont les cheveux flottent au vent. Elle est réservée, dynamique, différents de ceux qu'ils ont sur les Allemands,
dépendent aussi de la fagon dont les représentants d,une culture se voient"
féminine.
pense qu'un Allemand
Elle se définit par rapport á une autre' Si un Franqais
persuadé que lui'
S Repéres historiques n'a pas d'humour, c'est parce qu'il est vraisemblablement
Les dates et événements-clés de l'histoire commune aux deux pays Franqais, en a beaucouP...
"
sont ancrées dans la mémoire collective: le sacre de Charlemagne en g00,
celui d'Henri lV, l'entrée des troupes allemandes á paris en 1g70, la guerre
de position de Verdun, la signature de l'Armistice en 191g, la poignée de
mains de Montoire entre Hitler et Pétain en .1 g40, etc.
Au milieu des années 60, les caricaturistes utilisent le débarquement de
n

1944 en Normandie pour illustrer les discussions sur l'entrée de la Grande-


Bretagne dans la communauté européenne. On trouve une grande simili-
tude entre cette époque et celle de 1940 avec une différence importante: les
ennemis sont devenus les amis, et vice versa. Les Franqais et les Allemands
sont devenus fréres d'armes.
.
La géographie aussi entre en jeu dans les caricatures:
-la Ruhr symbolise les usines d'armement du Reich ou la puissance éco-
nomique de l'Allemagne,
- les rives du Rhin bordées de cháteaux rappellent les contes germaniques,
- la cóte atlantique de la France et la région de la Marne, sont des théátres
d'opérations de guerre,
- Paris et Bonn, puis Berlin sont des unités politiques.
- Verdun, Oradour et Munich sont liées, directement ou indirectement, á la
guerre,
- le Rhin devint un enjeu politique et une valeur nationale dés le milieu du
xrx"siécle (voir les Chants du Rhin et les poémes sur le Bhin en France et
en Allemagne). Depuis, le Rhin joue le róle d'intégrité territoriale. Dans la
caricature de l'aprés-guerre, il devient un lieu de réconciliation.

144 ENSEIGNEB LE FLE 3 L'APPBOCHE INTEBCULTURELLE 145


Activité 3. Fiche 3 Clichés et stér Activité3.Fiche4 Clichés et sté

Parler des Frangais Exemples de préiugés dans les citations littéraires


'l . voici des extraits de ce que différentes personnes étrangéres ont les pieds
ont Les Anglaises sont beaucoup plus grandes que nous' Elles
répondu quand on leur a demandé: ueue pensez_vous pour mar-
des Frangais?, plus grands, et moins en dehors. On voit bien qu'elles marchent
Associez chaque remarque avec ra personne qui Ia faite
en inscrivant Ie cher, [alors que] nos femmes marchent pour se promener'
bon chiffre dans les cases.
Journal de Londres, Stendhal' 1817
1 . Les Frangais ? lls se couchent avec les poules I
2. Leur manque d,humour me glace.
3. Pourquoi courent-ils toujours? lci[enAngleterre]lesfemmesmarchentcommedessoldats,ellesonttoutes
4. lls s'agltent constamment. lls me donnent mal á la téte. la taille trop longue, et le pied béte.
.1857
5' lls ne respectent pas ra famíile. c'est chacun pour soi. personne Dans la rue, J. Vallés,
ne pren-
drait en charge un parent, un frére ou une sceur...
6. Les Frangaises sont superficieiles. Eiles passent reur aucun pays
temps á se bronzer, observez la démarche des belles Anglaises. on ne trouve dans
les seins nus sur ra prage et font en sorte que ga se
sache quand eiles ren- du monde plus beaux canards, ni de plus beaux dindons'
trent de vacances!
Par-delá le bien et le mal, Friedrich Nietzsche, 1886
7. Les Frangaises préférent avoir res pieds mouiilés prutót
que de mettre des
bottes. Ir n'existe aucun autre pays oü ra peur du ridicure
soit aussi forte! de fonc-
8. Les Frangais aiment beaucoup leur confort. une revue avec des femmes nues devant un parterre d'officiers,
euelle perle de place dans peloton de bouchons
les appartements ! ces rongs couroirs inuilres ! Et res tionnaires de l'armée d'occupation et devant un feu de
bidets, mais pour quoi
taire? demousseux.Lescorpssontbienfaitsál'exceptiondespieds'comme
toujours chez les Frangaises, déformés par les chaussures'
tr Ruben, mexicain tr Pedro, chilien Nofes aprés un spectacle, E' Jürgen' 194'1

tr Takahiro, japonais
tr Steve, britannique onpourraitcélébrerdansdesballadescespiedsdeslrlandaisesquiesca-
miles de
tr Stanislas, burkinabé tr Dimitri, russe
ladent les roches et les falaises, pataugent dans le Muir á des
laroute.Despiedsquimaintenantsecrispentsurlabarredulit's'arc-
tr Claudia, allemande tr Paulina, bulgare
boutentpouraiderálanaissancedel,enfant.SÜrementlesplusbeauxpieds
du monde. Blancs, déliés, nerveux, aussi déliés que des mains.
Les pieds

d'Athena, les Pieds de Jeanne d'Arc'


2" Comment expliquez-vous l,opinion de ces personnes?
Journal irlandaLs, Heinrich Bóll' 1957

3" Queiles appréciations trouvez-vous personneilement justifiées?


gros membres' le
Pourquoi ? Quatre cheveux tressés sur la nuque, de gros traits, de
Étes-vous déjá entré en confrit avec une personne qui dos plat et les pieds immenses, voilá de quoi se composent les charmes
ne partageait pas
vos valeurs ? Racontez... des filles des bords du Rhin.
'1871
De I'Allemagne, Ernest Feydeau'

146 ENSEIGNER LE FLE


3. L'APPBOCHE INTERCULTURELLE 147
Comr"nentaires Vraimentl,ivrognerieestlagrandemaladienationaleenFrance[.'.].Sans
y
doute voit-on á Londres plus d,ivrognes qu,á Paris, mais il a á cela
une
Un stéréotype est farferu, ironique, méprisant,
etc. Différentes nationarités boit pas de tout une setnaine,
peuvent avoir un méme stéréotype envers raison particuliére. Le travailleur anglais ne
une méme culture, mais pour paie hebdomadaire'
des raisons différentes. un stéréotype n'est donc pas ou avec modération, mais le samedi lorsqu'il a reQU sa
une information sur que les gens
l'autre, mais sur soi' I nait d'une expérience vécue qu,une il se lance dans une orgie effrénée [...]. A Paris, il esttrés rare
personne a géné-
ralisée ou d'événements positifs ou négatifs s,enivrent assez pour perdre leur bon sens, mais ils boivent sans disconti-
vécus par tout un peupre á un pays
certain moment de son histoire et qui ont engendré nuer, ils s'intoxiquent peu á peu [...] J'ai pu constater ["'] que dans ce
de faEon arbitraire toute pour
tout écolier - fille aussi bien que garqon - emporte un flacon de vin
se
une série de préjugés portant sur différents domaines.
*revtgorer' pendant les récréations [...]'
Aus dem wahren Mitliardenlande, M. Nordau, 1 878 (trad )

Les Allemands sont


des ivrognes invétérés. [...] Comment voulez_vous
üc¡r¡.¡me¡¡taire s
représenter un Allemand, sinon ivre, surlout
s'il n'aime ni la musique ni les * L'auteur a écrit ces lignes en 1878, époque qui donna naissance á des
femrnes.
jugements négatifs et généraux sur la France comme réplique aux auteurs
franqais qui avaient fortement critiqué l'Allemagne aprés la défaite frangaise
si les Allemands sont porlés sur ra boisson, c'est pour franco-
qu'habitant une régio. froide, ce sont des
deux raisons: 1) parce de 1870. Bien entendu, á d'autres mornents de l'histoire commune
hommes chauds, 2) res Germains
allemande, on trouvera ces ménres stéréotypes envers les Allemands..
sont sociables; c,est pourquoi ils ne dédaignent pas
boire. , ll est aussi intéressant ici de constater qu'un stéréotype peut aussi naitre
pays de
d,une *coutume, socioculturelle qui n'est pas pratiquée dans le
üerrnrnentaires celui qui émet le stéréotype: si le travailleur anglais boit avec modération
pubs en
* A la lecture de ces citations, on pourrait
penser qu,ir s,agit d,hétérosté- en semaine, c,est que jusqu,en 2007 |es heures d,ouverture des
était une boisson quotidienne pour la
réotypes (stéréotypes d'une culture étrangére Angleterre étaient trés strictes; le vin
envers une autre). ll s,agit
en fait d'autostéréotypes (stéréotypes d,une population franqaise. D,ailleurs, au xxu siécle, dans les années 50, beaucoup
culture envers elle_méme) ! La tant
premiére citation est de Luther, ra seconde
de Meranchton. La premiére d,enfants buvaient du vin coupé avec de l'eau. Pensons aussi au vin en
exp'me un stéréotype négatif, ra seconde un stéréotype que boisson médicinale. ll suffit de lire diverses versions du Petit chaperon
positif. ces autos-
téréotypes nationaux ont contribué á Ia formation
ou á ra transmission de
rougepourdécouvrirque,dansbonnombredepaysoüleconteaététra-
préjugés dans |image qu'irs ont donnée
de certains groupes nationaux. duit, la fillette apporte du vin á sa grand-mére" '

En répandant res exempres pubricitaires sur re


Frangais moyen en France,
par exemple, ou en revendiquant les produits
frangais comme une marque c'est
identitaire, res Frangais contribuent au déveroppement L'allemand sorl volontiers de son pays; il y reqoit volontiers l'étranger.
d,hétérostéréotypes Souabe' si maltraités par
á l'étranger. ceci est évidemment varabre pour le plus hospitalier des hommes [. '.]. L'autrichien, le
toute autre curture.
* A l'époque de Luther res Ailemands nos soldats, pleuraient souvent au départ du Franqais [" ']'
étaient considérés comme buveurs et
grossiers. Beaucoup de personnes faisaient
ra différence entre re vin (bien-
tntroduction á t'Histoire universelle, Jules Michelet, 1831
fait de Dieu) et ra biére (boisson des ivrognes). L'idée
répandue était que üommentair*s
l'ivrognerie avait été importée de France et les
Espagnols, quant á eux, L'Allemagnenaive,paisible,métaphysique,estl'imagedel'Allemagnequi
étaient d'avis qu'ils subissaient * l,ivrognerie
allemande,...
s'est forgée au xtx" siécle et qui est á l'origine de l'image de l'Allemagne
romantique que les Frangais ont encore de nos jours'

I48 ENSEIGNER LT FLE


3. L'APPBOCHE INTERCULTUBELLE 149
cet ami [.'.] était un bon gros Ailemand, homme de goüt et d,érudition,
souli-
homme de pipe surtout, ayant une beile, une rarge figure nurembergeorse, langues sont fréquemment mentionnées aujourd'hui. ces réflexions
au front carré, bien découveft, et décoré de quelques cheveux gnent également le fait que l'on juge toujours par rapport á sa propre culture" '
blonds assez
rares. ll offrait Ie type des enfants de cette pure et noble Germanie,
si ferlile
en caractéres honorables, et dont les paisibles m@urs ne se sont jamais
ce qui n'est
Leur les FranEaisl ignorance de l'étranger, leur indifférence á tout
démenties, méme aprés sept invasions. L'étranger riait avec
simpresse, pas de chez eux, leurs vantardises et leurs hábleries souvent patriotiques
écoutait attentivement, et buvait remarquablement bien, en paraissant
aimer
Ie vin de champagne autant peut-étre que res vins paiilés
Sontbienridicules.[...]RaressontlesFranEaisquiapprennentuneautre
de Johannisberg.
langue,carjusqu'icionavaitcoutumedesefaireunpointd,honneurdeleur
L'auberge rouge, La Comédie humaine, Honoré de Balzac, 1g42-184g
parler leur langue en tout lieu: ils estiment donc impossible qu'on ne les
comprenne pas partout. Un émigré ffranEaisl a déclaré: "Cela fait
douze
Les habltants des viiles et des campagnes, res sordats et les laboureurs,
ansquejevisparmicesimbécilesd'Allemandsetiln'yenapasencoreun
savent presque tous la musique [...]. Les poéles, la biére et la fumée
de qui me comPrenne!
tabac forment autour des gens du peupre en Ailemagne, une sorte
d,at- Démocratie ou les Papiers tégués par un philosophe rieur'
mosphére lourde dont irs n'aiment pas á sortir
[...]. L'amour de ra riberté Carl Julius Weber, 1832-1840
n'est point développé chez les Allemands: ils n,ont pas appris, ni par
la
jouissance ni par la privation, le prix qu,on peut y
attacher [...]. Le franEais
ayant été parlé plus qu,aucun autre dialecte européen, est la Comrnentaires
á fois poli par le franqais a été
l'usage et acéré pour re but. Aucune rangue n'est prus craire Ce témoignage rejoint celui de Mme de Staél dans un sens:
et prus rapide,
n'indique plus légérement et n'exprique prus nettement ce qu,on parlédansdenombreuxpaysd'Europe'Ontrouveencoreaujourd'huides
veut dire.
L'allemand se préte beaucoup moins á ra précision et á ra rapidité tracesdeceprestigepassédansdenombreuxpays.llestintéressantde
de ra
conversation. Par la nature méme de sa construction grammaticale, remarquerquelatendancefrangaisequiconsisteáaimerparlersalangue
les rai-
maternelle á l'étranger au x¡x" siécle est encore d'actualité. certes,
le sens
n'est ordinairement compris qu'á ra fin de ra phrase. Ainsi, Ie praisir
d,inter- que le franqais est appris comme
rompre, qui rend Ia discussion si animée en France, et force sons sont peut-étre différentes. ll est vrai
á dire si vite ce
qu'il importe de faire entendre, ce plaisir ne peut exister en premióre ou seconde langue dans de nombreux lycées en Europe' Mais
Allemagne; car
les commencements de phrases ne signifient rien sans fin; n'ya-t-ilpasdanscecomportementdesFrangaisuntraitdecaractérequi
ir faut raisser á
chacun tout l'espace qu'ir rui convient de prendre;cera vaut mieux pour remonte á plusieurs générations de Frangais ?
re
fond des choses, c'est aussi plus civil, mais moins piquant.
sa subor-
De I'Allemagne, Madame de Staé|, 1B2B Ce qu,il y a de *gouvernable, chez les FranEais, son obéissance,
pondération les
dinatlon saute aux yeux' Voyez avec quel calme et quelle
Commentaires parisiens font la queue á la porte des théátres ! Le public en Allemagne demeu-
se frayer un
cet ouvrage de Mme de staér est re prus représentatif de ra vision idéarisante rerait-il aussi longtemps devant la caisse s'il n'avait l'espoir de
de l'Allemagne. Cette image est encore aujourd,hui une image chemin en jouant des coudes, de repousser de tous cÓtés ses
voisins?
répandue que
les Frangais ont de l,Allemand: le ubon sauvage», romantique, '1874 (trad')
aux meurs Pans ef /es Franqais, Karl Gutzkow,
provinciales. Dans ra citation, I'auteur voit res Ailemands profonds,
sürs et
loyaux, aimant la musique et ra paix. Les Ailemands sont droits,
ingénus, Commentaires
car l'équité était de régle sous l,Ancien Régime, rappelons qu,il mot " Franq¿i5 » par
n,y a pas eu Et s¡ nous remplacions aujourd'hui dans cette citation le
de révolution en Ailemagne. Notons que res remarques faites
sur res deux le mot "Allemands"?

I50 ENSEIGNER LE FLE


3 L'APPHOCHE INTERCULTUBELLE 151
Leur bonhomie et leur prudhomie, leur candeur et leur réverie, leur roman- voyage de ce cÓté-ci du Rhin que de Franqais en séjour ou en voyage de
tisme et leur mysticisme, reurs couronnes patriarcales et reurs lunettes l'autre cóté.
contemplatives tombent péle-méle á la fois. lls reparaissent ce qu,ils sont,
Charles Gide, Professeur á la faculté de Montpellier, début du XX" SiéCle
les fils des Huns et des vandales, les Barbares de priscus et de Jornandés,
disciplinés á la Prussienne, mieux armés, mais aussi farouches.
lls lui ont fait endurer des malheurs, les FranEais, á ce malheureux pays
Barbares et bandits, Paul de Saint-Victor. d'Allemagne, il y a cent ans déjál Et voilá que Ea recommence! lls font la
révnlution, ces maudits, ils déposent notre bon Dieu, ils Ótent la téte á leur
on reconnait la barbarie des Allemands á ce signe qu,ils sont dix fois prus roi et á leur reine, ils mettent tout á l'envers!Quelle pagaille Ea doit étre
instrurits que nous, qu'irs ont prus de m@urs de famiile, prus de phirosophie,
lá-bas au-delá du Rhin! Les vauriens et les coquins tiennent le gouvernail,
plus de piété. [...] Je doute que nous n'ayons jamais expédié de France,
á les honnétes gens sont assassinés au nom de la liberté, de l'égalité, de la
la suite de nos armées entrées en Allemagne, d'interminables troupeaux
fraternité.
de beufs ou de gigantesques convois de farine, pareirs á ceux qui n,ont
crimes des wetches, colére des Atlemands pvelscher Frevel, deutscher Zorn),
cessé d'accompagner Iarmée de nos adversaires.
[...] on parre de piilage ? Alberl Kleinschmidt, 1897 (trad')
Que faisaient nos armées républicaines lorsqu,elles emportaient le trésor
de Berne, fouillant partout en prenant jusqu'á l'argenterie des particuliers?
Dans les périodes normales, les Frangais voient surtout le tyran dont on
La France * nos faufes, nos périts, notre avenir, Agénor de Gasparin, 1872 peut craindre lorsqu'il s'agit de la liberté. [...] D'oÜ la haine des gens pour
les administrations en tant qu'organes exécutifs de l'État, pour le gendarme
Le coq gaulois ne supporte pas qu'un autre chante prus forl que rui dans en tant que personnification de l'autorité publique, leur répugnance á se
la basse-cour européenne.[...] La France est une nation de zéros, un trou- soumettre aux mesures administratives et leur joie quand ils réussissent á
peau;ils ont l'argent et l'élégancemais ils n,ont pas d,individus, aucune berner l,État. " Ceci est interdit, cela aussi, raison de plus pour le faire !" [.."]
conscience de leur individualité. [...] le besoin de paraitre en permanence ll y a un mot d'esprit qui prétend caractériser la situation en Angleterre, en
endimanché extérieurement et intérieurement, la . manie de poser, rendent France et en Allemagne: en Allemagne, tout est interdit, en Angleterre, tout
peu amicales les relations. [...] ll y a chez les gens une proportion qui
incroyable ce qui n,est pas interdit est permis; en France. touL est permis. méme ce
de quant-á-soi, de provincialisme parisien... est interdit. ll y a quelque chose de vrai lá-dedans.
[...]
[4/as sagt Bismarck dazu?,Iome 1, cit. par M. Klemm, 1924 (Irad.) FranqaisetAltemands(FranzosenundDeutsche),PaulDistelbarth,1946

ce qu'il faut confesser trés haut, c'est qu'en 1 g70, nous avons été battus par
l'esprit scientifique [...], nous nous sommes brisés contre la méthode d,un
peuple plus lourd et moins brave que nous, nous avons été écrasés par üorfin:entai¡"qs
des
masses maneuvrées avec logique, nous nous sommes débandés devant ces citations sont des exemples qui montrent le caractére arbitraire et
une application de la formule scientifique á l'art de la guerre, sans parler
[...] contradictoire des préjugés nés des EUerres franco-allemandes. Nous trou
d'une discipline plus grande, d'un emproi prus inteilrgent des voies ferrées. vons des critiques contre l'ennemi, mais aussi contre le pays de la personntr
qui a émis ces critiques. ceftaines sont fondées, d'autres trés stéréoty¡loo:;
Le roman expérimental, Émile Zola, |BZZ
ottl
Quoi qu,il en soit, ces affirmations ont suivi le cours de I'histoirc-'Cl
r'l
ll y a en effet dix fois prus d'Allemands parlant le franEais que de Franqais contribué á l'image que les Frangais et les Allemands ont d'eux tllírrrtr:r;
parlant l'allemand, dix fois prus de rivres frangais rus en Ailemagne que de l'Autre aujourd'hui.
de
livres allemands lus en France, dix fois plus d'Allemands en séjour ou en

152 ENSEIGNER LE FLE 3 l'Al'l'1111( | I lf,lll lll lll lL ill lr l'


En guise de con clusion

La langue est un instrument de communication, mais nous ferions


preuve de négligence didactique si nous répandions f idée dans nos coufs
que l,acquisition d'une compétence linguistique et communicative est
I'unique objectif principal de 1'enseignement/apprentissage des langues.
pour comprendre ce point de vue, il suffit de réfléchir au fait qu'une
langue étrangére est d,abord Ie moyen d'entrer en contact avec une
culture étrangére. Un moyen indispensable, certes, mais dont 1'appren-
tissage vise bien au-delá du ró|e fonctionnel que l'on a trop tendance á
lui aitribuer depuis les trente derniéres années, depuis l'apparition de
l'approche communicative.
La compétence linguistique et communicative, seules, ne permet-
tent pas á l'apprenant de s'orienter dans la culture étrangére. Ce dernier
doit aussi développer des moyens de compréhension et de réflexion qui
lui permettront de rendre explicite des réalités culturelles méconnues ou
inconnues, c,est-á-dire, de les reconnaitre, de savoir les expliquer á une
autre personne et de les utiliser. Il doit aussi développer des capacités )
interpréter le non-dit dans la communication ou á se comporter de faEon
adéquate dans maintes situations. Il doit pouvoir étre en mesule de repé-
rer, d'identifier, de mettre en relation des informations dans leur contexte,
ou encofe de reconnaitre I'hétérogénéité et la relativité des cultures' Ces
capacités préparent á l'acquisition de la compétence culturelle et intercul-
tuielle, compétences sociales et relationnelles faisant paftie intégrante des
finalités de l'enseignement/apprentissage des Langues-Cultures'
L'apprenant pourfa acquérir ces compétences gráce á une démarehc
pédagogique centrée non pas sur un apport de connaíssances descrir,-
tives,mais sur une démarche visant la découverte et l'« intercompréhett'
sion,. Celle-ci repose sur un ensemble d'activités pédago¡¡ic¡tres (lufll

EN GUrSE DF C0Nt:ttllil(lN lñft


l'objectif est la maitrise de savoir-faire, de savoir-interpréter et de savoir-
étre. L'acquisition d'une compétence culturelre et interculturelle aménera
l'apprenant á vivre l'expérience interculturelle comme un enrichissement B ibliograph ie
et non pas comme un obstacle culturel.
La prise de conscience de la démarche didactique et pédagogique
pour I'approche culturelle et interculturelle est essentielle pour l,ensei-
gnant. En effet, celui-ci devra parvenir, dans le cadre d'un apprentissage
(inter)culturel, á cesser de produire des connaissances sur la culture étran-
gére pour laisser place á une pédagogie active de la découverre au
sein
du groupe-classe. certes, cette approche est difficile pour l,enseignanr,
car el[e nécessite des connaissances et des savoir-faire pédagogiques qui
concernent des domaines disciplinaires auxquels il n'a pas été formé. Elle Cette bibliographie est loin d'6tre exhaustive. Il s'agit d'ouvrages et d'ar-
exige, de surcroit, de l'enseignant, de remettre en cause ses objectifs et ticles complémentaires aux contenus de ce livre'
ses contenus d'enseignement, d'étre prét á s'auto-former et de prendre
en
compte les besoins et les motivations culturelles de ,r, ,ppr"rrrrrtr. M. Anp¡.rraH'PRprcprln & L. Poncs¡n (1,996), Éducation et communicdtion
J'ai souhaité, dans cet ouvrage, contribué á soulever une prise de inter cwbwr elle, PUF, Paris.
conscience sur la nécessité d'intégrer l'approche culturelle et intercul- M. AsoeLr-A,H-PnstcEtLLs (1,999), L'Éducation intercwlturelle, PUF, Collection
turelle dans l'enseignement/apprentissage des langues, et du franEais en Que sais-je ? Paris.
particulier, et réhabiliter la place essentielle que ces deux approches ont R. A¡i,rossv & P. Hnnscr¡snxc (1.997), Stéréotypes et clichés. Langwe, discours,
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pour un apprentissdge cultwrel en classe de FLE. Analyse de matériers - Les mots d'origine hongroise: sabre, tsigane'
didactiques et perspectiues méthodologiques, thése de doctorat, sous la - Les mots d'origine rus$e: steppe, mazout'
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dans Synergies pologne, Gerflint, p. 41-47.
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de 1776
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[= journal féminin] est issu du franqais "
tence culturelle et interculturelle dans l'enseignement/apprentissage des ¡Bienévidemment,lalisteestinfinie"D'autresexemplesrépandus:
langues
" dans Zeitschrift für Fremdsprachenforscbung, Heft 1/ZO1O, - baobab (origine africaine)
Schneider Verlag, Baltmannsweiler, p. 3-30. quenelle' haillon'
- haubert,honnir, maréchal, allergie, trinquer, harpe' huguenot'
F. \XANonüllEn (2010), «Les stéréotypes dans le récit de vie: un contenu d,ap-
vermouth, burgrave, zéphyr (origine allemande)
prentissage incontournable dans i'approche interculturelle en didacrique
des langues-cultures, dans Synergies pctys germanophones, n. 3, Avinus
- coyote, cacao, cacahuéte (origine d'Amérique du Sud)
sucre' taboulé
- chiffre, chimie, s¡rop, coton, jupe, zénith, truchement' hasard'
Verlag, Berlin, p. 179-208.
(origine arabe)
G. Zenarp (1993), Représentations de l'étranger et didactique des langues,
Didier/Crédif, Collection Essais, Paris. - typhon, zébu (origine chinoise)
* hussard, pariks, goulasch (origine hongroise)
* tsar (origine russe)
- cravache (origine turque)
-bataillon,bandit,caprice,tombola,graffiti,pistache(origineitalienne)

158 ENSEIGNEB LE FLE SOLUTIONS DES ACTIVITÉS PÉDAGOGIOUES 159


1-@'
7v/"3
- yacht, crabe (origine hollandaise)
- cerise, orange, divan, tambour (origine persane), cheval, mouton, alouette (orí-
gine celtique), etc.

I La culture des mots (p, 52)


. Mots d'origine frangaise dans la liste: baladeur, ordinateur. Ce sont des
exemples de néologisrnes en franqais : « baladeur » fut cré6 en 1 983 pour éviter
l'emploi de walkman, «ordinat6l¡r,, en 1955 pcur áviter llemploi de coñputer.
r cráátions frangaiees issues du goüt,pour les anglicismesl pdrking {¡r car park
tUK] ou parking /of [US]), baby-foot (inexistant en anglais), recordman (= record
holder), ball-trap (= ctay pigeon shooting), tennisman (= tennis playefl.
oSmoking (= dinner jackef [UK] ou tuxedo [US] vient de I'anglais s moking jacket,
vétement inforrnel du soir [essentlellement xDe siécle] expression utilisée en
,¡li' opposition á dress coat, tails, tait coat ou evening dress, la tenue * correcte,
)'l:
de soirée.
(il:
. Calques: libre penseur (= free-thinker), mini-jupe (= mini-skirt), cargo (de l'es-
pagnol cargo l= chargel et de l'anglais boat [= bateau]), planning familial (f-amity
planning) guerre froide (cold war).

O Cl¡cfr¿s et stéréospes (p. 139)


A/3 (Marianne et Germania), B/4 (Napoléon et Bismarck), C/1 (homme brun et
homme blond), D/2 (homme á béret basque et homme á chapeau tyrolien).

I Cfcn¿s et stéréotypes (p. la8)


Ruben l, Stañisla§ 5, Pedro 3, Dimitr.i 6, Talrahiro 4, Claudia 8, Steve 2, paulirra 7
lls jugent les Frangais d'aprés leurs propres valeurs culturelles. Ainsi, les Latino-
américains oñt la réputation de se coucher tard, les Japonais ne montrent pas
Ieurs émotions, les Anglais ont un humour particulier qu'eux seuls comprennent,
les Allemands sont sensibles aux questions écologiques, les Africains ont un
grand respect pour la farnille et surtout pour I'expárfénce 6t la sagesse des
pet$onnes ágées. Ces interprétations doivent étre confrontées á celles des
personnes interrogées !

Quel les appréciations trouvez-vous personnellement j ustif iée,s ?


lci aussi, quelle que soit la culture maternelle de I'apprenant, son opinion va
dépendrodes valeurs qu'il attr.ibue á éa culture de référence,

. I¡npriní6 en lrá¡ree.pai §EPÉ,C á Péronius


I8.d'éditiont00§330.0l - ge ¿ünr*"* : 710119231.
Dép6t legul , *rs 20I 1
Framgais lanEure étrangére (FL§)
Reperes dídactiques et activites pédagogiques

Cet ouvrage expose la problématique qui régne autour de l'approche culturelle et


interculturelle dans l'enseignement des langues étrangéres, et en particulier du
franEais. Il présente
un certain nombre de critéres essentiels á prendre en compte
dans la mise en euvre d'une approche méthodologique pour l'apprentissage de la
culture étrangére.Il propose également des activités pour la classe qui reflétent les
besoins culturels des apprenants.

Docteur en sciences du langage, Florence Windmüller est enseignante á


l'université Georg-Simon-0hm á Nuremberg depuis 1994. Ses recherches portent
essentiellement sur la didactique de l'approche culturelle et interculturelle et sur la
méthodologie en didactique des langues-cultures. Formatrice et auteur en didactique
du FLE, elle est aussi la rédactrice en chef de la revue scientifique Synergies pays
germanophones et chercheur au GERFLINT et au CEDICLEC.

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