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o\
DE L'ENSE¡GNEMENT
Sommaire
La problémat¡que de l'enseignement/
''ii,:
apprent¡ssage de la culture étrangére 17
I : .A:i/i ,. ,f .
: "
' ;j' '.
!L-* l¡EEli nm Les notio ns de « cu ltu re »», d' <t i nte rcu ltu re I »»
et de «« communicatíon interculturelle»» en didactique
des langues-cultures étrangéres 19
ul
Il f¿IfifÍf Langue et culture: état des lieux . .... . 23
Le code de la propriété intellectuelle n'autorise que les copies ou reproduct¡ons strictement réservées
"
L'apprentissage culturel/interculturel dans les manuels de FLE. " 25
á l'usage privé du copiste et non dest¡nées á une utilisation collective, [article L. 122-51;il autorise
également les courtes citations effectuées dans un but d'exemple ou d'illustration. En revánche toute
L'exploitation des contenws cuburels en classe' ..... . 25
"
représentation ou reproduction ¡ntégrale ou partielle, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants Qwelqwes raisons powr I'absence de l'apprentissage
drort ou ayants cause, est illicite [article L. 122-4). 21
" cwhwre I / int er cubur el.
La loi 95-4 du 3 janvier 1994 a confié au C.F.C. (Centre franqais de l'exploitation du dro¡t de copie,
20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris), l'exclusivité de la gestion du droit de reprographie. Toute l. Unmanque d.for-uiior. .... . . . 21
photocopie d'oeuíres protégées, exécutée sans son accord préalable, constitue une contrefaqon sanc- 21
2. Des approches non officialisées
tionnée par les frticles 425 et suivants du Code pénal.
t\ 3. Des erreurs dans les démarches 21
@ Éditions Bdl¡n, eol 1 |SSN 1 147-51 96 |SBN 978-2-701 1 -5330-8 Quelqwes exemples d déueloPPer
28
SOIVIMAIBE 5
nlEfim¡m Vers une méthodologie de l,apprentissage mfaf¡Ii¡m L'approche soc¡oculturelle. . . 61
culturel/interculture! en classe de FLE. . 29
Activité 1 " La cwbure dans I'image » : une publicité télévisée . . . 61
Les besoins culturels des apprenants. . . . 29
Activité 2 " La cwhwre des objets,, :
Les objectifs culturels dans l'apprentissage 31 les objets racontent l'Histoire... 69
Les contenus culturels 32
La cubure en tant qw'objet. m[f:llf¡m L'approche interculturelle . . . 91
La cwhwre en tdnt que suiet ')')
Activité 1 Le Petit Cbaperon rouge:
mEf¿¡f¡fil Constructions de la démarche culturelle un exemple d'adaptation culturelle 91
Lesactiuitéspédagogiqwes...". . . . . . .. 39
Critéres pour une meilleure conscience interculturelle . . . . . . . . 39 Bibliographie.... 157
Actiuites communicatiues . . 40
Actiuités uisant la décowuerte de I'Autre . 41
Solutions des activités pédagogiques . 159
Les supports d'apprentissage. . 42
AVANT-PROPOS
unité parmi ses membres » et atteindre cet objectif o par l'adoption ( l('ttc compétence n'est pas comparable á la compétence commu-
d'une démarche commune dans le domaine culturel ,, (CECRL, 2005, rrr;rtivc, clle renferme une dimension sociale, psychologique, affective,
paragraphe 1.2.). L'idée qui se profile ici est que la diversité culturelle rrh'nlitrrirc et cognitive qui lui est propre et qu'il convient de prendre en
et linguristique devienne non plus un obstacle á la communication, mais r r)illl)t(' clans l'apprentissage d'une langue étrangére.
une source d'enrichissement et de compréhension réciproques, et que f'cspére que cet ouvrage y contribuera et qu'il guidera les enseignants
la meilleure connaissance des langues européennes permette, entre ,1,¡rrs lcurs démarches d'analyse et dans la conception méthodologique et
autres, d'éliminer les préjugés et la discrimination. En effet, la situation ¡
rcrl rr gogiq ue d'activités pour l'approche culturelle et interculturel l e.
multilingue en Europe tend á développer de plus en plus l'acquisition
de compétences dans plusieurs langues étrangéres. A ce sujet, dans, le Cet ouvrage est á la fois un guide pédagogique et un manuel d'auto-
chapitre Diuersification lingwistique et curricwlwm, le cECRL définit lorrnirtion destiné aux enseignants. Il repose sur une double démarche:
la compétence plurilingue et pluriculturelle comme une . compétence á trnc approche formative dont l'objectif est didactique. Elle expose de
comnrnniquer langagiérement et á interagir culturellement d,un acteur rrrrrrriére synthétique 'la problématique qui régne autour de 1'approche
social qui posséde, á des degrés divers, la maitrise de plusieurs langues et t rrlturelle et interculturelle dans l'enseignement des langues étrangéres, et
l'expérience de plusieurs cultures, (CECRL, chapitre g, p. 129). t'rr ¡rarticulier du franqais langue générale, et présente un certain nombre
tlc critéres essentiels á prendre en compte dans la mise en reuvre d'une
Néanmoins, si la finalité de l'enseignement d,une langue étrangére ,rp¡rroche méthodologique pour 1'apprentissage de la culture étrangére;
est de doter l'apprenant d'une compétence de communication en une ou - Lrne approche pédagogique qui propose des activités considérées comme
plusieurs langues, ce qui inclut la compétence culturelle et interculturelle, spécifiques de la dimension culturelle/interculturelle de la didactiqr"re des
il semblerait que les concepteurs de manuels et les enseignants ne lui la r-rgues-cultures.
accordent pas le róle éducatif et pédagogique qui lui revient. En effet, Les activités pédagogiques sont conEues pour un public d'appre-
c'est surtout sur l'acquisition de compétences communicatives langa- nants adolescents et adultes ayant atteint le niveau de langue A2 et plus,
giéres que se concentrent les auteurs de manuels, parce que ces derniers du CECRL. Étant donné que l'objectif visé repose sur 1'acquisition d'une
considérent que les apprenants ont déjá acquis « une connaissance suffi- compétence culturelle/interculturelle, la langue maternelle des appre-
sante du monde" (CECRL, chapitre 5, paragraphe 5.1.1.1.). pourranr, nants doit constituer un vecteur privilégié de cette acquisition. Dans le
les compétences culturelle et interculturelle aménent l'apprenant á modi- cas contraire, I'approche utilisée ne serait pas culturelle, mais comrtu-
fier ses croyances et ses valeurs et á prendre en considération celles qui nicative, et conduirait á I'exclusion de toute activité culturelle auprés
caractérisent une culture étrangére. En ce qui concerne les enseignants, d'un public de débutants. Par conséquent, la langue maternelle est aussi
ces derniers se sentent souvent démunis, car ils n'ont pas été assez formés la iangue d'apprentissage dans la plupart des activités, ce qui rend l'ap-
d¿rns ce domaine ou parce qu'ils pensent que les apprenants doivent avoir proche culturelle/interculturelle accessible aux apprenants débutants. De
acqr-ris un niveau delar¡gúe élevé pour pouvoir acquérir une compétence ce point de vue, ie partage l'opinion des chercheurs qui, dans le domaine
culturelle et interculturelle. c'est une erreur de penser cela, car ce ne de l'acquisition du langage, ont montré que l'intégration didactique de la
sont pas les savoirs, mais les savoir-faire et les savoir-étre qui rendent langue maternelle jouait un róle primordial dans Ia dimension culturelle/
possible la relation et l'interaction avec les autres. Il ne s'agit pas ici de interculturelle de l'apprentissage (entre autres).
transmettre des savoirs relatifs á Ia culture étrangére, mais de motiver les Cet ouvrage présente I'avantage de relier les composantes didac-
apprenants i prendre conscience de la diversité culturelle, ou encore de tiques d'un domaine précis de l'enseignement du franEais langue étrangére
I¿r relation ethnocentrique qui relie chaque individu á sa propre culture. (FLE) - la culture étrangére - á un apprentissage basé sur des savoir-faire
[,'intercultul'el se vit et se développe au contact de l,Autre. - les aptitudes pratiques - dans le but d'aider les apprenants á acquérir
IO ENSEIGNER LE FLE AVANT-PROPOS 1'I
une compétence culturelle et interculturelle, compétence trop rarement
exploitée dans l'enseignemenr du franqais.
Les activités pédagogiques reposent sur le résultat d,une étude qui Plan de l'ouvrage
porta sur l'absence méthodologique de l'approche culturelle/intercultu-
relle dans les n:ranuels de FLE narionaux en Allemagne (F. \x/indmüller:
2003; v. viallon, F.'§7indmüller: 2008). cette étude reposa également
sur des enquétes menées auprés des enseignants et d". ,pprÁnnts de
FLE en France et á I'étranger. Elle permit de recueillir le point de vue
des professeurs sur les contenus culturels dans le matériel pédrgogiqre
I qu'ils utilisenr, ainsi.que leurs souhaits pédagogiques dans le cadre de
la formation et de l'autoformation dans ce domaine précis de la didac-
tique des langues-culrures (F. §7indmüller: 2005). Les enquétes réa-
lisées auprés des apprenants révélérent un certain nombre de besoins
Premiére partie
culturels exprimés de maniére explicite et implicite. Elles dévoilérent, Un exposé théorique á valeur formative qui fait Ie point sur la place
en outre, les problémes d'incompréhension que les apprenants rencon- rrec«>rdée á l'approche culturelle/interculturelle dans les manuels d'ensei-
traient fréquemment lors d'échanges interculturels avec les Frangais ou
Bncment du FLE aux adultes/grands-adolescents dans une grande rnajo-
face á des réalités culturelles inconnues. Enfin, res apprenants évoqudrent
rité des manuels en Europe.
leurs intéréts pour certains n thémes culturers r. L, plrpurt des activités n Un rappel des notions de culture r,, d'u interculturel et de
présentées dans cet ouvrage représente la « ssns¡[¡isation, péd¿gogique " "
. communication interculturelle
d'un certain nombre de besoins recueillis dans mon enqu6te. "
. Un rappel de la problématique autour de l'intégration didactique
tlc la dimension culturelle/interculturelle en classe de langue.
. Des propositions didactiques pour l'élaboration d'une méthodo-
logie spécifique de l'approche culturelle/interculturelle.
Deuxiéme part¡e
Une démarche didactique et des activités pédagogiques réparties
sous trois approches: linguistico-culturelle, socioculturelle et intercultu-
relle. Chaque activité pédagogique est présentée de la maniére suivante:
. une fiche pédagogique sous forme de tableau (arguments didac-
tiques, objectifs généraux, démarches utilisées, supports pédagogiques,
niveau et langue d'apprentissage).
o des propositions pour le déroulement de l'activité.
12 ENSEIGNEB LE FI F
PLAN DE L'OUVRAGE I3
comportent également un complément d'informations pour élargir les
I'rri choisi, pour ma part, de travailler sur des contenus compara-
tác[res d'apprentissage. rrl,. r onccrnant la culture/langue frangaise et la culture/langue germano-
des remarques sur l'intérét didactique et péclagogique de l,activité,
' l,lr,,rrr', car: il s'agit du contexte d'enseignement oü j'exerce ma profession
ainsi que des suggestions pédagogiques supplémenraires. r r .rr j'rri mené en partie ma recherche (voir l'avant-propos). Toutefois, je
" des références bibliographiques renfermant, d'une part, les réfé- rrrrrs rr signaler que l'ensemble des activités peut étre utilisé, voire adapté
fences aux documents utilisés comme supports pédagogiques pour I'ac- ,r tl':rrrtres cultures/langlres sources (j'ai indiqué dans la seconde partie les
tivité et, d'aLrtre part, des références complémentair:es (ouvrages, sites ¡,r',rt'titlures á suivre pour adapter les activités aux contextes d'enseigne-
internet, vidéos, etc.) portant sur les sujets traités dans les activités er que rr rt'rrt/apprentissage différents du mien).
['enseignant pourra utiliser dans le groupe-classe s'il souhaite approfon- .fe suis consciente des lacunes méthodologiques qui résident dans
dir la thématique proposée. l',r¡rproche culturelle/interculturelle de l'enseignement/apprentissage du
o des annexes présentant l'ensemble I I Ir ct que toute activité á visée culturelle demande beaucoup d'efforts á
des docurnents utilisés pour la
réalisation de l'activité: les exercices, les comptes renclus cle recherches l"r'rrscignant dans la recherche de documents authentiques et particulié-
r('nlcnt dans la mise en €uvre pédagogique des activités. C'est pour cette
menées pour l'élaboration des activités. cette partie est indispensable i
r;rison que les informations présentées dans la premiére partie de l'ou-
l'enseignant.
vrrrge, ainsi que les comptes rendus dans les démarches pédagogiques de
l,r scconde partie, constituent un ensemble de données pour l'enseignant
L'ensemble des activités est á effectuer en tandem ou en petits
tlont 1'objectif est la réalisation autonome d'activités pour la classe.
groupes et favorise l'interaction et la réalisation de táches dans le groupe-
La démarche didactique á adopter dans les activités d'apprentis-
classe. L'objectif vise avant tout la compétence culturelle/interculturelle,
srrge a été signalée, mais la démarche pédagogique n'a été que suggérée.
et non langagiér:e. Par conséquent, les activités portent sur des contenus ( irmme je le signalais plus haut, les activités sont á effectuer en bindme
relatifs i la culture étrangére et maternelle cles apprenants qui requiérent ou en petits groupes. Certaines peuvent étre planifiées sur une séance de
l'acquisition de savoirs et savoir-faire culturels qui dépassent le cadre cours (90 minutes), d'autres sur deux. Tout dépend du contexte d'en-
pragnatique de la communication et, corollairement, le cadre superfi- scignement dans lequel I'enseignant travaille. C'est aussi á l'enseignant
ciel de l'approche comparative des contenus. En effet, dans les manuels de juger des activités qui se dérouleront dans la langue maternelle des
de frangais issus de l'approche communicative, les approches culturelles :.rpprenants. En effet, ce livre ne s'adresse pas á un ensemble d'ensei-
sont basées sur des comparaisons intuitives entre la culture source et la gnants évoluant dans la méme situation d'enseignement/apprentissage.
culture cible: l'apprenant est considéré comme le clétenteur du savoir de .le ne souhaite pas, par conséquent, imposer des consignes sur les fagons
Iir culture maternelle, ce qui suffit, en génér:al, á accréditer ses opinions de procéder. Seul l'enseignant saura adapter les diverses approches á son
colrme unique source de ré{érence de la culture maternelle. c,est pour public. Les activités proposées dans cet ouvrage ont été réalisées avec
cctte raison qure j'ai souhaité apporter dans les activités pédagogiques des des groupes d'apprenants débutants et avancés. Elles conduisent á des
cxe rnples de contenus et de suppqrts
approches interactives et originales.
_cpncrets issus de la culture étrangére
et cle la crrlture maternelle. ,, corir.i, sig,ifie propre d wne cultwre par-
ticuliire et souligne mon intention d'exclure l'approche universaliste des
cultures en contexte d'enseignement/apprentissage exolingLle et de rap-
¡rclcr dans l'enseignernent/apprentissage des rangues-culrures étran-
qr-re
gi'res, I'approcl-re culturelle et interculturelle doit suivre une démarche
qui lLri est spécifique.
I4 ENSEIGNER tE FLT
PLAN DE L'OIJVBAGE 15
,l
Les notions de <« culture>>,
d'« interculturel» et de
<< com m u nication i ntercultu rel le »
en didactique des
lang ues-cu ltu res étra ngéres
lr
ENSEIGNER LE FLE
2. LAI\GUE ET CULTUBE: ETAT DES LIEUX
ffi Le traitement de la dimension culturelle/interculturelle lr,', r'r'l;rtions sociales, il ne faut pas non plus négliger le fait que d'autres
Il n'existe aucun enseignement de la culture indépendamment de l'ensei-
I r)url)()sllrltes culturelles ont une place á tenir dans I'enseignement des
gnement de la langue. Soit la culture est abordée aprés que les apprenants l,rrr¡',ut's et qu'elles doivent poursuivre leurs propres objectifs d'appren-
ont acquis une maitrise suffisante de la langue, soit la culture est dépen- l',r;rli(', au méme titre que la langue.
dante des contenus linguistiques. t,a pr:oblématique de l'apprentissage culturel reléve de la définition
Les contenus culturels traités dans les cours sont issus de la culture rlrs ohjcctifs et des contenus retenus dans les méthodologies et dans les
savante (littérature, Histoire...) de l'anthropologie culturelle (vie quo- ror¡rs clc langue, mais aussi d'une question de point de vue sur ce que
tidienne, coutumes...), de la sociologie (phénoménes sociaux, écono- ',r¡1,rrific la langue pour les enseignants et les apprenants: un outil de
r olnnlunication efficace pour produire et comprendre des énoncés dans
miques...) et de la sociolinguistique (régles implicites du comportement
rrr¡ hrrt utilitaire ? Ou un outil de communication qui vise une meilleure
verbal et non-verbal dans les conversations...).
r'orrr¡"rréhension des membres de la culture étrangére et une meilleure
Cet ensemble de constatations nous informe sur Ie rapport qu'entre-
t'onn¿rissance de la culture étrangére ?
tiennent les objectifs de l'enseignement de la langue et les contenus culturels.
santes socioculturelles que 1'apprenant devra connaitre et reconnaitre rrrrs, des supports d'apprentissage, des démarches pédagogiques et des
lors de tout échange. Cette derniére serait incompléte, si elle n'incluait rrrodes d'évaluation. Cependant, si ce curriculum existe dans 1'approche
pas un ensemble de significations culturelles qui n'ont pas de relation rlc la langue et de la communication, force est de constater son absence
directe avec les fonctions du langage. La langue incarne aussi des normes srrr le plan culturel et interculturel dans les cours de langue et dans les
sociales, des références culturelles, des valeurs, des artefacts, des impli- ruanuels de langue.
cites, etc. qui se référent au réel. Par conséquent, elle dépasse largement Il existe, certes, des contenus culturels présentés dans un ensemble
clc documents dont le but est de transmettre des connaissances sur des
la relation qu'elle entretient avec Ie domaine communicatif.
l¿rits de société, des informations touristiques ou anthropologiques. Ils
L'enseignement de la culture implique aussi, pour l'apprenant,
rcnseignent sur les coutumes, les mentalités, la vie quotidienne...
l'acquisition d'un savoir factuel, le plus souvent organisé sous forme de
Les contenus culturels illustrent également des scénes de la vie quo-
thémes: le ch6mage, l'éducation, les sentiments... Ce savoir est aussi
tidienne á travers cles dialogues dans lesquels sont introduites des formes
d'orclre anthropologique: la nourriture, les loisirs... Ces connaissances
de salutations, des prises de contacts, des modes d'adresses, etc.
ne mettent aucunement l'accent sur la réalisation d'objectifs communi-
catifs. En effet, si on apprend une langue dans le seul but de demander
son chemin ou d'aller faire ses coursesr-l¡lpprenant n'ira pas trés loin 'r L'exploitation des contenus culturels en classe
au contact de la culture étrangére ! Par co\équent, si la connaissance Le premier objectif poursuivi est l'exploitation langagiére et l'entraine-
de l'usage des formes de politesse, par exemple, est fondamentale dans ment á la communication, qu'elle soit simulée ou authentique. Un exercice
menées dans ces disciplines. Que nous soyons des adeptes de l'apprentissage (inter)culturel ou
tlcs dénigreurs de celui-ci, l'enseignement des langues-cultures ne peut se
l)asser d'une réflexion didactique sur les objectifs (inter)culturels et sur
lcr-rr apprentissage. Langue et culture sont intrinséquement liées, il faut
ck¡nc se rendre á l'évidence sur le plan didactique et méthodologique...
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+Contenus I.
'--^"-"'.§.*ia lr.rrr,r'..,-¡,,.,,,,,..'.,..,"1ii1 r'-',,.,i:::yr:r-..r.,,r.r:,, .
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J Capacités d'apprentissage rn rzifro
36 ENSEIGNER LE FLE
4. CONSTBUCTIONS DE LA DÉMABCHE CULTUBELLE ET INTERCUTTUBELLE 37
Propositions d'a pproches différenciées Ics activités et les supports pédagogiques
Voici trois exemples. Ces approches sont essentielles pour la connais- ¡'r objectifs culturels
sance et la compréhension de la culture étrangére, ainsi que pour l'acqui-
I r", .rr't ivités et les supports pédagogiques doivent étre choisis en fonction
sition d'une compétence de communication.
,1,' l,'ur"pertinence pédagogique et de leur intérét culturel. L'apprentissage
l lr()sc sr-rr l'utilisation et le développen-rent de capacités d'apprentissage
:: L'approche linguistico-culturelle {',.rvorrs et savoir-faire) dans le but de faire acquérir aux apprenants un
Elle repose, en partie, sur l'étude des relations entre la langue, la culture r.rr:tirr nombre de compétences culturelles qu'ils pourront utiliser en
et la société et prend en considération la faqon dont une personne utilise '
r)nl('xte interculturel. Les savoirs et savoir-faire, de nature communi-
et actualise la langue qu'elle utilise selon les différentes situations de la i,rtivc ou socioculturelle, sont inscrits dans un cadre langagier ou non-
W vie sociale. Cette approche est une approche á dominante linguistique, l.rrr¡irrgier, selon I'ensemble des données, des phénoménes, des réalités,
mais considérée sous son aspect culturel. frrrits, mais aussi des manifestations subjectives, caractéristigues de
'1,'s
l,r . ulrure cible.
' L'approche socioculturelle
r Les activités pédagogiques
Elle place l'homme au centre de l'organisation sociale et du systéme cultu-
rel dans lesquels il évolue. Le rapport de l'homme á la culture est multiple: I 'irpprentissage culturel/interculturel doit étre conqu en fonction de cri-
imprégnation inconsciente des comportements, valeurs, mécanismes qui lclt's cie choix précis qui, sur le plan méthodologiqtte, ont á étre renouvelés
caractérisent l'identité culturelle; rapports que chaque individu entretient ,rrr/ct approfondis réguliérement et adaptés au contexte d'enseignement
ayec les différentes structures, manifestations et produits sociaux. Cette ,1,' I'apprenant. Ces critéres de choix, qui prennent en considération un
approche est, par conséquent, sociologique et anthropologique. ¡,ublic particulier, impliquent aussi la prise en considération explicite
,1,'lrr langue et de la culture maternelle des apprenants sur le plan de
l',r¡rprentissage. Sans elles, la découverte de Ia culture étrangére resterait
L'approche interculturelle
llrrgrnentaire, inorganisée et de l'ordre de la complémentarité esthétique
Elle repose sur une pédagogie de la relation entre les membres de deux ()u communicative.
cultures dont l'enjeu vise la compréhension mutuelle. La démarche est
une démarche réflexive qui vise l'acceptation de l'autre dans o sa, dif-
férence. La connaissance de l'Autre nécessitant la connaissance de soi,
la dérnarche vise l'ouverture á 1'altérité, la reconnaissance du caractére Critéres pour une me¡lleure consc¡ence
ethnocentrique de chaque culture, la relativisation de la culture mater-
interculturelle
nelle. La reconnaissance se vérifie lors des échanges interculturels, mais
la dimension socioculturelle extra-communicative est également sollicitée Toute réflexion culturelle porte sur les caractéristiques de la culture
dans la « compétence interculturslls » qui représente la compétence finale tilrangére et de la culture maternelle. Les démarches proposées sont
des objectifs d'apprentissage culturel et interculturel. interculturelles et intraculturelles dans les deux langues de référence.
l,'apprentissage doit mettre en scéne des capacités d'interprétation qui,
sculs, permettent l'accés á la reconnaissance, la compréhension et la
production culturelle/interculturelle. Il est nécessaire que les apprenants
pr-rissent travailler á partir de la perception de soi et de l'Autre, ainsi
ffi Activités communicatives cloublées en franqais, on s'apergoit que les allusions culturelles ont été
rraduites par des allusions culturelles frangaises pour que les spectateurs
' Analyse de corpus de conversations familiéres en langue étrangére
franEais puissent en rire. Une allusion á un homme politique frangais
et en langue maternelle: étude des usages comportementaux, des actes
clans une émission britannique n'est pas ressentie comme " ¡s¡¡¡¿ls ', par
rituels...
exemple, surtout si ce fait est réitéré. Un public que l'on entend rire lors
'Analyse de corpus de transactions commerciales en rangue étran- d'une émission de télévision allemande á la vue de la photo d'un artiste
gére et en langue maternelle. Les interactions commerciales permettent
de présenté dans Ie cadre d'un sketch, ne provoquera pas de rires auprés
relever les différences communicatives et sociocurturelles selon les types
cl'un public franqais, qui n'aura pas saisi l'allusion. En outre, dans ce cas
de magasins, etc. ou remplacée par une autre...
précis, une photo ne peut 6tre "doublée,
' Analyse de corpus interculturels en langue maternelle et en langue Nous comprenons alors que ces émissions ont été adaptées.
étrangére qui mettent en scéne des participants appartenant aux cultures
C'est á partir de l'analyse, de la recherche de ces adaptations á la
concernées. Les conversations permettent de relever les causes de dys-
culture et á la langue des spectateurs/lecteurs que les apprenants peuvent
fonctionnements communicatifs, discursifs ou res décalages culturels
étre confrontés á une véritable construction de savoir-faire culturels/inter-
engendrés par les connotations, les normes et les conventions culturelles
culturels. Par une approche visant la compréhension, ils seront á méme
ENSEIGNEB LE ILE
4. CONSTBUCTIONS DE LA DÉMARCHE CULTUBETTE ET INTEBCULTURELLE 41
clc clócot¡vrrr cux*rrénrcs ces rólúrc'nces ct i\ lr:s inter¡rr:étr:r. (lueIcltrcs
cxcnr ¡-rIes cl'act ivités púclrr¡¡ogic¡ucs :
- ltclcver 1es clistoi:sir.rns, les incohérenccs ct les ('rrcurs conll'lusc-s par les
tr¿cltlctcitrs; ec c¡tri révilcrlt Ies rrrptures sónrrrriticlr.rcs clolrt Ics t,risincs
sont tl'«rrilre cul lrrrel.
- llechcrcher l'crpiicarion riu scns culturcl drurs Ic tc:rtc r¡risinlrl.
- l{ctr¿rrrrriller trnc tracluctirln c-n intirgrant rles clr¡nnóes erplic:rrives rrrrx
PIit rr,rrrcrrt: ,. rtlrtrr', 1..
42 [NSFltiN$] tE Fl E
Lapproche lingu istico-cu ltu relle
'
flrt'
1.I'APPBOCHELINGUISTICO-CULTURETLE 45
fl Fiche pédagogique
539), bannis-
l,r r rgr.re écrite ; n L' ordonnance de Villers-Cotteréts, (1
calques:
" (cold war), « prét-d-porter , (ready-to-wear)...
« guerre froide ,rl)l)rcnants de mieux comprendre la position de la majorité des FranEais
Certains mots continuent d'étre employés en anglais, «week-end,, ,'nv('r's le regain d'intérét qu'ils portent aux langues régionales.
«gadget », sans doute powr leurs représentations cultwrelles et parce qwe
", Faire repérer des emprunts issus cle différents dialectes dans
beawcoup de mots anglais sont brefs, donc facilement utilisables.
l,r ,rrlture maternelle des éléves et désignant un méme signifié. Donnez
Parvenir, á travers des témoignages d,opinions, de récits et de
,4,,, (¡r('l(lues exemples pour le frangais et les langues régionales.
documents historiques sur les anglicismes (fiche 2), á comprendre l'ori-
gine de l'attitude puriste envers la protection de la langue franEaise er
: sensibiliser les éléves au sentiment de frustration ressentie dans
lr',; tórnoignages de Frangais confrontés á la présence des dialectes dans
de l'attitude actuelle envers la traduction ou l'utilisation en anglais de
néologismes.
r¡rrt'culture étrangére. Si les Étrangers se heurtent en France á des pro-
l,lt'rncs de compréhension d'origine diverse, les FranEais rencontrent le
."':i.. Comparer ces attitudes á celles des Franqais envers la politique
rrri:rrrc' probléme avec les langues étrangéres, méme si les raisons sont
linguistique des langues régionales en France. tliffórentes.
,:,r' ¡,; li¡.;¡ ¡,i¿'.x ¡¡,=i,¡ltn /¿;r,1",1,'llul f ifi ¡'l,s ':, Essayer cl'expliquer la dichotomie entre la reconnaissance des
certains mots ont gardé I'ortbographe anglaise, et lewr prononciation rlirtlcctes et le róle que les mots jouent dans les confrontations régionales
n'est pds trés différente de la prononciation anglaise. D'awtres sont ce que t'thrriques dans une culture (petite guerre entre les diverses mentalités
I'on appelle des calqwes: paquebot (packet boat, nauire portant des colis), rrlgionales manifestées, entre autres, par une guerre des mots: critiques,
redingote (riding coat, uétement pour cbeuaucber), rosbif (roast beef) ... nrise en dérision, moquerie lexicale...). Demander aLtx apprenants s'ils
c En 1810, les pwristes t onnaissent des exemples issus d'autres langues et d'autres cultures.
font la chasse dux emprunts anglais ressem-
blant awx frangais : confortable, mot d'origine anglais (1796), inoffensif, I'lxcrnples: les Espagnols de Madrid traitent de " radin " les Espagnols
mot issw de I'anglais inoffensiue (xvu" siécle) qui signifie non offensif, tlc Catalogne; Les Italiens du sud appellent les Italiens du nord «man-
non agressif... ¡it'urs de polenta,. Les Italiens du nord appellent les Italiens du sud les
. A la fin dw xtx" siécle,
les rapports amicaux qwe la France entre- * cul-terreux, ; Les Suisses de Berne nomment les Suisses de Fribourg,
tient auec I'Angleterre accordent plus de tolérance aux emprunts anglais: l¡¡; «puantsr. Les Suisses de Fribourg appellent les Suisses de Berne,
mentalité... lcs .lents du verbe», etc. Cette activité peut étre traitée par la lecture
Voici une liste de mots dont l'origine est frangaise ou étrangére. Soulignez
I Bibliographie
l€s mots qui, selon vous, sont d'origine étrangére. Vous pouvez vous
Photocopies de reproductions de documents
historiques : Les serments aider d'un dictionnaire. De quelles langues les mots étrangers (emprunts)
de strasbourg (842), acte de naissance du franEais.o--" viennent-ils ?
rangue écrite;
L'ordonnance de vilrers-cotteréts (1539), bannissement
du latin et domina-
tion du franqais.
P. Gurneuo (1971), Les mots étrangers, pUF,
ananas kiosq«e
Collection eue sais_je ? paris. week-end
P' Gurneu¡ (197r), patois et diarectes doberman
frangais, puF, colrection eue sais-ie gadget
ilili Paris.
?
flingue panorama
angora
Henrietre rü/arrpn (198s) rkééd. 1996) Le tomate
frangais dans tous res sens,Robert bouleau
Laffont, Collection La fontaine des Sciences, paris. pharaon
Henrierre §'erreR, 1998, Le üsigane
1ilil
frangais d'ici, de ld, de ld-bas. Éditions Jean_
Claude Lattés, paris.
bivouac
Deutsche stiimme wnd Diarekte. Document internet
¡rlll : http://www.deutsche-
schutzgebiete. deldeutsche-staemme.htm
cargo saharienne shopping
Die Bedewtung regionaler varietiiten in der heutigen
deutschen sprache und. film
|
D eutsch e I dentitiit :
http://de.wikipedia.org/wiki/Dertsche_Spráche goudron
¡tl|
[ilrll Langue alsacienne ou allemandei : hmp://www.plaquesbilingr...f.
a rq uebuse
lavande steppe
assassin grnseng
mirage Paitre
tr¡ble
alchimie caoutchouc
hoFde chow-chow
prompteur ¡abre
margarine
pis¿oleü gazelle
caraibe
chocolat
cacatois
pickpocket
antiquaire
50 ENSEIGNER LE FLE
1. L'APPROCHE LINGUISTICO-CULTUBELLE 51
Activité1.Fiche2 La culture des mots ffinftEffi La culture dans les mots: exemples
A" Les mots anglais ont infruencé ra curture frangaise á prusieurs époques. tle traduction Astérix chez les Bretons
voici quelques exemples ci-dessous. eue remarquez-vous dans l,ortho-
graphe de ces mots ? ( r'ttc activité doit étre réalisée á partir de la traduction de la BD dans
l,r lrrrrgue maternelle des apprenants. Rappelons qu'Astérix a été traduit
mot frangais mot d'origine remarque rlirns ¡llusieurs dizaines de langues.
club l.'activité repose sur l'incohérence sémantique rencontrée dans la
confortable Ir;r(lr¡crion allemande d'un passage d'Astérix chez les Bretons. Dans ce
inoffensif l)irssilfle, les références culturelles de la culture source ont été occultées, si
Irrlrr c¡ue la version allemande offre une interprétation sémantique erro-
kitchenette
rtlt' rlu texte initial.
mentalité l,'exercice de traduction révéle qu'il peut aussi étre un moyen de
lt non-résistance r,'t'rrtrainer á la compétence culturelle. Le passage choisi ici permet aux
paquebot ,rl)l)rcnants de découvrir les particularités culturelles que contiennent les
lrurllues étrangéres d'oü les difficultés á les traduire.
rl
pickpocket
pudding
redingote
I Fiche pédagogique
rosbif
A rgwweruts didacti.qwes
toast
o Pour traduire, il faut connaitre les références culturelles présentes
52 ENSEIGNER LE FLE
1 L'APPBOCHELINGUISTICO-CULTUBELLE 53
r Comparer et analyser rnéme sang,, mdis signifie également ,. de Germanie ». Cet idiotisme ne
le contenu de la version étrangére et proposer
reléue aucwne ambigulté pour un Franqais, towtefois, les lecteurs d'Asté-
des éléments d'explications quant aux différences sémantiques dans
rix connaissent le manque de perspicacité d'Obélix...
les deux textes.
Dans I'antépénubiéme image, Obélix interpréte littéralement le
Swpports pédagogiques message que lui adresse Jolitorax « Secowons-nous les mains ! " ce qwi fait
. Extrait de la bande dessinée " Astérix chez les Bretons >>. rebondir Jolitorax swr le sol. Ce second gag est prodwit par la tradwction
. Extrait de Astérix chez les Bretons; en allemand, Asterix bei den littérale anglaise shake sb.'s hand (= secouer la main de qwelqw'wn). Il
Briten. est probable qwe si les apprenants ne connaissent pds I'expression fran-
dire ode fréres et de suurs»). En latin, germanus signifie «qwi est du aus Britannien (mon cowsin de Grande-Bretagne).
56 ENSEIGNEB LE FLE
1.I'APPROCHELINGUISTICO-CULTURELLE 57
Astérix chez les Bretons
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Lapproche sociocu ltu re lle
2. L'APPHOCHE SOCIOCULTUHELLE 61
. La publicité se préte bien aux comparaisons qui font allusion á des
ll Déroulement de l'activité
clichés et des symboles culturels et nationaux. 'fl, Expliquez alx apprenants qu'ils vont regarder une publicité et
Objectifs générawx r¡rr'ils vont devoir exprimer individuellement des hypothéses sur ce qu,ils
o Découvrir un rituel de la culture enfantine en France et peut-étre l)cnsent avoir compris de la publicité en général, puis de la séquence avec
lrr souris, en particulier. Visionner plusieurs fois la publicité (Fiche 1)
inconnue dans la culture des apprenants.
o Prendre conscience du fait que les traditions et les modéles culturels s¡ns le son.
influencent notre faEon de penser ou de percevoir certains faits. ,f x¡.r/aeafions / i ¡tfo rm ati on s
¡ Sensibiliser les apprenants á un ensemble de données extra-linguis-
l,cs apprenants peuuent saisir la relation entre la dent et la boíte d'allw-
tiques (implicites culturels) nécessaires á la compréhension et ) la
tttettes gráce d la réapparition de la boite d'allumettes d la
fin de la publi-
découverte d'une culture étrangére.
cité, quand celle-ci fait fonction de cadeaw powr le grand-pére: lorsque
üémc.wches utilisées k, grand-pére sowrit, I'absence d'une de ses dents est réuélée et les dppre-
n Compréhension du sens á travers le décodage d'une connotation n(tnts comprennent qwe la dent de I'enfant est destinée aw grand-pére. ll
sémiotique et extra-linguistique par l'utilisation de divers savoir- s'agit donc d'un accés Au sens pdr rapprochement sémiotiqwe (l'image) et
faire : questions, hypothéses interprétatives, explications. ttt¡n sémantique (la langwe). C'est ce second point qui pose probléme : les
o Reconstruction du message connotatif culturel par l'utilisation de il)prendnts ne sont pds en meswre d'interpréter la connotation cuhwrelle
capacités de repérage, de déduction et de comparaison. lr¿tnsmise dans la séquence de la souris et de comprendre le lien qui wnit
Ni.ueaw et langue d'apprentissage tttusette d l'épaule, wne échelle de corde swr le dos. La souris jette l'échelle
Langue maternelle et langue étrangére (B1 et +). snr le lit qw'elle escalade, prend la dent qui se trouue sous I'oreiller de
I'cnfant et l'échange contre un petit cadeau enueloppé de papier. (pwis
( ommence le récit
fictif ...)
,:,¡, A partir du résumé des apprenants, puis de Ia séquence de la
¡rrrblicité avec la souris, et du conte avecla dent et la monnaie, demander
rrux éldves d'émettre des hypothéses sur la double présence de ces éléments
62 ENSEIGNEB LE FLE
2 L'APPBOCHE SOCIOCULTURELLE 63
dans les deux documents visionnés et d'exprimer la présence du cadeau Il suffit de comparer Ia publicité d'un produit franqais adapté pour la
(variante possible) au lieu de la monnaie. publicité en Allemagne pour s'assurer de Ia différence...
Une étude de Ia publicité peut également fake apparaitre les pro-
E x p I i c a t i o n s / i nf o r rn at i o ¡'r s
cluits les plus sollicités dans les deux pays; on remarquera alors Ia nette
La présence de ces éléments dans les deux documents oblige les appre- tendance chez les Allemands á opter plus fréquemment pour des pro-
nants á déduire que ce n'est pas le fruit du basard, mais qwe les éléments cluits ménagers ou des automobiles, toutes marques confondues. En
de cette histoire iowent wn r6le particwlier cbez les enfants. La dowble France, par contre, la place qu'occupe la culture culinaire dans la société
présence de I'enfant les améne á conclwre á wne croyance populaire.
fait que les produits alimentaires sont plus présents et plus variés qu'en
4" Revenir á la publicité et demander aux apprenants de reconstituer . Allemagne. La comparaison des publicités dévoile également les repré-
Ie sens. sentations autour de Ia répartition des táches attribuées aux hommes et
eux femmes. En Allemagne, un homme qui vante un produit ménager
il cn faisant la vaisselle dans le but d'épater ou de surprendre son épouse
Remarques
fera sourire les téléspectateurs accoutumés á la publicité représentant la
¡
Le fait que cette publicité date de 1"999 et que le prix de l'abonne- f-emme dans le róle de la femme au fover.
ment téléphonique correspond á un tarif en francs n'affecte pas sa portée
didactique. En effet, le produit publiciraire en lui-méme n'a aucun intérét
r Activités complémenta¡res
pour l'approche didactique et pédagogique.
o L'information, á I'image de la publicité frangaise, n'a en outre o Faire rechercher des publicités télévisées dans la culture source
aucun róle informatif sur le produit vanté. La connotation introduit le révélant une connotation ou un implicite culturel et demander aux appre-
théme de la tendresse qui unit un enfant á son grand-pére et cette ten- nants d'expliquer en quoi elles seraient difficilement accessibles á un
dresse est symbolisée par le téléphone ou, plus exactement, par le produit public franqais.
publicitaire vanté, la société France Télécom. . Travailler sur les clichés sociaux contenus dans les publicités en
o La pertinence didactique de cette activité est que cette derniére I"rance et dans la culture source (par exemple, l'image de la femme ou le
soumet les apprenants á une compréhension du sens qui n'est rendue róle de l'enfant).
o Comparer la publicité d'un produit frangais en France, puis adapté
possible que par le décodage de l'interprétation d'un message connotatif
sémiotique et, de surcroit, extra-linguistique. ri la publicité dans la culture maternelle des apprenants.
. Mettre á jour la présence des hétérostéréotypes dans la publicité
franqaise vantant un produit de la culture source. Il existe, par exemple,
ffi Pour aller plus loin...
une excellente publicité en France pour les appareils électroménagers
Cette activité autorise un prolongement sur l'étude des publicités dans la Miele. Cette publicité montre une famille d'aristocrates frangais deman-
culture maternelle des apprenants et dans la culture étrangére. En ce qui dant conseil á des amis aristocrates allemands sur le choix d'une marque.
concerne la culture allemande et franqaise, par exemple, Ie fait de faire l.a publicité est composée d'une mine de clichés culturels. En France, Ia
rechercher aux apprenants des publicités allemandes qui manifestent des f-emme est brune et va aux courses de chevaux; en Allemagne, la femme
connotations culturelles n'est pas une mince affaire, quand on sait que la cst blonde et sportive. Le couple habite le cháteau de Neuschwanstein (le
publicité allemande est basée sur le registre de l'information. Le róle de cháteau dont s'est inspiré \Walt Disney dans la Belle au bois dormant ).
" "
Ia publicité est plus de convaincre les consommateurs que de les séduire, La qualité de la marque Miele est rendue par les propos de l'aristocrate
alors qu'en France, la publicité doit jouer sur l'agrément et la séduction. allemand qui reflétent á la {ois un cliché intraculturel allemand et un
. Quatriéme séquence
Lefond musical devient plus rapide et un second théme musical est enchainé.
un téléphone rouge est posé sur une table. Sous la partie inférieure du
combiné téléphonique se trouve une boite d,allumettes. Le téléphone est
en train de sonner, le monsieur ágé décroche et, surpris, souléve la boite
d'allumettes sur laquelle est inscrit: "Pour Papy,,. L,air intrigué, il ouvre
la boite et découvre une dent de lait. ll sourit et approche le combiné á
son oreille. L'image suivante montre le petit garqon, assis á une table qui
S Derniére séquence
04 Fiche pédagogique
Le méme fond bleu sur lequel apparait le message suivant:
Nous allons vous faire aimer l,an 2000
Arguruents didactiques
r Relativisation des connaissances sur la culture étrangére construites
France Télécom
á partir d'a priori et de représentations erronées.
t1 e Savoir Íatela différence entre une réalité culturelle et f imaginaire
óy- collectif báti sur cette réalité.
e Entrainement á la compréhension et á la reconnaissance d'objets
spécifiques de la culture frangaise et caractéristiques de la mentalité
des Franqais = acquérir des savoir-faire.
übjectifs généraux
. Découvrir un aspect original du patrimoine franqais á travers l'his-
torique d'un ensemble d'objets.
e Remettre en question des clichés sur la culture étrangére.
r Comprendre en partie l'origine des clichés sur la culture étrangére.
¡ Prendre conscience de l'influence de la culture étrangére dans la
culture maternelle.
u Rechercher les objets connus d'une culture et inconnus dans une
autre.
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68 ENSEIGNEB LE FLE
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I |r t tt,trrltts tttilisées (ré)chauffe-thé, l'éponge á absorber les gouttes de thé ou de café sur le
. l,il cor)rpétence culturelle est sollicitée par: llec verseur.)
I'rrnalyse de documents.
* <lcs ¿rctiyirés de réflexion et de déduction. 3. Faire faire l'exercice C. Sensibiliser les apprenants aux objets
- cJcs activités de comparaison. clont l'origine n'est pas franEaise, mais dont l'utilisation s'est tellement
répandue en France, qu'ils sont considérés comme 100% franEais (le
- clcs activités de communication dépendant des contenus culturers.
café, le croissant...).
- la culture comparée: les activités sont á réaliser á partir d,objets
issus de la culture source. 4. Distribuer les textes sur les objets (fiche 2). Poser les questions
- l'approche intracultu¡elle. suivantes:
Swppotts pédagogiqucs ¡ Pourquoi certains ob;'ets vous semblent étre d'origine franEaise ?
¡ Exercices fabriqués par l,enseignant (en franqais ou en langue " Y a-t-il une catégorie plus répandue (voir exercice A) ?
maternelle selon le niveau des apprenants). ¡ Dans les objets que yous avez cítés, dites pourquoi ils vous sont
c Documents authentiques en franEais (pour venus á l'esprit (influence de l'école, voyages, cinéma, presse, expériences
les apprenants avancés)
extrairs de livres franEais (approche anthropologique). personnelles... ).
. Enquétes menées auprés de Frangais. IDans quelle mesure l'idée que vous vous faites de la France et des
. Cartes postales illustrant ls npoisson d'auril ,. Frangais correspond-elle (etlou ne correspond-elle pas) aux objets qui
. Publicités télévisées.
vous ont été présentés ici ?
r Jeux de róle (á effectuer dans res deux langues seron les groupes).
. Quelques objets ramenés de France. 5. Présenter les résultats d'une enquéte. (Faire auparavant une
Niueau et larugue d,apprentissage enquéte auprés de Franqais et leur demander de citer les objets qu'ils
r Langue maternelle jusqu,au point 6 ci-dessous (sans l,enquéte, considérent étre frangais.) Les éléves découvrent les objets qui semblent
point 5). représentatifs pour les FranEais.
. Langue étrangére (B2 et +). €i. Poser les questions suivantes:
c Est-ce que votre image de la France semble influencer votre propre
milieu culturel ? Donnez des exemples.
ffi Déroulement de l'activité
o Connaissez-vous des objets franEais trés répandus dans votre pays ?
'i
Distribuer la fiche n" 1 ,.25 , 50, 7 5 ou 100 "A franEais? , et faire (Objets de la liste ou autres...) Cette question met en évidence l'intercul-
faire l'exercice A. Donner aux apprenants la traduction áes mots turalité des cultures. Ici, les apprenants pourraient faire une recherche
dont
ils ignorent la signification et leur montrer les objets inconnus sur les objets originaires de leur pays et répandus dans les autres cultures.
dans leur
pays: « la Bétise de Cambrai,,, n l,espadrille », etc. r Quelques-uns des objets franqais constituent-ils des clichés sur la
variante plus intéressante: aprés avoir laissé les apprenants réflé- France ?
chir quelques instants, distribuer des photocopies avec ies dessins
des
objets pour que les apprenants puissent les identifier. 7" Dialogues
¡ Distribuer á trois groupes de deux apprenants Ia fiche 3 et distri-
2,, Faire faire l'exercice B. Il serait intéressant de faire une
com- buer aux autres participants (travail en binóme) deux fiches cartonnées
paraison entre les objets présents dans la culture source et inconnus
en sur lesquelles le nom d'un objet a été écrít. Prendre des objets dans la liste
France: (exemples pour l,Allemagne: appareil pour percer les
reufs, le dont o La b6tise de Cambrai,.
ENSEIGNEB LE FLE
2, L'APPROCHE SOCIOCULTURELLE 71
o Ilrr
¡rrcmier couple rit le dialogue. Dés qu'un participant a trouvé [: x B I i c a t i a n sl i nf o r m ati o n s
It' rrrrrr tlc l'.bjet dont il esr quesrion dans le dllogr., il
bándit sa fiche ll fawt obseruer ici un changement de priorité dans les actiuités commu-
ct t itt, kr nom de l'objet á voix haute.
nicatiues. L'expression orale est un moyen pédagogiqwe de trauailler swr
' si l'objet n'a pas encore été trouvé, un second couple lit re diaro- le cwhureL Notons qwe dans les méthodes communicatiues, la procédure
¡¡uc 2. M6me procédure que ci-dessus. pédagogiqwe est inuersée: les contenus cwltwrels seruent de moyens
' Si le nom de l'objet n'a toujours pas été découvert,
faire lire re d'apprentissage d la compétence de commwnication.
clizrlogue 3. Ici, l'objet á reconnaitre par i", ,pp...rr.,r,
l, Bétise de
cambrai. L'enseignant_ demande á un apprenant de bien"r, vouloir
expri- EfllCon",rr,on
quer l'origine du nom donné ára Bétise de cambrai.
d'aprés ce qu,il aura
compris dans les informations qu,il aura entendues. . Les exercices proposés permettent aux apprenants de travailler sur
' En récompense, I'enseignant peLlt distribuer á chacun une Bétise du .concretr. Ils sont confrontés á un environnement quotidien qu'ils
de cambrai, la friandise qu'il aura fallu découvrir. (Le théme
peut étre ont peut-étre déjá observé en France et qu'ils redécouvriront avec un
poursuivi par l'emploi en classe du document qui présente
l,origine de autre regard. Ils découvriront également quelques objets qui leur sont
la friandise et qui se trouve dans tous les paquets/boítes des inconnus. En outre, les objets qui, jusqu'alors, étaient inconnus des par-
fameux
bonbons...) ticipants, autoriseront dorénavant les apprenants á mieux saisir en quoi,
ou/et pourquoi tel objet s'avére étre frangais.
8" Distribuer la fiche 4. Les apprenanrs complétent re texre á
tro,s. . L'activité pédagogique permet une approche comparative idéale
Demandez-leur de quel objet ir s'agit. Réponse: le .rougat entre la culture cible et la culture source. Il est, en effet, aisé d'élaborer
de Montélimar.
un dossier portant sur les objets de la culture source et d'organiser des
Á:xp/rcaf'rt:ns i i nf a r m a ti o n s enquétes auprés de passants dans les rues.
Ilest ici question d'wn obiet qui ne
figure pds sur ra riste d'objets de ra
. Ici aussi, l'ensemble des activités peut étre réalisé en langue mater-
fiche 1. comme il s'agit d'wne spécialité de Montélimar, les intdications nelle et une partie des documents joints, résumée en langue maternelle.
géograpbiques et le nom de o I'objet, á compléter quatre
fois dans le
te,xte seront assez faciles á trouuer- L'apprenant
deura faire un rdppro- a'! Bibliographie
chement entre les indications cultwrelles mentionnées dans
le texte et les Renaud Tsouezo (Dirs) (2003), Franqais ! Notre histoire,
connaissances qu'il posséde swr la France. Carl ApsnHoi-o &
nos passions, Larousse, Paris.
'$' Montrez un poisson d'aurir fabriqué Jacqueline oE BouRcoINc (2000), Le calendrier, maítre du temps ? Découvertes
avec du papier et découpé.
Demandez aux apprenants de faire des hypothéses Gallimard, Collection Histoire, Paris.
,u, i, drt" er sur le
róle du Poisson d'auril. Nadine CnETIN (2003), lnuentaire des fétes en France, Larousse, Paris.
Distribuer quelques documents sur le pozsson d'aurir,authentiques Hubert L¡unroz (1998), Dictionnaire des superstitions, Albin Michel, Paris.
-
ou fabriqués. Les apprenants font un résumé orar ou écrit
de ce qu,ils ont André RaucH (1,996), Vacances en France. De 1830 á nos jowrs, Hachette,
compris sur l'origine de cette coutume. Collection La vie quotidienne, Paris.
si vous étes en possession de cartes postales anciennes, montrez http://www. Arte-tv.com (rechercher,,Karambolage").
des cartes du premier avril du début du xx' siécle,
époque oü les gens
s'envoyaient des veux pour le premier avril. Faire dá.ouu.i,
ces carres
par un jeu de questions et par la recture d'un résumé sur
r'historique de
cette tradition.
72 ENSEIGNER LE FLE
2 L'APPBOCHE SOCIOCULTUBELLE 73
Activité 2. Fiche 1
La culture des B. Faites une liste des objets ci-contre qui vous sont inconnus.
A" classez les différents objets dans une ou prusieurs des catégories.
C. Trouvez cinq objets qui, d'aprés vous, sont frangais, et cinq autres
qui sont étrangers. Classez-les dans la grille. Si vous avez une idée de
l'origine étrangére de l'objet, écrivez le nom du pays auquel vous pensez.
le jeu de l'oie
le poisson d'avril
le lue sais-je?
le sapin de Noél
74 ENSEIGNER LE FLE
2. L'APPBOCHE SOCIOCULTUBELLE 75
Activité 2. Fiche 2 La culture des ets aurait tort de croire que le menu a cessé d'évoluer; en 1984, un restaurateur
de Nantes a inventé le premier menu... en braille.
Descriptif des objets
* Le croissant
O La baguette de pain S'il n'est pas de petit déjeuner vraiment franqais sans croissant, c'est á la
Fait unique au monde: res 50000 bourangeries franqaises sont res
seures á reine Marie-Antoinette que nous le devons, celle-ci l'ayant apporté dans
fournir une, voire souvent deux fois par jour du pain frais un juste retour ses bagages, débarquant de son Autriche natale, lors de son mariage avec
; des
choses quand l'on sait á quer point, á r'étranger, ra baguette est Louis XVl. La légende raconte qu'en 1683, les boulangers de Vienne auraient
assimirée
á l'image de la France. découvert le stratagéme des ennemis d'alors, les Turcs, permettant á l'ar-
L'origine du pain est étroitement riée á ra Révorution franqaise. mée autrichienne de remporter la victoire. En souvenir, ils auraient fabriqué
Le
26 Brumaire an il (15 novembre 1rg3),raconvention fait paraitre un petit pain feuilleté en forme de croissant - embléme du drapeau turc - et
un décret
pour que tous les citoyens se nourrissent du méme pain: l'auraient offert á l'Empereur. C'est sous Louis-Philippe, cependant, que les
ARrcrr 5. Les bourangers ne pourront faire et vendre qu,une méme croissants - en particulier ceux du boulanger Zang, installé rue de Richelieu
espéce de pain. á Paris - devinrent populaires. lls entrérent peu á peu dans les habitudes
ARrcre 8. La richesse et ra pauvreté devant égarement disparaitre des Franqais si bien qu'actuellement, plus de 50 millions de croissants sont
du
régime de l'égarité, ir ne sera prus composé de pain de freur vendus chaque semaine et que plus d'un Franqais sur trois ne conEoit pas,
de farine pour
le riche et du pain de son pour le pauvre. sans eux, un vrai petit déjeuner du dimanche...
ARrcrr g. Tous res bourangers sont tenus, sous peine d,incarcération.
de
faire une seule et bonne espéce de pain, le pain de l,égalité. @ La guillotine
Coup d'épée dans l,eau; les habitudes étant ce qu,elles sont, les pauvres En 1789, le docteur Joseph-lgnace Guillotin, médecin et député de Paris,
et les paysans se contenteront encore rongtemps de boures de mauvais próne l'utilisation d'une machine qu'il a vu fonctionner en Angleterre, et
pain noir... qu'on appelle maiden,la jeune fille. ll en vante le caractére " humanitaire
"
devant l'Assemblée nationale: " Le mécanisme tombe comme la foudre,
@ Le menu
la téte vole, le sang jaillit, l'homme n'est plus. " Le dispositif en question
Le plus vieux menu date de 17s1 : il fut présenté aux convives était encore rudimentaire et c'est un autre médecin, le docteur Antoine
d,un souper
donné par Louis XV au cháteau de choisy. Mais re menu n,est pas Louis, qui conEut la machine telle que nous la connaissons, aidé par un
entré
facilement dans les meurs: pendant tout le xvr" siécle, le maitre fabricant de clavecins (!) nommé Schmidt. Elle fonctionna pour la pre-
de maison
se demande s'il doit le communiquer á ses invités. certains pensent miére fois sur la personne d'un bandit de grand chemin, Nicolas-Jacques
en effet,
comme Grimod de ra Reyniére, qu'«attendu qu'un vrai gourmet Pelletier.
a toujours
de l'appétit en reste au service des bons morceaux, nous pensons que Appelée á ses débuts La Louisette ou La Petite Louison (par référence
Ie
menu doit étre un secret entre le cuisinier et l'amphytrion., une au docteur Louis), elle devint La Guillotine (puis, plus tard, La Veuve) dés
formule
quasiment abandonnée de nos jours.
1792, malgré les véhémentes protestations du docteur Guillotin... qui faillit
L'usage régulier des menus est rancé par res restaurants créés lui-méme périr guillotiné sous la Terreur!
sous ra
Révolution par les anciens officiers de bouche de |aristocratie.
[...]
Le menu devient peu á peu I'embréme et re porte-parore du dr La montgolfiére
restaurant.
Tous les grands restaurateurs ont eu á cceur de faire illustrer leurs
menus Le 19 septembre 1783 fut un jour faste pour un coq, un mouton et un
par les plus célébres peintres et artistes de leur temps. jours,
[...] De nos on canard. Ces trois animaux venaient en effet de s'envoler en ballon devant
76 ENSEIGNER LE FLE
2- L'APPBOCHE SI]CIOCL]LTIIREI LE 77
I, rr¡i I ouis XVI et la reine Marie-Anto¡nette, tous deux ébahis, ce qui
valut @ Le poisson d'avril
r;rs animaux, honneur supréme, de falre partie de la ménagerie royale.
;'r
En 1564, une ordonnance du roi Charles x décide de reporter le début de
Le 21 novembre de ra meme année, ce fut re tour des hommes: pirátre
l'année au 1"' janvier, alors que, jusque-lá, elle commenqait au 1u'avril.
du Rozler et le marquis d'Arlandes s'envolaient du cháteau de la Muette
Pour se moquer des nostalgiques de l'Ancien Régime, on leur offrit donc,
á Paris dans un bailon á air chaud et atteignaient miile métres d,artitude.
chaque 1"' avril, de faux cadeaux, en matiére de plaisanteries. Comme c'est
cet exploit doit naturelrement beaucoup aux fréres Étienne et Joseph
au mois d'avril que le soleil quitte le signe zodiacal des poissons, on donna
Montgolfier, papetiers á Annonay en Ardéche, qui les premiers eurent
á ces événements le nom de « poissons d'avril ". [...] Aujourd'hui, le 1" avril
l'idée d'employer un gaz prus réger que |air pour faire vorer un
baron. a encore bien des adeptes et un signe de ralliement; Ie poisson de papier
L'engouement pour les montgolfiéres devient vite débordant et
va durer que l'on accroche dans le dos, le plus discrétement possible. La presse,
prés d'un siécle. Des ascensions pubriques sont organisées,
on vend des quant á elle, le féte en annonqant de fausses nouvelles toujours aussi far-
assiettes, des horloges, des luminaires á leur image...
felues: la tour Eiffel démontée, un décret promulguant l'obligation d'avoir
deux roues de secours dans sa voiture, le réseau routier qui ne comporterait
S Le jeu de l'oie
plus que des virages á droite, un nouveau foie gras, celui de l'anguille, et
Le jeu de l'oie est né de tradiilons dont res origines se perdent
dans ra nuit bien d'autres, de plus ou moins bon goü1...
des temps... En France, on en trouve trace dés Ie 26 avrir 1612
dans re jour-
nal de Jean Hérouard, médecin de Louis Xlll enfant: .ll est toujours 6¡ Le Que sais-je?
malade,
mais gai, iljoue á l'oie avec Monsieur de Vendóme, le grand écuyer.,
Sur les Lancée en 1941 par Paul Angoulevant, qui reprend pour l'occasion la devise
anciens jeux, le nom complet était Jeu de I'oie, renouvelé des Grecs,
car on de Montaigne, la collection Que sais-le? répond á un triple défi : moral,
le disait héritier du rabyrinthe crétois. on |appeile aussi Jeu
de grand praisir matériel et moralisateur. Les trois premiers titres de la collection: Histoire de
et récréation et Noble jeu de l,oie. la biologie, De I'atame á l'étoile et Les certitudes du hasard sont révélateurs
Trés prisé á r'origine par res mirieux aristocratiques et aisés, ir devient de la confiance nouvelle dans le róle de la science.
vite trés populaire, et ce sont res corpofteurs qui re drffusent au sein Quels que soient les thémes abordés, le défi est le méme:tout dire,
de ra
population.
tout expliquer en 128 pages (4 cahiers de 32 pages). Quant aux auteurs,
ce sont les meilleurs techniciens dans les domaines concernés, membres
$ L'espadrille
du Conseil A'État, de la Cour des comptes, journalistes, professeurs au
chaussure populaire, efle chausse des miilions de pieds r'été, toutes Collége de France, membres de l'lnstitut d'Études politiques de Paris. Et
crasses
sociales confondues... Les premiers ainsi chaussés furent les fantassins tous se plient á cette discipline qui permet á la collection de toucher á la fois
du
roi d'Aragon, au xr," siécle. EIle équipe ensuite les mineurs du nord un public de spécialistes et d'étudiants. [...] Actuellement diffusé á plus de
et de
l'est de la France vers 1850 et prend son véritable essor au xx"siécle: 60 millions d'exemplaires et traduite en 40 langues, la collection sort cinq
avant
la deuxiéme guerre mondiare, vingt miilions de paires étaient titres par mois, dont les meilleurs, comme Le Marxisme, sont vendus entre
fabriquées en
France. 150000 et 300000 exemplaires.
Malgré la diminution de ra crientére des mineurs et ra disparition
de cefle
des Pieds-noirs d'Argérie, ra France produit encore dix miilions de paires S Le porte-jarretelles
par an, mais doit faire face á ra concurrence sévére de IEspagne C'est parce que les bas de sa femme tire*bouchonnaient sur ses jambes
et de
la chine. Le tressage des cordes des semeiles d'une paire d,espadriiles, que Gustave Eiffel, mari attentionné, inventa le porte-jarretelles! (Quand
qu'elles soient faites á ra main ou industrieilement, la construction de la fameuse tour qui porte son nom lui en laissait le
demande cinq métres de
corde. loisir.)
S Le papier toilette
* Le soutien-gorge
ll est apparu á la fin du xrx" siécle sous la forme, typiquement frangaise, de
En 1889, Herminie cadoile décide de couper son corset
en deux pour se paquets á feuilles intercalées les unes dans les autres. ll se présente en
libérer le diaphragme et ra respiration. cette brassiére
á épaurettes qu,ere bulle corde, de couleur brune ou beige, obtenu naguére á partir de sacs de
vient ainsi d'inventer prend successivement le nom de
corselet_ceinture, toile ou d'espadrilles et aujourd'hui fabriqué á partir de papiers de derniére
corselet-gorge et, enfin, de soutien-gorge. C,est en 1904 que
ce mot appa_ catégorie, comme les cartons et les journaux. Seules les collectivités en
rait pour la premiére fois dans un dictionnaire.
achétent encore.
$ Les rouleaux ne sont apparus que bien plus tard et représentent prés de
Les bétises de Cambrai
8O%o de la consommation actuelle. lls sont en "crete» (épaisseur simple,
La légende raconte que re secret de fabrication de ces
cérébres bonbons fabriqué á partir de pátes mécaniques) ou en ouate de cellulose (84o/o du
est né d'une vraie bétise: ÉmireAfchain, jeune apprenti
dans ra confiserie marché). Le papier toilette padumé, lui, est en nette progression'. 8%o du
familiale, aurait fait une erreur et sa mére lui aurait crié
avec colére: * ils sont marché total. La consommation annuelle des Franqais est de 7,3 kg, contre
ratés, tes bonbons! T,es bon á rien, t,as encore fait qu,des
bétises!, 7,1 pour les Belges, 7,8 pour les ltaliens et 18,6 pour les Suédois.
on dit aussi que, le 24 de chaque mois, se tenait á cambrai une
foire
aux bestiaux. Aprés res achats sérieux de ra journée, res paysans S Le couteau économe
et reurs
femmes se laissaient ailer, parfois, á acheter des friandises,
des petites Seule la marque Économe gravée dans la lame prouve l'authenticité de
"bétises". Et en particurier res fameux bonbons d'Émire Afchain. euoi qu,ir cet ustensile de cuisine inventé en 1929 et qui a fait le tour du monde. Son
en soit, re succés fut ter que res bétises furent abondamment
coprées: re inventeur, un certain M. Pouzet, artisan á Thiers, capitale du couteau et des
célébre procés en date du 31 décembre 1g9g reconnut
Émire Afchain seur ciseaux sous toutes leurs formes, avait mis au point un article constitué
inventeur de la
"véritabre bétise de cambrai ,. Les boites étaient facire- d'une lame en acier au carbone montée sur un manche de bois, l'alisierteint.
ment reconnaissabres á ra grand-mére dessinée sur re
couvercre qui pro- Aujourd'hui, la lame est en acier inoxydable et le manche le plus souvent en
clamait le fameux srogan; *Non mais goütez-moi qar,
cette méme ai.eure plastique, mais rien n'a fondamentalement changé. La production annuelle
veille encore de nos jours sur Ia production des petits
bonbons á Ia rayure est d'un million d'articles dont 50% á l'exporlation.
jaune (menthe), rouge (framboise) ou verte (anis).
Aujourd,hui, une usine de
4 000 m2 fabrique jusqu'á 500 000 bonbons par jour,
soit 1 20 miilions par an S te o¡¿et
(300 tonnes).
Bien que l'origine du bidet demeure relativement floue, on l'attribue en géné-
@ La baignoire ral au Frangais. ll semble qu'il soit apparu aux alentours des années 1710.
Quelques décennies plus tard, les historiens rapportent que la Princesse de
Déjá forl connue des Grecs et des Romains, ra baignoire
ne fut pourtant Savoie, ayant épousé le Comte de Provence, futur Louis XVlll, regut parmi
relancée qu'au xvr" siécre par res Frangais. Franqois ru,, r.rn des
rois franqais res ses cadeaux de mariage un bidet de bois rouge dont la cuvette en cuivre
plus civilisés, dessina rui-méme ra forme et |ornementation
des baignoires argenté était gainée d'un étui de cuir.
84 ENSEIGNEB LE FLE
2 L'APPBOCHE SOCIOCULTURELLE 85
Dans les grands hótels d,Europe du nord, d,Allemagne ou des États_ Mais pour que le sapin entre dans les maisons, il faudra encore attendre
Unis, le bidet est un appareir totarement inconnu ou peu répandu. chez un peu. La coutume de l'arbre semble avoir gagné les milieux aristocratiques
nous, il perd du terraln et n'a plus vraiment sa prace dans nos salles allemands, puis la Scandinavie. Elle gagna ensuite les régions protestantes
de
bains contemporaines: on n'en trouve plus que cinq pour cent habitants de Suisse, d'Autriche et de Bohéme. A la suite de la Réforme du xvl" siécle,
en
France. les protestants, trés hostiles aux représentations de la Nativité, favorisérent
l'implantation de l'arbre de Noé|. ll leur rappelait l'arbre de la connaissance
I Le jeu de cartes
du Bien et du Mal, l'arbre du Paradis et de la Rédemption aprés la chute
c'est pour distraire le roi charles vl, si l'on en croit un savant jésuite, re d'Adam et Éve. Toutefois, jugé symbole de protestantisme par l'Église et
pére Ménestrier (1 63"1 -170s), que les cartes auraient été fabriquées pour considéré comme le concurrent pai'en de la créche, cet arbre eut plus de
la premiére fois en France en 1392. ces cartes représentaient, seron mal á s'implanter dans les pays catholiques. [...] Petit á petit, il vainquit les
rui, Ia
structure féodale symbolisée. réticences et, au cours du xrx" siécle, la tradition gagna de nombreux pays.
Ce n'est qu'au xv€ siécle que sont nées les familles _ cceur, tréfle, car_ [...] A Paris, la duchesse Héléne de Mecklenbourg, belle-fille du roi Louis-
reau et pique - tandis que les figures ne sont définitivement fixées qu,au Philippe, fit dresser le premier sapin aux Tuileries en 1837. [...]
xvrF siécle. c'est le ministre des Finances qui décide, en 1g27, qu,au lieu Mais qui, le premier, eut l'idée de décorer le sapin ? Ce sont les Alsaciens
d'étre en pied, les personnages seront faits de deux bustes inversés. qui, á l'origine de la coutume de l'arbre de Noé|, furent logiquement les
premiers á le décorer. L'une des premiéres descriptions nous vient de
O Les images d'Épinal Strasbourg en 1605. On suspendait alors dans un arbre dressé dans la piéce
Rouge garance, vert émeraude, breu outremer, jaune vif, marron terre principale de la maison, des pommes, des hosties non consacrées, des
de
sienne... telles sont res principares coureurs de ces images imprimées sur roses en papier symbolisant le Christ et le Paradis, ainsi que des sucreries.
un papier pur chiffon, corportées de viilage en viilage á travers ra France
D'aprés Le livre de Noé/ par Nadine Cretin, 2001
et l'Europe depuis le xvr" siécle. Leurs thémes sont fort divers: chanson
d'amour, images de saints, pavillons de pélerinages, blasons de corpo_
rations et de confréries, personnages historiques, grandes bataiiles,
faits
divers, etc. Les plus cérébres sont ceiles des rmageries peilerin d,Épinar
créées par Jean-charles pellerin, excellent graveur et directeur d,un
atelier
qui connut une rare célébrité á la fin du xvr.siécle. Au fur et
á mesure, les
sujets présentés sur les images se déveroppent. En 1914, ra productron
des
images se ralentit et Ia société dépose bilan en 'lgg4 pour devenir L,lmagerie
d'Épinal S.A. Les collections sont visibles au musée d,Épinal.
O L'arbre de Noél
Les premiéres véritables mentions d'un arbre de Noél sont alsaciennes:
á
sélestat, en 'l 521, res comptes de ra viile autorisent des gardes forestiers
á " surveiller les arbres á partir du jour de la saint-Thomas, puis, en
1546,
á couper des "Mais" (arbres verts) pour Noér, res coupes sauvages étant
interdites. [...]
86 ENSEIGNER LE FLF
2. L'APPBOCHE SOCIOCULTUBELLE 87
Ae tivitá , +rche 3 La culture des iets Activité2.Fiche4 La culture des obiets
Llaoz les dialogues
Complétez le texte par le méme mot et découvrez la spécialité régionale
dont il s'agit.
i Dialogue 1 (deux personnes: la mére et la fille)
Lamére: Si on allait á la foire aux bestiaux samedi prochain
?
C'est Olivier de Serres, célébre agronome et conseiller d'Henri lV, qui orga-
Lafille: Excellente idée! Aprés, on pourra passer se régaler
chez nisa la culture systématique et rationnelle des ............ dans la
Mme Afchain!
région de Montélimar au xvlt" siécle. En avril 1701, on remarqua la premiére
I Dialogue 2 (deux personnbs: la mére et la fille)
La fille: Tu préféres ceux á la menthe ou ceux á l,anis?
réception donnée par la municipalité en l'honneur des Ducs de Bourgogne
La mére: Ceux á la menthe.
et de Berry qui revenaient d'Espagne.
88 ENSEIGNEB LE TLE
2. L'APPROCHE SOCIOCULTUBELLE 89
L'a pproche ntercu lturel le
i
f Fiche pédagogique
. Ce qui est intéressant dans l'utilisation des contes dans les cours
de langue, et en particulier, dans Le Petit Cbaperon rowge, c'est
que ces derniers renferment une potentialité intra- et interculturelle
exemplaire, et ceci á différents niveaux: l'approche intraculturelle
permet d'isoler un paramétre culturel qui détermine les points com-
muns ou les différences entre les données culturelles rencontrées dans
deux cultures. Cette approche fait également ressortir les différents
niveaux linguistiques, sociologiques et historiques dans les phéno-
ménes d'adaptation attribuables á 1'appartenance culturelle.
. Le second critére pédagogique est d'ordre interculturel. Il repose sur
le fait que les contes dévoilent les transformations d'ordre culturel
auxquelles une culture procéde, afin de les adapter aux normes de sa
propre sphére culturelle.
Argument s d.i d acti q* e s
I Les contes témoignent de l'évolution ou de la résistance des cou-
tumes, croyances, etc., ainsi que de l'idéologie autour des mcurs.
. Les contes nous informent sur la vie sociale d'une époque: ils occu-
paient une position particuliére au sein des communautés.
. Les contes jouaient un róle éducatif dans les sociétés traditionnelles.
3. L'APPHOCHE INTERCULTURELLE 91
¡ La traduction des contes porte l'empreinte culturelle de la culture
I Déroulement de l'activité
du traducteur. (Voir la fiche 3 p.102, qui place le conte de Perrault dans son contexte
historique et culturel et explique les différences entre le conte tel qu'il est
Objectifs généraux
o Développer des savoirs culturels
raconté par Perrault et par les Fréres Grimm.)
et savoir-faire (inter)culturels.
o Découverte des traits de la culture
franEaise á l'époque de charles l. En binóme, faire raconter ou dessiner le Petit Chaperon rouge de
Perrault. Perrault (si l'histoire est connue).
-Prise de conscience de l'écriture, de la langue, du choix lexical en tanr 2. En groupe classe, quelques apprenants racontent le conte.
que traits culturels spécifiques d'une aire culturelle et sensibilisation
aux représentations divergentes d'une méme réalité culturelle. 3. Lecture du conte de Perrault (fiche 1 p.97) et mise en commun:
- Prise de conscience des spécificités culturelles, langagiéres et de leur les apprenants comparent leurs connaissances du conte d'aprés leurs
évolution dans la culture maternelle. connaissances préliminaires et la lecture du conte.
92 ENSEIGNEB LE FLE
3. L'APPBOCHE INTERCULTUBELLE 93
cncore des mots dont le contenu culturel est le résultat
de l,association premiére version des Fréres Grimm, puis dans les suivantes, et rechercher
d'un lieu á un produit ou á un objet (les saucisses dans Grimm
ou encore les raisons de la disparition de certains contes de Perrault. Une lecture
la chevillette et la bobinerte dans perrault).
sur l'origine des sources de la collecte des contes de Grimm donnera
E xp I i catio n s/i nfo rm ati o n s quelques explications sur le fait que les auteurs renoncérent, dans les
L'étwde de I'intégralité du texte est superflwe, miewx udut éditions postérieures á celle de 1.8L2, á reprendre des contes issus de ceux
se concentrer
sur le lexiqwe ciblé, repéré dans les dewx uersions. de Charles Perrault.
96 ENSEIGNER LE FLE
3 L'APPBOCHE INTERCULTURELLE 97
Qui est lá? Le petit Chaperon rouge, qui entendit la grosse
voix du Loup Le Petit Chaperon Rouge
eut peur d'abord, mais croyant que sa Mére_grand Activité1.Fiche2
était enrhumée, répon_
dit: c'est votre fiile re petit chaperon rouge, qui vous
apporte une garette Le Petit Chaperon Rouge par Ies Fréres Grimm
et un pet¡t pot de beurre que ma Mére vous envoie. Le
Loup lui cria en (traduit de l'allemand)
adoucissant un peu sa voix: Tire ra cheviilette, ra bobinette
cherra. Le petit
Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s,ouvrit.
I était une fois une adorable petite fille que tout le monde aimait rien
Le Loup, ra voyant entrer, rui dit en se cachant
dans re rit sous ra couver- qu'á la voir, et plus que tous, sa grand-mére, qui ne savait que faire ni
ture: Mets la galette et le petit pot de beurre sur la huche, I que donner comme cadeaux á I'enfant. Une fois, elle lui donna un petit
et viens te coucher
avec moi. Le Petit chaperon rouge se déshabille,
et va se mettre dans le lit, chaperon de velours rouge et la fillette le trouva si joli, il lui allait si bien,
oü eile fut bien étonnée de voir comment sa Mére-grand
était faite en son qu'elle ne voulut plus porler autre chose et qu'on ne l'appela plus que le
déshabillé.
Petit Chaperon rouge.
Elle lui dit; Ma mére-grand, que vous avez de grands
bras? C,est pour Un jour, sa mére lui dit:
mieux t'embrasser, ma fille.
- Tiens, Petit chaperon rouge, voici un morceau de galette et une bouteille
Ma mére-grand, que vous avez de grandes jambes?
C,est pour mieux de vin : tu iras les porter á ta grand-mére; elle est malade et affaiblie, et elle
courir, mon enfant. Ma mére-grand, que vous avez
de grandes oreilles? va bien se régaler. Fais vite, avant qu'il fasse trop chaud. Et sois bien sage
C'est pour mieux écouter, mon enfant. Ma mére-grand, que
vous avez de en chemin, et ne va pas sauter de droite et de gauche, pour aller tomber et
grands yeux ? C'est pour mieux voir, mon
enfant. Ma mére_grand, que vous me casser la bouteille de grand-mére, qui n'aurait plus rien. Et puis, dis bien
avez de grandes dents. C,est pour te manger.
bonjour en entrant et ne regarde pas d'abord dans tous les coins'
Et en disant ces mots, ce méchant Loup se jeta
sur le petit Chaperon - Je serai sage et je ferai tout pour le mieux, promit le Petit chaperon rouge
rouge, et la mangea.
á sa mére, avant de lui dire au revoir et de partir.
Mais la grand-mére habitait á une bonne demi-heure du village, tout
Moralité
lá-bas, dans la forét; et lorsque le Petit chaperon rouge entra dans la forét,
On voit ici que de jeunes enfants,
ce fut pour rencontrer le loup. Mais elle ne savait pas que c'était une si
Surlout de jeunes filles
méchante béte et elle n'avait pas peur.
Belles, bien faites, et gentilles,
- Bonjour, Petit Chaperon rouge, dit le loup.
Font trés mal d'écouter toute sorte de gens,
- Merci á toi, et bonjour aussi, louP.
Et que ce n'est pas chose étrange,
- Oü vas-tu de si bonne heure, Petit Chaperon rouge?
S'il en est tant que le Loup mange.
- Chez grand-mére.
Je dis le Loup, car tous les Loups
- Que portes-tu sous ton tablier, dis-moi ?
Ne sont pas de la méme sorle;
- De la galette et du vin, dit le Petit chaperon rouge; nous I'avons cuite hier
ll en est d'une humeur accorte,
et je vais en porter á grand-mére, parce qu'elle est malade et que cela lui
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
fera du bien.
Qui privés, complaisants et doux,
- Oü habite{-elle, ta grand-mére, Petit Chaperon rouge? demanda le loup'
Suivent les jeunes Demoiselles
- Plus loin dans la forét, á un quart d'heure d'ici ; c'est sous les trois grands
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles;
ch6nes, et juste en dessous, il y a des noisetiers, tu reconnaitras forcément,
Mais hélas I qui ne sait que ces Loups doucereux,
dit le Petit Chaperon rouge.
De tous les Loups sont les plus dangereux.
Fort de ce renseignement, le loup pensa: "Un fameux régal, cette
mignonne et tendre jeunesse ! Grasse chére, que j'en ferai : meilleure encore
98 ENSEIGNER LE FLE
3. L'APPBOCHE INTEBCULTURELLE 99
que la grand-mére, que je vais engloutir aussi. Mais
attention, il faut étre - Comme tu as de grandes oreilles, grand-mére !
S . Dans un conte allemand de 1905, une vieille femme habite la forét avec
Le contenu des versions frangaises
sa fille, mariée au fils du garde forestier. Alors qu'elle voulait rentrer chez
certaines versions reprennent le conte issu de la tradition orale que perrault
elle, la fille est dévorée par le loup qui lui ouvre la porte. Elle sera sauvée par
n'a pas retenue, d'autres sont un mélange du conte oralisé et écrit,
d,autres son mari.
encore, plus contemporaines, sont de véritables créations, tant par Ie . Dans des variantes portugaises et italiennes, le loup est un ogre qui
contenu thématique que lingulstique.
a pris l'apparence du Petit Chaperon Rouge et qui dévore la grand-mére.
ll existe, par exemple, une version orale plus ancienne que celle de
L'enfant est soit une fille, soit un garQon.
Perrault qui a été transcrite vers 1g7g en Bretagne. il s,agit d,une
version ¡ Dans Cappucceto rosso (ltalie), le loup dit á la petite fille d'aller ramas-
qui reprend le théme trés ancien du cannibarisme. Dans ce récit,
res os de ser des pommes. Le loup mange la grand-mére, puis l'enfant, avant d'étre
la grand-mére servent de bois de chauffage dans ra cheminée
et ra petite décapité par un chasseur.
fille boit le sang et mange ra chair de ra grand-mére posée sur une
huche, . Dans une autre version italienne, le loup fait manger les dents de la
avant de se faire dévorer par le loup. Dans une autre variante bretonne,
le grand-mére au Petit Chaperon rouge qu'il fait passer pour des grains de riz.
loup est mis á mort par des gens de passage que ra fiilette avait interpeilés
lci, la mention du riz pourrait avoir pour origine une habitude alimentaire de
pour Iui venir en aide. on trouve de nombreuses versions de
ce conte dans la région. La grand-mére est parfois le dévoreur. A la place du loup ou loup-
la tradition bretonne.
garou nous trouvons aussi, un homme sauvage, un homme des bois, une
En 1880, une autre variante frangaise, Le petit Chaperon d,or, propose
vieille femme...
une version fantastique du conte: alors que la grand-mére est partie .
vendre En Roumanie, c'est un petit garqon qui va voir son grand-pére, mais
des herbes á la ville, la fillette est confrontée au loup dans la maison
de la dans la majorité des contes, c'est une petite fille qui porte le nom de " Petit
vieille dame. Elle porte un capuchon magique sur ra téte auquer
re roup se Chaperon rouge», mais on observe aussi d'autres prénoms: Jeannette,
brüle, au moment oü il veut dévorer l,enfant.
Blanchette, Fillon-fillette, une petite fille...
Une version de ra région de |rndre vers 1gg3 rerate que Ia fiilette mange r Dans la plupart des variantes contemporaines du conte de Grimm, le
de la chair de la grand-mére sans le savoir (comme dans la version bretonne)
loup a la téte coupée par un chasseur ou est tué d'un coup de fusil pendant
et entend une voie mystérieuse qui rui souffre: *Tu manges de ma titine (=
son sommeil avant d'avoir le ventre ouvert. Quelquefois, le loup "éclate"
la tétine de ma mamelle), ma fille, tu bols de mon sang, mon
enfant., pour avoir trop mangé de fruits (figues) en plus des deux femmes.
Parfois, ce sont des animaux famiriers qui viennent prévenir |enfant: . Les questions que pose la fillette sur la physionomie de la grand-mére
chat, oiseau, chien, coq, rouge-gorge, lapin, renard. ll existe une version
suivent des canevas différents: questions sur les poils aux jambes ou au
dans laquelle un lapin, un renard et un chien rencontrent la fillette dans
la corps, sur le nez, la langue, la voix rauque. Dans ce dernier cas, la raison
forét et lui demandent un morceau de páté.
évoquée par le loup est celle de l'áge avancé de la grand-mére.
Dans quelques versions, res chemins que re roup et lenfant prennent, . Les dons apportés par la fillette varient eux aussi.
portent des noms: chemin des pierrettes et des épinglettes
au pays d,Oc, - Versions franqaises: tarle; pain, gáteau, raisin, pomme; pain et lait, beurre
chemin des ronces et des pierres au Tyrol. ce choix constitue une
sorte de et fromage.
jeu pour les enfants qui sont invités á expriquer reur préférence ne sont pas mentionnés,
pour Iun - Versions allemandes: quand le vin et le gáteau il
des deux chemins. Dans les versions écrites dans lesquelles les indications s'agit de «vivres», sans aucune autre précision.
pour la lecture oralisée ont été supprimées, Ie nom des
chemins n,a pas été - Versions baltes: baies de la forét.
repris.
- Versions italiennes: biére, eufs, compote de fruits, beurre, beignets.
' L'exploitation
d'interactions verbares conduit á ra découverte des Niueau et langue d'aPPrentissage
caractéristiques culturelles suivantes : . Niveau 81 et t
' Les rituels communicatifs propres á une communauté curturelle . Niveau fin A2, utilisation du corpus en langue maternelle et de
donnée: les salutations, la g.rtrr.lr. (si I'interaction la traduction du corpus franEais en langue maternelle: travailler les
est filmée), les
formes d'adresse, les formes de politesse, les stratégies activités sur les différences socioculturelles et les formes verbales du
la face d'autrui, le degré de ritualisation des
po.r, *i.rur.,
i.rt.rrltiors, lu url.rr.t début et de la fin de l'échange.
la place de la parole.
' Les spécificités de la ffansaction commerciare:
début (l,ouverture)
et fin (clóture) de l,échange, róle er srarur des interlocrr.rrr,
,ur^r_
1 16 ENSEIGNER LE FLE
3. L'APPBOCHE INTEBCULTURELLE 117
lr' l{.,r'rr (198r), o Échange,
intervention et actes de langage dans la struc-
ture de la conversarion,, dans Études de linguistique Activité2.Fiche2 Une transaction commerciale
appliquée,44,Didier
Érudition, Paris, p. 7-39.
v' Tnawnso (1996), La conuersation
famiriére. Anaryse prdgmatique des inte-
Texte du dialogue en allemand
ractions, PUL, Collection linguistique et sémiologie,
LyÁ.
P = le pharmacien
C = la cliente
P Frau B. Grüssgott.
C Hallo Herr K. Ja, also, ich bráuchte... lch hátte hierein Etikett... von
Activité2.Fiche1 einem Hustensaft. Hum... Das habe ich meinem Kind ganz spát noch
Une transaction commerciale
gegeben.
Conventions de transcription P Mm Mm.
1 I8 ENSEIGNEB LE FLE
3. L'APPROCHE INTEBCULTUBELLE 119
so (bruit de carsse enregistreuse).yier zwanzig bitte (/a
criente paie).
Danke. Haben Sie unsere letzte Zeitschrift bekommen? Activité2.Fiche3 Une transaction commerciale
C Bon, s'il faut payer je le paierai. Rester enfermé d'un temps pareil.
P Ben oui, pas le droit de sortir de ce temps lá. Moi, je vais travailler á
Saint-Tropez.
C Oh ! Pas besoin d'aller á Saint-Tropez pour avoir du soleil.
P Lá les mecs, ils travaillent sur les plages avec des parasols'
C Ah oui? (rlres)
c Oui. C = oui oui c'était d'abord mon fils puis \ j'ai attrapé \ vous l'avez attrapé
P Donc Aa, il faut l,envoyer á la caisse primaire. P \ alors ga c'est des antibiotiques vous en prenez trois par jour: QA
ea, il faudrait mettre
votre numéro de sécurité social. En principe ils devraient c'est pour la gorge des p'tites pastilles á sucer... quatre á cinq par
vous
rembourser. jour... qa c'est du sirop / bon c'ui lá vous connaissez =
Bon. Et pour la prise de sang? euand est_ce qu,il pourrait passer? C = oui \ j'lai déjá eu
Avant huit heures vendredi matin ?
P Qa \ c'est pour les douleurs vous en prenez... TROIS \\ par jour... par
P Avant huit heures, cette semaine. C,est pas p. C,est contre sur le (inaudible) \ y'a une petite différence á payer / hein c'est
madame D. P. rentre lundi. pas pris en compte par |a... par |a...
C C'est pareil. Si elle peut passer avant huit heures... C \\ bon s'il faut payer je l'paierai... // resler enfermé d'un temps pareil
P Bon. Je lui dis de passer avant huit heures. L,adresse
c,est... P /ben OUI pas l'droit d'sortir de c'temps lá MOI \ j'vais travailler á
C 718 rue de D.
P Prise de sang... demain matin... surtout: ... avant C oh : \ mi b'soin d'aller á Saint-Tropez pour... avoir... du soleil
huit heures... (/e
pharmacien note sur papier). Voilá. pas de probléme.
ea vous Ie don_ P \ lá les mecs i travaillent sur les plages avec des parasols
nerez á l'infirmiére.
C ah: oui (rires)
C Mm... D'accord, merci.
P Bon, ben voilá. P BON // est-ce que je renote sur les boites =
\avant huit heures... cette semaine \ c,et pas p. c'est c hallo \ / bráuchte... / ich hátte hier ein etiKETT" '
herr K. JA also ich
l. ou
madame D. ... \ P. rentre lundi von einem hustenSAFT hum... \\ das habe ich meinem kind ganz spát
C \ c'est pareil si elle peut passer avant huit heures... noch gegeben
P bon \ je lui dis de passer avant huit heures \ I,adresse c,est... P [mm mm
C 718 rue de D. C und \ es hat die ganze nacht gehustet
P \ prise de sang... demain matin... surtout: ... avant huit heures... (le P JA \ das ist auch ein hustensaft der den schleim rauslóst und \ den
pharmacien note sur papier) \ voilá \ pas de probléme
eA vous l,don_ sollte man ElGENTlich das letzte mal am spáten Nachmittag \ dem
nerez á l'infirmiére kind noch geben und nicht mehr nachts \\ dann hustet es die ganze
C mm d'accord merci nacht den gelósten schleim ab / man kÓnnte sonst so machen wenn
sie,wollten / wenn sie einen trockenen reizhusten wollen müsste man
P \ bon ben voilá
einen anderen saft nehmen da gibt es für frei káuflich nur den "'
C \merci au reVOlR
siloMAT SAFI óh... / besser wáre natürlich K (inaudible)/ aber den
müsste ihnen der DOKtor aufschreiben \ [also mÜssten sie zum doktor
gehen und sich ein rezept holen \ und man kann es so AUFteilen dass
sie ihm tagsüber DEN schleim lósenden saft geben und NACHTS \\
dann den anderen =
und zum STlLLen dann den K. /kann ich ihn meinem kind schon
§eben =
= DEN \ kónnen sie ihm dann geben wenn der
doktor ihn aufgeschrie-
ben hat JA \\ (prononcé á voix trés basse) aber das mÜssen sie ersmal
ein rezept besorgen
Oui, mais c'est un sirop qui dissout la mucosité et que vous pouvez
encore donner tard dans l'aprés-midi á votre enfant, mais pas la nuit,
sinon il toussera toute la nuit la mucosité qui sera résorbée. Si vous le
voulez, vous pourriez faire la chose suivante: si vous voulez un sirop
pour toux séche, il faudrait prendre un autre sirop. En vente libre, il
n'y a que le Silomat. Le K. serait naturellement mieux, mais le docteur
devra vous le prescrire, alors vous devriez aller chez le médecin pour
l'obtenir sur ordonnance. L'on pourrait ainsi répartir la prise du sirop
de faqon á ce que vous lui donniez dans la journée le sirop qui dissout
les mucosités et l'autre sirop, la nuit.
Vous pourrez alors lui donner, quand le docteur vous l'aura prescrit,
mais vous devez d'abord aller chercher une ordonnance.
C Bien, alors je vais aller chez le médecin, mais je vais tout de méme
prendre maintenant du sirop á base de plantes.
Voilá. Qa fait 4,20. (Lacliente paie.) Merci. Vous avez eu notre dernier
magazine?
Dialogue franqais
. Le pharmacien n'utilise ni salutation ni forme d'adresse pour ouvrir
l'échange. Nous nous trouvons dans un schéma d'action type de I'ouver-
ture de la transaction commerciale: la vive entrée en matiére signale mani-
festement que le client se trouve dans une file d'attente et que son tour est
arrivé. Le premier geste que le client effectue est de tendre son ordonnance
au pharmacien. Les formes de salutations enregistrées dans les interactions
débutent par celles du pharmacien. Dans notre dialogue, un autre rituel
aurait été possible par l'utilisation d'un appellatif tel MONsieur (soulignant
la salutation et l'attention communicative) ou monSlEUR (signalant au client
l'invitation á formuler sa requéte).
. Nous remarquons l'absence d'appellation chez le client, mais ce der-
nier est lá depuis un certain temps á attendre son tour. La question du
pharmacien "Vous avez été enrhumé cet hiver? » correspond au désir d'in-
troduire un caractére informel á la conversation.
Dialogue allemand
¡ Le terme d'adresse que le pharmacien utilise dans l'ouverture de
l'interaction est caractéristique du rituel d'ouverture des transactions com-
merciales en Allemagne quand le nom du client est connu. L'attention
est tout d'abord portée sur la personne, puis l'énonciation se termine sur
ubonjour"; dans le dialogue, le pharmacien annonce Frau 8., GrÜssgott,
variation dialectale bavaroise de Guten Tag («Bsn¡sur» en haut allemand)
(,. Madame B., Bonjour"). Quand la personne n'est pas connue du pharma-
O Marianne et Germania
. Marianne est la représentation allégorique de la République. L'origine
de ce choix remonte á la Révolution franEaise, la convention ayant décidé
en 1792 que le symbole de la République serait représenté par la déesse
* Liberté, coiffée du bonnet phrygien. Marianne est la contraction de Marie et
de Anne, prénoms populaires et répandus au xvill" siécle. En 1796, Marianne
.l
apparait sur une piéce de monnaie. c'est en 854, lors du soulévement des
ardoisiers deTrélazé dans le Maine-et-Loire, que Marianne fut connue dans
toute la France. En 1889, s',instaure la production industrielle de bustes de
Marianne. A partir de 1877 , elle fait son entrée dans les mai¡es oü son buste
remplace celui de NaPoléon.
. Marianne coiffée d'un bonnet phrygien est une guerriére. on la trouve
aussi drapée á l'antique, entourée d'épis, de couronnes de fleurs et de
fruits.
;*,, observez en détail les personnages/couples. euelle est Ia partie ves- .Dans les caricatures frangaises et allemandes d'aujourd'hui, Marianne
timentalre commune aux couples A, B et D?
a perdu son caractére républicain. Elle représente désormais la France en
tant que pays et que nation, sans aucune mission politico-idéologique.
Aprés la premiére Guerre mondiale, dans les caricatures franqaises, la com-
battante süre de soi, fait place á un 6tre plutÓt craintif, dupé et humilié,
menacé par la fondation de la République fédérale allemande'
r Dans les caricatures allemandes, Marianne, comme pour dans le passé,
* allégoriques.
Le couple Napoléon et Bismarck
. Le bonnet phrygien
'
La caricature de |officier est utirisée en France depuis toujours. par
La mode du bonnet rouge est lancée par les hommes en 1792. ll est syno-
contre, en Allemagne, elle a été utilisée jusque dans les années 40. Le mili-
nyme de liberté. Cette tradition remonte á la Rome antique' Ce bonnet
taire allemand est un officier prussien, issu de la noblesse, présenté dans
est aussi appelé bonnet des Jacobins, car il fut porté en majorité par les
une attitude rigide, coiffé d'un casque á pointe (l'eil souvent orné d,un
membres de ce club. Le bonnet phrygien représente surtout la France et
monocle et le sabre sur le cété). ll incarne la «mauvaise Allemagne,, celle
les Franqais, il n'évoque pas obligatoirement la Révolution et ses idéaux, du
de Bismarck. Elle est, dit-on, riche en biens matériels, pauvre en capacités
moins en ce qui concerne les Allemands.
intellectuelles, voire belliqueuse et barbare. r Le bicorne napoléonien et le casque du " poilu "
¡ C'est surtout le casque á pointe et les bottes qui témoignent d,une
lls évoquent le souvenir d'événements liés á la guerre et sont souvent utili-
virilité et d'une trés grande force á laquelle la *douce France, a les
sés par les caricaturistes comme toile de fond historique. Le bicorne sym-
poings liés.
bolise l,hégémonie frangaise en Europe, la grandeur et la gloire de Ia nation
frangaise, mais aussi le désir de puissance'
S L'homme contemporain
o Il n'y a pas de différence physique á part la couleur " Le béret basque
de cheveux (type Dans la caricature franqaise, il représente le réactionnaire que l'on critique
latin/type nordique). Nous sommes dans la période de réconciliation.
ou la victime des politiciens. Dans la caricature allemande, il est le symbole
d'une France retirée et agréable.
0 Le Frangais et l'Allemand moyen
. Le casque germain ou viking
Dans la caricature frangaise et allemande, le Franqais moyen est repré-
' on le rencontre surtout dans la caricature franqaise (et anglaise).ll souligne
senté avec une baguette de pain ou un panier sous le bras, un litre de vin que le militarisme est un trait de caractére archaque des Allemands.
rouge, une cigarette sans filtre au coin des lévres... ll incarne une France . Le casque á Pointe
contemplative et idyllique. souvent, surtout en France, la caricature montre ll souligne la contribution prussienne au présumé caractére national des
au second plan une certaine étroitesse d'esprit, un caractére intolérant, et Allemands. La pointe caractérise l'autorité, l'agressivité, voire la brutalité,
agressif. " Monsieur Dupont correspond á l'image caricaturale du Bavarois. surlout quand il est accompagné d'un uniforme et de bottes. ll renvoie aux
"
' Le Bavarois est souvent utilisé dans les caricatures frangaises pour conflits franco-allemands, et moins á des traits spécifiquement allemands.
représenter l'Allemand. ll est reconnaissable á son chapeau tyrolien á n Le chapeau tyrolien
plumet, á sa culotte de culr, sa pipe recourbée, sa chope de biére. Ce sym_ signification dans les deux pays. ll y a cependant une différence
ll a la méme
bole a remplacé Germania depuis les années 70-g0. Le Bavarois incarne essentielle: chez les caricaturistes allemands, il décrit des hommes poli-
la "bonne Allemagne", l'Allemagne folkrorique, les fétes de la biére et res tiques ou des mentalités régionales. ll n'est en aucun cas une auto-image
villes médiévales romantiques. pourtant, I'image du Bavarois recéle aussi ethno-nationale.
quelques traits négatifs: la lourdeur, la grossiéreté, Ia lenteur d'esprit. pour
le FranEais, Ie Bavarois est une figure ambivalente. Aujourd'hui, les caricatures frangaises liées á la République fédérale,
montrent que l'image que les Franqais se font de la France change: l'utili-
sation de couvre-chefs civils augmente constamment"'
tr Takahiro, japonais
tr Steve, britannique onpourraitcélébrerdansdesballadescespiedsdeslrlandaisesquiesca-
miles de
tr Stanislas, burkinabé tr Dimitri, russe
ladent les roches et les falaises, pataugent dans le Muir á des
laroute.Despiedsquimaintenantsecrispentsurlabarredulit's'arc-
tr Claudia, allemande tr Paulina, bulgare
boutentpouraiderálanaissancedel,enfant.SÜrementlesplusbeauxpieds
du monde. Blancs, déliés, nerveux, aussi déliés que des mains.
Les pieds
ce qu'il faut confesser trés haut, c'est qu'en 1 g70, nous avons été battus par
l'esprit scientifique [...], nous nous sommes brisés contre la méthode d,un
peuple plus lourd et moins brave que nous, nous avons été écrasés par üorfin:entai¡"qs
des
masses maneuvrées avec logique, nous nous sommes débandés devant ces citations sont des exemples qui montrent le caractére arbitraire et
une application de la formule scientifique á l'art de la guerre, sans parler
[...] contradictoire des préjugés nés des EUerres franco-allemandes. Nous trou
d'une discipline plus grande, d'un emproi prus inteilrgent des voies ferrées. vons des critiques contre l'ennemi, mais aussi contre le pays de la personntr
qui a émis ces critiques. ceftaines sont fondées, d'autres trés stéréoty¡loo:;
Le roman expérimental, Émile Zola, |BZZ
ottl
Quoi qu,il en soit, ces affirmations ont suivi le cours de I'histoirc-'Cl
r'l
ll y a en effet dix fois prus d'Allemands parlant le franEais que de Franqais contribué á l'image que les Frangais et les Allemands ont d'eux tllírrrtr:r;
parlant l'allemand, dix fois prus de rivres frangais rus en Ailemagne que de l'Autre aujourd'hui.
de
livres allemands lus en France, dix fois plus d'Allemands en séjour ou en
;l
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