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I n t r o d u c t i o n

Lam
La esure
mesure
àà ll aa rr ee cc hh ee rr cc hh ee

Les objectifs pédagogiques et le sommaire


Savoir définir la mesure.
Savoir mesurer des concepts par opposition aux objets.
Se conscientiser à l’imprécision et à l’instabilité de la mesure
dans les sciences sociales.
Savoir transformer un concept en variable.
Savoir comment mesurer un concept.
Savoir énumérer les étapes de l’opérationnalisation d’une variable.
Savoir définir et expliquer les étapes de l’opérationnalisation.
Savoir classifier les échelles de mesure.
Savoir déterminer l’échelle de mesure appropriée.
Savoir déterminer la catégorie d’une échelle de mesure.

Le sommaire
1. Définition
2. Du concept à la variable
3. Les étapes de l’opérationnalisation des concepts
4. Les échelles de mesure
5. Comment fait-on pour déterminer le niveau de mesure ?
6. L’opérationalisation d’un concept
7. Pourquoi mesurer ?
8. Je fais mes exercices

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1. Définition

D’après Nunnally (1978), la mesure a pour but d’assigner des nombres à des
objets, à des événements ou à des personnes selon certaines règles de manière à
représenter la valeur que possède un attribut spécifique.

Quel est le véritable rôle des nombres en mesure ? Leur rôle est de distinguer
les choses ou les individus par rapport au degré avec lequel ils possèdent
une caractéristique. On peut, par la suite, les ordonner en fonction de la
caractéristique.

Le quotient intellectuel (Q.I.) est un indice composé.


L’individu est classé selon son score sur cette échelle. Plus
son score est élevé, plus il possède cette caractéristique
définie opérationnellement comme l’intelligence.
L’instrument ne fait, en définitive, que mesurer des
manifestations de l’intelligence,
et non l’intelligence comme telle.

Un autre exemple serait la note de 60 % obtenue par un élève


à une épreuve de chimie. L’étendue des scores possibles va
de 0 à 100 %. Le pourcentage de 60 nous indique la
proportion réussie par rapport au total du contenu de
l’épreuve. Ce pointage ne nous informe pas sur la position de
l’élève par rapport aux autres élèves de sa classe.

Si cet élève avait obtenu un percentile de 60, nous aurions pu


dire que 60 % des élèves ont moins bien réussi que lui.
Chaque échelle de mesure est particulière.

L’utilisation d’une règle de mesure vient de la nécessité de mesurer des choses


de manière constante et de permettre des comparaisons par la suite. Les
comparaisons ne sont possibles que si la mesure constitue un commun
dénominateur entre les caractéristiques ou les variables mesurées.

On ne peut s’imaginer un monde où les instruments de mesure varieraient d’un


pays à l’autre, par exemple. Une onze d’or en Afrique reste une onze d’or une
fois arrivée au Canada. Ou encore, deux menuisiers ne peuvent utiliser des
instruments de mesure différents en construisant la même maison : vous
imaginez déjà le fiasco. La nécessité de posséder des unités de mesure
uniformes va de soi, on en conviendra.

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Il ne faut pas s’étonner non plus de la nécessité de se servir d’instruments fidèles
qui minimisent les erreurs de mesure, l’erreur de mesure étant la différence
entre le score véritable et le score obtenu. Reconnaissons qu’en sciences
sociales, même si les instruments de mesure sont fidèles, les êtres humains, eux,
sont instables.

Le thermomètre est un instrument de mesure répandu. Il est bâti selon des


critères précis et universels. Il fait son travail toujours de la même façon.
Lorsqu’il indique une température de 24 degrés Celsius au Canada, il indiquera
24 degrés pour la même température en Chine. Parce que nous utilisons tous le
même instrument sur l’ensemble de la planète, les lectures de température (la
température étant considérée comme une variable) sont comparables partout :
nous nous référons tous au même critère de comparaison, en fait.

Les erreurs de mesure


en sciences sociales
sont moins dues aux instruments
qu’aux individus
qui sont soumis à ces mesures.

Dans les sciences sociales, nos instruments de mesure sont plus sujets aux
erreurs et les résultats s’avèrent moins fiables que ceux obtenus avec des
instruments de mesure dans un laboratoire de physique et de biologie, par
exemple. Les erreurs sont plus fréquentes en mesurant des concepts qu’en
mesurant de la matière ou des objets.

2. Du concept à la variable

Les objets concrets se prêtent aisément à toutes sortes de mesure, par exemple
leur poids, leur volume, leur résistance ou leur longueur. Mais, quand il s’agit de
mesurer un concept quelconque, la tâche devient plus complexe.

Un concept c’est une abstraction qui n’est pas directement observable.


Cependant, ses manifestations, incorporées dans une définition opérationnelle,
le sont. Les concepts sont convertis en indicateurs ou variables.

La personnalité d’un individu n’existe pas dans la réalité : c’est une construction
mentale que nous faisons à partir d’une multitude d’indicateurs. Il en est de
même pour l’intelligence. La preuve : quand avez-vous parlé à une intelligence
pour la dernière fois ? Comment était-elle vêtue ?

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On ne mesure pas
le concept lui-même,
mais plutôt ses manifestations.

Certaines variables sont directement observables, telles que la longueur des bras,
la respiration et la force musculaire. D’autres variables ne peuvent être
observées qu’indirectement. Par exemple, la satisfaction au travail, l’estime de
soi, le stress ou les valeurs sociales). Dans ces cas, on mesure les manifestations
d’un concept plutôt qu’une réalité palpable, concrète.

Le concept est défini par le cadre conceptuel. Il est ensuite traduit dans le
cadre opérationnel en variable. Le concept devient une variable lorsqu’il est
mesuré, quantifié.

Cadre conceptuel Mesure Cadre opérationnel


Instrument
Concept ou échelle Variables
La définition opérationnelle consiste à définir de manière
empirique un concept à l’aide d’un ou de plusieurs indicateurs
quantifiés selon une mesure à la fois précise et universelle.

3. Les étapes de l’opérationnalisation d’un concept

Il n’existe pas de formule magique pour transformer un concept théorique en


une variable empirique. Cependant, en respectant les quatre étapes suivantes,
l’objectif devient réalisable.

Les étapes sont les suivantes


(1) Définir le concept
(2) Déterminer les dimensions du concept
(3) Attribuer des indicateurs empiriques à ces dimensions
(4) Élaborer les échelles de mesure

Reprenons chacune de ces quatre étapes en nous servant de l’exemple de la page


suivante. Une échelle de satisfaction des étudiants a été construite en anglais,
puis traduite en français. Le concept à l’étude est celui de la satisfaction des
étudiants à l’égard des cours universitaires. Les auteurs de l’échelle ont convenu
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de mesurer ce concept par sept dimensions distinctes. Chacune de ces
dimensions est mesurée par sept indicateurs, même si nous en reproduisons
seulement trois pour chaque dimension.

Chacune de ces dimensions comprend des indicateurs. Ces indicateurs n’ont pas
été choisis au hasard. Après plusieurs essais, on finit par déterminer, surtout à
l’aide d’analyses factorielles, les indicateurs qui définissent une dimension
spécifique. Après ce tri logique et statistique, on établit des indicateurs
homogènes.

Les informations concernant le questionnaire de satisfaction des étudiants


à l’égard des cours universitaires
Questionnaire mis au point par
B.J. Fraser, D.F. Treagust, J.C. Williamson , et K.G. Tobin, (1986). Validation and
application of the College and University Classroom Environment Inventory (CUCEI).
Dans B.J. Fraser, The Study of Learning Environments, Vol. 2.
Perth, Curtin University of Technology.

Traduit par G.G. Busugutsala, (1998) Étude de la relation entre le climat de la classe et la
satisfaction des étudiants dans un contexte universitaire. The Canadian Journal of Higher
Education, La revue canadienne d’enseignement supérieur,
Volume 28, Nos. 2,3, 1998, pages 121-152

Première dimension : Personnalisation


L’accent est mis sur les chances des étudiants d’interagir avec le professeur en
classe, et sur l’intérêt porté par celui-ci à leur bien-être personnel.
Le professeur tient compte des besoins des étudiants.
Le professeur fait tout son possible pour aider les étudiants.
Le professeur aide tout étudiant qui éprouve des difficultés dans ses travaux.

Deuxième dimension : Participation


L’étendue de l’engagement et de la participation active et attentive des
étudiants aux discussions en classe.
Je fais un effort pour bien travailler dans ce cours.
Les étudiants ont leur mot à dire dans l’organisation du cours.
Je sais exactement ce que je dois faire pour ce cours.
Troisième dimension : Cohésion de groupe
L’étendue de la connaissance et du soutien mutuel ainsi que le degré d’amitié
et de solidarité que les étudiants ont entre eux.
Les étudiants de ce cours se connaissent bien.
Les étudiants de ce cours ont peu d’occasions de se connaître.
Les étudiants de ce cours apprennent à bien se connaître.
………
Quatrième dimension : Motivation
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Le plaisir et la satisfaction que l’on éprouve lorsqu’on est en train
d’apprendre et de se surpasser dans son travail d’étudiant.
J’ai hâte de venir à ce cours.
Ce cours est ennuyant.
J’aime venir à ce cours.
…………
Cinquième dimension : Intérêt pour la tâche
Le degré de clarté et de la structuration efficace des activités
qui se font en classe.
Les objectifs de ce cours sont formulés clairement.
Les activités d’apprentissage de ce cours sont claires.
La variété des travaux demandés aux étudiants est enrichissante.
………..
Sixième dimension : Innovation
La quantité et la qualité des activités d’apprentissage
nouvelles et novatrices que le professeur planifie.
Dans ce cours, des méthodes pédagogiques nouvelles sont rarement utilisées.
Le professeur prépare souvent des activités originales pour ce cours.
Les méthodes d’enseignement de ce cours sont caractérisées par l’innovation.
………..
Septième dimension : Individualisation
La façon dont les étudiants sont associés au processus décisionnel et sont
traités selon leurs différences individuelles d’habileté, d’intérêt
et de rythme d’apprentissage.
On permet généralement aux étudiants de travailler à leur propre rythme.
Les étudiants peuvent choisir leurs activités et la façon de les réaliser.
Le professeur tient compte des habiletés individuelles d’apprentissage.
……..
Échelle de mesure
Pour chaque indicateur, le sujet indique sa réponse en encerclant l’un des chiffres suivants :
0 Tout à fait en désaccord
1 Plutôt en désaccord
2 Plus ou moins d’accord
3 Plutôt d’accord
4 Tout à fait d’accord

4. Les échelles de mesure

Définition. Une échelle de mesure est un outil qui permet d’attribuer des
valeurs numériques à une variable afin d’établir divers degrés. Voici quelques
exemples d’une échelle de mesure.

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L’écart entre la mesure nominale et les trois autres niveaux de mesure est
nettement plus important et plus significatif. Peu d’analyses statistiques sont
applicables à la mesure nominale. Par contre, même pour la mesure ordinale,
plusieurs analyses statistiques sont possibles.

6. L’opérationalisation d’un concept

L’opérationalisation consiste à transformer des concepts abstraits en variables


concrètes observables et mesurables.

La figure ci-dessous montre le cheminement que suit un concept pour passer de


la théorie à la variable empirique. La manière de définir un concept détermine le
genre de mesure qui sera utilisé. La signification du score obtenu par l’individu
sur l’échelle de mesure sera fonction de l’échelle de mesure qui, à son tour,
dépendra de la définition conceptuelle. Ouf ! Que c’est compliqué !

Les concepts sont des représentations


Théorie abstraites des phénomènes
que vous voulez étudier.
Concept Ils se retrouveront dans votre problème de
recherche et dans votre hypothèse. Par
Dimension contre, ces abstractions doivent être
Indicateur opérationnalisées afin de permettre des
Score calculs et des analyses comparatives.

Lorsqu’on affirme que le statut socioéconomique des individus


influe sur le genre de loisirs auxquels ils s’adonnent, il est
clair que le statut socioéconomique est un concept abstrait qui
regroupe plusieurs aspects tels que
la scolarité, le salaire et le type d’emploi.

De même, les loisirs constituent une abstraction et peuvent comprendre des


activités culturelles (le cinéma, les spectacles, la télé), des activités sportives (le
hockey, le soccer) et des activités purement récréatives.

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N o t a b e n e
La manière de mesurer un concept
dépend de la manière de le définir
Les variables que vous utiliserez pour mesurer le statut socioéconomique
dépendront de la définition que vous donnerez du statut socioéconomique.
Si vous utilisez une échelle de classification des professions, vous attribuerez à
chaque individu de votre échantillon un score unique selon cette échelle.
Vous pouvez aussi choisir de définir le statut socioéconomique en fusionnant
plusieurs indicateurs tels que le revenu, la scolarité et la profession.
D’une manière ou d’une autre, le score que vous obtiendrez en
bout de ligne sera donc le reflet de la mesure utilisée.

Certains concepts sont rapidement traduits en variables. Le pouvoir économique


peut être représenté par la variable salaire, tandis que l’estime de soi nécessitera
une échelle bien étoffée de variables pour la définir.

Le cadre conceptuel oriente…

…le cadre opérationnel

7. Pourquoi mesurer ?

En attribuant des valeurs numériques à une caractéristique quelconque, laquelle


devenant par le fait même une variable, il sera donc possible de suivre les
variations de cette variable en fonction des variations d’autres variables. Cette
affirmation n’est ni plus ni moins que l’objectif ultime de la mesure. On pourra
ainsi établir des liens d’association, de relation ou de causalité entre ces
variables.

C’est dans un but de comparaison qu’on mesure des variables


ou des caractéristiques. En sachant comment se comporte une
variable en fonction d’une autre, on peut, par après,
en faire une prédiction.

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Trouvez
l’erreur
Directives
Pour chacune des questions trouvez une ou plusieurs erreurs.
Corrigez ensuite l’erreur.

Question / Réponse Correction


(1) Quel âge avez-vous ?
O Entre 20 et 30 ans
O Entre 30 et 40 ans
O Entre 40 et 70 ans
(2) À quel niveau scolaire enseignez-vous?
O Primaire
O Secondaire
(3) Combien d’enfants avez-vous ?
O Un enfant
O Deux ou trois enfants
O Quatre ou plus
(4) À quel endroit avez-vous bu de
l’alcool pour la première fois ?
O À la maison
O Dans un restaurant
O Dans un party
O Pendant une fin de semaine
O En auto
(5) Êtes-vous d’accord pour dire que les
accidents de la route sont causés la plupart
du temps par la consommation d’alcool et
la vitesse ?
O Oui, probablement
O Non
(6) Au cours de la dernière année,
combien de magazines différents avez-
vous lus?
____ nombre de magazines
(7) À l’aide de l’échelle de satisfaction
suivante, dites à quel point votre travail
vous satisfait.
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EXEMPLE D’UN TABLEAU D’OPÉRASIONNALISATION
Question de recherche: 1. Quel est le pourcentage des étudiantes de la
FFYL, UANL qui ont eu une expérience de violence
de genre ?
VARIABLE 1 Violence de genre
Définition conceptuelle:

Définition opérationnelle:

Objectif(s) Concept dimension Indicateur Item


Connaitre le Violence de Agent de la Société 4
pourcentages genre violence Ancien couple 7
des Actuel couple 9
étudiantes Collègue de
de la FFYL qui travail
ont eu une Camarades
expérience d´ecole
de violence Famille
de genre Inconnu

Perception de Valorisation de la
l’évolution de la violence de genre
violence de dans la societé
genre

Perception de
l’évolution de la
violence de genre

Type de violence Expéricence


d’abus pshysique

Expérience d’abus
psychologique

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