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1

INTRODUCTION GENERALE

1. PRESENTATION DE L’OBJET D’ETUDE

Selon KWANDA MUZINGA la présentation de l’objet d’étude « c’est la


manière dont le chercheur identifie le problème qui attire sa curiosité, l’action de montrer, de la
manière de faire valoir une chose ».1

A la lumière de notre démarche scientifique la situation essentielle est celle de


la révision constitutionnelle déconsolidente en Afrique noire Francophone le cas de Burundi.

Il sera question de voir si la révision constitutionnelle intervenue au Burundi a


contribué de manière favorable (révision constitutionnelle consolidante) ou défavorable (révision
constitutionnelle déconsolidente) aux valeurs démocratiques africaines en général et de Burundi
en particulier.

On fera allusion à sa constitution du 07/juin 2018, avec tout ce qu’il y a eu


comme trouble sur le territoire Burundais ayant précédé même le référendum de cette révision et
juger si cette révision était consolidante ou déconsolidente.

Nous serions dans l’obligation aussi d’analyser certains événements qui ont
précédés ces révisions sur le territoire Burundais et les confronter aux valeurs démocratiques afin
de juger la consolidation ou la déconsolidation de cette dernière sachant que, qui dit
consolidation dans le cadre de la présente étude parle de l’apport positif à la promotion d’un Etat
de droit ou la promotion des valeurs démocratique au sein d’un Etat.

Parlant aussi de la déconsolidation il s’agira d’une révision qui vient avec un


retro constitutionnalisme au sein du continent qui n’est autre que la perte des certaines valeurs
démocratique un texte constitutionnel.

C’est de cette façon que nous allons aborder le présent travail avec tout ce qu’il
y a comme pertinence.

Nous signalons que le présent travail n’est pas borné seulement à l’analyse de
cette révision constitutionnelle mais cette analyse sera accompagnée des commentaires, critiques

1
KWANDA MUZINGA ; « cours d’initiation à la recherche scientifique ». G2, UNILU, 2020-2021 inédit P.53.
2

et suggestions en vue de pourvoir contribuer à l’émergence du droit constitutionnel comparé.

2. CHOIX ET INTERET DE L’OBJET D’ETUDE

Nous affirmons en toute précision que tout travail scientifique est une œuvre
d’esprit, d’où il est toujours précédé d’un sentiment profond qui oriente le choix de l’auteur et
cela fait en sorte qu’il puisse y avoir toute une catégorie d’intérêt recherché par l’auteur.

A. CHOIX DE L’OBJET D’ETUDE

Le choix porté à ce sujet est motivé par le simple fait que nous comme
chercheur en Droit public nous voulons comprendre la pertinence des révisions constitutionnelles
en Afrique et dans le thème sous étude il s’agit plus particulièrement de la révision
constitutionnelle intervenue le 17 juin 2018.

Cette étude nous permettra donc de comprendre la manière dont les révisions
constitutionnelles des certains Etats africains et cela soit de manière positive ou négative.

B. INTERET DE L’OBJET D’ETUDE

Notre travail présente un triple intérêt dont il sied de démontrer : il est de prime
à bord personnel, scientifique et social.

- Intérêt personnel

Le choix de ce sujet est justifié par l’intérêt que nous approuvons dans le
présent travail dans la mesure où celui-ci vient contribuer à notre formation scientifique, cette
dernière vienne nous fournir des connaissances avérées dans la démarche des révisions
constitutionnelles en Afrique et leur apport constitutionnalisme africain et cela de manière plus
claire et précise.

- Intérêt scientifique

Certes, nous ne sommes pas le premier à parler de ce thème ou à consacrer


notre étude sur ça, car il y a eu des prédécesseurs et dont certains seront cités dans le point
suivant de ce travail mais nous signalons au moins que ce travail présente un intérêt indéniable
pour tout chercheur ou homme de science et demeure une pierre angulaire permettant aux futurs
3

chercheurs de s’y référer pour bâtir des œuvres scientifiques surtout en matière des révisions
constitutionnelles.

- Intérêt social

Nous avouons ou nions que la société est la première consommatrice des fruits
de nos recherches et que tout au long de notre travail nous devons penser à l’intérêt que présente
celui-ci à la société. La société Africaine de manière générale et plus précisément la société
Burundaise est l’actrice principale des révisions constitutionnelles au sein du continent d’où
toute révision constitutionnelle doit concourir au bien être de ladite société. Voilà alors l’intérêt
social de cette étude qui pour certains pourra servir comme instrument de révolution et pour
d’autres comme instrument d’encouragement.

Néanmoins, nous relevons que pour les constituants africains, les notions
rudimentaires dégagées par le contenu de cette étude vont édifier les différentes législations au
sein du continent.

3. ETAT DE LA QUESTION

Selon le professeur KALUNGA TSHIKALA l’Etat de la question « c’est un


relevé de publication antérieures qui, de manière directe ou indirecte ont portés sur le même
thème ou même sujet que celui abordé par le chercheur »2

De prime à bord, signalons que ce travail a déjà fait l’objet des études dont la
teneur est d’une portée scientifique indéniable.

Comme nous exige la tradition scientifique, nous avons procédé à l’examen de


certains travaux pour éviter d’enfoncer des portées de leurs difficultés, et les lacunes de leurs
démarches afin d’imprimer à notre sujet les marques de sa particularité, c’est ainsi que nous
avons recensé certaines études notamment.

Ibrahim DIALL, pour un examen minutieux de la question des révisions de la


constitution dans les Etats africains francophones : dans son résumé, l’auteur pense que dans les

2
KALUNGA TSHIKALA ; rédaction des mémoires en Droit, Lubumbashi, édition du col 2012. P.11.
4

Etats Africains Francophones, l’actualité et l’allure des révisions constitutionnelles sont


inquiétantes et les conditions pour assurer la stabilité de la constitution sont loin d’être réunies.3

Ibrahim estime que l’encadrement juridique des révisions constitutionnelles en


Afrique n’est pas rigoureux et le juge constitutionnel Africain n’est souvent d’aucun secours.

Cette absence de rigueur se manifeste du fait que la procédure des révisions


constitutionnelles est non seulement une procédure toujours instrumentalisée en Afrique mais
aussi le contrôle de révision constitutionnelle est un contrôle incertain.

KONRAD ADENAUER, dans son ouvrage publié sous les auspices de la


fondation et intitulé « commentaire de la constitution béninoise du 11/12/1990 ». Il est question
de permettre aux peuples de comprendre qu’une constitution est un corps des lois obligatoires,
d’un ordre supérieur, qui encadre l’exercice du pouvoir politique et qui distribuent les
compétences ainsi que les limites à l’activité des organes de l’Etat.4

Alexandre VIALA, dans son article « Limitation du pouvoir constituant »


vision du constitutionaliste, l’auteur fait une grande analyse sur la limitation du pouvoir
constituant mais ce qui nous intéresse beaucoup plus est que l’auteur de cet article démontre
qu’il est difficile de limiter le pouvoir constituant originaire mais cette limite n’est possible qu’au
pouvoir constituant dériver et que la constitution est la seule maitresse de cette limitation.5

4. PROBLEMATIQUE

Selon Michel BEUD, Dans sa théorie de la recherche scientifique définit la


problématique comme « la question principale au centre que le chercheur se pose dans un
contexte idéologique donnée ».6

De notre part, la problématique est la reformulation de la question centrale de


recherche ou de l’ensemble des questions pertinentes que se pose un chercheur sur le phénomène
observé :
3
IBRAHIM DIALL ; Pour un examen minutieux de la question des révisions de la constitution dans les Etats africains
Francophone presse Universitaire saint Gaston, Dakar. Mars 2015. P.4.
4
KONRAD ADENAUER ; commentaire de la constitution Béninoise du 11/12/1990 copef/Cotonou 2009, p.4.
5
Alexandre VIALA ; limitation du pouvoir constituant, vision du constitutionaliste, in Civitas Europa 2014/p.81 et 91.
6
Michel BEUD ; cours d’initiation à la recherche scientifique, éd. Le seuil, Paris, 1989, P.62.
5

 Les conditions dans lesquelles ces révisions sont intervenues étaient-elles envisagées dans
la consolidation de la démocratie en Afrique ?
 Quelle est la révision constitutionnelle de manière générale ou de manière particulière en
Afrique noire ?

5. HYPOTHESE DU TRAVAIL

Dans le langage courant, ce terme évoque la présomption que l’on peut


construire au tour d’un problème donné. Les hommes de sciences défissent l’hypothèse comme
une série de réponses supposées ou provisoires, mais vraisemblable au regard des questions
soulevées par la problématique.

KALUNGA TSHIKALA, selon lui l’hypothèse « est l’ensemble des


propositions des réponses à la question de recherche, c’est une réponse qui anticipe une
affirmation provisoire qui décrit où expliquer un phénomène.7

Si les études documentaires nous ont permis de comprendre comment certains,


auteurs ont abordé cette dernière, la question de l’apport de révisions constitutionnelles au
constitutionalisme africain avec comme champs d’étude Burundi demeure encore un trou non
enfoncé et l’originalité de notre étude se justifie justement à ce niveau.

En ayant un regard fixé sur la révision de la constitution du Burundi, du 07 juin


2018, nous retenons de manière passagère que cette révision ayant été à la hauteur de tout ce
qu’il y a en sur la mesure où cette dernière a touché certaines dispositions intangibles de la
constitution et surtout qu’elle touche la question liée au mandant présidentiel.

6. METHODES ET TECHNIQUES DE RECHERCHE


a. Méthodes

7
Kalunga TSHIKALA ; op. cit
6

NKWANDA MUZINGA définit la méthode comme « La manière de


procédure, la marche rationnelle de l’esprit pour arriver à la connaissance ou à la démonstration
de la volonté ».8

L’élaboration de tout travail scientifique nécessite une méthode ou des


méthodes appropriées et cela selon la nature de recherche, pour nous, nous avons opté pour deux
méthodes qui sont :

- Méthode exégétique

Cette dernière consiste à l’interprétation et la compréhension des textes par la


recherche de l’intention du législateur, elle cherche donc à expliquer la volonté du législateur.

Cette méthode nous permettra donc de bien interpréter les textes nationaux des
différents Etats en occurrence les textes constitutionnels du Burundi afin de bien confectionner
notre travail

- Méthode comparative

Elle se fonde sur la comparaison c’est une opération qui consiste à étudier
parallèlement de deux systèmes en vue d’en dégager des similitudes ou des dissemblances.

Cette méthode nous permettra donc de faire une étude comparative de la


révision constitutionnelle intervenue au Burundi en date du 07 juin 2018 mais aussi avec d’autres
révisions bien que de manière passagère intervenues au sein du continent.

b. Techniques

Selon Gabriel KALABA MUTABUSHA, la technique est désignée comme


« les théories et les études techniques publiées ou non publiées dans le temps et dans l’espace
pour tirer des informations nécessaires susceptibles d’aider à l’élaboration d’un travail
scientifique ». 9

- Technique documentaire
8
NKWANDA MUZINGA ; op. cit
9
Gabriel KALABA MUTABUSHA; Notes de cours des méthodes de recherche scientifique, Lubumbashi, UNILU 2002.
P. 11.
7

La nature de notre travail nous fait obligation de recourir à la technique


documentaire qui nous permettra de nous mettre en contact direct des ouvrages, des textes
légaux, revues et autres documents nécessaire censé contenir les données relatives à nos
investigations.

7. DELIMITATION DE SUJET

Notre travail est limité dans le temps et dans l’espace.

Etant donné que notre étude est basé sur la loi mère Burundaise, nous
délimitons notre travail dans l’espace sur le continent d’Afrique dans toutes ses limites
territoriales, plus précisément au Burundi.

Dans le temps nous prenons en compte le premier trimestre de l’année


académique 2021-2022 période durant laquelle nous avons mené notre travail.

8. SUBDIVISION DU TRAVAIL

Outre l’introduction et la conclusion générale, notre travail se subdivise en


deux chapitres. Le premier chapitre porte sur l’histoire du Burundi, le deuxième chapitre sur la
révision constitutionnelle déconsolidente en Afrique noire.
8

CHAPITRE I : PRESENTATION GEOGRAPHIQUE ET HISTORIQUE DE BURUNDI

SECTION 1 : CADRE GEOGRAPHIQUE

Sans vouloir aller plus loin avec les détails historique et géographique, le
Burundi est un pays d'Afrique de l'Est situé dans la région des Grands Lacs et entouré
aujourd'hui par la République démocratique du Congo à l'ouest, le Rwanda au nord et la
Tanzanie à l'est et au sud. Sa capitale politique est Gitega, sa capitale économique est
Bujumbura.

Le Royaume du Burundi, fondé probablement au XVIIe siècle, est devenu


nominalement une composante de l'Afrique orientale allemande en 1890. Après la Première
Guerre mondiale, il passe sous la domination de l'Empire colonial belge, au sein de la province
du Ruanda-Urundi, elle-même intégrée au Congo belge en 1925. Le Burundi devient
indépendant le 1er juillet 1962, sous le régime de la monarchie constitutionnelle.

Le pays connaît ensuite une instabilité politique durable, marquée par des
coups d'état, des massacres intercommunautaires, puis une guerre civile à partir de 1993. Celle-ci
s'est conclue en 2000 par les accords d'Arusha, ouvrant une période de paix précaire. Depuis
2010, les tensions sont à nouveau particulièrement importantes.

Le Burundi est limité à l'Est et au Sud par la Tanzanie, au Nord par le Rwanda,
à l'Ouest par la République Démocratique du Congo.
Superficie : 28 000 km2
Nombre d'habitants : 11 530 580 (estimation pour 2019)
Nom des habitants : Burundais
Capitale : Bujumbura
Langues : français et kirundi
Monnaie : franc du Burundi
Chef de l'État : Évariste Ndayishimiye
Chef du gouvernement : Évariste NdayishimiyeAlain-Guillaume Bunyoni
Nature de l'État : république à régime présidentiel
Constitution :
9

Adoption : 28 février 2005


Entrée en vigueur : 18 mars 2005
Révision : mai 2018
GÉOGRAPHIE

C'est un pays de hauts plateaux, exclusivement agricole, densément peuplé (par


les Hutu et les Tutsi).

Le Burundi est situé dans la zone des grands fossés africains, au relief très
contrasté. L'altitude y est presque partout supérieure à 1 000 m, expliquant un climat
relativement tempéré à une latitude presque équatoriale. À l'ouest du pays s'allonge un fossé
d'effondrement, remblayé au nord (plaine de l'Imbo, de 800 à 1 000 m), occupé au sud par le lac
Tanganyika (profond de 1 400 m). Ce bassin encaissé est assez chaud et sec : Bujumbura reçoit
seulement 840 mm de pluies par an, et la saison sèche dure de mai à septembre. Cette zone basse
est dominée par une chaîne qui atteint 2 670 m au mont Heba et sépare les bassins du Congo
(dans lequel se déverse le lac Tanganyika par l'intermédiaire de la Lukuga) et du Nil (dont le
Burundi possède la source la plus méridionale). Le versant et s'abaisse lentement jusqu'à 1 500
m, en plateaux étages, irréguliers, accidentés par des lignes de crêtes et les vallées des rivières
coulant vers le nord-est. Les plateaux s'interrompent au-dessus de régions déprimées, lacustres
ou marécageuses : Bugesera au nord-est, Kumoso au sud-est (1 200-1 400 m). Abondantes sur
les hauteurs, les précipitations diminuent avec l'altitude et n'atteignent pas 1 100 mm dans la
vallée de la Malagarasi. La végétation forestière, qui associe feuillus et conifères, a reculé sous
l'action du défrichage et du surpâturage, et ne subsiste que sur les plus hautes terres. L'herbe
domine : prairies d'altitude, savanes boisées ; mais on trouve aussi des bambous et surtout des
plantations d'eucalyptus10.

La densité moyenne de la population, de l'ordre de 300 habitants par km2, y est


très élevée. Mais le plateau central, dont le climat tropical, tempéré par l'altitude, permet au
moins deux récoltes par an, connaît des densités particulièrement fortes, pouvant dépasser 400
habitants par km2. La population se répartit entre deux groupes, l'un majoritaire, les Hutus,
l'autre minoritaire, les Tutsis. Le dynamisme démographique se traduit par une croissance
annuelle de 3 % et un indice de fécondité de 4,7 enfants par femme. Le taux d'urbanisation est
10
Christel Martin, Un autre Burundi, Sepia, Saint-Maur-des-Fossés, 2000, 91 p. (ISBN 978-2-84280-032-1).
10

l'un des plus faibles d'Afrique subsaharienne et concerne à peine 10 % d'une population vivant en
habitat dispersé sur les « collines ». Ces aspects démographiques ne sont pas les seuls traits
communs aux Burundais : ils parlent la même langue, le kirundi, et sont, à une écrasante majorité
(85 %), chrétiens, et plus particulièrement catholiques.11

Le pays est pauvre. L'agriculture vivrière domine (manioc, maïs, banane


plantain, tubercules, haricots), qu'accompagne un petit élevage de chèvres et de poulets. La
pêche dans le lac Tanganyika et dans les lacs intérieurs est active. Les bovins, qui ont joué un
rôle historique considérable, sont en régression. Les nécessités de la survie quotidienne, mais
aussi l'enclavement du pays font que les cultures d'exportation ne se sont pas développées autant
que le permettraient les aptitudes naturelles du pays (le café et le thé du Burundi sont parmi les
meilleurs du monde). Le secteur secondaire est représenté par quelques industries de biens de
consommation et par des activités « informelles » comme la fabrication de bière et d'alcool de
banane ou encore le bâtiment. Ravagée par une guerre civile qui a fait en dix ans plus de 200 000
morts et 15 % de réfugiés hors du pays, l'économie est totalement désorganisée.12

SECTION 2 : CADRE HISTORIQUE

§1. LA PÉRIODE PRÉCOLONIALE

Comme au Rwanda voisin, l'histoire du Burundi est marquée par l'existence


d'un royaume ancien, préexistant à la période coloniale, et dont les frontières ont été à peu près
conservées. Il s'est implanté à partir du xvie siècle ou du xviie siècle sur un territoire peuplé dès
le premier millénaire avant J.-C. C'était une monarchie de droit divin, très structurée, peu ouverte
sur l'extérieur. Les mwamis (rois) successifs vont élargir le pays par des conquêtes réalisées aux
dépens des royaumes voisins et consolider leur pouvoir en s'appuyant sur la caste aristocratique
des Baganwas, appartenant souvent à la famille royale. De cette époque date la distinction entre
Tutsis, aristocrates éleveurs, et Hutus, agriculteurs. Mais la frontière entre les deux groupes n'est
pas étanche : un Hutu acquérant un troupeau devient tutsi.13

11
Christel Martin, op.cit. p.99
12
idem
13
Augustin Nsanze, Le Burundi contemporain : L'État-nation en question (1956-2002), Paris, L'Harmattan, 2003, 51
p.88.
11

§2. LA PÉRIODE COLONIALE

2.1. LA SUPRÉMATIE ALLEMANDE

Un poste militaire allemand est établi en 1899 à Usumbura (la future


Bujumbura) qui va permettre de conquérir un royaume affaibli par des querelles dynastiques et
les raids esclavagistes venus de Zanzibar. Le traité de Kiganda, signé le 6 juin 1903 avec le
mwami Mwezi Gisabo, consacre la suprématie allemande. Celle-ci est particulièrement brève,
puisqu'elle s'effondre en 1916, en pleine Grande Guerre, devant des troupes venues du Congo
belge voisin.14

2.2. LE RUANDA-URUNDI ET LA CRÉATION DU MYTHE TUTSI

La Société des Nations (SDN) entérine cette situation et mandate la Belgique


pour administrer le Ruanda-Urundi, qui va être rattaché au Congo belge en 1925, tout en
conservant une certaine autonomie. La colonisation, très dure au début, fait jouer un rôle
essentiel aux missions catholiques, qui se sont implantées dans l'ensemble du pays.

L'organisation traditionnelle, maintenue, est affaiblie, et surtout dénaturée. Les


Belges favorisent l'aristocratie tutsie, dont on réinvente l'histoire en lui attribuant une origine
nilotique plus que discutable. À partir de 1945, la pression de l'ONU conduit le colonisateur à
instaurer une certaine démocratisation, qui bénéficie surtout aux Tutsis, dont le principal parti,
l'Uprona (Unité pour le progrès national), est fondé par le fils aîné du mwami, le prince
Rwagasore.

Le destin du Burundi se sépare alors de celui du Rwanda, où les Hutus


s'apprêtent à renverser la monarchie tutsie. La marche vers l'indépendance suit cependant une
voie moins mouvementée qu'au Rwanda, malgré l'assassinat, en octobre 1961, du prince
Rwagasore, chef du gouvernement. Le royaume du Burundi accède à la souveraineté nationale le
1er juillet 196215.

§3. LE BURUNDI INDÉPENDANT DE L’INDÉPENDANCE À LA GUERRE CIVILE

3.1. LA CHUTE DE LA ROYAUTÉ

14
Augustin Nsanze, op.cit p.102
15
Augustin Nsanze, op.cit p.109
12

Dans un contexte régional marqué par la violence, le vieux roi Mwambutsa – il


règne depuis 1915 – doit faire face à un développement des antagonismes politiques et
économiques, qui prennent de plus en plus une forme ethnique. Alors que la Constitution de
1962 en fait un monarque qui règne mais ne gouverne pas (à l'image de la Constitution belge), il
s'oppose au gouvernement et à l'Assemblée.

En octobre 1965, une tentative de coup d'État est menée par des officiers hutus,
et donne le signal de massacres de Tutsis. La répression ordonnée par le roi est sévère et son
image en pâtit. En juillet 1966, Mwambutsa est déposé par son fils, qui prend le nom de Ntaré V.
Ce dernier ne reste au pouvoir que cinq mois : il est renversé par le capitaine Michel Micombero
le 28 novembre qui proclame la république16.

3.2. LES DICTATURES

Le nouveau chef de l'État, également président du Conseil national de la


révolution (CNR), met en place un régime autoritaire, dont les rouages sont placés sous le
contrôle des Tutsis et de leur parti, l'Uprona, devenu parti unique. En 1972, l'arrestation puis la
mort, dans des conditions obscures, de l'ex-roi Ntaré V contribue à exacerber un climat de
violences ethniques qui va durer plus d'un an et faire entre 100 000 et 300 000 morts. Quelque
200 000 Hutus se réfugient en Tanzanie, au Rwanda et au Zaïre.

Michel Micombero est renversé le 1er novembre 1976 par le lieutenant-colonel


Jean-Baptiste Bagaza, qui, après avoir tenté de mettre en œuvre une politique de réconciliation
nationale, en allégeant notamment les contraintes pesant sur les paysans, s'attaque violemment à
la très puissante Église catholique et pratique un pouvoir de plus en plus personnel et policier. Il
est à son tour écarté du pouvoir le 3 septembre 1987 par le major Pierre Buyoya, d'origine
tutsie.17

3.3. LES ANNÉES BUYOYA (1987-1993)

La première décision du nouveau pouvoir est de prendre des mesures


d'apaisement dans le conflit avec l'Église, puis, après une nouvelle flambée de violences
ethniques en août 1988 (30 000 morts, 60 000 réfugiés), de nommer un Premier ministre et des
16
Article 11 de la Constitution du Burundi. Assemblée du Burundi, « Constitution de la République du Burundi »,
constitution de 2005 (révisée en 2018).
17
Samira Said, « Slain British aid worker's family pleads for justice after massacre », CNN, 28 décembre 2010
13

ministres hutus. Pierre Buyoya acquiert de ce fait une réputation de dirigeant modéré, que vient
confirmer, à partir de 1990, son acceptation loyale de nouvelles règles du jeu démocratiques.18

La Constitution de 1992 établit la séparation des pouvoirs et restaure le


multipartisme. Des élections présidentielles sont organisées le 1er juin 1993 et donnent la
victoire à Melchior Ndadaye, candidat du Front pour la démocratie au Burundi (Frodebu), à
dominante hutue. P. Buyoya se retire, respectant la décision des urnes.

§4. La guerre civile (1993-2001)

4.1. Échec des tentatives de paix

Son attitude n'est malheureusement pas suivie par la majorité des cadres tutsis
qui dirigent l'armée. Une première tentative de coup d'État a lieu dès le début de juillet 1993.
Une seconde, lancée le 21 octobre, n'aboutit pas non plus à restaurer le pouvoir tutsi, mais
s'accompagne de l'assassinat du président Ndadaye. Une flambée de violences embrase alors le
pays, faisant à nouveau des dizaines de milliers de morts et poussant des dizaines de milliers de
Burundais sur la route de l'exil. Des responsables politiques hutus, entrés en clandestinité,
prennent les armes et fondent en septembre 1994 le Conseil national pour la défense de la
démocratie (CNDD) qui, avec sa branche armée les Forces de défense de la démocratie (FDD),
est appelé à devenir la principale rébellion burundaise. Celle-ci, cependant est bientôt en proie
aux dissensions et aux exclusions qui donneront naissance à deux factions rivales principales : le
CNDD présidé par Léonard Nyangoma, l’un de ses fondateurs et chefs historiques, et le CNDD-
FDD de Pierre Nkurunziza, qui s’imposera.

Le drame connaît d'autres épisodes. Le nouveau président, Cyprien Ntaryamira


(Frodebu), élu en janvier 1994, est tué le 6 avril suivant dans l'attentat qui coûte aussi la vie au
président rwandais Habyarimana, dont l'avion est abattu au-dessus de l'aérodrome de Kigali. Son
successeur, Sylvestre Ntibantuganya (Hutu et membre du Frodebu), ne parvient pas à affirmer
son autorité face aux extrémistes des deux camps ni à ramener le calme dans le pays ; il est
renversé le 25 juillet 1996 par les militaires tutsis19.

18
U.S. Committee for Refugee and Immigrants. 2008. "World Refugee Survey 2008." Disponible sur le Web
http://www.refugees.org/article.aspx?id=2114&subm=179&area=Investigate.
19
Jean-François Revel, La connaissance inutile, Pluriel, p. 137
14

4.2. Le putsch

Ces derniers choisissent de porter à la tête de l'État l'ex-président P. Buyoya,


dont ils espèrent que la bonne image rassurera l'opinion internationale. Il n'en est rien : les pays
de la région (Zaïre [devenu République démocratique du Congo], Kenya, Rwanda, Ouganda,
Tanzanie, Éthiopie, Érythrée, Zambie) décrètent un embargo contre le Burundi (il sera assoupli
en 1997 et finalement levé en 1999), et l'OUA comme l'ONU condamnent le putsch.

La situation intérieure se radicalise. L'opposition légale boycotte les initiatives


du président, et une puissante rébellion armée hutue – en liaison avec les milices rwandaises
Interahamwe, responsables du génocide de 1994 – mène d'impitoyables raids dans le pays,
entraînant une aggravation de la répression par l'armée et la mise en place, à partir de 1996, par
les autorités burundaises d'une politique systématique de regroupement dans des camps, où sont
retenus quelque 500 000 paysans hutus arrachés à leur terre dans le but de priver la rébellion de
soutien populaire.

Avec le changement de pouvoir survenu à Kinshasa en mai 1997, la rébellion


hutue burundaise perd une base arrière dans la province ex-zaïroise du Sud-Kivu, mais elle en
trouve une autre en Tanzanie, où 200 000 Hutus se sont réfugiés. Cette alliance suscite de
nouvelles tensions entre le Burundi et la Tanzanie, Bujumbura accusant Dar es-Salaam de
soutenir la rébellion hutue contre l'armée burundaise. En octobre 1997, des incidents armés
éclatent à la frontière Burundo-tanzanienne. Le gouvernement tanzanien tente, pour sa part,
d'amener le régime du major P. Buyoya à négocier avec les mouvements hutus, qui, en janvier
1998, mènent une attaque meurtrière contre l'aéroport de Bujumbura.

Le 15 juin 1998, des pourparlers de paix inter burundais, réunissant le


gouvernement, l'opposition hutue et tutsie ainsi que trois mouvements de la rébellion hutue,
s'ouvrent à Arusha sous la médiation de l'ex-président tanzanien, Julius Nyerere. Un cessez-le-
feu est signé le 21 juin 1998 par 17 factions rebelles. Depuis juin 1999, il est constamment violé
dans la région de Bujumbura où sont organisées de nouvelles opérations de regroupement dans
des camps : 800 000 paysans hutus, dont 350 000 autour de la capitale, ont été « regroupés ».20

§5. LES ACCORDS D'ARUSHA ET L’ALTERNANCE POLITIQUE

20
Jean-François Revel, La connaissance inutile, Pluriel, p. 142
15

Un nouveau cycle de négociations est ouvert à Arusha en février 2000 par


l'ancien président sud-africain Nelson Mandela, désigné médiateur à la suite du décès de J.
Nyerere survenu en octobre 1999. Treize des dix-neuf parties impliquées signent, le 28 août
2000, un accord de paix et de réconciliation. Toutefois, en l'absence de cessez-le-feu, les
branches armées des parties non signataires de l'accord poursuivent les combats.

Il faut attendre le 10 juillet 2001 pour qu'intervienne un nouvel accord sur


l'organisation de la période de transition. Celle-ci prévoit deux périodes de dix-huit mois et une
alternance au sommet du pouvoir entre un président tutsi et un président hutu à l'issue de la
première période. Elle commence officiellement le 1er novembre 2001 sous la direction d'un
président tutsi, P. Buyoya, et d'un vice-président hutu, D. Ndayizeye. En vertu de cet accord, un
gouvernement de transition et d'union nationale est mis en place : sur 26 ministres, 14 sont issus
de partis dominés par les Hutus, 12 de partis dominés par les Tutsis.

Le 3 décembre 2002, un accord de cessez-le-feu est signé entre P. Buyoya et le


CNDD-FDD de Pierre Nkurunziza. Les Forces nationales de libération (FNL), deuxième
mouvement rebelle hutu, refusent de s'associer à l'accord et poursuivent leur guérilla21.

5.1. PREMIÈRE ALTERNANCE PACIFIQUE

En vertu des accords de paix d'Arusha, P. Buyoya cède le 30 avril 2003 le


pouvoir au vice-président hutu D. Ndayizeye : ce dernier assume la phase transitoire au cours des
18 mois suivants. Les FNL, restées en marge du processus de paix et identifiant le gouvernement
hutu comme leur principal obstacle vers le pouvoir, exigent sa démission et reprennent en juillet
leur offensive sur Bujumbura. En revanche, les FDD de P. Nkurunziza signent (novembre 2003)
avec le gouvernement un accord de paix « global » qui prévoit leur participation au
gouvernement après leur transformation en parti politique et leur intégration dans l'armée
régulière ; cette dernière clause est l'une des plus délicates du processus de paix, la direction de
l'armée étant à la fois un monopole des Tutsis, une source de prébendes, mais aussi une garantie
ultime pour cette ethnie.

Afin de sécuriser cette phase décisive du processus de paix, la Mission des


Nations unies au Burundi (MONUB), forte de 5 650 Casques bleus, remplace, en juin 2004, la

21
Christel Martin, op.cit. p.101
16

force de protection africaine qui, grâce au déploiement de ses 2 700 soldats, a permis depuis la
fin de l'année 2003, une relative pacification du pays.

Une étape importante du processus de transition est franchie le 6 août 2004


avec la signature d'un accord de partage du pouvoir entre Hutus et Tutsis dans les futures
institutions de l'État à la fin de la période de transition prévue le 31 octobre. Cependant, ni
l'Uprona, ni les FNL ne signent l'accord, et le massacre de 160 réfugiés banyamulenges (Tutsis
rwandophones de la République démocratique du Congo), perpétré le même mois par des FNL
avec le soutien de rebelles congolais et d'extrémistes hutus rwandais dans le camp de Gatumba,
attise les tensions interethniques et constitue un sérieux revers pour le processus de paix.

En février 2005, les Burundais sont appelés à approuver par référendum une
nouvelle Constitution, répartissant plus équitablement le pouvoir entre les deux principales
ethnies. Cette consultation entame une série de scrutins destinés à renouveler entièrement les
institutions du pays et à mettre un terme définitif à la guerre civile. L'ancienne rébellion hutue,
les FDD de P. Nkurunziza, représentée par son aile politique, s'impose dès lors comme l'un des
principaux acteurs politiques en obtenant la majorité absolue aux élections communales du 5 juin
2005, avec 62,9 % des voix, contre 20,5 % pour le Frodebu et seulement 5,3 % pour l'Uprona. Le
CNDD-FDD, majoritairement hutu, dispose désormais de la majorité absolue dans 11 des 17
provinces du pays. Il remporte également les élections législatives et sénatoriales et sa victoire
est couronnée, le 19 août 2005, par l'élection de P. Nkurunziza, à la présidence de la République
par le Parlement.22

En mars 2007, l'arrestation de Hussein Radjabu, ex-leader du CNDD-FDD,


provoque une crise institutionnelle : à la suite de l'entrée en dissidence d'une vingtaine de députés
CNDD-FDD, privant le chef de l'État de sa majorité à l'Assemblée nationale, le Frodebu s'en
retire également. Menacé de destitution, le président Nkurunziza remanie le 13 juillet le
gouvernement, aussitôt contesté par l'Uprona et le Frodebu. Finalement, le 14 novembre est mis
en place un nouveau gouvernement d'union nationale, incluant des membres du Frodebu et de
l'Uprona. Le Burundi rejoint, avec le Rwanda, la Communauté est-africaine (EAC, qui regroupe
l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie) en juin 2007.23

22
Christel Martin, op.cit. p.102
23
Christel Martin, op.cit. p.105
17

L'accord global de cessez-le-feu, signé en septembre 2006, entre le


gouvernement burundais et le dernier groupe armé rebelle – le parti pour la libération du peuple
hutu-Forces nationales de libération (Palipehutu-FNL) – permet de ramener une paix relative.
Après de nombreux blocages, le 4 décembre 2008, le Palipehutu-FNL renonce à son appellation
et son chef, Agathon Rwasa, accepte de rassembler ses combattants afin d'entamer leur
désarmement et leur démobilisation. En avril 2009, après l'intégration d'une partie de leurs
hommes dans l'armée et la police nationale, les FNL ont définitivement renoncé aux armes et se
sont transformées en parti politique.

5.2. LE SECOND MANDAT DE P. NKURUNZIZA

Le 28 juin 2010, le président sortant P. Nkurunziza remporte aisément la


première élection présidentielle au suffrage universel direct avec 91,6 % des voix (taux de
participation : 77 %). Mais le retrait des six candidats de l'opposition qui contestent la victoire du
CNDD-FDD lors des élections communales du 24 mai, entachées selon eux de fraudes massives,
rend sa victoire toute relative. La vague de violences qui a fait 12 morts et plus de 70 blessés
témoigne de la fragilité de la situation. En juillet, le CNDD-FDD remporte les élections
législatives également boycottées par la plupart des partis d’opposition qui tentent par la suite de
se fédérer au sein de l’Alliance démocratique pour le changement (ADC-Ikibiri). La situation
sociale et politique se détériore au cours des années suivantes malgré la médiation des Nations
unies et de l’ONG « Initiatives et Changement » (notamment en 2012) en vue de faciliter le
dialogue entre le pouvoir et l’opposition. La dérive autoritaire du régime marquée par des
atteintes à la liberté d’expression et à l’indépendance de la justice, s’accompagne ainsi de la
reprise sporadique de la violence politique, la politique de restitution des terres aux quelque 550
000 réfugiés rapatriés de Tanzanie tendant par ailleurs à réactiver les oppositions à connotation
ethnique.

5.3. LES ÉCHÉANCES ÉLECTORALES DE 2015 ET LA MONTÉE DES


TENSIONS

La mise en œuvre consensuelle des accords d’Arusha et la préparation des


échéances électorales de 2015 s’avèrent un échec. À partir de la fin avril 2015, la décision du
18

président sortant de se représenter à l’élection présidentielle prévue en juin provoque


d’importantes manifestations à l’appel du collectif « Halte au troisième mandat », regroupant,
au-delà du clivage ethnique, de très nombreuses associations de la société civile et deux centrales
syndicaux. Le report des élections législatives et communales est également exigé.

L’opposition politique se joint à la contestation au sein du mouvement Arusha.


Celle-ci reste cependant toujours très divisée, affaiblie par les pressions et manœuvres exercées
par le pouvoir, ainsi que par les ambitions personnelles.

Certains de ses chefs, comme Léonard Nyangoma (président du CNDD


oppositionnel, réfugié en Belgique depuis 2010), sont encore en exil, tandis que les grandes
formations sont toujours en proie aux rivalités : malgré une volonté de réunification, le Frodebu
est scindé depuis 2008 entre la fraction Sahwanya Frodebu de Léonce Ngendakumana et le
Frodebu-Nyakuri de Jean Minani ; au sein de l’Uprona, la nouvelle direction s’oppose à Charles
Nditije depuis l’éviction de ce dernier (par le ministère de l’Intérieur) de la présidence du parti en
2014. Il en est de même des FNL, partagées entre une aile officielle reconnue par le pouvoir et
celle menée par son chef historique, Agathon Rwasa. Ces deux derniers leaders semblent
toutefois prêts à s’allier.

La situation politique se détériore au fil des semaines avec l’accentuation de la


dérive autoritaire du président, la menace d’une ethnicisation du conflit entretenue par le cercle
présidentiel et de violents affrontements entre forces de sécurité et manifestants qui font
plusieurs morts à Bujumbura. Tandis que la Ligue des jeunes du CNDD-FDD (Imbonerakure) est
accusée de s’être constituée en milice armée suspectée de commettre des exactions et d’intimider
la population, des milliers de Burundais, craignant la renaissance des violences passées,
commencent à fuir le pays24.

Pendant que les chefs d’États de la région se réunissent le 13 mai en Tanzanie


avec P. Nkurunziza pour tenter de trouver une issue à la crise, une tentative de putsch avortée
orchestrée par le général Godefroid Niyombare (ex-chef d’état-major, ex-responsable des
services de renseignement et ancien allié du président) révèle les fissures au sein du régime et la
gravité des dissensions.

24
Christel Martin, op.cit. p.115
19

A la fin du mois, un nouveau sommet à Dar es Salam se conclut par un appel


au dialogue, une exigence réitérée à l’issue d’un sommet de l'UA les 14-15 juin à Johannesburg.
Ne voulant rien céder quant au calendrier électoral et la candidature du président sortant, le
pouvoir s’engage dans une épreuve de force avec l’opposition dont la plupart des formations
boycottent de nouveau les élections législatives, communales et présidentiels organisées dans des
conditions vivement critiquées notamment par l’ONU, l'UE et par la mission d’observation de la
Communauté est-africaine.

La réélection de P. Nkurunziza avec 69,41 % des voix, devant A. Rwasa, seul


opposant ayant accepté de maintenir sa candidature, est contestée par ce dernier qui accepte
cependant de siéger à l'Assemblée dont il est élu vice-président dans l'attente d’une reprise des
négociations. Cette décision, considérée par certains comme un ralliement au régime, accentue
les divisions au sein de l’opposition qui se réunit pourtant à Addis Abeba pour tenter de se
fédérer au sein d’un Conseil national pour le respect de l'accord d'Arusha et la restauration d'un
État de droit au Burundi (Rnarec) dont la présidence est confiée à L. Nyangoma.

L’assassinat dans un attentat, le 2 août, du général Adolphe Nshimirimana,


chef redouté de la sécurité intérieure et considéré comme le bras droit du président, suivi de celui
d’un ancien chef d'état-major de l'armée burundaise, aggrave de plus belle les tensions faisant
craindre une reprise de la guerre civile25.

§ 6.1. NÉGOCIATIONS AVORTÉES ET RÉPRESSION

Entre en fonction le 20 août 2015, P. Nkurunziza s’attelle à sa tâche


principale : conforter son pouvoir et l’État-parti par une violente répression et en déjouant
systématiquement les initiatives de paix de l’Union africaine et des Nations unies.

Quant au « dialogue inter-burundais » entre le gouvernement et l’opposition en


exil, il est sans cesse ajourné.

Au mois de novembre 2016, alors que le Burundi vient de décider de quitter la


Cour pénale internationale et de rompre tout lien avec le bureau du haut-commissaire de l'ONU
aux droits de l'homme, un rapport de la Fédération internationale des ligues des Droits de
l'Homme (FIDH) dénonce une « répression aux dynamiques génocidaires » menée par les
25
Christel Martin, op.cit. p.117
20

services de sécurité (Service national de renseignement, police, armée), eux-mêmes secondés par
les milices Imbonerakure.

L’année suivante, un nouveau rapport alarmant de la FIDH est publié (juillet)


et la CPI ouvre une enquête sur de possibles crimes contre l’humanité, la Cour demeurant
compétente à l’égard de tout crime relevant de sa juridiction s’il a été commis jusqu’au 26
octobre 2017 inclus, date du retrait effectif du Burundi.

Dénonçant les pressions internationales, le pouvoir se cabre et semble choisir la


fuite en avant, comptant notamment sur l’appui au moins passif de certains États africains,
comme l’Ouganda, la Tanzanie ou le Kenya, et sur l’inefficacité des sanctions économiques de
l’UE (qui a suspendu son aide directe au gouvernement et sanctionné une poignée de dirigeants),
que les autorités peuvent compenser par l’aide chinoise ou d’autres sources de financement.

En mai 2018, dans un climat d’intimidation et d’embrigadement, le président


fait adopter par référendum une réforme constitutionnelle (devant entrer en vigueur en 2020) lui
donnant la possibilité d’être candidat pour deux mandats supplémentaires de sept ans, puis
annonce qu’il ne se représentera pas, un « engagement » accueilli avec d'autant plus de
scepticisme par l’opposition qu’une cinquième réunion avec cette dernière, prévue en octobre et
destinée à préparer l'organisation d'élections « inclusives », est une fois de plus reportée. Comme
en témoigne de nouveau le rapport des Nations unies, la situation humanitaire, sociale et sanitaire
reste préoccupante et le nombre de réfugiés burundais est estimé à 400 00026.

6.2. LA SUCCESSION DE P. NKURUNZIZA

Si quelque 80 000 réfugiés étaient rentrés au pays à la fin de l’année 2019, dont
78 000 de Tanzanie, la situation humanitaire n’encourage pas les rapatriements, les Burundais de
retour de l’étranger faisant partie des principales cibles des violations des droits humains. Le
rapport de Human Rights Watch fait ainsi état « d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions,
d’arrestations arbitraires, de violences sexuelles, de passages à tabac et d’actes d’intimidation à
l’encontre de présumés opposants politiques ». Des discussions reprennent pourtant entre une
26
Christel Martin, op.cit. p.120
21

partie de l’opposition et le pouvoir en vue de l’organisation des élections générales dont, en


premier lieu, le scrutin présidentiel en mai 2020 et auxquelles la population est forcée de
contribuer financièrement.

P. Nkurunziza ayant finalement confirmé qu’il ne s’y présentera pas, le


candidat choisi pour lui succéder, sous la pression, semble-t-il, des militaires, est le général
Évariste Ndayishimiye, à la tête du CNDD-FDD depuis 2016 et l’un des piliers du pouvoir.

Ce dernier remporte aisément un scrutin organisé à huis-clos en obtenant


officiellement 68,7 % des suffrages devant le principal candidat de l’opposition, A. Rwasa (24,1
%) qui dénonce une mascarade électorale entachée de nombreuses fraudes et menaces, en
l’absence d’observateurs indépendants alors que la communauté internationale est focalisée sur
la crise sanitaire et économique due à la pandémie de Covid 19. P. Nkurunziza hérite du titre de
« guide suprême du patriotisme » mais meurt subitement en juin après avoir été hospitalisé. Cette
disparition précipite l’investiture du nouveau président le 18 juin. Tandis que la charge
honorifique de vice-président est confiée à Prosper Bazombanza (un Tutsi) du parti Uprona,
Alain-Guillaume Bunyoni, ministre de la Sécurité publique dans le précédent gouvernement et
considéré comme un « dur » du régime, est nommé Premier ministre27.

CHAPITRE DEUXIEME : LES CONSIDERATIONS GENERALES


Dans le présent chapitre, il sera question de définir les différents concepts
auxquels nous allons nous référer tout au long de ce travail. Nous sommes sans ignorer que le
Droit a son langage et pour le comprendre, il faut soit être technicien du Droit ou soit obtenir une
explication de la part du technicien.

Nous nous trouvons dans cette obligation, de définir certains termes qui seront
utilisés dans notre travail et qui nécessitent notre explication pour une meilleure compréhension

27
Christel Martin, op.cit. p.122
22

de tout lecteur qui pourra nous lire. La mauvaise compréhension d'un terme peut influencer sur la
compréhension entière du travail et cela de manière négative.

SECTION 1 : DEFINITION DES CONCEPTS DE BASE

Nous pouvons comprendre que par concept de base, il s'agit des concepts
fondamentaux du thème ou encore les concepts constitutifs du sujet. Dans la présente section il
sera donc question de définir tour à tour et en toute précision les termes fondamentaux du sujet.
Autrement dit, il sera question de donner une lumière ou une explication claire aux termes qui
composent notre sujet.

§1. LA REVISION
La révision est comprise comme une action de réviser 28, dans le but de corriger
ou rectifier. La révision est communément définie comme l'acte qui consiste à procéder à une
modification d'une constitution selon le régime que cette constitution a elle-même prévu 29. Cette
définition est beaucoup plus large mais regorge une réalité que nous allons devoir expliquer.

Le lexique de termes juridiques conçoit une révision comme une technique


juridique par laquelle un acte est modifié dans sa forme ou dans son contenu 30. En principe, la
révision ne peut intervenir que dans les formes qui ont été nécessaires à son établissement.

Dans le cadre du présent travail, nous allons devoir aller au-delà du sens
ordinaire dans la mesure où nous parlerons des révisions constitutionnelles et cela nous pousse à
dire que la révision d'une constitution renferme deux réalités. Nous parlerons de la révision
modification (point a) et la révision complétage (point b).

a) La révision modification
Dans cette première phase, nous comprenons la révision comme un ensemble
des règles constitutionnelles nouvelles qui viennent remplacer certaines dispositions
constitutionnelles préexistantes. Il s'agit donc d'une révision constitutionnelle partielle 31. Il sied

28
Dictionnaire français, la rousse, p. 373.
29
P. ARDANT, « la révision constitutionnelle en France : problématique générale » In la révision de la constitution,
journées d'études des 20 mars et 16 décembre 1992, Association française des constitutionnalistes, Economica,
1993, p. 80.
30
Valérie LADEGAILLERIE, lexique des termes juridiques, Anaxagora, juillet, 2005, p. 146.
31
Bernard QUIRINY, « révisions partielles et totales d'une constitution », In Jus Politicum, n° 13
(http://juspoliticum.com/article/révisions-partielles-et-totales-des-constitutions -903.html).
23

de souligner que dès lors qu'il y a certaines règles constitutionnelles qui ne s'adaptent pas aux
réalités sociales actuelles, elles doivent faire objet d'une révision en vue d'adapter cette
constitution aux vécus quotidiens.

b) La révision complétage
Nous pouvons appréhender cette deuxième phase de révision non pas pour
remplacer certaines règles existantes mais pour les compléter dans le seul but de renforcer
l'application ou encore les valeurs d'une constitution.

Ainsi, nous pouvons avoir une révision qui ne vient que modifier la
constitution mais aussi nous pouvons avoir aussi une révision qui ne vient que compléter une
constitution ou soit les deux à la fois c'est-à-dire une révision qui vient modifier et compléter une
constitution au même moment.

Nous pouvons donc dire qu'une constitution conçue pour être stable est une
sorte de défi au temps qui passe. 32 C'est un défi dans lequel on se lance et qui ne peut aboutir.
Certes, nous avons connu des constitutions qui ont fait plusieurs années sans qu'elles ne soient
révisées mais elles ont fini par subir une révision . La révision constitutionnelle devient donc une
réalité dont aucune constitution ne peut se passer.

La question de la révision constitutionnelle occupe une place centrale au sein


du constitutionnalisme africain33. Les Constitutions africaines qui sont au cœur des débats au sein
du continent et partout ailleurs, nécessitent des révisions pour une bonne adaptation aux réalités
sociales africaines et pour une bonne consolidation du constitutionalisme africain. Ces révisions
renferment plusieurs réalités qui seront développées plus tard dans cette étude mais au moins au
sens plus général on ne révise pas une constitution pour le simple plaisir de le faire mais en vue
d'adaptation. Personne ne peut diaboliser les révisions constitutionnelles au sein du continent car
c'est indépassable malgré que certains en profitent mais il faudrait retenir le but par excellence
d'une révision qui est l'adaptation et toute révision obéit à une certaine procédure qui est aussi
exigible.

32
F. MELIN-SOUCRAMANIEN, les grandes démocraties, Constitutions des Etats-Unis, de l'Allemagne, de l'Espagne
et de l'Italie, Paris, Dalloz, 2007, p.89.
33
T. HOLO, « Emergence de la justice constitutionnelle et la Démocratie en Afrique », In pouvoirs, n° 29, 29 Seuil,
2009 p. 101-114.
24

1. PROCEDURE DE REVISION CONSTITUTIONNELLE

Pour réviser une constitution, ça ne se fait n'importe comment et n'importe qui


ne peut pas se réveiller un bon matin pour réviser ou initier une révision constitutionnelle.
Parlant de l'initiative de la révision constitutionnelle, elle peut provenir soit du Président de la
République sur proposition du Premier ministre et là on parle du projet de révision
constitutionnelle34.

Cette initiative peut provenir aussi des membres du parlement et là on parle


d'une proposition de révision constitutionnelle. Dans les deux cas, le texte de la révision doit être
voté en termes identiques par l'Assemblée nationale et par le Senat.

Pour ce qui est de la révision de la constitution du Bénin du 07 Novembre


2019, nous précisons que cette révision était sous l'initiative du président de la République du
Bénin monsieur Patrice Talon, adoptée le 1er janvier 2019, validée le 6 novembre 2019 par la
haute cour constitutionnelle béninoise, fruit des propositions issues du dialogue politique
convoqué par le Président béninois pour tenter de sortir de la crise politique ouverte par les
élections législatives d'avril 2019, lors desquelles aucune liste de l'opposition n'avait pu
concourir.

2. LE POUVOIR CONSTITUANT DERIVE

Même si, par définition, la fonction d'une constitution est d'assurer la stabilité
des constitutions et donc d'être inscrite dans la durée, il est normal qu'elle puisse être révisée,
c'est-à-dire subir des adaptations, des modifications afin de correspondre aux évolutions de la
société.

Le pouvoir constituant dérivé est l'autorité que la constitution elle-même


désigne pour modifier le texte constitutionnel. Cela suppose évidemment qu'il s'agisse d'une
constitution rigide, prévoyant une procédure spécifique de révision. Dans le cas des constitutions
souples en effet, la procédure législative ordinaire suffit à amender le texte constitutionnel35.

3. LES LIMITES DU POUVOIR CONSTITUANT DERIVE


34
https://WWW.vie-publique.fr/fiches/19594-quelle-est-la-procédure-de-révision-de-la-constitution, dernière
modification le 07 Juillet 200 à 16 : 32, consulté le 16 Janvier 2020 10h59.
35
Paul MUSAFIRI NALWANGO, cours de Droit constitutionnel, théorie générale de l'Etat, G1 Droit, UNILU, 2017-
2018, p. 187 (inédit).
25

Par essence même, le pouvoir constituant dérivé connait des limites implicites
qui ne figurent généralement pas dans les articles de constitutions concernant la révision parce
qu'ils découlent de l'esprit des textes. La révision ne peut qu'être partielle puisqu'une révision
totale reviendrait à abroger la constitution comme l'ont pratiqué Mussolini en 1925 et Hitler 1933
et 1934.

La révision ne peut pas porter sur la procédure de révision elle-même. C'est en


quelque sorte le verrou qu'il ne faut pas faire sauter parce qu'il ouvrirait alors à un autre type de
fraude à la constitution. Cette réalité s'explique mieux par la Constitution de la République
Démocratique du Congo du 18 février 2006, tel que modifiée à ce jour à son article 220.

A ces limites implicites, une constitution peut ajouter des limites explicites,
formulées dans le texte même de la constitution. Il peut s'agir de la périodicité des révisions, de
l'objet de la révision(par la loi du 14 aout 1884 portant révision partielle des lois
constitutionnelles de 1875, est précisé que « la forme républicaine du gouvernement ne peut faire
l'objet d'une proposition de révision », cette formule est reprise dans l'article 89 de la constitution
de la IVème et Vème république) où des circonstances de la révision ( dans l'actuelle constitution
française, il est précisé, à son article 89, qu'aucune procédure de révision ne peut être engagée ou
poursuivie lorsqu'il est porté atteinte à l'intégrité du territoire).

a) Limitations temporelles
La Constitution peut expressément interdire sa révision pendant un certain
temps. C'est la limitation liée à l'époque. Dans cette hypothèse, la révision de la constitution ne
peut s'opérer qu'après une certaine échéance36.

La constitution portugaise de 1933 précisait à son article 134 qu'elle ne peut


être révisée qu'après 5 ans et si l'assemblée nationale l'acceptait. Certaines constitutions
interdisaient leur révision dans certaines circonstances telles que l'occupation du territoire ou
l'engagement du pays dans une guerre, pendant que d'autres n'autorisent pas que certaines
matières puissent faire l'objet d'une modification.

36
Kemal GOZLER, le pouvoir de révision constitutionnelle, villeneuve d'Ascq, presse universitaire de septentrion,
1997, p.120.
26

La constitution marocaine interdit par exemple toute modification liée au


changement de la forme monarchique de l'Etat ou du statut, c'est ce qu'on appelle des
dispositions constitutionnelles intangibles (limitation matérielle).

b) Limitations implicites
L'application et l'interprétation de la constitution peuvent permettre de dégager
les considérations ci-après :
- Le pouvoir constituant dérivé ne peut sauf par fraude à la constitution procéder à la
révision complète de la constitution. C'est pouvoir appartient au pouvoir constituant
originaire.
- Le pouvoir constituant dérivé ne peut de lui-même changer la procédure de révision et
une partie clé de la constitution.
- Du fait que le pouvoir constituant originaire est chargé d'élaborer la constitution il lui est
permis de procéder à la révision de celle-ci.

§2. LA CONSTITUTION

La constitution est conçue comme un ensemble des règles concernant


l'organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics 37. Dans ce sens, elle organise les
compétences au sein de l'Etat c'est-à-dire, la dévolution et l'exercice du pouvoir.38 Au sens formel
la constitution désigne un instrument énoncé dans la forme constituante et par l'organe
constituant et qui par suite ne peut être modifiée que par une opération de puissance constituante
et au moyen d'une procédure spéciale de révision 39. Ainsi, la constitution s'entend comme un
ensemble des règles ayant reçue une forme distincte parce qu'elles sont édictées ou ne peuvent
être révisées que par un organe ou une procédure spécifique40.

La particularité de la conception formelle réside donc en ce qu'elle envisage la


constitution, du moins partiellement, à partir de procédures de révision, ce qui en d'autres termes
veut dire qu'il est parfois nécessaire de s'interroger sur la procédure de révision pour savoir si une
Constitution peut être qualifiée de Constitution formelle.

37
B. GUEYE, « La démocratie en Afrique : succès et résistances », Revue Pouvoirs, n°129, 2009/2, p. 5-26.
38
G. BURDEAU, Traité de science politique, le statut du pouvoir dans l'Etat, T. 4, LGDJ, paris, p.181.
39
R. CARRE DE MALBERG, contribution à la théorie générale de l'Etat, Paris, Sirey, 1922, tome 2, p. 571.
40
M. S. ABOUMU-Salami, « la révision constitutionnelle du 31 décembre 2002 : une revanche sur la conférence
nationale de 1981 », Revue béninoise des sciences juridiques et administratives, décembre 2007, n°19, pp. 53-94.
27

Mais la définition formelle ne présente tout son intérêt que si elle ne se limite
pas au caractère écrit mais intéresse l'organe et la procédure car ce n'est qu'à ce moment qu'elle
comporte « des conséquences juridiques véritables en rendant la Constitution rigide41».

La Constitution peut être considérée de multiples manières enseigne le


professeur Paul MUSAFIRI42: comme symbole, comme texte, comme document historique,
comme phénomène de droit. Ici, elle ne sera analysée que comme ensemble des normes
juridiques, ou, si l'on veut des règles. Cela suppose que l'on puisse donner un sens juridiquement
précis à cette expression et que l'on dispose des instruments théoriques permettant de le faire.
Dès lors, on se rend compte que la constitution n'est en général pas donnée une fois pour toute ou
simplement pour une durée qui sépare deux révolutions qu'elle fait, comme d'autres normes,
l'objet de modifications et que ces « révisions » constituent à leur tour l'application des normes
constitutionnelles.

Si donc le fonctionnement de toute société nécessite une régulation sociale,


c'est-à-dire l'élaboration des règles qui lui permettent de fonctionner, il est logique de penser que
l'exercice de la puissance publique soit elle-même organisée et réglementée. La Constitution
remplie cet objectif, en tant que loi suprême, acte fondamental exprimant la volonté populaire,
clef de voute de l'édifice institutionnel, organisant le fonctionnement de l'Etat et réglementant
l'exercice du pouvoir politique.

1. LES DIFFERENTES APPROCHES DE LA CONSTITUTION

Le terme Constitution peut prendre deux sens, selon que nous privilégions
l'approche matérielle ou l'approche formelle.

a) Approche matérielle de la Constitution

En privilégiant le point de vue matériel, c'est-à-dire le contenu, la matière de la


constitution ; la notion de la constitution renvoie à l'ensemble des règles relatives à l'exercice du
pouvoir politique. La nature constitutionnelle d'une règle dépend de sa matière, de ce sur quoi
elle porte, donc, de son objectif.

41
F.MELIN SOUCRAMANIEN, P. PACTET, Droit constitutionnel, 27ème éd ; Dalloz, 2008, p. 63.
42
Paul MUSAFIRI NALWANGO, cours de Droit constitutionnel, théorie générale de l'Etat, G1 Droit, UNILU, 2017-
2018, p. 178.
28

b) L'approche formelle de la Constitution

L'approche formelle est celle de Droit public en France notamment. La


Constitution est un document, un texte spécifique qui réglemente les institutions. C'est donc la
forme plus tôt que le contenu qui est essentielle dans cette définition.

L'inconvénient d'une telle approche est de ne pas toujours recourir


nécessairement à l'ensemble des règles qui fixent le fonctionnement de l'Etat (c'est le cas par
exemple en France, avec le régime électoral qui relève de la loi et non de la constitution.

L'avantage, par contre, réside dans l'appréciation puisque celle-ci permet de


définir clairement le champ des règles qui sont concernées par les spécificités du régime
constitutionnel.

c) La forme souple ou rigide d'une Constitution

Lorsqu'une Constitution prévoit une procédure spéciale et l'intervention d'un


organe qualifié pour sa révision, elle est dite rigide (constitution rigide). En revanche, si elle peut
être modifiée selon la procédure législative ordinaire sans recours à une procédure spécifique,
elle est dite souple (constitution souple).

SECTION 2. GENERALITES SUR LA REVISION CONSTITUTIONNELLE DE


BURUNDI
§1 : La révision constitutionnelle du Burundi et le constitutionnalisme africain

Si dans le paragraphe précédent, il était question de comprendre de quelle


manière le peuple Burundais a participé positivement ou négativement à la procédure de révision
de leur Constitution, et cela nous permettra de comprendre la part de cette révision au
constitutionnalisme africain.

Pour mieux comprendre la contribution de cette révision dans la démarche du


continent pour la promotion des valeurs démocratiques, nous pouvons aussi faire une brève étude
dans un contexte historique. Depuis l'indépendance du Burundi en 1962, le pays a connu
29

plusieurs épisodes des crises et instabilités politiques et ceux-ci pendant une quinzaine d'années.
Le 28 Août 2000, sous la facilitation du Président Sud-Africain Nelson MANDELA, a
finalement été signé l'accord d'Arusha pour la réconciliation et la paix au Burundi, premier pas
dans une démarche de paix et la résolution des conflits, l'accord d'Arusha était une avancée
majeure dans le chemin de la démocratie au Burundi avec une grande considération continentale
pour le constitutionalisme africain, car cet accord est la source même de l'élaboration de la
Constitution burundaise appelé acte constitutionnel issu de l'accord d'Arusha43.

Si nous avons fait allusion à cette description historique, c'est tout simplement
parce que la révision constitutionnelle du Burundi du 07 Juin 2018 est venue tordre l'accord
d'Arusha. Cette révision qui est une violation intentionnelle de l'accord d'Arusha plonge le pays
dans un retro constitutionnalisme. Pendant que le Burundi connaissait déjà une avancée
constitutionnelle, la révision du 07 Juin 2018 s'éloigne du combat de l'Union africaine et d'autres
organisations internationales qui œuvrent au sein du continent pour un bon développement du
constitutionnalisme africain. Dans un langage propre à nous, nous pensons que cette révision est
venue remettre le compteur à zéro dans la démarche africaine pour la démocratie et la paix au
sein du continent.

§3. Analyse critique de la révision constitutionnelle au Burundi

Le présent paragraphe paraît important pour nous chercheur, du simple fait que
nous allons devoir exposer un commentaire critique de la révision constitutionnelle du Burundi
du 07 Juin 2018 après avoir compris de quelle manière cette révision a été organisée. Dans le
présent paragraphe, il est donc question de montrer si cette révision était consolidante ou
déconsolidante au constitutionnalisme africain; c'est donc une façon pour nous de répondre aux
questions posées dans la problématique de manière claire et complète.

Nous avons bien compris dans le premier chapitre ce que nous pouvons
entendre par révision constitutionnelle consolidante et révision constitutionnelle déconsolidante.
Nous pouvons au moins rappeler que la révision d'une Constitution ne dépend pas d'une seule
personne ou un groupe des personnes, car la Constitution étant l'expression de toute une nation.
43
L'accord d'Arusha, du nom de la ville d'Arusha en Tanzanie, est un accord de paix pour le Burundi sous l'égide de
Nelson MANDELA pour tenter de mettre fin à la guerre civile Burundaise débutée en 1993.
30

Le fait pour le Président Pierre NKURUNZIZA de tenter une initiative pour la


révision de la Constitution de la République burundaise était conforme au droit constitutionnel
Burundais, du simple fait que la Constitution burundaise lui reconnaissant ce droit 44, mais encore
faudrait-il que cette initiative rencontre les attentes de la population.

Dans le cadre de cette étude, pour ce qui est de la révision de la constitution du


Burundi intervenue le 07 Juin 2018, nous allons devoir confronter deux approches dont: la
personnification du pouvoir (a)et la conservation du pouvoir politique (b) afin de comprendre la
quelle convient à cette révision.

a) La personnification du pouvoir

Nous cherchons à comprendre dans la présente approche l'esprit politique qui


était derrière cette révision au Burundi. Rien ne sert de réviser la Constitution pour l'intérêt d'une
seule personne ou pour l'intérêt d'un parti politique encore moins d'un groupe politique ou tribal.
Nous pouvons dans le cadre de cette étude comprendre qu'il n'était pas important de réviser la
Constitution au Burundi. D'où la nécessité de comprendre que cette révision fut une émanation
de la volonté politique d'un groupe d'individu avec comme acteur principal le Président Pierre
Nkurunziza dans le seul but de conserver le plus longtemps possible le pouvoir politique, d'où la
nécessité d'examiner la deuxième approche.

b) La conservation du pouvoir

Le peuple a défendu sa Constitution mais les gouvernants ont marché au-dessus


du peuple. Même si le gouvernement burundais a saisi la Cour constitutionnelle burundaise qui
était sous sa manipulation pour se prononcer sur le texte portant révision de la Constitution du
Burundi45, les juges constitutionnels sous une grande pression politique vont répondre au devoir
de gratitude et finir par avaliser cette révision. D'où la grande question qui est celle de
comprendre quelle était la motivation du gouvernement burundais pour réviser la Constitution
burundaise de 2005 en passant outre l'accord d'Arusha. Nous optons pour cette deuxième
approche pour dire qu'il s'agissait d'un esprit conservatiste du pouvoir comme la plupart des

44
A lire l'article 169 de la Constitution du Burundi de 2005.
45
Un jour avant la publication de l'arrêt de la Cour constitutionnelle, le vice-président de la haute Cour
constitutionnelle du Burundi Silvère NIMPAGARISTE dénonça la pression exercée par les autorités politiques sur les
membres de la Cour en vue d'arbitrer en faveur du président Pierre NKURUNZIZA. Mis en minorité, il refusa de
signer l'arrêt avant de s'exiler du pays. Lire institute for security studies (2016, p.5).
31

dirigeants africains. Cette révision qui a fait des morts au Burundi ne visait que la conservation
du pouvoir en termes clairs dans la mesure où l'article 96 qui visait la limitation du nombre des
mandats présidentiels sera modifié et en plus l'alinéa 2 de cette disposition interdit seulement
l'exercice de deux mandats présidentiels consécutifs mais laisse une possibilité de faire plus de
deux mandats présidentiels de manière non consécutive. Cette révision visait donc la
conservation du pouvoir par le gouvernement burundais.

Cette révision qui vient toucher le noyau dur d'une Constitution en modifiant
l'article 96 de la Constitution Burundaise qui limitait le mandat présidentiel à cinq ans une fois
renouvelable, le mandat du président de la République sera porté à sept ans renouvelable mais
elle permet aussi à un Président de se porter candidat plusieurs fois mais de manière non
successive. C'est de cette façon que cette révision a abrogé indirectement l'accord d'Arusha et
nous la qualifions de révision déconsolidante au constitutionnalisme africain.

Cette révision ne vient donc que pour torturer d'avantage le constitutionnalisme


africain et elle ne pourrait servir de modèle à aucun Etat qui voudrait être un Etat de droit.

§4. Quel avenir pour le constitutionnalisme Burundais

Tout chercheur est un visionnaire et sa première mission est celle d'apporter


une solution aux différents problèmes de la société. Malgré tout ce qu'il y a eu au Burundi, la
Constitution de 2005 sera révisée afin de permettre au Président Pierre NKURUNZIZA d'être
successeur à sa propre succession.

Nous sommes le 07 juin 2019, le Président Pierre NKURUNZIZA annonce ne


pas être candidat à sa propre succession en 202046; sachant bien que les élections sont prévues en
juin 2020. Malgré cette annonce, les inquiétudes demeurent du simple fait que quelqu'un qui a
consenti tous les efforts pour réviser la Constitution afin de briguer un autre mandat pourrait
refuser de se présenter comme candidat.

A notre tour, nous pensons que même si le Président Pierre NKURUNZIZA


résistait de se porter candidat, le constitutionnalisme burundais ne peut plus inspirer un Etat,
cette révision a causé des morts au Burundi, pour le peuple qui défendait sa Constitution; et donc
l'élection n'étant pas l'objet d'une Constitution nous parlons aujourd'hui d'une révision
46
https://afrique.lalibre.be.Burundi; consulté le 18 avril 2020.
32

déconsolidante et d'un retro constitutionnalisme au Burundi. Certes, le Président Burundais ne


s'est pas porté candidat à sa propre succession mais cela ne dépendait que de lui-même et même
les élections remportées par son successeur étaient controversées et le Burundi a longtemps
perdu la paix suite à cette crise créée par la révision constitutionnelle burundaise. La révision
constitutionnelle du 07 Juin 218vient pour mettre fin aux acquis constitutionnels burundais et
aujourd'hui tout comme dans l'avenir un seul individu peut faire autant de tours au pouvoir selon
sa volonté ce qui est contre les valeurs constitutionnelles et démocratiques.

§4. Quel avenir pour le constitutionnalisme africain

Après cette étude, nous sommes dans une situation selon laquelle nous pouvons
affirmé que les révisions constitutionnelles en Afrique sont d'une part déconsolidantes et d'autres
part consolidantes. Et la présente étude nous fait voir cette différentiation et personne ne se
permettrait de dire que toutes les révisions constitutionnelles du continent sont déconsolidantes
ou encore prendre le risque d'affirmer qu'elles sont consolidantes et cela sous réserve des
révisions qui interviendront dans les jours à venir.

La révision de la Constitution du Burundi du 07 Juin 2018 fait partie de


révisions constitutionnelles déconsolidantes du simple fait que nous l'avions qualifiée comme
étant une révision visant la conservation du pouvoir politique tandis que celle du Bénin du 07
novembre 2019 est l'une des révisions constitutionnelles consolidantes dans la mesure où cette
dernière vient renforcer l'unité nationale comme nous l'avons démontré dans cette étude.

Il est cependant normal qu'une Constitution soit révisée pour son adaptation
aux différentes réalités sociales si cela est la volonté de toute une nation mais non pour l'intérêt
d'un individu ou d'un groupe d'individus.

Voilà l'exemple à suivre; le cas de la révision de la Constitution béninoise qui


devrait inspirer les constituants africains pour un meilleur avenir démocratique.
33

CONCLUSION

Nous voici arriver à la fin de notre travail qui s’est basé sur la révision
constitutionnelle déconsolidente en Afrique noir francophone le cas de Burundi.

Pourtant, il nous a été loisible de nous intronisé en invitant deux méthodes et


quelques techniques dont la méthode exégétique et comparative, ainsi que la technique
documentaire et la technique d’interview, une démarche qui nous a permis de répondre stricto-
sensu de la question relative à la révision constitutionnelle de manière générale ou de manière
particulière en Afrique noire

Si les études documentaires nous ont permis de comprendre comment certains,


auteurs ont abordé cette dernière, la question de l’apport de révisions constitutionnelles au
constitutionalisme africain avec comme champs d’étude Burundi demeure encore un trou non
enfoncé et l’originalité de notre étude se justifie justement à ce niveau.

En ayant un regard fixé sur la révision de la constitution du Burundi, du 07 juin


2018, nous retenons de manière passagère que cette révision ayant été à la hauteur de tout ce
qu’il y a eu sur la mesure où cette dernière a touché certaines dispositions intangibles de la
constitution et surtout qu’elle touche la question liée au mandant présidentiel.
34

En définitive, nous avons fait allusion à la constitution Burundaise du 07/juin


2018, dont nous avons remarqués qu’il y avait eu quelques troubles sur le territoire Burundais
ayant précédé même le référendum de cette révision et juger si cette révision était consolidente
ou déconsolidente.

Nous étions dans l’obligation d’analyser certains événements qui ont précédés
ces révisions sur le territoire Burundais et les confronter aux valeurs démocratiques afin de juger
la consolidation ou la déconsolidation de cette dernière sachant que, qui dit consolidation dans le
cadre de la présente étude parle de l’apport positif à la promotion d’un Etat de droit ou la
promotion des valeurs démocratique au sein d’un Etat.

Il sied aussi de dire que parlant de la déconsolidation il s’agira d’une révision


qui vient avec un retro constitutionnalisme au sein du continent qui n’est autre que la perte des
certaines valeurs démocratiques un texte constitutionnel.

C’est de cette façon que nous avons abordés le présent travail avec tout ce qu’il
y a eu comme pertinence.
35

REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE

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constitution, dernière modification le 07 Juillet 200 à 16 : 32, consulté le 16 Janvier 2020
10h59.
- https://afrique.lalibre.be.Burundi; consulté le 18 avril 2020.

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