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INTRODUCTION GENERALE
Nous serions dans l’obligation aussi d’analyser certains événements qui ont
précédés ces révisions sur le territoire Burundais et les confronter aux valeurs démocratiques afin
de juger la consolidation ou la déconsolidation de cette dernière sachant que, qui dit
consolidation dans le cadre de la présente étude parle de l’apport positif à la promotion d’un Etat
de droit ou la promotion des valeurs démocratique au sein d’un Etat.
C’est de cette façon que nous allons aborder le présent travail avec tout ce qu’il
y a comme pertinence.
Nous signalons que le présent travail n’est pas borné seulement à l’analyse de
cette révision constitutionnelle mais cette analyse sera accompagnée des commentaires, critiques
1
KWANDA MUZINGA ; « cours d’initiation à la recherche scientifique ». G2, UNILU, 2020-2021 inédit P.53.
2
Nous affirmons en toute précision que tout travail scientifique est une œuvre
d’esprit, d’où il est toujours précédé d’un sentiment profond qui oriente le choix de l’auteur et
cela fait en sorte qu’il puisse y avoir toute une catégorie d’intérêt recherché par l’auteur.
Le choix porté à ce sujet est motivé par le simple fait que nous comme
chercheur en Droit public nous voulons comprendre la pertinence des révisions constitutionnelles
en Afrique et dans le thème sous étude il s’agit plus particulièrement de la révision
constitutionnelle intervenue le 17 juin 2018.
Cette étude nous permettra donc de comprendre la manière dont les révisions
constitutionnelles des certains Etats africains et cela soit de manière positive ou négative.
Notre travail présente un triple intérêt dont il sied de démontrer : il est de prime
à bord personnel, scientifique et social.
- Intérêt personnel
Le choix de ce sujet est justifié par l’intérêt que nous approuvons dans le
présent travail dans la mesure où celui-ci vient contribuer à notre formation scientifique, cette
dernière vienne nous fournir des connaissances avérées dans la démarche des révisions
constitutionnelles en Afrique et leur apport constitutionnalisme africain et cela de manière plus
claire et précise.
- Intérêt scientifique
chercheurs de s’y référer pour bâtir des œuvres scientifiques surtout en matière des révisions
constitutionnelles.
- Intérêt social
Nous avouons ou nions que la société est la première consommatrice des fruits
de nos recherches et que tout au long de notre travail nous devons penser à l’intérêt que présente
celui-ci à la société. La société Africaine de manière générale et plus précisément la société
Burundaise est l’actrice principale des révisions constitutionnelles au sein du continent d’où
toute révision constitutionnelle doit concourir au bien être de ladite société. Voilà alors l’intérêt
social de cette étude qui pour certains pourra servir comme instrument de révolution et pour
d’autres comme instrument d’encouragement.
Néanmoins, nous relevons que pour les constituants africains, les notions
rudimentaires dégagées par le contenu de cette étude vont édifier les différentes législations au
sein du continent.
3. ETAT DE LA QUESTION
De prime à bord, signalons que ce travail a déjà fait l’objet des études dont la
teneur est d’une portée scientifique indéniable.
2
KALUNGA TSHIKALA ; rédaction des mémoires en Droit, Lubumbashi, édition du col 2012. P.11.
4
4. PROBLEMATIQUE
Les conditions dans lesquelles ces révisions sont intervenues étaient-elles envisagées dans
la consolidation de la démocratie en Afrique ?
Quelle est la révision constitutionnelle de manière générale ou de manière particulière en
Afrique noire ?
5. HYPOTHESE DU TRAVAIL
7
Kalunga TSHIKALA ; op. cit
6
- Méthode exégétique
Cette méthode nous permettra donc de bien interpréter les textes nationaux des
différents Etats en occurrence les textes constitutionnels du Burundi afin de bien confectionner
notre travail
- Méthode comparative
Elle se fonde sur la comparaison c’est une opération qui consiste à étudier
parallèlement de deux systèmes en vue d’en dégager des similitudes ou des dissemblances.
b. Techniques
- Technique documentaire
8
NKWANDA MUZINGA ; op. cit
9
Gabriel KALABA MUTABUSHA; Notes de cours des méthodes de recherche scientifique, Lubumbashi, UNILU 2002.
P. 11.
7
7. DELIMITATION DE SUJET
Etant donné que notre étude est basé sur la loi mère Burundaise, nous
délimitons notre travail dans l’espace sur le continent d’Afrique dans toutes ses limites
territoriales, plus précisément au Burundi.
8. SUBDIVISION DU TRAVAIL
Sans vouloir aller plus loin avec les détails historique et géographique, le
Burundi est un pays d'Afrique de l'Est situé dans la région des Grands Lacs et entouré
aujourd'hui par la République démocratique du Congo à l'ouest, le Rwanda au nord et la
Tanzanie à l'est et au sud. Sa capitale politique est Gitega, sa capitale économique est
Bujumbura.
Le pays connaît ensuite une instabilité politique durable, marquée par des
coups d'état, des massacres intercommunautaires, puis une guerre civile à partir de 1993. Celle-ci
s'est conclue en 2000 par les accords d'Arusha, ouvrant une période de paix précaire. Depuis
2010, les tensions sont à nouveau particulièrement importantes.
Le Burundi est limité à l'Est et au Sud par la Tanzanie, au Nord par le Rwanda,
à l'Ouest par la République Démocratique du Congo.
Superficie : 28 000 km2
Nombre d'habitants : 11 530 580 (estimation pour 2019)
Nom des habitants : Burundais
Capitale : Bujumbura
Langues : français et kirundi
Monnaie : franc du Burundi
Chef de l'État : Évariste Ndayishimiye
Chef du gouvernement : Évariste NdayishimiyeAlain-Guillaume Bunyoni
Nature de l'État : république à régime présidentiel
Constitution :
9
Le Burundi est situé dans la zone des grands fossés africains, au relief très
contrasté. L'altitude y est presque partout supérieure à 1 000 m, expliquant un climat
relativement tempéré à une latitude presque équatoriale. À l'ouest du pays s'allonge un fossé
d'effondrement, remblayé au nord (plaine de l'Imbo, de 800 à 1 000 m), occupé au sud par le lac
Tanganyika (profond de 1 400 m). Ce bassin encaissé est assez chaud et sec : Bujumbura reçoit
seulement 840 mm de pluies par an, et la saison sèche dure de mai à septembre. Cette zone basse
est dominée par une chaîne qui atteint 2 670 m au mont Heba et sépare les bassins du Congo
(dans lequel se déverse le lac Tanganyika par l'intermédiaire de la Lukuga) et du Nil (dont le
Burundi possède la source la plus méridionale). Le versant et s'abaisse lentement jusqu'à 1 500
m, en plateaux étages, irréguliers, accidentés par des lignes de crêtes et les vallées des rivières
coulant vers le nord-est. Les plateaux s'interrompent au-dessus de régions déprimées, lacustres
ou marécageuses : Bugesera au nord-est, Kumoso au sud-est (1 200-1 400 m). Abondantes sur
les hauteurs, les précipitations diminuent avec l'altitude et n'atteignent pas 1 100 mm dans la
vallée de la Malagarasi. La végétation forestière, qui associe feuillus et conifères, a reculé sous
l'action du défrichage et du surpâturage, et ne subsiste que sur les plus hautes terres. L'herbe
domine : prairies d'altitude, savanes boisées ; mais on trouve aussi des bambous et surtout des
plantations d'eucalyptus10.
l'un des plus faibles d'Afrique subsaharienne et concerne à peine 10 % d'une population vivant en
habitat dispersé sur les « collines ». Ces aspects démographiques ne sont pas les seuls traits
communs aux Burundais : ils parlent la même langue, le kirundi, et sont, à une écrasante majorité
(85 %), chrétiens, et plus particulièrement catholiques.11
11
Christel Martin, op.cit. p.99
12
idem
13
Augustin Nsanze, Le Burundi contemporain : L'État-nation en question (1956-2002), Paris, L'Harmattan, 2003, 51
p.88.
11
14
Augustin Nsanze, op.cit p.102
15
Augustin Nsanze, op.cit p.109
12
En octobre 1965, une tentative de coup d'État est menée par des officiers hutus,
et donne le signal de massacres de Tutsis. La répression ordonnée par le roi est sévère et son
image en pâtit. En juillet 1966, Mwambutsa est déposé par son fils, qui prend le nom de Ntaré V.
Ce dernier ne reste au pouvoir que cinq mois : il est renversé par le capitaine Michel Micombero
le 28 novembre qui proclame la république16.
ministres hutus. Pierre Buyoya acquiert de ce fait une réputation de dirigeant modéré, que vient
confirmer, à partir de 1990, son acceptation loyale de nouvelles règles du jeu démocratiques.18
Son attitude n'est malheureusement pas suivie par la majorité des cadres tutsis
qui dirigent l'armée. Une première tentative de coup d'État a lieu dès le début de juillet 1993.
Une seconde, lancée le 21 octobre, n'aboutit pas non plus à restaurer le pouvoir tutsi, mais
s'accompagne de l'assassinat du président Ndadaye. Une flambée de violences embrase alors le
pays, faisant à nouveau des dizaines de milliers de morts et poussant des dizaines de milliers de
Burundais sur la route de l'exil. Des responsables politiques hutus, entrés en clandestinité,
prennent les armes et fondent en septembre 1994 le Conseil national pour la défense de la
démocratie (CNDD) qui, avec sa branche armée les Forces de défense de la démocratie (FDD),
est appelé à devenir la principale rébellion burundaise. Celle-ci, cependant est bientôt en proie
aux dissensions et aux exclusions qui donneront naissance à deux factions rivales principales : le
CNDD présidé par Léonard Nyangoma, l’un de ses fondateurs et chefs historiques, et le CNDD-
FDD de Pierre Nkurunziza, qui s’imposera.
18
U.S. Committee for Refugee and Immigrants. 2008. "World Refugee Survey 2008." Disponible sur le Web
http://www.refugees.org/article.aspx?id=2114&subm=179&area=Investigate.
19
Jean-François Revel, La connaissance inutile, Pluriel, p. 137
14
4.2. Le putsch
20
Jean-François Revel, La connaissance inutile, Pluriel, p. 142
15
21
Christel Martin, op.cit. p.101
16
force de protection africaine qui, grâce au déploiement de ses 2 700 soldats, a permis depuis la
fin de l'année 2003, une relative pacification du pays.
En février 2005, les Burundais sont appelés à approuver par référendum une
nouvelle Constitution, répartissant plus équitablement le pouvoir entre les deux principales
ethnies. Cette consultation entame une série de scrutins destinés à renouveler entièrement les
institutions du pays et à mettre un terme définitif à la guerre civile. L'ancienne rébellion hutue,
les FDD de P. Nkurunziza, représentée par son aile politique, s'impose dès lors comme l'un des
principaux acteurs politiques en obtenant la majorité absolue aux élections communales du 5 juin
2005, avec 62,9 % des voix, contre 20,5 % pour le Frodebu et seulement 5,3 % pour l'Uprona. Le
CNDD-FDD, majoritairement hutu, dispose désormais de la majorité absolue dans 11 des 17
provinces du pays. Il remporte également les élections législatives et sénatoriales et sa victoire
est couronnée, le 19 août 2005, par l'élection de P. Nkurunziza, à la présidence de la République
par le Parlement.22
22
Christel Martin, op.cit. p.102
23
Christel Martin, op.cit. p.105
17
24
Christel Martin, op.cit. p.115
19
services de sécurité (Service national de renseignement, police, armée), eux-mêmes secondés par
les milices Imbonerakure.
Si quelque 80 000 réfugiés étaient rentrés au pays à la fin de l’année 2019, dont
78 000 de Tanzanie, la situation humanitaire n’encourage pas les rapatriements, les Burundais de
retour de l’étranger faisant partie des principales cibles des violations des droits humains. Le
rapport de Human Rights Watch fait ainsi état « d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions,
d’arrestations arbitraires, de violences sexuelles, de passages à tabac et d’actes d’intimidation à
l’encontre de présumés opposants politiques ». Des discussions reprennent pourtant entre une
26
Christel Martin, op.cit. p.120
21
Nous nous trouvons dans cette obligation, de définir certains termes qui seront
utilisés dans notre travail et qui nécessitent notre explication pour une meilleure compréhension
27
Christel Martin, op.cit. p.122
22
de tout lecteur qui pourra nous lire. La mauvaise compréhension d'un terme peut influencer sur la
compréhension entière du travail et cela de manière négative.
Nous pouvons comprendre que par concept de base, il s'agit des concepts
fondamentaux du thème ou encore les concepts constitutifs du sujet. Dans la présente section il
sera donc question de définir tour à tour et en toute précision les termes fondamentaux du sujet.
Autrement dit, il sera question de donner une lumière ou une explication claire aux termes qui
composent notre sujet.
§1. LA REVISION
La révision est comprise comme une action de réviser 28, dans le but de corriger
ou rectifier. La révision est communément définie comme l'acte qui consiste à procéder à une
modification d'une constitution selon le régime que cette constitution a elle-même prévu 29. Cette
définition est beaucoup plus large mais regorge une réalité que nous allons devoir expliquer.
Dans le cadre du présent travail, nous allons devoir aller au-delà du sens
ordinaire dans la mesure où nous parlerons des révisions constitutionnelles et cela nous pousse à
dire que la révision d'une constitution renferme deux réalités. Nous parlerons de la révision
modification (point a) et la révision complétage (point b).
a) La révision modification
Dans cette première phase, nous comprenons la révision comme un ensemble
des règles constitutionnelles nouvelles qui viennent remplacer certaines dispositions
constitutionnelles préexistantes. Il s'agit donc d'une révision constitutionnelle partielle 31. Il sied
28
Dictionnaire français, la rousse, p. 373.
29
P. ARDANT, « la révision constitutionnelle en France : problématique générale » In la révision de la constitution,
journées d'études des 20 mars et 16 décembre 1992, Association française des constitutionnalistes, Economica,
1993, p. 80.
30
Valérie LADEGAILLERIE, lexique des termes juridiques, Anaxagora, juillet, 2005, p. 146.
31
Bernard QUIRINY, « révisions partielles et totales d'une constitution », In Jus Politicum, n° 13
(http://juspoliticum.com/article/révisions-partielles-et-totales-des-constitutions -903.html).
23
de souligner que dès lors qu'il y a certaines règles constitutionnelles qui ne s'adaptent pas aux
réalités sociales actuelles, elles doivent faire objet d'une révision en vue d'adapter cette
constitution aux vécus quotidiens.
b) La révision complétage
Nous pouvons appréhender cette deuxième phase de révision non pas pour
remplacer certaines règles existantes mais pour les compléter dans le seul but de renforcer
l'application ou encore les valeurs d'une constitution.
Ainsi, nous pouvons avoir une révision qui ne vient que modifier la
constitution mais aussi nous pouvons avoir aussi une révision qui ne vient que compléter une
constitution ou soit les deux à la fois c'est-à-dire une révision qui vient modifier et compléter une
constitution au même moment.
Nous pouvons donc dire qu'une constitution conçue pour être stable est une
sorte de défi au temps qui passe. 32 C'est un défi dans lequel on se lance et qui ne peut aboutir.
Certes, nous avons connu des constitutions qui ont fait plusieurs années sans qu'elles ne soient
révisées mais elles ont fini par subir une révision . La révision constitutionnelle devient donc une
réalité dont aucune constitution ne peut se passer.
32
F. MELIN-SOUCRAMANIEN, les grandes démocraties, Constitutions des Etats-Unis, de l'Allemagne, de l'Espagne
et de l'Italie, Paris, Dalloz, 2007, p.89.
33
T. HOLO, « Emergence de la justice constitutionnelle et la Démocratie en Afrique », In pouvoirs, n° 29, 29 Seuil,
2009 p. 101-114.
24
Même si, par définition, la fonction d'une constitution est d'assurer la stabilité
des constitutions et donc d'être inscrite dans la durée, il est normal qu'elle puisse être révisée,
c'est-à-dire subir des adaptations, des modifications afin de correspondre aux évolutions de la
société.
Par essence même, le pouvoir constituant dérivé connait des limites implicites
qui ne figurent généralement pas dans les articles de constitutions concernant la révision parce
qu'ils découlent de l'esprit des textes. La révision ne peut qu'être partielle puisqu'une révision
totale reviendrait à abroger la constitution comme l'ont pratiqué Mussolini en 1925 et Hitler 1933
et 1934.
A ces limites implicites, une constitution peut ajouter des limites explicites,
formulées dans le texte même de la constitution. Il peut s'agir de la périodicité des révisions, de
l'objet de la révision(par la loi du 14 aout 1884 portant révision partielle des lois
constitutionnelles de 1875, est précisé que « la forme républicaine du gouvernement ne peut faire
l'objet d'une proposition de révision », cette formule est reprise dans l'article 89 de la constitution
de la IVème et Vème république) où des circonstances de la révision ( dans l'actuelle constitution
française, il est précisé, à son article 89, qu'aucune procédure de révision ne peut être engagée ou
poursuivie lorsqu'il est porté atteinte à l'intégrité du territoire).
a) Limitations temporelles
La Constitution peut expressément interdire sa révision pendant un certain
temps. C'est la limitation liée à l'époque. Dans cette hypothèse, la révision de la constitution ne
peut s'opérer qu'après une certaine échéance36.
36
Kemal GOZLER, le pouvoir de révision constitutionnelle, villeneuve d'Ascq, presse universitaire de septentrion,
1997, p.120.
26
b) Limitations implicites
L'application et l'interprétation de la constitution peuvent permettre de dégager
les considérations ci-après :
- Le pouvoir constituant dérivé ne peut sauf par fraude à la constitution procéder à la
révision complète de la constitution. C'est pouvoir appartient au pouvoir constituant
originaire.
- Le pouvoir constituant dérivé ne peut de lui-même changer la procédure de révision et
une partie clé de la constitution.
- Du fait que le pouvoir constituant originaire est chargé d'élaborer la constitution il lui est
permis de procéder à la révision de celle-ci.
§2. LA CONSTITUTION
37
B. GUEYE, « La démocratie en Afrique : succès et résistances », Revue Pouvoirs, n°129, 2009/2, p. 5-26.
38
G. BURDEAU, Traité de science politique, le statut du pouvoir dans l'Etat, T. 4, LGDJ, paris, p.181.
39
R. CARRE DE MALBERG, contribution à la théorie générale de l'Etat, Paris, Sirey, 1922, tome 2, p. 571.
40
M. S. ABOUMU-Salami, « la révision constitutionnelle du 31 décembre 2002 : une revanche sur la conférence
nationale de 1981 », Revue béninoise des sciences juridiques et administratives, décembre 2007, n°19, pp. 53-94.
27
Mais la définition formelle ne présente tout son intérêt que si elle ne se limite
pas au caractère écrit mais intéresse l'organe et la procédure car ce n'est qu'à ce moment qu'elle
comporte « des conséquences juridiques véritables en rendant la Constitution rigide41».
Le terme Constitution peut prendre deux sens, selon que nous privilégions
l'approche matérielle ou l'approche formelle.
41
F.MELIN SOUCRAMANIEN, P. PACTET, Droit constitutionnel, 27ème éd ; Dalloz, 2008, p. 63.
42
Paul MUSAFIRI NALWANGO, cours de Droit constitutionnel, théorie générale de l'Etat, G1 Droit, UNILU, 2017-
2018, p. 178.
28
plusieurs épisodes des crises et instabilités politiques et ceux-ci pendant une quinzaine d'années.
Le 28 Août 2000, sous la facilitation du Président Sud-Africain Nelson MANDELA, a
finalement été signé l'accord d'Arusha pour la réconciliation et la paix au Burundi, premier pas
dans une démarche de paix et la résolution des conflits, l'accord d'Arusha était une avancée
majeure dans le chemin de la démocratie au Burundi avec une grande considération continentale
pour le constitutionalisme africain, car cet accord est la source même de l'élaboration de la
Constitution burundaise appelé acte constitutionnel issu de l'accord d'Arusha43.
Si nous avons fait allusion à cette description historique, c'est tout simplement
parce que la révision constitutionnelle du Burundi du 07 Juin 2018 est venue tordre l'accord
d'Arusha. Cette révision qui est une violation intentionnelle de l'accord d'Arusha plonge le pays
dans un retro constitutionnalisme. Pendant que le Burundi connaissait déjà une avancée
constitutionnelle, la révision du 07 Juin 2018 s'éloigne du combat de l'Union africaine et d'autres
organisations internationales qui œuvrent au sein du continent pour un bon développement du
constitutionnalisme africain. Dans un langage propre à nous, nous pensons que cette révision est
venue remettre le compteur à zéro dans la démarche africaine pour la démocratie et la paix au
sein du continent.
Le présent paragraphe paraît important pour nous chercheur, du simple fait que
nous allons devoir exposer un commentaire critique de la révision constitutionnelle du Burundi
du 07 Juin 2018 après avoir compris de quelle manière cette révision a été organisée. Dans le
présent paragraphe, il est donc question de montrer si cette révision était consolidante ou
déconsolidante au constitutionnalisme africain; c'est donc une façon pour nous de répondre aux
questions posées dans la problématique de manière claire et complète.
Nous avons bien compris dans le premier chapitre ce que nous pouvons
entendre par révision constitutionnelle consolidante et révision constitutionnelle déconsolidante.
Nous pouvons au moins rappeler que la révision d'une Constitution ne dépend pas d'une seule
personne ou un groupe des personnes, car la Constitution étant l'expression de toute une nation.
43
L'accord d'Arusha, du nom de la ville d'Arusha en Tanzanie, est un accord de paix pour le Burundi sous l'égide de
Nelson MANDELA pour tenter de mettre fin à la guerre civile Burundaise débutée en 1993.
30
a) La personnification du pouvoir
b) La conservation du pouvoir
44
A lire l'article 169 de la Constitution du Burundi de 2005.
45
Un jour avant la publication de l'arrêt de la Cour constitutionnelle, le vice-président de la haute Cour
constitutionnelle du Burundi Silvère NIMPAGARISTE dénonça la pression exercée par les autorités politiques sur les
membres de la Cour en vue d'arbitrer en faveur du président Pierre NKURUNZIZA. Mis en minorité, il refusa de
signer l'arrêt avant de s'exiler du pays. Lire institute for security studies (2016, p.5).
31
dirigeants africains. Cette révision qui a fait des morts au Burundi ne visait que la conservation
du pouvoir en termes clairs dans la mesure où l'article 96 qui visait la limitation du nombre des
mandats présidentiels sera modifié et en plus l'alinéa 2 de cette disposition interdit seulement
l'exercice de deux mandats présidentiels consécutifs mais laisse une possibilité de faire plus de
deux mandats présidentiels de manière non consécutive. Cette révision visait donc la
conservation du pouvoir par le gouvernement burundais.
Cette révision qui vient toucher le noyau dur d'une Constitution en modifiant
l'article 96 de la Constitution Burundaise qui limitait le mandat présidentiel à cinq ans une fois
renouvelable, le mandat du président de la République sera porté à sept ans renouvelable mais
elle permet aussi à un Président de se porter candidat plusieurs fois mais de manière non
successive. C'est de cette façon que cette révision a abrogé indirectement l'accord d'Arusha et
nous la qualifions de révision déconsolidante au constitutionnalisme africain.
Après cette étude, nous sommes dans une situation selon laquelle nous pouvons
affirmé que les révisions constitutionnelles en Afrique sont d'une part déconsolidantes et d'autres
part consolidantes. Et la présente étude nous fait voir cette différentiation et personne ne se
permettrait de dire que toutes les révisions constitutionnelles du continent sont déconsolidantes
ou encore prendre le risque d'affirmer qu'elles sont consolidantes et cela sous réserve des
révisions qui interviendront dans les jours à venir.
Il est cependant normal qu'une Constitution soit révisée pour son adaptation
aux différentes réalités sociales si cela est la volonté de toute une nation mais non pour l'intérêt
d'un individu ou d'un groupe d'individus.
CONCLUSION
Nous voici arriver à la fin de notre travail qui s’est basé sur la révision
constitutionnelle déconsolidente en Afrique noir francophone le cas de Burundi.
Nous étions dans l’obligation d’analyser certains événements qui ont précédés
ces révisions sur le territoire Burundais et les confronter aux valeurs démocratiques afin de juger
la consolidation ou la déconsolidation de cette dernière sachant que, qui dit consolidation dans le
cadre de la présente étude parle de l’apport positif à la promotion d’un Etat de droit ou la
promotion des valeurs démocratique au sein d’un Etat.
C’est de cette façon que nous avons abordés le présent travail avec tout ce qu’il
y a eu comme pertinence.
35
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE
I. TEXTES DE LOIS