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Le commerce international se réalise à 80% par voie maritime. Les biens produits dans
certains pays du monde sont transportés à l’aide des navires vers les pays de
consommations. Il en suit les enjeux suivants :
-Les navires transporteurs sont de plus en plus construits avec des capacités de
transport de plus en plus grandes afin de réaliser des profits importants liés à l’économie
d’échelle ;
-Une concurrence féroce entre les différents armements transporteurs qui n’hésitent pas
à « casser les prix », d’où la baisse des taux de fret. Les plus faibles et les moins
organisés disparaissent ou font faillite et laissent la place aux géants de la
conteneurisation ;
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-La bataille de mer se gagne désormais sur terre car l’organisation d’une logistique
compétitive à travers les terminaux à conteneurs dans les ports et à l’intérieur devient la
clé du succès ;
-Les transporteurs maritimes se lancent dans la gestion des terminaux à conteneurs afin
de mieux en contrôler les flux. Les terminaux à travers le monde sont donc rachetés ou
loués à longue durée par ces opérateurs qui n’hésitent pas à financer des projets de
construction des routes, des ponts et autres infrastructures permettant l’évacuation des
conteneurs vers l’arrière-pays ;
-Une guerre sans nom s’installe lentement mais surement dans le paysage économique
mondial. C’est la guerre de fret, disent certains. Non, c’est la troisième guerre mondiale,
renchérissent les autres.
Ces enjeux montrent à quel point le continent Africain a intérêt à participer activement
d’une façon ou d’une autre à la rentabilisation du trafic maritime issu de ses propres
échanges avec le monde extérieur. En 1885 à Berlin, l’Afrique a été « partagée » par les
grandes puissances de l’époque et qui sait si demain une nouvelle conférence Berlin II ne
viendrait pas décider sur la répartition des zones de trafic et des terminaux en Afrique
entre les géants de la conteneurisation ? Il serait souhaitable que l’Afrique tire aussi profit
de ses échanges.
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qu’EVERGREEN LINE (Taiwan), HAPAG LLOYD (Allemagne), COSCO (Chine), APL
(Singapour), CSCL (Chine), NYK LINE (Japon) et HANJIN (Corée du Sud) complètent la
liste jusqu’à la 10eme place
L’ECONOMIE D’ECHELLE
La tendance aujourd’hui dans la conteneurisation est de transporter un grand nombre de
conteneurs à la fois. C’est l’économie d’échelle: le coût de transport par unité transportée
baisse au fur et à mesure que le nombre d’unités augmente. En d’autres mots, pour les
mêmes de transport, il est plus avantageux de transporter plusieurs conteneurs que peu.
C’est à cause de cette économie d’échelle que la taille des navires porte-conteneurs(PC)
ne fait qu’augmenter…
Les navires PC de la 5e génération avec plus de 5000 EVP à bord à une vitesse
dépassant les 23 nœuds et adaptés à une manutention automatisée sont déjà sortis des
chantiers depuis un certain temps.
Aujourd’hui, pendant que nous rédigeons cet article nous venons de lire dans le « daily
collection of maritime press clippings 2015-156 » du 04/06/2015 que le géant Danois
MAERSK LINE, No1 mondial dans la conteneurisation, vient de commander 11 ULTRA-
LARGE CONTAINER VESSELS (ULCV) ayant chacun une capacité de … 19 630 EVP !
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C’est le chantier DAEWOO SHIPBUILDING & MARINE ENGINEERING (DSME) qui
s’occupera de la construction. Ces PC auront une longueur approximative de 400 m, une
largeur de 58,6 m et un tirant d’eau de 16,5 m. Le montant du contrat serait de l’ordre de
1,8 milliard USD.
A lire ce qui précède, on voit clairement que l’Afrique a d’autres priorités que de se lancer
dans cette course effrénée de l’économie d’échelle. Malheureusement cette économie
d’échelle influe directement sur les infrastructures portuaires car les terminaux sont
obliges de s’adapter à l’évolution des PC. Pour la manipulation des conteneurs des PC
de 58,6 m de large, les terminaux doivent s’équiper des portiques pouvant déborder
jusqu’à 74 m et pouvant soulever à hauteur de 51,50 m !
La nature a horreur du vide, dit-on. Le vide qu’aurait du laisser l’Afrique est comblé par
les géants de la conteneurisation qui, à visage découvert ou sous-couvert de divers
groupes, remportent des concessions des ports et terminaux Africains et y construisent
des terminaux modernes qu’ils exploitent. L’Afrique se contente alors des miettes que ces
géants lui rétrocèdent…
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LES LIGNES MARITIMES
Depuis le retrait des Armements Européens des conférences maritimes, le glas venait de
sonner pour les Armements Africains qui n’ont pas pu faire face à la libre concurrence
devant désormais régner dans l’industrie maritime mondiale. Les Armements Africains
tels que « Black Stars » du Ghana, « CMZ » de l’ancien Zaire (RDC), « SITRAM » de la
Cote d’Ivoire et « CAMSHIP » du Cameroun ont été liquidés car n’ayant pas été capable
de sortir la tête hors de l’eau suite à la concurrence féroce des armements de grandes
puissances maritimes sur diverses lignes. Le code de conduite des conférences
maritimes de la CNUCED, privilégiant la clé de répartition 40-40-20 dans son article 2,
était du coup vidé de toute sa substance…
Toutes ces lignes sont assurées par des Armements tels que MAERSK
LINE/SAFMARINE, CMA CGM/DELMAS et MSC pour le trafic transocéanique et
NILEDUTCH ou PIL pour le feedering interafricain. Le feeder est un navire de petite
taille qui distribue les conteneurs dans les ports de la sous-région à partir d’un hub.
PIL (Pacific International Line) s’occupe souvent de la distribution des conteneurs vers
l’Afrique de l’Ouest à partir du hub de Durban ou Cape-Town. De même aussi, PIL
récupère tous les conteneurs de la RD Congo à Pointe-Noire et les amène à Matadi.
1. LES TERMINAUX
Ne pouvant pas donner les détails de tous les ports d’Afrique dans cet article, nous allons
nous limiter aux ports et terminaux Africains de premier plan.
Le port de Dakar est doté d’un terminal à conteneurs exploité depuis 2008 par l’operateur
DP WORLD. La durée de la concession est 25 ans, d’après le rapport MLTC/CATRAM
du 15/01/2013. En 2011, le terminal a manipulé 415 592 EVP en import et export. Le quai
a une longueur de 660 m et 2 postes d’accostage y sont prévus avec 4 portiques. Le
Tirant d’eau maximum admissible est de 11,5 m.
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Le port d’Abidjan évolue avec un terminal à conteneurs opéré par SETV (filiale de
BOLORE-APMT, le groupe BOLORE étant aussi la « maison mère » de CMA CGM). La
durée de la concession est de 30 ans. Sur les 960 m de quai sont prévus 5 postes
d’accostage et 4 portiques. Le Tirant d’eau est de 11,5 m. Abidjan est le hub naturel de
CMA-CGM.
Le port de TEMA au Ghana dispose d’un terminal conteneurs opéré par MPS (Meridian
Port Services), un JV entre BOLLORE (CMA CGM) à hauteur de 35%, APMT 35% et
GPHA (l’autorité portuaire du port de Tema) à hauteur de 30%. La durée de la concession
est de 20 ans à partir de 2004. Le quai de 575 m de long est doté de 2 postes
d’accostage servis par 4 grues portiques. Le Tirant d’eau maximum est de 11,5 m.
Le Ghana est en plein boom économique. C’est cela qui explique qu’en 2011, le terminal
conteneurs a manipulé près de 750 000 EVP. Ce chiffre avoisinerait actuellement le
million.
https://youtu.be/b6G1j4N1fnk
Le port de LOME a manipulé en 2011 un total de 350 000 EVP. Il dispose d’un terminal
conteneurs de 500 m de longueur de quai, opéré par BOLLORE (CMA CGM) avec une
durée de concession de 35 ans depuis 2010. Sur la darse LCT (Lome Container
Terminal) de 400 m de long, la gestion est plutôt assurée par MSC qui a remportée la
concession et qui y a investi 400 millions Euros.
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Au Congo-Brazza, le port de Pointe-Noire dispose d’un terminal conteneurs exploité par
BOLORE (CMA CGM). C’est donc normal que Pointe-Noire constitue un hub pour CMA
CGM. Les conteneurs destinés à la RDC (Matadi) sont de plus en plus débarqués à
Pointe-Noire pour être acheminés par feeder à Matadi. PIL tire profit de ce trafic car il
aligne ses feeders sur la ligne exclusive Pointe Noire – Matadi.
CONCLUSION
La conteneurisation poursuivra son chemin et c’est à l’Afrique de faire des efforts pour se
mettre à la hauteur des enjeux, au risque de voir le trafic maritime engendré par son
économie profitée plus aux géants et multinationales qu’a ses fils.
En bradant ses concessions, l’Afrique devrait aussi garder certaines pour une exploitation
locale en s’efforçant d’atteindre le standard international. Il y a lieu de former les futurs
cadres dans la logistique afin de comprendre d’abord les enjeux de la conteneurisation et
d’y donner après des réponses appropriées.
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Capt Gabriel
MUKUNDA SIMBWA,
Expert Maritime
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