Vous êtes sur la page 1sur 2

Caractéristiques de la nostalgie :

1)- Une réaction incluant des expériences personnelles et impersonnelles :

Selon Davis (1979), les réminiscences nostalgiques ne peuvent être liées qu'à des expériences
personnelles.

Cette idée a été critiquée par plusieurs chercheurs tels que Holbrook (1994), Holak et Havlena (1991),
Holbrook et Schindler (1991) et Divard et Robert-Demont (1991). Ces auteurs estiment que la condition de
l'expérience personnelle doit être retirée de la définition de la nostalgie. En d'autres termes, un individu peut
éprouver de la nostalgie pour un événement auquel il a assisté (expérience personnelle), mais il peut aussi
éprouver de la nostalgie pour une situation qu'il n'a jamais vécue (nostalgie impersonnelle). Sur la base de
cette idée, Havlena et Holak (1996) ont utilisé une étude projective pour démontrer que les individus
peuvent ressentir de la nostalgie pour des expériences qu'ils n'ont pas vécues directement. En fait, ces
auteurs utilisent l'approche du collage d'images comme méthode d'introspection des expériences
nostalgiques. Ils ont interrogé 20 étudiants dans 4 groupes différents. Il leur a été demandé de représenter la
sensation nostalgique à l'aide d'images tirées de magazines. Dans le cadre de cette étude, l'un des quatre
groupes d'étudiants évoque sa nostalgie d'une période de l'histoire américaine qu'il n'a jamais vécue. Cette
observation défend l'idée de l'intégration d'expériences non personnelles dans la définition du concept actuel
de nostalgie.

2)- Une réaction cognitive et émotionnelle :

De nombreux auteurs tels que Holak et Havlena (1991, 1992) et Hirsch (1992) ont souligné que la nostalgie
est un processus de filtrage des expériences négatives. L'individu garde ainsi en mémoire un passé idéalisé
plutôt qu'un passé réel. Ce passé peut être totalement purgé de tout aspect négatif. Hirsh (1992) a cité dans
son étude que les enfants de personnes alcooliques par exemple, épousent des personnes de la même
catégorie que leurs parents non pas parce qu'ils ont vécu une enfance heureuse mais dans le but de recréer
une enfance idéalisée stockée dans leur esprit.

De plus, si la nostalgie correspond à une mémorisation sélective et transformatrice (par idéalisation des
souvenirs), elle créerait également des souvenirs. Selon Werman (1976), les lieux ou événements
nostalgiques ont très souvent réellement existé, mais ils peuvent aussi être issus de mythes, de la littérature
ou totalement imaginés.

Par exemple, Davis (1979) a distingué trois niveaux d'expérience nostalgique, pour lesquels le degré
d'activité cognitive diffère :

La nostalgie simple ou de premier ordre : il s'agit d'une simple "sentimentalisation" sans aucune
activité cognitive. Il s'agit d'un désir de retrouver le bon vieux temps, sans se préoccuper d'autre
chose.
La nostalgie réflexive ou de second ordre : L'individu doute de sa perception du sujet, source de la
nostalgie, et se demande si c'était vraiment le cas. Il procède alors à une investigation consciente et
critique des données qu'il a enfouies dans sa mémoire.
Interprétation ou troisième ordre : L'individu passe à un niveau supérieur et cherche à comprendre
pourquoi il a une telle réaction. Pour ce faire, il procède à une exploration analytique de son
expérience nostalgique elle-même.

Cependant, la nostalgie est aussi un concept aux dimensions positives et négatives. Il est largement reconnu
que la nostalgie est un concept ambivalent. En effet, sa dimension positive correspond à la possibilité de
revivre, par la mémoire, des événements bons et/ou mauvais transformés en bons vieux jours ou en nostalgie
du passé. Sa dimension négative repose sur la douleur ressentie par l'individu du fait de l'impossibilité de
revivre une autre fois ces événements.

Selon Werman (1976), Kaplan (1987) et Jankélévitch (1996), le temps est irréversible, ce qui serait la cause
principale de la nostalgie. L'individu qui n'a pas le pouvoir de ressusciter les événements du passé éprouve
des sentiments de perte insoutenables.

Holak et Havlena (1992) ont donc montré la présence de dimensions positives et négatives dans les
réminiscences nostalgiques. Les résultats de leur étude ont montré que les émotions positives de chaleur, de
joie, de gratitude, d'affection et d'innocence sont généralement associées aux souvenirs nostalgiques.

Vous aimerez peut-être aussi