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Psychologie médicale

Plan :
- Méthodes
- Principes du fonctionnement psychique et cognitif
- Le développement
- Application : les besoins

Méthodes
Questions :
- Comment accéder à la vérité personnelle de chaque patient ?
- Comment étudier la personnalité de chaque personne ?
- Comment accéder aux traits de personnalité et au fonctionnement du patient derrière le « masque » ?
↳ Masque avant tout social, dans le rôle que chaque individu doit jouer : plus les sociétés sont primitives, plus les rôles sont
assignés et rigides. Plus la société est dite démocratique et "libre", moins les cadres moraux sont importants et plus les
expressions des personnalités sont variées et plurielles.
Problèmes :
Auguste Comte (1850), fondateur du positivisme : « La psychologie n’a pas d’existence car la personnalité ne peut être
appréhendée que par l’introspection »,
Méthode non scientifique dans laquelle observateur et observé ne font qu’un. Il est très sceptique à propos de la psychologie parce
que pour lui cela n'a pas de validité scientifique car le seul qui peut comprendre véritablement est l'individu lui-même. Il n'y a pas
de réfutation possible (donc par définition pas une science)
En 1937, on recense dans la littérature 50 définitions de la personnalité comme de techniques pour l’étudier.
Différentes méthodes propres ont tenté d'approcher cette complexité mais aussi autres : linguistique, philosophique,
sociologique, statistique...
↳ Pour pouvoir cerner cette notion de personnalité on doit s'appuyer sur des notions assez diverses, au carrefour des
neurosciences et des sciences humaines
Méthodes actuelles propres à la psychologie :
 Observation : études de cas, avec le problème du moment de l’observation, de la sélection de l’information (comment on voit
la personne quand on l'interroge n'est pas forcément représentatif de comment la personne est au quotidien).
 Introspection : De James (observer sa propre conscience) à Watson (sciences des comportements-faits observables).
 Expérimentale : sacrifier le subjectif à l’objectif, réaction du sujet à une expérience, mais limite de ce que l’on peut
provoquer
 Tests / Échelles : méthodes psychométriques (utilisation des échelles), conditions standardisées, test doit être : fidèle,
sensible, valide (qualité métrologique tel que le QI)
 Clinique : entretien avec le sujet, sujet dans sa totalité (cas unique)
 Psychanalytique : méthode qui a été particulièrement critiquée et qui est donc mal vue aujourd'hui même si elle a pu
révolutionner la perception de la personnalité et est la base de nombreuses méthodes actuelles.
Psychanalyse
Travaux de S. Freud (1856-1939)
- A partir de son expérience à la Salpetrière des patientes hystériques de Charcot (hypnotiseur qui levait le handicap inconnu par
l’hypnose) : énigme de conversions (paralysie fonctionnelle d'un des 5 sens soudaine sans lésion organique qui pourrait
l’expliquer mais qui n'est pas de la simulation)  Conscient/inconscient
- A partir de sa propre analyse
- A partir de l’analyse des patients, reconstruction dans l’après-coup des évènements du passé (traumatisme qui prend toute son
importance dans un second temps, ex : enfant abusé dans son enfance qui réalise la gravité seulement une fois adulte, ou déni
de grossesse)
Place de l’inconscient, émergeant dans les lapsus, actes manqués, rêves, et dans la cure psychanalytique : par association
libre et transfert. L’homme, en plus de n'être pas le centre de l'univers, n’est pas le maître dans sa propre maison...
 Pascal : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point »
 Rimbaud : « Je est un autre »
 Complexité, dualité de l’être humain
Inconscient : Ensemble des faits psychiques qui ne peuvent apparaître dans le champ de la conscience mais qui déterminent
néanmoins de nombreuses manifestations de nos conduites à notre insu.

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Apport de la psychanalyse
Hypnose, suggestion :
Guérison des conversions hystériques par Charcot
- Sujet ne peut prendre conscience de ce qu’il n’accepte pas : le refoulé (lapsus, rêve : retour du refoulé)
- Technique permet accès au refoulé mais non accès réel à la conscience et non élaboration
Critiqué par Freud car ne met pas le doigt sur la cause du trouble et un nouveau trouble resurgit souvent
Le cadre analytique :
- Lieu neutre, asensoriel ; analyste neutre
- Demande du patient, implication financière
- Utilisation transfert (ce que l’on prête, projette à l’analyste sur ce que l’on a vécu) et du contre-transfert comme prise de
conscience de son propre fonctionnement psychique (cf. Cours 4)
Place de la sexualité infantile : Pulsions partielles va se structurer et s’unifier progressivement au travers de la névrose infantile
et à l’adolescence
Place de la reconstruction dans l’après-coup : Acte passé prend un autre sens à un moment de vie. L'après coup est lorsque la
personne qui a subi des abus dans son enfance commence à avoir ses propres expériences et se rappelle alors ces traumatismes
passés, comprenant que ce qu’elle a vécu n’est pas normal.
Résistance : Ne pas reconnaître les émergences de l’inconscient
Sublimation : dérivation des buts sexuels vers d’autres buts non sexuels (activités créatrices, artistiques mais aussi la pensée, le
ludique...). Par exemple, le doudou, premier objet sublimatoire.

Les grandes phases du développement affectif


Naissance :
- Importance de la grossesse
- Bébé : compétences dès la naissance
- Parents : histoires propres/partagées
- Interactions parents-bébé
Les protagonistes :
- Parents
- Bébé
- Rencontre (avec l’extérieur)
Pourquoi parler de nourrisson :
Enjeux :
- Construction personnalité à partir des premiers échanges (bagage génétique, tempérament, mais modulé par l’environnement)
- Premières relations fondées sur les échanges corporels
Protagonistes :
- Une mère
- Un entourage
- Et un nourrisson avec son propre tempérament
 Effet de rencontre ; l’état de l’un influence l’état de l’autre
Protagonistes = mère, père : « la crise »
Désir d’enfant : Idéal, acmé de la vie
- Fruit d'une rencontre, étape de la vie de couple (enfant a besoin d’être entouré de 2 personnes différenciées)
- Être parent à son tour ; lien avec l’enfance (selon la relation avec propres ses parents et sa fratrie, insertion dans un cycle de
transmission, des générations)
- Rapport à sa propre finitude  Nos parents passent dans la « case » grands parents et on avance nous-mêmes d’une « case »
 Crise maturative s’inscrivant dans un réseau affectif, social, culturel
 État de transition, remaniement psychique
Transparence psychique ; dette de vie (Bydlowski, 1998)

Protagoniste = le nourrisson : « Compétences dès la naissance »


« Capacité qu’a le sujet de les utiliser dans des conditions favorables que l’environnement peut lui procurer »
Sensorialité : Vision (30 cm), audition (repérage de sonorités), kinesthésie (repérage des mouvements de sa mère), olfaction
(identifie le lait maternel), gustation... pré et post-partum
o Préférence pour l’animé
o Préférence pour le visage humain (en particulier si animé)
o Capacité d’imitation néonatale (rôle du sillon temporal supérieur dans la reconnaissance des mouvements humains) 
Si on tire fortement la langue d'un bébé de quelques heures à 30 cm (distance à laquelle il voit le regard de la mère en
tétant), il pourra nous imiter

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 Être « social » dès la naissance ?
(8 semaines de vie = expression des émotions : joie, peur, colère)
Interactions Mère-Enfant et Triade : « La rencontre »
Registre comportemental :
- Corporel : Dialogue tonique ; Contact peau à peau
- Visuel : Contact œil à œil (échange de regard)
- Vocal : Prosodie maternelle et vocalisation du bébé
Registre affectif :
• Se communique par le maintien, le regard, les caresses de la mère, modal (même canal d’échange) ou transmodal (avec une
variante de la communication, en rajoutant les mains par exemple)
• Émergence de l’état affectif du nourrisson
Registre de représentation :
- Pour la mère
- Pour le bébé
Les grandes phases du développement affectif selon la psychanalyse
o Stade : période particulière de conflictualisation, à la fois liée au développement neurobiologique et aux types de relation
avec l’entourage (pulsions partielles)
o Stade oral : prédominances des expériences orales (succions), modèle relationnelle : incorporation
3 organisateurs de Spitz : le sourire des 1ers mois, l’angoisse du 8ème mois, le « non » autour 18 mois (signe d’un premier
accès à une conscience de soi, faisant partie du développement normal)
o Stade anal : Plaisir du non, de la maîtrise ; rétention/expulsion, en lien avec l’apprentissage de la propreté ; agressivité /
intériorisation des interdits
o Stade œdipien (3-5 ans) : complexe d’œdipe (enfant amoureux du parent de l’autre sexe) et angoisse de castration (peur
des représailles, culpabilité vis-à-vis du parent dont on souhaite prendre la place), acceptation différence des sexes et des
générations. Triangulation et ouverture à la socialisation. On ne se sépare d'une personne qui compte que si elle est
accompagnée, d'où l'importance d'être 2 pour élever un enfant.
o Période de latence (6/10 ans) : refoulement, sublimation favorisant les acquisitions éducatives
o Période de l’adolescence : ré-actualisation des positions œdipiennes, dernière étape du processus de séparation-
individuation, aménagement de la personnalité (cf. Cours 3)
Principes du fonctionnement psychique selon la psychanalyse
o Principe de plaisir :
Trouver le niveau le plus bas de tension ; augmentation de tension (conflits internes, frustrations) = déplaisir.
Pour s’accomplir, décharge, utilise les voies les plus courtes de satisfaction
o Principe de réalité :
Limites imposées par le monde extérieur ; vise aussi à l’obtention de satisfaction mais en prenant des voies détournées ne
mettant pas l’individu en conflit.
- Au fur et à mesure du développement, principe de réalité prend le pas sur principe de plaisir
- Acceptation progressive du principe de réalité permet de différer la satisfaction, capacité d’attente base du processus de
symbolisation de l’objet absent, de la pensée (Exemple : bébé capable de patienter pour manger, en prenant son pouce)
 Temps de latence important
Les instances de la personnalité selon la psychanalyse :
o Le Ça : pôle pulsionnel, dimension de satisfaction du plaisir
o Le Moi : issu du Ça par différenciation progressive au contact de la réalité ; 1 partie accessible à la conscience, se forme
par identification successive.
o Le Surmoi : consignes morales, héritier du complexe d’Œdipe, modelé par les exigences du Ça.
o Œdipe : indissociable reconnaissance de la différence des sexes et des générations, triangulation et socialisation.
Développement affectif
Théorie de l’attachement de J. Bowlby :
- Besoin d’attachement primaire du bébé à sa mère (au caregiver), se complexifiant avec développement
- Caractérisé par comportements caractéristiques de l’espèce : sucer, s’accrocher, suivre, pleurer, sourire
- Double fonction : de protection (défense de l’enfant vulnérable), et de socialisation (de la mère aux proches puis
aux étrangers)
- Se construit dans la fiabilité et la continuité des relations précoces

Attachement = bébé vers adulte


- Besoin inné, 3 premières années de vie
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- Rechercher la proximité/sécurité auprès d’un adulte fixe
- Fonction des capacités du bébé, en lien environnement
Caregiving = adulte vers bébé
- Réponses aux besoins d’attachement du bébé
- Capacité à repérer les besoins du bébé
- En lien avec sa propre histoire d’attachement
Au niveau du bébé :
Réponse adéquate à ses besoins d’attachement
• Permet petit à petit de solliciter des réponses propres
• Donne confiance dans les liens interpersonnels
• Autorise à aller chercher du soutien quand détresse
La confiance permet l’exploration :
• Soutien l’exploration, l’acceptation du changement
• Développe l’attention, la résolution problèmes
A noter : différents profils d’attachement décrits
Développement cognitif selon J. Piaget :
o Étude du développement du processus intellectuel
o Intelligence humaine traduit une forme d’adaptation au milieu
o Continuité entre action motrice et pensée : la pensée naît de l’action
o Ensemble d’étapes-stades, défini par :
- Constance dans l’ordre des successions
- Caractère intégratif des stades (stade précédent s’intègre au suivant)
- Stade comme une structure d’ensemble (à l’intérieur, différentes étapes).
 Intelligence sensori-motrice (0-2 ans) :
Perception centrale ; schème : organisation de l’action liée à celle-ci (schème comme la succion se répétant dans toutes les
conditions identiques). Aboutit aux liens de causalité et notion de permanence de l’objet (cacher une balle et savoir
qu'elle existe toujours mais qu'elle est juste ailleurs), en parallèle notion de temps.
 Stade préopératoire (2 à 6/7 ans) :
Langage : socialisation de l’action, intériorisation de la pensée et de l’action ; accès symbolisation (cf. doudou)
 Stades des opérations concrètes (6/7 à 11/12 ans) :
Réversibilité de la pensée permet les opérations concrètes (classification, sériation, dénombrement).
 Période des opérations formelles (11/12 à 16 ans) :
Raisonnement hypothético-déductif et pensée formelle (« pensée pure », indépendante de l’action), champ des possibles
plus que champ des réels
Théorie de l’esprit (Baron-Cohen, Leslie et Frith, 1985) :
Définition : capacité à imputer états mentaux à soi et à autrui
Étapes clefs : - Métareprésentation (>1an) : représentation de sa propre représentation
- Jeux de faire semblant (2-3ans) : en miroir
- Représentation complète d’une « action mentale » (4 ans) : intentionnalité reconnue et attribuée à l’autre
- Importance de l’imitation dans ce processus
- Théorie en plein développement (empathie)
Au total :
Théories différentes, certaines « historiques », d’autres en plein développement, non réductibles l’une à l’autre mais points
de convergence (Ex : permanence de l’objet), et aspect spécifique d’éclairage
Nécessité d’un « dialogue » entre ces différentes théories car aucune n’englobe l’homme dans sa totalité et sa complexité,
chacune se centre sur un aspect
Intrication forte et constante entre : développement psychomoteur, développement du langage et développements cognitif et
affectif
Illustration : Art, choix de métier et travail psychique :
- Illustrer la sublimation
- Illustrer le lien entre choix de vie et histoire personnelle :
- Exemples en littérature : « Olivier » de Jérôme Garcin
« Tintin » de Hergé (Réf : « Tintin chez le psychanalyste », Tisseron + Diapo du Pr Duverger)

Tintin
Pourquoi
Capitaine Tintin
Haddock, ? un Et vous ?
Parce que : adolescent le plusde
nouveau héros bien différent La vocation soignante s’inscrit dans l’histoire de chacun
connu dans le monde
Tintin : un homme d’âge mûr, Il est nécessaire d’en prendre suffisamment conscience :
Parce que
en crise et Tintin : un reflet
qui évoque du
dès son - Pour ne pas projeter trop de choses sur nos patients
XXème siècle
apparition le souvenir de sa
4 Reflet
mère...des rêves
Après et cauchemars
l’alcoolique qui
d’une époque, un certain regard
désespère...
sur le Monde avec un
La rencontre
- Pour pouvoir se préparer à l’inévitable décalage entre idéal et réalité, limites de la position soignante, confrontation aux échecs.

Les grands besoins de l’enfant :


Être vigilant, dès l’enfance à (ni par excès ni par défaut) :
- Introduction progressive de la séparation (Ex : sommeil ; départ hors famille...)
- Développement progressif de l’autonomisation (Ex : toilette...)
- Introduction des limites (savoir dire non sans culpabilité)
- Développement de l’estime de soi chez l’enfant (à la maison, à l’école...)
- Place du corps, de la sexualité
- Possibilité d’une place singulière pour l’enfant (non inversée, non confusionnante...)
- Accompagnement des moments difficiles comme divorces parentaux, maladie...
- Mettre en mot en respectant l’âge de l’enfant
- Stabilité, continuité des liens affectifs et environnement

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