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https://doi.org/10.1016/j.amcp.2020.12.002
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Comment prendre en charge une pré-excitation ventriculaire
asymptomatique ?
Dossier / Mise au point
le deviennent à 10 ans avec comme facteurs prédictifs un âge actuellement un rôle limité dans l'évaluation de la dangerosité
au diagnostic inférieur à 40 ans et une histoire familiale de des WPW.
symptômes. On considère que certaines voies accessoires
découvertes chez le petit enfant peuvent disparaître sponta-
nément mais généralement si elles persistent après l'âge de
6 ans, elles ne disparaîtront plus jamais. PLACE DE L'ABLATION
Aucun essai clinique prospectif et randomisé n'a évalué la
sécurité et l'efficacité de l'ablation des WPW ; cependant,
WOLF-PARKINSON-WHITE ET FIBRILLATION des résultats ont été rapportés dans un grand nombre
ATRIALE d'essais. L'efficacité initiale de l'ablation des WPW est d'envi-
ron 95 %. Le taux de succès des voies accessoires latérales
La fibrillation atriale (FA) est le problème du WPW puisque gauches est légèrement supérieur à celui des autres localisa-
c'est elle qui est à l'origine de la mort subite. Si une voie tions. Après ablation, on observe une récupération de la
accessoire a une courte période réfractaire antérograde, alors conduction dans 5 % des cas environ, liée à la résolution
une conduction rapide et répétitive vers les ventricules pen- de l'inflammation ou de l'œdème associé à la lésion initiale.
dant la FA peut entraîner une réponse ventriculaire rapide avec Les risques inhérents aux procédures d'ablation sont aujour-
une dégénérescence ultérieure en fibrillation ventriculaire. On d'hui faibles mais existent. Les complications résultent de
estime un tiers des patients atteints de WPW souffrent éga- l'exposition aux radiations, de l'accès vasculaire (hématomes,
lement de FA. Les voies accessoires semblent jouer un rôle thrombose veineuse profonde, faux-anévrisme, fistule artério-
physiopathologique dans le développement de la FA chez ces veineuse), de la manipulation du cathéter (lésion valvulaire,
patients, car la plupart sont jeunes et ne présentent pas de perforation du sinus coronaire, dissection coronaire), ou de la
cardiopathie structurelle. Les tachycardies réciproques pour- délivrance de l'énergie utilisée (bloc auriculo-ventriculaire,
raient jouer un rôle dans le démarrage de la FA chez ces tamponnade, accidents vasculaires cérébraux). La mortalité
patients. Il a été suggéré dans certaines études que l'ablation associée à la procédure est rapportée entre 0 et 0,2 %.
chirurgicale ou par cathéter des voies accessoires chez des L'enquête européenne multicentrique sur les radiofréquences
sujets jeunes pouvait permettre généralement d'éliminer la FA (MERFS) sur 2222 patients montre un taux global de compli-
associée aux tachycardies réciproques. Cela semble moins cations de 4,4 %, dont trois décès (0,13 %). L'enquête du
évident après 40 ans. NASPE de 1995 portant sur5427 patients retrouvait un total de
99 complications graves (1,82 %), dont quatre décès liés à la
procédure (0,08 %). Les complications majeures les plus
courantes sont le bloc auriculo-ventriculaire complet et la
WOLF-PARKINSON-WHITE ET RISQUE DE MORT tamponnade. L'incidence du bloc auriculo-ventriculaire
SUBITE complet est rapporté entre 0,17 % et 1,0 % essentiellement
lors d'ablation de voies accessoires septales. La fréquence
L'incidence de la mort subite chez les WPW a été estimée des tamponnades des séries publiées varie 0,13 % et 1,1 %.
entre 0,15 % et 0,39 % sur un suivi de 3 à 10 ans. Il est
inhabituel qu'un arrêt cardiaque soit la première manifestation
symptomatique du syndrome de WPW. Des études sur des
patients atteints du syndrome WPW ayant subi un arrêt car- CONDUITE À TENIR DEVANT UN SYNDROME DE
diaque ont permis d'identifier rétrospectivement un certain WPW ASYMPTOMATIQUE
nombre de marqueurs qui identifient les patients à risque
accru. Sont classiquement considérées dangereuses des Au cours des 30 dernières années, un volume considérable de
voies accessoires dont la période réfractaire est inférieure littérature a été publié sur l'évaluation du risque de mort subite
à 250 ms au repos ou avec un intervalle RR préexcité le plus et la prise en charge des patients porteurs d'un WPW asymp-
court inférieur à 250 ms lors de FA spontanée ou induite, des tomatique. Les dernières recommandations à ce sujet dataient
voies accessoires multiples et des voies accessoires postéro- de 2003. De nouvelles recommandations ont été publiées en
septales. Sont également considérés à plus haut risque les 2019 (Tableau I). Cela était nécessaire car en 16 ans, l'ablation
patients symptomatiques ou porteurs d'une anomalie d'Ebs- s'est démocratisée, perfectionnée avec un taux de complica-
tein. Une incidence élevée de mort subite a été rapportée dans tions bien inférieur aux premières publications. L'ablation
les cas de WPW familiaux. Cette présentation familiale est d'une voie accessoire, lorsqu'elle est réalisée par un opérateur
toutefois extrêmement rare. Une pré-excitation intermittente expérimenté, est associée à un taux de succès élevé (> 95 %)
suggérant que la voie accessoire a une période réfractaire et à un faible risque de complications majeures (< 0,5 %).
relativement longue est faussement rassurante. Un certain D'autre part, les traitements antiarythmiques ont montré leurs
nombre d'études récentes, qui ont porté sur des patients limites et surtout leur potentielle dangerosité. Les traitements
symptomatiques et asymptomatiques, ont indiqué que plus médicamenteux dans le WPW se résument aux antiarythmi-
d'un cinquième des patients présentant une pré-excitation ques de classe Ic qui vont bloquer spécifiquement la conduc-
intermittente ont des périodes réfractaires inférieures tion dans la voie accessoire. Ils peuvent être utilisés en
à 250 ms. Ainsi, la pré-excitation intermittente est maintenant urgence en intraveineux ou per os en traitement au long cours
reconnue comme un mauvais marqueur de voie accessoire en cas de refus ou d'impossibilité d'ablation. Toutes les dro-
à faible risque. De la même façon, l'ECG d'effort, même en cas gues jouant sur la conduction auriculo-ventriculaire, y compris
de disparition brutale de la conduction dans la voie accessoire, l'amiodarone, sont contre-indiquées.
ne permet pas une bonne évaluation de la dangerosité réelle L'évaluation du risque repose uniquement actuellement sur
de la voie accessoire. Les tests non invasifs jouent l'exploration électrophysiologique (Fig. 1). Chez les patients
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Dossier / Mise au point J-L Pasquié
présentant une pré-excitation asymptomatique, celle-ci doit 60 (37 %) ne présentaient pas de critères de dangerosité de
être réalisée systématiquement en cas d'activité à risque ou leur voie accessoire, et 15 sur 60 (25 %) n'avaient ni voie
de sport de compétition. Comme par le passé, sont considé- accessoire dangereuse ni tachycardie déclenchable. D'autres
rées dangereuses les voies accessoires ayant une période études rapportent également, en particulier chez les enfants,
réfractaire à l'état de base inférieure à 250 ms. En revanche, une corrélation entre dysfonction ventriculaire gauche et asyn-
cette valeur limite de 250 ms doit être aussi retenue sous chronisme électrique induit par la voie accessoire en présence
isoprotérénol (qui doit être systématique) et comme valeur d'un WPW asymptomatique. Il semble alors raisonnable de
limite d'intervalle RR le plus court en FA (contre 200 ms aupa- recommander une exploration électrophysiologique et l'abla-
ravant). Doivent être également considérée comme facteur de tion si un lien entre la pré-excitation et dysfonction ventriculaire
risque de mort subite, la présence de plusieurs voies acces- gauche peut être établi (Fig. 2).
soires et une tachycardie réciproque inductible à l'état de base L'ablation d'un WPW asymptomatique « à faible risque »
ou pendant la perfusion d'isoprotérénol. Chez les patients ne semble également raisonnable dans les centres suffisamment
faisant pas partie des groupes d'activité à risque, on peut expérimentés, après information éclairée si le patient le sou-
stratifier le risque de mort subite par une exploration électro- haite. Toutefois, lorsqu'il est décidé de procéder à une ablation,
physiologique ou des tests non-invasifs. il est important d'informer les patients (et leurs parents si
Si on réalise chez un patient une exploration électrophysiolo- mineurs) que l'ablation des voies accessoires antéro-septales
gique et que l'on constate qu'il présente une voie accessoire ou mi-septales est associée à un faible risque de bloc auriculo-
à « haut risque », il faut proposer une ablation. Cependant, les ventriculaire. Ce risque de bloc peut faire renoncer à l'explora-
explorations électrophysiologiques n'ont pas une valeur abso- tion ou à l'ablation chez un patient asymptomatique.
lue. Dans une étude rétrospective récente portant sur 912 jeu- Ainsi, la prise en charge des patients présentant une pré-
nes patients (< 21 ans) porteurs de WPW, 96 ont présenté des excitation asymptomatique sans critères de haut risque de
événements graves dont 49 % une FA pré-excitée. Chez les mort subite dépend de l'expérience et de l'expertise de l'élec-
patients ayant eu une exploration électrophysiologique, 22 sur trophysiologiste pratiquant l'intervention, ainsi que des
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