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Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

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Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

SOMMAIRE

Cardiovasculaire : comment unir les forces de la recherche


Francilienne ? 3

Un panorama des innovations biomédicales dans le domaine cardiovasculaire en


Ile-de-France (Innovaction) 7

L’IFR 14 « Cœur, muscle et vaisseaux » de la Pitié-Salpêtrière 10

GSK : retour au fondamental 12

Pompidou structure sa recherche cardiovasculaire 13

Lariboisière explore la biologie vasculaire 16

L’Institut des Vaisseaux et du Sang 17

Bichat organise la lutte contre les maladies cardiovasculaires 18

Un réseau européen de biologie des vaisseaux 20

Un vaccin contre l’athérosclérose 22

Vers la thérapie cellulaire de l’insuffisance cardiaque ? 23

La bioingénierie cardiovasculaire 25

Voir la plaque d’athérome pour prévenir l’infarctus 27

Un pôle d’imagerie à l’hôtel dieu 29

L’imagerie moléculaire de l’athérothrombose : le projet ATHIM 30

Sites Internet 31

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Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

Cardiovasculaire : comment unir les


forces de la recherche francilienne ?

Alors que la chirurgie cardiaque de l’Ile-de-France Prévention perfectible


s’est fait une réputation internationale, sa
recherche cardiovasculaire manque encore de
visibilité, malgré des équipes de renom. Un Cette prévention a commencé à porter ses fruits dans les
frémissement semble toutefois se produire depuis pays industrialisés, parallèlement aux progrès notables
deux ans avec l’apparition de plusieurs centres de enregistrés dans le diagnostic (apport de l’imagerie, voir
recherche et l’essor des partenariats avec des le cas de l’imagerie de la plaque d’athérome) et les soins
industriels de l’imagerie et de la pharmacie. (thrombolyse, chirurgie, pacemakers, défibrillateurs,
angioplastie, stents, voir l’article sur la bioingénierie
Cent soixante-dix mille décès par an. On l’oublie souvent,
mais les maladies du cœur et des vaisseaux (MCV)
demeurent la première cause de mortalité en France (32 cardiovasculaire…). Mais elle reste perfectible en dépit du
% des décès) et dans la plupart des pays industrialisés, lancement en 2002 du Programme national de réduction
devant les cancers (150 000 décès par an en France), et des risques cardiovasculaires (2). En France, indiquait
malgré la baisse de la mortalité enregistrée depuis vingt- ainsi Philippe Amouyel (Institut Pasteur, Lille) lors du
cinq ans. En cause : les cardiopathies ischémiques Médec 2005, « plus de 33 % des patients ne bénéficient
(notamment l’infarctus du myocarde), les accidents pas d'un dosage du cholestérol LDL et les objectifs
vasculaires cérébraux (AVC) et les insuffisances thérapeutiques concernant cette fraction lipidique,
cardiaques, responsables respectivement de 27 %, 25 % recommandés par l'Agence française de sécurité sanitaire
et 23 % des décès imputables aux maladies des produits de santé, sont d'autant moins atteints que le
cardiovasculaires (1). A cela s’ajoutent les séquelles et les risque cardiovasculaire des patients s'avère élevé » (3).
handicaps provoqués par les MCV. En France, 120 000
personnes sont soignées chaque année pour infarctus du Il reste qu’en plus de la prévention, l’amélioration de
myocarde et 130 000 pour un accident vasculaire l’organisation des soins et de la prise en charge des
cérébral. malades est une nécessité. Elle passe par une recherche
plus efficace, et surtout par des liens entre recherche
A l’échelle mondiale, avec 17 millions de décès annuels, fondamentale et recherche thérapeutique beaucoup plus
les MCV ne représentent pas la première cause première forts et continus. De ce point de vue, l’Ile-de-France peut
de mortalité et de morbidité confondues – ce sont les être considérée comme l’illustration d’un défaut structurel
maladies infectieuses et parasitaires. Mais elles pourraient dans l’organisation de la recherche, avec des laboratoires
bien le devenir dès 2020, prévient l’Organisation mondiale et des services hospitaliers publics de renom mais dont les
de la santé (OMS), en provoquant plus de vingt millions liens avec les applications industrielles qui permettraient
de morts et des dizaines de millions de personnes d’améliorer le diagnostic et la thérapeutique à l’aide de
handicapées, majoritairement dans les pays en produits innovants s’esquissent (trop) lentement.
développement. Clairement, et l’OMS insiste
régulièrement sur ce point, une éventuelle diminution de
Des pôles d’importance
la mortalité et de la morbidité due aux MCV viendra avant
tout de la réduction de certains facteurs de risque ; on en
connaît plus de deux cents dont les principaux sont le Car la recherche cardiovasculaire francilienne ne manque
tabagisme, la sédentarité, l’obésité, l’hypertension pas d’ampleur. Elle s’appuie d’abord historiquement sur le
artérielle, le « mauvais » cholestérol (LDL), le diabète prestige international de la chirurgie cardiaque parisienne,
sucré… dont Christian Cabrol et Alain Carpentier sont des
représentants illustres. Son deuxième atout est la riche
charpente hospitalo-universitaire bâtie par l’Assistance
publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) : du nord au sud,
Bichat, Lariboisière, l’Hôtel-Dieu, la Pitié-Salpêtrière,
Broussais, l’hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP)
et Henri-Mondor (Créteil) bénéficient d’une recherche
cardiovasculaire reconnue ; Saint-Louis, Saint-Antoine,
Cochin, Necker, Bicêtre et Paul-Brousse (Villejuif)
possèdent aussi des équipes dans ce domaine, mais plus
isolées.

Au sein de ces sites hospitalo-universitaires, les


cardiologues et chirurgiens cardiaques, souvent
enseignants dans les facultés de médecine, dirigent (ou
appartiennent à) des laboratoires de l’Inserm et des
universités - Paris 13 (« Paris-Nord », Villetaneuse), Paris
12 Val-de-Marne (Créteil), Paris 7 (« Denis Diderot »,
Paris), Paris 6 (Pierre et Marie Curie) Paris 5 (« René
Descartes », Paris), Paris 11 (« Paris-Sud », Orsay et
Châtenay-Malabry) -, plus rarement des unités mixtes de
6766© INSERM. Myocarde. recherche (UMR) du CNRS et de l’Inra. Afin de mettre en
commun les moyens techniques, lancer des projets
communs, faciliter les liens avec la clinique, ces groupes
sont parfois organisés en Instituts fédératifs de recherche
(IFR). Ces IFR peuvent être à dominante cardiovasculaire,
comme à Bichat (IFR 02 « Claude Bernard ») (4) ,
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Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

Lariboisière (IFR 139, ex IFR 06) (5), à la Pitié-Salpêtrière de soins et de recherche (11), l’Institut des vaisseaux et
(IFR 14 « Cœur, muscle et vaisseaux ») (6, voir l’article du sang (IVS), une structure associative financée sur
sur cet IFR), ou pluridisciplinaires, comme au centre des fonds privés (12), et l’Institut de myologie de l’Association
Cordeliers (IFR 58 « Régulations et communications française contre les myopathies (AFM, site de la Pitié-
cellulaires », Paris, qui devrait déboucher sur un nouveau Salpêtrière) dont une partie des travaux, via l’unité
centre intégré de recherches) (7), à Bicêtre (IFR 93) (8), Inserm 582 dirigée par Pascale Guicheney, est tournée
à Créteil - Institut Mondor de médecine moléculaire, IM3 vers le cardiovasculaire (13).
ou IFR10 (9), et début 2007 Institut Mondor de recherche
biomédicale, IMRB), ou encore à la faculté de pharmacie
Une recherche de renom mais fragmentée
de Châtenay-Malabry (Université Paris Sud) avec l’Institut
de signalisation et innovation thérapeutique (ISIT, IFR 75)
(10). S’ajoutent à ces structures de recherche cinq Ainsi, la recherche cardiovasculaire francilienne compte
centres d’investigations cliniques (CIC) travaillant entre des équipes renommées, qui s’appuient sur des services
autres dans le domaine cardiovasculaire (Henri-Mondor, hospitaliers et une recherche clinique de qualité. Ces
HEGP, Necker, Saint-Antoine, Bichat), l’Institut de équipes sont souvent impliquées dans des essais
cardiologie de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), structure mixte thérapeutiques multicentriques qui permettent d’améliorer
de soins et de recherche (11), l’Institut des vaisseaux et par petites touches la prise en charge des patients, à
du sang (IVS), une structure associative financée sur l’exemple des « registres d’angioplastie » qui ont permis
fonds privés (12), et l’Institut de myologie de l’Association d’optimiser l'administration de traitements
française contre les myopathies (AFM, site de la Pitié- antithrombotiques adjuvants pour réduire l'incidence des
Salpêtrière) dont une partie des travaux, via l’unité complications majeures de l’angioplastie, une technique
Inserm 582 dirigée par Pascale Guicheney, est tournée de revascularisation d’une artère coronaire obstruée (14).
vers le cardiovasculaire (13).
Mais cette recherche peu apparaître trop fragmentée et
sans moyens suffisants. En effet, quelques sites
d’importance où la recherche cardiovasculaire a une
tradition expérimentale et clinique partagée entre
plusieurs équipes, comme Bichat, Lariboisière, la Pitié-
Salpêtrière et Broussais/HEGP, voisinent avec des équipes
isolées dans cette thématique, que ce soit dans des
services hospitaliers ou des unités de recherche, à
l’exemple de l’équipe de Pierre Ducimetière au sein de
l’unité Inserm 780 dirigée par Thierry Moreau (Recherche
en épidémiologie et biostatistique, Paul-Brousse, Villejuif,
IFR 69 santé publique Paris-Sud) (15), ou de l’unité 770
pilotée par Dominique Meyer (Hémostase et dynamique
cellulaire vasculaire, IFR 93, CHU de Bicêtre, Kremlin-
Bicêtre), pour ne citer qu’elles.

6766© INSERM. Myocarde. Les bienfaits du regroupement

Au sein de ces sites hospitalo-universitaires, les Notons cependant que la fragmentation n’empêche bien
cardiologues et chirurgiens cardiaques, souvent évidemment pas les collaborations interdisciplinaires
enseignants dans les facultés de médecine, dirigent (ou fructueuses entre équipes, notamment entre équipes de
appartiennent à) des laboratoires de l’Inserm et des l’Inserm. C’est ainsi en travaillant avec l’unité 545 du
universités - Paris 13 (« Paris-Nord », Villetaneuse), Paris département d’athérosclérose de l’Institut Pasteur de Lille
12 Val-de-Marne (Créteil), Paris 7 (« Denis Diderot », que l’équipe d’épidémiologistes dirigée par Pierre
Paris), Paris 6 (Pierre et Marie Curie) Paris 5 (« René Ducimetière (alors Inserm U. 258, Villejuif) et l’unité 525
Descartes », Paris), Paris 11 (« Paris-Sud », Orsay et de génétique animée par François Cambien (Pitié-
Châtenay-Malabry) -, plus rarement des unités mixtes de Salpêtrière, IFR 14) ont pu montrer, dans le cadre de
recherche (UMR) du CNRS et de l’Inra. Afin de mettre en l’étude épidémiologique PRIME (Prospective
commun les moyens techniques, lancer des projets Epidemiological Study of Myocardial Infarction), que
communs, faciliter les liens avec la clinique, ces groupes l’interleukine 18 constitue un facteur de risque de
sont parfois organisés en Instituts fédératifs de recherche l’athérothrombose (16).
(IFR). Ces IFR peuvent être à dominante cardiovasculaire,
comme à Bichat (IFR 02 « Claude Bernard ») (4) , Toutefois, afin de mieux organiser cette recherche, de lui
Lariboisière (IFR 139, ex IFR 06) (5), à la Pitié-Salpêtrière donner plus de cohérence, de moyens et d’efficacité,
(IFR 14 « Cœur, muscle et vaisseaux ») (6, voir l’article plusieurs initiatives « de terrain » tentent d’aller plus loin
sur cet IFR), ou pluridisciplinaires, comme au centre des que la classique structuration en IFR en regroupant des
Cordeliers (IFR 58 « Régulations et communications laboratoires et en mutualisant les plates-formes
cellulaires », Paris, qui devrait déboucher sur un nouveau techniques, ou en créant de nouveaux réseaux et des
centre intégré de recherches) (7), à Bicêtre (IFR 93) (8), centres de recherche : lancement et coordination du
à Créteil - Institut Mondor de médecine moléculaire, IM3 réseau européen de génomique vasculaire (EVGN, né en
ou IFR10 (9), et début 2007 Institut Mondor de recherche janvier 2004, voir l’article), création début janvier 2005
biomédicale, IMRB), ou encore à la faculté de pharmacie du « Centre de recherche cardiovasculaire Inserm
de Châtenay-Malabry (Université Paris Sud) avec l’Institut Lariboisière » (CRCIL, Unité Inserm 689) à l’hôpital du
de signalisation et innovation thérapeutique (ISIT, IFR 75) même nom (voir l’article à ce sujet), perspective à
(10). S’ajoutent à ces structures de recherche cinq confirmer d’un « Centre thématique de recherche et de
centres d’investigations cliniques (CIC) travaillant entre soins » (CTRES) dans le domaine cardiovasculaire à
autres dans le domaine cardiovasculaire (Henri-Mondor, l’hôpital Bichat, et construction de novo du Centre de
HEGP, Necker, Saint-Antoine, Bichat), l’Institut de recherche de l’hôpital Pompidou (HEGP) (voir les articles
cardiologie de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), structure mixte sur ces différentes structures).

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Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

A Créteil, l’orientation reste multithématique : en janvier


2007, l’« Institut Mondor de Recherche Biomédicale »
(IMRB) sera créé dans les locaux actuels à partir du
regroupement en cinq départements des équipes locales
de l’Inserm et, à terme, de l’université Paris 12. L’un de
ces départements, à direction tournante, traitera de «
Biologie et thérapeutique du cœur, des poumons et du
foie » et comprendra huit équipes, dont trois à
spécialisation cardiovasculaire : Cardioprotection et
pharmacologie des insuffisances coronaire et cardiaque
(Responsable : Pr Alain Berdeaux) ; Stratégies
thérapeutiques innovantes dans les insuffisances
coronaire et cardiaque : validation des concepts et
évaluation préclinique (Responsable: Pr Luc Hittinger) ;
Insuffisance cardiaque et remodelage tissulaire
(Responsable : Dr. Françoise Pecker). L'atout de ces
équipes est leur collaboration étroite avec l’Ecole 240 © INSERM. Image du cœur en IRM
Nationale Vétérinaire d’Alfort, la Fédération de
Cardiologie, le Service de Chirurgie Cardiovasculaire et le
En Ile-de-France, ce sont surtout les « pharmas »
Centre d’Investigation Clinique de l’Hôpital Henri Mondor,
étrangères, à l’image de GlaxoSmithKline, qui investissent
l’objectif général de l’IMRB étant de développer un pôle de
dans la recherche cardiovasculaire en nouant des
compétence de recherche fondamentale, pré-clinique et
partenariats avec des équipes académiques (voir l’article
clinique dans le domaine de l’inflammation, de la fibrose
sur le centre GSK des Ulis). L’industrie française est
et du remodelage tissulaire.
surtout représentée dans le domaine cardiovasculaire par
des professionnels de l’imagerie. Guerbet (Villepinte et
Les porteurs de ces projets structurants insistent sur les Aulnay-sous-Bois) s’est ainsi fait une place de choix dans
améliorations que ces réseaux et centres ne manqueront la recherche sur les produits de contraste utilisés en
pas d’insuffler : mutualisation des moyens techniques, imagerie médicale, et pilote le projet ATHIM (imagerie de
communication permanente entre équipes, projets l’athérothrombose) du pôle de compétitivité Medicen Paris
communs, évaluation plus performante des résultats, Région (cf l’article sur ATHIM).
ouverture vers de nouveaux projets scientifiques, liens
constants avec la recherche clinique via les cinq centres
Biotechnologie et recherche translationnelle
d’investigations cliniques (CIC) de l’AP-HP impliqués dans
le domaine cardiovasculaire… semblent en effet de bons
moyens de rendre la recherche plus efficace et plus « Les restructurations projetées répondront-elles donc au
lisible ». manque de liens constructifs entre recherche
fondamentale et développement thérapeutique ? En partie
peut-être, si plus de lisibilité signifie plus de contacts
Le décalage de la recherche industrielle
industriels. On peut observer toutefois que ce problème se
joue à plusieurs niveaux, que les Anglo-saxons résument
Cependant, il existe, dans le domaine cardiovasculaire sous le terme de recherche translationnelle, le « bench to
plus que dans d’autres, un fossé entre découvertes de bedside » (17). Dans un premier temps, il faut identifier
pistes thérapeutiques et mise au point clinique de les processus clés en jeu dans une pathologie ; puis
thérapies, autrement dit entre recherche académique et élaborer des produits thérapeutiques issus de cette
recherche industrielle : très peu d’entrepreneurs se sont recherche expérimentale en vue d’une utilisation clinique,
lancés dans ce secteur, réputé à risques, Myosix étant avec toutes les garanties de sécurité nécessaires ;
actuellement une exception permise par le double l’industrie biotechnologique est la mieux placée pour cela,
investissement de l’américain Genzyme et de l’AP-HP. les chercheurs académiques ne pouvant pas et ne sachant
Certains chercheurs osent néanmoins le pari, et c’est ainsi pas tout faire ; enfin, intervient la traduction concrète,
qu’une société est sur les rails pour développer un projet sous forme d’essais cliniques de grande ampleur, du
de vaccination contre l’athérosclérose ! (voir l’article à ce produit ainsi mis au point.
sujet).
Or aucun des projets parisiens de centre de recherche
Quant à l’industrie pharmaceutique française, elle se cardiovasculaire n’a vraiment intégré la dimension
contente la plupart du temps d’investir dans les biotechnologique, si ce n’est marginalement, et bien que
médicaments déjà sur le marché et dans quelques l’AP-HP cherche à développer cette dimension avec ses
molécules expérimentales, et d’entretenir quelques plates-formes de partenariat industriel dont la première
bourses de recherche. Elle cherche peu à co-organiser et est active à l’hôpital Saint-Louis (voir dossier médicament
financer des projets communs et durables avec les de Paris Développement). Les sources de financement, les
laboratoires académiques, dont proviendront pourtant la agences de soutien à l’innovation restent peu nombreuses
grande majorité des découvertes à venir, que ce soit pour et les projets sélectionnés par l’Agence nationale de la
la prévention des accidents vasculaires résultant de recherche (ANR) sont forcément limités en nombre. On
l’athérosclérose, la pharmacologie de l’hypertension peut espérer que la constitution de plusieurs centres de
artérielle ou pour la prise en charge de l’insuffisance recherche en Ile-de-France améliorera cette situation.
cardiaque.
Le programme national de recherche
cardiovasculaire

Le cas de la thérapie cellulaire cardiaque pourrait être une


piste à suivre. Voilà une découverte de chercheurs
hospitaliers et de l’Inserm qui donne lieu, en 2000, au
dépôt d’un brevet, à la création dans la foulée d’une

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Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

entreprise de biotechnologie, Myosix, et dix mois plus tard


à un partenariat avec l’une des premières sociétés
biomédicales mondiales, Genzyme (Cambridge,
(1) Ministère de la santé, Données sur la situation
Massachusetts). Cette configuration, remarquable en
sanitaire et sociale en France en 2005
France, donne naissance dès 2002 à une étude clinique
http://www.sante.gouv.fr/drees/donnees/donnees2005
internationale de phase II, MAGIC, sur la première
.pdf
génération de thérapie cellulaire de l’insuffisance
(2) Programme national de réduction des risques
cardiaque – sponsorisée par l’AP-HP et Genzyme. Même si
cardiovasculaires 2002-2005,
ses résultats semblent relativement décevants, l’opération
http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/31_020205.htm
paraît rondement menée ! (voir l’article « Vers la thérapie
(3) Source : APM Santé
cellulaire de l’insuffisance cardiaque ? ») Pourtant, elle
(4) http://www.bichat.inserm.fr/
reste unique à ce jour en région parisienne. Et le
(5) http://www.ifr139.idf.inserm.fr/
coordonnateur de l’étude, le Pr Philippe Menasché, qui
(6) http://ifr93.kb.inserm.fr/
s’est engagé dans l’utilisation des cellules souches
(7) http://www.chups.jussieu.fr/ext/IFR14/index.htm
embryonnaires, a encore du mal, malgré sa renommée, à
(8) http://www.upmc.fr/cordeliers/recherche.htm
réunir les financements nécessaires, bien qu’adossé
(9) http://www.im3.inserm.fr/
désormais à une équipe du nouvel Institut des cellules
(10) http://www.isit.u-psud.fr/
souches (I-Stem, Evry).
(11) http://www.adicare.com/Adipresentation.php
(12) http://www.ivs-vbi.org/
Des signes positifs peuvent toutefois être notés depuis le (13) http://www.institut-myologie.org/
lancement en 2004 du Programme national de recherche (14) G. Montalescot et al. (2006) N Engl J Med.
sur les maladies cardiovasculaires (PNRC), qui vise à « 355(10):1006-17. G. Montalescot et al. (2005) Heart
promouvoir la mise en place ou le développement de 91(1):89-90.
projets d’interface entre recherche fondamentale et http://heart.bmjjournals.com/cgi/content/full/91/1/89
clinique (ou vice-versa) » (18). En 2006, les appels à (15) http://ifr69.vjf.inserm.fr/
projets s’adressaient à des chercheurs de moins de (16) S. Blankenberg et al. (2003) Interleukin-18 and the
quarante ans, mais pour un budget global de 150 000 Risk of Coronary Heart Disease in European Men. The
euros répartis sur quatre à huit subventions allouées pour Prospective Epidemiological Study of Myocardial Infarction
des frais de fonctionnement et de petit équipement. Un (PRIME), Circulation 108:2453.
financement limité qui paraît peu à même de bouleverser http://circ.ahajournals.org/cgi/content/full/108/20/2453
la donne. (17) voir F.M. Marincola (2003) Translational Medicine: A
two-way road, Journal of Translational Medicine 1:1.
http://www.translational-medicine.com/content/1/1/1
Faudra-t-il orienter la recherche cardiovasculaire vers la
(18)http://www.inserm.fr/fr/inserm/programmes/nationa
création d’un « cardiopôle » ou insister sur la coordination
ux/recherches/PNRC.html ;
des centres de recherche créés ou en cours de création,
https://www.gep.inserm.fr/GEP/docaap/aap-PNRC-
sur leurs modes de financement et sur les réseaux
2006.pdf
européens ? Comment inciter les chercheurs du public à
se lancer dans l’aventure biotechnologique, compte tenu
des risques ? Comment organiser efficacement
l’association entre recherche publique et développements
industriels, sans brider la première et en évitant les Pour aller plus loin
conflits d’intérêts ? Quels pourraient être les rôles des
associations de patients et des fondations, à côté de ceux
Dossier cardiologie d’Inserm-Actualités, novembre
de l’Etat et des collectivités locales et régionales ?… Des
2005
questions et réflexions décisives pour les années qui
viennent! http://www.inserm-actualites.com/index.php?id=326

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Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

Un panorama des innovations


biomédicales dans le domaine
cardiovasculaire en Ile-de-France

Eric Mallard et denis Le Bouteiller, Innovaction


chirurgie, au développement de nouvelles
approches thérapeutiques, qui impliquent différents
Riche en travaux porteurs d’innovations médicales acteurs de la biotech aux équipes hospitalières.
dans le domaine cardiovasculaire, l’Ile-de-France
reste handicapée par le manque de projets
Des approches innovantes en imagerie
valorisables au niveau industriel. Revue de détail…

Le diagnostic des accidents cardiovasculaires est un


Le nombre de patients atteints de dysfonctionnements du
domaine où d’importants progrès sont réalisés,
système cardiovasculaire ne cesse d’augmenter,
notamment en ce qui concerne les équipements
notamment à cause du diabète et de l’obésité. En 2003, la
permettant des analyses non invasives. Par exemple, le
prévalence de l’hypertension dans les pays développés est
coroscanner (scanner des coronaires) connaît aujourd'hui
de l’ordre de 22 %, tandis que celle des dyslipidémies
un développement accéléré et pourrait concurrencer la
atteint 43 %.
coronarographie d’ici quelques années. La
coronarographie est un examen invasif, pratiqué sous
Le domaine cardiovasculaire a connu pourtant depuis anesthésie, et utilisé pour visualiser les artères coronaires
quarante ans, date d’apparition des bêtabloquants, de via une technique de radiographie aux rayons X et
grandes avancées thérapeutiques, qui ont mené au l'injection d'un produit de contraste iodé. Les atouts du
développement de nombreuses molécules appartenant à coroscanner sont constitués par son caractère
plusieurs grandes classes thérapeutiques : relativement peu invasif et par la possibilité d'obtenir des
images tridimensionnelles, grâce à des logiciels de
reconstruction de plus en plus puissants.
q les anti-hypertenseurs et les hypolipémiants,
traitements chroniques des facteurs de risque
Différentes approches innovantes développées en région
q les anti-thrombotiques pour le traitement des parisienne ambitionnent d’améliorer certains diagnostics.
accidents thrombovasculaires Pendant longtemps, on a mesuré le degré de
rétrécissement (sténose) de la lumière de l’artère carotide
q les autres thérapies cardiaques pour le traitement grâce à différentes techniques (artériographie,
des arythmies, insuffisances cardiaques et angines échographie…). A la suite d’un premier accident vasculaire
de poitrine. cérébral (AVC), cette mesure permet de savoir si le
patient doit être opéré de la carotide afin de supprimer la
plaque d’athérome à l’origine de l’AVC et éviter ainsi une
Il devient aujourd’hui difficile d’innover en termes de
récidive. Or la décision d’opérer est difficile à prendre en
molécules : les essais cliniques coûtent chers (de larges
cas de rétrécissement plus modéré, cause de plus d’un
cohortes de patients sont nécessaires pour montrer un
tiers des AVC. Une meilleure caractérisation des plaques
bénéfice thérapeutique) et la concurrence, existante et en
d’athérosclérose permettrait d’identifier les plaques
développement, demeure très importante. Ainsi dix-neuf
relativement stables de celles susceptibles de se détacher
produits sont en développement clinique pour le
et causer un accident.
traitement post-infarctus du myocarde . Il est souvent
plus intéressant de développer des molécules analogues à
celles qui existent déjà (dites « me too ») comme le Catherine Oppenheim, neuroradiologue à l'hôpital Sainte-
montre le nombre de statines (7) sur le marché des Anne au sein du groupe de Jean-François Meder , et Jean-
hypolipémiants. Néanmoins, en France, plusieurs « François Toussaint, cardiologue à l’Hôtel-Dieu ont
biotechs » se sont lancées dans le développement de développé une technique de visualisation des plaques
nouvelles molécules pour traiter certaines pathologies d’athérome en imagerie par résonance magnétique. L’IRM,
cardiométaboliques : utilisé notamment pour le diagnostic des accidents
ischémiques transitoires (AIT) au niveau du cerveau,
pourrait permettre aussi de mieux caractériser les
q Cerenis (Toulouse) cherche à développer des
composants des plaques d’athérome (chape fibreuse,
thérapies innovantes modulant le HDL, le « bon
cœur lipidique, infiltrat leucocytaire…) (cf l’article « Voir la
cholestérol » chargé d’éliminer le « mauvais »
plaque d’athérome pour prévenir l’infarctus ») De plus,
(famille d’agonistes de PPAR delta)
cette caractérisation peut être améliorée par l’utilisation
de produits de contraste qui permettent d’obtenir une
q NicOx (Nice) possède dans son portefeuille de
image moléculaire de la plaque : nanoparticules de fer
médicaments donneurs d’oxyde nitrique un
captés par les macrophages, anticorps dirigés contre
composé dérivé de l’acide acétylsalicylique, en
certaines molécules d’adhésion... Les équipes parisiennes
phase II de développement pour le traitement de
y prennent une part active.
l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs
(AOMI)
C’est l’enjeu du projet ATHIM (Imagerie moléculaire de
q Genfit (Lille) possède un pipeline de produits bien l’athérothrombose) mené dans le cadre du pôle de
garni, avec notamment une molécule en phase II compétitivité Medicen Santé. Ce projet est un bel exemple
pour le traitement des dyslipidémies. de collaboration entre une société bien établie et leader
dans son domaine (Guerbet), une biotech spécialisée en
En région parisienne, alors que la R&D de nouvelles imagerie (Mauna Kea ) et des équipes de recherche
molécules en cardiovasculaire est pris en charge scientifique et hospitalière de renom : U. 652 (François
par les pharmas et mid-pharmas (Sanofi, Servier, Alhenc-Gelas - Cordeliers), U. 660 (Alain Berdeaux,
Ipsen…), il existe un certain nombre d’initiatives Créteil), U689 (Bernard Levy,Lariboisière) et U. 698
innovantes qui touchent au diagnostic, à la (Jean-Baptiste Michel,Bichat). La société Guerbet,
7
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

installée depuis quatre-vingt ans en région parisienne, est elles des thérapies innovantes. Elle est notamment
spécialisée dans le développement et la commercialisation impliquée dans l’étude MAGIC (voir plus loin le
d’agents de contraste . paragraphe sur la thérapie cellulaire). Dernièrement, ils
ont conçu le système ENDEAVOR, premier système en
alliage à base de cobalt sur le marché des stents à
Pour visualiser la plaque d’athéroclérose, les ultrasons ne
libération de principe actif. Les stents à libération de
sont pas en reste. En effet, en parallèle de l’approche par
principe actif sont des stents recouverts de médicament,
IRM, l’équipe de Lori Bridal et Jean-Michel Corréas
qui se sont avérés être supérieurs aux stents métalliques
(professeur à l’hôpital Necker), au sein du laboratoire
nus conventionnels pour réduire la resténose. Il est en
d’imagerie paramétrique (CNRS - Université Paris 6),
cours d’enregistrement. Soulignons l’originalité du stent
s’est focalisée sur des techniques d’imagerie ultrasonore
développé par OrbusNeich : il est coaté avec des
et a mis au point des méthodes acoustiques pour
anticorps (anti-CD34), pour capter les précurseurs des
caractériser cette même plaque. Cette équipe développe
cellules endothéliales et former ainsi une couche cellulaire
aussi des produits de contraste adaptés aux ultrasons. En
capable de limiter le phénomène de sténose. A Bichat, une
effet, de nombreuses pathologies (i.e. tumorales,
équipe pluridisciplinaire animée par Didier Letourneur et le
artérielles) peuvent entraîner une modification dans le flux
Pr Laurent Feldman (Inserm U. 698) est aussi engagée
sanguin (perfusion) d’un organe. La quantification de la
dans la mise au point de stents capables de libérer des
réponse ultrasonore de microbulles de gaz injectées dans
molécules actives (voir l’article « La bioingénierie
le système vasculaire permet l’évaluation de la perfusion
cardiovasculaire »).
et la détection d’éventuelles anomalies.

Les prothèses vasculaires font aussi l’objet d’innovations.


Signalons enfin que les ultrasons ne sont pas utiles qu’en
Les prothèses synthétiques, conçues avec du Dacron, ne
imagerie. La société Theraclion est spécialisée dans le
fonctionnent que pour les remplacements d’artères de
développement des Ultrasons Focalisés de Haute Intensité
diamètre important (au moins 6 mm). Une alternative
(HiFu), alternative à la chirurgie pour certaines
consiste à concevoir le raccord avec des biomatériaux.
pathologies. Bien que les domaines d’applications
L’Ile de France est depuis longtemps une région pionnière
concernent pour l’instant le traitement des nodules
dans l’utilisation des biomatériaux en médecine
thyroïdiens et des varices vasculaires, il est envisageable
cardiovasculaire. Rappelons qu’en 1968, l’équipe
que cette technique puisse aider au transfert de vecteurs
parisienne d’Alain Carpentier parvint à greffer chez
en thérapie génique vasculaire ou aux ablations
l’homme une « bioprothèse » de valve cardiaque, d’origine
épicardiaques.
porcine. L’équipe de Didier Letourneur, spécialisée en
bioingénierie des polymères cardiovasculaires, développe
Innovations en chirurgie cardiovasculaire des prothèses de taille bien inférieure (2 mm de diamètre
interne), conçue à partir de polysaccharides et viennent
La chirurgie cardiovasculaire a été transformée lorsque les de les tester avec succès chez le rat.
robots et les modélisations informatiques lui ont permis
d’optimiser les gestes sur des organes en mouvement. Le Immunothérapie, thérapie cellulaire et génique…
Pr Daniel Loisance (hôpital Henri Mondor à Créteil) est un
des précurseurs de la chirurgie cardiaque assistée par
A l’image du cancer, il est intéressant de souligner
ordinateur. Il a été un des premiers à essayer en 2000 le
qu’aujourd’hui, en parallèle des approches classiques qui
système Da Vinci, développé par la société californienne
ont permis de mettre sur le marché les médicaments
Intuitive Surgical , dont le bureau européen est à Saint-
existants, de nouvelles approches (immunothérapie,
Germain en Laye. Cette machine complexe permet une
thérapie génique, thérapie cellulaire…) sont en train
vision interne en trois dimensions rendue à l’aide de deux
d’investir la sphère cardiovasculaire.
caméras, et est munie d’un poignet articulé pour effecteur
les gestes techniques à l’intérieur du corps du patient.
L’ensemble est manipulé à distance par un chirurgien dont En plein boom dans l’immunothérapie du cancer, les
les gestes sont reproduits en temps réel par un ordinateur anticorps monoclonaux connaissent aussi un succès
ultra puissant. Bien que la France possède des praticiens croissant en cardiovasculaire. Un produit est sur le marché
de renommée mondiale – à l’exemple de l’équipe de : l’abciximab. Fabriqué par Centocor et distribué par Eli
chirurgie cardiovasculaire de la Pitié-Salpêtrière dirigée Lilly sous le nom commercial ReoPro, il s’agit d’un
par le Pr Iradj Gandjbakhch il faut cependant reconnaître inhibiteur de l’agrégation plaquettaire, utilisé pendant et
qu’elle n’est pas un acteur industriel majeur dans le après des interventions telles que l’angioplastie. D’autres
domaine de la robotique médicale. En 2002, 93 % du produits sont en développement clinique : le pexelizumab
chiffre d’affaires des services et produits en robotique en traitement adjuvant de l’infarctus aigu du myocarde,
médicale réalisés en Ile-de-France provenaient des Etats- un anti-facteur VIII pour le traitement des thromboses...
Unis et du Japon. En parallèle, des projets de vaccination voient le jour. La
biotech Suisse Cytos développe un vaccin visant à
produire des anticorps anti-angiotensine II, pour le
L’innovation concerne aussi les stents. Le stent est un
traitement de l’hypertension. Le produit est actuellement
petit ressort glissé dans une cavité naturelle humaine
en phase II. Une autre approche vise à inverser le
pour la maintenir ouverte. Il est essentiellement utilisé
phénomène d’inflammation caractéristique de
dans des artères au cours d'une angioplastie (dilatation
l’athérosclérose. L’équipe d’Alain Tedgui, à l’hôpital
d’une artère rétrécie à l’aide d’un ballon). Le principal
Lariboisière, développe un vaccin qui stimulerait
inconvénient de cette technique est le taux important de
spécifiquement les lymphocytes T régulateurs au niveau
resténose, c'est-à-dire de récidive du rétrécissement (près
de la plaque d’athérome, provoquant ainsi une réponse
de la moitié des cas). Il fait donc l’objet d’approches
anti-inflammatoire et une diminution de l’infiltrat
innovantes.
leucocytaire responsable de la déstabilisation de cette
plaque (voir les articles « Un réseau européen de biologie
La société Medtronic , spécialisée dans le traitement des des vaisseaux » et « Un vaccin contre l’athérosclérose »).
affections cardiaques, est bien implantée à Paris, et a Plusieurs groupes concurrents sont en train d’investiguer
régulièrement bénéficié du dynamisme des équipes cette nouvelle voie.
médicales françaises pour développer en partenariat avec

8
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

Les programmes de thérapie cellulaire connaissent des l’Agence nationale de la recherche (ANR) en 2006 nous
succès mitigés. Fin 2005, Genvec (Gaithersburg, laisse sceptiques quant à l’émergence à court terme de
Maryland) a vendu son projet de traitement de projets de haute valorisation dans le domaine
l’insuffisance cardiaque à une nouvelle petite biotech cardiovasculaire. Néanmoins, les initiatives de
spécialisée en thérapie cellulaire, Mytogen, pour se regroupement (EVGN, pôle de compétitivité…) semblent
concentrer sur ses produits de thérapie génique, dont un produire des résultats, et l’avenir passera peut-être par la
cible les pathologies coronariennes (le Biobypass, création d’un institut de recherche cardiovasculaire de
délivrance du gène codant la protéine VEGF nécessaire à renommée mondiale, à l’image des instituts de la vision et
la formation de vaisseaux sanguins). En France, la société du cerveau et de la moelle, en cours de construction.
Myosix (dont le capital est détenu à 49 % par Genzyme)
développe une technique de thérapie cellulaire pour tenter
de réduire les problèmes d'insuffisance cardiaque post-
infarctus qui trouvent souvent leur origine dans la mort
chronique des cellules du cœur (voir l’article « Myosix, une
affaire de muscle »). Un essai de phase II (MAGIC) a été
mis en place sous la coordination de l’équipe de Philippe
Menasché. Cependant, Genzyme, co-promoteur de l’étude (1) Business Insights, The Cardiovascular Market Outlook
avec l’AP-HP, a décidé d’interrompre les inclusions dans to 2009, 2004
cet essai, après avoir analysé les résultats préliminaires et (2) Decision Resources, post-myocardial infarction, 2005
conclu qu’il y a une faible probabilité que l’étude MAGIC (3) http://www.cerenis.com
montre l’amélioration de la fonction cardiaque supposée (4) http://www.nicox.com
(voir l’article « Vers la thérapie cellulaire de l’insuffisance (5) http://www.genfit.com
cardiaque ? »). Pourtant, la société américaine Bioheart a (6) http://www.ch-sainte-
publié des résultats positifs d’une étude similaire, et son anne.fr/fr/services/specialise/imagerie/presentation.htm
produit cellulaire, Myocell, issu de cultures de myoblastes, (7) http://www.maunakeatech.com
doit entrer en phase II/III. (8) http://www.guerbet.com/
(9) http://www.labos.upmc.fr/lip/
(10) http://www.theraclion.fr
Enfin, la thérapie génique n’est pas en reste. Rappelons
(11) http://www.intuitivesurgical.com
que l'équipe du professeur Jeffrey Isner à Boston a lancé
(12) http://www.medtronic.fr
les premières études sur la néoangiogenèse dans le
(13) http://www.orbusneich.com/genous/
myocarde ischémique en transférant le gène codant pour
(14) http://www.cytos.com
le facteur de croissance angiogénique VEGF. Ces travaux
(15) http://www.bioheartinc.com/
ont conduit à la création de Vascular Genetics, devenue
(16) http://www.corautus.com
maintenant Corautus Genetics . Le programme Biobypass
(17) http://www.theheart.org/article/665981.do
de Genvec est un concurrent direct.

Face à ces biotechs américaines, l’innovation en France en


est au stade de la recherche académique et hospitalière.
L’équipe de Marc Fiszman (U582, Institut de myologie)
s’intéresse aux techniques de transfert de gènes dans le
cœur, tandis que l’unité INSERM U. 660 (Physiopathologie
et pharmacologie des insuffisances coronaires et
cardiaques, dirigée par Alain Berdeaux à Créteil) a des
projets de thérapie génique dans le cadre de l'ischémie
myocardique et de l'insuffisance cardiaque, tandis que
Laurent Feldman, à Bichat (U. 698), s’intéresse à la
thérapie génique artérielle par stents.

Côté développement clinique, les tentatives de thérapie


génique sont rares. Cependant, l'essai TALISMAN 201
(Therapeutic Angiogenesis Leg Ischemia Study for the
Management of Arteriopathy and Non-healing ulcers),
destiné à évaluer l'efficacité d'une thérapie génique par le
gène du Fibroblast Growth Factor 1 (FGF1), s’est soldé par
des résultats très encourageants . L'essai a été mené en
Europe chez 107 patients, atteints d'ischémie critique des
membres inférieurs, et non éligibles pour la
revascularisation. Une phase III devrait être lancée, sous
la conduite de Sanofi-Aventis, qui détient les droits sur le
plasmide NV1FGF.

La région francilienne produit un grand nombre


d’innovations biomédicales dans le domaine
cardiovasculaire. Ces innovations sont portées
essentiellement par la recherche hospitalo-universitaire et
quelques grandes sociétés de produits hospitaliers (agents
de contraste, implants…). En revanche, le secteur
biotechnologique est plutôt absent, Myosix demeurant un
cas isolé en Ile–de-France. L’examen des résultats des
appels à projets EMPB (Emergence et maturation de
projets de biotechnologie à fort potentiel de valorisation)
et RIB (Recherche et innovation en biotechnologie) de

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Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

L'IFR 14 "Coeur, muscle et vaisseaux"


de la Pitié-Salpêtrière
l’identification des bases génétiques et la
physiopathologie de plusieurs maladies :
cardiomyopathies hypertrophiques, arythmies
L 'IFR 14 du Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière constitue cardiaques, dystrophies musculaires congénitales
un des pôles forts de la recherche cardiovasculaire et (DMC), affections génétiques de la synapse
musculaire française. Ses trois axes de recherche sont la neuromusculaire, maladies mitochondriales,
génétique des maladies cardiovasculaires et musculaires, entre autres. Elle développe des essais
la physiopathologie cellulaire et moléculaire des thérapeutiques sur les pathologies du muscle
pathologies cardiovasculaires et musculaires, et la strié.
thérapeutique médicamenteuse cardiovasculaire.
http://www.ifrcmv.chups.jussieu.fr/EqTh/U582.htm

Il fédère 7 laboratoires de recherches et 12 services http://www.institutmyologie.org/ewb_pages/r/recherche


hospitaliers du CHU de la Pitié-Salpêtrière, et représente _inserm.php
un effectif d’environ 300 personnes, chercheurs, médecins
hospitaliers, étudiants, ingénieurs et techniciens.

• Inserm U. 621 / Université Pierre et Marie Curie


http://www.ifrcmv.chups.jussieu.fr/index.htm
(Paris VI) - Physiopathologie, génétique et
Directeur Scientifique : Florent Soubrier (Inserm U.
pharmacologie du remodelage cardiovasculaire
525)
Dir. : Stéphane Hatem
Directrice Administrative : Marie-Claude Lacronique
L’unité est organisée en trois équipes qui
s’intéressent aux facteurs génétiques impliqués
Laboratoires de recherche dans la survenue et le pronostic des
cardiopathies, aux mécanismes qui régulent les
• Inserm U. 525 / Université Pierre et Marie Curie canaux ioniques dans les membranes cardiaques
(Paris VI) - Génétique épidémiologique et et leurs implications dans les arythmies telles que
moléculaire des pathologies cardiovasculaires la fibrillation auriculaire, aux anomalies
Dir. : François Cambien électrophysiologiques des cardiopathies, et à
l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques
L’unité 525 comprend quatre équipes. Elle étudie cardiovasculaires.
la régulation de l’expression génétique en
http://www.ifrcmv.chups.jussieu.fr/EqTh/U621.htm
physiologie et pathologie vasculaires, les
méthodes d’épidémiologie génétique, le
polymorphisme des gènes candidats, l’expression
et la fonction des gènes inflammatoires dans
• Inserm U. 678 / Université Pierre et Marie Curie
l’athérosclérose et l’angiogenèse.
(Paris VI) – Laboratoire d’imagerie fonctionnelle
http://www.ifrcmv.chups.jussieu.fr/EqTh/U525.htm (LIF)
http://www.chups.jussieu.fr/ext/IFR14/Insu525/Theme_ Dir. : Alain Herment
INSU525.html
L’unité est focalisée sur l’imagerie fonctionnelle
cérébrale (IRMf et Imagerie de médecine
nucléaire), cardiovasculaire (IRM et
• Inserm U. 551 / Université Pierre et Marie Curie échocardiographie) et oncologique (TEP et
(Paris VI) - Dyslipoprotéinémies et athérosclérose Echographie). En recherche cardiovasculaire, elle
: Génétique, métabolisme et thérapeutique utilise l'imagerie microscopique et l'imagerie IRM
Dir . : John Chapman du petit animal pour étudier le risque associé aux
plaques d'athérome et analyse les liens entre
L’U. 551 s’organise en deux équipes qui l'hémodynamique et les caractéristiques
s’intéressent respectivement au pouvoir morphologiques et fonctionnelles (mouvement,
pathogène des lipoprotéines (LDL, HDL) et à élasticité) de la paroi des vaisseaux sanguins.
l’implication des monocytes et des macrophages
dans le développement de l’athérosclérose. http://www.ifrcmv.chups.jussieu.fr/EqTh/U678.htm

http://www.ifrcmv.chups.jussieu.fr/EqTh/U551.htm

• UPRES EA 2397 - Biologie et Physiologie des


interactions neurorespiratoires et
• Inserm U. 582 / Université Pierre et Marie Curie cardiopulmonaires
(Paris VI) - Physiopathologie et thérapie du Dir. : Marc Zelter
muscle strié
Dir. : Pascale Guicheney, directrice adjointe de Cette « unité propre de recherche de
l’IFR l’enseignement supérieur » étudie la fonction des
muscles respiratoires, les mécanismes de
Cette unité, localisée dans l’Institut de myologie contrôle de la respiration, les interactions
de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière système respiratoire-système nerveux et les
(http://www.institut-myologie.org/), comprend 7 aspects pneumologiques et neurologiques du
équipes. Sa recherche est orientée vers sommeil.

10
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

cardiovasculaire sur le petit animal (rat et souris) ainsi


• Laboratoire AFM-CEA de Résonance magnétique
que l’analyse d’images de coupes histologiques.
nucléaire biomédicale
Dir. : Pierre Carlier
Inserm U. 525 / Université Pierre et Marie Curie (Paris VI)
Ce laboratoire du CEA, localisé dans l’Institut de - Génétique épidémiologique et moléculaire des
myologie, est financé par l’Association française pathologies cardiovasculaires
contre les myopathies (AFM). Il travaille sur la Dir. : François Cambien
mise au point d’outils de suivi des thérapies
musculaires, sur des outils d'évaluation de la
L’unité 525 comprend quatre équipes. Elle étudie la
fonction cardiaque sous intervention
régulation de l’expression génétique en physiologie et
thérapeutique dans divers modèles de petits
pathologie vasculaires, les méthodes d’épidémiologie
animaux, sur l’étude musculaire dynamique
génétique, le polymorphisme des gènes candidats,
multiparamétrique par résonance magnétique
l’expression et la fonction des gènes inflammatoires dans
nucléaire (RMN) et par spectroscopie musculaire.
l’athérosclérose et l’angiogenèse.

http://www.ifrcmv.chups.jussieu.fr/EqTh/U525.htm
• U587 - dirigée par David Sassoon, s’organise en http://www.chups.jussieu.fr/ext/IFR14/Insu525/Theme_INSU525.
html
5 équipes s’intéressant respectivement à :

1 – Régulation des cellules souches chez l’adulte


et le role de p53 dans le stress cellulaire
(Sassoon) PW1

2 – Potentiel thérapeutique des cellules souches


musculaires et leur régulation au cours de
l’apoptose et la senescence (Butler-
Browne/Mouly)

3 – Etude des programmes embryonnaires et


post-nataux gouvernant la spécification et la
maintenance des cellules souches du muscle
(Relaix)

4 – Contrôle des mouvements des organelles et


de la cytoarchitecture cellulaire (Gomes).

5 – Utilisation de stratégies génétiques pour


traiter les maladies du muscle et l’étude du
maintient musculaire (Garcia).

Les services cliniques

Douze services cliniques du CHU de la Pitié-Salpétrière


participent aux recherches de l’IFR Cœur, Muscle et
Vaisseaux :

o Biochimie et Biochimie médicale


o Anesthésie et Réanimation
o Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
o Cardiologie
o Radiologie vasculaire
o Chirurgie vasculaire
o Pharmacologie
o Laboratoire d’anatomo-pathologie
o Diabétologie-Métabolisme
o Endocrinologie
o Hématologie Biologique
o Médecine interne

Plateau technique

Expérimentation cardiovasculaire permettant la réalisation


de programmes de recherche en exploration

11
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

GSK : retour au fondamental

Le centre de recherche de GlaxoSmithKline (GSK),


créé en 1987 et situé aux Ulis (Essonne), est dédié à
la découverte de candidats médicaments dans le
domaine cardiovasculaire, plus spécifiquement les Pour en savoir plus
dyslipidémies (taux anormaux de lipoprotéines),
l’athérosclérose et l’hypertension artérielle. GSK, centre des Ulis
http://www.glaxosmithkline.fr/gsk/gsk_france/ulis.html
Rassemblant quelque 110 collaborateurs, il est capable de
gérer l’ensemble du processus de « drug discovery »,
explique son directeur, le biologiste Jorge Kirilovsky , «
depuis l’identification des cibles biologiques jusqu’aux
travaux de chimie médicinale et de pharmacocinétique qui
permettront de sélectionner des molécules et de les
améliorer pour en faire des candidats médicaments ».
Depuis sa création, sept molécules issues du centre ont
fait l’objet d’études cliniques chez l’homme. Il s’est ainsi
fait connaître dans les années 1990 par la découverte et
la mise en développement du Cialis (tadalafil), un
concurrent du Viagra (sildénafil) commercialisé à l’heure
actuelle par Lilly.

Cette activité de R&D n’hésite pas à se frotter à la


recherche fondamentale. Cet axe de recherche permet
d’établir des liens privilégiés avec la recherche publique.
Ainsi, début 2006, le centre des Ulis a signé avec l’Inserm
une convention de partenariat créant un réseau de
recherche clinique financé à 100 % par GSK. Objectif :
élucider les mécanismes d’action de l’acide nicotinique,
molécule connue de longue date pour réduire le mauvais
cholestérol sanguin (LDL) et augmenter le « bon »
cholestérol (HDL) sans que l’on sache par quels processus.
Quatre équipes de l’Inserm sont associées au projet :
celles de John Chapman à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière
(Inserm U. 551), de Dominique Langin à Toulouse,
d’Hubert Vidal et Martine Laville à Lyon, et le groupe de
Michel Krempf à Nantes.

« Pour faire de la bonne recherche, il est essentiel de


garder des contacts avec les équipes académiques. Outre
l’intérêt purement scientifique de cette collaboration, nous
espérons en tirer des enseignements qui nous permettront
d’identifier des nouvelles molécules avec une efficacité
supérieure à celle de l’acide nicotinique pour la
prévention cardiovasculaire », précise Jorge Kirilovsky.
Dans le même esprit, GSK a impulsé des partenariats
scientifiques qui permettent la réalisation de thèses dans
les laboratoires des Ulis, sous la co-direction d’un
chercheur de la firme et d’un scientifique du secteur
public. Deux thèses sont ainsi consacrées à l’absorption
du cholestérol au niveau intestinal et à la biologie du tissu
adipeux, en collaboration avec Jean Chambaz (Inserm U.
505, Centre des Cordeliers) et Pascal Ferré (Inserm U.
671, Centre des Cordeliers). Le Centre contribue aussi à la
formation par la recherche en co-finançant des thèses de
doctorat en chimie dans des laboratoires publics. Deux
collaborations sont actuellement mises en place avec les
groupes de recherche de Charles Mioskowski (UMR 7175,
Illkirch) et de Jacques Royer (UMR 8638, Paris) afin de
réaliser des projets novateurs dans le domaine de la
chimie organique et bio-organique.

12
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

Pompidou structure sa recherche


cardiovasculaire

La construction du centre de recherches de l’hôpital


Georges-pompidou, dans le XVe arrondissement de Un havre pour la recherche expérimentale
Paris, est en voie d’achèvement. Une grande partie
du centre sera consacrée au domaine Pierre Corvol, directeur de l’unité 36 de l’Inserm
cardiovasculaire. (Pathologie vasculaire et endocrinologie rénale) (1) au
Collège de France, et praticien hospitalier dans le service
Presque cinq ans après son ouverture, l’hôpital européen de médecine vasculaire et d’hypertension artérielle de
Georges-Pompidou (HEGP) est devenu le pôle biomédical l’HEGP, est l’un des animateurs et conseillers du projet. Il
de référence du sud-ouest parisien, ou si l’on préfère du « explique que le bâtiment va être essentiellement dévolu à
Groupement hospitalier universitaire ouest » (GHU ouest), la recherche sur les pathologies du cœur et des vaisseaux,
auquel appartiennent également, parmi d’autres, les qui demeurent la première cause de mortalité dans les
hôpitaux Cochin, Necker-Enfants Malades, Broussais ou pays industrialisés. La fondation Carpentier bénéficiera de
Ambroise-Paré (Boulogne). Ouvert en juillet 2000, et 850 m2, aux deux derniers étages : y seront développées
inauguré officiellement le 21 décembre 2000 à la suite du des recherches en chirurgie cardiovasculaire (procédés
déménagement des activités biomédicales des hôpitaux innovants de greffe, thérapie cellulaire dans l’insuffisance
Laënnec, Boucicaut et d’une partie de Broussais - fermés cardiaque, robotisation des actes chirurgicaux, etc.).
pour cause de vétusté et vendus depuis par l’Assistance
publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) -, l’HEGP avait
pourtant connu des débuts difficiles : défauts de Le reste du bâtiment, soit moins de 2 000 m² si l’on
construction, inondations, pannes informatiques, tensions soustrait la superficie requise par les équipements
liées au reclassement des personnels venus des hôpitaux communs - l’animalerie (rongeurs, moutons, porcs) et les
abandonnés, épidémie de légionellose en septembre plate-formes techniques (banque de cellules et d’ADN,
2000… imagerie, analyse de l’expression des gènes et des
protéines) -, accueillera les équipes de recherche, dont les
Finalement, sa modernité s’est imposée, à l’image de son unités Inserm et universitaires qui gravitent actuellement
organisation en six pôles d’activités médicales dirigés par autour de l’hôpital (voir l’encart). Une telle configuration,
des coordonnateurs élus, mais aussi de ses plateaux où la moitié de l’espace est réservée aux activités
techniques ou de sa gestion informatisée des dossiers communes, à la culture de cellules par exemple, est
patients et de la logistique. particulièrement originale, souligne Pierre Corvol ; elle
permettra une véritable mutualisation des moyens. Afin
d’adapter au mieux le bâti à cette ambition et de stimuler
Tout naturellement, le projet de création d’un centre de la communication entre les équipes de recherche, les
recherches jouxtant l’hôpital est revenu sur les rails. porteurs de projet ont imaginé une architecture flexible à
Imaginé au milieu des années 1990 parallèlement aux base de surfaces modulables de 50 m2 environ.
premiers travaux de l’hôpital, il avait été laissé en
sommeil faute de moyens. L’AP-HP l’a réveillé en 2003, et
ce centre de recherches se dresse du côté de l’entrée sud- Une montée en puissance en deux phases
est de l’établissement. Edifié sur sept étages offrant 3 650
m² de surface, selon les plans d’Aymeric Zubléna, le Avec ce centre, il s’agit une fois de plus, poursuit Pierre
concepteur de l’HEGP (et l’un des architectes du Stade de Corvol, d’articuler de manière efficace la recherche
France), il va accueillir en 2007 des unités de recherche fondamentale et une recherche thérapeutique de haute
du secteur public et des laboratoires financés par la qualité en s’appuyant sur les services de l’hôpital, sur son
fondation Carpentier, créée par le célèbre chirurgien du centre d’investigations cliniques (CIC) (2, 3) et sur son
cœur Alain Carpentier. Coût de l’opération : environ 32 centre d’épidémiologie clinique.
M€, pris en charge principalement par l’AP-HP, la ville de
Paris (1,5 M€), la fondation Carpentier (2,8 M€), la région
La constitution des équipes procède en deux étapes.
lle-de-France (1,5 M€) et l’Inserm, l’université Paris 5
L’Inserm a tout d’abord lancé un appel d’offres au niveau
étant en outre partenaire du projet.
national et international, clos le 31 octobre 2006, afin de
recruter le directeur du centre. Ses résultats seront jugés
par un jury international. « Le directeur du centre devra
être reconnu internationalement dans son domaine, être
porteur d’un projet de recherche et être capable d’agir en
bon gestionnaire et manageur au profit de tous », projette
Pierre Corvol. Dans un deuxième temps, un deuxième
appel à candidatures permettra de sélectionner les
équipes de recherche. Il n’est en outre pas exclu que des
laboratoires de biotechnologies puissent s’implanter dans
le nouveau centre, attirées là par le réseau de recherche
expérimentale et clinique et par le « gisement » de
patients qu’offre l’HEGP.

La relativement petite taille du bâtiment consacrée à la


recherche suscite cependant des critiques. A raison de
100 m² par équipe, l’HEGP risque de ne pouvoir accueillir
Culture de cellules
là qu’une quinzaine de groupes de recherche. Les équipes
de l’Inserm ou de l’université Paris V René-Descartes
actuellement rattachées à l’HEGP, ou qui collaborent avec
lui via l’implication de certains chercheurs cliniciens (voir

13
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

l’encadré), y trouveront-ils leur place, si elles sont


retenues, sans trop limiter l’accès du centre à des groupes Unités Inserm ou universitaires liées à l’HEGP
venus d’autres laboratoires franciliens ou d’autres régions
? L’ouverture à des équipes étrangères sera-t-elle
suffisante ? • Centre d’Investigations Cliniques (CIC), AP-
HP/Inserm, localisé dans l’HEGP
Dir. : Michel Azizi, PU-PH
Financer les équipements http://www.drrc.ap-hop-paris.fr/cic/cic_hegp.htm

La place disponible ne permet pas d’envisager un centre


de recherches de plus grande taille, répondent ses
promoteurs. Et l’on tend de plus en plus, dans la • Unité de Recherche Clinique (URC) et Centre
recherche actuelle, à travailler par équipes de 4 à 6 d'Epidémiologie Clinique (CEC), AP-HP/DHOS/Inserm,
personnes, pour lesquelles une surface de 50 m² est localisé dans l’HEGP
suffisante, estime Pierre Corvol. Dans ces conditions, une Dir. : Gilles Chatellier, PU-PH
véritable sélection des projets pourra s’opérer. http://www.drrc.ap-hop-paris.fr/urc/

Les dés sont donc jetés. En 2007, le centre de recherches


de l’HEGP devrait accueillir au moins 200 personnes, dont • Inserm U. 633/Université Paris V, Thérapie cellulaire
une vingtaine seront chargées de la maintenance et de en pathologie cardio-vasculaire, Hôpital Broussais, 96
l’administration. Son coût de fonctionnement hors rue Didot 75014 Paris
salaires, de 1 M€ par an, sera pris en charge à parts Dir. : Philippe Menasché, PU-PH en chirurgie
égales par l’AP-HP, l’Inserm et l’université Paris V René- cardiaque et vasculaire à l’HEGP.
Descartes. http://www.inserm-iledefrance.fr/pdf/U633.pdf

• Inserm U. 681 (ex U. 430), Immunopathologie et


immunointervention thérapeutique, Centre biomédical
des Cordeliers, 15 rue de l’Ecole de médecine 75006
Paris
Dir. : Srini Kaveri. L’ancien directeur de l’unité, Michel
Kazatchkine, est PU-PH au service d’immunologie de
l’HEGP (pôle Urgence-réseaux).
http://www.u430.bhdc.jussieu.fr/

• Inserm U. 36, Pathologie vasculaire et endocrinologie


rénale, Collège de France, 11 place Marcelin Berthelot
75231 Paris cedex 05
Dir. : Pierre Corvol, praticien hospitalier en
hypertension artérielle à l’HEGP. Xavier Jeunemaître,
membre de l’unité, PU-PH, est responsable du
département de génétique de l’HEGP. Il a fait une
demande de création de nouvelle Unité INSERM,
Gènes et pression artérielle, en cours d'évaluation en
2005.
http://www.college-de-france.fr/chaires/chaire24/

• Inserm U. 428/Université Paris V, Risque


thrombotique et mécanismes de l’hémostase, Faculté
des sciences pharmaceutiques et biologiques, 4 av.
de l’observatoire 75270 Paris cedex 06.
Dir. : Martine Aiach, PU-PH chef de service
d’hématologie A de l’HEGP. Anne-Marie Fisher, PU-PH
chef du service d’hématologie B, Pascale Gaussem ,
PU-PH sont rattachées à cette structure. Joseph
Emmerich est PU-PH dans le service de médecine
vasculaire et hypertension artérielle de l’HEGP. Il a
fait une demande de recréation de cette Unité
INSERM qui est en cours d'évaluation en 2005.
http://www.pharmacie.univ-paris5.fr/

• Equipe mixte Inserm (EMI) 0016, Faculté de


Médecine Paris-Descartes (Université Paris V)
Dir. : Antoine Lafont, PU-PH en cardiologie à l’HEGP.
Il est aussi coordonnateur du Plateau Technique …/…

14
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

Invasif Coronaire de l'HEGPhttp://www.univ-paris5.fr/

• Equipe AVENIR Inserm, Epidémiologie de la mort (1) http://www.college-de-france.fr/chaires/chaire24/


subite, Faculté de Médecine Paris-Descartes (2) http://www.drrc.ap-hop-paris.fr/cic/cic_hegp.htm
(Université Paris V) (3)http://www.inserm.fr/do/bir/research/structure?type=
Dir. : Xavier Jouven, PH en cardiologie à l’HEGP. CIC&id=009201

• Inserm U. 255, Immunologie cellulaire et clinique,


Centre biomédical des Cordeliers, 15 rue de l’Ecole de
médecine 75006 Paris
Dir. : Wolf-Hervé Fridman, PU-PH, responsable du
Département d’immunologie de l’HEGP.
Eric Tartour, PU-PH dans le service d'Immunologie
Biologique est rattaché à cette structure.
http://www.ifr58-cordeliers.jussieu.fr/

• Inserm U. 652, Physiologie et pharmacologie


vasculaire et rénale, Centre biomédical des
Cordeliers, 15 rue de l’Ecole de médecine 75006 Paris
Dir. : François Alhenc-Gelas
Stéphane Laurent et Patrick Bruneval, membres de
cette unité, sont PU-PH respectivement chefs du
service de pharmacologie et d'anatomopathologie.
Pascal Houillier, PU-PH dans le service physiologie-
explorations fonctionnelles et radio-isotopes de
l’HEGP dirige une équipe dans cette unité.
http://www.ifr58-cordeliers.jussieu.fr/

• Inserm U. 426, Transports épithéliaux : bases


structurales, modulations, modèles pathologiques,
Faculté de Médecine Paris Descartes, Université Paris
5, Unité faisant partie d'un projet de Centre de
Recherche sur le site de l'hôpital Necker en cours
d'évaluation en 2005
Dir. : Gérard Friedlander
PU-PH Chef du service physiologie-explorations
fonctionnelles et radio-isotopes de l’HEGP,
coordonnateur du pôle imagerie et explorations
fonctionnelles de l'HEGP
http://www.univ-paris5.fr/

• Inserm UMR 490/Université Paris V, Toxicologie


moléculaire, 45 rue des Saints-Pères, 75270 Paris
cedex 06
Dir. : Philippe Beaune, coordonnateur du pôle
biologie de l'HEGP.
Pierre Laurent-Puig est PU-PH dans le service de
chirurgie générale, digestive et oncologique de
l’HEGP. Il a fait une demande de création de nouvelle
unité Inserm, Bases moléculaires de la réponse aux
xénobiotiques, en cours d'évaluation en 2005.
http://www.biomedicale.univ-paris5.fr/u490/

• Inserm U729, Ingénierie des connaissances en santé,


Centre biomédical des Cordeliers, 15 rue de l’Ecole de
médecine 75006 Paris
Dir. : Marie-Christine Jaulent
Patrice Degoulet, PU-PH, chef du Département
d'Informatique Médicale de l'HEGP et Gilles Chatellier,
PU-PH, Pierre Durieux, MCU-PH sont rattachés à cette
structure.
http://www.spim.jussieu.fr/

15
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

Lariboisière explore la biologie


vasculaire

L’hôpital Lariboisière s’est fait une réputation dans Autre originalité, l’évaluation scientifique du CRCIL repose
le domaine de la biologie des vaisseaux et du sang. sur deux conseils scientifiques : le premier, interne,
Le regroupement récent de ses savoir-faire en ce regroupe tous les leaders des groupes de recherche et
domaine sous forme de centre de recherche prend particulièrement à cœur le suivi des doctorants et
cardiovasculaire devrait lui donner une nouvelle les relations transversales axées sur les projets communs
impulsion. ; le second, externe, comprend trois membres européens
reconnus dans leur domaine : Elisabetta Dejana (Milan),
Début 2005, la recherche cardiovasculaire parisienne s’est Pavel Hamet (Montréal) et Alan Nurden (Bordeaux). « Ces
dotée d’un nouveau « pôle d’excellence » avec la experts suivent les résultats et projets des différentes
naissance du Centre de recherche cardiovasculaire Inserm équipes, précise Bernard Lévy. Les membres du centre se
Lariboisière (CRCIL), l’unité Inserm 689, créé en sont engagés à respecter leurs recommandations et donc
partenariat avec l’université Paris 7. Dirigé par Bernard à se remettre en question le cas échéant. »
Lévy, le CRCIL rassemble aujourd’hui près de 140
personnes, dont une vingtaine de chercheurs statutaires,
une vingtaine d’universitaires hospitaliers et une trentaine
de thésards et de chercheurs post-doctorants. Une taille
moyenne qui ne l’empêche pas de se vouloir à la fois
centre de recherches expérimentales et cliniques, et plate- (1) Institut des vaisseaux et du sang
forme de formation. http://www.ivs-vbi.org/home.htm

Côté recherche, le centre approfondit quatre thèmes


majeurs : l’athérosclérose et l’inflammation des vaisseaux
(équipe de Chantal Boulanger et Ziad Mallat) ;
l’angiogenèse, c’est-à-dire la formation des vaisseaux
sanguins dans les tissus (équipe d’Elisabeth Pinard et Jean
Sébastien Silvestre), et les cibles thérapeutiques liées à
l’inhibition ou la stimulation de ce phénomène (équipe de Pour en savoir plus
Jean Plouët) ; l’insuffisance cardiaque (équipe de
Catherine Coirault et Christophe Heymes) ; et enfin la
biologie des plaquettes du sang, éléments cellulaires en Fiche Inserm de l’unité 689
jeu dans la formation des caillots ou thrombus (équipe de http://www.inserm-
Jean-Philippe Rosa). Les deux premiers thèmes sont en iledefrance.fr/pdf/U%20689.pdf#search=%22crcil%20lari
outre explorés en collaboration avec des équipes boisi%C3%A8re%22
européennes via le réseau européen de génomique
vasculaire EVGN, dirigé par Alain Tedgui (voir cet article).

Côté enseignement, le CRCIL participe au Master de


Sciences techniques et santé « CardioVasculaire,
hémostase et respiration » (Paris-Sud, Paris 5 et Paris 7),
et coordonne notamment le parcours « Biologie vasculaire
et hémostase ».

Le CRCIL entretient des contacts étroits avec les services


cliniques de Lariboisière et avec l’Institut des vaisseaux et
du sang (IVS), institut privé voisin avec lequel plusieurs
recherches sont en cours. Dirigé par Gérard Tobelem,
l’IVS met ainsi en pratique sa vocation d’interface entre
recherche publique et recherche industrielle privée (1).

07899© Inserm. Pacemaker.

16
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

L'Institut des Vaisseaux du Sang :


l’angiogenèse cent pour cent

L’institut des vaisseaux et du sang (IVS), créé en


1989 sous une forme associative sur le site de
l’hôpital Lariboisière, détonne quelque peu dans le
Pour en savoir plus
paysage de la recherche francilienne.

D’une part, il se consacre quasi exclusivement à la


Site de l’IVS
question de l’angiogenèse, c’est-à-dire aux mécanismes
http://www.ivs-vbi.org/home.htm
de formation des vaisseaux sanguins, avec des objectifs
thérapeutiques en cancérologie (on cherche alors à inhiber
ce phénomène pour asphyxier les tumeurs) et dans le
domaine des maladies cardiovasculaires (on stimule dans
ce cas la vascularisation dans les zones lésées). D’autre
part, en tant qu’association reconnue d’utilité publique, il
est financé, fonctionnement et salaires compris, à 30 %
par le mécénat et les dons privés et à 70 % par des
contrats avec l’industrie pharmaceutique.

Ainsi en juin 2005, l’institut a pu signer un contrat


important de coopération scientifique avec Servier selon
lequel, en échange de la cession de licence d’un brevet
détenu par l’institut, les deux parties s’associent pour
développer un peptide anti-angiogénique découvert et
breveté par l’IVS. La phase clinique du projet devrait
débuter fin 2007.

En amont de ces partenariats industriels, l’institut s’appuie


sur le tissu académique pour avancer vers de nouvelles
applications du contrôle de l’angiogenèse. A commencer
par les laboratoires les plus proches telle l’unité Inserm
689 (Centre de recherche cardiovasculaire Inserm
Lariboisière, CRCIL) dirigée par Bernard Lévy. Avec le
groupe animé par Jean-Sébastien Silvestre dans cette
unité, co-découvreur en 2005 d’une molécule clé de
l’angiogenèse, la lactadhérine, l’IVS s’est attaqué à une
stratégie de thérapie cellulaire des pathologies
ischémiques du cœur.

Il s’agit d’injecter dans la zone asphyxiée des cellules


endothéliales, afin qu’elles s’organisent pour constituer la
paroi de nouveaux vaisseaux sanguins. Ces cellules sont
produites in vitro par différenciation de cellules souches
issues de sang de cordon ombilical. Or les tentatives de
thérapie cellulaire se heurtent pour l’instant au médiocre
rendement d’obtention des cellules à injecter et à la faible
efficacité des cellules injectées, explique Gérard Tobelem,
directeur de l’IVS. Les chercheurs de l’institut ont donc
mis au point un traitement des cellules endothéliales qui
accroît leur activité vascularisatrice en stimulant une de
leurs molécules de surface, une ephrine, procédé qui a fait
l’objet d’un brevet. Grâce au modèle souris d’ischémie
aiguë de la patte maîtrisé par le groupe de J.-S. Silvestre
et à toute une logistique de contrôle, l’équipe a pu
montrer que les cellules ainsi activées génèrent 50 % de
nouveaux vaisseaux en plus par rapport à des souris
témoins. Cette méthode inédite devrait intéresser des
sociétés de biotechnologie, escompte Gérard Tobelem, qui
prévoit une entrée en phase clinique I-II d’ici une
quinzaine de mois.

17
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

Bichat organise la lutte contre les


maladies cardiovasculaire

A l’hôpital Bichat, au Nord de Paris, un projet de « La recherche expérimentale (pré-clinique) et cognitive


Centre thématique de recherche et de soins » conduite sur le site se concentre sur les bases
(CTRES) vise à regrouper une centaine de médecins, moléculaires et cellulaires communes aux pathologies
infirmières, chercheurs et techniciens afin de dégénératives cardiovasculaires, autrement dit sur la mise
structurer la recherche cardiovasculaire, du en évidence de marqueurs biologiques de ces pathologies
fondamental à la clinique. : composants plaquettaires impliqués dans
l’athérothrombose, enzymes protéolytiques et leurs
Face aux maladies cardiovasculaires, qui restent la inhibiteurs, facteurs génétiques en jeu dans la
première cause de morbidité et de mortalité dans les pays susceptibilité aux complications cardiovasculaires dans le
industrialisés devant les cancers, et qui progressent dans diabète (unité 695 « Déterminants génétiques du diabète
les pays en développement, on ne peut plus se passer de type 2 et ses complications vasculaires », dirigée par
d’une organisation articulée et cohérente des activités de Michel Marre).
soins, de recherche et d’enseignement présentes sur un
site, explique Jean-Baptiste Michel, directeur de l’unité L’un des objectifs du futur centre sera d’évaluer ces cibles
698 de l’Inserm « Hématologie, bioingénierie et moléculaires comme outils diagnostiques et
remodelages cardiovasculaires », à l’hôpital Bichat. Il faut thérapeutiques, puis en clinique en liaison avec le Centre
dépasser la simple complémentarité des équipes pour d’investigations cliniques (CIC) de Bichat. En recherche
engager des projets communs et interdisciplinaires. Cette clinique, le site est également bien placé : plusieurs
équipe Inserm a donc mis sur pied un projet de « Centre protocoles d’essais multicentriques internationaux y sont
thématique de recherche et de soins » (CTRES). coordonnés, des études cliniques y sont menées, comme
AMISTAD, étude prospective sur l’athérosclérose coronaire
Il vise à explorer trois grandes pathologies du système dans les accidents vasculaires aigus.
cardiovasculaire : l’athérothrombose (formation d’un Le site bénéficie des plates-formes de l’IFR 02, à
bouchon artériel, ou thrombus, par suite de la rupture ou l’exemple des services de microscopie et du Centre
de l’érosion d’une plaque d’athérome), l’anévrisme d'explorations fonctionnelles intégrées du petit animal
(dilatation localisée d’une artère) et les valvulopathies (CEFI), et également d’une importante banque
(dysfonctionnements des valves cardiaques). Ces trois cardiovasculaire humaine (biothèque ou Centre de
pathologies deviennent de plus en plus fréquentes avec le Ressources Biologiques), qui rassemble près de 900
vieillissement de la population. Il s’agit en fait de maladies prélèvements carotidiens et plusieurs centaines de
dégénératives des tissus cardiovasculaires, autrement dit prélèvements valvulaires et d’anévrismes. Cette biothèque
de « remodelages » tissulaires pathologiques - d’où pourra permettre de réaliser par exemple des études de
l’intitulé de l’unité 698, précise Jean-Baptiste Michel. Par protéomique ou de « métabolomique », d’analyse
exemple, le rétrécissement aortique est devenu la simultanée d’un grand nombre de protéines ou de petites
valvulopathie la plus fréquente dans les pays molécules, les métabolites, produites par l’organisme.
industrialisés. Il touche les plus de 70 ans, soit par suite Dans l’immédiat, Joëlle Benessiano coordonne une étude
de la calcification de la valve aortique, qui perd toute d’assurance qualité, de certification et de valorisation de
mobilité (RAC, rétrécissement aortique calcifié), soit dans cette biothèque, dans le cadre du programme CEBS
une moindre mesure (20 % des cas) en conséquence du (Collection d’Échantillons Biologiques de la Santé) soutenu
rhumatisme articulaire aigu, d’origine infectieuse par l’Agence nationale de la recherche (ANR).
(streptocoque).
Le projet de Centre thématique de recherche et de soins
de Bichat n’est toutefois pas acquis. Il doit être entériné
par le ministère de la Recherche dans le cadre de
prochains appels d’offre découlant de l’inscription de ces
centres dans la loi de programme pour la recherche du 18
avril 2006. S’il est sélectionné, le CTRES de Bichat
intègrera des équipes cliniques, des laboratoires du site
spécialisées dans le domaine cardiovasculaire, comme les
unités Inserm 695 et 698, des groupes associés
(médecine nucléaire et radiologie, anesthésiologie,
explorations fonctionnelles), des structures en perspective
comme l’équipe de recherche clinique consacrée à
l’athérosclérose coronaire et carotidienne, dont le projet
est porté par Pierre Amarenco et Gabriel Steg ; mais aussi
des équipes hors site à l’instar du Centre cardiologique du
03250 © Inserm médecine nucléaire. Nord, à Saint-Denis, de la Consultation Marfan à l’hôpital
Coron, ventricule gauche. Ambroise Paré (Boulogne-Billancourt), ou des laboratoires
de chimie et de biochimie de l’université Paris-Nord. « Le
centre a en effet une vraie vocation à s’ouvrir vers la
Les équipes du site Bichat ont acquis une véritable
banlieue nord de Paris », souligne Jean-Baptiste Michel.
expertise dans ces domaines, aussi bien pour la prise en
charge préventive, avec l’unité commune de prévention «
Au quotidien, le centre aura quatre sources de
diabétologie, cardiologie, neurovasculaire », que pour la
financement : l’Etat, via l’Inserm, qui apporte par exemple
prise en charge médicale, avec les unités de soins
275 000 euros annuels à l’unité 698 en budget de
intensifs en cardiologie, neurologie (accidents vasculaires
fonctionnement ou via les « contrats d’interface » qui
cérébraux), en chirurgie et la maîtrise des technologies
permettent à de jeunes cliniciens de dégager du temps
d’intervention dans l’athérothrombose coronaire et les
pour réaliser de la recherche durant trois ans ; les
valvulopathies.
fondations, notamment la fondation Leducq, réseau
transatlantique sur l’athérosclérose, qui a financé

18
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

l’équipement de protéomique à hauteur de 200 000 euros


; l’Europe, via le 6e et le 7e PCRD ; et les contrats avec
l’industrie du médicament (Sanofi-Aventis, Servier, GSK,
AstraZeneca, Boeringher Ingelheim, Pfizer…), l’industrie
agroalimentaire (Danone), et l’industrie des produits de
contraste en imagerie (Guerbet), de la protéomique
(Ciphergen), les entreprises de diagnostic (Ischemia
Technologies) et d’imagerie (Topspin Medical), ou des
entreprises de biotechnologie telles que Pharmaleads
(projet sur le développement de nouveaux peptides pour
l’imagerie du thrombus et des hématomes).

Pour en savoir plus

Contacts :

Jean-Baptiste Michel
jbmichel@bichat.inserm.fr

IFR 02 (faculté Bichat)


http://www.bichat.inserm.fr/

Centre cardiologique du Nord


http://www.se-ccn.fr/index1.html

Fondation Leducq
http://www.fondationleducq.org/

Pharmaleads
http://www.pharmaleads.com

19
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

Un réseau européen de biologie des


vaisseaux

Les connaissances de la biologie des vaisseaux Aussi le réseau EVGN se concentre-t-il pour l’heure sur
sanguins, clé de manifestations pathologiques aussi trois thèmes : le dysfonctionnement des cellules
importantes que l’athérosclérose évoluent très endothéliales, qui fait l’objet de six ateliers de travail ; la
rapidement. Un réseau européen coordonné à Paris prévention de l'instabilité des plaques d’athérosclérose,
joue là un rôle moteur. cause principale de la thrombose artérielle ; et
l'angiogenèse thérapeutique, qui ambitionne d’améliorer
Né le 1er janvier 2004, le réseau européen de génomique l'oxygénation du cœur chez les patients à risque en
vasculaire, EVGN (European Vascular Genomics Network), stimulant la croissance des vaisseaux sanguins.
vise à promouvoir et accélérer le transfert des
connaissances scientifiques pour améliorer le diagnostic et Un réseau qui ne se veut pas à côté de la plaque
le traitement des maladies cardiovasculaires, en
particulier l’athérosclérose. Il rassemble trente-cinq Par exemple, concernant la formation et l’évolution de la
laboratoires académiques appartenant à vingt-sept plaque d’athérosclérose, trois approches thérapeutiques
institutions, dont plusieurs unités parisiennes de l’Inserm sont envisagées – s’ajoutant aux médicaments anti-
(voir l’encart), répartis dans huit pays de l'Union cholestérol tels que les statines , explique Alain Tedgui. La
européenne et deux pays associés, Israël et la Suisse. S’y première vise à limiter l’inflammation en ciblant les
ajoutent deux sociétés de biotechnologie - ARK molécules d’adhérence de globules blancs impliqués dans
Therapeutics (Londres) et Technoclone (Vienne) - et une l’inflammation ou en bloquant des molécules (les
société de management, Inserm-Transfert, filiale privée chimiokines) qui attirent ces cellules. La deuxième tente
de l'Inserm qui administre le réseau. de stabiliser les plaques déjà formées en inhibant les
enzymes qui sont impliquées dans son instabilité. Le
L’inflammation, moteur de l’athérosclérose troisième axe consiste en une vaccination anti-plaque qui
exploiterait l’existence de cellules régulatrices et de
L’EVGN est l'un des « réseaux d'excellence » du sixième médiateurs comme l’interleukine 10 et le TGF bêta, qui
programme cadre de recherche et de développement inhibent la formation des plaques d’athérome (voir
technologique (PCRD) de l'Union européenne (1). Il l’article).
dispose d'un budget de fonctionnement de 9 M€ sur cinq
ans, dont 70 % sont consacrés aux programmes de L’EVGN a facilité la mise en place de plusieurs plates-
recherche, sous forme de 17 ateliers de travail formes technologiques ouvertes à tous les laboratoires
(workpackages). Chaque atelier jouit donc de cent mille membres du réseau. Les quatres premières sont axées
euros par an. Les deux premiers séminaires d’ateliers ont l’une sur la bioinformatique (Amsterdam), la seconde sur
été consacrés à la génomique et à la protéomique de la la protéomique (Londres), la troisième (Milan) sur l’étude
plaque instable, et à la bioinformatique. du poisson zèbre, un modèle animal très utile pour
analyser les aspects moléculaires du développement
tissulaire, et la quatrième sur la détection des
microparticules circulantes par cytométrie en flux (plate-
forme coordonnée par Chantal Boulanger à Lariboisière).

Le budget de l’EVGN lui permet aussi de développer aussi


bien des programmes de formation – la seconde école
d’été de biologie vasculaire s’est tenue en septembre
2006 en Sicile – et d’échanges de chercheurs entre
laboratoires, que des activités de communication, avec
une conférence européenne annuelle de biologie
vasculaire dont la prochaine aura lieu du 11 au 14
décembre 2006 à Toulouse.

Pour Alain Tedgui, coordonnateur scientifique du réseau et (1) Le Réseau d’excellence est un nouvel instrument
directeur de recherche dans l’unité Inserm 689 à l’hôpital européen dont l'objectif principal est de lutter contre la
Lariboisière (voir l’article sur le centre de recherche fragmentation des efforts de recherche en Europe à
Lariboisière), « l’EVGN permet aux scientifiques travers la structuration et l’intégration durable des
européens d'atteindre la masse critique nécessaire pour moyens de recherche.
renforcer la compétitivité de l'Europe dans le domaine de
la biologie vasculaire ». Il constitue une réponse concrète
à la reconnaissance de l’importance pathologique des
cellules qui tapissent la paroi des vaisseaux sanguins, les
cellules endothéliales. Ainsi, l’athérosclérose, la principale
cause des crises cardiaques et des accidents vasculaires
cérébraux, trouve son origine dans les mécanismes
complexes d’inflammation qui affectent la paroi vasculaire,
en particulier parce que les cellules endothéliales attirent
des globules blancs qui sécrètent des substances
inflammatoires.

20
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

Les laboratoires parisiens impliqués dans l’EVGN

• Inserm U. 689, Centre de recherche


cardiovasculaire Inserm Lariboisière (CRCIL), dir. :
Bernard Lévy

• Inserm U. 525, Génétique épidémiologique et


moléculaire des pathologies cardiovasculaires,
Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Dir. : François
Cambien

• Inserm U. 652, Physiologie et pharmacologie


vasculaire et rénale, Centre biomédical des
Cordeliers, Dir. : François Alhenc-Gelas

• Inserm U. 36, Pathologie vasculaire et


endocrinologie rénale, Collège de France, dir. :
Pierre Corvol

En savoir plus

Contacts

Alain Tedgui, Inserm U689


alain.tedgui@larib.inserm.fr

Catherine Clusel, Project-Manager d'EVGN, Inserm-


Transfert
catherine.clusel@tolbiac.inserm.fr

Sites utiles

EVGN
http://www.evgn.org

Inserm Transfert
http://www.inserm-transfert.fr

Ark Therapeutics
http://www.arktherapeutics.com

Technoclone
http://www.technoclone.com

21
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

Un vaccin contre l’athérosclérose

Vacciner contre la cause première de l’infarctus du Cette voie de vaccination thérapeutique a le vent en
myocarde : le pari semble démesuré. En fait, il poupe puisque des projets d’immunomodulation de la
repose sur des données scientifiques indéniables. formation de la plaque d’athérome – visant quant à eux
Quant à mettre en place un protocole d’étude d’un plutôt les lipoprotéines LDL, en charge du « mauvais »
tel procédé chez l’homme, il y a un grand pas à cholestérol - sont menés en Suède par Jan Nilsson
franchir. Une perspective qui ne décourage pas les (Hôpital de Malmö, Université de Lund) en collaboration
chercheurs, notamment à Paris. avec Prediman Shah (Cedars-Sinai Medical Center, Los
Angeles), et également aux Pays-Bas par Johan Kuiper et
Theo Van Berkel (Leyde, Amsterdam).
Voilà seulement dix ans, parler de cause inflammatoire
pour caractériser la genèse de l’athérosclérose et de
l’infarctus du myocarde aurait fait sourire plus d’un
cardiologue. Les temps ont bien changé. Dans les années
1990, des expériences menées sur des souris Pour en savoir plus
transgéniques qui développaient une athérosclérose en
accéléré ont permis une « dissection » moléculaire des
mécanismes à l’origine du développement de la plaque Association for eradication of heart attack (AEHA).
d’athérome. Elles ont révélé que certaines cellules http://www.aeha.org/
immunitaires (des lymphocytes T), en réponse à une http://www.aeha.org/Immunomodulation%20and%20vac
activation par une molécule de la plaque, produisent des cination%20-
médiateurs (ou cytokines) très inflammatoires : %20Association%20for%20Eradication%20of%20Heart%
l’interféron gamma (IFNγ), l’interleukine 1 bêta, 20Attacks.htm
l’interleukine 4 ou encore l’interleukine 18. De plus, en
clinique, on s’est aperçu que d’autres médiateurs de
l’immunité sont associées à un risque accru de thrombose Articles
et d’infarctus. C’est le cas de l’interleukine 8 ou du TNF
alpha. • J. Nilsson et al. (2005) Immunomodulation of
Atherosclerosis. Implications for Vaccine
La composante immunitaire et inflammatoire de la Development, Arteriosclerosis, Thrombosis, and
formation de la plaque d’athérome est donc désormais Vascular Biology 25:18.
bien établie parmi les scientifiques. Il serait donc logique http://atvb.ahajournals.org/cgi/content/full/25/1
d’essayer d’inhiber les molécules en jeu. Le problème, /18
c’est que ces cytokines sont indispensables à l’activation
des défenses immunitaires ; si bien qu’une telle tentative • A. Tedgui et Z. Mallat (2006) Cytokines in
risquerait d’accroître énormément le risque d’infections. atherosclerosis : pathogenic and regulatory
pathways, Phys. Rev. 86, 515-581.
Eduquer les cellules T
• G.K. Hansson, P. Libby (2006) The immune
Comment dès lors réduire l’inflammation artérielle sans response in atherosclerosis: a double-edged
provoquer des effets dommageables ? Les équipes d’Alain sword, Nature Reviews Immunology 6, 508-519
Tedgui et Ziad Mallat (Centre de recherche
cardiovasculaire Inserm Lariboisière CRCIL, Inserm U. • Une nouvelle cible pour bloquer le
689), de David Klatzmann et Benoit Salomon (Unité mixte développement des tumeurs ou traiter l’infarctus,
de Recherche 7087, Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière) communiqué de l'Institut Curie, avril 2005
et de Göran Hansson (Institut Karolinska, Stockholm) ont http://www.curie.fr/upload/presse/natmed-
découvert en 2005 qu’une sous-population de angiogenese.pdf#search=%22tedgui%20mallat
lymphocytes T régulateurs (qui portent le marqueur %20filetype%3Apdf%22
CD25) est capable d’inactiver les cellules T qui favorisent
l’inflammation artérielle chez plusieurs modèles de souris. • H. Ait-Oufella et al. (2005) Nature Medicine
Ils sécrètent en effet de l’interleukine 10 (IL-10) et du 12:178-180
TGF bêta, deux cytokines puissamment anti-athérogènes. http://depts.washington.edu/rheum/JC%202-
Ainsi, un taux sanguin réduit d’IL-10 semble être un 14.pdf#search=%22tedgui%20nature%20medici
indicateur de plaque instable et d’un risque de thrombose. ne%22

Si les cellules T pouvaient être « éduquées » pour • Z. Mallat, A. Tedgui (2004) Apoptose et
répondre à des molécules présentes uniquement dans la syndromes coronariens aigus, Médecine-sciences
plaque d’athérome, et si l’on pouvait les stimuler in vivo, 20:298-303
on disposerait d’un procédé de vaccination spécifique http://www.erudit.org/revue/ms/2004/v20/n3/0
contre la formation de plaques d’athérome instables, 07849ar.pdf#search=%22tedgui%20athero%20f
estiment les chercheurs parisiens. Cette inhibition ne iletype%3Apdf%22
serait sans doute pas totale mais réduirait
significativement le risque d’accident vasculaire, en • Z. Mallat et al. (2003) Induction of a Regulatory
complément d’autres thérapeutiques. C’est l’objectif d’un T Cell Type 1 Response Reduces the
projet de recherche que coordonne Alain Tedgui et Ziad Development of Atherosclerosis in Apolipoprotein
Mallat à Paris et qui devrait déboucher d’ici la fin 2006 sur E–Knockout Mice, Circulation 108:1232
la création d’une entreprise de biotechnologie. Les http://circ.ahajournals.org/cgi/content/full/108/1
chercheurs réfléchissent déjà au mode d’administration du 0/1232
vaccin.

22
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

Vers la thérapie cellulaire de


l’insuffisance cardiaque ?

L’insuffisance cardiaque frappe 500 000 personnes Pr. Menasché. Seule une faible proportion (3 %) des
en France et 20 millions dans le monde. L’un des cellules injectées restent dans le cœur ; les autres sont
traitements envisagés consiste à régénérer la zone évacuées dans la circulation générale. De plus, parmi les
du cœur lésée après un infarctus grâce à des cellules qui restent dans le myocarde, beaucoup périssent.
cellules souches. « De telles cellules, isolées les unes des autres, ne
trouvent pas l’environnement tissulaire tridimensionnel
En janvier 2001, une équipe parisienne (Hôpital Bichat & qui leur est nécessaire », analyse le chercheur. L’une des
Inserm) révéla une première mondiale dans la revue solutions pourrait être d’associer les cellules
britannique The Lancet. Un homme de 72 ans atteint thérapeutiques à une matrice extracellulaire adaptée.
d’une insuffisance cardiaque grave consécutive à un
infarctus du myocarde avait reçu au cours d’un pontage
coronaire l’injection de quelques 800 millions de cellules
d’origine musculaire dans la partie nécrosée du muscle
cardiaque. Ces cellules avaient été obtenues à partir d’un
prélèvement effectué trois semaines auparavant dans un
muscle de la cuisse du même patient. Cinq mois après la
greffe, la zone affectée avait retrouvé une certaine
contractilité, mesurable par échographie (1). En avril
2003, cette amélioration fut confirmée chez neuf autres
hommes (2). D’après cette étude et les expériences
menées chez l’animal, le possible effet thérapeutique
constaté proviendrait sans doute des cellules
transplantées, appelées myoblastes, cellules souches
adultes prélevées dans le muscle squelettique et qui ont la
capacité de se diviser et de se différencier en fibres © Dr Jean-François Vilquin/
Inserm/AFM/CNRS
musculaires. Encore fallait-il l’attester. Or le premier
patient mourut dix-sept mois après l’opération des suites La voie des cellules souches embryonnaires
d’une occlusion artérielle, indépendante de la
transplantation ; l’analyse histologique post-mortem Le Pr. Philippe Menasché croit beaucoup à une autre voie
montra que la zone cardiaque greffée comportait des d’amélioration. Son unité Inserm 633 mène des travaux
cellules musculaires viables (3). Il apparaissait ainsi que la expérimentaux in vitro ou chez l’animal (rat, mouton,
thérapie cellulaire par injection de myoblastes constituait singe) afin d’évaluer la « deuxième génération » de
une voie à explorer pour traiter l’insuffisance cardiaque. cellules pour la thérapie cellulaire cardiaque : les cellules
Néanmoins, un essai de plus grande ampleur devait être souches embryonnaires, connues pour leur grande «
mené pour le confirmer. plasticité », c’est-à-dire leur capacité à se différencier en
un grand nombre de types cellulaires. Cet effort est
Les essais cliniques réalisé avec le groupe de Michel Pucéat, pionnier des
greffes cardiaques de cellules souches embryonnaires
En 2002, l’équipe parisienne, menée par Philippe chez le rat et qui a rejoint le nouvel Institut des cellules
Menasché, professeur-praticien hospitalier (PU-PH) dans souches d’Evry (I-Stem) début 2006. En septembre 2005,
le service de chirurgie cardiaque de l’Hôpital Européen ces scientifiques ont obtenu des résultats encourageants
Georges-Pompidou (HEGP) et directeur de l’unité Inserm chez le mouton. Ils ont d’abord traité des cellules souches
633, est donc passée à l’étape suivante de cette embryonnaires de souris par un facteur de croissance, qui
exploration thérapeutique: un essai clinique international permit de les « pré-orienter » vers un devenir de cellules
de phase II sous l’égide de l’Assistance publique des cardiaques. Puis ils les ont injectées dans le cœur de neuf
hôpitaux de Paris (AP-HP), en collaboration avec la société moutons qui avaient préalablement subi un infarctus
américaine Genzyme, et toujours sur la base du procédé expérimental. Un mois plus tard, ces cellules
de culture de myoblastes développé par Myosix S.A. et embryonnaires avaient terminé leur différenciation en
utilisé dans la Phase I. Appelée MAGIC (Myoblast cellules cardiaques et avaient colonisé 20 à 30 % de la
Autologous Grafting in Ischemic Cardiomyopathy, Greffe zone cardiaque nécrosée (4).
de myoblastes autologues dans la cardiomyopathie Prochaine étape, peut-être dès 2007 : l’homme…
ischémique), cette étude randomisée, sous contrôle
placebo et en double aveugle implique environ trente
centres investigateurs cliniques dans plusieurs pays
(France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni, Belgique).
L’objectif de cet essai est d’évaluer l’activité thérapeutique
et les effets possibles secondaires de la thérapie cellulaire
à partir de myoblastes ou solution placebo. Quatre-vingt- (1) P. Menasché et al. (2001) The Lancet 357: 279-280.
dix-sept patients ont été traités par injection de http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS014
myoblastes dans les zones nécrosées du cœur. Les 0673600036175/fulltext
résultats préliminaires, qui portent sur un suivi à six mois, (2) P.Menasché et al. (2003) J Am Coll Cardiol. 41(7):
seront annoncés par le Pr. Menasché lors du congrès 1078-1083.
international de l’American Heart Association, le 15 (3) A.A. Hagège et al. (2003) The Lancet 361: 491-492.
novembre 2006. http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS014
0673603124580/fulltext
Des enjeux à surmonter (4) C. Menard et al. (2005) Lancet 366: 1005-1012.
Pour l’heure, le procédé actuel de thérapie à partir de
myoblastes se heurte à une difficulté de taille, explique le

23
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

Pour en savoir plus

J.-T. Vilquin, J.-P. Marolleau (2004) Thérapie cellulaire de


l’insuffisance cardiaque, médecine/sciences
http://www.erudit.org/revue/ms/2004/v20/n6-
7/008684ar.html

Myosix
http://www.myosix.com

MG Biotherapeutics
http://www.mgbiotherapeutics.com/

Bioheart Inc.
http://www.bioheartinc.com/

GenVec
http://www.genvec.com/

24
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

La bioingénierie cardiovasculaire

Dans le vaste champ en devenir de la médecine


réparatrice, l’ingénierie biologique a une carte anticoagulant tout au long de la vie, tandis que les
maîtresse à jouer par sa capacité à conjuguer des biologiques ont une durée de vie limitée qui restreint leur
savoir-faire issus de la chimie, de la biologie, de la usage aux patients âgés.
médecine ou de la science des matériaux. Le
traitement des pathologies du cœur et des Les innovations du génie tissulaire
vaisseaux sanguins en est l’une des applications.
Depuis la fin des années 1990, une nouvelle technologie,
Dans les années soixante, le rhumatisme articulaire aigu, le génie tissulaire, propose de remplacer les tissus
d’origine infectieuse, sévissait encore largement dans les défaillants par des tissus reconstruits ou régénérés à
pays industrialisés et frappait surtout les enfants en partir de cellules vivantes et de biomatériaux synthétiques
provoquant, entre autres dommages, le rétrécissement de ou naturels.
certaines valves cardiaques, les soupapes naturelles qui
régulent le flux sanguin entre les compartiments du cœur. Une première démarche consiste à modifier la surface des
Sous l’impulsion d’Albert Starr, des chirurgiens américains matériaux par des composés chimiques qui induisent une
mirent alors au point des prothèses mécaniques capables réaction biologique. Par exemple, on implante des « stents
de remplacer les valves déficientes et purent sauver des bioactifs » recouverts d’un polymère depuis lequel de
milliers de vies. l’ADN (à des fins de thérapie génique chez l’animal) ou un
agent pharmacologique utilisé chez l’homme peut diffuser
Valves, stents et vaisseaux progressivement. Cependant, le rappel en France des
stents coronaires EXPRESS 2 et TAXUS EXPRESS 2 de la
Depuis lors, la médecine cardiovasculaire est entrée dans société Boston Scientific en juillet 2004, suite à plusieurs
l’ère des « biomatériaux », c’est-à-dire de matériaux non cas de non-dégonflement du ballonnet lors de la pose du
vivants, synthétiques ou naturels, capables d’interagir stent, et la publication en 2004 de quatre cas d’infarctus
avec les tissus vivants. En 1968, l’équipe parisienne du myocarde après pose d’une telle prothèse remettent en
d’Alain Carpentier parvient à greffer chez l’homme une « question cette technique (bien qu’il semble que, dans le
bioprothèse » de valve cardiaque, d’origine porcine. En deuxième cas, ces accidents aient été consécutifs à l’arrêt
1986 et 1987, l’équipe de Jacques Puel, à l’hôpital Purpan du traitement anti-agrégant plaquettaire du type
de Toulouse, et celle d’Ulrich Sigwart, à Lausanne, aspirine).
réussissent les premières implantations humaines d’une
prothèse intravasculaire, ou « stent » (tuteur), dans une Toutefois, son champ d’applications est tel qu’elle devrait
artère coronaire (qui alimente le muscle cardiaque). encore connaître des développements thérapeutiques.
Formé d’un cylindre en treillis métallique, un stent agit à Ainsi à l’hôpital Bichat (Paris), l’équipe Inserm de Didier
la manière d’un petit ressort pour maintenir la circulation Letourneur, l’une des rares en France à étudier l’ingénierie
dans une artère dont le conduit s’est rétréci (sténose). tissulaire cardiovasculaire (voir l’encadré), s’intéresse
Ces prothèses sont désormais implantées, chaque année particulièrement à des polysaccharides par exemple issus
dans le monde, chez plus d’un million et demi de patients d’algues brunes, les fucoïdanes, dont elle a montré qu’ils
souffrant de sténose coronaire, à l’occasion d’une limitent fortement la sténose artérielle.
angioplastie (opération de dilatation artérielle).
Une deuxième approche, qui reste expérimentale, consiste
à reconstituer artificiellement un vaisseau sanguin en «
ensemençant » des biomatériaux comme le Dacron, ou
biodégradables tels certains polymères, avec des cellules
endothéliales, qui constituent la paroi naturelle des
vaisseaux sanguins. Ces cellules peuvent être modifiées
génétiquement pour les rendre plus adhérentes au
biomatériau et donc plus résistantes au flux sanguin. On
peut aussi utiliser des cellules souches de la moelle
osseuse, des cellules issues du tissu graisseux ou des
cellules musculaires lisses. L’approche préliminaire
utilisant des cellules endothéliales donne déjà lieu à des
essais cliniques.

Régénération in vitro
L’autre grande innovation permise par l’utilisation de
biomatériaux est le remplacement de portions d’artères La troisième technique du génie tissulaire, peut-être la
par des tubes souples constitués de matériaux plus ambitieuse, consiste à reconstituer entièrement des
synthétiques comme le Dacron. Application majeure : les vaisseaux sanguins à partir de cellules. Elle apparaît
pontages artériels, essentiellement au niveau des jambes, réalisable depuis que des chercheurs du LOEX
mais aussi des coronaires. (Laboratoire d’Organogenèse Expérimentale, Hôpital du
Saint-Sacrement, Québec) ont réussi, en 1998, à
Cependant, ces progrès spectaculaires ont leurs limites. fabriquer un vaisseau in vitro en cultivant séparément les
Dans au moins 20 % des cas, les stents n’empêchent pas diverses couches cellulaires qui constituent sa paroi.
une nouvelle sténose du vaisseau ; ils provoquent une
inflammation de la paroi vasculaire et une prolifération de Pour toutes ces techniques de génie biologique appliquées
cellules musculaires lisses qui conduisent à la diminution au domaine cardiovasculaire, le passage à la clinique
du conduit artériel. De même, les prothèses vasculaires prendra encore des années. Il faut en effet, d’un côté,
synthétiques ne fonctionnent que pour les raccords de mettre au point des matériaux synthétiques ou naturels,
gros calibre (6 mm au minimum) ; en deçà, ils ont ou des tissus vivants, à la fois biocompatibles (acceptés
tendance à s’obstruer. Quant aux prothèses de valves par l’organisme hôte) et bioactifs (réalisant l’action
cardiaques, les mécaniques imposent un traitement biologique ou pharmacologique souhaitée), de l’autre

25
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

élucider expérimentalement et chez l’animal les


mécanismes biologiques qui sont mis en jeu une fois ces Le laboratoire Bio-ingénierie de Polymères
biomatériaux ou ces tissus greffés. Un double travail - Cardiovasculaires (LBPC)
auquel s’ajoute la veille technologique et le dépôt de
Dirigé par Didier Letourneur, directeur de recherche au CNRS,
brevets ! - pour lequel la nécessaire collaboration
ce laboratoire est l’une des composantes de l’unité
interdisciplinaire entre chimistes, biologistes, médecins,
Inserm 698 (voir l’entretien avec Jean-Baptiste Michel).
radiologues, physiciens ou encore pharmaciens ne Rattaché à l’Université Paris 13 (Institut Galilée, Villetaneuse),
s’improvise pas… il a obtenu pour 2005-2008 le statut d’« équipe de recherche
technologique » (ERT) de l’université Paris 7.

Créé en 2002, il compte une quinzaine de chercheurs et


techniciens et une dizaine d’étudiants (thèses, post-docs,
Masters). Pluridisciplinaire, il se situe à l’interface entre la
chimie, l’ingénierie des matériaux, la biologie, l’imagerie
biomédicale et la recherche cardiovasculaire. Didier
Letourneur a ainsi une formation d’ingénieur en matériaux et
de chimiste, et s’est ensuite formé à la biologie vasculaire.

Le principal objectif du LBPC est d’élaborer des biomatériaux


polymères, notamment à base de polysaccharides (sucres)
naturels ou synthétiques, qui pourront être employés comme
prothèses intravasculaires (stents), ou afin de reconstituer
des vaisseaux. Une thématique unique en Ile-de-France, et
rare en France. Ce travail a d’ores et déjà une application
concrète et brevetée, développée avec la société Biopredic
Pour en savoir plus : (http://www.biopredic.com) : la réalisation de supports «
naturels » de cellules, de tissus et d’organes permettant de
• J.F. Deux et al. (2002) Low Molecular Weight les transporter dans un conditionnement protecteur qui leur
Fucoidan Prevents Neointimal Hyperplasia in Rabbit évite d’être endommagés.
Iliac Artery In-Stent Restenosis Model, Arterioscler.
Thromb. Vasc. Biol. 22: 1604-1609. Un deuxième programme d’activités porte sur la thérapie
http://atvb.ahajournals.org/cgi/content/full/22/10/16 génique artérielle : il s’agit de mettre au point des
04 biopolymères capables de faire s’exprimer des gènes et de
libérer progressivement dans la paroi des artères les protéines
• B. Chevalier et al. (2003) De l’usage des correspondantes, qui agiront à des fins anti-thrombotiques,
anti-inflammatoires ou pour inhiber la migration des cellules
endoprothèses coronaires, Arch. Mal. Cœur Vaiss. 96
musculaires lisses.
: 163-174.
http://www.webcardio.com/newsletter/pdf/Groupe_A Enfin, un troisième programme concerne l’imagerie par
C_chevalier_163.pdf résonance magnétique (IRM) de la plaque d’athérosclérose
pour laquelle l’équipe développe de nouveaux agents de
• Helen M. Nugent, Elazer R. Edelman (2003) Tissue contraste spécifiques d’éléments présents dans ces dépôts, de
Engineering Therapy for Cardiovascular Disease, manière à détecter ceux qui peuvent donner lieu à un accident
Circulation Res. 2003;92:1068 vasculaire (cf l’article « Voir la plaque d’athérome »). Ce
http://circres.ahajournals.org/cgi/content/full/92/10/ programme s’inscrit dans le projet ATHIM (Imagerie
1068 moléculaire de l’athérothrombose) du pôle de compétitivité
Meditech Santé, piloté par la société Guerbet avec comme
• N. L’Heureux et al. (1998) A completely biological partenaires Mauna Kea Technologies, l’unité 698 et trois
tissue-engineered human blood vessel, FASEB J. autres équipes Inserm (U. 652, U. 660, U. 689).
1998;12:47-56.
http://www.fasebj.org/cgi/content/full/12/1/47 LBPC
http://www-galilee.univ-paris13.fr/institut/labo/lbpc1.php
http://www.fmed.ulaval.ca/loex/FASEB.html#fra

• P. Dupouy (2000) Stents coronaires : de la


conception à l’utilisation, Sang Thrombose Vaisseaux
12 : 89-96.
http://www.john-libbey
eurotext.fr/fr/revues/medecine/stv/e-
docs/00/03/D1/47/article.md?type=text.html

• A. Meddahi-Pellé et al. (2004) Biomatériaux


vasculaires : du génie biologique et médical au génie
tissulaire, Médecine/Sciences 20 : 679-684.

• LOEX (Laval)
http://www.fmed.ulaval.ca/loex/LAEX.html

• Biomaterials Network Artères iliaques de lapin 14 jours après angioplastie et pose


http://www.biomat.net/ d’un stent. A gauche (A et C) groupe témoin ; à droite (B et
D), artères traitées par un fucoïdane. On voit que ce
• Biomatériaux, ingénierie tissulaire et médecine polysaccharide limite la prolifération de cellules musculaires
régénérative en France lisses qui, dans le groupe témoin, envahissent la lumière
http://www.biomat.fr artérielle (sténose, flèche).

Source : J.F. Deux et al. (2002) Arterioscler.


Thromb. Vasc. Biol. 22: 1604-1609.

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Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

Voir la plaque d'athérome pour


prévenir l'infarctus

La détection précoce des plaques d’athérome La méthode d'avenir dans ce domaine est l'imagerie de
instables permettrait de réduire les accidents résonance magnétique (IRM). Non invasive, n'utilisant
thrombotiques (infarctus du myocarde, accidents aucun produit radioactif, elle permet d'atteindre de
vasculaires cérébraux,…), première cause de grandes résolutions spatiales, de l'ordre de 300 µm,
mortalité et de handicap dans les pays contre 6 mm pour la TEP par exemple. Le scanner de
industrialisés. L’imagerie par résonance magnétique dernière génération (tomographie par rayons X à
de haute résolution semble bien placée pour jouer multidétecteurs) permet quant à lui de visualiser la
ce rôle de surveillance. lumière des artères coronaires de façon non invasive,
mais il délivre toutefois des radiations à haute dose et
A l’intérieur de nos artères, sur et dans leurs parois, se offre moins de détails que l'IRM.
forment inéluctablement au fur et à mesure de la vie des
dépôts graisseux et fibreux, les plaques d’athérome (du IRM : de la théorie à la pratique
grec athara : bouillie de farine). C’est l’athérosclérose.
Certaines de ces plaques peuvent se rompre ou s’éroder L’IRM repose sur la capacité qu’ont les atomes
et entraîner la formation d’un bouchon, ou thrombus, d’hydrogène, les protons, de s’orienter dans un champ
dans les artères (embolie). S’il s’agit d’une artère magnétique et d’absorber et rendre de l’énergie. Elle
coronaire, le thrombus peut provoquer une asphyxie du mesure l’aimantation des protons d’un tissu lorsqu’on lui
muscle cardiaque, qui se manifeste par une angine de applique un champ magnétique intense. Les images
poitrine (angor instable) ou, pire, un infarctus du obtenues après traitement informatique tirent parti du fait
myocarde voire une mort subite ; si c’est une artère que la qualité et l’intensité des signaux renvoyés varient
carotide qui est affectée, un accident vasculaire cérébral selon la composition et la concentration moléculaires du
(AVC) peut survenir et provoquer la mort ou de graves tissu. En appliquant différentes « séquences d’imagerie »
séquelles. donnant des informations complémentaires, on peut
Plus que le degré de rétrécissement de la lumière d’une quantifier l’importance des principaux composants
artère (sténose) ou que la taille de la plaque d’athérome, lipidiques, fibreux ou calcifiés de la plaque d’athérome et
c’est la composition de cette dernière, ajoutée à la donc apprécier le degré d’évolution de la plaque
réaction inflammatoire locale, qui détermine le risque de d’athérome.
thrombose. Ce sont en effet ces deux facteurs associés
qui influencent la probabilité que la plaque soit Du moins en théorie, ou ex vivo. In vivo, l’affaire se corse
déstabilisée. car il faut d’abord annuler le signal engendré par le flux de
sang circulant ; une technique dite en « sang noir » est
Identifier les lésions à risque employée à cette fin. Il faut ensuite parvenir, explique
Jean-François Toussaint, cardiologue du « Pôle Imagerie
Les plaques stables à faible risque vasculaire possèdent et Explorations Fonctionnelles » de l’Hôtel-Dieu et l’un des
une chape fibreuse épaisse. Les plaques à haut risque, pionniers de cette technologie en France (voir l’article sur
dites vulnérables, possèdent un noyau riche en lipides et ce pôle), à compenser en temps réel les artefacts créés
en macrophages (un type de cellules de « nettoyage » par les mouvements respiratoires et cardiaques. C’est en
actives dans l’inflammation), recouvert d’une très fine particulier très difficile pour les artères coronaires dont
chape fibreuse qui a tendance à se fissurer. Si l’on pouvait l’épaisseur de paroi est très petite (inférieure à 1 mm) et
visualiser ces plaques et en déduire leur composition, on qui sont soumises « de plein fouet » aux mouvements
pourrait peut-être déterminer les risques de rupture de la cardiaques. Plus la résolution exigée est grande, ce qui est
chape et prévenir les accidents thrombotiques. le cas pour de petits vaisseaux, plus le temps nécessaire à
l’acquisition des images est important, et plus la
sensibilité aux artefacts se fait sentir. Il faut donc tenter
de synchroniser l’acquisition des images sur le rythme
cardiaque ou « faire la moyenne » de plusieurs images
obtenues lors de plusieurs battements cardiaques, avec
un risque de déperdition en qualité.

Malgré tout, depuis cinq ans, suite et parallèlement à des


études réalisées sur le lapin et le porc, les équipes de
Warren Manning (Harvard Medical School, Cambridge) et
de Valentin Fuster (Mount Sinai School of Medicine, New
York) ont montré que l’identification par IRM de plaques
coronaires est possible in vivo chez l’homme. Pour l’heure
toutefois, l’application clinique de l’IRM concerne
essentiellement le terrain carotidien et les gros vaisseaux
Plaque d’athérosclérose instable tels que l’aorte.

Parviendra-t-on à utiliser un jour « en routine » cette


De l’idée à la réalisation, il y a cependant un gouffre. technologie ? On peut l’espérer. Toutefois, explique
Plusieurs techniques d’imagerie ont été testées : Gérard Helft, cardiologue à l’Institut de cardiologie de la
invasives (angiographie par rayons X, angioscopie faculté de médecine de la Pitié-Salpêtrière et ancien
coronaire, échographie intravasculaire, tomographie par collaborateur de l’équipe de Valentin Fuster, « la
cohérence optique…) ou non invasives : scintigraphie, multiplicité des plaques chez un individu est telle qu’il est
tomographie par émission de positons (TEP), échographie, difficile de savoir celles qu’il faudra analyser par IRM ; on
entre autres ; mais aucune d’elles ne permet vraiment de est face à une vraie complexité d’adaptation de cette
caractériser la composition de la plaque d’athérome et technologie ». Sans doute faudra-t-il conjuguer les forces.
donc d’identifier les plaques instables, à haut risque. Pas toujours facile cependant si l’on en croit l’expérience

27
Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

du Pr Helft qui ne peut accéder pour des recherches sur Mauna Kea Technologies et quatre équipes de l’Inserm :
l'imagerie de la plaque aux appareils d’imagerie de la l’unité 652 Physiologie et pharmacologie vasculaire et
Pitié-Salpêtrière, « barrés » par les radiologues. rénale, centre des Cordeliers, l’unité 689 Centre de
recherche cardiovasculaire Lariboisière ; l’unité 698
Hématologie, bioingénierie et remodelages
cardiovasculaires, hôpital Bichat ; et l’unité 660
Physiopathologie et pharmacologie des insuffisances
coronaire et cardiaque, Créteil. Par exemple, un agent de
contraste à base de nanoparticules d’oxyde de fer appelé
USPIO (Ultrasmall Superparamagnetic Particles of Iron
Oxide) est capté préférentiellement par les macrophages
et pourrait donc servir à identifier les plaques
d’athérosclérose à risque.
IRM in vivo d'artères du cœur humain montrant une plaque
lipidique (A), une plaque fibreuse (B) de la coronaire gauche et Les chercheurs tablent aussi sur la technique dite
une lésion ectasique de la coronaire droite (C). RV: ventricule d’imagerie par diffusion, développée dans les années 1980
droit; LV: ventricule gauche aux Etats-Unis puis au CEA d'Orsay par l'équipe de Denis
le Bihan (Service Hospitalier Frédéric Joliot). Elle
caractérise la diffusion des molécules d’eau dans un tissu
Prédire le risque ; or cette diffusion est ralentie dans les plaques
d’athérosclérose. Cette technique est l’un des principaux
L’un des objectifs immédiats des recherches consiste à fers de lance de la future plate-forme NeuroSpin du CEA
vérifier si les paramètres de l’imagerie sont prédictifs d’un de Saclay, en voie d’achèvement.
risque individuel de récidive d’accident vasculaire cérébral
et de valider le concept de « plaque instable », en liaison L’adaptation de l’IRM à l’analyse des plaques
avec les paramètres cliniques et biologiques. d’athérosclérose prendra encore quelques années, « tant
la complexité des paramètres en jeu est grande, ce qui
A cette fin, Catherine Oppenheim, neuroradiologue à rend difficile la standardisation des pratiques », explique
l’hôpital Sainte-Anne (département d'imagerie Jean-François Toussaint. Mais une fois maîtrisée, cette
morphologique et fonctionnelle), et Emmanuel Touzé, technique pourrait permettre d’une part d’identifier in vivo
neurologue, au sein de l’équipe d’accueil de l’Université les lésions artérielles à risque avant l’apparition des
Paris 5 « Accidents vasculaires cérébraux : déterminants premiers symptômes, d’autre part de suivre l’évolution
du pronostic et apports de l’imagerie », dirigée par le Pr des plaques d’athérome sous traitement médicamenteux.
Jean-Louis Mas), coordonnent une étude prospective qui L’outil pourrait donc se révéler très utile pour le
intègrera 350 patients : HIRISC (High Resolution développement clinique de nouvelles molécules anti-
magnetic resonance Imaging in patients with Stenosis of athérosclérose, qui représentent un marché annuel de
Carotid artery, IRM haute résolution des sténoses plusieurs milliards d’euros.
athéroscléreuses de l’artère carotide). Financée par un
Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC),
HIRISC réunit sept centres universitaires français et des
équipes pluridisciplinaires de neurologues et d’imageurs
(Sainte-Anne et Hôpital européen Georges Pompidou,
Hôtel-Dieu, Pitié-Salpêtrière, CHRU Lille, hôpitaux de
Poitiers, de Rouen, de Nancy, Montpellier). Les résultats
définitifs sont attendus pour 2008.

Les évaluations intermédiaires ont montré que les


mesures des paramètres quantitatifs de l’imagerie
(volume de la plaque et du cœur lipidique) sont fiables
même s’il existe un certain degré de variabilité dans
l’interprétation des images, variabilité qu’il faudra prendre Pour en savoir plus
en compte pour interpréter les résultats des essais
thérapeutiques qui utiliseront cette technique pour juger
de l’efficacité des traitements médicamenteux, note
Catherine Oppenheim. V. Fuster, R.J. Kim (2005) Frontiers in Cardiovascular
Magnetic Resonance, Circulation 112:135-144.
Vers une imagerie moléculaire des plaques http://circ.ahajournals.org/cgi/reprint/112/1/135
d'athérosclérose

L’un des perfectionnements attendus de l’IRM à haute M. Sirol et al. (2003) Molecular imaging for the diagnosis
résolution passe par l’utilisation de nouveaux « agents de of High-Risk Plaques, Archives des Maladies du cœur et
contraste ». Ces produits sont injectés pour opacifier les des Vaisseaux 96: 1219-1224.
vaisseaux que l’on visualise. En IRM, ce sont http://www.webcardio.com/Fonds_documentaire/AMC/96
généralement des complexes de gadolinium ou de ferrite. _12/AMC_96_12_1219.pdf
Modifiés de manière à « cibler » des cellules ou des
facteurs spécifiques (macrophages, molécules impliquées
dans l’inflammation, etc.), ils conduisent à une imagerie R.P. Choudhury et al. (2004) Molecular, Cellular and
cellulaire et moléculaire des vaisseaux sanguins. Sur ce Functional Imaging of Atherothrombosis, Nature Reviews
point, plusieurs équipes sont engagées dans le projet Drug Discovery 3: 913-925.
ATHIM (Imagerie moléculaire de l’athérothrombose) mené http://www.sai.org/publications_choudhury_2004.pdf
dans le cadre du pôle de compétitivité MediTech Santé
(désormais Medicen Paris Region) et coordonné par la
société Guerbet (Villepinte et Aulnay-sous-Bois) (voir Society of Atherosclerosis Imaging (SAI)
l’article sur Athim). Outre Guerbet, le projet rassemble http://www.sai.org/

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Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

Un pôle d'imagerie à l'hôtel dieu

Appuyé sur les services de radiologie, de médecine


nucléaire, et l’unité Sommeil et vigilance, dirigés
respectivement par les professeurs Dominique Vadrot,
Jean-Luc Moretti et Damien Léger, le Pôle d’imagerie et
d’explorations fonctionnelles de l’Hôtel-Dieu, créé début
2006, s’inscrit dans le développement accéléré du secteur
en région parisienne depuis deux ans (cf l’article « voir la
plaque d’athérome… »).

Equipés d’un scanner multibarettes (c’est-à-dire


multidétecteurs), d’appareils d’échographie et de
scintigraphie, et début 2007 d’une scintigraphie couplée
au scanner et d’une machine d’IRM de 1,5 Tesla, ses
quelque trente chercheurs et cliniciens souhaitent
développer l’imagerie à des fins de dépistage et de
prévention, notamment des affections coronariennes et
des cardiopathies ischémiques chez les patients à haut
risque, explique Jean-François Toussaint, cardiologue et
enseignant-chercheur, qui a rejoint l’Hôtel-Dieu en février
2006 après plusieurs années passées à l’hôpital Pompidou
(HEGP). « Ces technologies doivent viser à éviter les
complications fréquentes des accidents ischémiques :
infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux,
insuffisance cardiaque », souligne Jean-François
Toussaint.

Plaque Fibrolipidique vue en IRM

Le pôle a engagé des collaborations suivies, tournées vers


cet objectif de prévention : avec l’unité Inserm 652
(Physiologie et pharmacologie vasculaire et rénale) dirigée
par François Ahlenc-Gelas au Centre des Cordeliers, unité
dont Jean-François Toussaint est membre, avec l’équipe
de Catherine Oppenheim, Jean-François Méder et Jean-
Louis Mas à Sainte Anne, l’équipe d’Alain Tedgui au sein
de l’unité Inserm 689 dirigée par Bernard Lévy (voir
l’article sur cette unité), le laboratoire Bioingénierie de
polymères cardiovasculaires (LBPC) qu’anime Didier
Letourneur à Bichat (Inserm U. 698), ou encore avec le
centre de recherche de la société Guerbet (Aulnay-sous-
Bois). Toutes ces équipes se retrouvent au sein du projet
ATHIM (imagerie de l’athérothrombose) du pôle Medicen
Paris Région (voir l’article sur Athim).

L’Hôtel-Dieu offre parallèlement, pour amplifier cette


démarche de prévention cardiovasculaire, des points de
convergence entre spécialistes de l’imagerie et cliniciens
grâce à la présence de services renommés en nutrition (Pr
Arnaud Basdevant), en diabétologie (Pr Christian Boitard)
ou du centre de diagnostic (Pr Jacques Blacher).

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Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

L’imagerie moléculaire de
l’athérothrombose : le projet ATHIM

Comment détecter au plus tôt les plaques Un défi pas insurmontable pour Eric Lancelot, qui estime
d’athérome instables, dites vulnérables, qui que le projet est sur de bons rails, avec quatre
risqueront de provoquer la formation d’un caillot programmes bien avancés et des projets de publications.
dans une artère et par suite un infarctus du Rendez-vous dans quelques mois pour un nouveau bilan.
myocarde ou un accident vasculaire cérébral ?

Une question aussi complexe implique de faire travailler


ensemble des « fondamentalistes », des cliniciens et des
industriels. Sont ainsi mises en commun les connaissances Les acteurs d’ATHIM
sur les mécanismes d’évolution des plaques, leur
composition cellulaire et moléculaire, et les méthodes
d’imagerie susceptibles d’identifier les caractéristiques des Quatre équipes de l’Inserm :
plaques d’athérome et leur évolution vers une forme
instable.
• Unité 652, Physiologie et pharmacologie vasculaire et
Depuis décembre 2005, le projet ATHIM (imagerie de rénale, centre des Cordeliers (Université Paris 5),
l’athérothrombose) du pôle de compétitivité Medicen Paris responsable scientifique : JF. Toussaint
Région (anciennement MediTech santé) met en musique http://www.inserm-iledefrance.fr/pdf/U%20652.pdf
un tel réseau avec l’objectif de produire d’ici 2009 des
nouveaux agents de contraste exploitables en imagerie
par résonance magnétique (IRM) afin de détecter les • Unité 689, Centre de recherche cardiovasculaire
plaques d’athérome vulnérables. Piloté par la société Inserm Lariboisière, Université Paris 7, responsable
Guerbet, dont le centre de recherche se trouve à Aulnay- scientifique : A. Tedgui
sous-Bois (Seine-Saint-Denis), il associe une cinquantaine http://www.inserm-iledefrance.fr/pdf/U%20689.pdf
de chercheurs de quatre équipes Inserm, de Guerbet et de
la société Mauna Kea Technologies, qui est à l’avant-garde
de l’imagerie cellulaire in vivo avec le Cellvizio, après avoir • Unité 698, Hémostase, bio-ingénierie et remodelage
été à l’origine du projet Œil, au centre hospitalier des cardiovasculaires, hôpital Bichat, Universités Paris 7
Quinze-Vingt (voir Dossier ophtalmologie). Chaque équipe et Paris 13, responsable scientifique : D.Letourneur
a par ailleurs son propre réseau de collaborations qu’elle http://www.inserm-iledefrance.fr/pdf/U%20698.pdf
peut mettre à profit. La Région Ile-de-France et le
Département de Paris financent le projet à hauteur de 970
531 euros, pour un coût global sur trois ans de 1 746 809 • Unité 660, Physiopathologie et pharmacologie de
euros. l’ischémie myocardique, Créteil, responsable
scientifique : Jérôme Garot
Après une phase « juridique » durant laquelle ont été http://www.inserm-iledefrance.fr/pdf/U%20660.pdf
clarifiés les rôles et responsabilités de chaque partenaire
et les aspects de propriété intellectuelle, ATHIM met en
œuvre aujourd’hui cinq programmes, explique Eric
Lancelot, coordonnateur du projet chez Guerbet. Cinq
programmes qui concernent autant de cibles biologiques
et qui passent par le perfectionnement de modèles in vitro
et in vivo (souris transgéniques, rats, lapins - Mauna Kea Technologies
athéromateux). Ces cibles sont les métalloprotéinases http://www.maunakeatech.com/
(MMP), qui fragilisent les plaques en dégradant la matrice
extracellulaire, les cellules en apoptose, qui meurent en
réponse à certains stimuli, l’endothélium inflammatoire, - Guerbet, pilote du projet
qui surexprime divers biomarqueurs qui contribuent à http://www.guerbet.com
l’instabilité de la plaque, le caillot, qui peut se former en
surface ou à l’intérieur de la lésion, et enfin les
lipoprotéines, dont l’accumulation marque aussi l’évolution
pathologique de l’athérome.

Face à chacune de ces cibles, il s’agit d’identifier et de Un projet mené par :


mettre au point les modèles les plus pertinents pour tester
les produits de contraste et faire le tri parmi eux. « Dans
ce travail complexe, le réseau rassemble des compétences
complémentaires et partagées », souligne Eric Lancelot.
Par exemple, les équipes échangent leurs connaissances
en biologie vasculaire afin de mettre au point ensemble
les modèles expérimentaux, de développer les protocoles
de caractérisation de la paroi artérielle avec le Cellvizio et
d’évaluer le potentiel des nouveaux agents de contraste
en IRM.
Le défi du projet consiste également à synthétiser et à
greffer chimiquement des pharmacophores (entités
capables de reconnaître spécifiquement l’une des cibles
visées) sur des contrastophores (chélates de gadolinium
ou particules de fer), et ce en quantités suffisantes pour
les tester dans un premier temps chez l’animal.
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Dossier d’actualités Cardiologie – Octobre 2006

Sites Internet

Organismes internationaux

• OMS Atlas of heart diseases and stroke


http://www.who.int/cardiovascular_diseases/reso • World Heart Federation
urces/atlas/en/ http://www.worldheart.org/

• Global Cardiovascular Infobase (OMS/Université


d’Ottawa) Recherche
http://www.cvdinfobase.ca/
• Institut de myologie (AFM, Pitié-Salpêtrière)
• World Heart Day
http://www.institut-myologie.org/
http://www.worldheartday.org/Home/index.asp
• IFR Cœur muscles et vaisseaux (IFR 14 Pitié-
Sociétés et associations Salpêtrière)
http://www.ifrcmv.chups.jussieu.fr/index.htm
• Fédération française de cardiologie • Mayo Clinic (Etats-Unis)
http://www.fedecardio.com/ http://www.mayoclinic.org/cardiovascular-rst/
• Société Française de Chirurgie Thoracique et
• Mount Sinai Medical Center (New York)
Cardio-Vasculaire
http://www.mssm.edu/cvi/
http://www.fstcvs.org/
• Société française de cardiologie • National Heart, Lung and Blood Institute (NIH)
http://www.sfcardio.fr/ http://www.nhlbi.nih.gov/

• Société française d’imagerie cardiaque et • EVGN (Réseau européen de génomique


vasculaire (SFICV) vasculaire)
http://www.sficv.com http://www.evgn.com
• Groupe de Réflexion sur la Recherche
Cardiovasculaire (GRRC) Sites d’information
http://www.sfcardio.fr/scripts/sfc_filgrp9.asp
• Groupe d’étude et de recherche sur les lipides et • Heart Information
les lipoprotéines (GERLI) http://www.heartinformation.com/home/home.as
http://www.gerli.com/index.htm#top • Cardiosource
• Nouvelle société française d’athérosclérose, née http://www.cardiosource.com/
de la fusion de l’ARCOL (Comité français de
• e-Cardiologie
coordination des recherches sur l'athérosclérose
http://www.e-cardiologie.com/
et le cholestérol) et de la Société française
d’athérosclérose • InCirculation (Astra Zeneca)
http://www.nsfa.asso.fr/ http://www.incirculation.net
• Médecine vasculaire et angiologie • ZoomCardio (sanofi aventis)
http://www.angionet.org/ http://www.zoomsante.com/
• Fondation pour la recherche médicale
http://www.frm.org • Angiocardio
http://www.angiocardio.com/
• Fondation Cœur et Artères
http://www.fondacoeur.com/ • VascularWeb (Society for Vascular Surgery)
http://www.vascularweb.org/
• Fondation Leducq
http://www.fondationleducq.org/ • Hartford Hospital (Etats-Unis)
• European Society for Cardiovascular Surgery http://www.harthosp.org/cardi/des.htm
http://www.escvs.org/default.aspx • MedlinePlus (US National Library of Medicine)
• European Society for Vascular Surgery http://medlineplus.gov/
http://www.esvs.org/start/index.asp
• European Society of Cardiology
http://www.escardio.org
• European Society of hypertension
http://www.eshonline.org/esh/index.asp
• American Heart Association
http://www.americanheart.org/ Dossier réalisé par :
• Society for Atherosclerosis Imaging
http://www.sai.org/ Vivant Editions
www.vivantinfo.com
• International Society for Vascular Specialists
http://iscvs.vascularweb.org/ International
Retrouvez les dossiers d’actualité du pôle santé sur
Atherosclerosis Society
www.parisdeveloppement.com
http://www.athero.org/
Contact: Emmanuel Gutman
• International Task Force for Prevention of Tél. 01 55 65 33 46
Coronary Heart Disease egutman@parisdeveloppement.com
http://www.chd-taskforce.de/
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