Vous êtes sur la page 1sur 5

1

FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES

I. L’ENSEMBLE ℝ𝒏
On note ℝ𝑛 l'ensemble des 𝑛-uplets (𝑥1 , 𝑥2 , … , 𝑥𝑛 ) où chaque 𝑥𝑖 est un réel (et 𝑛 un entier naturel).
Un 𝑛-uplet de ℝ𝑛 est une liste ordonnée de 𝑛 réels.
Ainsi, par exemple, (1 ; 4 ; √2) et (1 ; √2 ; 4) sont deux éléments distincts de ℝ3 .

Un domaine de ℝ𝑛 est un ensemble de 𝑛-uplets (𝑥1 , 𝑥2 , … , 𝑥𝑛 ) où chacun des réels 𝑥𝑖 appartient à une
partie de ℝ déterminée. Un domaine de ℝ𝑛 est donc tout simplement une partie de ℝ𝑛 (éventuellement
égale à ℝ𝑛 ).

Dans ce cours, on ne travaillera que les cas où 𝑛 = 2 ou 𝑛 = 3.


- Les éléments de ℝ2 sont appelés des couples de réels, et les couples de réels quelconques seront
plus souvent désignés par une notation du type (𝑥, 𝑦) plutôt que du type (𝑥1 , 𝑥2 ).
- Les éléments de ℝ3 sont appelés des triplets de réels, et les triplets de réels quelconques seront
plus souvent désignés par une notation du type (𝑥, 𝑦, 𝑧) plutôt que du type (𝑥1 , 𝑥2 , 𝑥3 ).

II. FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES


On définit une fonction réelle 𝑓 sur un domaine 𝒟 de ℝ𝑛 dès qu'à tout qu'à tout 𝑛-uplet
(𝑥1 , 𝑥2 , … , 𝑥𝑛 ) de 𝒟 est associé un unique réel, noté 𝑓(𝑥1 , 𝑥2 , … , 𝑥𝑛 ) et appelé son image.
On dit alors que 𝑓 est une fonction réelle de 𝒏 variables réelles.
Les fonctions réelles de plusieurs variables sont aussi appelées des champs scalaires.

Représentation graphique dans le cas où 𝒏 = 𝟐 :


Une fonction réelle 𝑓 définie sur un domaine 𝒟 de ℝ2 peut être représentée dans un repère à trois
dimensions par une surface correspondant à l'ensemble des points de coordonnées (𝑥, 𝑦, 𝑧) tels que
(𝑥, 𝑦 ) ∈ 𝒟 et 𝑧 = 𝑓(𝑥, 𝑦).

Jean-Charles Duchein
2

1. Dérivées partielles (d’ordre 1)


La notion de dérivation se généralise aux fonctions de plusieurs variables à travers la notion de dérivée
partielle, et calculer une dérivée partielle d’une fonction de plusieurs variables revient à la dériver par
rapport à l’une de ses variables en considérant que ses autres variables sont constantes.
Ainsi, pour une fonction 𝑓 de 2 variables 𝑥 et 𝑦, on envisage 2 dérivées partielles :
𝜕𝑓
qui est obtenue en dérivant 𝑓 par rapport à la variable 𝑥 en considérant que 𝑦 est constant
𝜕𝑥
𝜕𝑓
qui est obtenue en dérivant 𝑓 par rapport à la variable 𝑦 en considérant que 𝑥 est constant.
𝜕𝑦
Et pour une fonction 𝑓 de 3 variables 𝑥, 𝑦 et 𝑧, on envisage 3 dérivées partielles :
𝜕𝑓
qui est obtenue en dérivant 𝑓 par rapport à la variable 𝑥 en considérant 𝑦 et 𝑧 constants
𝜕𝑥
𝜕𝑓
qui est obtenue en dérivant 𝑓 par rapport à la variable 𝑦 en considérant 𝑥 et 𝑧 constants
𝜕𝑦
𝜕𝑓
qui est obtenue en dérivant 𝑓 par rapport à la variable 𝑧 en considérant 𝑥 et 𝑦 constants.
𝜕𝑧

Exemple : considérons la fonction 𝑓 définie sur 𝒟 = {(𝑥, 𝑦, 𝑧) ∈ ℝ3 / 𝑥 > 0} par :


𝑓(𝑥, 𝑦, 𝑧) = ln(𝑥) + 𝑒 𝑦 + cos(𝑧) + 𝑥𝑦 + 𝑥𝑧 2 + 𝑦 2 𝑧 3
𝜕𝑓 1 𝜕𝑓
∀ (𝑥, 𝑦, 𝑧) ∈ 𝒟 ∶ (𝑥, 𝑦, 𝑧) = + 𝑦 + 𝑧 2 ; (𝑥, 𝑦, 𝑧) = 𝑒 𝑦 + 𝑥 + 2𝑦𝑧 3
𝜕𝑥 𝑥 𝜕𝑦
𝜕𝑓
et (𝑥, 𝑦, 𝑧) = −sin(𝑧) + 2𝑥𝑧 + 3𝑦 2 𝑧 2
𝜕𝑧

Fonctions de classe 𝓒𝟏 :
𝑓 étant une fonction réelle définie sur un domaine ouvert 𝒟 de ℝ𝑛 ,
si 𝑓 admet en tout élément de 𝒟 une dérivée partielle selon chacune de ses variables, et si toutes ces
fonctions dérivées partielles sont continues sur 𝒟, on dit que 𝒇 est de classe 𝓒𝟏 sur 𝓓.
(Les notions de continuité et de limite pour une fonction de plusieurs variables ne seront pas
développées dans ce cours).

2. Gradient
Si un champ scalaire 𝑓 définie sur un domaine 𝒟 de ℝ𝑛 admet une dérivée partielle selon chacune
de ses variables en un élément 𝑎⃗ de 𝒟, on appelle « gradient de 𝑓en 𝑎⃗ » le vecteur :
𝝏𝒇 𝝏𝒇 𝝏𝒇
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐠𝐫𝐚𝐝 𝒇(𝒂 ⃗⃗) = ( (𝒂
⃗⃗) , (𝒂
⃗⃗) , … , (𝒂
⃗⃗))
𝝏𝒙𝟏 𝝏𝒙𝟐 𝝏𝒙𝒏

Propriétés : si 𝑓 et 𝑔 sont deux champs scalaires définis sur un domaine de ℝ𝑛 , y admettant une
dérivée partielle selon chacune de leurs variables, et 𝜆 est une constante réelle :
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
grad (𝑓 + 𝑔) = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
grad 𝑓 + ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
grad 𝑔
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ (λ𝑓) = 𝜆 grad
grad ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑓

Jean-Charles Duchein
3

3. Dérivées partielles d’ordre 2


𝑓 étant une fonction réelle définie sur un domaine ouvert 𝒟 de ℝ𝑛 contenant 𝑎⃗ :

• On dit que 𝑓 admet une dérivée partielle seconde en 𝑎⃗ selon la 𝑖-ième puis la 𝑗-ième variable
𝜕𝑓
existe sur un ouvert contenant 𝑎⃗
𝜕𝑥𝑖
si et seulement si : 𝜕 𝜕𝑓
( ) (𝑎⃗) existe
{ 𝜕𝑥𝑗 𝜕𝑥𝑖

𝜕 𝜕𝑓 𝜕2𝑓
Dans ce cas, le réel (𝑎
( ) ⃗) est noté ∶ (𝑎⃗)
𝜕𝑥𝑗 𝜕𝑥𝑖 𝜕𝑥𝑗 𝜕𝑥𝑖

Toutes les combinaisons sont envisageables, et 𝑓 peut donc admettre jusqu’à 𝑛2 dérivées partielles
secondes en 𝑎⃗.
𝜕2𝑓 𝜕2𝑓
Dans le cas où 𝑖 = 𝑗 , (𝑎⃗) est noté ∶ (𝑎⃗)
𝜕𝑥𝑖 𝜕𝑥𝑖 𝜕𝑥𝑖 2

• Théorème de Schwarz :
𝑓 est de classe 𝒞 1 sur 𝒟
𝜕2𝑓 𝜕2𝑓
et existent sur 𝒟 𝜕2𝑓 𝜕2𝑓
Si 𝜕𝑥𝑗 𝜕𝑥𝑖 𝜕𝑥𝑖 𝜕𝑥𝑗 alors (𝑎⃗) = (𝑎⃗)
𝜕𝑥𝑗 𝜕𝑥𝑖 𝜕𝑥𝑖 𝜕𝑥𝑗
𝜕2𝑓 𝜕2𝑓
et sont continues en 𝑎⃗
{ 𝜕𝑥𝑗 𝜕𝑥𝑖 𝜕𝑥𝑖 𝜕𝑥𝑗

• Fonctions de classe 𝓒𝟐 :
Si toutes les dérivées partielles secondes de 𝑓 existent en tout élément de 𝒟, et si toutes ces fonctions
dérivées partielles secondes sont continues sur 𝒟, on dit que 𝒇 est de classe 𝓒𝟐 sur 𝓓.
Dès lors, d′ après le théorème de Schwarz ∶
𝜕2𝑓 𝜕2𝑓
∀ 𝑎⃗ ∈ 𝒟, (𝑎⃗) = (𝑎⃗) pour tout (𝑖; 𝑗) ∈ ⟦1; 𝑛⟧2
𝜕𝑥𝑖 𝜕𝑥𝑗 𝜕𝑥𝑗 𝜕𝑥𝑖

Jean-Charles Duchein
4

III. EXTREMA
𝑓 étant une fonction réelle définie sur un domaine ouvert 𝒟 de ℝ𝑛 contenant 𝑎⃗ :

On dit que :
𝑓 atteint un minimum global en 𝑎⃗ si et seulement si : ∀ 𝑥⃗ ∈ 𝒟 , 𝑓(𝑥⃗) ≥ 𝑓(𝑎⃗)
𝑓 atteint un maximum global en 𝑎⃗ si et seulement si : ∀ 𝑥⃗ ∈ 𝒟 , 𝑓(𝑥⃗) ≤ 𝑓(𝑎⃗)
𝑓 atteint un minimum local en 𝑎⃗ si et seulement si il existe une boule ouverte ℬ de centre 𝑎⃗
telle que : ∀ 𝑥⃗ ∈ 𝒟 ∩ ℬ , 𝑓(𝑥⃗) ≥ 𝑓(𝑎⃗)
𝑓 atteint un maximum local en 𝑎⃗ si et seulement si il existe une boule ouverte ℬ de centre 𝑎⃗
telle que : ∀ 𝑥⃗ ∈ 𝒟 ∩ ℬ , 𝑓(𝑥⃗) ≤ 𝑓(𝑎⃗)
Bien évidemment, la condition pour atteindre un extremum global est plus exigeante que celle pour
atteindre un extremum local.

Si 𝑓 est de classe 𝒞 1 sur 𝒟, une condition nécessaire pour que 𝑓 atteigne un extremum local en 𝑎⃗ est
⃗⃗ sont nulles :
que 𝑎⃗ soit un point critique, ce qui signifie que toutes les dérivées partielles de 𝒇 en 𝒂
𝜕𝑓
(𝑎⃗) = 0 pour tout 𝑖 ∈ ⟦1; 𝑛⟧
𝜕𝑥𝑖
Autrement dit : 𝑎⃗ est un point critique si et seulement si ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐠𝐫𝐚𝐝 𝒇(𝒂 ⃗⃗) = ⃗𝟎⃗

L’étude d’un développement limité au voisinage d’un point critique peut ensuite permettre de
déterminer si 𝑓 y atteint un extremum local.

Dans le cas où 𝒏 = 𝟐 : si 𝑓 est une fonction de 2 variables 𝑥 et 𝑦 qui est de classe 𝒞 2 sur 𝒟 ⊂ ℝ2
⃗⃗ est un point critique appartenant à 𝒟.
et si 𝒂
𝜕2𝑓 𝜕2𝑓 𝜕2𝑓 𝜕2𝑓
notons ∶ 𝑟 = (𝑎
⃗) ; 𝑠 = (𝑎
⃗) = (𝑎
⃗) ; 𝑡 = (𝑎⃗) (coefficients de Monge)
𝜕𝑥 2 𝜕𝑥𝜕𝑦 𝜕𝑦𝜕𝑥 𝜕𝑦 2
Si 𝒓𝒕 − 𝒔𝟐 > 0 𝐞𝐭 𝒓 > 0, alors 𝒇 atteint un minimum local en 𝒂
⃗⃗.
Si 𝒓𝒕 − 𝒔𝟐 > 0 𝐞𝐭 𝒓 < 0, alors 𝒇 atteint un maximum local en 𝒂
⃗⃗.
Si 𝒓𝒕 − 𝒔𝟐 < 0, alors 𝒇 n'atteint pas d'extremum local en 𝒂
⃗⃗.
Dans les autres cas, on ne peut pas conclure par ce moyen quant à l'existence d'un extremum local
en 𝑎⃗.

Jean-Charles Duchein
5

EXERCICES

EXERCICE 1
Pour chacune des fonctions 𝑓 suivantes :
a) Déterminer le domaine de définition 𝒟
b) Déterminer les dérivées partielles d’ordre 1 en tout point intérieur à 𝒟.
1. 𝑓(𝑥, 𝑦) = 𝑥𝑦
2. 𝑓(𝑥, 𝑦) = ln(𝑥𝑦)
−3𝑦
3. 𝑓(𝑥, 𝑦) =
𝑥2 + 𝑦2 + 1
𝑥 2 − 𝑦²
4. 𝑓(𝑥, 𝑦) =
𝑥2 + 𝑦2
5. 𝑓(𝑥, 𝑦) = (𝑥 2 + 𝑦²)1/3
sin(𝑥) − sin(𝑦)
6. 𝑓(𝑥, 𝑦) =
𝑥−𝑦
7. 𝑓(𝑥, 𝑦) = cos(𝑥 + 𝑦 2 )
𝑦
8. 𝑓(𝑥, 𝑦) = Arctan ( )
𝑥
9. 𝑓(𝑥, 𝑦) = 𝑥 𝑦
10. 𝑓(𝑥, 𝑦, 𝑧) = 𝑥 𝑦/𝑧

EXERCICE 2
Soit 𝑓 le champ scalaire défini par ∶ 𝑓(𝑥, 𝑦, 𝑧) = √𝑥 3 𝑦 2 + 𝑦 3 𝑧 2
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑓(𝑥, 𝑦, 𝑧) et grad
Calculer grad ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑓(1; 1, 0)

EXERCICE 3
Pour chacune des fonctions 𝑓 suivantes, calculer l’expression de toutes les dérivées secondes en
précisant le plus grand domaine de ℝ2 sur lequel 𝑓 est de classe 𝒞 2 .
1. 𝑓(𝑥, 𝑦) = 𝑥 2 𝑦 + 𝑥√𝑦
2. 𝑓(𝑥, 𝑦) = cos2 (5𝑥 + 2𝑦)

EXERCICE 4
Etudier les extrema locaux éventuels de la fonction 𝑓 dans chacun des cas suivants :
1. 𝑓(𝑥, 𝑦) = 𝑥 2 + 𝑦 2 + 𝑥𝑦 + 2𝑥 + 3𝑦
2. 𝑓(𝑥, 𝑦) = 𝑥([ln(𝑥)]2 + 𝑦 2 )
3. 𝑓(𝑥, 𝑦) = 𝑥 4 + 𝑦 4 − 2(𝑥 − 𝑦)2

Jean-Charles Duchein

Vous aimerez peut-être aussi