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Fabien Le Bonniec
Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/nuevomundo/82962
DOI : 10.4000/nuevomundo.82962
ISSN : 1626-0252
Éditeur
Mondes Américains
Ce document vous est offert par Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
Référence électronique
Fabien Le Bonniec, « Cachez ce territoire que je ne saurais voir : la question du territoire au prisme des
études sur la société mapuche durant le XX° siècle », Nuevo Mundo Mundos Nuevos [En ligne],
Questions du temps présent, mis en ligne le 15 décembre 2020, consulté le 05 septembre 2021. URL :
http://journals.openedition.org/nuevomundo/82962 ; DOI : https://doi.org/10.4000/nuevomundo.
82962
Nuevo mundo mundos nuevos est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons
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Cachez ce territoire que je ne saurais voir : la question du territoire au pr... 1
Fabien Le Bonniec
Introduction
1 La question du territoire1 est aujourd’hui devenue centrale, autant dans les discours des
dirigeants Mapuche que des chercheurs étudiant l’histoire, la culture et la société
mapuche contemporaine. Même si les politiques publiques ont durant longtemps été
réfractaires à recourir à cette notion, les négociations et discussions entre autorités
politiques chiliennes et communautés et organisations indigènes afin de résoudre le
« conflit mapuche » ne peuvent en faire fi. La question de la territorialité mapuche est
ainsi devenue incontournable autant dans le discours des dirigeants tout comme dans
celui des autorités politiques qui prétendent mettre fin au conflit qui sévit dans le sud
du Pays. C’est ainsi que Francisco Huenchumilla, un homme politique reconnu, avait
formulé en 2015, alors qu’il était intendant de la région de l’Araucanie, une
« proposition relative à la situation de la région de l’Araucanie » 2 accordant une place
centrale à la question des terres et territoires indigènes. Son successeur quant à lui,
Andrés Jouannet, n’hésitera pas à affirmer un an plus tard que « Territoire c’est une
chose, terrain s’en est une autre. Je ne reconnais aucune revendication territoriale
[mapuche], pour aucun motif »3. Mais qu’est-ce que le territoire ou la territorialité
mapuche ? Dans un article antérieur, nous nous sommes même posé la question de
familles de plusieurs reducciones, dont l’une des formes est la « congrégation rituelle ».
Il centre son étude sur le système agnatique – ou patrilinéaire – qu’il considère comme
postcolonial. En effet, à l’instar de Mischa Titiev 19, Louis Faron qui se fonde notamment
sur les travaux pionniers de Ricardo Latcham20 a pour thèse contestée 21 que la société
mapuche à l’arrivée des Espagnols fonctionnait selon un système matrilatéral, ce n’est
qu’au début du XVIIe siècle qu’elle aurait pris sa configuration actuelle se caractérisant
par la prépondérance de la filiation patrilinéaire22. Il y distingue cinq niveaux23, et se
base dessus pour décrire et systématiser les modes de partage et transmission des
terres, l’agencement territorial des groupes patri-résidentiels et montrer ainsi en quoi
la terre constitue aujourd’hui un facteur essentiel dans les stratégies matrimoniales 24.
C’est notamment dans son chapitre sur les « composants de la communauté » 25 que
Faron montre comment la parenté met en relation les différents niveaux d’intégration
sociale (ruka, lof, trokinche, reducción), tout en offrant différentes données
ethnographiques quant à la façon dont les Mapuche ont de s’identifier à ces unités
sociales, dans leurs pratiques quotidiennes tout comme dans leurs discours. Les
conclusions de Faron sur la dispersion et la migration des membres issus des lignages
subordonnés au sein d’une communauté26 ainsi que sur la « congrégation rituelle », font
en quelque sorte sortir le Mapuche du cadre de la reducción en élargissant le champ de
ses relations et actions et en relativisant l’importance de cette entité sur la vie sociale.
Cette vision met en branle la catégorie d’indigène établie par l’État chilien à cette
époque à travers de différentes réglementations qui associaient la qualité d’indigène à
un titre de propriété collectif (Titulos de Merced) de la reducción.
7 Même si certaines de ses analyses sont contestables27, Faron est l’un des premiers à
identifier des acteurs tels que l’État, des processus, des connexions et des structures
dont la prise en compte est essentielle pour aborder la configuration sociale et ses
transformations de la société mapuche28. En effet, ils sont repris et discutés par Milan
Stuchlik qui lui aussi contribue à porter ce nouveau regard sur la société mapuche post-
reducción sans avoir d’a priori sur le caractère traditionnel de celle-ci. Il prend les
institutions sociales mapuche telles qu’elles sont dans leur contemporanéité
(communauté, mais également junta de vecinos, coopératives, groupes formés par les
différents types de relations de « collaboration économique » 29) dans les interactions
des différents agents et s’intéresse ainsi plus au « changement social » qu’aux
structures. Le modèle « transactionnaliste » revendiqué par Stuchlik, et qui sera plus
amplement théorisé dans l’ouvrage écrit avec Ladislav Holy, se donne pour objectif
d’aborder les transformations de la société et de la culture mapuche à partir de deux
domaines étroitement liés, celui de « l’action » qui est plus de l’ordre du contexte et
celui de la « notion » qui serait plus stable, et de ne pas chercher le « pourquoi » des
faits sociaux, mais plutôt le « comment ».
8 L’un des concepts phares de Stuchlik est en relation avec la question de la territorialité
mapuche, puisqu’il s’agit de la « zone vitale »30, qu’il pense pouvoir assimiler à la notion
mapuche de mapu31. C’est la zone dans laquelle va vivre et évoluer le Mapuche, et dont
les limites sont difficilement définissables, car considérant quatre types de
critères subjectifs et donc propres à chacun : la circulation des femmes ; la
connaissance personnelle de l’entourage ; l’élection d’associés économiques et les
relations économiques en général et la participation mutuelle aux fêtes et cérémonies.
Là encore, la pertinence de cette perspective est qu’elle fait sortir les Mapuche de leurs
réserves ainsi que du cadre fantasmatique de la dichotomie entre tradition et
modernité. En mettant en relation l’espace avec les dimensions économiques, politiques
ont mené, à la fin des années 60 début des années 70, des recherches dans les
communautés d’Arauco et de Malleco sur les conditions de vie de leurs habitants ;
communautés dont une grande partie participèrent durant cette même période aux
mobilisations collectives de la Reforma Agraire39.
11 Les chercheurs qui ont traité de cette question, notamment durant le gouvernement de
l’Unité Populaire, ont dû s’atteler à trouver des solutions. Alors qu’au début du siècle
les travaux produits sur la société mapuche (Latcham, Guevara) partaient d’une
monographie de la société mapuche ancienne pour ensuite traiter des mutations
récentes qu’elle avait subies et enfin conclure sur sa probable disparition imminente,
ceux écrits au début des années 70 mettent en exergue les multiples injustices dont ont
fait l’objet les Mapuche, à travers l’histoire, puis traitent de leur situation actuelle
avant de consacrer un dernier chapitre aux solutions proposées pour régler leur
situation40. La plupart de ces auteurs ont travaillé directement, en tant que
fonctionnaires, ou indirectement, à travers la rédaction de rapports, pour la DASIN.
Tous concordent dans la nécessité de faire une politique de restitution de terres
usurpées aux communautés, à travers la Réforme Agraire mais également d’autres
mécanismes. Les ultimes écrits d’Alejandro Lipschutz (1883-1980), un érudit d’origine
Lettone naturalisé Chilien41 qui dédia une grande partie de sa vie à réfléchir sur la
situation des indigènes en Amérique latine en utilisant principalement des analyses
marxistes, reflètent ce changement de perception des Mapuche où la modernité n’est
plus posée comme antagonique à la tradition, mais comme son support :
« Celui qui croit que la culture traditionnelle araucane disparait avec l’apparition de
la minijupe et des chaussures se trompe. Avec cela la culture traditionnelle
spirituelle et morale ne disparait pas. Au contraire, avec elle, avec la culture
internationale du livre, la culture araucane s’épure et s’approfondit. La renaissance
de la culture authentiquement indigène s’accélère car avec cela facilite les valeurs
culturelles araucanes en faisant monter le subconscient collectif vers la superficie
de la conscience culturelle de chacun de ces indigènes42. »
12 Aussi les travaux produits durant l’Unidad Popular d’Allende ont contribué à rendre
visible une société paysanne vivante et bien différenciée, celle des Mapuche. La plupart
des analyses de l’époque identifient les problèmes de terres et les injustices sociales et
historiques affectant une grande partie des communautés indigènes du pays comme
étant la cause principale de marginalisation de leurs habitants. Le mode d’intervention
adopté par certains chercheurs-fonctionnaires, influencés par l’éducation de Paulo
Freire, rendant la relation plus symétrique et collaborative avec les paysans chiliens et
mapuche, a certainement permis une meilleure connexion à la condition paysanne et
un rapprochement entre discours scientifiques et mobilisations sociales. La terre
communautaire va acquérir durant cette période une importance considérable non
seulement dans les discours publics indigènes, mais également dans les écrits des
chercheurs puis des législateurs.
édictées depuis plus d’un siècle dans le but de coloniser, définir, mais également
« protéger » les terres indigènes43, et dont certains analysent leurs applications44. Le
« retour à la démocratie », la mise en œuvre d’une politique indigène à travers la
constitution de la Comisión Especial de los Pueblos Indígenas (CEPI) 45, puis de la Corporación
Nacional de Desarrollo Indígena (CONADI) sur fond de résurgences de conflits fonciers qui
avaient été tus durant toute la dictature, marque le contexte dans lequel ces études de
cas fonciers ont été produites. Fait intéressant, certaines de ces études répondent à des
commandes publiques, notamment une série de publications publiée par la CONADI
dans la collection La propiedad indígena en Chile46 et un manuscrit47 qui furent financés et
commandés par la CEPI dans le cadre de la mise en place de la nouvelle politique
indigène. Politique qui allait donner naissance à la loi indigène (N o 19.253) dont
plusieurs articles reconnaissent l’existence de conflits fonciers tout en proposant d’y
remédier à travers différents mécanismes, dont le rachat de terres. La méthodologie de
ces travaux historico-légaux consiste en des recherches dans les archives
administratives et juridiques, associées à des entretiens individuels ou en groupe avec
les dirigeants, dont les résultats sont ensuite présentés sous la forme d’études de cas
correspondant à l’histoire foncière de chaque communauté. Généralement celles-ci
sont illustrées de cartes montrant clairement les limites légales de la réserve puis les
parcelles qui ont été « usurpées » au gré de l’histoire, ainsi que des copies des
sentences, titres de propriété et autres actes légaux témoignant des transformations de
la propriété foncière. Avec la résurgence des conflits territoriaux au cours des années
2000, les études foncières sont restées d’actualité. Elles constituent souvent un
préalable à toute étude d’un conflit, puisqu’il est censé en indiquer l’origine. Parmi les
recherches récentes témoignant de ce renouvellement des études foncières, on peut
signaler celle réalisée dans le cadre de la Comisión Verdad Histórica y Nuevo Trato
(Commission Vérité Historique et Nouveau Traitement - CVHNT) se basant sur l’examen
de 413 Títulos de Merced et comportant des statistiques, des analyses des mécanismes
d’usurpation ainsi qu’une carte détaillée pour chaque titre48 (CVHNT 2003b).
Cependant, les contextes d’émergence de conflits territoriaux sont multiples et ne
peuvent pas se limiter à la seule question foncière.
Conclusion
14 Finalement, cette émergence d’un champ spécialisé dans l’étude historico-juridique des
communautés mapuche a contribué au passage de la question de la terre à celle du
territoire, notamment en révélant la persistance d’une mémoire collective autour des
lieux et des espaces historiques des communautés. Et ce n’est qu’au cours des années
90, que le concept de territoire apparait plus amplement dans les études sur la société
mapuche sous l’impulsion d’un mouvement revendicatif qui l’avait déjà incorporé
depuis plusieurs années dans son répertoire discursif sur la scène internationale avant
de faire irruption sur la scène publique chilienne avec comme mots d’ordre « justice,
territoire et autonomie ». Dès lors la territorialité mapuche va clairement devenir un
objet, non seulement d’étude, sinon de luttes politiques à l’origine de débats
permanents, sans que l’on arrive à obtenir un consensus quant à sa définition et
compréhension. On peut ainsi se demander à l’instar de l’anthropologue Michel Marié
si le concept de territoire n'est pas « l’un de ces mots mana, l’une de ces boîtes noires dont la
richesse de sens, l’indéfinition même, aurait pour principale fonction de mettre un peu de
lubrifiant dans le compartimentage croissant des savoirs et des disciplines de l’esprit » 49, et au-
deçà, des politiques de l’identité. Pourtant sans avoir à le nommer en tant que tel,
différentes études produites au cours du XXe siècle, principalement à partir
d’approches ethnographiques et documentaires, nous permettent de mieux en cerner
les aspects sociaux, culturels et fonciers tout en rendant visibles différents enjeux
quant à sa reconnaissance. Le territoire acquiert alors différents attributs, à travers les
relations sociales qui se tissent entre lignages et communautés, les modes de tenures
foncières et d’échanges de biens, formant un maillage politico-territorial discret qui se
superpose à celui imposé par l’État chilien. Bien que les préoccupations
contemporaines autour de la territorialité autochtone, tant au niveau scientifique que
politique, se sont plutôt focalisées sur ses aspects juridiques, mémoriels, écologiques et
« spirituels », la question de son organisation sociale, indissociable de la sphère
politique locale, reste centrale pour comprendre les dynamiques identitaires à l’œuvre
tant dans les communautés que les centres urbains. En ce sens, les enquêtes
ethnographiques et analyses de Faron et Stuchlik, plus d’un demi-siècle après leurs
premières publications, conservent une certaine vigueur, d’autant plus que très peu de
monographies faisant l’objet de publication ont tenté d’actualiser ces travaux 50. Quant
aux études foncières, elles ont eu une portée significative, au-delà du champ
scientifique, pour appréhender les conflits persistants dans le sud du pays et ainsi
mieux comprendre les fondements historiques et sociaux des revendications
territoriales actuelles des organisations et communautés mapuche. La question
territoriale mapuche reste pourtant un sujet polémique, elle s’inscrit dans un rapport
de force, où le travail de « reconstruction de la genèse » mené par les Mapuche avec le
soutien de ses études se confronte, non sans une certaine violence comme on peut
malheureusement l’observer régulièrement, à la vision monoculturelle et
homogénéisante d’un champ étatique chilien peu prompt à la reconnaissance d’autres
conceptions du territoire, et en particulier des souverainetés autochtones qui
pourraient y être associées.
NOTES
1. Le présent article est issu d’une thèse doctorale présentée en 2009, cependant il a
connu de nombreux changements et actualisations bibliographiques, certaines idées
ont même été revues avec le temps et grâce aux commentaires et encouragements de la
coordinatrice de ce dossier, Jimena Paz Obregón Iturra et aux précieuses indications
des evaluateur.rice.s que je remercie chaleureusement.
2. Huenchumilla, Francisco, « Propuesta al gobierno respecto de la situación de la
región de la Araucanía », In Pedro Cayuqueo, Huenchumilla. La historia del hombre de oro,
Santiago, Catalonia, 2015, p. 247-294.
3. « Intendente de La Araucanía: ‘yo no reconozco ninguna reivindicación territorial’ »,
Cooperativa.cl, [en ligne], mis en ligne le 30 mai 2016, https://www.cooperativa.cl/
noticias/pais/pueblos-originarios/mapuche/intendente-de-la-araucania-yo-no-
Pour une vision plus critique du travail de cette commission, on peut également
consulter Toledo, Victor, El Pueblo Mapuche, Derechos Colectivos y Territorio: Desafíos para la
Sustentabilidad Democrática, Santiago, Editorial Chile Sustentable, LOM, 2006, p. 96-97.
46. Molina, Raúl, et Correa, Martín, Territorio y comunidades pehuenches del Alto Bio Bio.
Santiago, Colección de la Propiedad Indígena en Chile. CONADI, 1998 ; Molina, Raúl, et
Correa, Martín, Las tierras huilliches de San Juan de la Costa. Santiago, Colección de la
Propiedad Indígena en Chile. CONADI, 1998. Molina, Raúl, et Correa, Martín, Territorios
huilliches de Chiloé. Santiago, Colección de la Propiedad Indígena en Chile, CONADI,
1996 ; Vergara, Jorge, Mascareño, Aldo et Foerster, Rolf, La propiedad huilliche en la
provincia de Valdivia. Santiago, Colección de la Propiedad Indígena en Chile, CONADI,
1996; González, Héctor et Gundermann Hans, Contribución a la historia de la propiedad
Aymará. Santiago, Colección de la Propiedad Indígena en Chile. CONADI, 1997; Rochna,
Susana, La propiedad de la tierra en Isla de Pascua. Santiago, Colección de la Propiedad
Indígena en Chile, CONADI, 1996.
47. Une anecdote circule au sujet de cette étude manuscrite traitant des conflits
fonciers dans la zone de Malleco selon laquelle l’un des hauts responsables de l’époque
au sein de la CONADI s’était opposé à sa publication la considérant comme une véritable
« bombe à retardement ». Aylwin, José, et Correa, Martin, Catastro de conflictos y
demandas de tierras mapuche en la provincia de Malleco, Corporación de Desarrollo
Indígena (CONADI). Informe y antecedentes recopilados por comunidad, 1995.
Finalement une grande partie des informations de cette étude a été utilisée pour
l’élaboration de l’ouvrage : Correa, Martin et Mella, Eduardo, Las razones de illkun / enojo:
Memoria, despojo y criminalización en el territorio mapuche de Malleco. Santiago, LOM
Ediciones, Observatorio de Derechos de los Pueblos Indígenas, 2010.
48. CVHNT, « Resultados del estudio relativo a la propiedad actual de las tierras
comprendidas en 413 títulos de merced de las provincias de Malleco y Cautín », Informe
de la Comisión Verdad Histórica y Nuevo Trato de los Pueblos Indígenas, vol. 2, Anexo, 2003.
49. Marié, Michel, « L'anthropologue et ses territoires. Qu'est-ce qu'un territoire
aujourd'hui? », Espaces et Sociétés, vol. 119-44, 2004, p. 179-198. p. 180.
50. On pourra quand même citer parmi ces rares études monographiques publiées qui
se sont inspirées des travaux de Stuchlik et Faron : Melville, Thomas R. La naturaleza del
poder social mapuche. Santiago, Pehuen Editores, 2016 [1979]; Di Giminiani, Piergiorgio.
Tierras ancestrales, disputas contemporáneas. Santiago, Ediciones Universidad Católica de
Chile, 2012. González Gálvez, Marcelo. Los mapuche y sus otros. Persona, alteridad y sociedad
en el sur de Chile. Santiago, Universitaria, 2016; Course, Magnus. Mapuche ñi mongen.
Persona y sociedad en la vida mapuche rural. Santiago, Pehuen Editores, 2017.
RÉSUMÉS
L’émergence des mouvements autochtones au début des années 90, sur les scènes nationales et
internationales, a été marquée par d’importantes transformations identitaires et territoriales en
Amérique latine. C’est ainsi qu’au Chili, durant cette même période la question du territoire est
devenue centrale dans les revendications des Mapuche. Pourtant le concept même de territoire
reste assez récent dans la littérature scientifique les concernant. Aussi, est-il apparu important
de retracer l’histoire de ce concept à partir des études menées en terrain mapuche au cours du
XX° siècle et de voir comment celui-ci y est présent sans être prononcé, et ainsi mieux
comprendre la relation entre champ scientifique et politique. À travers une recherche
bibliographique portant sur les principaux travaux anthropologiques, sociologiques et
historiques réalisés durant cette période de maturation du discours territorial mapuche (XX e
siècle) nous verrons comment les études pionnières de Faron et Stuchlik ont donné une
dimension socioculturelle à la représentation des espaces communautaires, tandis que les études
sociologiques menées durant la Réforme agraire ont forgé la « question mapuche » d’un point de
vue social, économique et politique. Finalement, c’est dans le contexte du retour à la démocratie
que l’émergence des études foncières permettra de mettre en relation la question historique des
terres usurpées avec celle du territoire.
The emergence of indigenous movements in the early 1990s, on the national and international
arenas, was accompanied by important identity and territorial transformations in Latin America.
In Chile, during this same period, the question of territory became central to Mapuche demands.
However, the notion of territory remains fairly recent in the scientific literature concerning
them. Therefore, it seemed important to retrace the history of this concept from studies carried
out in Mapuche territory during the 20th century and to see how it is present without being
pronounced, and thus to better understand the relationship between the scientific and political
fields. Through a bibliographical research on the main anthropological, sociological and
historical works carried out during this period of maturation of the Mapuche territorial
discourse (20th century) we will see how the pioneering studies of Faron and Stuchlik gave a
socio-cultural dimension to the representation of community spaces, while the sociological
studies carried out during the Agrarian Reform forged the "Mapuche question" from a social,
economic and political point of view. Finally, it is in the context of the return to democracy that
the emergence of land studies will make it possible to link the historical question of usurped land
with that of territory.
INDEX
Mots-clés : Mapuche, territoire, histoire des idées, études foncières, anthropologie chilienne
Keywords : Mapuche, Territory, history of ideas, land studies, Chilean anthropology
AUTEUR
FABIEN LE BONNIEC
Enseignant-chercheurDepartamento de Antropología, Núcleo de Investigación en Estudios
Interétnicos e Interculturales, Universidad Católica de Temuco, UTC – ChiliChercheur Associé,
Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS)