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LICENCE ET MASTER EAU ET ASSAINISSEMENT UAC/INE

TECHNIQUES REALISATION ET DE SUIVI DES FORAGES

I. DEFINITION
Un forage est une cavité cylindrique verticale creusée dans la terre et ayant
un diamètre défini par l’outil de forage. Il est généralement de faible diamètre
(30 à 300 mm) mais de grande profondeur. En outre, l’une des
caractéristiques essentielles du forage est le débit qu’il est capable de fournir.
Plusieurs techniques de forage d’eau ont été développées en fonction du type
d’ouvrage recherché et du contexte géologique. Les techniques de forage
peuvent être caractérisées par :

─ Le type d’outil qui découpe la roche (tricône, marteau fond de trou,


etc.) ;
─ La nature du fluide (boue, air, eau) ;
─ Le sens de circulation du fluide :
o Direct quand le fluide est injecté à l’intérieur du train de tige
(garniture) et remonte les déblais dans l’espace entre le forage et
la garniture ;
o Inverse quand le fluide descend dans cet espace annulaire et
remonte les déblais par l’intérieur du train de tige.

II. DIFFERENTES TECHNIQUES ET OPERATIONS DE FORAGE

1. Forage au marteau fond de trou

a. Principe et matériel

Le marteau est vissé à un train de tiges creuses qui l’aliment en air comprimé
à travers une tête d’injection et un flexible qui permettent la rotation et les
mouvements verticaux du train de tige. L’air comprimé donne un mouvement
rapide de va et vient vertical à une pièce métallique (le piston) qui vient frapper
la queue de l’outil dont le taillant reste en contact avec le sol. Ainsi la roche
soumise aux contraintes éclate en morceaux. L’air détendu, à son passage
dans le marteau acquiert une grande vitesse et remonte dans l’espace
annulaire en entrainant les déblais (soufflage).

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Dans le cas de la circulation inverse, l’air sous pression est injecté à l’intérieur
de l’espace annulaire des tiges à double parois coaxiales pénètre dans le bloc
distributeur, sors à la hauteur du marteau fond de trou pour en assurer le
fonctionnement, permet ensuite l’évacuation des déblais par le tube intérieur
des tiges à double paroi.

b. Avantages

Les avantages de cette technique sont :

• Technique adaptée aux forages de petits diamètres (100 à 250 mm) ;


• Technique convenant aux terrains durs ;
• Avancement rapide et profondeur d’investigation pouvant dépasser
plusieurs centaines de mètres ;
• Bonne observation des déblais et des zones productrices (aquifère) ;
• Pas d’interférence entre la boue et la ressource ;
• L’information géologique est précise, quasi-instantanée et continue ;
• Les arrivées d’eau sont individualisées.

c. Inconvénients

Les inconvénients de cette technique sont :

• Difficulté d’avancement en terrain tendre non consolidé (formation de


boue collante qui peut coincer l’outil) ;
• Nécessité d’utilisation de compresseur très puissant ;
• Nécessité d’avoir une main d’œuvre spécialisée ;
• Lourdeur du matériel qui exige un système d’accès développé ;
• Atelier très onéreux.

2. Forage par rotary

a. Principe et matériel

La technique de forage par rotary utilise un outil (tricône) monté au bout d’une
ligne de sonde (tiges vissées les unes aux autres) animé d’un mouvement de
rotation et d’un mouvement de traction verticale sous l’effet d’une partie du
poids de la ligne de sonde (masse-tige). Ces masse-tiges accentuent la
pression verticale sur l’outil et fournissent la pénétration et la rectitude du trou.
Le mouvement de rotation est imprimé au train de tige et à l’outil par un
moteur situé sur la machine de forage. Dans le cas de la circulation directe, le

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fluide est injecté en continu sous pression dans les lignes creuses de la ligne
de sonde. Il ressort par les évents de l’outil et remonte à la surface dans
l’espace annulaire. Arrivée à la surface, la boue est canalisée dans une série
de fosses qui permet aux déblais de décanter pompée et injectée sous
pression dans le train de tige.

Le forage par rotary à la boue conçu pour forer sans tubage dans les terrains
meubles ou peu consolidés est la seule méthode permettant de réaliser des
forages à moyenne ou grande profondeur dans les bassins sédimentaire.
Au delà d’une certaine dureté de la roche, son rendement diminue fortement
de sorte que le forage au tricône convienne mal aux roches dures ou très
dures. Il n’y a pas de limite technique à la profondeur qui peut être atteinte
mais une limite de prix de reviens.

Au niveau du forage par rotary à l’air, l’équipement est analogue au précédent


mais la circulation de boue est remplacée par celle d’air comprimé qui permet
seulement la remontée des déblais. Cette technique est surtout appliquée en
début de forage pour les premiers mètres (10 à 20m) et évite de préparer une
boue de forage dans l’optique de forer au marteau fond de trou.

Dans le cas de la circulation inverse, il existe également des tiges à double


paroi qui assurent l’injection et la remontée du fluide par l’intermédiaire des
seules tiges.

b. Boue de forage

Il s’agit d’un liquide composé d’eau et d’argile (bentonite) avec des additifs
chimiques. La bentonite est une variété d’argile proche du kaolin aux
particules très fines et à la surface de contact avec l’eau très grande. Les
fonctions de la boue de forage sont les suivantes :

Lubrifier et refroidir l’outil ;


Remonter les déblais ;
Consolider les parois du trou par constitution d’une croute de dépôt ;
Renseigner le foreur sur les venues ou les pertes d’eau par
l’observation des variations de volume de boue.

c. Avantages

Les avantages de la méthode de foration au rotary sont :

La profondeur du forage peut être très importante ;


La consolidation des parois en terrain meuble par dépôt d’un cake ;
L’information géologique est précise, continue et quasi-instantanée.

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d. Inconvénients

Les inconvénients que présente cette technique sont :

Procédé relativement lent compte tenu de toutes les opérations annexes


au forage proprement dit. Il en résulte que cette méthode est onéreuse ;
Nécessité d’un fluide de forage qui ne permet pas d’observations
directes de la qualité des eaux des formations traversées ;
Maintient en circulation de la boue exigeant un travail continu à deux ou
trois bouts ;
Consommation importante d’eau ;
Difficulté d’observation des déblais ;
Risque de colmatage dû à l’observation de boue de forage.

III. CHOIX D’UNE TECHNIQUE DE FORAGE


La technique de forage à retenir pour la réalisation d’un ouvrage dépend de
nombreux paramètres à prendre en compte au moment de la conception de
l’ouvrage, tel que l’objectif de l’ouvrage, les caractéristiques de l’ouvrage, la
nature des terrains traversés (terrain meuble, terrain dur, présence de fracture,
de cavité, etc.) et de l’environnement. Ce choix doit se faire en fonction de sa
capacité d’exécution des travaux dans les conditions techniques et financières
possibles en tenant compte des difficultés. Les éléments qui guident le choix
d’une technique de forage sont :

• La nature géologique des terrains traversés. Il convient d’apprécier


la stabilité des formations considérées (roches meubles, dures...), la
présence de discontinuités (fractures, cavité). Pour des terrains
alluvionnaires peu stables, on choisira une méthode de foration à l’air
avec tubage à l’avancement. Pour des terrains consolidés, on choisira
une méthode de foration à l’air avec possibilité de tuber s’il existe des
discontinuités ;

• La profondeur finale de l’ouvrage. Selon la profondeur à atteindre, il


convient de réaliser des forations en diamètre suffisant pour permettre
la mise en place d’éventuels tubages qui permettent de poursuivre le
forage après des zones instables. En terrain dur, pour des forages de
grande profondeur, on travaillera au marteau fond de trou. En terrain
présentant des risques d’instabilité et à forte profondeur, on peut être
amené à choisir une foration au rotary à la boue ;

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• La nature de l’ouvrage à réaliser (reconnaissance ou exploitation). En


phase de reconnaissance, l’objectif prioritaire sera l’acquisition de
données sur la géologie et les niveaux producteurs. On privilégiera dans
ce cas, les possibilités offertes quant à la qualité du suivit de la foration
(foration à l’air).
Pour la réalisation d’un forage d’exploitation, l’accent sera mis sur le
captage d’un niveau producteur déterminé qu’il convient d’exploiter à un
débit donné et de protéger de façon la plus efficace vis-à-vis de son
environnement. Le diamètre de l’ouvrage sera déterminé en tenant
compte des contraintes d’exploitation de l’ouvrage. Le choix de la
méthode de foration sera fait pour obtenir un trou dans lequel les
tubages crépinés et pleins pourront être positionnés au mieux avec mise
en place du massif filtrant face aux crépines ou des cimentations
derrière les tubages pleins.

• La qualité des fluides des réservoirs. Dans certains cas particulier, la


qualité du fluide du réservoir peut induire des précautions spécifiques.
La foration au rotary à la boue pourra être privilégiée dans certains cas
où le risque d’éruption est grand. Cette technique permet en effet par
augmentation de densité de la boue de contenir les effets de pression ;

• L’environnement du chantier. Selon le lieu de réalisation de l’ouvrage


(zone habitée ou non), et la place disponible pour réaliser la plate forme
de forage, les matériels à utiliser pourront être choisis selon leur
encombrement et leur niveau sonore.

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IV. SUIVI DU FORAGE

1. Suivi des paramètres de forage

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Il permet d’avoir en temps réel un enregistrement graphique en fonction de la


profondeur des paramètres suivants :

─ La vitesse d’avancement ;
─ La pression sur l’outil ;
─ La pression du fluide d’injection ;
─ La vitesse de rotation ;
─ La profondeur d’avancement.

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2. Suivi géologique
Il consiste en une prise d’échantillons des terrains traversés. Le rythme des
prises d’échantillon dépend de la profondeur de l’ouvrage et de l’intérêt des
terrains traversés. Il pourra être d’un échantillon tous les trois mètres dans les

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premiers terrains et d’un échantillon par mètre dans les réservoirs traversés.
La qualité de ces informations dépend beaucoup de la méthode de foration
choisie. Les déblais permettront d’aider à définir les cotes de la coupe
technique. Les déblais issus du réservoir permettront après une analyse
granulométrique de dimensionner l’ouverture des crépines et d’un éventuel
massif filtrant. Ceci montre l’importance de cette simple opération de collecte
pour l’optimisation et la pérennité de l’ouvrage.

3. Suivi hydrogéologique
Celui-ci ne peut s’effectuer correctement que si la foration est réalisée à l’air.
Le suivit hydrogéologique consiste à :

─ Noter la qualité du réservoir (présence de fissures, fractures, cavité...) ;


─ Repérer la cote des arrivées d’eau ;
─ Evaluer le débit en surface.

D’une façon générale, on pourra exploiter l’eau des altérites si celle-ci provient
de terrains granitiques, granito-gneissique ; c'est-à-dire tous les terrains riches
en quartz. On évitera de capter l’eau des altérites argileuses.

4. Suivi hydrochimique
Les paramètres les plus souvent mesurés au cours de la foration sont la
température, la conductivité, le PH, la teneur en oxygène dissout, la présence
en gaz libre (CO2), la teneur en fer, en magnésium, les teneurs des éléments
majeurs.

5. Essai de pompage
Le test de pompage à pour but de déterminer le débit d’exhaure (exploitation)
optimal assurant une qualité physico-chimique constante et un niveau
dynamique stabilisé. Pour cela, deux types de test sont mis en œuvre :

─ Un pompage court (inférieur à 24h) qui se rapproche d’un pompage par


palier de débits croissants ayant pour objet d’approcher le débit optimal
d’exhaure ;
─ Un pompage de longue durée (24h à 72h) qui sera utiliser comme
pompage de qualification permettant de valider le débit déterminé, la
qualité physico-chimique et la stabilisation du niveau dynamique
(paramètres hydrodynamiques).

6. Arrêt du forage

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Un forage peut être arrêté quand le débit requis est obtenu. Une fois ce débit
exigé est atteint, on poursuit le forage sur une longueur supplémentaire de six
mètres environ.

Dans le socle granitique ou granito-gneissique, si à 100m de profondeur


un forage n’a pas obtenu un débit d’un mètre cube par heure (1m3/h), on
arrêtera le forage.

Dans les schistes, il sera très rare qu’un forage de 100m soit encore sec ou
insuffisant. Si c’est le cas, il est préférable de poursuivre le forage plutôt que
de recommencer l’opération sur un nouveau site ;

Dans les terrains sédimentaires, le toit de l’aquifère est actuellement


suffisamment connu pour pouvoir définir les profondeurs optimales des
forages à exécuter. Dans ces terrains, un forage sera arrêté quand le débit
requis sera atteint.

Fin

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