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Vérifier son moteur

asynchrone
RACHID YOUSFI [1]

S’assurer que le moteur asynchrone choisi pourra vraiment d’applications – pompe centrifuge, pompe à piston,
s’acquitter de la tâche à laquelle on le destine constitue une réelle convoyeur à bande ou ascenseur, par exemple – sont
répertoriées dans la classification indicative des charges
problématique. Nous vous en avions déjà proposé en
de l’AGMA (Americain Gear Manifacturers Association)
« boîte à outils » (Technologie no ) une approche synthétique.  . Leur classe dépend de leur temps de fonctionnement
Pour y répondre, voici une méthode de vérification de choix qui journalier. À chaque classe AGMA correspond un facteur
utilise des organigrammes recensant les différentes étapes de la de service du réducteur nommé Kp  .
démarche et les contraintes dont elle doit tenir compte.  La classification AGMA de certaines applications

Heures/jour 3 10 24
Application
Le choix préliminaire du moteur mots-clés Pompe centrifuge I I II
Une fois que la puissance exigée du mécanisme à entraîner actionneur, Pompe à piston I II II
est déterminée et que les corrections nécessaires lui composants, Ascenseur II II III
ont été apportées, on effectue un choix préliminaire électrotechnique Convoyeur à bande I I II
du moteur. Ce dernier doit développer une puissance
supérieure ou égale à celle de la charge et une vitesse  Les Kp correspondant aux classes AGMA
proche de celle du mécanisme. Néanmoins, le choix
Classe AGMA Kp
définitif de la vitesse de rotation du moteur électrique
I 1
s’opère en considérant simultanément le moteur et
II 1,4
la transmission, notamment au niveau du coût. Les
moteurs rapides, plus petits, sont, en principe, meilleur III 2
marché que les lents, mais ils exigent des rapports de
transmission plus élevés, présentent des rendements Une fois que l’on a déterminé ce facteur Kp et la
très faibles et des facteurs de puissance défavorables. puissance du moteur, on peut se reporter aux abaques
Et la recherche du réducteur adéquat doit prendre en que Leroy-Somer propose pour ses motoréducteurs.
compte le côté encombrement. Chaque abaque correspond à un Kp ; à une plage de
Parfois, il est plus commode de ne pas passer par un puissance et de vitesse de sortie donnée correspondent
réducteur pour transmettre la puissance désirée, si la des rapports de transmission.
vitesse d’entraînement exigée est proche de la vitesse
de régime n0 du fonctionnement du moteur. Remarque : Pour les applications nécessitant une vitesse
Les réducteurs sont normalement déterminés pour comprise entre le minimum et le maximum de deux
une charge uniforme et pour une cadence de démarrage moteurs de pôles différents et successifs, le choix séparé
faible. Dans le cas contraire, il est nécessaire de d’un moteur et d’un réducteur est obligatoire (montage
multiplier le couple de sortie par un facteur d’utilisation universel). Aussi, on doit s’assurer que le moteur choisi
(ce facteur dépend du type de service du moteur ; se peut fournir la puissance d’entraînement requise et
reporter aux diagrammes constructeur correspondants), supporter l’échauffement des régimes transitoires
et d’augmenter ainsi la puissance du moteur. (accélérations, décélérations, changement de vitesse
Le constructeur Leroy-Somer propose des moto- et variation de la charge).
réducteurs de type Compabloc à engrenages qui per-
mettent d’adapter la vitesse du moteur électrique à
celle de la machine à entraîner. Le motoréducteur se La vérification du moteur
détermine alors par la puissance du moteur Pn exprimée Après le choix préliminaire du moteur, il faut s’assurer
en kilowattheures, et la vitesse de rotation à la sortie que ce dernier peut fournir la puissance d’entraînement
du réducteur (ns) en tours par minute. requise sans pour autant être affecté par les régimes
La grandeur caractéristique des réducteurs de vitesse transitoires (accélération, décélération, changement
est le couple nominal de sortie (Cns) : de vitesse ou variation de charge). Une vérification
Cns = Pn  9 550 ns  rendement des critères de démarrage et d’échauffement est donc
La sélection d’un réducteur ou d’un motoréducteur obligatoire ; elle nécessite en premier lieu la connaissance
doit tenir compte de l’application. Un certain nombre du type de service de fonctionnement de la charge.
 TECHNOLOGIE  NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2006
La détermination du type
de service de fonctionnement C (Nm)
Cmax
La norme CEI 60034-1 prévoit dix types de service de
fonctionnement, qui peut être continu, temporaire ou Cd Couple
périodique, comprenant une ou plusieurs charges qui
restent constantes pendant la durée spécifiée, ou non Cmin
périodique, pendant lequel, généralement, la charge et la Cn
vitesse varient dans la plage de fonctionnement admissible.
C’est à l’utilisateur qu’incombe la responsabilité de
spécifier le type de service : N (tr/min)
L numériquement, si la charge ne varie pas ou varie
Nn Ns
de façon connue ;
L graphiquement, par une représentation des grandeurs  Le couple moteur en fonction de la vitesse
variables en fonction du temps.
La vérification du moteur
La vérification du moteur au démarrage d’après l’échauffement
Le moteur doit fournir un couple au démarrage supérieur La vérification du moteur d’après l’échauffement se fait
au couple résistant pour qu’il y ait entraînement, une par l’estimation de la puissance équivalente pendant
condition qui est vérifiée si le couple accélérateur une heure en prenant en considération la puissance
moteur est positif ; mais il faut aussi que le moteur utile de la charge durant les différents cycles de travail
puisse entraîner le mécanisme dans un temps limite ainsi que la puissance des régimes transitoires :
exigé par le cahier des charges. Ptr2 • ttr + Pu2 • tu
Le couple accélérateur moteur est donné par la Peq =
3600
formule suivante :
Camot = Cm – Cr Ptr : puissance des régimes transitoires (pour
un calcul simplifié, on prend comme référence
Cr : couple résistant de la charge
la puissance de démarrage)
Cm : couple moteur durant le démarrage
ttr : temps des régimes transitoires (on utilise
Les constructeurs donnent une valeur moyenne du le temps de démarrage)
couple moteur durant la phase de démarrage avec la Pu : puissance utile du moteur pendant le cycle
formule  : d’utilisation hors démarrage
tu : temps de fonctionnement utile
C 2 • Cmax 2 • Cmin Cn
Cm  d
6 La formule devient :
2
Cd : couple de démarrage du moteur §I ·
Cmin : couple d’accrochage du moteur n • tdmot • ¨ d • Pn ¸ +(3600 – n • tdmot ) • Pu2 • Fdm
¨© In ¸¹
Cmax : couple de décrochage du moteur Peq =
Cn : couple nominal du moteur 3600

On peut estimer le temps de démarrage du moteur Fdm : facteur de marche du moteur


avec la formule : Id In : appel de courant avec un moteur de puissance
W1 nominale Pn
Jtotal n : nombre de démarrages équivalents dans l’heure
tdmot  ° dW
Camot
0 n = nd + K nf + K' ni
tdmot : temps de démarrage du moteur nd : nombre de démarrages complets par heure
Jtotal : moment d’inertie total (moteur, mécanisme nf : nombre de freinages électriques dans l’heure
intermédiaire et charge) ni : nombre d’impulsions (démarrage incomplet
W1 : vitesse au régime nominal jusqu’au tiers de la vitesse finale) dans l’heure
Si tdmot ≤ td (temps de démarrage exigé), le moteur
remplit les conditions de démarrage ; sinon on doit en
[1] Ingénieur en électrotechnique, professeur à l’université de
choisir un avec une puissance supérieure.
Béjaïa (Algérie).

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Les coefficients K et K' ont les valeurs suivantes :
L Pour les moteurs à cage : K = 3 et K' = 0,50 ORGANIGRAMME 2
L Pour les moteurs à bagues : K = 0,80 et K' = 0,25
Dans le cas où la charge est constante, la puissance La vérification du temps
utile se calcule comme suit :
Pu = Cr  W1 de démarrage du moteur
Mais si le mécanisme est caractérisé par des variations Vérification du temps
cycliques de la charge (services intermittents  ), elle de démarrage
se calcule avec la formule suivante :

Pu =
P • t + P
1
2
1 2
2
• t2 + P32 • t3 + •••••••••• + Pn2 • t n ! '&  + '  
"   '    ''   $  
t1 + t2 + t3 •••••••• + tn   )   &  + '   '
p1 : puissance développée par le moteur pendant un
temps t1
   &      
   )     
     
ORGANIGRAMME 1 

L’organigramme principal # " ( )(


 .  &'' 
 '&  
"

 $'#)#    &'  %  


   -"
   
  
#  $ $

# # " " ( )(


$!#(#$&$ Le choix   
  &'' 
!#$   est bon
'&  
"
## !$$$ 
!##         *  ,

 & #   ##$  P2 : puissance développée par le moteur pendant un


!$$ %$$#$#%! temps t2
P3 : puissance développée par le moteur pendant un
temps t3
$!#(#$#
#$### #   Pn : puissance développée par le moteur pendant un
temps t n

$$* $ $#%


    !# "
Puissance (kW)
P1 Pn
 % &%
#*  #
!$$
##
$!##
P2
   
%#*

 P3 Temps (s)


 
#*  #  
'+ %#*

t1 t2 t3 tn

Le choix est bon
 Le diagramme de charge pour service intermittent

 TECHNOLOGIE  NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2006


ORGANIGRAMME 3 Pour en savoir plus...
… Notamment quant au choix proprement dit du moteur
La vérification de l’échauffement asynchrone, nous vous suggérons de consulter la ressource de
Philippe Lebrun, professeur au lycée Louis-Armand de Nogent-

du moteur choisi sur-Marne (94), téléchargeable à cette adresse :


http://www.ac-creteil.fr/Lycees/94/larmandnogent/
enseigne/ressources/techno/bourse%20cours/cours1.html
Vérification de l’échauffement du moteur choisi
Très complète, elle traite en 42 pages « la technologie, le choix
et l’alimentation des machines asynchrones ».

Oui Service de Non


fonctionnement
Dans ce cas :
L Il faut remplacer les Pi < Pn 2 par Pn 2 pour tenir
compte de l’échauffement dû au courant magnétisant.
P12 t1 + + Pn 2 tn C1 2πN1 L La vérification de la capacité de surcharge du moteur
Pu = Pu 
t1 +  + tn 60 est assurée par la condition suivante :
Cmax (charge) < 1,1 Cmax (moteur)
Le coefficient de sécurité 1,1 permet d’éviter le
décrochage du moteur en cas d’à-coups mécaniques.
2
L’échauffement du moteur est dû aux pertes
Id  magnétiques et électriques qui se produisent dans
n tdmot  Pn  + 3600 – n tdmot Pu2 Fdm
 In 
Peq =  le stator et le rotor ainsi que dans l’entrefer ; si ces
3600
pertes sont inférieures aux pertes nominales du moteur,
l’échauffement de ce dernier ne dépassera pas ses
Nouveau choix valeurs limites. Il faut donc s’assurer que :
Non
avec une Pn Peq < Pn Peq < Pn
supérieure Si cette condition est respectée, la vérification du
Oui moteur d’après l’échauffement est terminée. Dans le cas
contraire, il faut chercher un moteur avec une puissance
Le moteur choisi est bon
supérieure jusqu’à satisfaction de cette condition.

La détermination du service de fonctionnement adapté à l’application Les organigrammes


donnée (service continu, aléatoire ou périodique) est proposée par les Effectuer un choix rationnel des moteurs électriques
constructeurs de moteurs électriques dans le cadre de la réalisation d’une application donnée
nécessite l’élaboration d’organigrammes représentant
les étapes que nous venons de voir (en encadrés).
Il est néanmoins impératif de se rapprocher des
constructeurs afin d’affiner ses choix et d’obtenir des
valeurs de correction précises. N

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