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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

LA THÉORIE DE L’ESPRIT DANS LA SCLÉROSE EN PLAQUES

THÈSE DE SPÉCIALISATION

PRÉSENTÉE COMME EXIGENCE PARTIELLE

DU BACCALAURÉAT EN PSYCHOLOGIE

PROFIL HONOURS

PAR

ROMANE FARLEY

SOUS LA SUPERVISION DE

ISABELLE ROULEAU ET MAXIME MONTEMBEAULT

11 MAI 2022
i

RÉSUMÉ

Bien que plusieurs études aient mis en évidence des troubles en théorie de l’esprit (TDE) chez les
personnes atteintes de la sclérose en plaques (SEP), peu de recherches ont étudié l’effet du
vieillissement et de cette maladie sur les deux composantes de la TDE (cognitive et affective)
séparément. Ainsi, les objectifs de la présente étude consistent à déterminer les effets de l’âge et
de la SEP sur les composantes cognitive et affective, ainsi qu’à mesurer les relations entre la
TDE, le fonctionnement cognitif global et la capacité d’inhibition. L’échantillon (N = 56) inclut
29 individus avec SEP (14 jeunes et 15 âgés) et 27 témoins (13 jeunes et 14 âgés). Les analyses
ont été effectuées sur des données secondaires collectées en 2017 dans le cadre d’un programme
de recherche visant à évaluer les effets du vieillissement sur le fonctionnement cognitif dans la
SEP. Tous les participants ont rempli deux questionnaires psychologiques (BDI-FS, MFSIS) et
ont été évalués sur des mesures neuropsychologiques (MoCA, Stroop-Inhibition) et de la
cognition sociale. Les résultats mettent en évidence des troubles en TDE dans la SEP qui sont
accentués par le vieillissement. Bien que nous n’ayons pas relevé d’interaction, il semble y avoir
un effet de l’âge et de la maladie sur la TDE cognitive. Cette atteinte est liée à un trouble des
fonctions exécutives. Lorsque l’effet de l’âge est contrôlé, la TDE est liée au fonctionnement
cognitif global, mais pas à la perception des émotions. Des outils permettant de mettre en relation
des atteintes en TDE, le fonctionnement quotidien, la qualité de vie et les relations
interpersonnelles chez les personnes vivant avec la SEP gagneraient à être développés. Des
futures études seraient nécessaires afin de mieux comprendre pourquoi l’aspect affectif de la TDE
s’avère moins touché que l’aspect cognitif.

Mots-clés : théorie de l’esprit, sclérose en plaques, vieillissement, fonctionnement


cognitif, perception des émotions, fonctions exécutives.
ii

TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ ..................................................................................................................................... i
LISTE DES TABLEAUX .......................................................................................................... iv
LISTE DES FIGURES ................................................................................................................ v
LISTE DES ABRÉVIATIONS ................................................................................................... vi
REMERCIEMENTS ................................................................................................................. vii
1. INTRODUCTION ................................................................................................................... 1
1.1 Problématique ................................................................................................................................ 1
1.2 Contexte théorique ......................................................................................................................... 1
1.2.1 La cognition sociale ............................................................................................................................... 1
1.2.2 La sclérose en plaques............................................................................................................................ 5
1.2.3 La cognition sociale dans la sclérose en plaques ..................................................................................... 8
1.3 Questions de recherche et hypothèses ........................................................................................... 10
3. MÉTHODOLOGIE ............................................................................................................... 11
3.1 Participants .................................................................................................................................. 11
3.2 Matériels ...................................................................................................................................... 12
3.2.1 Questionnaires psychologiques ............................................................................................................. 12
3.2.2 Mesures neuropsychologiques .............................................................................................................. 12
3.2.3 Mesures de la théorie de l’esprit ........................................................................................................... 13
3.3 Procédure ..................................................................................................................................... 14
3.4 Analyses des données ................................................................................................................... 14
4. RÉSULTATS ........................................................................................................................ 15
4.1 Participants .................................................................................................................................. 15
4.2 Effet du groupe et de l’âge sur la théorie de l’esprit ...................................................................... 17
4.4 Relation entre la théorie de l’esprit et la perception des émotions .................................................. 19
4.5 Relation entre la théorie de l’esprit et le Stroop-Inhibition ............................................................ 20
5. DISCUSSION ....................................................................................................................... 20
5.1 Limites et perspectives futures ...................................................................................................... 23
5.2 Conclusion ................................................................................................................................... 24
RÉFÉRENCES .......................................................................................................................... 26
ANNEXES ................................................................................................................................ 33
Annexe A - Approbation éthique ........................................................................................................ 33
Annexe B - Approbation de renouvellement annuel ............................................................................ 35
iii

Annexe C - Renouvellement du certificat d'approbation éthique ......................................................... 36


Annexe D - Certificat d'accomplissement ........................................................................................... 37
Annexe E - Formulaire d'information et de consentement à l'intention des participants témoins .......... 38
Annexe F - Formulaire d'information et de consentement à l'intention des participants avec sclérose en
plaques .............................................................................................................................................. 44
iv

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1. Caractéristiques démographiques des participants......................................... 17


Tableau 2. Corrélations partielles entre le MoCA et le C&I ........................................... 19
Tableau 3. Corrélations partielles entre le REM et le C&I .............................................. 19
v

LISTE DES FIGURES

Figure 1. Moyennes des scores au C&I cognitif et au C&I affectif selon le groupe par l’âge ...... 18
vi

LISTE DES ABRÉVIATIONS

ANOVA : Analyse de la variance


BDI-FS : Beck Depression Inventory Fast Screen
BTA : Bref Test of Attention
CHUM : Centre hospitalier de l’Université de Montréal
C&I : Conversations et Insinuations
EDSS : Expanded Disability Status Scale
FE : Fonctions exécutives
MFSIS : Modified Fatigue Impact Scale
MoCA : Montreal Cognitive Assessment
QV : Qualité de vie
REM : Reconnaissance des émotions multimodale
RSMS : Revised Self-Monitoring Scale
SCSP : Société Canadienne de Sclérose en Plaques
SDMT : Symbol Digit Modalities Test
SEP : Sclérose en plaques
SNC : Système nerveux central
SS : Stroop-inhibition
TDAH : Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité
TDE : Théorie de l’esprit
TEP : Tomographie par émission de positrons
UQAM : Université du Québec à Montréal
VTI : Vitesse de traitement de l’information
vii

REMERCIEMENTS

Je tiens principalement à remercier Isabelle Rouleau, ma directrice, pour son soutien et


ses précieux conseils tout au long de ce processus. Ce fut une expérience enrichissante où j’ai
acquis de multiples connaissances (et compétences) qui me serviront sans aucun doute pour la
suite de mon cheminement, autant académique que personnel. Merci de m’avoir permis de
travailler sur un si beau projet, j’en suis extrêmement reconnaissante. Je tiens également à
remercier Maxime Montembeault, mon codirecteur, pour son aide lors de mes analyses.

Finalement, je remercie mes parents pour leur support durant cette année, mais plus
particulièrement, d’avoir cru en moi.
1

1. INTRODUCTION

1.1 Problématique

Au cours des dernières années, l’espérance de vie des individus atteints de la sclérose en
plaques (SEP) a grandement augmenté en raison de l’émergence de traitements plus adaptés.
Cette maladie entraîne chez plusieurs individus des troubles physiques, cognitifs et émotifs.
Plusieurs études ont mis en évidence la présence significative de troubles de la cognition sociale
dans la SEP (Cotter et al., 2016). Ces troubles pourraient altérer la qualité du fonctionnement
social (Bora et al., 2016). Ces perturbations pourraient également être liées à une difficulté à bien
percevoir les informations émotionnelles et à adopter la perspective de l’autre, ce qui affecte la
qualité de vie et le bien-être des individus avec SEP (Phillips et al., 2010).

1.2 Contexte théorique

1.2.1 La cognition sociale

La cognition sociale représente l’ensemble des processus cognitifs qui permettent à


l’individu, lors d’interactions sociales, d’adapter ses propres comportements et de comprendre
adéquatement les autres (Achim et al., 2020). Les processus cognitifs intra-individuels, sur
lesquels elle se centralise, contribuent à l’explication du fonctionnement interpersonnel et des
interactions sociales (Gourlay et al., 2020). Il existe un accord général concernant l’idée qu’une
cognition sociale fonctionnelle favorise le maintien de la qualité de vie sur le long terme (Isernia
et al., 2019). Cependant, il n’y a pas de consensus quant à l’implication des construits centraux
qui la composent : certains apparaissent néanmoins comme plus fondamentaux et davantage
définis que d’autres. Parmi ceux-ci, on y retrouve le traitement des émotions, la perception
sociale, le style attributionnel, la cognition morale et le raisonnement moral, l’alexithymie, la
réciprocité sociale, l’empathie (qui regroupe plusieurs construits de la cognition sociale), la
métacognition sociale et finalement, la théorie de l’esprit (Achim et al., 2020).
2

1.2.1.1 Les construits de la cognition sociale. Le traitement des émotions correspond à


l’aptitude à percevoir et à interpréter les informations émotionnelles. Les processus de bas niveau
qui y sont associés font référence à l’habileté de discerner ainsi que de désigner les émotions
d’autrui sur la base d’expressions faciales, de la prosodie et/ou de la posture. La compréhension
plus approfondie des émotions caractérise les processus dits de haut niveau du traitement
émotionnel (Achim et al., 2020).

La capacité à déchiffrer, à comprendre et à interpréter les indices sociaux chez autrui fait
référence à la perception sociale. Celle-ci comprend notamment le traitement du contexte social
dans lequel se trouve la personne et ses connaissances au sujet des rôles, des règles et des
comportements sociaux préconisés.

Le style attributionnel désigne la façon dont la cause d’une situation est perçue et
expliquée par l’individu (Achim et al., 2020). Deux types de biais d’attribution sont relevés.
Attribuer des causes positives concernant nos propres actions et des causes négatives à celles
d’autrui caractérise le biais d’extériorisation. Le biais de personnalisation, pour sa part, consiste
en l’attribution d’événements particuliers non souhaités à soi-même, sur lesquels l’individu n’a
aucun contrôle (Gourlay et al., 2020).

La cognition morale comporte des processus cognitifs liés à la moralité, tandis que les
mécanismes cognitifs permettant d’effectuer un choix moral réfèrent à la composante du
raisonnement moral. L’alexithymie, pour sa part, est définie comme l’inaptitude à identifier ses
propres émotions.

L’engagement émotionnel et social adapté lors d’interactions avec un autre illustre le


construit de la réciprocité sociale. Une prise de conscience des signaux interpersonnels, une
réponse adaptée à ces derniers ainsi qu’une conscientisation des réactions d’autrui au sujet de soi
sont indispensables dans l’engagement émotionnel (Achim et al., 2020).

L’empathie est désignée comme l’habileté innée dite socioémotionnelle qui favorise la
création et le maintien de liens sociaux. Elle regroupe trois composantes interdépendantes, à
savoir motivationnelle, affective et cognitive. Celles-ci interagissent entres-elles et permettent à
l’individu de réagir adéquatement dans un contexte donné. L’empathie est élémentaire au
déroulement favorable des relations sociales (Duclos et al., 2015).
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La métacognition sociale correspond à la capacité d’évaluer ses propres pensées et celles


d’autrui (Achim et al., 2020). Finalement, la théorie de l’esprit (TDE), aussi connue sous le nom
de mentalisation, désigne la capacité d’inférer les états mentaux (émotions, motivations, désirs et
pensées) d’autrui (Achim et al., 2020) dans le but de comprendre et de prédire les
comportements. Il est nécessaire d’utiliser sa propre pensée pour appréhender les processus
mentaux chez l’autre (Gall et al., 2009).

1.2.1.2 La théorie de l’esprit. Cette capacité de mentalisation qui se développe en grande


partie avant l’adolescence (Ouellet et al., 2010) s’avère primordiale au contrôle des
comportements ainsi qu’au fonctionnement des interactions sociales. Elle contribue non
seulement à maintenir les activités sociales tout au long de la vie, mais aussi à prévenir
l’apparition de symptômes dépressifs (Chiaravalloti et DeLuca, 2008). La TDE est divisée en
deux composantes qui diffèrent selon la nature du contenu mental, à savoir la pensée affective
(composante affective) et la pensée cognitive (composante cognitive). La première est définie
comme la capacité que possède une personne à comprendre et à déduire les émotions et les
sentiments d’une autre. En revanche, la composante cognitive est expliquée comme l’habileté à
comprendre et à déduire les pensées, les croyances ou les intentions d’autrui (Duval et al., 2011).
La TDE comporte deux niveaux cognitifs de représentations : la TDE de 1er ordre et la TDE de 2e
ordre. Le premier niveau réfère aux représentations concernant l’état mental d’autrui. Les
représentations mentales qu’un individu possède sur celles d’un autre individu constituent le
deuxième niveau. En d’autres termes, penser à ce qu’une personne pense caractérise la TDE de
1er ordre, alors que penser à ce qu’une personne pense d’une autre consiste en la TDE de 2e ordre
(Duval et al., 2011).

Deux processus fonctionnels, soit le décodage et le raisonnement, interagissent entre eux


pour permettre d’attribuer correctement des états mentaux (Sabbagh et al., 2004). Le décodage de
ces états mentaux (cognitifs et affectifs) est associé aux informations (et indices) sociales (telles
que l’expression faciale et la prosodie) identifiées dans l’environnement. Le raisonnement, pour
sa part, est un processus impliquant des fonctions de plus haut niveau permettant la distinction,
par exemple, entre le mensonge et la plaisanterie ainsi que la compréhension, l’explication et la
prédiction des actions. Ce processus sollicite la considération des informations au sujet de
4

l’interlocuteur et du contexte. En effet, l’action de pleurer peut être interprétée différemment


selon la situation (par exemple, la tristesse versus la joie) (Duval et al., 2011).

Les capacités exécutives ainsi que celle de la mentalisation se développeraient


conjointement vers l’âge de 4 et 5 ans, et seraient liées au développement du cortex préfrontal
(Duval et al., 2011). À l’aide d’imagerie cérébrale, notamment par la tomographie par émission
de positrons (TEP), des études ont constaté une activation frontale lors de tâches TDE.
Similairement, des atteintes frontales ont été associées à un déficit dans la TDE ainsi qu’à une
altération au niveau du traitement des émotions (Gall et al., 2009). Stuss et ses collègues (2001)
ont noté que l’incapacité de voir le monde du point de vue d’un autre était liée à des lésions
touchant l’entièreté du lobe frontal (avec un rôle prédominant du lobe frontal droit). Ils ont
également observé que les patients avec des lésions frontales médianes, dans les régions ventrales
droites plus particulièrement, présentaient des difficultés à détecter la tromperie. Des lésions
frontales étaient donc associées à un déficit de mentalisation.

Diverses études d’activation en neuroimagerie chez des sujets sains soutiennent une
certaine indépendance entre les composantes affective et cognitive de la TDE. Le cortex
préfrontal ventromédian aurait une plus forte implication dans l’aspect affectif (Hynes et al.,
2006) : une lésion affectant cette région résulterait en une altération de la TDE affective, mais pas
cognitive (Shamay-Tsoory et al., 2010). Les structures ventromédianes du lobe frontal auraient
donc une influence importante sur la capacité à reconnaître les émotions faciales (Gall et al.,
2009). En ce qui concerne la composante cognitive, celle-ci serait plutôt liée au cortex préfrontal
dorsolatéral (Kalbe et al., 2010).

Différentes autres structures cérébrales, telles que la jonction temporo-pariétale et le pôle


temporal ont été évoquées comme étant fortement impliquées dans la TDE. Le cortex
orbitofrontal, le sillon supérieur, l’amygdale ainsi que le cortex cingulaire postérieur et le
précuneus semblent également y avoir un rôle (Bejanin et al., 2016). Le décodage des signaux
sociaux (par exemple, le regard et les mouvements corporels) serait facilité par l’implication des
amygdales (Gall et al., 2009).

Les données concernant l’effet de l’âge sur la TDE sont variées. Les recherches suggèrent
un appauvrissement de la composante cognitive en lien avec le vieillissement normal (Duval et
al., 2011). McKinnon et Moscovitch (2005) ont démontré une moins bonne performance chez les
5

participants âgés dans des tâches d’histoires de 2e ordre par rapport aux participants plus jeunes,
alors qu’ils n’ont noté aucune différence concernant les tâches de 1er ordre. Ces résultats
concordent avec ceux de Castelli et ses collègues (2010). Ces derniers ont observé une
performance nettement meilleure pour le groupe âgé entre 21 et 30 ans dans certaines tâches de
TDE complexes, notamment les tâches de fausse croyance de 2e ordre, comparativement au
groupe âgé entre 60 et 78 ans. Charlton et ses collègues (2009) ont également noté une relation
linéaire entre le déclin de TDE et l’âge. En opposition à ces études, Happé et ses collègues (1998)
ont constaté une meilleure performance chez les sujets âgés par rapport aux sujets plus jeunes
dans une tâche verbale de TDE. Ils ont donc supposé une préservation, voire une augmentation de
la capacité de la TDE avec l’âge (Happe et al., 1998).

Les études divergent aussi quant à l’effet de l’âge sur la composante affective de la TDE.
Slessor et ses collègues (2017) ont noté une diminution de la capacité à inférer l’état émotionnel
d’une personne dans des tâches d’histoires courtes, de vidéos et de photographies de regards en
lien avec l’avancée en âge. Toutefois, Philips et ses collègues ont seulement observé une
différence significative entre le groupe des jeunes adultes (20 à 40 ans) et celui des sujets âgés
(60 à 80 ans) dans l’aptitude à inférer des émotions complexes sur la base du regard. Les groupes
ne différaient pas quant aux émotions de base.

Malgré l’absence de consensus concernant l’effet de l’âge sur la capacité de mentalisation


en général, la littérature suggère que l’altération dans la TDE cognitive serait associée à une
diminution des fonctions exécutives (FE) liées au vieillissement normal (Duval et al., 2011). En
effet, Charlton et ses collègues (1998) soutiennent que la diminution des FE, de la vitesse de
traitement de l’information (VTI) et de l’intelligence verbale causée par le vieillissement normal
expliquerait l’altération de l’aspect cognitif avec l’avancée en âge. Contrairement à la TDE
cognitive, peu d’études ont porté sur l’effet des FE sur la TDE affective dans le vieillissement.

1.2.2 La sclérose en plaques

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie auto-immune neurodégénérative


caractérisée par la formation de lésions (plaques) affectant le système nerveux central (SNC), soit
plus particulièrement le cerveau et la moelle épinière (Chiaravalloti et DeLuca, 2008). Le
système immunitaire s’attaque à la gaine de myéline entraînant une démyélinisation et une perte
6

axonale. Par conséquent, la transmission de l’influx nerveux (habituellement accélérée par la


gaine de myéline) entre les régions cérébrales en résulte amoindrie, entraînant des
dysfonctionnements cognitifs, moteurs et sociaux (Raimo et al., 2017). Jusqu’à 70% des patients
atteints de SEP présentent un dysfonctionnement cognitif, et ce, peu importe le stade ou le sous-
type de la maladie (Cotter et al., 2016). Les déficits cognitifs surviendraient précocement
(Brochet et al., 2007) et leur étiologie serait multifactorielle. Les lésions cérébrales corticales,
l’atrophie corticale, les anomalies de la substance grise profonde et la pathologie de la substance
blanche (démyélinisation et inflammation, perte axonale) participent à leur manifestation
(DeLuca et al., 2015).

La progression de la SEP diffère pour chaque individu, mais on reconnaît trois principales
formes liées à l’évolution de la maladie dans le temps. La SEP récurrente-rémittente (ou forme
cyclique) constitue la première forme et se manifeste chez 80% des patients (Noseworthy et al.,
2000), surtout en début d’évolution. Elle est caractérisée par des poussées nettement définies qui
provoquent une intensification des symptômes (ou apparition de nouveaux symptômes). Ces
poussées sont suivies d’une rémission partielle ou complète des symptômes. La SEP récurrente-
rémittente tend à progresser chez la plupart des patients vers une SEP progressive secondaire
(deuxième forme). Celle-ci est définie par une amplification progressive des symptômes. Les
périodes de poussées et de rémissions deviennent de moins en moins distinctes et apparentes.
Finalement, dans la dernière forme, c’est-à-dire la forme primaire progressive, les symptômes
s’accumulent graduellement, et ce, sans périodes de poussées précises ou de rémissions (Société
Canadienne de la sclérose en plaques, SCSP).
L’évolution de la maladie serait influencée par l’âge. En effet, une étude a constaté que le
groupe avec SEP ayant plus de 65 ans était significativement plus nombreux à présenter une
forme progressive de la maladie que les sujets plus jeunes avec SEP (Minden et al., 2004).

1.2.2.1 Prévalence. Parmi les maladies neurologiques, la SEP représente la plus fréquente
chez les jeunes adultes (Gallien et al., 2012). Selon la Société canadienne de la sclérose en
plaques (SCSP), le Canada est l’un des pays ayant le plus haut taux de sclérose en plaques. Les
facteurs contribuant au développement de la maladie demeurent incertains. Toutefois, une
conjugaison entre des facteurs environnementaux (par exemple le taux de vitamine D lié à
l’exposition au soleil), des agents infectieux et des facteurs génétiques semblent jouer un rôle sur
7

l’apparition de la maladie. La SEP est plus prévalente dans les pays situés loin de l’équateur, tels
que ceux se trouvant au nord de l’Europe, du Canada et des États-Unis. Plusieurs études
mentionnent la vitamine D comme rôle de facteur de protection. Celle-ci régulerait le système
immunitaire, ce qui expliquerait le lien entre une carence en vitamine D et la SEP. Ainsi, les
populations situées loin de l’équateur sont plus sujettes à développer la maladie puisqu’elles sont
moins exposées au soleil (particulièrement durant l’hiver). De plus, les femmes sont davantage à
risque que les hommes. Au Canada, elles représentent 75% des cas (SCSP). La testostérone, une
hormone plus présente chez les hommes, constituerait un facteur de protection (Bellone et al.,
2021).

1.2.2.2 Symptomatologie. Tout comme l’évolution clinique de la SEP, les symptômes


associés varient généralement d’un individu à l’autre. Ils peuvent toutefois être divisés en deux
catégories : les symptômes physiologiques et les symptômes cognitifs (et affectifs). Les atteintes
physiologiques regroupent globalement la fatigue, des troubles de vision, du contrôle des
intestins et de la vessie et des troubles d’équilibre et de coordination (par exemple la dysarthrie
ou des tremblements) (Johnson, 2007). Les atteintes cognitives peuvent être présentes dès les
premiers stades de la maladie et affectent jusqu’à 40 à 60% des patients. Celles-ci sont davantage
observées dans les formes progressives, telles que la SEP progressive secondaire (Bora et al.,
2016). Certaines études ont révélé un lien entre la durée de la maladie et la sévérité des troubles
cognitifs (Brochet et al., 2007). La vitesse de traitement de l’information (VTI), les FE, la
mémoire et l’attention sont considérés parmi les fonctions cognitives les plus souvent atteintes
(Cotter et al., 2016 ; Johnson, 2007 ; Ouellet et al., 2010). Les déficits en mémoire de travail et en
mémoire épisodique sont la plupart du temps constatés conjointement avec le ralentissement de la
VTI, à savoir l’atteinte cognitive la plus commune dans la SEP (Chiaravalloti et DeLuca, 2008).
Selon certains auteurs, des troubles affectifs, tels que l’apathie et l’alexithymie seraient aussi liés
aux troubles cognitifs (Ouellet et al., 2010). En effet, l’apathie a été significativement associée à
une diminution des fonctions cognitives chez les patients avec SEP (Niino et al., 2014). La
dépression est également couramment observée (Johnson, 2007). Inévitablement, les déficits
physiologiques, cognitifs et affectifs engendrés par la maladie affectent le fonctionnement
quotidien de ces individus et par conséquent, leur qualité de vie (QV). Il s’ensuit une altération de
leur autonomie, telle que, par exemple, la capacité à cuisiner et à conduire (Lancaster et al.,
2019).
8

1.2.3 La cognition sociale dans la sclérose en plaques

La SEP est associée à une multiplicité de présentations cliniques, de profils de lésions et


de dysfonctionnement cognitifs qui diffèrent selon les individus (Cotter et al., 2016). Malgré ces
profils variés, nombreuses études soutiennent la présence d’un déficit significatif de la cognition
sociale dans la SEP, dont la reconnaissance des émotions faciales et la TDE (Cotter et al., 2016 ;
Bora et al., 2016). La reconnaissance des émotions faciales réfère à l’habileté d’une personne à
identifier les états émotionnels, en fonction des expressions faciales d’autrui (Cotter et al., 2016).
Diverses études semblent démontrer un déficit de la reconnaissance des émotions
significativement plus important dans le groupe avec SEP par rapport au groupe de témoins (Bora
et al., 2016 ; Cotter et al., 2016). Pour certains auteurs, le déficit concernerait plus spécifiquement
les émotions de peur et de colère (Henry et al., 2009 ; Bora et al., 2016 ; Cotter et al., 2016), alors
qu’aucune différence significative n’a été notée concernant les émotions de tristesse, de dégoût et
de joie (Henry et al. 2009 ; Raimo et al., 2017). De plus, la sévérité des déficits de reconnaissance
des émotions chez les patients avec SEP augmenterait notamment avec l’âge (Cotter et al., 2016)

Il est bien documenté qu’une atteinte neurologique impliquant principalement les lobes
frontaux engendre une perturbation en TDE (Ouellet et al., 2010). En effet, les individus avec des
lésions frontales réussissaient moins bien dans des tâches de mentalisation (Stuss et al., 2001).
Les patients avec SEP présentant des dysfonctions cognitives manifestent couramment un patron
de déficits frontaux, tel qu’un dysfonctionnement exécutif, des difficultés de raisonnement et
d’abstraction (Ouellet et al., 2010).

Quant à l’évaluation de la TDE, des performances nettement inférieures à celle du groupe


témoin ont été obtenues dans le groupe avec SEP (Cotter et al., 2016 ; Raimo et al., 2017). Par
ailleurs, Roca et ses collègues (2014) ont noté que la composante cognitive, et non affective,
serait davantage altérée dans la SEP légère récurrente-rémittente. Une atteinte encore plus
marquée de la TDE cognitive a été mise en évidence dans la forme progressive (Lancaster et al.,
2019). Des travaux plus récents ont rapporté que cette même composante était plus affectée dans
la forme progressive comparativement à la forme récurrente, alors que la TDE affective était
préservée dans les deux types (Isernia et al., 2020).

Peu d’études semblent s’être plus spécifiquement penchées sur la distinction entre les
deux composantes de la TDE dans la SEP. Raimo et ses collègues (2017) ne soutiennent aucune
9

dissociation entre la TDE cognitive et affective dans les débuts de la maladie. Dans cette étude,
l’atteinte en TDE (affective et cognitive) était observée autant dans les modalités verbales
(Emotion Attribution Task et Advanced Test of ToM) que non verbales (The Theory of Mind
Picture Sequencing Task et Reading the Mind in the Eyes test). Roca et ses collègues (2014)
mentionnent que dans les premiers stades de la maladie, seulement le déficit de la TDE cognitive
était présent. Toutefois, au fur et à mesure que la maladie progresse, la composante affective
pourrait toute aussi être affectée. D’après les travaux d’Isernia et de ses collègues (2019), les
déficits en TDE affective débuteraient au stade modéré de la maladie.

Ouellet et al (2010) ont rapporté qu’uniquement les patients atteints de la SEP avec des
déficits cognitifs légers à modérés présentaient une altération de la TDE, comparativement à ceux
sans déficits cognitifs et aux sujets sains (Ouellet et al., 2010). En 2017, Dulau et ses collègues
ont relevé une relation entre les performances cognitives et les tâches de TDE ainsi qu’une
corrélation significative entre les scores aux trois tâches de TDE, le fonctionnement exécutif, la
mémoire épisodique et la mémoire de travail. Le test de photographies de regard (Reading the
mind in the eyes), le test d’attribution et d’intention ainsi que le test de faux pas constituaient ces
trois tâches de TDE. L’attention et la mémoire de travail étaient significativement corrélées aux
tâches mesurant principalement la TDE cognitive, à savoir le test de photographies de regards et
le test d’attribution d’intentions, alors que la mémoire épisodique et le fonctionnement exécutif
étaient, pour leur part, significativement corrélés au test de faux pas (une tâche mesurant à la fois
la composante cognitive et affective). Conformément à ces résultats, Lancaster et ses collègues
(2019) ont mentionné qu’une atteinte en TDE cognitive constatée dans le groupe avec SEP serait
associée à des troubles cognitifs plus généraux de ces mêmes individus, tels que des déficits
attribuables à la VTI et à la mémoire de travail. Or, la TDE affective ne serait pas
significativement liée à la capacité cognitive générale. Ces résultats laissent comprendre que
déduire les émotions d’autrui serait moins exigeant cognitivement que déduire les pensées et les
intentions d’autrui.

Parmi les processus cognitifs essentiels au comportement social adaptatif, on note la TDE
ainsi que les FE (Batista et al., 2018). Les données concernant la relation entre ces deux
processus cognitifs dans la SEP sont toutefois divergentes. Certaines études n’ont noté aucune
corrélation (Ouellet et al., 2010 ; Roca et al., 2014, Batista et al., 2018), alors que d’autres oui
10

(Raimo et al., 2017 ; Henry et al., 2009 ; Ciampi, 2018). Dans l’étude de Henry et ses collègues
(2009), les déficits observés de la TDE chez les patients avec SEP étaient liés à des déficits de
contrôle exécutif. De moins bonnes performances aux tâches de la TDE ainsi qu’en
reconnaissance des émotions faciales étaient corrélées à des mesures de la performance cognitive,
soit plus particulièrement le fonctionnement exécutif et la VTI.

1.3 Questions de recherche et hypothèses

Selon la littérature, il semble difficile d’établir un consensus quant à l’effet de l’âge sur la
TDE. Parmi le peu d’études qui se sont intéressées à distinguer l’aspect cognitif et l’aspect
affectif dans la SEP, on retrouve principalement des données concernant la TDE cognitive.

La présente étude a pour premier objectif de déterminer s’il existe un effet de l’âge, un effet
de la maladie (SEP) et une interaction entre l’âge et la maladie sur les deux composantes de la
TDE examinées séparément. Pour ce faire, les participants témoins et ceux avec SEP ont été
séparés en fonction de leur âge (jeunes et âgés) et leurs performances ont été comparées sur la
tâche Conversations et Insinuations (C&I), qui comporte un volet cognitif et un volet affectif.

À la lumière des études antérieures, nous émettons comme première hypothèse que la
composante cognitive sera davantage altérée que la composante affective chez les sujets âgés que
chez les jeunes en raison de la diminution des FE liée au vieillissement normal. Nous émettons
comme deuxième hypothèse que la TDE cognitive, comparativement à la TDE affective, sera
plus particulièrement affectée chez les sujets SEP que chez les sujets sains en raison des troubles
cognitifs dus à la maladie. Finalement, nous nous attendons à ce que l’atteinte due à la SEP soit
plus marquée chez les participants âgés que chez les témoins.

Comme deuxième objectif, la présente étude vise à explorer si les déficits en TDE sont liés au
fonctionnement cognitif global. Pour ce faire, nous examinerons la relation entre les scores totaux
obtenus à la tâche C&I et ceux du MoCA. Nous nous attendons à ce que la performance associée
à la composante cognitive de la TDE (C&I cognitif) soit particulièrement corrélée avec les scores
obtenus au MoCA.

L’étude a pour troisième objectif de déterminer s’il y a une relation entre la TDE et la
reconnaissance des émotions multimodales (REM). Pour ce faire, la relation entre les scores
totaux obtenus à la tâche C&I et ceux du REM sera analysée. Nous nous attendons également à
11

obtenir une relation positive entre la TDE (plus spécifiquement l’aspect affectif) et la
reconnaissance des émotions.

Finalement, le quatrième objectif vise à évaluer si les troubles en TDE sont liés à une atteinte
des FE. Pour y parvenir, nous analyserons la relation entre les scores totaux obtenus à la tâche
C&I et ceux du Stroop-Inhibition.

3. MÉTHODOLOGIE

Cette étude repose sur l’utilisation de données secondaires provenant d’une collecte de
données effectuée en 2017 dans le cadre d’un programme de recherche dirigé par Isabelle
Rouleau. Ce plus grand projet vise à évaluer les effets du vieillissement sur le fonctionnement
cognitif dans la SEP.

3.1 Participants

Tous les participants ont été initialement impliqués dans une plus grande étude approuvée
par le comité d’éthique du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). L’échantillon
utilisé inclut vingt-neuf individus avec SEP (n = 29) et vingt-sept témoins (n = 27) pour un total
de cinquante-six participants (N = 56).

Les individus avec SEP ont été séparés en deux groupes selon leur âge : quatorze (n = 14)
pour le groupe des jeunes (M = 32.6 ans) et quinze (n = 15) pour le groupe des âgés (M = 64.1
ans). Les participants ont été recrutés à la Clinique de Sclérose en plaques du CHUM. Pour être
admis à l’étude, les quatre critères suivants devaient être satisfaits : 1) SEP récurrente-rémittente
ou SEP progression secondaire ou SEP primaire progressive ; 2) avoir un score maximal de 7.0 sur
l’échelle élargie de statut d’invalidité (EDSS) ; 3) parler aisément la langue française ; et 4) être
en mesure d’accorder un consentement éclairé. Les participants ont été exclus de l’étude s’ils
présentaient l’un des sept critères suivants : 1) troubles neurologiques (autre que la SEP), troubles
psychiatriques ou tout autres troubles pouvant impacter sur le fonctionnement cognitif ; 2)
symptômes dépressifs importants et/ ou d’une dépression majeure ; 3) abus d’alcool ou de
drogues ; 4) déficits moteurs ou sensoriels pouvant interférer aux résultats de l’évaluation
12

neurologique ; 5) présence, au cours des trois derniers mois, d’une rechute de SEP ; 6) une
modification de la médication spécifique à la SEP qui a eu lieu au cours des trois derniers mois ;
et 4) présence d’antécédents d’un trouble neurodéveloppemental, tels qu’un trouble
d’apprentissage ou un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH).

Les témoins ont été divisés en deux groupes selon leur âge : treize (n = 13) pour le groupe
des jeunes (M = 37.3 ans) et quatorze (n = 14) pour le groupe des âgés (M = 64.9 ans). Les
participants, appariés en fonction de l’âge et du sexe, ont été recrutés parmi le personnel et les
proches du CHUM ainsi que par l’entremise de publications et d’annonces sur Internet. Pour être
admis à l’étude, les participants devaient avoir au minimum 18 ans et parler aisément la langue
française. Ils ont été exclus de l’étude si l’un des critères suivants était satisfait : 1) maladie
neurologique, trouble psychiatrique ou tout autre trouble pouvant impacter sur le fonctionnement
cognitif ; 2) symptômes dépressifs importants et/ou d’une dépression majeure ; 3) abus d’alcool
ou de drogues ; 4) déficits moteurs ou sensoriels pouvant influencer les résultats de l’évaluation
neurologique ; 5) présence d’antécédents d’un trouble neurodéveloppemental, tels qu’un trouble
d’apprentissage ou un TDAH.

3.2 Matériels

3.2.1 Questionnaires psychologiques

La fatigue et la dépression, deux variables pouvant nuire aux performances cognitives,


sont souvent observées dans la SEP. Deux questionnaires d’auto-évaluation ont été complétés
par les participants : le Beck Depression Index Fast Screen (BDI-FS) pour éliminer la présence de
symptômes dépressifs et le Modified Fatigue Impact Scale (MFSIS) pour mesurer le niveau de
fatigue.

3.2.2 Mesures neuropsychologiques

La cognition a été évaluée au moyen de tests neuropsychologiques standardisés. Le


Montreal Cognitive Assessment (MoCA) a été utilisé pour obtenir une mesure globale du
fonctionnement cognitif. Ce test permet entre autres d’évaluer les capacités d’attention, de
mémoire, de langage et les fonctions exécutives. Le Symbol Digit Modalities Test (SDMT) et le
D-KEFS Color-Word Interference Test (Stroop-Inhibition) ont été administrés afin de mesurer la
13

vitesse de traitement de l’information et les fonctions exécutives. Le Bref Test of Attention (BTA)
a été utilisé pour mesurer l’attention divisée auditive sans l’influence de la vitesse motrice. Pour
éliminer la présence de déficits de reconnaissance de visages, la version écourtée du Benton
Facial Recognition Test a été employée.

3.2.3 Mesures de la théorie de l’esprit

Les déficits en TDE ont été mesurés à l’aide d’une adaptation de la tâche expérimentale
Conversations et Insinuations (C&I) de Ouellet et ses collègues (2010). L’adaptation consistait à
séparer l’aspect cognitif de l’aspect affectif de la TDE. Sur un ordinateur portable, quatre courtes
scènes de télévision d’une durée d’environ de deux minutes chacune sont présentées. Le
participant doit interpréter l’état émotionnel ou l’intention transmis par le message explicite
évoqué par un personnage. Chaque ligne cible du personnage est suivie immédiatement d’une
pause automatique durant laquelle l’expérimentateur pose une question test au participant. Parmi
les quatre choix de réponse qui lui sont présentés à l’écran, une seule est correcte : les autres sont
des mesures d’erreur. Le sujet peut commettre trois types d’erreurs : des réponses non
interprétatives, des réponses inappropriées et des attributions d’état mental incorrectes (Ouellet et
al., 2010). Chaque question vaut un point, pour un total de 28 points (14 pour l’aspect cognitif et
14 pour l’aspect affectif).

En plus de la tâche C&I, d’autres tests de cognition sociale ont été employés. La version
française du questionnaire Revised Self-Monitoring Scale (RSMS) mesurant la sensibilité
socioémotionnelle a été complétée par les participants et leurs proches. Le RSMS comprend 13
items permettant de mesurer la capacité de l’individu à comprendre les comportements expressifs
et à modifier sa présentation de soi. Les réponses sont présentées sur une échelle de Likert en 6
points allant de « Tout à fait en désaccord » à « Tout à fait d’accord ». La version française du
RSMS s’avère vigoureuse sur le plan psychométrique.

Une tâche de reconnaissance des émotions multimodale (REM) a aussi été utilisée. Cette
tâche comporte 28 images d’émotions faciales tirées de l’ensemble de stimuli NimStim et 28 sons
vocaux émotionnels provenant de l’ensemble de stimuli Montreal Affective Voices. Sept
émotions, retrouvées dans les deux ensembles de stimuli, sont présentées huit fois (4 images et 4
sons) en alternance : deux images et deux sons. Le sujet doit choisir, parmi sept étiquettes
14

émotionnelles qui lui sont présentées au bas de l’écran, celle qui correspond le mieux au stimulus
vu ou entendu. Aucune rétroaction n’est donnée au participant lors du déroulement de la tâche
(Montembeault et al., 2022).

Le Test des situations, élaboré par Amélie Achim, a été administré afin d’évaluer les
connaissances sociales. Plusieurs situations sociales de la vie courante sont présentées au
participant. Celui-ci doit déterminer l’émotion qui serait typiquement ressentie par les individus
dans chacune des différentes situations. L’administration de ce test est rapide et repose sur une
bonne fidélité et validité psychométrique (Achim et al., 2020).

3.3 Procédure

Comme il a été mentionné précédemment, tous les participants ont été a priori impliqués
dans une plus large étude visant à évaluer l’effet du vieillissement sur le fonctionnement cognitif
dans la SEP. Les sujets ayant accepté d’être informés lors de nouvelles études ont été contactés
par téléphone. S’ils acceptaient de participer à l’étude, un rendez-vous était pris afin de compléter
les évaluations cognitives. Celles-ci se sont déroulées au CHUM, à l’Université du Québec à
Montréal (UQAM) ou au domicile du participant selon ses disponibilités et sa mobilité.

Le formulaire de consentement a été expliqué et signé par chaque participant. Les tâches
cognitives (le C&I, le REM, le Test des situations et le MoCA), ont été administrées par un
étudiant diplômé en neuropsychologie sous la supervision d’un neuropsychologue qualifié. La
séance d’évaluation cognitive était d’une durée maximale d’une heure et demie, à la suite de
laquelle une compensation de 40$ a été offerte.

3.4 Analyses des données

Les analyses des données ont été effectuées à l’aide de la version 27 du logiciel IBM SPSS
Statistics. Nous avons préalablement comparé les deux groupes (témoins et SEP) sur les variables
démographiques (âge, sexe et éducation). Des ANOVA à un facteur ont été menées avec des
variables continues (âge, éducation, fatigue et dépression) et des analyses du chi-carré ont été
effectuées avec des variables catégorielles et dichotomiques (sexe et forme évolutive de la SEP).

Nous avons procédé à des ANOVA factorielles afin d’évaluer l’effet de l’âge, du groupe
(témoins vs SEP) et de l’interaction entre âge*groupe sur les mesures de la cognition sociale. Ces
15

mesures ont été utilisées comme variables dépendantes et l’âge et le groupe comme variables
indépendantes.

Pour mesurer l’effet de l’âge, du groupe (témoins vs SEP) et de l’interaction âge*groupe


sur la composante cognitive et la composante affective de la TDE, nous avons réalisé une
ANOVA factorielle à mesures répétées. Les participants témoins et ceux avec SEP ont été
séparés en deux groupes respectivement selon l’âge : jeunes (26 à 52 ans) et âgés (56 à 77 ans)
pour le groupe contrôle et jeunes (27 à 44 ans) et âgés (56 à 72 ans) pour le groupe avec SEP. Les
deux variables indépendantes sont l’âge (jeunes, vieux) et le groupe (témoins, SEP). Les scores
du C&I cognitif et du C&I affectif constituent les mesures répétées.

Pour examiner la relation entre la TDE et le fonctionnement cognitif global en éliminant


l’effet de l’âge, nous avons procédé à une corrélation partielle de Pearson entre les scores du C&I
(cognitif et affectif) et ceux du MoCA.

Une corrélation partielle de Pearson entre les scores du C&I (cognitif et affectif) et ceux
du REM en utilisant l’âge comme covariable a été effectuée afin de mesurer la relation entre la
TDE et la perception des émotions.

Finalement, nous avons mené des corrélations entre les scores du Stroop-Inhibition et du
C&I (total, cognitif et affectif) afin d’évaluer la relation entre l’inhibition et la TDE.

4. RÉSULTATS

4.1 Participants

Le tableau 1 présente les caractéristiques démographiques de l’échantillon. Pour l’âge et


l’éducation, aucune différence significative n’a été observée entre les groupes (témoins et SEP).
Les participants témoins et ceux avec SEP ont été divisés en sous-groupes (jeunes et âgés) pour
mesurer l’effet de l’âge. Aucune différence significative n’a été observée pour l’âge, le sexe et
l’éducation entre le groupe témoin et le groupe avec SEP dans les sous-groupes. Pour la
dépression et la fatigue, une différence significative a été notée entre le groupe contrôle et le
groupe avec SEP. Les tests post-hoc de Tukey menés avec un p = .05 ont indiqué pour ces
16

mêmes variables une différence significative entre les groupes des participants âgés (BDI-FS : p
= .005, MFIS : p = .002), mais pas entre les groupes des jeunes participants.

Pour le groupe avec SEP, les résultats indiquent un handicap significativement plus
important sur l’échelle EDSS pour les sujets âgés que pour les sujets jeunes, F(1,27) = 19.02, p <
.001. La durée de maladie est également significativement plus longue pour les participants âgés,
F(1,27) = 7.13, p = .013.

Les résultats de l’analyse du chi-carré montrent une différence quant à la répartition des
sous-types de SEP entre les âgés et les jeunes, χ 2(2) = 8.78, p = .012. Le groupe âgé présente plus
fréquemment la forme progressive secondaire.

Aucune différence significative n’a été mise en évidence entre les groupes (témoins vs
SEP) quant au fonctionnement cognitif global (MoCA), l’attention (BTA) et la reconnaissance
des visages (Benton face recognition). Toutefois, nous avons observé des performances
significativement plus faibles pour le groupe SEP dans les tests évaluant les FE et la VTI (Stroop-
inhibition et SDMT). Les tests post-hoc de Tukey menés avec un p = .05 ont indiqué une
différence significative entre les groupes des âgés (Stroop-inhibition : p = .024; SDMT : p =
.022), mais pas entre les groupes des jeunes participants.
17

Tableau 1. Caractéristiques démographiques des participants


Jeunes Âgés Contrôles vs
N= 27 N=29 SEP
Contrôles SEP Contrôles SEP F ou 2
N=13 N=14 N=14 N=15 Valeur de p
Âge 37.3 32.6 64.9 64.1 .525
(7.4) (5.2) (5.7) (5.1)
Sexe (F/H) 9/4 10/4 9/5 12/3 .866
Éducation (années) 15.8 15.7 15.8 13.9 .088
(2.2) (2.4) (2.1) (1.9)
Statut d’invalidité (EDSS) 0.8 3.8
- (1.2) - (2.4) -
Durée de la maladie (années) 9.2 21.7
- (3.1) - (17.3) -
Stade de la SEP (SEP-RR/ SEP-
SP/ SEP-PP) - 13/0/1 - 7/7/1 -
Dépression (BDI-FS) 0.2 1.1 0.8 3.1 .005a
(0.4) (1.2) (1.1) (3.0)
Fatigue (MFIS-Total) 7.0 15.1 11.6 13.1 .002a
(7.8) (13.1) (10.6) (14.7)
MoCA 28.7 28.4 27.4 25.7 .087
(1.0) (1.8) (1.8) (2.5)
BTA 9.6 9.7 8.6 8.2 .176
(0.5) (1.3) (1.4) (1.2)
Stroop inhibition (SS) 12.1 11.6 12.4 9.5 .024a
(2.5) (1.7) (1.9) (4.5)
SDMT 69.9 66.1 59.4 49.5 .022a
(6.6) (12.4) (10.1) (7.8)
Benton face recognition 24.0 24.2 22.4 21.9 .793
(1.5) (2.1) (2.2) (1.5)
a: différence significative entre les sujets âgés (SEP vs témoins) pour le test post-hoc de Tukey

4.2 Effet du groupe et de l’âge sur la théorie de l’esprit

Nous avons mené une ANOVA avec les scores au C&I (cognitif, affectif) comme
variables dépendantes à mesures répétées, l’âge (jeunes et âgés) et le groupe (SEP et témoins)
comme variables inter-sujet. Les résultats mettent en évidence des effets principaux significatifs
du groupe (SEP vs témoins), F(1, 50) = 8.805, p = .005, de l’âge (âgés vs jeunes), F(1,50) =
24.072, p < .001, et de la condition (cognitif vs affectif), F(1,50) = 18.16 p <.001, mais sans
interaction significative entre le groupe, l’âge, et la condition F(1, 50) = .3.094, p = .085.
18

Figure 1. Moyennes des scores au C&I cognitif et au C&I affectif selon le groupe par l’âge

Pour la composante cognitive de la tâche C&I, l’analyse de l’effet simple du groupe


indique une performance significativement meilleure pour le groupe contrôle (M = 12.44 ; ÉT =
1.25) que pour le groupe avec SEP (M = 11.26 ; ÉT = 1.83). Les participants âgés ont également
obtenu des scores significativement plus faibles (M = 11.03 ; ÉT = 1.82) que les jeunes
participants (M = 12.80 ; ÉT = .71).

Quant à la condition affective de la tâche C&I, l’analyse de l’effet simple du groupe


indique des scores significativement plus faibles pour le groupe avec SEP (M = 12.52 ; ÉT =
1.34) que pour le groupe contrôle (M = 13.07 ; ÉT = 1.27). De plus, les jeunes participants ont
mieux performé (M = 13.32 ; ÉT = 1.07) que les participants âgés (M = 12.35 ; ÉT = 1.37).

Enfin, la comparaison des scores au C&I cognitif et affectif pour chacun des groupes
révèle un effet significatif pour les participants âgés avec SEP (cognitif < affectif : p < .001, d =
1.03) et pour les jeunes témoins (cognitif < affectif : p = .013, d = 0.71), alors qu’il n’y a pas de
différence significative entre les conditions cognitive et affective pour les deux autres sous-
groupes (témoins âgés et jeunes avec SEP). Les résultats sont présentés dans la figure 1.
19

Nous avons ensuite effectué des corrélations partielles de Pearson sur ces mêmes
variables en contrôlant l’effet de l’âge. Les résultats sont présentés dans le tableau 2. Lorsque
l’effet de l’âge est contrôlé, la corrélation entre les scores totaux du MoCA et ceux du C&I, r(58)
= .473, p < .001 est positive et significative. Les relations entre le MoCA total et le C&I affectif,
r(58) = .353, p = .006 ainsi qu’entre le MoCA total et le C&I cognitif, r(58) = .399, p = .002 sont
également positives et significatives.

Tableau 2. Corrélations partielles entre le MoCA et le C&I

C&I cognitif C&I affectif C&I - Total


MoCA - Total .399** .353** .473**
* p < .05, ** p < .01

4.4 Relation entre la théorie de l’esprit et la perception des émotions

Les corrélations entre les scores du C&I total, du C&I cognitif et affectif (séparément), les
scores du REM total et l’âge ont d’abord été examinés. Les résultats indiquent une relation
négative significative entre le REM et l’âge, r(59) = -.601, p < .001. Des corrélations négatives
significatives ont été observées entre l’âge et le C&I cognitif, r(59) = -.484, p < .001 ainsi
qu’entre l’âge et le C&I affectif, r(59) = -.355, p = .009. Une corrélation positive significative est
notée entre le REM total et le C&I total, r(59) = .463, p < .001. Finalement, les scores totaux
REM et ceux du C&I cognitif, r(59) = .419, p < .001, ainsi qu’entre le REM et le C&I affectif,
r(59) = .344, p = .007 montrent des relations significatives et positives. Nous avons par la suite
effectué des corrélations partielles de Pearson sur ces mêmes variables en contrôlant l’effet de
l’âge. Les résultats sont présentés dans le tableau 3. Lorsque l’effet de l’âge est éliminé, la
relation entre les scores totaux du REM et ceux du C&I n’est pas significative, r(58) = .246, p =
n.s. Les corrélations entre le REM total et le C&I cognitif, r(58) = .207, p = n.s, ainsi qu’entre le
REM et le C&I affectif, r(58) = .185, p = n.s ne sont également pas significatives.

Tableau 3. Corrélations partielles entre le REM et le C&I

C&I cognitif C&I affectif C&I - Total


REM - Total .207 .185 .246
* p < .05, ** p < .01
20

4.5 Relation entre la théorie de l’esprit et le Stroop-Inhibition

Nous avons examiné les relations entre les scores obtenus au C&I affectif, au C&I
cognitif et au Stroop-inhibition (temps et erreurs) pour les deux groupes (SEP vs témoins) en
fonction de l’âge (âgés vs jeunes). Les résultats indiquent des corrélations significatives
uniquement pour les participants âgés avec SEP. Pour les scores brut du temps requis pour
compléter la tâche, les résultats indiquent des corrélations négatives et significatives avec les
scores au C&I cognitif, r(15) = -.690, p = .004 ainsi qu’avec le C&I total, r(15) = -.724, p = .002.
Quant aux scores pondérés du temps, nous avons obtenu des corrélations positives et
significatives avec le C&I cognitif, r(15) = .539, p = .038, le C&I affectif, r(15) = .563, p = .029
et avec le C&I total, r(15) = .665, p = .007. Finalement, pour le nombre total d’erreurs commises,
les résultats montrent des corrélations négatives et significatives avec le C&I cognitif, r(15) = -
.722, p = .002 ainsi qu’avec le C&I total, r(15) = -.717, p = .003.

5. DISCUSSION

Les principaux objectifs de cette recherche étaient de déterminer s’il y a un effet de la


maladie (SEP) et de l’âge sur la capacité d’attribuer des états mentaux (cognitifs et affectifs) ainsi
que de mesurer les relations entre la théorie de l’esprit, le fonctionnement cognitif global, la
perception des émotions et la capacité d’inhibition.

Conformément à nos hypothèses, nos résultats indiquent un effet du groupe (scores plus
faibles pour les participants avec SEP) ainsi qu’un effet de l’âge (scores plus élevés pour les
jeunes participants) sur les deux composantes de la TDE. Toutefois, contrairement à ce à quoi
nous nous attendions, les résultats indiquent qu’il n’y a pas d’interaction entre le groupe, l’âge et
la condition. Pour tous les participants, la composante affective est mieux réussie que la
composante cognitive de la tâche. La comparaison des scores obtenus dans les deux conditions
séparément (cognitif vs affectif) indique que les jeunes participants témoins, mais plus
particulièrement les participants âgés avec SEP, ont des scores significativement plus faibles en
TDE cognitive qu’en TDE affective. Une atteinte en TDE cognitive est corrélée à un déficit des
fonctions exécutives dans le groupe âgé avec SEP. Finalement, lorsque l’effet de l’âge est
21

contrôlé, la capacité à inférer des états mentaux est corrélée au fonctionnement cognitif global,
mais pas à la perception des émotions.

Nos résultats appuient les recherches précédentes qui soutiennent une atteinte plus
importante en TDE pour les individus avec SEP que pour les participants en santé (Cotter et al.,
2016 ; Bora et al., 2016 ; Raimo, et al., 2017). Les sujets avec SEP de notre étude présentent
globalement des scores plus faibles que les sujets témoins dans la tâche évaluant la TDE. La
capacité de mentalisation sollicite diverses fonctions cognitives (Duval et al., 2011). Considérant
que jusqu’à 70% des individus avec SEP présentent des troubles cognitifs, telle qu’une atteinte
des FE (Chiaravalloti et DeLuca, 2008 ; Cotter et al., 2016), nos données concordent avec la
littérature. En effet, nos analyses nous ont permis d’observer une relation entre les scores au
MoCA et au C&I. Ce test de dépistage cognitif permet notamment d’évaluer les FE, l’attention et
la mémoire de travail (mémoire à court terme). Un déficit de ces fonctions cognitives est
fréquemment observé chez les personnes avec SEP (Ouellet et al., 2010 ; Cotter et al., 2016 ;
Raimo et al., 2017). Une atteinte neurocognitive légère réduirait alors la capacité à inférer les
pensées et les émotions d’autrui. Ces résultats concordent avec ceux obtenus par Ouellet et ses
collègues (2010) : les sujets avec SEP qui présentaient des déficits cognitifs légers à modérés
étaient moins performants à la tâche C&I que les sujets avec SEP sans déficits cognitifs et les
témoins en santé.

Nous avons également mis en évidence un effet de l’âge sur la capacité de mentalisation,
où la composante cognitive est davantage atteinte. Les participants âgés (SEP et témoins)
présentent des difficultés plus importantes en TDE que les jeunes participants (SEP et témoins),
suggérant que plus on avance en âge, plus il est difficile d’attribuer des états mentaux à autrui.
Malgré l’ambiguïté des données quant à l’effet du vieillissement sur la TDE, les recherches
semblent converger vers une diminution des fonctions cognitives liée au vieillissement normal
comme explication d’une baisse de sa performance. En effet, nous avons obtenu une relation
entre le MoCA et le C&I, et ce, même en contrôlant pour l’âge. Par ailleurs, les processus
exécutifs qui sont impliqués dans la TDE seraient parmi les fonctions cognitives les plus
sensibles aux effets du vieillissement normal. Selon certaines études, la composante cognitive
serait sous-tendue par plus d’une fonction exécutive et serait donc plus sensible au vieillissement
22

(Otsuka et al., 2021). En effet, ce sont les participants âgés de notre étude qui performent le
moins bien à la tâche mesurant l’aspect cognitif.

L’effet simple de la condition (cognitif vs affectif) de notre étude démontre une atteinte
plus importante en TDE cognitive qu’en TDE affective pour tous les groupes (SEP et contrôle).
Ces résultats laissent supposer que déduire des états mentaux (pensées, intentions, croyances)
d’autres personnes fait appel à des processus plus complexes, soit de plus hauts niveaux, que
lorsqu’il s’agit de déduire des états affectifs (émotions, sentiments) d’autrui. Contrairement aux
résultats obtenus par Lancaster et ses collègues (2019), les scores au C&I affectif diffèrent entre
les deux groupes de notre étude (meilleurs pour les témoins). Bien que la TDE cognitive et la
TDE affective fassent appel à des circuits neuronaux distincts, elles peuvent toutefois s’influencer
et interagir entre elles (Bejanin et al., 2016). Ceci pourrait expliquer un déficit observable autant
en TDE cognitive qu’en TDE affective. Par ailleurs, parmi les fonctions exécutives qui seraient
impliquées dans la TDE en général, certains auteurs soutiennent que la composante affective
dépendrait uniquement de l’inhibition (Otsuka et al., 2021). Dans ce sens, une altération moindre
de la composante affective semblerait pouvoir s’expliquer par un plus petit nombre de fonctions
exécutives sollicitées. Toutefois, nos résultats indiquent que seule la composante cognitive est
corrélée avec la capacité d’inhibition.

Les déficits en TDE cognitive par rapport à la TDE affective sont nettement plus
importants dans le groupe SEP âgés de notre étude. En effet, nous avons observé une relation
entre l’inhibition et le C&I cognitif uniquement pour les participants âgés avec SEP, ce qui
soutient non seulement une implication des FE dans la capacité de mentalisation, mais également
une diminution de leur efficacité avec l’avancée en âge. Ces résultats laissent comprendre la
présence d’un effet cumulatif de l’âge et de la maladie sur l’aspect cognitif. Par ailleurs, Henry et
ses collègues (2009) soutiennent que les difficultés en TDE chez les sujets avec SEP sont liées à
un dysfonctionnement exécutif. L’atteinte des FE explique les difficultés si importantes en TDE
cognitive chez les participants âgés avec SEP de notre étude, ce qui n’a pas été mis en évidence
avec l’aspect affectif.

Contrairement à notre hypothèse, nos résultats ne révèlent pas de relation entre la


reconnaissance des émotions et la TDE. Pourtant, la région ventro-médiane du lobe frontal aurait
non seulement un rôle important dans la reconnaissance des émotions faciales (Blair et al., 1999),
23

mais serait également impliquée dans la TDE, soit plus particulièrement dans la composante
affective (Hynes et al., 2006). Une altération de la TDE ainsi qu’un déficit dans le traitement des
émotions ont par ailleurs été associés à des atteintes frontales (Gall et al., 2009). Certains auteurs
soutiennent que la capacité à inférer les intentions et les émotions d’autrui serait liée à la
reconnaissance des émotions faciales (Buitelaar et al., 1999). Une étude menée auprès de sujets
schizophrènes aurait également noté que près de la moitié de la variance de la TDE était
explicable par la capacité à reconnaître des émotions faciales. De plus, sur l’ensemble des
participants (schizophrènes et contrôles), la reconnaissance des émotions prédisait la capacité de
mentalisation (Besche-Richard et al., 2012). Bien que nos résultats ne semblent pas converger
avec ceux de ces diverses études, ils appuient néanmoins nos autres données qui démontrent une
atteinte plus importante en TDE cognitive qu’affective. Nos résultats opposés pourraient
s’expliquer par la complexité des processus cognitifs sollicités lors de l’attribution d’états
mentaux, ce qui soutiendrait la TDE et le traitement des émotions comme deux sous-construits
distincts de la cognition sociale. Pour attribuer correctement des états mentaux (cognitifs et
affectifs), deux processus fonctionnels (décodage et raisonnement) interagissent entre eux
(Sabbagh et al., 2004). Le décodage de ces états mentaux est lié aux indices sociaux retrouvés
dans l’environnement (par exemple, la prosodie et l’expression faciale). Le raisonnement sollicite
des fonctions de plus haut niveau qui permettent entre autres de comprendre, d’expliquer et de
prédire des actions (Duval et al., 2011). La TDE est estimée comme un processus de haut niveau,
alors que la reconnaissance des émotions faciales s’inscrit dans les processus de bas niveau du
traitement des émotions. Ces processus de bas niveau sont considérés comme étant plus simples
et comprennent non seulement l’habileté à reconnaître des émotions à partir d’expressions
faciales, mais également à partir de la prosodie ou de la posture (Achim et al., 2020). Inférer des
états mentaux fait appel à des processus cognitifs plus complexes que ceux sollicités lors de la
reconnaissance des émotions faciales.

5.1 Limites et perspectives futures

Cette étude comporte certaines limites. D’abord, la taille de l’échantillon est insuffisante.
Nous avons obtenu un effet très clair de la condition (cognitif vs affectif) uniquement dans le
groupe âgé avec SEP. Avec un échantillon plus grand, nous aurions probablement relevé une
interaction entre l’âge, la maladie et la TDE. De plus, les participants (SEP et témoins) de notre
24

étude sont très peu touchés sur le plan cognitif. Sur la totalité de l’échantillon, seulement douze
(n = 12) ont une atteinte neurocognitive légère, alors que les autres ne présentent aucune atteinte.

Des troubles de la cognition sociale ont des effets délétères sur le fonctionnement
quotidien et donc, sur la qualité de vie des individus qui en souffrent. Les interactions sociales
sont omniprésentes dans la vie courante et la capacité de mentalisation s’avère primordiale à leur
bon fonctionnement. La qualité des relations sociales peut alors se trouver à en être affectée, entre
autres par la difficulté à bien interpréter les comportements d’autrui. Les personnes atteintes de la
SEP représentent une population vulnérable qui nécessitent davantage de soutien de leur proche
en raison des atteintes physiologiques et cognitives dues à la maladie. Des relations sociales de
qualité deviennent alors encore plus fondamentales pour leur bien-être. La considération des
impacts résultant des déficits en TDE s’avère essentielle pour les soins et les interventions
offertes aux patients. Afin d’orienter de recherches futures, il serait pertinent d’étudier l’impact
des troubles en TDE sur le fonctionnement quotidien et la qualité de vie dans cette population
clinique. Des outils permettant de faire la relation entre les atteintes en TDE, le fonctionnement
quotidien et la qualité de vie gagneraient à être développés.

Nous avons mis en évidence des troubles de TDE dans la SEP touchant principalement la
capacité à comprendre l’état mental des autres plutôt que ce qu’ils ressentent. Il serait également
intéressant d’étudier dans de futures recherches les raisons expliquant un déficit moins important
en TDE affective qu’en TDE cognitive dans la SEP. Par exemple, l’étude de l’empathie ou de
l’alexithymie en lien avec l’aspect affectif serait pertinente afin d’acquérir une meilleure
compréhension quant à l’atteinte de cette composante dans la SEP.

5.2 Conclusion

La présente thèse a mis en évidence des troubles de TDE chez les individus atteints de la
SEP qui sont accentués par le vieillissement. Bien que nous n’ayons pas observé d’interaction
significative entre l’âge, la maladie et la condition en raison de la taille insuffisante de notre
l’échantillon, il semble néanmoins y avoir un effet cumulatif de l’âge et de la maladie sur l’aspect
cognitif de la TDE. Les déficits en TDE cognitive sont liés à une atteinte des fonctions
exécutives, ce qui n’a pas été démontré avec la TDE affective. En effet, une relation entre
l’aspect affectif de la TDE et la perception des émotions n’a pas été relevée. Des recherches
25

futures, telle que sur l’empathie, seraient susceptibles de permettre une meilleure compréhension
de la TDE affective dans la SEP. Il serait également pertinent d’étudier si les troubles en TDE
sont liés au fonctionnement quotidien et à la qualité de vie dans cette population clinique.
26

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33

ANNEXES
Annexe A - Approbation éthique
34
35

Annexe B - Approbation de renouvellement annuel


36

Annexe C - Renouvellement du certificat d'approbation éthique

CERTIFICAT D’APPROBATION ÉTHIQUE


RENOUVELLEMENT
No. de certificat : 2020-3060
Date : 2022-03-03

Le Comité d’éthique de la recherche avec des êtres humains (CIEREH) a examiné le rapport annuel pour le
projet mentionné ci-dessous et le juge conforme aux pratiques habituelles ainsi qu’aux normes établies par
la Politique No 54 sur l’éthique de la recherche avec des êtres humains (janvier 2020) de l’UQAM.

Protocole de recherche

Chercheur principal : Isabelle Rouleau


Unité de rattachement : Département de psychologie
Titre du protocole de recherche : Assessment and prognostic value of semantic memory in Mild cognitive
impairment
Source de financement (le cas échéant) : Société Alzheimer du Canada
Date d'approbation itiniale du projet : 2019-12-09

Équipe de recherche
Cochercheurs externes : Sven Joubert (UdeM)
Étudiants réalisant un projet de thèse dans le cadre de cette recherche: Marie-Joëlle Chasles
(UQAM); Jessica Cole (UQAM); Frédérique Roy-Côté(UQAM); Émilie Delage (UdeM)

Modalités d’application

Le présent certificat est valide pour le projet tel qu'approuvé par le CIEREH. Les modifications importantes
pouvant être apportées au protocole de recherche en cours de réalisation doivent être communiqués
rapidement au comité.

Tout évènement ou renseignement pouvant affecter l'intégrité ou l'éthicité de la recherche doit être
communiquée au comité. Toute suspension ou cessation du protocole (temporaire ou définitive) doit être
communiquée au comité dans les meilleurs délais.

Le présent certificat est valide jusqu'au 2023-05-30. Selon les normes de l'Université en vigueur, un suivi
annuel est minimalement exigé pour maintenir la validité de la présente approbation éthique. Le rapport
d’avancement de projet (renouvellement annuel ou fin de projet) est requis dans les trois mois qui précèdent
la date d'échéance du certificat.

Louis-Philippe Auger
Coordonnateur du CIEREH

Approbation du renouvellement par le comité d'éthique 1/2


37

Annexe D - Certificat d'accomplissement

Groupe en éthique
de la recherche EPTC 2: FER
Piloter l’ethique de la recherché humaine

Certificat d’accomplissement
Ce document certifie que

Romane Farley

a complété le cours : l’Énoncé de politique des trois Conseils :


Éthique de la recherche avec des êtres humains :
Formation en éthique de la recherche (EPTC 2 : FER)
20 septembre, 2019
38

Annexe E - Formulaire d'information et de consentement à l'intention des participants témoins

APPROUVÉ – CÉR CHUM


DATE : 14 décembre 2017
INITIALES : ID

FORMULAIRE D’INFORMATION ET DE CONSENTEMENT À L’INTENTION


À L’INTENTION DES PARTICIPANTS TÉMOINS

Titre du projet: Vieillissement et cognition dans la sclérose en plaques : Rôle


de la réserve cognitive et des facteurs de risque génétiques.

Chercheuse responsable: Dre Isabelle Rouleau, Ph.D.


Neuropsychologue Université du Québec à Montréal et
Centre de Recherche du Centre Hospitalier de l’Université de
Montréal

Co-chercheur: Dr Pierre Duquette, M.D.


Neurologue, Centre de Recherche du Centre Hospitalier de
l’Université de Montréal

Financement : Fonds du chercheur responsable

No de projet au CHUM: 17.214

_____________________________ __________________

Vieillissement et cognition en SEP


Version 2 : 2017-12-04
Page 1/6
39

PRÉAMBULE
Nous sollicitons votre participation à un projet de recherche parce que vous êtes suivi(e) à
la clinique de sclérose en plaques du CHUM. Cependant, avant d’accepter de participer à
ce projet et de signer ce formulaire d’information et de consentement, veuillez prendre le
temps de lire, de comprendre et de considérer attentivement les renseignements qui
suivent.
Ce formulaire peut contenir des mots que vous ne comprenez pas. Nous vous invitons à
poser toutes les questions que vous jugerez utiles au chercheur responsable du projet ou
aux autres membres du personnel affecté au projet de recherche et à leur demander de
vous expliquer tout mot ou renseignement qui n’est pas clair.

NATURE ET OBJECTIFS DU PROJET


Depuis les deux dernières décennies, l’âge moyen et l’espérance de vie des patients
atteints de sclérose en plaques ont augmenté, principalement grâce aux avancées
médicales et aux traitements disponibles. Ainsi, de plus en plus de gens vieillissent avec
la sclérose en plaques (SEP). Parallèlement, plusieurs études ont documenté la présence
d’une atteinte cognitive chez plusieurs individus atteints de SEP. Cependant, très peu
d’études se sont intéressées à l’évolution de cette atteinte cognitive chez les patients
vieillissants.
Avec cette étude, nous documenterons et comparerons le profil cognitif de patients âgés
et de patients plus jeunes étant suivis à la clinique de SEP du CHUM. Ainsi, nous
prévoyons obtenir des données plus précises sur le fonctionnement cognitif des patients
qui vieillissent avec la SEP. Nous vérifierons l’impact de l’âge, de la durée de la maladie,
des autres maladies (par exemple : diabète, hypertension) et de certains marqueurs
génétiques sur le vieillissement cognitif. La comparaison du profil cognitif des patients
avec celui des participants du groupe témoin permettra de bien distinguer les
manifestations associées au vieillissement cognitif habituel de celles associées au
vieillissement de patients avec SEP.
Les objectifs principaux de cette étude sont de départager l’effet de l’âge, de l’effet de la
durée de la maladie, sur le fonctionnement cognitif et de faire la distinction entre
l’atteinte cognitive directement due à la SEP, de celle associée aux processus de
vieillissement normal ou à une pathologie liée à l’âge. Dans un deuxième temps, nous
désirons étudier les facteurs prédicteurs d’un vieillissement cognitif sain et les marqueurs
génétiques (des gènes qui font partie de votre bagage génétique que vous avez à la
naissance et qui sont hérités de vos parents) et pouvant influencer le déclin cognitif.
Cette partie du projet ne sera pas réalisée chez les témoins.

NOMBRE DE PARTICIPANTS ET DURÉE DE LA PARTICIPATION


Nous prévoyons recruter 210 participants pour cette étude, soit 150 patients atteints de
SEP et 60 sujets témoins. Les participants atteints de SEP seront divisés en trois groupes
selon leur âge et le moment d’apparition de la maladie. Tous les participants étant atteints
de SEP auront également un prélèvement d’échantillon de salive ce qui ne durera que
quelques secondes, lors de la visite au CHUM ou à l’UQAM, l’endroit étant déterminé
selon la disponibilité des locaux et votre préférence.

Vieillissement et cognition en SEP


Version 2 : 2017-12-04
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40

La durée prévue pour la participation individuelle est d’environ deux heures pour une
évaluation cognitive lors d’une visite au CHUM ou à l’UQAM, et de 30 à 45 minutes
pour compléter à la maison des questionnaires. La durée totale prévue pour le projet est
de 3 ans.
NATURE DE LA PARTICIPATION DEMANDÉE
Si vous acceptez de participer à l’étude, et après avoir signé le présent formulaire, vous
serez invité(e) à remplir à la maison des questionnaires, puis à participer à une séance
d’évaluation cognitive au CHUM ou à l’UQAM. Il n’y aura qu’une seule visite.
Comme vous êtes admissible à participer et que vous avez accepté de recevoir le
formulaire d’information et de consentement, lorsqu’on a communiqué avec vous par
téléphone, nous vous invitons à le signer après en avoir pris connaissance et avoir posé
vos questions, s’il y a lieu. Des questionnaires en papier comprenant des questions sur la
qualité de vie, le sommeil, l’état de santé et le niveau de fatigue vous seront remis afin
que vous les complétiez à la maison. Nous prévoyons qu’il vous faudra environ 30 à 45
minutes pour compléter ces questionnaires. Nous vous invitons à nous rapporter ces
questionnaires dûment remplis lors de votre visite d’évaluation au CHUM ou à l’UQAM,
où un membre du personnel sera disponible pour répondre à vos questions s’il y a lieu.
La cognition sera évaluée au moyen de tests neuropsychologiques couramment utilisés
dans la SEP chez tous les participants. Votre tâche consistera principalement à répondre
au meilleur de votre connaissance à des questions variées (nommer des images,
mémoriser des mots et de petites histoires, lire des mots simples, copier des dessins, etc.).
Ceci se fera en une séance d’environ 2 heures au CHUM ou à l’UQAM. Les tests
neuropsychologiques seront administrés par un membre de l’équipe de recherche formé à
cet effet par un neuropsychologue.
RISQUES ET INCONVÉNIENTS
Aucun risque pour la santé n’est associé à votre participation à cette étude. Les
inconvénients sont liés au déplacement, au temps requis et à la fatigue que vous pourriez
ressentir lorsque vous complèterez les questionnaires et les tests neuropsychologiques.

AVANTAGES
Vous ne retirerez aucun bénéfice personnel de votre participation à ce projet de
recherche. À tout le moins, les résultats obtenus contribueront à l’avancement des
connaissances au sujet du vieillissement cognitif dans la SEP.

CONFIDENTIALITÉ
Durant votre participation à ce projet de recherche, le chercheur responsable de ce projet
ainsi que les membres de son personnel de recherche recueilleront, dans un dossier de
recherche, les renseignements vous concernant et nécessaires pour répondre aux objectifs
scientifiques de ce projet de recherche.
Ces renseignements peuvent comprendre les informations contenues dans votre dossier
médical, concernant votre état de santé passé et présent, vos habitudes de vie ainsi que les
résultats de tous les tests, examens et procédures qui seront réalisés. Votre dossier peut
aussi comprendre d’autres renseignements tels que votre nom, votre sexe, votre date de
naissance et votre origine ethnique.
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Tous les renseignements recueillis demeureront confidentiels dans les limites prévues par
la loi. Vous ne serez identifié(e) que par un numéro de code. La clé du code reliant votre
nom à votre dossier de recherche sera conservée par le chercheur responsable de ce projet
de recherche.
Ces données de recherche seront conservées pendant au moins 10 ans par le chercheur
responsable de ce projet de recherche.
Les données de recherche pourront être publiées ou faire l’objet de discussions
scientifiques, mais il ne sera pas possible de vous identifier.
À des fins de surveillance, de contrôle et de protection, votre dossier de recherche ainsi
que vos dossiers médicaux pourront être consultés par des représentants de
l’établissement ou du comité d’éthique de la recherche. Ces personnes adhèrent à une
politique de confidentialité.
Vous avez le droit de consulter votre dossier de recherche pour vérifier les
renseignements recueillis et les faire rectifier au besoin. Si vous désirez connaître les
résultats de votre évaluation cognitive, vous pouvez en faire la demande à un des
membres de l’équipe de recherche qui vous dirigera vers la chercheuse responsable (Dre.
Isabelle Rouleau, neuropsychologue) ou vers le Co-chercheur (Dr. Pierre Duquette,
neurologue), selon la nature de la demande.
COMMUNICATION DES RÉSULTATS GÉNÉRAUX
Vous pourrez connaître les résultats généraux de cette étude si vous en faites la demande
au chercheur responsable à la fin de l’étude.

FINANCEMENT DU PROJET
L’étude est financée par des fonds du chercheur responsable.

COMPENSATION
En guise de compensation pour les frais encourus en raison de votre participation au
projet de recherche, vous recevrez un montant de 50$. Ce montant vous sera remis
lorsque vous aurez complété la séance de tests neuropsychologiques.

EN CAS DE PRÉJUDICE
Si vous deviez subir quelque préjudice que ce soit par suite de toute procédure reliée à ce
projet de recherche, vous recevrez tous les soins et services requis par votre état de santé.
En acceptant de participer à ce projet de recherche, vous ne renoncez à aucun de vos
droits et vous ne libérez pas le chercheur responsable de ce projet de recherche et
l'établissement de leur responsabilité civile et professionnelle.
PARTICIPATION VOLONTAIRE ET POSSIBILITÉS DE RETRAIT
Votre participation à ce projet de recherche est volontaire. Vous êtes donc libre de refuser
d’y participer. Vous pouvez également vous retirer de ce projet à n’importe quel moment,
sans avoir à donner de raisons, en informant l’équipe de recherche.
Votre décision de ne pas participer à ce projet de recherche ou de vous en retirer n’aura
aucune conséquence sur la qualité des soins et des services auxquels vous avez droit ou
sur votre relation avec les équipes qui les dispensent.
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Le chercheur responsable de ce projet de recherche et le comité d’éthique de la recherche,


peuvent mettre fin à votre participation, sans votre consentement. Cela peut se produire si
de nouvelles découvertes ou informations indiquent que votre participation au projet n’est
plus dans votre intérêt, si vous ne respectez pas les consignes du projet de recherche ou
encore s’il existe des raisons administratives d’abandonner le projet.
Si vous vous retirez du projet ou êtes retiré(e) du projet, l’information et le matériel déjà
recueillis dans le cadre de ce projet seront néanmoins conservés, analysés ou utilisés pour
assurer l’intégrité du projet.
Toute nouvelle connaissance acquise durant le déroulement du projet qui pourrait avoir
un impact sur votre décision de continuer à participer à ce projet vous sera communiquée.

IDENTIFICATION DES PERSONNES RESSOURCES


Si vous avez des questions ou éprouvez des problèmes en lien avec le projet de recherche,
ou si vous souhaitez vous en retirer, vous pouvez communiquer avec la chercheuse
responsable, Isabelle Rouleau au numéro suivant : 514-618-5645, ou avec une personne
de l’équipe de recherche au numéro suivant: 514-890-8000, poste 25175.
Pour toute question concernant vos droits en tant que participant(e) à ce projet de
recherche ou si vous avez des plaintes ou des commentaires à formuler, vous pouvez
communiquer avec le commissaire local aux plaintes et à la qualité des services, au 514-
890-8484.

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SIGNATURE
J’ai pris connaissance du formulaire d’information et de consentement. On m’a expliqué
le projet de recherche et le présent formulaire d’information et de consentement. On a
répondu à mes questions et on m’a laissé le temps voulu pour prendre une décision.
Après réflexion, je consens à participer à ce projet de recherche aux conditions qui y sont
énoncées.
J’autorise l’équipe de recherche à avoir accès à mon dossier médical.

Nom (en lettres moulées) Signature du sujet de recherche Date

SIGNATURE DE LA PERSONNE QUI OBTIENT LE CONSENTEMENT


J’ai expliqué au/à la participant(e) le projet de recherche et le présent formulaire
d’information et de consentement et j’ai répondu aux questions qu’il/elle m’a posées.

Nom (en lettres moulées) Signature de la personne qui Date


obtient le consentement

ENGAGEMENT DU CHERCHEUR RESPONSABLE


Je certifie qu’on a expliqué au/à la participant(e) le présent formulaire d’information et de
consentement, que l’on a répondu aux questions que le sujet de recherche avait.
Je m’engage, avec l’équipe de recherche, à respecter ce qui a été convenu au formulaire
d’information et de consentement et à en remettre une copie signée et datée au/à la
participant(e).

APPROBATION PAR LE COMITÉ D’ÉTHIQUE DE LA RECHERCHE


Le comité d’éthique de la recherche du CHUM a approuvé le projet et en assurera le
suivi.

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Annexe F - Formulaire d'information et de consentement à l'intention des participants avec


sclérose en plaques

*FUM-8038*

APPROUVÉ – CÉR CHUM


DATE : 14 décembre 2017
INITIALES : ID

FORMULAIRE D’INFORMATION ET DE CONSENTEMENT À L’INTENTION


DES PARTICIPANTS AVEC SCLÉROSE EN PLAQUES

Titre du projet: Vieillissement et cognition dans la sclérose en plaques : Rôle


de la réserve cognitive et des facteurs de risque génétiques.

Chercheuse responsable: Dre Isabelle Rouleau, Ph.D.


Neuropsychologue Université du Québec à Montréal et
Centre de Recherche du Centre Hospitalier de l’Université de
Montréal

Co-chercheur: Dr Pierre Duquette, M.D.


Neurologue, Centre de Recherche du Centre Hospitalier de
l’Université de Montréal

Financement : Fonds du chercheur responsable

No de projet au CHUM: 17.214

________________________________________________

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PRÉAMBULE
Nous sollicitons votre participation à un projet de recherche parce que vous êtes suivi(e) à
la clinique de sclérose en plaques du CHUM. Cependant, avant d’accepter de participer à
ce projet et de signer ce formulaire d’information et de consentement, veuillez prendre le
temps de lire, de comprendre et de considérer attentivement les renseignements qui
suivent.
Ce formulaire peut contenir des mots que vous ne comprenez pas. Nous vous invitons à
poser toutes les questions que vous jugerez utiles au chercheur responsable du projet ou
aux autres membres du personnel affecté au projet de recherche et à leur demander de
vous expliquer tout mot ou renseignement qui n’est pas clair.

NATURE ET OBJECTIFS DU PROJET


Depuis les deux dernières décennies, l’âge moyen et l’espérance de vie des patients
atteints de sclérose en plaques ont augmenté, principalement grâce aux avancées
médicales et aux traitements disponibles. Ainsi, de plus en plus de gens vieillissent avec
la sclérose en plaques (SEP). Parallèlement, plusieurs études ont documenté la présence
d’une atteinte cognitive chez plusieurs individus atteints de SEP. Cependant, très peu
d’études se sont intéressées à l’évolution de cette atteinte cognitive chez les patients
vieillissants.
Avec cette étude, nous documenterons et comparerons le profil cognitif de patients âgés
et de patients plus jeunes étant suivis à la clinique de SEP du CHUM. Ainsi, nous
prévoyons obtenir des données plus précises sur le fonctionnement cognitif des patients
qui vieillissent avec la SEP. Nous vérifierons l’impact de l’âge, de la durée de la maladie,
des autres maladies (par exemple : diabète, hypertension) et de certains marqueurs
génétiques sur le vieillissement cognitif. La comparaison du profil cognitif des patients
avec celui des participants du groupe témoin permettra de bien distinguer les
manifestations associées au vieillissement cognitif habituel de celles associées au
vieillissement de patients avec SEP. La participation d’un de vos proches est également
requise afin de compléter un court questionnaire concernant leur perception de votre
fonctionnement cognitif (comme par exemple la mémoire, le langage, l’attention, la
planification, la résolution de problèmes, etc.) dans la vie quotidienne.
Les objectifs principaux de cette étude sont de départager l’effet de l’âge, de l’effet de la
durée de la maladie, sur le fonctionnement cognitif et de faire la distinction entre
l’atteinte cognitive directement due à la SEP, de celle associée aux processus de
vieillissement normal ou à une pathologie liée à l’âge. Dans un deuxième temps, nous
désirons étudier les facteurs prédicteurs d’un vieillissement cognitif sain et les marqueurs
génétiques (des gènes qui font partie de votre bagage génétique que vous avez à la
naissance et qui sont hérités de vos parents) et pouvant influencer le déclin cognitif.

NOMBRE DE PARTICIPANTS ET DURÉE DE LA PARTICIPATION


Nous prévoyons recruter 210 participants pour cette étude, soit 150 patients atteints de
SEP et 60 sujets témoins. Les participants atteints de SEP seront divisés en trois groupes
selon leur âge et le moment d’apparition de la maladie. Tous les participants étant atteints
de SEP auront également un prélèvement d’échantillon de salive ce qui ne durera que
quelques secondes, lors de la visite au CHUM ou à l’UQAM, l’endroit étant déterminé
selon la disponibilité des locaux et votre préférence.
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La durée prévue pour la participation individuelle est d’environ deux heures pour une
évaluation cognitive lors d’une visite au CHUM ou à l’UQAM, et de 30 à 45 minutes
pour compléter à la maison des questionnaires. La durée totale prévue pour le projet est
de 3 ans.

NATURE DE LA PARTICIPATION DEMANDÉE


Si vous acceptez de participer à l’étude, et après avoir signé le présent formulaire, vous
serez invité(e) à remplir à la maison des questionnaires, puis à participer à une séance
d’évaluation cognitive au CHUM ou à l’UQAM lors de laquelle aura également lieu le
prélèvement d’un échantillon de salive. Il n’y aura qu’une seule visite. Un de vos proche
sera aussi sollicité afin de répondre à un court questionnaire concernant sa perception de
votre fonctionnement cognitif dans la vie quotidienne.

DÉROULEMENT DU PROJET/PROCÉDURES
Comme vous êtes admissible à participer et que vous avez accepté de recevoir le
formulaire d’information et de consentement, lorsqu’on a communiqué avec vous par
téléphone, nous vous invitons à le signer après en avoir pris connaissance et avoir posé
vos questions, s’il y a lieu. Des questionnaires en papier comprenant des questions sur la
qualité de vie, le sommeil, l’état de santé et le niveau de fatigue vous seront remis afin
que vous les complétiez à la maison. Nous vous remettrons également un questionnaire à
faire remplir par l’un de vos proches. La perception des proches de votre fonctionnement
cognitif est importante car elle nous permet de saisir une autre facette de l’impact de la
SEP dans la vie quotidienne. Cette participation est souhaitable mais non obligatoire.
Nous prévoyons qu’il vous faudra environ 30 à 45 minutes pour compléter ces
questionnaires. Nous vous invitons à nous rapporter ces questionnaires dûment remplis
lors de votre visite d’évaluation au CHUM ou à l’UQAM, où un membre du personnel
sera disponible pour répondre à vos questions s’il y a lieu.
La cognition sera évaluée au moyen de tests neuropsychologiques standardisés
couramment utilisés dans la SEP chez tous les participants. Votre tâche consistera
principalement à répondre au meilleur de votre connaissance à des questions variées
(nommer des images, mémoriser des mots et de petites histoires, lire des mots simples,
copier des dessins, etc.). Ceci se fera en une séance d’environ 2 heures au CHUM ou à
l’UQAM. Les tests neuropsychologiques seront administrés par un membre de l’équipe
de recherche formé à cet effet par un neuropsychologue.
Un échantillon de salive sera également prélevé au moment de la séance d’évaluation
cognitive au CHUM ou à l’UQAM chez tous les patients atteints de SEP afin de procéder
à l’analyse de certains marqueurs génétiques dans le but d’étudier leur impact sur le
vieillissement cognitif. Le prélèvement sera fait au moyen d’un tube dans lequel vous
devrez cracher, ce qui ne prendra que quelques secondes.

RISQUES ET INCONVÉNIENTS
Aucun risque pour la santé n’est associé à votre participation à cette étude. Les
inconvénients sont liés au déplacement, au temps requis et à la fatigue que vous pourriez
ressentir lorsque vous complèterez les questionnaires et les tests neuropsychologiques.
Aucun risque n’est associé au prélèvement de l’échantillon salivaire.
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AVANTAGES
Vous ne retirerez aucun bénéfice personnel de votre participation à ce projet de
recherche. À tout le moins, les résultats obtenus contribueront à l’avancement des
connaissances au sujet du vieillissement cognitif dans la SEP.

CONFIDENTIALITÉ
Durant votre participation à ce projet de recherche, le chercheur responsable de ce projet
ainsi que les membres de son personnel de recherche recueilleront, dans un dossier de
recherche, les renseignements vous concernant et nécessaires pour répondre aux objectifs
scientifiques de ce projet de recherche.
Ces renseignements peuvent comprendre les informations contenues dans votre dossier
médical, concernant votre état de santé passé et présent, vos habitudes de vie ainsi que les
résultats de tous les tests, examens et procédures qui seront réalisés. Votre dossier peut
aussi comprendre d’autres renseignements tels que votre nom, votre sexe, votre date de
naissance et votre origine ethnique.
Les échantillons de salive prélevés dans le cadre du présent projet seront identifiés par un
numéro de code et conservés aux fins exclusives du présent projet dans un bureau gardé
sous clé et à accès contrôlé. La clé du code reliant votre nom à votre échantillon sera
conservée par le chercheur responsable. Les échantillons seront acheminés pour analyse
au laboratoire de l’Institut Douglas, puis seront détruits après analyse.
Tous les renseignements recueillis demeureront confidentiels dans les limites prévues par
la loi. Vous ne serez identifié(e) que par un numéro de code. La clé du code reliant votre
nom à votre dossier de recherche sera conservée par le chercheur responsable de ce projet
de recherche.
Ces données de recherche seront conservées pendant au moins 10 ans par le chercheur
responsable de ce projet de recherche.
Les données de recherche pourront être publiées ou faire l’objet de discussions
scientifiques, mais il ne sera pas possible de vous identifier.
À des fins de surveillance, de contrôle, de protection et de sécurité votre dossier de
recherche ainsi que vos dossiers médicaux pourront être consultés par des représentants
de l’établissement ou du comité d’éthique de la recherche. Ces personnes adhèrent à une
politique de confidentialité.
Vous avez le droit de consulter votre dossier de recherche pour vérifier les
renseignements recueillis et les faire rectifier au besoin. Si vous désirez connaître les
résultats de votre évaluation cognitive et/ou de votre analyse génétique, vous pouvez en
faire la demande à un des membres de l’équipe de recherche qui vous dirigera vers la
chercheuse responsable (Dre. Isabelle Rouleau, neuropsychologue) ou vers le Co-
chercheur (Dr. Pierre Duquette, neurologue), selon la nature de la demande.

COMMUNICATION DES RÉSULTATS GÉNÉRAUX


Vous pourrez connaître les résultats généraux de cette étude si vous en faites la demande
au chercheur responsable à la fin de l’étude.

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FINANCEMENT DU PROJET
L’étude est financée par des fonds du chercheur responsable.

COMPENSATION
En guise de compensation pour les frais encourus en raison de votre participation au
projet de recherche, vous recevrez un montant de 50$. Ce montant vous sera remis
lorsque vous aurez complété la séance de tests neuropsychologiques.

EN CAS DE PRÉJUDICE
Si vous deviez subir quelque préjudice que ce soit par suite de toute procédure reliée à ce
projet de recherche, vous recevrez tous les soins et services requis par votre état de santé.
En acceptant de participer à ce projet de recherche, vous ne renoncez à aucun de vos
droits et vous ne libérez pas le chercheur responsable de ce projet de recherche et
l'établissement de leur responsabilité civile et professionnelle.

PARTICIPATION VOLONTAIRE ET POSSIBILITÉS DE RETRAIT


Votre participation à ce projet de recherche est volontaire. Vous êtes donc libre de refuser
d’y participer. Vous pouvez également vous retirer de ce projet à n’importe quel moment,
sans avoir à donner de raisons, en informant l’équipe de recherche.
Votre décision de ne pas participer à ce projet de recherche ou de vous en retirer n’aura
aucune conséquence sur la qualité des soins et des services auxquels vous avez droit ou
sur votre relation avec les équipes qui les dispensent.
Le chercheur responsable de ce projet de recherche et le comité d’éthique de la recherche,
peuvent mettre fin à votre participation, sans votre consentement. Cela peut se produire si
de nouvelles découvertes ou informations indiquent que votre participation au projet n’est
plus dans votre intérêt, si vous ne respectez pas les consignes du projet de recherche ou
encore s’il existe des raisons administratives d’abandonner le projet.
Si vous vous retirez du projet ou êtes retiré(e) du projet, l’information et le matériel déjà
recueillis dans le cadre de ce projet seront néanmoins conservés, analysés ou utilisés pour
assurer l’intégrité du projet.
Toute nouvelle connaissance acquise durant le déroulement du projet qui pourrait avoir
un impact sur votre décision de continuer à participer à ce projet vous sera communiquée.

IDENTIFICATION DES PERSONNES RESSOURCES


Si vous avez des questions ou éprouvez des problèmes en lien avec le projet de recherche,
ou si vous souhaitez vous en retirer, vous pouvez communiquer avec la chercheuse
responsable, Isabelle Rouleau au numéro suivant : 514-618-5645, ou avec une personne
de l’équipe de recherche au numéro suivant: 514-890-8000, poste 25175.
Pour toute question concernant vos droits en tant que participant(e) à ce projet de
recherche ou si vous avez des plaintes ou des commentaires à formuler, vous pouvez
communiquer avec le commissaire local aux plaintes et à la qualité des services, au 514-
890-8484.

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SIGNATURE
J’ai pris connaissance du formulaire d’information et de consentement. On m’a expliqué
le projet de recherche et le présent formulaire d’information et de consentement. On a
répondu à mes questions et on m’a laissé le temps voulu pour prendre une décision.
Après réflexion, je consens à participer à ce projet de recherche aux conditions qui y sont
énoncées.
J’autorise l’équipe de recherche à avoir accès à mon dossier médical.

Nom (en lettres moulées) Signature du sujet de recherche Date

SIGNATURE DE LA PERSONNE QUI OBTIENT LE CONSENTEMENT


J’ai expliqué au/à la participant(e) le projet de recherche et le présent formulaire
d’information et de consentement et j’ai répondu aux questions qu’il/elle m’a posées.

Nom (en lettres moulées) Signature de la personne qui Date


obtient le consentement

ENGAGEMENT DU CHERCHEUR RESPONSABLE


Je certifie qu’on a expliqué au/à la participant(e) le présent formulaire d’information et de
consentement, que l’on a répondu aux questions que le sujet de recherche avait.
Je m’engage, avec l’équipe de recherche, à respecter ce qui a été convenu au formulaire
d’information et de consentement et à en remettre une copie signée et datée au/à la
participant(e).

APPROBATION PAR LE COMITÉ D’ÉTHIQUE DE LA RECHERCHE


Le comité d’éthique de la recherche du CHUM a approuvé le projet et en assurera le
suivi.

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