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Résumé
Le nom du Roufinion de Pergame, sur un sceau du 6e siècle, remonte au Pergaménien Rufinus, consul en 142 et fondateur du
temple de Zeus Asklèpios. Le Roufinion est compté par des sources byzantines au nombre des Merveilles du monde, et les
fouilles modernes en ont dégagé les vestiges. Le sceau du Roufinion, qui porte aussi mention de la Mère de Dieu, confirme qu'un
établissement chrétien avait au 6e siècle son siège dans l'ancien temple.
Abstract
REB 57 1999 France p. 263
Denis Feissel, Le Roufinion de Per game au 6e siècle d'après un sceau nouvellement publié. — The name Roufinion of
Pergamon on a seal of the 6th century goes back to Rufinus of Pergamon, consul in 142 and founder of the temple of Zeus
Asclepius. The Roufinion is included by Byzantine sources amongst the Wonders of the World, and modern excavations have
found traces of it. The mention of the Mother of God on the seal of the Roufinion confirms the existence of a Christian
establishment in the ancient temple in the 6th century.
Feissel Denis. Le Roufinion de Pergame au 6e siècle d'après un sceau nouvellement publié. In: Revue des études byzantines,
tome 57, 1999. pp. 263-269.
doi : 10.3406/rebyz.1999.1976
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1999_num_57_1_1976
LE ROUFINION DE PERGAME AU 6e SIECLE
D'APRÈS UN SCEAU NOUVELLEMENT
PUBLIÉ
Denis FEISSEL
12. L'allusion avait encore quelque actualité puisque (selon Procope, Bellum
Vandalicum, I, 5, 4) les Vandales de Genséric avaient, en 455, emporté la moitié du toit
de bronze du Capitole ; cf. E. Stein, Histoire du Bas-Empire, I, p. 366 et 593.
13. Sur cet édifice, voir A. Barattolo, The Temple of Hadrian-Zeus at Cyzicus,
Istanbuler Mitteilungen 45, 1995, p. 57-108 (références aux sources byzantines, ibid.,
p. 74-75). Le temple de Cyzique est mentionné par Malalas au nombre des thaumata, et
comme existant encore au 6e siècle. (Bonn, p. 2797"11; cf. A. Schenk von Stauffenberg,
Die römische Kaisergeschichte bei Malalas, Stuttgart 1931, p. 299-300). L'édifice fut
ruiné par le séisme de 1063 (Skylitzès Continué, in Cedrenus, Bonn II, p. 6571519, d'où
PG 122, col. 386 D).
14. Un sanctuaire lui aussi (pour le sens de άλσος, cf. n. 7), parallèlement aux temples
de Rome et de Cyzique.
15. Tel est apparemment le sens des vers 13-14: κρύψον αμέτρητων μεγάρων
στεινούμενον αύλαϊς, Πέργαμε, φαϊδρον αγαλμα τέον, 'Ρουφίνιον άλσος
(«Dissimule, Pergame, ton brillant ornement, le sanctuaire Rufinien, que rendent plus
petit les cours des immenses Palais»). Voir, dans le même sens, la traduction de
C. Mango, The Brazen House. A Study of the Vestibule of the Imperial Palace of
Constantinople, Copenhague 1959, p. 26.
1 6. Cf. PLRE I, p. 778-78 1 , Rufinus 18.
17. Je traduis ici Dübner, Anth. Pal., II, Paris, 1872, p. 237 : Lucum Nicephorium, ab
Eumene ad Pergamum exornandum consitum, commémorât Strabo XIII, p. 624. Hunc
Rufinus fortasse novis aedificiis exornavit, suoque vocavit nomine. Splendida eum aedifi-
cia construxisse memorat Claudianus In Ruf. II, 448, sed de luco Pergami speciatim nihil
reperio. Pour le Nikèphorion, l'autre grand sanctuaire hors-les-murs de Pergame, la réfé
rence est à Strabon, XIII, 4, 2. Les vers de Claudien, In Rufinum, II, 448-449, ont trait au
monument funéraire voulu par Rufin : Qui sibi pyramidas, qui non cedentia templis /
Ornatura suos exstruxit culmina Mânes. Noter ici encore la comparaison implicite avec
les mirabilia.
18. Voir H. Beckby, t. III, p. 813 ; P. Waltz et alii (éd. Budé), t. VIII, p. 258, note à la
page 127, ligne 17.
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19. Cedrenus, Bonn p. 299 (de là Cougny, dans son appendice à Y Anthologie, p. 352,
auquel renvoie Beckby). Sur cette épigramme, également connue par un manuscrit de
Madrid, voir H. Hepding, Philologus 88, 1933, p. 91 (où l'auteur omet par mégarde la
mention du Colosse de Rhodes) et n. 5-6. La liste n'est pas antérieure au 7e s., puisqu'elle
fait allusion à une attaque arabe contre Myra ; la date de cet événement n'est pas connue,
ce qui empêche de fixer à Γ épigramme un terminus post quem plus précis.
20. Apparemment influencé par les éditeurs de l'Anthologie, J. Lanowski (ci-dessus n.
8), col. 1028, attribue à l'époque byzantine deux des Merveilles du monde : Sainte-Sophie
et la silva Rufinia (sic d'après Kédrènos, l'article de Lanowski passant sous silence l'épi-
gramme de la Chalcè).
21. Cf. Prosop. Imp. Rom., II, p. 397-398, C 1637. Sur le consulaire Rufïn, ses rapports
avec l'oracle de Didymes, son héroïsation par les Pergaméniens, voir aussi L. Robert,
CRAI 1968, p. 598-599 (repris dans Opera Minora Selecta, V, p. 615) ; J. et L. Robert,
Bulletin épigraphique 1971, p. 537.
22. H. Hepding, Philologus 88, 1933, p. 90-103.
23. Ibid., p. 241-243.
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24. Cf. Hepding, op. cit., p. 90 et n. 3 ; J. Lanowski (ci-dessus n. 8), col. 1023-1024.
25. D'après K. Rheidt, Die Stadtgrabung. Teil 2. Die byzantinische Wohnstadt
(Altertümer von Pergamon XV, 2 ; Berlin 1991), p. 186-193 : «Die frühchristlichen und
byzantinischen Anlagen in der Ebene» (plan p. 187, fig. 36).
26. Voir G. de Luca, Das Asklepieion. 4. Teil. Via Tecta und Hallenstrasse. Die Funde
(Altertümer von Pergamon XI, 4 ; Berlin 1984) : cf. p. 35 (ampoules) ; 45 et s. (lampes) ;
60-62 (monnaies) ; 154 (croix sur une colonne, avec les lettres alpha et oméga, et sur une
autre colonne un graffite invoquant le Seigneur).
27. L'épigrammatiste du règne d'Anastase pouvait se référer, sciemment ou non, au
Roufinion comme à l'une des Merveilles existant encore de son temps. On se gardera en
revanche (malgré Rheidt, op. cit., p. 193, n. 1368) de prendre l'épigramme citée par
Kédrènos (ci-dessus n. 19) pour un témoin suffisant de l'existence du monument rond au
12e siècle.
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Denis Feissel
UMR 7572 et EPHE, IVe section
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