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Bulletin Volume 7 . N° 46 Bureau de dépôt:


Trimestriel 12e année 1991/2 7970 Belœil
échelle 2/1

(dessin F.A.W.)

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DECOUVERTE D'UNE FIBULE MEROVINGIENNE A ANGREAUponmlkjihgfedcbaZYXWVUTSRQPONM

Au siècle dernier, des recherches menées par Th. Bernier révélèrent de nombreux
vestiges gallo-romains situés le long de la Grande Honnelle, sur le territoire des
communes d'Angre et d'Angreau. C'est dans ce dernier village qu'en mars 1878, au
lieu-dit "Bosquet du Diable", un cimetière de la fin du 1er siècle fut partiellement
détruit. Une dizaine de tombes fouillées livrèrent, notamment, quelques plateaux
gris portant la marque MEDI. En 1989, des prospections permirent de retrouver
facilement l'emplacement de ce cimetière grâce aux quelques fragments de tegulae
qui le parsèment encore aujourd'hui. Il semble que ce soient là les ultimes vestiges
funéraires, bien que A. Van Doorselaer (1) signale que "les cendres et les ossements
calcinés se trouvaient au fond des tombes construites avec des planches".
Cet auteur note aussi la découverte de deux tombes mérovingiennes à la limite de la
nécropole. C'est en bordure sud du site que fut recueilli, en surface, le seul
objet découvert au cours des prospections précitées: un fibule ansée symétrique.

La caractéristique principale est que les deux plaques des pièces sont identiques
(2). Ce phénomène apparaît également sur la fibule d'Angreau où ces éléments ont une
forme ovale et sont pourvus, sur les extrémités, de deux petits crochets.
L'anse est assez massive et en forme de "dos d'âne". Cette partie est plus large
au sommet qu'aux points d'attachement des plaques. Le dessus de l'anse, ainsi que les
plaques, sont ornés d'une ocelle. Du système de fixation, seuls deux plaquettes
de la charnière dorsale, un minuscule fragment de l'ardillon et la goupille ont été
conservés. Celle-ci est en fer, un phénomène qu'on retrouve sur 99% des fibules ansées
symétriques connues à ce jour (3).

La pièce d'Angreau est un objet unique et ne peut être catalogué dans la typologie
que nous avons proposée dans un mémoire de licence (4).Dans ce travail, nous avons
cependant remarqué que la typologie proposée n'était pas définitive et peut être
complétée à tout moment. Nous pouvons classer la fibule suscitée dans le groupe 6,
qui est composé des broches en forme de serpent ou de chenille. L'objet d'Angreau
formera dès à présent un exemplaire du sous-groupe 6.6.

Comme nous avons vu, la fibule d'Angreau fut découverte lors de prospections arché-
ologiques. Tout contexte stratigraphique est donc inexistant et cela rend une datation
plus difficile. Nous savons également que cette pièce est la première connue du sous-
type 6.6. et nous ne pouvons donc pas nous référer à des fibules identiques.
Les exemplaires les plus anciens, connus à ce jour, semblent remonter à la fin du 6e
ou au début du 7e siècle (5). Les fibules de Gross-Gerau (Hessen, Allemagne) et de
Wellin (prov. du Luxembourg) (7) en fournissent la preuve.
A la fin du ge ou début du 10e siècle, les fibules ansées symétriques disparaissent
du marché. Des exemplaires tardifs et relativement bien datés furent recueillis
lors des investigations à Muizen (prov. d'Anvers) (8), Affligem (prov. de Brabant) (9),
Féchain (Nord, france) (10) et Chelles (Seine et Marne, France) (11).
En ce qui concerne la fibule d'Angreau,un élément nous donne cependant un indice
concernant la datation: la décoration. Comme nous avons vu dans la description, la
pièce est ornée de trois ocelles. Lors de nos recherches, nous avons pu constater
que ce genre de motif semble disparaître sur les fibules ansées symétriques au cours
du 8e siècle (12). Nous pouvons donc supposer que l'objet étudié peut être daté
entre le début du 7e et le milieu du 8e siècle et plus précisément vers la fin de
cette période.

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En ce qui concerne le lieu de fabrication, nous ne disposons d'aucune information.
Il semble que la province du Hainaut fait partie d'une région où l'utilisation des
fibules ansées symétriques était très répandue.

En concluant, nous pouvons dire que la broche découverte à Angreau appartient au type
des fibules ansées symétriques. Dans la typologie proposée, la pièce formera dès à
présent un nouveau sous-groupe; 6.6. D'après la décoration, l'objet peut être daté,
sous réserve, du 7e ou du début du 8e siècle.

Stéphane VAN BELLINGEN et Jean DUFRASNES

NOTES

(1) VAN DOORSELAER, A., 1964, Répertoire des nécropoles d'époque romaine en Gaule
septentrionale, p. 42.
(2) Dans la typologie proposée dans notre mémoire de licence (voir note 4), on
remarquera que le type 9 est composé de fibules dont la morphologie des plaques
diffère. Les exemplaires de ce groupe sont cependant très rares.
(3) ROES, A., 1954, Les trouvailles de Domburg (Zélande), in: B.R.O.B., 5, p. 65-
69, pl. XV-XIX.
(4) VAN BELLINGEN, St., 1988, Gelijkarmige fibulae uit de merovingische- en
karolingische periode in Belgie en in Noord-Frankrijk, Onuitgegeven licentiaats-
verhandeling Vrije Universiteit Brussel, 3 vols; VAN BELLINGEN, St., 1989,
Les fibules ansées symétriques en Wallonie, in: Infos-Archeo-Situla, n01-2, p.11-
20.
(5) HÜBENER, W., 1972, Gleicharmige Bügelfibeln der Merovingerzeit in Westeuropa,
in : Madrider Mitteilungen, 12, p. 241-261.
(6)·WAMERS, E., 1984, in: Hessen in Frühmittelalter-Archaologie- Kunst, Sigmaringen,
p. 123, n040.
(7) EVRARD, M., 1984, La sépulture n019 de Wellin (Belgigue), in: Archaologisches
Korrespondenzblatt, 14, p. 203-209.
(8) DE LOE, A., 1909, Découverte d'un "trésor" à Muyzen (Province de Brabant), in:
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels, 2-10, p.74-76;
ROOSENS, H., 1950, Trouvaille de monnaies carolingiennes à Muizen-les-Malines (1906),
in: Revue belge de Numismatique et de Sigillographie, 96, p. 203-208.
(9) VAN BELLINGEN, St., 1987, Sporen van een karolingische aanwezigheid te Afflingem,
in: Notre Comté, 17, 1-4, p.27-39.
(10) DURAND, M., 1985, in: La Neustrie. Les pa s au nord de la Loire, de Da obert
à Charles le Chauve (VII-IXe siècle Catalogue d'exposition, Créteil, p. 416-
419.
(11) AJOT, J., 1988, in: Un village au temps de Charlema ne. Moines et pa sans de
Saint Denis du VII siècle à l'an mil. Catalogue d'exposition, Paris, p. 190,
cat. 81.
(12) VAN BELLINGEN, St., 1988, op. cit.,BA
i , p. 142.

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