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Bulletin de l'Ecole française

d'Extrême-Orient

III. Les tambours magiques en Mongolie


Victor Goloubew

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Goloubew Victor. III. Les tambours magiques en Mongolie. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 23, 1923.
pp. 407-409;

doi : https://doi.org/10.3406/befeo.1923.5940

https://www.persee.fr/doc/befeo_0336-1519_1923_num_23_1_5940

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On a trouvé récemment dans un vieux that en ruines près de Vieng Chan
plusieurs bronzes inscrits sur lesquels on peut lire les dates sakrat 2 (ou 12),
9, 22, malheureusement sans mention d'année cyclique ; mais, par analogie
avec les cas cités plus haut, on peut lire ces dates 1002 (ou 1012), 1009, 1022,
c'est-à-dire 1640 (ou 1650), 1647 et *66o A. D.
L. Finot.

LES TAMBOURS MAGIQUES EN MONGOLIE

Dans un article publié en 19 18 dans le BEFEO (*), M. H. Parmentier a fait


connaître 23 tambours de bronze anciens qui ne figurent pas dans l'ouvrage de
Heger (2), et tout particulièrement le magnifique spécimen appartenant au Musée
de Hanoi (3). Le nombre des pièces publiées atteint de ce fait 188. Quelques
autres tambours sont entrés depuis au Musée : le plus intéressant a été reproduit
et décrit dans le même Bulletin (4). L'étude de ces curieux accessoires de
culte a donc réalisé des progrès appréciables, du moins en ce qui concerne le
nombre des spécimens connus. Malheureusement, il n'en est pas de même quant
à la connaissance de leur histoire et de l'emploi auquel ils étaient destinés.
« Les savants européens », écrit M. Parmentier (5), « ne sont pas arrivés à des
présomptions bien solides sur l'origine de ces tambours, et leur fonction même
est inconnue. » Nous ne songeons guère à émettre à ce propos quelque nouvelle
hypothèse et moins encore à proposer une solution du problème, mais nous
croyons devoir attirer l'attention des orientalistes sur un côté de la question
dont l'intérêt a été méconnu jusqu'à présent.
Ne pourrait-on pas utilement compléter l'étude des tambours métalliques,
dont MM. Heger et Parmentier nous ont donné la description, par un examen
minutieux des tambours en bois (6), employés encore de nos jours par les
chamans de la Mongolie ? Ces instruments offrent cette particularité que leur
disque est orné de figurines peintes, grossièrement stylisées et dont le
caractère magique est évident. Ils ont été décrits par le voyageur russe G. Potanin
dans son ouvrage sur la Mongolie du Nord-Ouest (7). La plupart ont les
dimensions d'un tambour de basque, mais certains spécimens atteignent jusqu'à

(') Anciens tambours de bronze, BEFEO, XVIII, 1, avec 9 planches.


(2) Cf. F. Heger, Alte Metalltrommeln aus Sûdost-Asxen. Leipzig, 1902.
(3) Classé sous la cote D 6214, 21.
(*) XXII, 357. Cf. XX, iv, 199.
(5) Op. cit., p. 4.
(s) En altaîen : toungyr. Le mot mongol est : khengrik.
C7) Cf. G. PoTANiNi Otcherki sjévéro-çapadnoy Mongolii. S* Pétersbourg,' 1883,
tome IV, p. 40 et suiv. (pi. 1V-XIII).
65 cm. de diamètre sur 20 cm. de hauteur (l). La baguette dont on se sert pour
frapper sur le cuir est taillée en forme de spatule. Un châssis composé d'une
mince barre de fer se croisant avec une planchette de bois, est fixé à l'intérieur
de la caisse ; souvent on y suspend des grelots ou de minuscules morceaux de
métal ; c'est par ce châssis que le sorcier tient l'instrument lorsqu'il invoque
les esprits ; parfois des œillets de cuir permettent d'accrocher le tambour
devant l'entrée de la yourte. Le bord supérieur de la caisse est renforcé d'un
cercle de bois, sur lequel est tendue au moyen ds crampons une peau non tannée
de cerf ou de quelque autre animal habitant la forêt. Le profil d'ensemble
rappelle celui d'un tambour métallique du type I, mais sans la partie basse
formant tronc de cône (2).
Le chaman possesseur d'un instrument de ce genre est considéré comme-
particulièrement puissant. Le charme réside dans les images peintes en rouge
sur le disque de cuir. Sur ces dessins, M. Potanin a pu recueillir, au contact des
sorciers mongols, des données fort précises, que complétèrent des
renseignements fournis par des missionnaires russes. Nous reproduisons ici (PI. XXII,
A-D) quatre de ses croquis, avec un résumé succinct du commentaire qui les
accompagne et dont la traduction intégrale serait à souhaiter.
A. Le disque du tambour est divisé en deux parties par la figuration
schématique d'un bar ou démon, dont le corps est formé d'un zigzag inscrit entre deux
verticales. En haut, plusieurs minuscules images humaines, guère moins
sommaires, représentent, au dire des chamans, les « vierges célestes » (?). Deux
cercles figurent le soleil et la lune. Au-dessous d'une triple ligne ondulée, dans
laquelle nous devons reconnaître un arc-en-ciel, on aperçoit deux disques: ce
sont des tambours magiques. Les lignes croisées reproduisent le châssis fixé à
l'intérieur de la caisse. Près du tambour de gauche on aperçoit un kourmôs
(mauvais esprit). Un semis d'étoiles complète le dessin (3).
B. Une bande horizontale divise le cercle en deux parties inégales. Au-
dessus d'elle, sept chevaux immolés, les « coursiers célestes », s'élèvent vers
le zénith, où rayonnent le soleil et la lune. Un oiseau les accompagne. En bas,
à droite, on aperçoit trois arbres. Le segment inférieur du disque est occupé
par un serpent et le poisson légendaire Kerbalûk. Les lignes zigzaguées sont
des éclairs (*).
G. Le haut du cercle encadre un paysage rudimentaire, où l'on voit des
astres et des plantes, des cavaliers chevauchant à la file (5), un tamis et un

(1) Cf. ibid., p. 40. Ces dimensions correspondent à la taille moyenne des tambours
en bronze.
(2) Cf. H. Parmentier, op. cit., pi. I, A.
(3) Cf. Potanin, pi. XI, fig. 64.
(4) Ibid., pi. VIII, fig. 59.
(5) Ibid., pi- VII, fig. 58. A propos de cavaliers, de filets et de poissons figurant sur
un tambour de bronze, cf. Heger, op. cit., p. 231.
PL XXII

VWWWX

/WWW\M

Tambours
(d'après les
magiques
croquis de Potanin.)
Mongolie.
filet de pêche. Ces derniers détails indiquent peut-être, que la scène se passe
dans le voisinage d'un campement- Dans la partie inférieure sont représentés
une tortue, un cerf, un serpent, deux poissons (?).
D. Le dessin de ce tambour n'est que grossièrement ébauché.
Néanmoins nous avons tenu à le reproduire, à cause de l'intérêt que présente la
répartition du dessin par zones, et non par segments ou demi-cercles (*). Si
ce détail fait songer au disque historié d'un tambour de bronze, il convient de
constater d'autre part que le décor par cercTes concentriques est plutôt rare
dans les spécimens examinés par Potanin ; mais le fait peut aisément
s'expliquer par l'inhabileté du dessinateur à ordonner ses figurines selon des courbes
régulières. ...
La plupart des tambours publiés par Potanin proviennent de la région de
l'Altaï et du Nord-Ouest de la Mongolie. Au Tibet, les instruments de ce type
ont cédé la place au gong magique de bronze, dont le disque est orné de
sentences écrites (2) ; vers l'Est, ils voisinent avec les tambours métalliques
dont M. Heger a signalé des spécimens à Lama-miau (Dolou nor) ; dans le
Nord, enfin, ils adoptent la forme ovale des tambours lapons (3) ; le même fait
a été relevé dans le bassin du fleuve Amour. Tous ces instruments, qu'ils soient
de bois ou de métal, ont ceci de commun que la puissance surnaturelle de
leurs surfaces vibrantes est censée être renforcée par des sentences et des
dessins magiques, gravés ou peints sur le disque. Ils appartiennent donc à la
même famille et mériteraient une étude d'ensemble.

Victor Goloubew. ,

FOUILLE D'UN KJÔK.KENMÔDDING NÉOLITHIQUE A TAM TOA


PRÈS DE DONG HOI (ANNAM)

Tout l'honneur de la découverte de cet intéressant gisement préhistorique


revient aux PP. Max et Henri de Pirey, correspondants de l'Ecole française
d'Extrême-Orient. Avec une modestie extrême, le P. Henri de Pirey m'a
demandé de l'aider à pratiquer une fouille et m'a chargé du soin de la décrire.
•A i .&oo m. au nord de l'église de Tarn Toa se trouve une pagode au bord
du petit lac nommé le Bau Tro, au milieu des sables. Ces dunes renferment

» (i) Ibid., pi. A, fig. 54.


(2) Voyez le dessin reproduit par L« A. Waddell, dans The Buddhism of Tibet or
Lamaism, 1^895, p. 62*
■ '(3) Cf. Scheffer, Histoire de Laponie» Une planche de cet ouvrage représente un
tam'bour de taille considérable, dont la surface en cuir disparaît sous une multitude
d'images. Cf. aussi Potanin, o.p..cit-,_pl. XII- , .,
'27

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