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I- L’ADMINISTRATION CENTRALE
L’administration centrale regroupe diverses structures, qui, en général, siègent
dans la capitale et exercent une compétence nationale. Elles englobent notamment les
structures de la Présidence de la République, de la Vice-présidence de la République,
de la Primature et des ministères.
1
Dictionnaire de droit administratif, op. cit., p. 22.
2
L’Etat se définit comme une personne morale de droit public titulaire de la souveraineté. En tant que
personne morale elle se distingue d’autres personnes morales de droit public, telles les régions, les
communes et les établissements publics.
3
Gilles DUMONT, Jean SINELLI, Droit administratif, Dalloz, Paris, 14 ème édition, 2021, p. 15.
1
l’exécution des lois et des décisions de justice et prend des règlements applicables à
l’ensemble du territoire de la République.
II-L’ADMINISTRATION DECONCENTRÉE
La déconcentration sert à desserrer ou aménager la centralisation4. Elle consiste
pour l’Etat, personne morale de droit public, à confier à ses agents ou représentants
dans les circonscriptions administratives (non dotées de la personnalité juridique), des
pouvoirs qu’ils exerceront en son nom. De ce fait, les décisions prises par ces agents
le sont au nom de l’Etat. Cela explique qu’ils soient nommés par le pouvoir exécutif et
se trouvent soumis à un pouvoir hiérarchique qui peut permettre au supérieur
hiérarchique d’exercer un certain nombre de prérogatives, à savoir : le pouvoir
d’annulation des décisions prises par le subordonné, le pouvoir de réformation des
actes, le pouvoir d’instruction5.
4
La centralisation est, en effet, une notion fondamentale de l’organisation administrative dont les
contours ne sont pas toujours faciles à cerner. En théorie, elle est à la fois un processus et le résultat
du processus consistant à confier la conception et l’exécution de toutes les tâches tant politiques
qu’administratives aux autorités et services de l’Etat. Autrement dit, dans ce système, l’Etat ne reconnait
aux collectivités membres de l’Etat, aucune vie juridique et le pouvoir de décision est concentré au
sommet de l’Etat entre les mains du Président de la République ou des Ministres. De ce fait, les échelons
inférieurs ne font que transmettre et exécuter. On l’imagine, un tel système est difficilement applicable.
Ce qui explique le recours à la notion théorique de déconcentration.
5
René CHAPUS, Droit administratif général, Tome 1, op. cit., pp. 395-396.
6
C’est un principe général du droit public. Cf. CE, Quéralt, 30 juin 1950
7
René CHAPUS, Droit administratif général, Tome 1, op. cit., p. 396.
2
Aux termes de l’article 6 de la loi d’orientation de 2014 8, la région constitue l’échelon
de conception, de programmation, d’harmonisation, de soutien, de coordination et de
contrôle des actions et des opérations de développement économique, social et culturel
qui s’y réalise. Elle est dirigée par un préfet de région nommé par décret pris en Conseil
des Ministres.
Pour sa part, le département, qui se situe entre la région et la sous-préfecture, a à
sa tête, un préfet de département nommé lui aussi par décret pris en Conseil des
Ministres. Ce dernier exerce diverses attributions, notamment, le suivi des actions de
développement du département ; l’exécution des lois, des règlements et des décisions
du pouvoir exécutif, l’animation, la coordination et le contrôle des activités des services
techniques et administratifs du département, la garantie de l’ordre public.
Enfin, le village, qui est la circonscription administrative de base, est administré par
un Chef de village nommé par le préfet, sur la proposition du collège des notables du
village, réuni en commission villageoise. Il est composé de quartiers constitués par la
réunion des membres d'une ou de plusieurs familles et éventuellement des
campements qui lui sont rattachés.
Ces missions ne sont pas précisées par la loi, mais résultent d’un arrêté colonial en
date de 1934.
Police générale
En cette matière son autorité s’exerce sur tous les habitants du Village et sur les indigènes de passage,
sans distinction de race.
8
Loi n° 2014-451 du 05 août 2014 portant orientation de l'organisation générale de l'Administration
Territoriale.
3
Il doit maintenir l’ordre, empêcher les rixes et disputes, ainsi que tout tumulte dans les lieux
d’assemblée publique.
Dans tous les cas où il est procédé à une arrestation (criminels, délinquants, prisonniers évadés, etc.),
il doit immédiatement conduire ou faire conduire la personne arrêtée soit au Chef de canton qui la
livre sans retard aux autorités elles-mêmes. Il doit dans l’intervalle veiller à ce que le prisonnier soit
nourri et éviter qu’il soit l’objet de mauvais traitement.
Aidé des habitants du Village qu’il peut réquisitionner à cet effet, le Chef de Village doit prêter son
concours en cas d’accident, d’événements graves, de calamités ou de sinistres, tels que : incendies,
inondations, invasions d’acridiens, etc.
Police Rurale
Le Chef de Village doit veiller à la protection des cultures, des plantations et des récoltes, en
empêchant notamment qu’elles soient abîmées par les feux de brousse, le bétail de passage etc.
Il doit empêcher la divagation des animaux sur les terrains de cultures, les grandes routes et en
particulier sur les portions de route qui traversent son Village.
Il doit veiller à l’entretien des pépinières établies sur le territoire de son Village, à ce que les
plantations vivrières soient toujours d’étendue suffisante pour les besoins des habitants, et à
l’entretien des greniers de réserve.
Voirie
Le Chef de Village doit maintenir en état de propreté l’agglomération et ses environs immédiats,
veiller à la conservation et au bon entretien des chemins et sentiers du Village, des plantations faites
en bordure des voies qui parcourent son territoire, des plaques indicatrices placées au long de ces
voies, Il rend compte sans délai des détériorations qu’il constate, à son Chef de canton ou à l’autorité.
Il veille à la sûreté et à la commodité du passage dans les rues et ruelles du Village, à l’enlèvement
des obstacles qui peuvent encombrer la voie publique.
Hygiène
En matière de salubrité, le Chef de Village doit signaler immédiatement à son Chef de canton ou à
l’autorité la plus proche, les cas de maladies contagieuses constatées : variole, etc.
Il prend sans retard les mesures nécessaires pour assurer l’isolement des malades et la désinfection
des locaux contaminés.
Il surveille l’abattage des animaux de boucherie et signale les épizooties. Il tient la main à ce que les
abords du Village soient débroussés et à la propreté générale.
Justice
Le Chef de Village est, selon la coutume et les textes réglementaires, investi en matière civile et
commerciale du pouvoir de concilier les parties.
4
Il tient à jour la liste des contribuables et assure la répartition des quotes-parts afférentes aux
différentes familles. Il doit payer l’impôt de la population non sédentaire.
Attributions administratives
Le Chef de Village est chargé de recevoir les déclarations d’état civil des indigènes de son Village :
naissances, décès, mariages et divorces. Il tient la liste des étrangers qui y séjournent ou qui s’y
fixent. Il aide le Chef de canton à dresser la liste de recensement pour le Village. Il lui rend compte
périodiquement des modifications à y apporter par suite des départs, arrivées, décès, naissances,
mariages, etc.
5
Ce sont les régions et les communes considérées comme des collectivités
territoriales ou locales et les districts autonomes que le législateur ivoirien a qualifié
d’entités territoriales de type particulier. Tous, ils bénéficient de la personnalité
juridique et de l’autonomie administrative.
1. Considérations théoriques
Collectivités locales ou collectivités territoriales ? La notion de collectivité locale
est parfois confondue avec celle de collectivité territoriale, les deux étant utilisées
indifféremment9. Certains auteurs en font cependant deux notions distinctes. C’est
notamment le cas du professeur Chapus pour qui « la notion de collectivité territoriale
est plus extensive que celle de collectivité locale ». Précisant sa pensée, il écrit : « l’Etat
collectivité territoriale, n’est évidemment pas qualifiable de collectivité locale. Mais,
abstraction faite de l’Etat, les collectivités territoriales sont très exactement des
collectivités locales (…) et il est usuel de les désigner par cette dernière expression
»10.
9
Yves GAUDEMET, Traité de droit administratif, op. cit., p. 111.
10
René CHAPUS, Droit administratif général, Tome 1, 15 ème édition, 2001, p. 254-255.
11
Manuel DELAMARRE, Timothée PARIS, Droit administratif, Ellipses, Paris, p.121.
6
non, juridiquement distinctes de lui et bénéficiant, sous la surveillance de l’Etat, d’une
certaine autonomie de gestion (Autant dire qu’elles bénéficient de la personnalité
morale et de l’autonomie financière). Elles participent ici plus précisément de la
décentralisation territoriale. Elles sont dirigées, en principe, par des organes élus qui
les administrent librement. Les décisions qu’elles prennent ne le sont pas au nom de
l’Etat, mais en leur propre nom. C’est la conséquence de leur personnalité juridique.
Article 18 : Les Conseils peuvent émettre des vœux sur toutes les questions ayant un intérêt local,
notamment sur celles concernant le développement économique et social de la collectivité territoriale.
12
Demba SY, Droit administratif, L’Harmattan, 2014, p ; 176.
7
Ces vœux sont transmis aux autorités compétentes par le Préfet de la circonscription administrative
dont relève l'entité décentralisée.
Article 19 : Les Conseils ne peuvent déléguer leurs attributions.
Article 20 : Ne sont exécutoires qu'après approbation de l'autorité de tutelle, les
délibérations des Conseils des collectivités territoriales portant sur les objets suivants :
1- les baux à ferme ou à loyer donnés ou pris par la collectivité territoriale, quelle qu'en soit la durée;
2- la création, la modification ou la suppression des marchés et des foires ;
3- l'acceptation de dons ou legs grevés de charges, conditions ou affectations particulières ;
4- le budget de la collectivité territoriale et ses modifications en cours d'exercice ;
5- l'institution ou la création, les tarifs et les modalités de perception des impôts, droits et taxes ;
6- le montant, la durée, la garantie et les modalités de remboursement des emprunts ;
7- l'acquisition, la gestion ou l'aliénation d'immeubles domaniaux par achat, échange, donation ou
legs et la gestion des biens du domaine privé immobilier de la collectivité territoriale, quelle qu'en
soit la valeur, bâtis ou non bâtis et toutes opérations y afférentes telles que lotissements, locations,
permis d'habiter, concessions ou baux emphytéotiques ;
8- l'acquisition, la gestion ou l'aliénation des autres biens meubles corporels ou incorporels de la
collectivité territoriale, lorsque leur valeur initiale est supérieure au montant fixé par décret en Conseil
des Ministres, sans préjudice des dispositions de l'article 124 de la présente loi ;
9- les constructions, reconstructions et aménagements de toute nature ainsi que les plans et devis y
afférents sans préjudice des procédures relatives au budget et, le cas échéant, aux emprunts et aux
marchés ;
10- le choix de la procédure des marchés et leur attribution ;
11- l'autorisation d'exécuter en régie les travaux d'entretien des propriétés de la collectivité territoriale
ainsi que les constructions et reconstructions lorsque ce mode d'exécution est plus avantageux pour
la collectivité territoriale ;
12- le mode de gestion des propriétés de la collectivité territoriale ;
13- l'autorisation d'occupation précaire, temporaire et révocable du domaine public de la collectivité
territoriale ;
14- l'expropriation pour non mise en valeur d'un terrain ;
15- l'incorporation au domaine privé de la collectivité territoriale d'un immeuble abandonné pendant
plus de dix années consécutives ;
16- la répartition des charges de gestion et des biens et droits indivis appartenant à deux ou plusieurs
collectivités territoriales ainsi que des produits de cette gestion ;
17 - les statuts constitutifs des sociétés chargées d'exploiter des services de la collectivité territoriale
et au titre desquelles l'entité décentralisée a acquis des actions ou obligations ainsi que les
modifications des mêmes statuts ;
18- l'adhésion à une organisation internationale de collectivités territoriales ;
19- le déclassement, le redressement, le prolongement, la désaffectation, l'établissement ou la
modification d'alignement des voies de communications et des réseaux divers d'intérêt local ;
20- la dénomination des rues, places et édifices publics ;
21- le programme des actions et des opérations de développement de la collectivité territoriale ;
22- le rapport sur la gestion financière de la collectivité territoriale, les comptes de l'autorité investie
du pouvoir exécutif de la collectivité territoriale et le compte de gestion du receveur de l'entité
décentralisée ;
23- les conventions ou contrats passés par la collectivité territoriale ;
24- la création des régies de recettes et d'avances ainsi que les règlements relatifs à leur organisation
et à leur fonctionnement ;
25- la création, la translation ou l'agrandissement des cimetières et l'acquisition des terrains
nécessaires à cet effet ;
26- la création et la suppression des services ou établissements publics de la collectivité territoriale,
les décisions de gestion en régie, les concessions ou affermages des mêmes services ainsi que les
contrats y afférents ;
27 - le cadre organique des emplois ;
28- la fixation de la rémunération des personnels ;
29- les missions en dehors du territoire national des élus ainsi que des personnels de la collectivité
territoriale de quelque statut qu'ils relèvent ;
30- l'allocation de secours ou de subventions, de quelque nature que ce soit, lorsque le montant est
8
supérieur à celui fixé par l'autorité de tutelle ;
31- les programmes dits de « Construction, d'Exploitation et de Transfert» ou « B.O.T. » et les baux
à construction.
Article 21 : Les actes ci-après des collectivités territoriales sont soumis à autorisation
préalable de l'autorité de tutelle ; l'autorisation devant être expressément demandée par
l'autorité investie du pouvoir exécutif de l'entité décentralisée avant que l'acte ne soit
posé ou soumis à délibération :
1- la tenue des réunions du Conseil en dehors de la collectivité territoriale ;
2- l'ouverture d'un compte hors budget autre que ceux prévus par la loi ;
3- la modification de l'affectation des fonds de concours et d'aide extérieure ;
4- l'immobilisation des capitaux par acquisition de valeur de portefeuille ou de placements à terme ;
5- le partage des services d'un même responsable de service de la collectivité territoriale ou d'un
même receveur entre deux ou plusieurs entités décentralisées ;
6- la mise en œuvre des procédures d'expropriation pour cause d'utilité publique ;
7- l'ouverture d'un compte bancaire dans les limites et conditions déterminées par décret pris en
Conseil des Ministres ;
8- la création d'usines de traitement d'ordures ménagères décidée en conformité avec les dispositions
de l'article 129 de la présente loi.
- visant à caractériser la collectivité territoriale sur des bases tribales, ethniques ou religieuses.
La nullité est constatée par courrier de l'autorité de tutelle.
Article 139 : La tutelle de l'Etat sur les collectivités territoriales comporte des fonctions :
1- d'assistance et de conseil, de soutien de leur action et d'harmonisation de cette action avec celle
de l'Etat et des autres collectivités territoriales ;
2- de contrôle.
Article 141 : Les actes des collectivités territoriales ne sont soumis à approbation ou à autorisation
préalable que dans les cas formellement prévus par la loi.
L'approbation ou l'autorisation est donnée expressément. Elle est toutefois réputée acquise trente
jours à partir de la date de l'accusé de réception de l'acte délivré par l'autorité de tutelle.
Lorsque l'autorité de tutelle refuse son approbation ou son autorisation préalable, le Conseil peut
exercer les recours prévus par la loi.
Les délibérations qui ne sont pas soumises à approbation ou à autorisation préalable deviennent
exécutoires quinze jours après leur transmission à l'autorité de tutelle.
Article 142 : Sont nuls de plein droit toutes décisions, tous règlements, toutes proclamations et
adresses, tous vœux qui sortent des attributions des autorités des collectivités territoriales, ceux qui
9
sont contraires aux lois et aux règlements et ceux qui sont pris par des organes illégalement réunis
ou constitués.
Cette nullité peut être invoquée ou opposée à tout moment par les parties intéressées. Elle est
constatée par l'autorité de tutelle et notifiée à l'autorité investie du pouvoir exécutif de la collectivité
territoriale qui en informe le Conseil à sa première réunion.
Le recours devant l'autorité de tutelle est obligatoire avant l'exercice des recours pour excès de
pouvoir devant la juridiction compétente.
Article 143 : Lorsque le Conseil de la collectivité territoriale délibère hors de sa réunion légale, ou
lorsqu’il est illégalement constitué, l'autorité de tutelle constate la nullité des actes et prend, le cas
échéant, toutes mesures nécessaires pour que l'assemblée se sépare immédiatement.
Article 144 : L'autorité de tutelle peut suspendre ou annuler soit d'office, soit à la requête de tout
intéressé, les délibérations, décisions et règlements présentant un intérêt personnel pour l'une ou
l'autre des autorités ayant participé à la décision ou au règlement, soit en personne, soit par
mandataire. Il est accusé réception des requêtes en annulation.
La suspension ne peut excéder trente jours.
Article 145 : La requête en annulation doit être déposée à peine de déchéance dans un délai de
quinze jours. L'autorité de tutelle statue dans un délai d'un mois.
L'annulation d'office doit intervenir dans les trente jours.
Les délais ci-dessus commencent à courir :
1- en ce qui concerne l'autorité de tutelle, à partir de la date de l'accusé de réception ;
2- en ce qui concerne toute autre partie intéressée, à partir de la date de publication.
La suspension ou l'annulation est notifiée à l'autorité investie du pouvoir exécutif de la collectivité
territoriale. Elle en informe le Conseil à sa plus prochaine réunion.
Article 146 : L'autorité investie du pouvoir exécutif de la collectivité territoriale peut intenter un
recours en annulation pour excès de pouvoir devant le juge administratif pour tout acte de l'autorité
de tutelle qu'il estime entaché d'irrégularité.
Article 147 : L'autorité de tutelle procède, au moins une fois par an, à l'inspection des collectivités
territoriales.
L'inspection fait l'objet d'un rapport dont copie est adressée à l'autorité investie du pouvoir exécutif
de la collectivité territoriale qui le communique au Conseil à sa plus prochaine réunion…
Article 209 : Le contrôle de l'autorité de tutelle est un contrôle a priori, sauf dans les cas
limitativement énumérés par la loi.
Ces collectivités locales ont pour mission générale, l’organisation de la vie collective,
la participation des populations à la gestion des affaires locales, la promotion et la
réalisation du développement local, la modernisation du monde rural, l’amélioration du
13
Cf. article 170 de la Constitution du 8 novembre 2016.
10
cadre de vie, la gestion des territoires et de l’environnement. Ces attributions sont
précisées ou enrichies par d’autres textes, notamment, la loi n°2003-208 du 7 juillet
2003 portant répartition et transfert de compétences de l’Etat aux collectivités
territoriales.
Les organes délibérants sont les conseils (conseil régional et conseil municipal).
Ils règlent par leurs délibérations les affaires de la région et de la commune, en leur
qualité de collectivités territoriales, et ce, dans le cadre des lois et règlements attributifs
de compétences. En la matière, au-delà des avis et vœux qu’ils peuvent émettre
(articles 16 à 18 de la loi de 2012), ils peuvent décider dans diverses matières
(création, modification ou suppression des marchés, autorisation d’exécuter en régie
des travaux d’entretien des propriétés de la collectivité territoriale, dénomination des
rues, places, édifices publics, création, translation ou agrandissement des cimetières
et l’acquisition des terrains nécessaires à cet effet, etc.)14.
Les organes exécutifs sont les autorités investies du pouvoir exécutif (le maire,
pour la commune, ou le Président du Conseil régional, pour la région) et le bureau du
Conseil (pour les régions) ou la municipalité (pour les communes).
14
Voir articles 20 et 21 de la loi de 2012.
11
police, responsable du maintien de l’ordre, de la sureté, de la tranquillité, de la sécurité
et de la salubrité publics.
Les attributions des bureaux des conseils et des municipalités sont fixées
par l’article 68 de la loi de 2012. On peut citer, entre autres, la préparation du budget et
suivi de son exécution, la préparation et la coordination des opérations et actions de
développement de la collectivité territoriale, la surveillance du recouvrement des recettes de
la collectivité et notamment des impôts, taxes.
Ces collectivités territoriales dont les organes viennent d’être identifiés, ne sont pas
à confondre avec les Districts autonomes qui sont des entités territoriales de type
particulier régies suivant les règles de la déconcentration et de la décentralisation.
Fondement légal : Leur existence est prévue par le titre III de la loi n° 2014-451 du
05 août 2014 portant orientation de l'organisation générale de l'Administration
Territoriale qui institue le district autonome comme une entité territoriale particulière
régie par des règles de la déconcentration et de la décentralisation. En cela, ils se
distinguent des districts qui existaient en 2001 considérées uniquement comme des
entités décentralisées.
Attributions : Ses attributions sont fixées par la loi n°2014-452 du 05 août 2014
portant mode de création, attributions, organisation et fonctionnement du district
autonome pour 12 des 14 districts autonomes et respectivement, pour les districts
autonomes d’Abidjan et de Yamoussoukro, par la loi n° 2014-453 du 05 août 2014
12
portant statut du District Autonome d'Abidjan et la loi 2014-454 du 05 août 2014
portant statut du District Autonome de Yamoussoukro.
Article 4 : Dans le cadre de la décentralisation, le District Autonome est chargé d'assurer, dans le
respect de l'intégrité territoriale, de l'autonomie et des attributions des autres collectivités territoriales
et en harmonie avec les orientations nationales :
- la protection de l'environnement ;
- la planification de l'aménagement du territoire du District Autonome ;
- la lutte contre les effets néfastes de l'urbanisation ;
- la promotion et la réalisation des actions de développement économique, social et culturel ;
- la lutte contre l'insécurité ;
- la protection et la promotion des traditions et coutumes ;
- l'entretien du patrimoine et des biens domaniaux de l'Etat transférés au District Autonome ;
- les travaux d'équipement rural.
NB : il est observable que ses missions peuvent se confondre avec celles de la région
qui constitue, comme déjà rappelé, l’échelon de conception, de programmation,
d’harmonisation, de soutien, de coordination et de contrôle des actions et des
opérations de développement économique, social et culturel qui s’y réalise.
Les organes : Pour exercer ses attributions, le District autonome dispose de divers
organes :
- le Conseil du District Autonome ;
- le Gouverneur du District Autonome ;
- le Bureau du Conseil du District Autonome.
Les conditions et modalités de leur désignation ou nomination sont fixées
par la loi. En ce qui concerne les districts régis par la loi n°2014-452 du 05 août 2014
portant mode de création, attributions, organisation et fonctionnement du district
autonome, voir les articles 8 (Conseil du District autonome), 52, 53, 54 (Gouverneur
13
du district autonome) et 28 (Bureau du District autonome).
Aujourd’hui existent 14 districts autonomes, à savoir : les districts autonomes
d’Abidjan, de Yamoussoukro, du Bas-Sassandra, de la Comoé, du Denguélé, du Gôh-
Djiboua, des Lacs, des Lagunes, des Montagnes, du Sassandra-Marahoué, des
Savanes, de la Vallée du Bandama, du Woroba, et du Zanzan. Si les deux premiers ont
été créés par loi, les derniers l’ont été par voie de décret.
14
L’existence des EPN était déjà prévue par l’article 41 de la Constitution ivoirienne
du 3 novembre 1960, confirmée successivement par les articles 71 et 101 des
constitutions du 1er août 2000 et du 8 novembre 2016. Ces articles renvoient tous à la
loi pour la fixation des règles concernant la création des catégories d’Etablissements
publics.
Cette dernière loi définit les EPN comme « toute personne morale de droit public,
dotée de la personnalité juridique et disposant de l’autonomie administrative et
financière, dont l’objet exclusif et spécialisé est de remplir une mission de service
public, en suivant des règles adaptées à sa mission, et comportant des contraintes et
des prérogatives de droit public ».
Il s’agit donc de services publics à qui l’on a conféré la personnalité juridique. Ils ne
reposent pas, au contraire des collectivités territoriales, sur une base géographique ou
territoriale et se voient attribuer la réalisation de missions spécifiques. C’est le sens du
principe de spécialité.
Par le passé, l’on a distingué entre les EPA et les EPIC. Cette classification a
aujourd’hui évolué.
Depuis l’arrêt Société Commerciale de l’Ouest Africain, plus connu sous l’appellation
d’arrêt Bac d’Eloka rendu par le Tribunal des conflits français en 1921 15, la doctrine
administrativiste a pris l’habitude de distinguer entre les services publics administratifs
et les services publics industriels et commerciaux. Cette distinction traditionnelle est
reprise par le législateur ivoirien, à travers les lois précitées de 1980 (article 16) et
1998 (article 52) fixant les règles générales relatives aux établissements publics
nationaux et créant les catégories d’établissements publics nationaux.
15
TC, 8 février 1921.
15
En 1980, l’établissement public administratif est donné comme un service public
doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, dont l’activité n’est ni
industrielle ni commerciale 16. En conséquence, ces ressources procèdent
principalement des subventions et dotations de l’Etat. De fait, il n’est pas censé
rechercher des profits.
A l’opposé, l’établissement public à caractère industriel et commercial a « pour
mission essentielle d’exercer (…) certaines activités industrielles et commerciales »17.
Quoique n’ayant pas la qualité de commerçant, il ne se comporte pas moins comme
tel dans la mesure où ses ressources sont constituées « principalement par le produit
des cessions de leurs travaux et prestations »18.
En 1998, l’EPA est un établissement public dont les ressources sont essentiellement
d’origine publique et les prestations en principe gratuites 19. Il n’est plus indiqué que
son activité n’est ni industrielle ni commerciale, au regard de ce qui précède. L’essence
de l’EPIC demeure, sous des formulations différentes. Il exerce une activité industrielle
et commerciale et ses ressources résultent principalement des redevances perçues sur
les usagers20. Ce qui n’est pas sans rappeler la référence de la loi de 1980 au produit
des cessions des travaux et prestations des EPIC.
Cette classification ci-dessus présentée, reprise par les lois de 1980 et de 1998, a
évolué.
2. L’évolution de la classification traditionnelle
Depuis 2016, plusieurs évolutions sont observées, qui remettent en cause la
distinction traditionnelle EPA/EPIC. Elles sont le fait de divers textes, à savoir :
l’ordonnance n°2016-541 du 20 juillet 2016 fixant les règles relatives à la création
d’Agences d’exécution (AE) ratifiée par la loi n°2016-991 du 14 novembre 2016 ; la loi
n°2019-678 du 23 juillet 2019 portant réforme hospitalière ; la loi n°2020-627 du 14
août 2020 fixant les règles générales relatives aux établissements publics nationaux et
portant catégories d’établissements publics et de la loi n°2023-429 du 22 mai 2023
relative à l’enseignement supérieur, à la recherche et à l’innovation.
16
Article 17 de la loi de 1980.
17
Article 20 de la loi de 1980.
18
Article 22 de la loi de 1980.
19
Article 53 de la loi de 1998.
20
Article 54 de la loi de 1998.
16
L’ordonnance n°2016-541 du 20 juillet 2016 fixant les règles relatives à la création
d’Agences d’exécution (AE) ratifiée par la loi n°2016-991 du 14 novembre 2016
commence par ajouter aux établissements publics administratifs et aux établissements
publics à caractère industriel et commercial, une nouvelle catégorie d’établissement
public national qu’est l’agence d’exécution. Son article 1 est sans équivoque à cet
égard. Il dispose que « l’agence d’exécution est une catégorie d’établissement
public… ». Tout comme les EPA et les EPIC, cette nouvelle catégorie est dotée de la
personnalité morale, de l’autonomie financière, d’un patrimoine et de moyens propres.
Pour cette raison, il faut peut-être s’intéresser aux conditions imposées pour la
création d’une agence d’exécution et qui sont : la volonté politique de donner plus
d’impulsion, d’autorité et d’autonomie à des activités non prises en charge ou qui le
sont insuffisamment par des structures existantes, la recherche de la qualité du service
public, la performance et des résultats 21.
Depuis leur avènement, plusieurs agences d’exécution ont été créées, notamment
l’AFOR (agence foncière rurale24, l’Agence Côte d’Ivoire PME25, l’ADERIZ (Agence pour
21
Cf. article 2 de l’ordonnance.
22
Les entités autres que les démembrements classiques de l’Etat créés pour une meilleure efficacité et
performance dans la gestion des services publics.
23
Cf. rapport de présentation du projet d’ordonnance fixant les règles générales relatives à la création
d’Agences d’exécution.
24
Décret n°2016-590 du 03 août 2016 portant création, attributions, organisation et fonctionnement de
l’Agence foncière rurale, dénommée AFOR.
25
Décret n°2016-1102 du 07 décembre 2016 portant attributions, organisation et fonctionnement de
l’agence en charge de la promotion des petites et moyennes entreprises, dénommée « Agence Côte
d’Ivoire PME ».
17
le Développement de la filière RIZ) 26, l’APIF (Agence de Promotion de l’Inclusion
Financière)27, l’ONECI (Office National de l’Etat Civil et de l’Identification)28 et depuis
le 23 février 2022, l’Agence de Promotion des Exportations de Côte d’Ivoire dénommée
"Agence Côte d’Ivoire Export, créée en remplacement de l »Association pour la
promotion des exportations de Côte d’Ivoire.
La loi n°2020-627 du 14 août 2020 fixant les règles générales relatives aux
établissements publics nationaux et portant catégories d’établissements publics, quant
à elle, procède à une requalification des EPA qui deviennent désormais, les
établissements publics administratifs, sociaux, culturels et
environnementaux, à distinguer, des établissements publics à caractère
industriel et commercial (EPIC). Cet établissement requalifié remplit des missions
de service public spécialisées à caractère purement administratif, voire social, culturel,
et environnemental et ses ressources sont essentiellement d’origine publique et ses
prestations, en principe, gratuites. Au contraire, le second, l’EPIC remplit des missions
de service public spécialisées, à caractère industriel et commercial et ses ressources
soient constituées principalement des redevances perçues sur les usagers. Par le
26
Décret n°2018-10 du 10 janvier 2018 portant création, attributions, organisation et fonctionnement
de l’agence pour le développement de la filière riz, dénommée ADERIZ.
27
Décret n°2018-508 du 30 mai 2018 portant création, attributions, organisation et fonctionnement de
l’APIF.
28
Décret n°2019-458 du 22 mai 2019 portant création, attributions, organisation et fonctionnement de
l’ONECI.
29
Voir les articles 52 à 57 de la loi n°2019-678 du 23 juillet 2019 portant réforme hospitalière.
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passé, la loi de 1998 indiquait que leur budget était constitué pour 60% de ressources
propres. Cette précision a disparu dans la nouvelle loi.
30
Cf. les articles 2 et 54 de la loi n°2020-627 du 14 octobre 2020). Cette nouvelle appellation tend à
regrouper une série d’établissement qui auraient pu constituer à eux seuls une catégorie, comme c’est
le cas, notamment au Burkina Faso où l’article 8 de la loi n° 010-2013/AN portant règles de création
des catégories d’établissements publics reconnaît, les catégories d’établissements publics ci-après : les
établissements publics à caractère administratif (EPA), les établissements publics à caractère
scientifique, culturel et technique (EPSCT), les établissements publics de santé (EPS), les établissements
publics à caractère professionnel (EPP), les établissements publics de prévoyance sociale (EPPS), les
fonds nationaux (FN), les groupements d’intérêt public (GIP), les établissements publics à caractère
économique (EPEC). Là-bas, la catégorie d’établissements publics s’entend de l’ensemble des
établissements publics dont les activités ont les mêmes caractères et une spécificité analogue. En
France, au-delà de la summa divisio EPA/EPIC, la loi a institué d’autres catégories, notamment, les
« établissements publics à caractère scientifique et technologique », les « établissements publics à
caractère scientifique, culturel et professionnel », les « établissements publics de coopération
culturelle ». Pierre Laurent FRIER, Jacques PETIT, Droit administratif, Monchrestien, Paris 12 ème édition,
2018-2019, p. 302.
19
observer que l’article 2 de la loi de 1998 aujourd’hui abrogée disposait que cette
dernière s’appliquait à « toutes les catégories d’Établissement public ainsi qu’aux
Etablissements publics nationaux relevant de ces catégories ». Cet article n’est pas
repris dans la loi de 2020. Autant dire que la loi de 2020 n’a pas vocation à s’appliquer,
au contraire de la loi de 1998, à toutes les catégories d’établissement public,
notamment aux agences d’exécution et aux Etablissements publics hospitaliers qui font
l’objet de textes spécifiques.
Pour aller plus loin : organisation des EPN suivant les termes de la loi n°2020-627 du 14
août 2020 fixant les règles générales relatives aux établissements publics nationaux et
portant catégories d’établissements publics
31
Elle exerce diverses missions en matière économique et financière, notamment la réception et les
consignations administratives, judiciaires, conventionnelles, la protection et la gestion de l’épargne
populaire qui lui est confiée, le financement en investissement des très petites, petites et moyennes
entreprises, etc.
20
préparation et l’exécution du budget ainsi que d’examiner le compte financier produit par
l’agent comptable32 ;
- Le Directeur nommé par décret du Président de la République : c’est l’ordonnateur de
l’EPN chargé d’effectuer ou faire effectuer, par délégation, les opérations nécessaires à
l’engagement, à la liquidation et à l’ordonnancement des recettes et dépenses. Il est investi
des pouvoirs nécessaires pour assurer l’administration et la direction générale de
l’établissement. Il accomplit à cet effet tout acte nécessaire à la réalisation des missions de
l’établissement.
- Le comptable public : il s’occupe des opérations d’encaissement des recettes et de
payement de dépenses ordonnancées ;
- Le Contrôleur budgétaire : il est chargé de contrôler l’exécution du budget en recette
et en dépense. Il s’assure de l’effectivité des fournitures et prestations préalablement à tout
paiement. Il est également chargé d’une mission d’assistance et de conseil auprès de
l’ordonnateur et doit être obligatoirement consulté dans la préparation du budget. Il
participe à l’organisation des contrôles internes et à la mise en place des systèmes de
contrôle de gestion au sein de l’établissement ;
-Le Conseil scientifique : il est prévu pour les établissements dont l’activité présente un
caractère scientifique technologique hospitalier ou d’enseignement. Il a à charge, en rapport
avec le Conseil de gestion et le Directeur, la définition de l’orientation générale des activités
de l’EPN et l’élaboration et la mise en œuvre des programmes de recherche ou des objectifs
scientifiques et techniques qui lui sont confiés.
Comme les collectivités territoriales, les EPN demeurent soumis à la tutelle de l’Etat
(tutelle technique et tutelle économique). Celle-ci pouvait aboutir par exemple à la
révocation du Directeur de l’EPN par décret, en cas de faute commise par celui-ci. La
proposition en était faite par le conseil de gestion au ministre de tutelle qui devait s’en
remettre au Président de la République. Le ministre de tutelle ne pouvait que déclencher ou
engager la procédure de révocation, lorsqu’il était saisi par le conseil de gestion.
Avec la nouvelle loi de 2020, la tutelle économique et financière est exercée par le
Ministre en charge du budget et la tutelle technique, par le ministre chargé du département
dont relève l’activité principale de l’établissement. Cette loi dispose également que « les
conditions et modalités de l’exercice de ces deux tutelles seront précisées par les décrets
d’application de la loi ».
A l’origine, les AAI sont définies comme des organismes publics en principe non
dotés de la personnalité juridique et auxquelles le législateur confère des garanties
d’indépendance afin qu’ils remplissent au mieux la mission pour laquelle ils sont créés :
32
Compte rendu de l’exécution du budget. Il rend compte notamment du résultat de l’exercice, c’est-à-
dire de l’écart entre les recettes et les dépenses.
21
protection des citoyens ou des usagers, amélioration des relations entre
l’Administration et les administrés, régulation et surveillance de secteurs sensibles de
la vie économique et sociale (la presse, l’audiovisuel, les télécommunications, etc.).
L’affirmation suivant laquelle les AAI ne sont pas dotés en principe de la personnalité
juridique ne vaut pas pour les AAI en Côte d’Ivoire. En effet, l’examen des textes
permet d’observer que c’est le principe inverse qui prévaut en Côte d’Ivoire, c’est-à-
dire l’octroi de la personnalité juridique. C’est le cas avec la Haute Autorité de la
Communication Audiovisuelle (HACA) ; l’Autorité Nationale de la Presse (CNP) ; la
Commission Electorale Indépendante (CEI)…
Ce facteur est de nature à garantir l’indépendance qui caractérise ces AAI. Cette
indépendance les soustrait à tout lien hiérarchique ou de subordination. Elle les
soustrait à tout rapport de tutelle. Toutefois, conformément à l’esprit de l’Etat de droit,
ces AAI font l’objet de contrôle juridictionnel (contrôle de légalité), exercé
principalement en Côte d’Ivoire, hier par la Chambre administrative de la Cour
suprême, aujourd’hui par le Conseil d’Etat.
Il convient d’indiquer enfin, que de façon générale, ces AAI sont des organismes
collégiaux dotés d’un Président. Celui-ci et les autres membres sont nommés par décret
du Président de la République.
22