Vous êtes sur la page 1sur 38

Projet Tudikolela

Décentralisation et relations
de pouvoir
Patrick Milabyo
Mbuji-Mayi
Formation du staff Tudikolela (17 avril 2023 ) et
des services étatiques (21 avril 2023)
Objectifs, méthodologie et plan de
présentation
Les objectifs pédagogiques du module 2 de cette formation sont :
1. Expliquer la base légale de la décentralisation, définir la décentralisation et
décrire quelques caractéristiques de la décentralisation ;
2. Décrire brièvement l’histoire et l’organisation administrative de la
décentralisation ;
3. Identifier les organes de l’Entité Territoriale Décentralisée (ETD) ;
4. Discuter quelques notions de pouvoir, d’autorité et d’élites dans un projet
de développement communautaire ;
5. Identifier quelques risques et critiques du développement participatif.
Objectifs, méthodologie et plan de
présentation (suite)
La méthodologie comprend :
• exposés,
• brainstorming,
• discussions et exercices de groupes.
Objectifs, méthodologie et plan de
présentation (suite)
Plan de présentation :
1. Décentralisation
1.1. Base légale de la décentralisation
1.2. Définition de la décentralisation
1.3. Caractéristiques de la décentralisation
2. Relations de pouvoir, risques et critiques de la participation
2.1. Notions de pouvoir, d’autorités et d’élites
Objectifs, méthodologie et plan de
présentation (suite)
2.2. Risques et critiques de la participation
2.3. Topographie des relations des pouvoirs
2.4. Comprendre notre propre pouvoir (nos pouvoirs)
2.5. Précautions pour éviter l’abus de pouvoir
3. Questions des discussions dans les travaux en groupes
Décentralisation
1. Décentralisation
1.1. Base légale de la décentralisation
oLa Constitution de la RDC du 18 février 2006 a opté pour la
décentralisation comme mode de gestion de l’Etat avec la
conséquence de procéder à des reformes politiques profondes dans
la réorganisation de l’administration territoriale.
oCeci pour contribuer à la promotion du développement humain
durable et à la prévention de risques de conflits pour faciliter
l’enracinement de la démocratie locale.
1. Décentralisation (suite)
• Ainsi, mettant en place trois niveaux de pouvoir sont à distinguer:
l’Etat central, la province et l’Entité Territoriale Décentralisée (ETD).
1.2. Définition de la décentralisation
oLa décentralisation est un mode de gestion qui consiste à transférer
une partie de pouvoir de décision et de gestion de l’Etat central aux
provinces et aux ETD.
oCe transfert porte sur les ressources humaines, financières et
matérielles nécessaires pour le développement des provinces et des
ETD, invitées et encouragées à se prendre en charge.
1. Décentralisation (suite)
• Une Entité Territoriale Décentralisée (ETD) est une subdivision
territoriale dotée de la personnalité juridique ayant ses organes, son
patrimoine et ses finances propres. Elle est responsable de son
développement.
• Conformément à l’article 3 de la Constitution de la RDC, les villes, les
communes, les secteurs et les chefferies sont des Entités Territoriales
Décentralisées (ETD).
1.3. Caractéristiques de la décentralisation
1.3.1. Personnalité juridique
oLes entités décentralisées jouissent d’une personnalité juridique.
Ainsi, elles peuvent acquérir des biens propres, ester en justice, elles
peuvent stipuler avoir un patrimoine propre, les biens matériels, les
fonctionnaires propres.
1.3.2. Autonomie
oLes entités décentralisées gèrent elles-mêmes un certain nombre
d’affaires par leurs propres organes locaux.
oAvec ses propriétés, l’ETD jouit de la liberté de prise de décision et de
gestion des affaires communautaires.
1.3. Caractéristiques de la
décentralisation(suite)
1.3.3. Autorités locales élues
oCes autorités doivent être élues par la population locale et ce, d’une
manière démocratique.
1.3.4. Responsabilité
L’ETD a la charge de la mise en œuvre des programmes de
développement local pour satisfaire les besoins du peuple par l’offre
des services dans la limite de ses compétences et l’obligation de rendre
compte de sa gestion à la base.
1.3. Caractéristiques de la
décentralisation(suite)
1.3.5. Tutelle
oL’ETD est soumise à un pouvoir de tutelle de la part de la province ou
de ses représentants locaux pour ses actes administratifs.
oIl s’agit pour les autorités supérieures de vérifier la conformité des
actes pris par les ETD en rapport de la loi et des politiques arrêtées
aux niveaux provincial et national.
1.3.6. Histoire de la décentralisation en RDC
• Le Décret du 26 mars 1957 sur les milieux urbains a reconnu la
personnalité juridique aux villes et Communes.
• Le Décret du 10 mars 1957 portant organisation des circonscriptions
indigènes a reconnu la personnalité juridique au secteur, chefferie et
Centre.
• Le Décret du 13 Octobre 1959 portant organisation des villes et des
communes a permis aux noirs d’accéder au poste de bourgmestre
pour assumer la gestion des entités décentralisées créées par
l’autorité coloniale.
Figure 1: place des ETD dans l’organisation administrative du pays
ETD (décentralisées)
Etd (déconcentrées)

Ville de
Kinshasa

Districts Communes

Villes

Communes
Secteurs Chefferies Communes
1.3.9. Organes des ETD
Sont considérées comme ETD :
a. Ville
Tout chef-lieu de province, toute agglomération avec au moins 100 000
habitants et des infrastructures requises et ayant bénéficié de ce statut
conféré par décret du Premier Ministre après avis conforme de
l’Assemblée provinciale.
b. Commune
Tout chef-lieu de territoire, toute subdivision de la ville ou toute
agglomération avec au moins 20 000 habitants et ayant bénéficiée de
ce statut conféré par décret du Premier Ministre.
1.3.9. Organes des ETD(suite)
c. Secteur
Structure hétérogène de communautés traditionnelles, statut conféré
par décret du Premier Ministre, sur proposition du Ministre de
l’intérieur, avec avis de l’Assemblée provinciale.
d. Chefferie
Structure homogène des communautés traditionnelles, statut conféré
par décret du Premier Ministre, sur propositions du Ministre de
l’intérieur, avec avis de l’Assemblée provinciale.
Tableau 2 : organes délibérant et exécutif des ETDs
NIVEAU ORGANE DELIBEREANT ORGANE EXECUTIF
Ville Conseil urbain (4 conseillers par commune Collège exécutif urbain :
élus par les conseillers communaux) - Maire (Elu par le conseil urbain)
Bureau : Président, vice-président, - Maire adjoint (Elu par le conseil urbain),
rapporteur, questeur - 3 échevins urbains (Nommés par le Maire)
commune Conseil communal (9 à 18 conseillers élus Collège exécutif communal
par le peuple) - Bourgmestre (Elu par le conseil communal),
Bureau : Président, vice-président, -bourg. adjoint (Elu par le conseil communal),
rapporteur -2échevins communaux (Nommés par le Bourg.)

secteur Conseil de secteur (7 à 13 conseillers élus par Collège exécutif du secteur


le peuple) - chef de secteur (Elu par le conseil de secteur),
Bureau : Président, Vice-président, - chef sect. adjoint (Elu par le conseil de secteur),
rapporteur - 2 échevins (Nommés par le Chef de secteur)

chefferie Conseil de chefferie (7 à 13 conseillers élus Collège exécutif de chefferie


par le peuple) - Chef de chefferie (Nommé suivant la coutume)
Bureau : Président, Vice-président, - 3 échevins (Nommés par le Chef de chefferie)
rapporteur
Relations de pouvoir, risques
et critiques de la participation
2. Relations de pouvoir, risques et critiques de
la participation
2.1. Notions de pouvoir, d’autorités et d’élites
oLes relations de pouvoir sont des relations d’influence sociale dans
lesquelles les opinions et attitudes d’une personne affecte les
opinions et attitudes d’une autre personne.
oLes détenteurs de pouvoir peuvent utiliser : (i) des stratégies dures en
demandant l’obéissance à travers l’intimidation et l’agression ; (ii) des
stratégies rationnelles à travers la négociation et la logique ou encore
(iii) des stratégies douces en sollicitant la soumission à travers des
manières polies, amicales ou humbles.
2.1. Notions de pouvoir, d’autorités et d’élite
(suite)
 Il existe deux types d’élites dans un projet de développement
communautaire :
(i) Bonne élite : bonne capture ou contrôle par l’élite peut aussi être exercé
pour le bénéfice populaire au lieu d’enrichissement personnel.
(ii) Mauvaise élite : mauvaise capture par l'élite soit en choisissant des
projets qui représentent leurs propres préférences au lieu des
préférences communautaires, soit en utilisant mal les fonds donnés à la
communauté.
2.2. Risques et critiques de la participation
• La principale critique de l’approche est sans doute les « relations de
pouvoir et politiques ». La participation affecte les relations de
pouvoir dans les communautés.
• Néanmoins, les relations de pouvoir n’ont pas seulement été trouvées
entre les leaders et les membres des communautés ; elles existent
aussi entre les facilitateurs de développement et les bénéficiaires
potentiels.
• Une autre critique est qu’au nom de la décentralisation, la
participation peut cacher la centralisation de la politique et de la
planification du développement.
2.2. Risques et critiques de la participation
(suite)
• Il existe la préoccupation selon laquelle les structures de gouvernance
ou participatives créées au sein d’une intervention ne sont pas
seulement parallèles, mais aussi font la compétition avec les
structures locales existantes, alors que les structures nouvellement
créées sont souvent moins durables.
• Enfin, les détenteurs traditionnels de pouvoir peuvent résister à la
redistribution de pouvoir mettant ainsi en danger toute tentative de
collaboration, alors que ceux qui ont acquis de nouvelles
connaissances ont besoin d’opérer dans les institutions existantes.
2.2. Risques et critiques de la participation
(suite)
2.3. Topographie des relations des pouvoirs
Exercice: Répartir les participants en 3 groupes. Un groupe travaille sur
l'exécution d'un plan de développement, un autre sur l'exécution de la
décentralisation et un autre sur les actions de plaidoyer. Cherchez a
identifier chaque fois qui a le pouvoir formel et qui jouit du pouvoir
informel.
2.2. Risques et critiques de la participation
(suite)
2.4. Comprendre notre propre pouvoir (nos pouvoirs)
oLe pouvoir devrait être utilisé avec intégrité. Comme personnes vivant
dans un milieu donné, nous jouissons d’une certaine influence, nous
avons des ressources, nous avons à un certain degré des pouvoirs.
oUne grande partie des travaux de participation communautaire, des
actions de décentralisation et de plaidoyer n’est pas réalisée parce
que nous sous estimons l’influence que ceux au pouvoir ou les
communautés nous permettent d’avoir.
2.5. Précautions pour éviter l’abus de pouvoir
Attention est à faire sur les dangers d’abus de pouvoir, notamment :
a. Promesses en l’air : en promettant de faire quelque chose, s’assurer
que cela sera réalisé. Sinon, il y a perte de confiance et risque de ne
plus être écouté dans l’avenir.
b. Abus de privilège : on évitera par exemple les cérémonies trop
officielles, ce qui risque de prendre du temps et de l’argent et de ce fait
risque de renforcer le déséquilibre du pouvoir.
c. Utilisation de la force : n’est jamais une solution de force pour
obtenir ce que vous désirez car vous ne faites que copier les abus des
oppresseurs.
2.5. Précautions pour éviter l’abus de pouvoir
(suite)
d. Fausse déclaration de légitimité et de représentation : dès qu’on a
accès auprès de décideurs et que ceci est légitime, s’assurer que vous
représentez bien ceux au nom de qui vous déclarez vous exprimer
(votre base).
e. Mauvaise recherche et mauvaise interprétation des données :
s’assurer que vous présentez vos propres faits et ceux des opinions
opposées afin de conserver votre intégrité et avoir de bonnes
solutions.
2.5. Précautions pour éviter l’abus de pouvoir
(suite)
f. Dessous-de-table : On ne devrait jamais les prendre en considération.
Cela va à l’encontre des principes éthiques, de bonne morale, de
probité, de bon développement, de responsabilité, d’ouverture et de
transparence.
Questions des discussions
dans les travaux en groupes
3. Questions des discussions dans les travaux
en groupes
1. Au regard des textes, quels sont les organes de l’Entité Territoriale
Décentralisée (ETD) opérationnels dans le milieu?
2. Quel état de la collaboration entre ces organes ? Y a-t-il des
contraintes dans cette collaboration ? Quelles recommandations
pouvez-vous formuler pour améliorer cette collaboration ?
3. Quel état de la collaboration entre les organes de participation
communautaire et les services étatiques dans le milieu ? Y a-t-il des
contraintes dans cette collaboration ? Quelles recommandations
pouvez-vous formuler pour améliorer cette collaboration ?
3. Questions des discussions dans les travaux
en groupes (suite)
4. Quelles sont les niveaux ou instances qui détiennent le pouvoir,
l’autorité dans le projet de développement communautaire Tudikolela
dans le milieu ? Quels sont les risques et critiques possibles de
l’utilisation de ce pouvoir dans ce projet ?
5. Quelles recommandations pouvez-vous formuler pour réduire les
risques liés à l’approche du développement participatif dans le milieu ?
Je vous remercie pour votre
particulière attention!

Vous aimerez peut-être aussi