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Humanitarisme : Une chronologie

Introduction
Ce document offre un aperçu de certains des événements majeurs de l'histoire de l'humanitarisme.

Sources d'informations sur ces événements

 insidedisaster.com
 thenewhumanitarian.org (The 25 Crisis That Shaped History)
 Jason Phillips, consultant humanitaire indépendant et chercheur

1859
Une aide neutre à tous ceux qui en ont besoin

« N'y aurait-il pas moyen...de constituer des sociétés de secours dont le but serait de faire donner
des soins aux blessés, en temps de guerre, par des volontaires zélés, dévoués et bien qualifiés
pour une pareille oeuvre ? »
— Henry Dunant

Après avoir été témoin de l'agonie de 40 000 soldats morts et mourants lors de la bataille de
Solférino en 1859, Henry Dunant a commencé une mission visant à créer une organisation
humanitaire permanente et neutre qui fournirait des secours à l’ensemble des parties en temps
de guerre.

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1863
La Croix-Rouge

La Croix-Rouge de Henry Dunant a été fondée en 1863. En 1864, douze gouvernements ont adopté
la Première Convention de Genève, qui permettait de soigner les blessés sur le champ de bataille
et définissait les services médicaux comme « neutres » dans les conflits.

Les Conventions de Genève ont introduit le concept que la guerre a des règles et que les blessés
de toutes les parties ont droit à un traitement.

1901
Prix Nobel de la paix

Le tout premier prix Nobel de la paix a été décerné à Henry Dunant en 1901, en reconnaissance de
son rôle d’initiateur de la première Convention de Genève et fondateur du Comité international de
la Croix-Rouge (CICR).

Le travail du CICR a depuis lors été récompensé par le Prix de la paix à trois reprises, en 1917,
1944 et 1963.

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1915-1945
Des millions de personnes dans le besoin

L’introduction de mitrailleuses, de chars, de gaz et de techniques de bombardement aérien a


entraîné un nombre de morts et de blessés sans précédent au cours des deux guerres mondiales.

Au cours de cette période, la communauté humanitaire internationale s’est également rapidement


développée. Catholic Relief Services, l’International Rescue Committee (IRC), CARE et OXFAM ont
tous été fondés au cours de cette période et continuent d’opérer dans le monde entier aujourd’hui.

1949
Plus jamais

Environ deux fois plus de civils que de combattants ont été tués pendant la Seconde Guerre mond-
iale. Les horreurs de la guerre et la nouvelle vulnérabilité des non-combattants ont conduit à
l’établissement de nouvelles pratiques internationales et de nouvelles lois humanitaires.

Cinquante pays ont adopté la Charte des Nations Unies en 1945. Quatre ans plus tard, l’ONU a
adopté la quatrième Convention de Genève, qui établit les droits des civils à la vie, à l’alimentation,
à la dignité et aux soins médicaux en temps de guerre.

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1950
Les Droits des réfugiés

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a été créé en 1950 pour aider
les Européens déplacés par la Seconde Guerre mondiale.

L’année suivante, l’ONU a adopté la convention relative au statut des réfugiés. Elle a défini pour la
première fois ce qu’était un réfugié, ses droits et les obligations des États qui l’accueillaient.

1965
Principes fondamentaux

En 1965, la Croix-Rouge a officiellement adopté les sept principes fondamentaux qui guident le
travail du mouvement dans le monde : humanité, impartialité, neutralité, indépendance, volontariat,
unité et universalité.

La plupart des organismes humanitaires internationaux respectent tout ou partie de ces principes,
qui sont considérés comme fondamentaux pour le travail humanitaire aujourd’hui.

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1967
Biafra

L’intervention humanitaire dans la guerre de 1967-70 entre le Nigeria et l’État séparatiste du Biafra
a fait l’objet d’un examen rétrospectif en raison de la façon dont l’aide a été manipulée pour servir
les objectifs militaires des parties belligérantes. Après que des images d’enfants biafrais affamés
aient couvert les écrans de télévision occidentaux, les rebelles biafrais ont fait appel à une entre-
prise de relations publiques et sont devenus une cause mondiale célèbre. L’aide humanitaire et la
sympathie du public qui ont afflué au Biafra ont été récupérées par le mouvement rebelle, pro-
longeant la guerre, selon certaines estimations, de 18 mois.

1971
Fondation de MSF

Lorsque le CICR a insisté pour rester neutre dans le conflit du Biafra, un groupe de jeunes mé-
decins Français a accusé l’agence d’être « complice du massacre systématique d’une population ».
Bien que l’histoire a prouvé que les accusations sont fausses, en 1971, les médecins se sont
séparés du CICR et ont fondé leur propre groupe humanitaire, Médecins Sans Frontières (MSF).

La fondation de MSF a marqué le début d’une forme d’humanitarisme plus politisée, franche et
interventionniste.

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1984
Ethiopie et le concert Live Aid

Lorsque des images d’enfants éthiopiens affamés ont envahi les écrans de télévision occidentaux
en 1984, Bob Geldof a réagi en créant les campagnes Band-Aid et Live Aid pour « soulager la fam-
ine ». Le mouvement a été un succès massif et a permis de recueillir des millions de dollars, mais
a également été critiqué pour avoir traité la famine comme une « catastrophe naturelle » alors
qu’en fait, cette famine de masse n’était autre que le résultat des tactiques militaires du gouverne-
ment et la relocalisation forcée de centaines de milliers de personnes.

1992
L'endiguement par la charité

Le nettoyage ethnique mené par les Serbes a éclaté en Bosnie-Herzégovine en 1992. Les pays eu-
ropéens ont réagi en finançant une campagne « humanitaire » massive, en partie destinée à « con-
tenir » la population en fuite et à empêcher un exode de réfugiés vers des pays plus riches.

Les troupes de l’ONU ont été autorisées à utiliser la force pour protéger les envois d’aide humani-
taire, mais pas les personnes, ce qui a amené certains humanitaires à croire qu’ils étaient utilisés
par des gouvernements cherchant à éviter une réponse militaire. Un responsable de l’ONU a quali-
fié la campagne de « l'endiguement par la charité ».

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1994
Aide, pas intervention

Plus de 800 000 Rwandais ont été massacrés par des milices parrainées par le gouvernement lors
du génocide de 1994. Les gouvernements occidentaux et l’ONU étaient au courant du massacre,
mais ne voulaient pas intervenir pour l’arrêter. Au lieu de cela, la communauté internationale a par-
rainé une réponse humanitaire massive à la crise des réfugiés qui a suivi le génocide. Des cen-
taines d’ONG et des millions de dollars ont été dirigés vers un effort de secours chaotique et mal
coordonné, ce qui a conduit MSF France à qualifier la campagne humanitaire de « couverture pour
l’inaction des États ».

1997
Le projet Sphère

Le projet Sphère a été lancé en 1997 par un groupe d’ONG humanitaires et le mouvement de la
Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, afin de définir et de faire respecter des normes minimales pour
les interventions en cas de catastrophe. Les lignes directrices de Sphère sont décrites dans le ma-
nuel de l’organisation et sont basées sur l’idée que les survivants de catastrophes ont droit à la
dignité, à la protection et à l’assistance.

Bien que les normes sphère soient entièrement volontaires, elles ont introduit une « base de réfé-
rence » de responsabilité pour les agences humanitaires qui a été largement adoptée aujourd’hui.

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1999
Ne pas nuire

Le livre de Mary Anderson, « Ne pas nuire : comment l’aide peut-elle soutenir la paix ou la guerre » intro-
duit l’idée que l’aide fournie en cas de conflit fait partie de ce contexte, « et donc aussi du conflit ». De
ce point de vue, l’aide alimentaire et l’aide matériel ne sont pas des produits neutres, mais des « trans-
ferts de ressources » qui affectent les économies locales, les structures de pouvoir et la dynamique des
conflits.

Anderson met les travailleurs humanitaires au défi d’examiner leur travail de manière critique et appelle
à une refonte des programmes d’aide afin qu’ils « ne nuisent pas » tout en réalisant le bien escompté.

1999
Guerre humanitaire

Après que la « campagne de bombardement humanitaire » de l’OTAN au Kosovo a tué 1 400 civils
et créé une crise des réfugiés, la coalition de l’OTAN lance, finance et contrôle en grande partie la
réponse humanitaire à la crise humanitaire. De nombreuses agences humanitaires considéraient le
rôle de l’OTAN comme une menace pour leur neutralité et leur indépendance. Eric Dachy de MSF -
Belgique a qualifié le Kosovo de « la création d’un espace humanitaire militaire dont les priorités
reflétaient davantage les intérêts des grandes puissances que des populations aidées ».

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2001
La responsabilité de protéger

Comment la communauté internationale devrait-elle réagir lorsque les gouvernements déchaînent


la violence et la souffrance sur leur propre peuple ?
En réponse aux tragédies évitables au Rwanda et en Bosnie, l’ONU a chargé la Commission inter-
nationale de l’intervention et de la souveraineté des États (CIISE) de répondre à cette question. Le
rapport de l’ICISS, « La responsabilité de protéger », a introduit l’idée que les gouvernements ont la
responsabilité de protéger leurs propres citoyens contre les « catastrophes évitables » et que s’ils
ne voulaient pas ou ne pouvaient pas le faire, la communauté internationale devait intervenir.

2001
Brouiller les lignes

« Les ONG sont un tel multiplicateur de forces pour nous, une partie si importante de notre équipe de combat. »
- Le Secrétaire d’État américain Colin Powell, octobre 2001.

En s’associant à des ONG humanitaires pendant la campagne militaire de 2001 en Afghanistan (notamment en
larguant de l'aide alimentaire et des bombes à fragmentation sur des civils), le gouvernement américain a brouillé
les frontières autrefois claires entre les rôles humanitaires et militaires en temps de guerre. Les agences humani-
taires établies ont été expulsées du pays et attaquées par les talibans, qui les percevaient comme des agents des
forces de l’OTAN.

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2003
Certifier la redevabilité

Au fur et à mesure que les agences humanitaires grandissaient, devenaient mieux financées et plus in-
fluentes au long des années 80 et 90, la nécessité d’élaborer des normes de redevabilité pour leur travail
devenait plus urgente.

En 2003, le Humanitarian Accountability Partnership (HAP) est devenu le premier organisme international
d’autorégulation du secteur humanitaire. La mission du HAP était de rendre les agences humanitaires rede-
vabilité envers leurs bénéficiaires et les agences certifiées HAP ont accepté de mettre en œuvre des con-
trôles d’assurance qualité, une autorégulation et des normes minimales de fourniture de l’aide.

2004
Chaos du tsunami

La réponse humanitaire au tsunami de 2004 en Asie du Sud a été l’un des efforts d’aide internatio-
nale les plus importants et les plus complexes de l’histoire. Impliquant plus de 400 groupes et 6
milliards de dollars de dons, ce fut également l’un des efforts les plus chers et désorganisés. Les
fournitures essentielles ont été retardées par des dons bien intentionnés mais inutiles, la nourriture
a commencé à pourrir dans les dépôts tandis que les survivants souffraient de la faim ; l’aide a été
transportée par avion dans le monde entier avant d’arriver dans les pays cibles. La réponse au tsu-
nami a conduit à une série de réformes humanitaires.

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2005
Le système de clusters

La réponse au tsunami de 2004 a mis à nu la plus grande faiblesse des campagnes humanitaires à grande
échelle : personne n’est responsable. En 2005, l’ONU a introduit sa propre solution : « un système de clusters
» qui divise la réponse aux catastrophes en sections distinctes, y compris la protection, la santé, les abris
d’urgence, la nutrition, etc. Chacune de ces sections est dirigée par une agence humanitaire désignée, qui
organise régulièrement des réunions volontaires dans la zone de crise pour promouvoir le partage de l’infor-
mation et des ressources.

Bien que le système se soit heurté à une résistance lors de son introduction, il est progressivement devenu
accepté comme un moyen efficace d’éviter le dédoublement des efforts dans l’intervention d’urgence.

2006
Prépositionnement de l'aide

Après qu’une analyse de la réponse de la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge


et du Croissant-Rouge (IFRC) au tsunami a révélé qu’il fallait jusqu’à deux semaines pour ache-
miner de la nourriture et des fournitures dans les zones sinistrées, l’agence a remanié l’ensemble
de la logistique de sa chaîne d’approvisionnement.

Le « pré-positionnement » est un nouveau système qui consiste à stocker des fournitures dans des
pays à risque, ainsi que dans des « hubs » stratégiquement positionnés dans le monde entier, dont
certains sont administrés par l’ONU.

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2008
Désignation de la Journée mondiale de l’aide humanitaire

En décembre 2008, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution désignant le
19 août comme Journée mondiale de l’aide humanitaire. Depuis lors, tous les États membres de
l’ONU, les agences des Nations Unies et les organisations humanitaires ont été encouragés à ré-
server cette journée, une fois par an, pour honorer l’ensemble du personnel humanitaire et des Na-
tions Unies qui a perdu la vie dans l’exercice de ses fonctions et pour accroître la sensibilisation du
public aux activités d’aide humanitaire dans le monde entier.

2010
Tremblement de terre en Haïti

La réponse humanitaire au tremblement de terre en Haïti a été massive. L’appel de secours des Nations Unies
pour Haïti a été le plus important jamais lancé : des centaines d’ONG de secours y ont participé, y compris le
plus grand déploiement du réseau mondial de la Croix-Rouge. Haïti est également devenu un terrain d’essai
pour des techniques d’intervention innovantes, notamment des secours pré-positionnés, une cartographie col-
laborative des crises à grande échelle et l’utilisation des réseaux sociaux pour partager et coordonner des in-
formations sur la catastrophe. Cependant, les efforts de secours et de relèvement ont été ralentis par
l’ampleur des besoins, les dommages causés aux infrastructures et les problèmes de coordination. Les Ha-
ïtiens et les acteurs humanitaires ont critiqué la réponse apportée, la jugeant trop lente pour répondre à l'en-
semble des besoins du pays.

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2011
Sécheresse en Afrique de l’Est

En 2011, après des années de terribles avertissements, jusqu’à 13 millions de personnes ont été confrontées à une crise alimentaire
provoquée par la sécheresse dans la Corne de l’Afrique. Une famine a été déclarée dans une partie du sud de la Somalie contrôlée par le
groupe djihadiste Al-Shabab. La lenteur de la réponse mondiale aux données d’alerte précoce et les difficultés extrêmes d’accès aux
populations dans le besoin ont entraîné environ 250 000 morts.

En plus de susciter un intérêt accru pour aider les communautés vulnérables à mettre en place de meilleurs systèmes d'alerte précoce
et à accroître la résilience de leurs moyens de subsistance, la communauté humanitaire internationale a pris conscience de « l'effet
dissuasif » que les sanctions antiterroristes imposées par les États-Unis et l'ONU pouvaient avoir sur la rapidité des secours d'urgence.
Pendant plusieurs mois, peu d'aide a pu passer car les organisations humanitaires occidentales craignaient que leurs actions n'aillent à
l'encontre des lois anti-terroristes que leurs donateurs avaient imposées à Al-Shabab dans le cadre de la guerre mondiale contre le ter-
rorisme.

2011
Guerre civile syrienne

Depuis que des manifestations en faveur de la démocratie ont éclaté en Syrie dans le cadre du « printemps arabe », le
pays a sombré dans une violence à grande échelle qui a forcé près de 7 millions de personnes à fuir le pays et à près de
7 autres millions à être déplacées à l’intérieur du pays. La guerre a été marquée par son extrême brutalité, caractérisée
par des attaques de routine contre des installations médicales, l’utilisation d’armes chimiques et des sièges à long terme
de villes entières.

La responsabilité pour les crimes de guerre a été difficile à attribuer étant donné le grand nombre d’acteurs militaires
impliqués dans la guerre. Le paysage humanitaire a également été modifié par l’émergence de nouvelles organisations
humanitaires syriennes hautement compétentes, dirigées ou financées par des membres de la communauté mondiale de
la diaspora syrienne : ce sont souvent ces agences qui sont en première ligne pour fournir des soins de santé dans les
environnements les plus violents.

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2013
Typhon Haiyan

Le typhon Haiyan a été l’une des tempêtes les plus puissantes jamais enregistrées. Il a détruit plus de 1 million
de maisons et déplacé jusqu’à 4 millions de personnes aux Philippines. Il y a eu une réponse internationale mas-
sive qui a permis de sauver des vies, mais qui a suscité des critiques selon lesquelles les intervenants locaux
ont été rejetés et ignorés, y compris par le système des clusters.
La réponse à la suite du typhon Haiyan a renforcé la centralité et la capacité de l’État local, de la société civile et
des acteurs du secteur privé dans les interventions d’urgence, et a contribué à galvaniser la pression du secteur
pour des réformes de « localisation » qui ont abouti au « Grand Bargain » quelques années plus tard. Le typhon
a également été un exemple précoce des impacts humanitaires que l’on pouvait attendre du changement
climatique, imposant le sujet de la crise climatique à l’ordre du jour de la communauté humanitaire.

2014
Lancement de la Norme humanitaire fondamentale de qualité et de redevabilité

Combinant différents efforts antérieurs pour améliorer la qualité et la redevabilité de l’aide humani-
taire, la Norme humanitaire fondamentale (CHS) a établi 9 engagements que les organisations et
les individus impliqués dans la réponse humanitaire peuvent utiliser pour améliorer l’efficacité de
l’aide qu’ils fournissent. Lancée en 2014 après un vaste processus de consultation mondiale, cette
norme volontaire et mesurable est devenue le cadre de redevabilité essentiel pour les centaines
d’agences locales, nationales et internationales qui ont déployé des efforts pour vérifier leur con-
formité envers celle-ci.

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2015
Migration en mer Méditerranée vers l'Europe

Plus de 1 million de personnes fuyant la guerre, les catastrophes naturelles et l’oppression ont traversé la
mer Méditerranée depuis le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord en 2015, la plupart arrivant en Grèce et en
Italie. Plus de 20 000 personnes se sont noyées ou ont disparu pendant la dangereuse traversée. La crise
migratoire méditerranéenne a eu un impact dramatique sur la politique européenne, conduisant à la montée
de forces populistes et anti-immigrés et remettant en question les valeurs fondamentales et la stabilité de
l’UE. L’incapacité de l’Europe à répondre à ces migrants avec dignité et compassion, et l’incapacité du conti-
nent à partager équitablement la responsabilité de prendre soin d’eux, ont en grande partie incité l’Assem-
blée générale des Nations Unies à adopter son Pacte mondial sur les réfugiés en 2018.

2016-2017
La crise politique et économique au Venezuela

Des années de mauvaise gestion économique, d’autoritarisme, de troubles politiques et une chute des prix
mondiaux du pétrole ont conduit à un effondrement du système politique et économique du Venezuela en
2016. Une hyperinflation, une faim croissante, une criminalité croissante, une impasse politique et un sys-
tème de santé au bord de l’effondrement ont conduit à l’une des plus grandes crises migratoires de la région,
forçant près de 5 millions de Vénézuéliens à quitter leur pays. Les pays voisins offraient à l’origine un
soutien solide et des voies d’accès à la résidence légale, mais à mesure que la crise se poursuivait, de plus
en plus d’obstacles juridiques et sociaux sont apparus. Ce n’est qu’en 2019 que le gouvernement et l’opposi-
tion ont pu s’entendre sur des conditions de l'acheminement de l’aide, et sa fourniture à l’intérieur du pays
reste extrêmement politisée.

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2017
L’exode des Rohingyas

La minorité rohingya au Myanmar a fait l’objet de générations d’abus, de discrimination et d’expulsion. En 2017, l’armée
du Myanmar a lancé une campagne de répression qui a conduit à l’exode massif de 700 000 personnes supplémentaires
vers le Bangladesh. Les quelques centaines de milliers de Rohingyas qui restent dans l’État de Rakhine, au Myanmar, ont
été contraints de vivre dans l’équivalent de camps d’internement et sont privés de nombreux droits humains fondamen-
taux.

Malgré les protestations du gouvernement du Myanmar, le traitement des Rohingyas a été déclaré un génocide par de
nombreux observateurs internationaux. La communauté humanitaire internationale, en particulier les Nations Unies, a
fait l’objet de critiques soutenues pour son inaction et sa tolérance à l’égard de ces abus, ce qui a conduit à des alléga-
tions de complicité dans les préjudices infligés à la population rohingya qu’elles prétendent protéger et aider.

2020
Pandémie de COVID-19

En mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a officiellement déclaré que la COVID-19 était une pandémie mondiale. C’était
la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale que le monde entier connaissait la même crise en même temps. Alors que des cen-
taines de millions de personnes étaient infectées et que des millions de personnes mouraient, les pays se sont empressés d’imposer
des confinements et des quarantaines jamais vus auparavant qui ont eu pour effet de paralyser la vie et les économies dans de nom-
breux endroits. Les établissements de santé ont été débordés dans les pays les plus développés, l’insécurité alimentaire et les pertes
d’emplois ont augmenté, et la violence sexiste a augmenté dans le monde entier. La production rapide d’un nouveau vaccin a permis à
de nombreux pays de protéger leurs populations contre les formes les plus graves de la maladie et la mort, mais sa distribution mond-
iale profondément inéquitable a conduit le dirigeant de l’Organisation mondiale de la santé à critiquer les pays riches de s’engager dans
un « apartheid vaccinal ». Les opérations humanitaires ont été bouleversées du fait que les vols et les voyages ont été annulés dans le
monde entier et que les besoins des personnes déjà aux prises avec des conflits et le changement climatique ont considérablement
augmenté. La COVID-19 a mis en lumière un système de santé d’urgence mondial qui n’était, et n’est toujours pas, préparé à faire face
à une pandémie d’une telle ampleur.

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