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Enseignant: Mme BELIDAM

Faculté des langues

Département de langue française

3ème année

Semestre 2

Module : linguistique 3

Qu'est-ce que la politique linguistique ?

Elle est appliquée en général par un État. Il s'agit de choix, d'objectifs, ainsi que
d'orientations d’un État en matière de langue(s).
Ces éléments sont suscités par une situation linguistique préoccupante. Citons à titre
d'exemple l’Espagne au sortir du franquisme ou bien le conflit en Belgique.
L’expression politique linguistique, apparue tardivement bien après celle de
planification linguistique, se verra désignée comme normalisation linguistique (Aracil,
1965, pour le domaine catalan-espagnol) et aménagement linguistique (Corbeil, 1980,
pour le domaine québécois-francophone). Selon Calvet : « Nous appellerons politique
linguistique un ensemble des choix conscients concernant les rapports entre langue(s)
et vie sociale, et planification linguistique la mise en pratique concrète d’une politique
linguistique, le passage à l’acte en quelque sorte ». La planification linguistique est un
ensemble de tentatives et d’efforts conscients et organisés pour résoudre des
problèmes linguistiques.
Nous utiliserons donc le terme englobant « politiques linguistiques » au même
titre que celui d’« aménagement linguistique ». Ce dernier reposant sur « le concept
géographique d’aménagement du territoire qui prolonge l’image occidentale de la
langue paysage, il évoque aussi celle de « ménage » (on fait le ménage de la langue) et
celle de « ménager » (on s’efforce de préserver la langue en la ménageant). Ainsi, le
terme de politique linguistique est plus orienté vers les décisions politiques à appliquer
sur les statuts des langues.
Par ailleurs, Jean-Baptiste Marcellesi et Louis Guespin optent pour le terme
glottopolitique avec, semble-t-il, le souhait d’élargir la qualification afin d’« englober
tous les faits de langage où l’action de la société revêt la forme du politique »
(Guespin, Marcellesi, 1986, p. 5.

Les politiques linguistiques, les révolutions d’Atatürk (1881- 1938).

Après son élection présidentielle en 1923, étant laïque, contre le principe ottoman ainsi
que nationaliste, Mustapha Kemal a voulu mettre au premier plan une révolution
linguistique en Turquie. Son premier objectif était de mettre un frein à l’expansion de
l’empire ottoman. La langue turque était truffée de mots arabes et persans. C’est de là
qu’est née la politique linguistique d’Atatürk.
En 1928, Mustapha Kemal a lancé une commission durant laquelle il a été décidé :
- De remplacer les caractères graphiques de la langue arabe (le turc était écrit en
arabe) afin qu’il n’y ait plus aucun attachement avec l’arabité. Le turc a donc
muté vers une écriture en caractères latins. Exemple : le ç prononcé [tᶴ] qui
n’existe pas en arabe. Le latin était donc plus apte à transcrire les sons issus de
la langue turque. Cela fut imposé partout : administration, enseignement, etc.
- Purifier le turc en évinçant les mots arabes et persans en les remplaçant par des
mots du dialecte, des mots anciens ainsi que des mots de l’azerbaidjanais ou
autres qui faisant partie de la même culture.
- Faire en sorte que tous les manuels et dictionnaires soient en turc.
- Instaurer la lecture du Coran en turc et adopter des noms turcs. Notons que le
nom Atatürk veut dire « père de la Turquie » en turc.
La révolution d’Atatürk était radicale et sans appel.

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