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Joseph Haydn 126 langues

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« Haydn » redirige ici. Pour les autres significations, voir Haydn (homonymie).

n1
Franz Joseph Haydn (/ˈhaɪdən/) (
audio) — il n'utilisait jamais son premier Joseph Haydn
prénom —, né le 31 mars 1732 à
Rohrau sur la Leitha en Basse-Autriche
et mort le 31 mai 1809 à Vienne, est un
compositeur autrichien. Il incarne le
classicisme viennois au même titre que
Mozart et Beethoven, les trois
compositeurs étant regroupés par la
postérité sous le vocable de « trinité
1
classique viennoise » .

La carrière musicale de Joseph Haydn


couvre toute la période classique, allant
de la fin de la musique baroque aux
débuts du romantisme. Il est à la fois le
pont et le moteur qui a permis cette Portrait par Thomas Hardy (en) (1792)
2 3
évolution . L'image du « papa Haydn »
Surnom Papa Haydn (père de la symphonie,
ne vient pas des titres de « père de la du quatuor à cordes)
symphonie » ou « père du quatuor à Nom de Franz Joseph Haydn
cordes » généreusement décernés au naissance
e
siècle et même de nos jours. La Naissance 31 mars 1732
création de ces genres relève d'une Rohrau sur la Leitha
Archiduché d'Autriche
genèse un peu plus complexe, mais
Saint-Empire
Haydn a très largement contribué à leur
Décès 31 mai 1809 (à 77 ans)
émergence et leur consolidation. Vienne
Empire d'Autriche
Deux de ses frères furent également
musiciens : Activité Compositeur
principale
Michael Haydn (1737-1806) Style Musique de la période classique
également compositeur et collègue classique

de Mozart à Salzbourg ; Activités Maître de chapelle à Esterhaz et


annexes Eisenstadt
Johann Evangelist Haydn (1743-
Années 1750–1806
1805), ténor que Joseph fit venir à
4 d'activité
Esterhaza en 1763 .
Éditeurs Artaria
Formation G.Reutter (cathédrale St-Etienne de
Biographie Vienne)
Maîtres G.Reutter, Pietro Metastasio
Premières années Élèves Ludwig Van Beethoven, Sigismund
n2 Neukomm, Ignaz Pleyel, Maria
Joseph Haydn est né le 31 mars 1732
n3 Martinez (pianiste)
dans une famille modeste à Rohrau
Ascendants Mathias Haydn, Maria Koller
sur la Leitha à la frontière austro-
Conjoint Maria Keller
hongroise. Son père Mathias (1699-
Descendants Pietro et Antonio Polzelli(?)
1763) était charron et harpiste amateur ;
Famille Michael Haydn, Johann Evangelist
sa mère, Anna Maria Koller (1707- Haydn
1754), cuisinière chez le comte Harrach, Récompenses nombreuses médailles anglaises et
seigneur de Rohrau. Il est le deuxième surtout françaises
des douze enfants du couple, dont six Distinctions docteur d'Oxford, médailles en
survivront à l'âge adulte : honorifiques France et Angleterre

1. Anna Maria Franziska (1730- modifier

1781),
2. Johann Michael (1737-1806), également compositeur,
3. Anna Maria (1739-1802), la seule ayant eu des
descendants incontestés,
4. Anna Katharina (1741- ?), dont on perd la trace après
1769,
5. Johann Evangelist (1743-1805), ténor.

À l'âge de six ans il apprend les rudiments de la musique


n4
auprès de son cousin , Johann Mathias Franck, maître
d'école et maître de chœur à Hainburg, en Basse-Autriche, qui
s'était engagé à le former. Dès sept ans, remarqué grâce à sa
belle voix de soprano, il devient choriste dans la maîtrise de la
cathédrale Saint-Étienne de Vienne où il est éduqué Cathédrale Saint-Étienne
de Vienne
musicalement par G. Reutter. Comme beaucoup d'autres à
travers l'Europe, il fait donc partie des garçons qui chantent
avec et dans le chœur professionnel d'une église. L'ensemble est placé sous la direction du
Kapellmeister Georg Reutter le jeune, à la fois maître du chœur et maître de musique des
enfants. Un frère de Joseph, Michael Haydn, futur compositeur, vint plus tard le rejoindre.
Comme dans toute maîtrise, on y apprend les techniques et l'art du chant (à commencer par
les différentes formes de chant liturgique) et plus généralement les différentes disciplines
musicales (y compris l'harmonie et la composition). Joseph y apprit également à jouer du
5
clavecin et du violon . Mais il semble que l'enseignement qu'il reçut dans cette maîtrise n'ait
pas été complet. Il l'affirmera plus tard : « Mes débuts ont toujours été liés à la pratique ».
6
Reutter le renvoie de la maîtrise à l'âge de 18 ans , sa voix ayant mué et le temps d'études,
dans toute maîtrise, ne se prolongeant pas au-delà de l'âge de dix-huit ou vingt ans. On
recevait ordinairement une gratification qui rémunérait les services rendus et permettait de
débuter dans le métier de musicien ou dans une autre profession. Joseph Haydn, quant à lui,
relata « les durs moments qu'il passa » dans cette école musicale, sous les ordres de ce
7
personnage fort avare, « mais aussi les bonnes farces qu'il y joua » .

Débuts difficiles
Joseph Haydn fut le premier, avant Mozart, à vouloir devenir musicien indépendant. En tant
qu'interprète, il ne s'orienta pas vers la profession de musicien d'église et ne devint que plus
tard maître de chapelle. À Vienne, vers 1750-1752 (à l'âge de 18-20 ans), il mena d'abord une
vie difficile. Livré à lui-même, il jouait occasionnellement du violon lors de sérénades, de bals et
d'inhumations. Il donna aussi des leçons de piano à de jeunes élèves ainsi qu'à la comtesse de
Thun. De même, il devint valet de chambre (qualification pouvant parfaitement signifier qu'il
était employé comme musicien). Cette période n'est connue que par la narration qu'Haydn lui-
même en fait à la fin de sa vie à ses premiers biographes, Albert Christoph Dies (de) et Georg
August Griesinger (en). Il rapporte avoir été hébergé quelque temps par Johann Michael
n5
Spangler , ténor à l'église Saint-Michel de Vienne, avant de s'installer dans une mansarde de
la Michaelerplatz. Dans la même maison habitait le célèbre librettiste et poète Pietro
Metastasio (Métastase).

En 1753, par l'intermédiaire de Métastase, il a la chance de faire la connaissance de Nicola


n6
Porpora, dont il devient le secrétaire . Professeur de chant et compositeur renommé, Nicola
Porpora lui dispense à son tour un enseignement concernant la composition des opéras, fait de
lui son assistant et l'introduit dans les milieux aristocratiques. Haydn se forme également en
autodidacte grâce à deux célèbres ouvrages : le Gradus ad Parnassum, traité de contrepoint
rédigé par un compositeur de la cour, Johann Joseph Fux (1660-1741), et Der vollkommene
8
Capellmeister (« Le Maître de chapelle accompli ») de Johann Mattheson . Il est également
influencé par la musique de Carl Philipp Emanuel Bach, deuxième fils de Jean-Sébastien. C'est
au début des années 1750 que Haydn compose ses premières œuvres vocales (des Missæ
brevis, messes brèves) et instrumentales dont il est impossible de préciser la chronologie
exacte. Il rédige également, en 1751 ou 1752, la partition musicale (perdue) de l'opéra Der
9
krumme Teufel (« Le diable boiteux ») sur un livret de Josef Felix Kurz-Bernardon.

En 1757 le baron Karl Joseph von Fürnberg (1720-


1767) l'invite pour quelques mois à participer aux
séances de musique de chambre dans son château de
Weinzierl, près de Melk, où Haydn compose ses En italien, di me giuseppe Haydn,
premiers divertimenti ou cassations pour quatuors à « Par moi, Joseph Haydn ».

cordes, qui établirent sa renommée et sont à l'origine


de la fortune de cette formation. L'année suivante, peut-être sur la recommandation de
Fürnberg, il devient directeur de la musique chez le comte Karl Joseph von Morzin (1717-
1783), qui est donc son premier employeur. Il compose alors ses premières symphonies pour
10
un petit orchestre de seize musiciens .

À cette époque, il tombe amoureux d'une de ses élèves, Theresa Keller (1733-1819), fille d'un
ami, et la demande en mariage. Mais Theresa étant destinée au couvent, Haydn accepte alors
11
d'épouser sa sœur, de trois années plus âgée, Maria Anna Theresia Keller (1730-1800) . Les
premiers biographes de Haydn, Albert Christoph Dies et Georg August Griesinger sont en
désaccord pour reconnaître la qualité d'aînée entre Theresa et Maria Anna. Marié le
26 novembre 1760, le couple n'eut pas d'enfant.

Haydn et les Esterházy


En difficulté financière, le comte Morzin doit se résoudre à
dissoudre son orchestre. Joseph Haydn retrouve rapidement
une place auprès d'une des plus grandes et des plus fortunées
familles de la noblesse hongroise : celle des princes Esterházy.
Le contrat signé le 1er mai 1761 reflète bien la situation sociale
des musiciens sous l'Ancien régime. Outre les formules qui
pourraient être jugées aujourd'hui humiliantes, Haydn s'engage
vis-à-vis du prince à lui réserver la totale exclusivité de ses
compositions. Toutefois, contrairement à ce qui était fréquent à

Nicolas Ier Joseph l'époque, Haydn ne sera jamais traité comme un simple
Esterházy laquais, et le prince, grand amateur de musique, rapidement
conscient du génie de son employé, ne résistera pas à la
12
demande extérieure des éditeurs et du public au sens large .
La clause d'exclusivité disparaît d'ailleurs du nouveau contrat
13
signé le 1er janvier 1779 entre le prince et Haydn .

Il sert cette famille pendant plus de trente ans. D'abord au


service de Paul II Anton Esterházy (1711-1762), la plus grande
partie de son activité de compositeur se confond avec le règne
de son frère Niklaus (Nicolas dit « le Magnifique »), prince
L'hôtel particulier de
Fertőd où les Esterházy mécène, féru de musique, qui laisse à Haydn toute capacité de
hébergèrent Haydn et ses développer librement son génie. Haydn est engagé comme
musiciens. vice-maître de chapelle de Gregor Joseph Werner, auquel il est
subordonné pour ce qui a trait à la musique de chœur. En
revanche, toutes les autres musiques relèvent du nouveau vice-maître. Il devient maître de
chapelle à la mort de Werner en 1766.
2
À partir de 1769, Haydn et ses musiciens s'installent définitivement au château d'Esterháza
que le prince Nicolas entreprend d'édifier dès son avènement. Mais ils séjournent aussi et
jouent dans les autres résidences de la famille, notamment à Vienne, aux palais de la
Wallnerstraße et de la Kärntnerstraße. À la mort de Nicolas Ier, en 1790, son fils Paul-Anton
(1738-1794) étant peu attaché à la musique, Haydn peut s'éloigner quelques années
d'Esterháza et de Kismarton, séjours principaux de la famille princière. Il reprend un service
plus régulier auprès du fils de Paul-Anton, Nicolas II (1765-1833), de son retour de Londres en
1795 à l'arrêt de sa carrière en 1802, se consacrant essentiellement, à la demande du nouveau
prince, à la production de musique religieuse (messes, oratorios).

Pour assurer ses fonctions de maître de chapelle, Haydn dispose d'une troupe de chanteurs et
d'instrumentistes de grand talent. Il dirige ses propres œuvres, mais aussi celles de ses
contemporains, adapte de nombreux opéras italiens, compose des pièces spécifiques pour un
type particulier de viole de gambe, le baryton, qui est l'instrument favori du prince Nicolas.

Durant les années passées au service des Esterházy, il écrit plus de cent symphonies
(expérimentant dans ce domaine comme personne ne l'avait fait avant lui), des quatuors à
cordes, concertos, sonates et pièces diverses pour clavier, opéras, divertissements et œuvres
de musique sacrée. Rayonnant à partir des palais de la famille Esterházy, la célébrité de
Joseph Haydn ne cesse de croître dans toute l'Europe, jusqu'à faire de lui le musicien le plus
fêté et admiré du continent. Dès 1770, le prince l'autorise à diriger ses propres œuvres à
Vienne. Dans les années 1780, Haydn reçoit des commandes directes et propose ses
compositions en édition à Vienne, Paris et Londres.

Succès et ascension de Haydn à Paris


Si Haydn devint un compositeur célèbre dans toute l'Europe, c'était grâce à son grand succès,
obtenu à Paris en 1781. Joseph Legros, directeur du Concert spirituel depuis 1777, faisait jouer
des symphonies de ce compositeur, mais très modestement. En 1781, manque de solistes
virtuoses, le Stabat Mater de Haydn remplaça celui de Pergolèse, qui était toujours réservé au
Vendredi saint. Son succès fut immédiat et immense. Non seulement ce Stabat Mater et ses
symphonies devinrent les programmes réguliers du Concert spirituel mais il fut également
proposé à Haydn que toutes ses futures compositions soient publiées, et bien entendu, son
14 15
Stabat Mater . La publication de ce dernier fut effectuée à Paris, en 1785 . Finalement, cet
événement donna naissance aux six symphonies parisiennes n° 82 - 87, composées en faveur
du comte d'Ogny Claude-François-Marie Rigoley à partir de 1785.

Haydn et Mozart
C'est le ténor Michael Kelly qui décrit dans ses mémoires la séance de quatuors réunissant
quatre interprètes (tous connus comme compositeurs) : Wolfgang Amadeus Mozart tenant la
partie d'alto et Haydn au premier violon, auxquels s'étaient joints le baron Karl Ditters von
Dittersdorf au second pupitre de violon et le musicien tchèque Johann Baptist Vanhal au
16
violoncelle . La première rencontre attestée entre Haydn et Mozart eut lieu en 1784, mais il
est possible qu'elle fût précédée d'autres.

Quoi qu'il en soit, les deux hommes, que vingt-quatre ans séparent, se lient d'amitié, et cette
rencontre sera suivie d'autres jusqu'au départ de Haydn pour Londres. On ne trouve pas
d'équivalent dans le domaine de la musique à cette relation faite de sentiments d'estime et
d'admiration réciproques. Léopold Mozart, dans une lettre à sa fille Nannerl révèle les propos
tenus par Haydn le 12 février 1785 à l'issue d'une séance de quatuor :

« Je vous le dis devant Dieu, en honnête homme, votre fils est le plus
grand compositeur que je connaisse, en personne ou de nom, il a du
goût, et en outre la plus grande science de la composition. »

De son côté, Mozart, en septembre 1785 dans la dédicace qu'il adresse à son aîné pour
l'édition des six quatuors opus 10, reconnaît la part prise par Haydn dans ces nouvelles
œuvres :

« À mon cher ami Haydn. Un père, ayant résolu d'envoyer ses fils dans
le vaste monde, a estimé devoir les confier à la protection et à la
direction d'un homme alors très célèbre et qui, par une heureuse
fortune, était de plus son meilleur ami. Ainsi donc, homme célèbre et
ami très cher, je te présente mes six fils (...) Toi-même, ami très cher,
lors de ton dernier séjour dans cette capitale, tu m'as exprimé ta
satisfaction. Ce suffrage de ta part est ce qui m'anima le plus. C'est
pourquoi je te les recommande, en espérant qu'ils ne te sembleront pas
indignes de ta faveur. Veuille donc les accueillir avec bienveillance et
être leur père, leur guide et leur ami. De ce moment je te cède mes
droits sur eux et te supplie de considérer avec indulgence les défauts
que l'œil partial de leur père peut m'avoir cachés, et de conserver
malgré eux ta généreuse amitié à celui qui t'apprécie tant, car je suis
de tout cœur, ami très cher, ton très sincère ami. »

À l'imitation de Mozart, Haydn adhère en février 1785 à une loge maçonnique, ce qui à
17
l'époque est compatible avec la foi catholique du compositeur . Mais contrairement à son
jeune ami, cette adhésion ne semble pas avoir eu d'influence sur ses œuvres futures.

Mozart meurt pendant le premier séjour de Haydn à Londres. Ce dernier en est profondément
18
affecté et écrit à Johann Michael Puchberg, un ami de Mozart :

« J'ai été longtemps hors de moi à la nouvelle de la mort de Mozart, et


je ne pouvais croire que la Providence ait si vite rappelé dans l'autre
monde un homme aussi irremplaçable. »

Les tournées londoniennes


Le 28 septembre 1790, le prince Nicolas Ier
Esterházy meurt à 77 ans. Son fils et
successeur Anton congédie une grande
partie des instrumentistes. Tout en
maintenant le salaire de Joseph Haydn, il le
libère de ses obligations de maître de
chapelle. Le roi de Naples lui propose de le
prendre à son service comme maître de
chapelle, poste que Haydn refuse. Dès
l'annonce du décès, Johann Peter
Salomon, violoniste renommé, se précipite
à Vienne et obtient l'accord de Haydn pour
sa participation aux concerts londoniens
qu'il organise chaque année. Depuis 1782,
Les différents lieux où vécut Haydn, avant son
les organisateurs anglais espéraient une voyage en Angleterre.
visite du compositeur. Mozart qui
s'inquiétait pour son vieil ami essaya de le
dissuader, alors que le baron van Swieten qui était intime avec les deux hommes, lui conseilla
d'accepter. Haydn, qui n'avait jamais quitté les environs de Vienne entreprend ce long voyage
et les deux hommes arrivent à Londres le 2 janvier 1791.

Haydn participe dans la salle de Hanover Square à douze concerts par souscription du 11 mars
au 3 juin 1791 au cours desquels il crée quatre nouvelles symphonies (90e, 92e, 95e et 96e).
2
En juillet, il se voit décerner par l'université d'Oxford le titre de docteur honoris causa . L'année
suivante, le Professional Concert, concurrent de Salomon, après avoir essayé de débaucher
18
Haydn , fait appel à son ancien élève Ignace Pleyel pour essayer de jouer de la rivalité entre
les deux compositeurs. Les douze concerts prévus sont programmés dans la même salle du
17 février au 18 mai 1792. Contrairement aux craintes ou aux espoirs formulés ici ou là, il n'y
eut pas d'animosité entre les deux compositeurs, chacun poussant la courtoisie à programmer
des symphonies du « rival » dans ses propres concerts. Haydn y créera sa seule symphonie
concertante pour répondre à celle de son élève.

De retour à Vienne en juillet 1792, Haydn prend comme élève Beethoven alors âgé de 22 ans.
Ultérieurement les relations des deux hommes se dégradèrent au point que les leçons de
contrepoint délivrées par Haydn furent dénigrées par Beethoven lui-même et certains
19
auteurs . Il n'en reste pas moins que Beethoven bénéficia des conseils éclairés du modèle
20
musical que représentait Haydn à cette époque . En janvier 1794, Haydn part pour une
deuxième tournée à Londres laissant son jeune élève entre les mains d'Albrechtsberger. Il
emmène avec lui son copiste Johann Elssler dont la fille Fanny fera plus tard une belle carrière
de ballerine.

La première série de concerts a lieu de nouveau au Hanover Square du 10 février au


12 mai 1794. À l'issue de cette première série de concert, Haydn apprit que le prince Nicolas II
Estérhazy avait décidé de reconstituer son orchestre. Haydn, qui continuait à bénéficier de son
poste de maître de chapelle, prolongea son séjour d'un an en Angleterre, acte d'une
indépendance nouvellement acquise. L'année suivante, les difficultés financières dues à la
poursuite du conflit entre la France et l'Angleterre amènent Salomon à fusionner sa troupe avec
celle de l’Opéra Concert dirigé par le célèbre violoniste Viotti. Les représentations ont lieu au
King's Theatre et sont réduites à neuf du 2 février au 18 mai 1795. Mais devant le succès de
ces représentations, deux séances supplémentaires sont organisées les 21 mai et 1re juin. Au
cours de ces deux années, Haydn crée de nombreuses œuvres originales et notamment les six
dernières symphonies londoniennes. Lorsque Haydn quitte définitivement l'Angleterre en
2
août 1795, il est considéré comme « le plus grand compositeur vivant » .

Les dernières années


À son retour, Haydn a affaire à un nouveau prince, Nicolas II Esterházy (1765-1833), le fils
d'Antoine décédé quelques jours après le départ du compositeur pour Londres. Nicolas II
n'apprécie ni l'homme, ni sa musique. Il laisse donc son maître de chapelle disposer de son
temps et n'exige de lui qu'une messe par an de 1796 à 1802.

Haydn réside donc le plus souvent dans sa maison de Gumpendorf (arrondissement de


Mariahilf) qu'il vient d'acheter et, plus disponible, participe à Vienne à des concerts par
2
souscription, et couronne sa carrière par une série de neuf quatuors à cordes très innovants .
Impressionné par l'audition à Londres des œuvres de Haendel, il s'attache à la composition de
ses deux oratorios : La Création (1798) et Les Saisons (1801).

En janvier 1804, sur la recommandation de Haydn, le prince


Esterházy confie à Hummel la direction de sa musique.
Hummel devient donc Kapellmeister (littéralement : maître de
chapelle, mais en allemand le mot peut avoir un sens plus
large). Le prince a la courtoisie de conserver ce titre pour
Haydn de manière honorifique, jusqu'au décès de ce dernier
21
en 1809 . Hummel dédiera à Haydn l'année suivante sa Tombeau de Joseph
sonate pour piano opus 13. En janvier 1805 la mort de Haydn Haydn à Eisenstadt.
est annoncée par des notices nécrologiques à Paris et à
n7
Londres avant d'être démentie .

Très affecté par le décès de ses frères Johann en 1805 et Michael en 1806, Joseph Haydn ne
compose plus. Fatigué et malade, il laisse inachevé son dernier quatuor opus 103. Sa dernière
apparition à un concert public a lieu le 27 mars 1808 pour une dernière audition de La Création
sous la direction d'Antonio Salieri. Les dernières années, de nombreux compositeurs et
musiciens font le pèlerinage jusqu'au domicile de Haydn, émus ou simplement curieux de
rendre une dernière visite au vieux maître. Il décède le 31 mai 1809 pendant l'occupation de
Vienne par les troupes napoléoniennes. Napoléon envoie cependant un détachement pour lui
rendre hommage lors de son enterrement. Deux semaines après son décès, le 15 juin 1809, un
service funèbre lui fut rendu dans la Schottenkirche, où fut joué le Requiem de Mozart.
n8
Une plaque dans le Parc Haydn à Vienne indique que les restes du compositeur furent
rapatriés à l’église du Calvaire d’Eisenstadt le 6 novembre 1820.

Le crâne de Haydn, subtilisé quelques jours après sa mort, rejoignit le reste du corps en 1954,
22
à l’issue d’un parcours rocambolesque . Lors de l'exhumation du corps en 1820, on constata
l'absence de la tête de Haydn. Nicolas II Esterházy diligenta une enquête qui révéla qu'un
fonctionnaire impérial, aidé d'un employé du prince, tous deux adeptes de la phrénologie,
théorie pseudo-scientifique inventée par Franz Joseph Gall, avaient soudoyé le fossoyeur pour
récupérer le crâne afin de l'étudier. Les deux hommes restituèrent un faux. Le vrai crâne de
Haydn fut récupéré en 1839, à la mort du dernier possesseur, par la Société des amis de la
musique, et exposé dans une vitrine du Musée de la Ville de Vienne jusqu'en 1954, date à
laquelle il rejoignit le reste du corps dans le mausolée édifié entre-temps en 1932.

L'homme, son caractère


Physiquement, Haydn était de petite taille, à cause vraisemblablement de la sous-alimentation
subie dans sa jeunesse. Il avait été victime de la variole et son visage était marqué par les
cicatrices habituelles de la maladie. Lui-même ne se trouvait pas beau. Il souffrit toute sa vie
d’un polype nasal qui le handicapait parfois dans ses activités.

De caractère débonnaire, toujours de bonne humeur et


aimable, Haydn, par sa position, devient le médiateur entre le
prince Esterházy et les membres de l’orchestre. Il s’attache à
n9
protéger ses musiciens , à réduire les tensions avec leur
employeur et les assister dans leur vie privée. L’anecdote de la
symphonie des Adieux (1772) est caractéristique du caractère
protecteur de Haydn et de son sens des relations humaines. Le château Eszterházy de
Fertőd où joua souvent
Au dernier mouvement, les musiciens cessent de jouer un par
Joseph Haydn.
un et quittent la scène ne laissant que le chef d’orchestre et le
premier violon terminer l’œuvre. Haydn signifiait ainsi au prince
que ses musiciens fatigués avaient besoin de repos. Selon une autre interprétation, Haydn
23
s’élevait ainsi contre l’intention du prince de dissoudre l’orchestre .

Les membres de l’orchestre l’appelèrent familièrement « papa Haydn », terme affectueux


qu’adopta également Mozart. La postérité gardera cette expression en faisant référence aux
titres de « père de la symphonie » ou « père du quatuor à cordes » avec plus ou moins de
déférence ou de dérision selon les cas. Les relations amicales qu’il entretenait avec ses
musiciens l’amenèrent à être maintes fois témoin de leur mariage ou parrain de leurs enfants,
dont certains firent une carrière musicale que Haydn ne manqua pas de suivre avec intérêt, tel
Joseph Weigl.

Même si sa formation générale n’a pas été poussée, Haydn eut l’intelligence d’éluder la
susceptibilité et la jalousie du maître de chapelle Werner et de gagner, par son génie musical,
mais aussi par son entregent, le respect du prince. Au regard des premières années difficiles, il
apprécia la stabilité financière que lui offrait sa position. Sur le plan pécuniaire, il sut d’ailleurs
gérer au mieux ses intérêts, obtenant de la part des princes successifs de substantielles
augmentations de salaire. Il sut aussi faire preuve de roublardise dans les relations avec ses
éditeurs : ses deux voyages à Londres lui rapportèrent une petite fortune.

Sans être très pieux, Haydn resta toute sa vie un catholique sincère. Son adhésion à la loge
n 10
maçonnique « La Vraie Concorde » de Vienne, le 11 février 1785, se place dans le contexte
24
de tolérance prévalant sous le règne de Joseph II . À cette époque, la franc-maçonnerie, tout
entière déiste, était parfaitement compatible avec les appartenances aux diverses « religions
du Livre », et les évêques eux-mêmes fréquentaient les loges où se rendait aussi une bonne
25
partie de l’aristocratie et près de 80 % de la haute bureaucratie de l’Empire . Toutefois son
adhésion resta purement formelle, car Haydn n’obtint que le grade d’« apprenti » et ne participa
jamais aux activités de sa loge. Contrairement à Mozart, Haydn n’écrivit pas de musique à
symbolique explicitement maçonnique. Certains commentateurs estiment toutefois que la
26
« lumière » dont il est question dans la Création est une allusion maçonnique .

Le service des princes Eszterházy pendant une trentaine d’années, s’il mit Haydn à l’abri de
tout souci matériel, contribua aussi à isoler le compositeur. Nicolas II s’opposa aux projets de
voyage dans les années 1780 à Londres ou Paris. Il n’aimait pas Vienne et résidait le plus
souvent dans son château Eszterházy à Fertőd, imposant à Haydn et à ses musiciens un relatif
isolement dans l’hôtel particulier où il les hébergeait, certes confortablement, mais loin des
grands centres de la vie musicale de l’époque. Haydn s’en plaignait parfois, mais déclarait
philosophiquement dans son autobiographie de 1776 :

« Placé à la tête d'un orchestre, je pouvais me livrer à des expériences,


observer ce qui provoque l'effet ou l'amoindrit et par suite, corriger,
ajouter, retrancher, en un mot oser ; isolé du monde, je n'avais auprès
de moi personne qui pût me faire douter de moi ou me tracasser, force
m'était donc de devenir original. »

Vie privée
Le premier amour de Haydn est malheureux. Celle qui en est
l'objet, Thérèse Keller (1733-1819), influencée par ses parents,
prend le voile en 1755 sous le nom de sœur Josepha. Lors de
la cérémonie de prononciation des vœux le 12 mai 1756,
Haydn dirige sa propre musique : le concerto pour orgue (Hob.
27
XVIII.1) et le Salve Regina (Hob. XXIIIb.1) .

Le mariage avec Anna Keller, sœur de Thérèse, est un échec.


L'épouse est dominatrice, acariâtre et jalouse, mais surtout
déteste la musique et ne s'intéresse pas aux activités de son
28
mari . Sans enfant, le couple vit la plupart du temps séparé,

Portrait par Ludwig sans s'occuper de fidélité conjugale. Anna eut, semble-t-il, une
Guttenbrunn (vers 1770). aventure avec le peintre Ludwig Guttenbrunn qui fit le portrait
29
de son mari à Eisenstadt . Elle décède le 20 mars 1800 à
Baden près de Vienne.

Haydn a de son côté un certain nombre d'aventures avant de rencontrer Luigia Polzelli.
n 11
Soprano assez médiocre, elle arrive à Esterhaza en 1779 avec son mari, violoniste, et son
fils Pietro, âgé de deux ans. Entre Luigia et Haydn s'établit une relation amoureuse qui dure dix
30
années, jusqu'au départ de la chanteuse pour l'Italie en 1790 . Cependant Haydn n'est pas
dupe des qualités vocales de sa maîtresse, et en dehors de la création du rôle de Silvia dans
L'Isola disabitata, il ne lui confie que des rôles secondaires. Luigia a un deuxième fils, Antonio,
n 12
né en 1783 . Haydn aide financièrement Luigia, insatiable sur ce point, et s'occupe de
l'éducation musicale de Pietro et d'Antonio.

C'est en juin 1789 que débute l'échange de correspondances entre Haydn et Marianne von
Genzinger, pianiste amateure et épouse du médecin personnel de Nicolas le Magnifique. Les
Genzinger tiennent à Vienne un salon musical que fréquentait Haydn, ainsi que Mozart. En
1790 Haydn dédie à Marianne von Genzinger l'une de ses plus belles sonates pour piano (Hob.
XVI/49). Les relations épistolaires, très émouvantes de ton, laissant entrevoir une affection
sincère et platonique, au moins du côté de Haydn, durent jusqu'au décès prématuré de
Marianne en 1793.

En juin 1791, lors de son premier séjour à Londres, Haydn fait la connaissance de Rebecca
Schroeter, veuve d'un compositeur. Il engage une relation sentimentale qui se poursuit au
cours du second séjour. C'est en tout cas ce que semble démontrer la dédicace qu'il fait à son
amie en octobre 1795 pour l'édition londonienne des trois trios pour piano, violon et violoncelle
31
no 38-40, alors qu'il a quitté définitivement l'Angleterre .

Ses élèves
Haydn avait donné des leçons de clavecin dans les années difficiles pour des raisons
alimentaires. Dans les années passées au service de la famille Estérhazy, ses fonctions de
vice-maître, puis de maître de chapelle l'amènent à prodiguer des conseils en matière de
composition aux musiciens de l'orchestre. Il a également quelques élèves qui deviennent
célèbres. Vers la fin de sa vie, sa renommée grandissant et Haydn étant plus indépendant, les
leçons sont une source de revenus appréciable. Parmi ses élèves, il faut citer :

Marianne de Martines à l'âge de dix ans dans les années 1750-51 ;


la comtesse Maria Wilhelmine Thun (1744-1800) à la même époque ;
Robert Kimmerling (1737-1799) dans les années 1760/61; bénédictin, il devint directeur de
musique à l'abbaye de Melk ;
Abund Mikysch (1733-1782) au début des années 1760; il fut chef de chœur à Vienne et
Graz ;
Jean-Baptiste Krumpholtz, harpiste chez les Estérhazy jusqu'en 1777 ;
Ignace Pleyel à Eisenstadt dans les années 1772-1774. Pleyel lui dédia ses six quatuors
opus 2, publiés en 1784 ;
Antonín Kraft à partir de 1777, un des plus grands violoncellistes de son temps ;
Paul Wranitzky à partir de 1783; il dirigea la première de l'oratorio La Création ;
Anton Wranitzky frère du précédent; il devint chef d'orchestre du Theater an der Wien en
1814 ;
Francesco Tomich dans les années 1780. Il dédia trois sonates à son maître ;
George Bridgetower (probable)
Peter Hänsel en 1792-93 en même temps que Beethoven ;
Paul Struck de 1796 à 1799, membre de l'Académie royale de musique de Suède ;
Sigismund Neukomm de 1797 à 1804, après avoir étudié avec son frère Michael ;
Franciszek Lessel à partir de 1799, de nationalité polonaise; il fit une carrière de
concertiste ;
Johann Spech vers 1800 qui fit une carrière musicale en Hongrie ;
Friedrich Kalkbrenner vers 1803, sans doute son dernier élève ;

Haydn a influencé bien d'autres compositeurs qui, à l'instar de Mozart pour les six quatuors de
l'opus 10 ou de Beethoven pour les trois premières sonates pour piano, lui ont dédicacé l'une
de leurs œuvres.

Le cas Beethoven
Haydn fait la connaissance de Beethoven en juillet 1792 à
Bonn, à l'occasion de son premier retour de Londres.
Beethoven lui présente sa Cantate sur la mort de l'empereur
Joseph II, et sur la recommandation du Prince-Électeur de
Cologne, alors employeur du jeune compositeur, Haydn
accepte de le prendre comme élève. Il est souvent fait
référence au mot que le comte Waldstein écrivit dans l'album
d'hommages remis à Beethoven la veille de son départ pour
Vienne en octobre 1792 :
Ludwig van Beethoven en
1801.
« Vous allez maintenant à Vienne réaliser des
souhaits depuis longtemps exprimés. Le génie de
Mozart est encore en deuil et pleure la mort de son disciple. En
l'inépuisable Haydn il a trouvé un refuge, mais non une occupation ; par
lui, il désire encore une fois s'unir à quelqu'un. Par une application
incessante, recevez l'esprit de Mozart des mains de Haydn. »

En dehors de l'analyse des relations entre les deux hommes qui deviennent, selon l'expression
de Marc Vignal « quasi freudiennes », ou selon celle de Robbins Landon « ambivalentes et
morbides », c'est non seulement la qualité, mais aussi la réalité de cet enseignement qui ont
été l'objet de longues controverses. Celles-ci reposent essentiellement sur les propos tenus par
le compositeur Johann Schenk dans son autobiographie parue après la mort de Beethoven.
Schenk aurait pallié les défaillances du maître en donnant secrètement des leçons de
32
contrepoint à Beethoven . En réalité, Haydn était très occupé par la composition des
symphonies qui devaient être prêtes pour son deuxième voyage à Londres. Dans le cadre
d'une relation classique de maître à élève, lorsque le premier encore actif n'a pas vocation à
enseigner à plein temps, Haydn a dû prodiguer ses directives et conseils à grands traits
33
laissant à l'élève le soin de traduire ceux-ci dans la mise en œuvre . Eu égard à la qualité
artistique des deux hommes, il ne s'agissait pas d'étudier la grammaire musicale. Il est certain
que Beethoven, présent à Eisenstadt auprès de Haydn pendant l'été 1793, a plus bénéficié de
l'exemple direct sur la façon de générer un processus créatif. Haydn entreprend son deuxième
voyage à Londres en janvier 1794, et après avoir hésité à emmener Beethoven avec lui, confie
son élève à son vieil ami Albrechtsberger.

En réalité, les relations entre Haydn et Beethoven s'embrouillent au retour de Londres, lorsque
les deux compositeurs sont perçus comme des rivaux. Dès 1796-1797, ils sont programmés
dans les mêmes concerts. Selon l'habitude de l'époque, les élèves de Haydn apportent au
maître quelques compensations à l'enseignement (direction des œuvres, transcriptions pour
piano ou petit ensemble), ce que Beethoven refuse toujours, de même qu'il refuse d'inscrire la
mention « élève de Haydn » dans les éditions de ses premiers ouvrages. Si, à travers de
nombreux billets et lettres de Beethoven lui-même, ce dernier estime « ne rien avoir appris de
Haydn » en termes de composition, il témoigne plus ouvertement de ses liens avec le maître
lorsque celui-ci cesse de composer, et bien davantage après sa mort en 1809.

Contexte politique, social et musical


e
Le statut social du musicien, compositeur ou interprète au siècle est une position
ancillaire. Il est le plus souvent au service d'une chapelle princière ou ecclésiastique. Il porte la
livrée et se trouve soumis au bon plaisir du prince. Le grand Johann Sebastian Bach fit de la
prison au début du siècle pour avoir voulu quitter son employeur.

C'est la situation dans laquelle se trouve Haydn et la plupart de ses contemporains. Mozart,
musicien indépendant après ses démêlés avec l'archevêque Colloredo et Beethoven soutenu
financièrement par des aristocrates mécènes font figures d'exception.

Toutefois diverses tendances du siècle vont ébranler les strates sociales et conférer à l'artiste
en général une position plus indépendante :

le foisonnement intellectuel du siècle des lumières remet en cause le principe du


monarchisme dominant des siècles précédents. Les chapelles d'aristocrates sont d'un coût
élevé et vont peu à peu disparaître ;
l'avènement de classes moyennes bourgeoises crée un nouveau public friand de
divertissements. L'enseignement de la musique se généralise auprès de ces nouvelles
couches sociales entraînant la multiplication d'amateurs éclairés. Entre 1775 et 1815, une
nouvelle culture musicale bourgeoise remplace progressivement l'ancienne culture de cour
13
et d'église . Haydn profitera de cette évolution pour acquérir l'indépendance artistique
sans avoir à couper, comme Mozart, les liens matériels avec ses anciens maîtres.

Ainsi se créent des nouveaux lieux de diffusion de la musique où un public payant vient écouter
des œuvres qu'il n'a pas lui-même commandées : Collegium Musicum de Telemann en 1701, le
Concert spirituel de Philidor à Paris en 1725, les concerts Abel-Bach à Londres en 1764. À
n 13
Vienne, ville plus conservatrice, la Société des Musiciens (Tonkünstler-Societät) ne fut
fondée qu'en 1771 par Gassmann

L'édition musicale se développe permettant une diffusion des œuvres qui sont jouées dans des
salons musicaux (créés sur le modèle des salons littéraires) ou dans l'intimité des maisons
bourgeoises du fait de l'accessibilité des instruments produits en plus grand nombre et
notamment le pianoforte.

Ces évolutions ne seront pas sans effet sur le style et les formes de musique. L'intérêt porté à
la musique de chambre en est la démonstration.

Relations avec la famille impériale


Toute l'existence de Joseph Haydn, hormis son double séjour à Londres, se déroule autour de
Vienne dans un État plurinational dominé par la maison des Habsbourg-Lorraine. Il connaîtra
quatre monarques successifs :

Marie-Thérèse, « roi » de Bohême et de Hongrie, fille de l'empereur Charles VI, elle affronta
courageusement les puissances européennes et fit élire son mari empereur de ce qui est
alors le Saint Empire romain germanique. Son règne s'étend sur 40 ans (1740-1780) ;
Joseph II, son fils, succède à son père en tant qu'empereur en 1765 puis à sa mère sur les
terres de la Maison d'Autriche de 1780 à 1790; Il lui fut néanmoins associé dès son
couronnement en tant qu'empereur;
Léopold II, frère du précédent qui lui succéda pour un court règne (1790-1792), mais qui
passa l'essentiel de sa vie en Italie en tant que grand-duc de Toscane ;
François II, le fils du précédent, qui survécut à Haydn.

Comme toute maison princière, les membres de la maison impériale avaient reçu une
éducation musicale, certains jouant d'un instrument en amateur, et se comportaient en
mécènes officiels en consacrant des moyens au développement de la chapelle impériale. Leurs
goûts en matière de musique avaient donc une certaine importance.

Politiquement Marie-Thérèse se méfiait de l'émergence de la Prusse de Frédéric II. Elle est


plus attentive à ses possessions italiennes. La culture italienne est donc omniprésente à
Vienne où séjournent de nombreux compositeurs, musiciens et chanteurs. Que ce soit sous la
forme de l'opéra seria, puis de l'opéra buffa, le style et la langue italienne dominent les scènes
viennoises. En dépit d'une symphonie intitulée Marie-Thérèse (no 48) qui est dédiée à
l'impératrice et d'une invitation de cette dernière à la troupe de Haydn de se produire à Vienne,
34
sa préférence allait vers les compositeurs italiens .

Joseph II apprécie l'opera-bouffa; mais il est plus germanophone et son influence permettra
l'adoption à Vienne du Singspiel qui était déjà en usage en Allemagne du Nord. Toutefois, si le
nouvel empereur offrit à Mozart un poste très subalterne, il semblait peu goûter sa musique,
ainsi que celle de Haydn. Il faut noter que les réformes en matière religieuse de Joseph II
l'amenèrent à préconiser une musique d'Église dépouillée et plus austère. Haydn interrompit de
fait la composition de ses messes de 1782 à 1796.

Les deux autres empereurs, plus préoccupés par les guerres napoléoniennes, n'eurent que
peu d'impact sur l'évolution musicale. Toutefois c'est à François II que fut dédié l'hymne
autrichien Gott erhalte composé par Haydn en 1797. La femme de François II, l'Impératrice
Marie-Thérèse, fit par ailleurs représenter en privé les deux derniers oratorios du compositeur
qu'elle chanta elle-même.

Parcours artistique
Les influences
En dehors des quelques leçons glanées auprès de Porpora, Haydn est un autodidacte de la
musique. Il étudie dans le « Gradus ad Parnassum » de Fux et le « Der Vollkommene
23
Kapellmeister » de Mattheson . Ses premières compositions datent de 1750 (année de la
mort de Bach) et le jeune Haydn baigne dans le milieu musical viennois du baroque finissant,
imprégné par les œuvres de Fux et Caldara. Les musiciens en vogue à Vienne sont alors
Bonno, Holzbauer, Gluck, Wagenseil, Monn. Ils sont à la recherche d'un nouveau style se
substituant au baroque et versant plus ou moins dans la « galanterie ». Haydn se retrouve
dans ce courant en concurrence avec ses exacts contemporains Aspelmayr, Gassmann,
Ordóñez, Albrechtsberger, Ditters et quelques autres.
e e
Des musicologues des et siècles évoqueront les compositions préclassiques de
Johann Stamitz et l'École de Mannheim, plus en relation cependant avec Paris que Vienne, ou
encore l'influence de Sammartini et des nombreux compositeurs italiens présents alors dans la
35
capitale autrichienne . L'approfondissement de l'opéra-bouffe italien sera également essentiel
36
dans la formation du style classique .

Il ne faut surtout pas oublier l'influence certaine qu'ont pu exercer les œuvres de Carl Philipp
37
Emanuel Bach, influence reconnue par Haydn lui-même .

L'expérimentation
Les décennies 1750 et 1760 constituent une phase
transitoire entre le dernier baroque et le style classique de
maturité. C'est la période au cours de laquelle l'absence
38
de style intégré et les incertitudes rythmiques amènent
le jeune Haydn à expérimenter dans des genres très
divers, et notamment dans la musique instrumentale.

Si les deux premières œuvres que Marc Vignal situe dès


1748–49 sont des messes brèves, la musique religieuse
échappe à Haydn jusqu'au décès de Werner en 1766.
L'essentiel des opéras programmés à Eisenstadt sont des
œuvres d'autres compositeurs qu'Haydn adapte ou
« Joseph Haydn - Compositeur modifie en incorporant quelques-unes de ses mélodies.
musique baroque de Autriche Trois seuls opéras sont de son cru : Acide, La Canterina
Rohrau ». Eau-forte de France, et Lo Speziale.
1878
C'est donc surtout dans des formations de musique de
chambre que s'exerce la recherche d'un style :
divertimentos, notamment pour instruments à vent, trios ou duos pour cordes, trios pour
claviers. Haydn composera toute sa vie des trios pour clavier, mais abandonnera rapidement
les autres genres. Les œuvres pour baryton, composées pour le plaisir du prince, sont aussi un
moyen pour Haydn d'assimiler et transformer le contrepoint baroque.
39
De nombreuses sonates pour clavier voient aussi le jour dans un style proche de Wagenseil ,
ainsi que les seuls concertos pour violon ou violoncelle de la main du compositeur. Mais c'est
dans le domaine de la symphonie que Haydn va le plus expérimenter. Une quarantaine de
symphonies datent d'avant 1770, dont quelques-unes sont des symphonies d'église. Le seul
cycle du compositeur concerne les symphonies Matin, Midi et Soir (1761) encore proches des
concertos grossos par la présence continue d'instruments solistes. Ce cycle est considéré
40
comme le premier chef-d'œuvre de l'histoire du genre .

Haydn a abordé très tôt (1757–1760) le quatuor à cordes : les dix dits de Fürnberg. Ils sont
proches du divertimento avec cinq mouvements intercalant un double menuet. Haydn ne
reprendra ce genre qu'après 1770.

Sturm und Drang


Il n'y a pas de réelle rupture entre les deux périodes. Dans les dernières années 1760, le style
de Haydn se consolide. La structure en quatre mouvements des symphonies et les relations
entre ceux-ci sont déjà maîtrisées.

Le Sturm und Drang (« Orage et Passion ») est d'abord un mouvement littéraire allemand pré-
romantique prônant la supériorité des sentiments à la rationalité. Il est transposé sur le plan
musical dans certaines œuvres de Gluck et des fils Bach et deviendra un phénomène
typiquement viennois dans la période 1768-1772, qui culmine dans les années 1770-1772.
41
Outre Haydn, il apparaît notamment chez Vanhal et Mozart (no 25 en sol mineur) . Il n'aura
toutefois pas la même attractivité que le mouvement littéraire.

Au cours de cette période le « style de Haydn devient d'une âpreté dramatique et d'une
42
impétuosité émotionnelle sans la moindre sensiblerie » . Il compose alors les seules cinq
symphonies dont les mouvements extrêmes sont en mode mineur : la 26e (Lamentations), la
39e, la 44e (Funèbre), la 49e (La Passion) et la 52e. Même dans ses œuvres en majeur le
discours pré-romantique est soutenu par des procédés de clair-obscur, de sonorités voilées
(sourdine) ou par des rythmes farouches, de grands intervalles, etc.

Abandonnés depuis dix ans, Haydn compose aussi trois séries de six quatuors à cordes entre
1770 et 1772 : les opus 9, 17 et 20. S'éloignant du divertimento, il utilise la coupe en quatre
mouvements expérimentée dans les symphonies et y perfectionne la forme sonate. Haydn
signe là la naissance du quatuor classique. Ces œuvres ne sont pas le résultat d'une
commande du prince ou de quelque éditeur éclairé. Ils correspondent à une exigence propre
43
du compositeur de développer de tels moyens d'expression . Cette place particulière du
quatuor à cordes sera une constante dans la carrière de Haydn.

Haydn ne compose qu'un seul opéra Le Pescatrici au cours de ces années, quelques sonates
parmi la cinquantaine qu'il a consacrée au clavier, mais aucun concerto, ni trio pour clavier. En
revanche, en tant que maître de chapelle il composa des œuvres religieuses, notamment la
Missa Sanctae Caeciliae connue aussi sous le nom de Missa cellensis, messe-cantate, la plus
vaste des messes du compositeur et qui conserve des traits archaïsants du style d'église.

Retour à l'opéra
Après 1772, Haydn met fin brusquement à cette expérience pré-romantique. Plus porté sur la
musique pure, il a pu estimer que ses œuvres récentes conduisaient à une impasse. Il est
certain que la volonté de Nicolas II Esterhazy joua un rôle. Sa passion pour le baryton se
reporta sur l'opéra-bouffe italien. L'ouverture du palais d'Estérhaza date de 1769 et le prince y
organise des saisons de plus en plus prolongées. Il exige de son maître de chapelle une
2 n 14
centaine de représentations chaque année . Outre ses propres ouvrages , Haydn doit
employer une grande activité pour adapter, monter, voire remplacer des airs par d'autres de
son cru, comme l'admet la coutume de l'époque, des opéras de ses contemporains : Anfossi,
Traetta, Sarti, Piccinni, Grétry, Paisiello, Cimarosa.

Sans mettre en cause sa qualité musicale, certains musicologues pensent que le chant n'est
44
pas chez Haydn un mode d'expression naturel . La musique reste rebelle à l'émotion selon la
conception romantique. Toutefois Haydn fit jouer à Vienne avec succès son vaste oratorio Il
ritorno di Tobia qu'il modifia pour les reprises quelques années plus tard.

Haydn réduit sa production instrumentale : peu de symphonies, aucun quatuor, ni trio pour
clavier. Sous l'influence de l'opéra et pour plaire au prince, ses œuvres symphoniques et ses
sonates pour piano adoptent un style plus simple, une ligne plus mélodique avec des variations
ornementales. Cette expérience galante ne sera pas inutile pour la synthèse que réalisera
Haydn lors des deux décennies suivantes. À noter que le compositeur ne compose aucun
concerto, pourtant considéré comme un genre typiquement galant et virtuose.

Mozart, Haydn. Destins croisés


Libéré par le prince, sinon de la direction, du moins de la
production d’opéras italiens, Haydn peut de nouveau se
consacrer à la composition d’œuvres instrumentales sur
commande cette fois d’institutions ou de personnalités
extérieures à la chapelle. C’est le cas notamment des
symphonies parisiennes (1785-1786), commandes du Concert
de la Loge olympique, des Sept dernières paroles du Christ en
croix (1787), commande de l’archevêque de Cadix ou encore
du deuxième concerto pour violoncelle écrit pour Antonín Kraft.

La décennie 1780 est celle de la haute maturité de Haydn ainsi


Mozart vers 1781. que celle de Mozart ce qui confère d’autant plus d’intérêt à leur
rencontre qui a lieu, au plus tard, en 1784. Les deux
compositeurs avaient certes connaissance de leurs œuvres
respectives antérieures. Ainsi le fameux cycle des quatuors russes (opus 33) écrit en 1781 a
inspiré à Mozart les Quatuors dédiés à Haydn.

Il est indéniable que Mozart a bénéficié de l’expérience de son aîné. À l’inverse, la


confrontation avec son talentueux cadet était un défi dans lequel Haydn aurait pu se perdre. En
fait, il y eut influence réciproque mais sans diluer les personnalités respectives, chacun
conservant et même renforçant son originalité. S’il y eut emprunt de motifs ici et là, ce fut
davantage le cas de Mozart, Haydn rendant cet hommage après sa mort. D’ailleurs une
certaine spécialisation dans les genres excluait toute concurrence : Haydn excellant dans la
symphonie, le quatuor à cordes et plus tard l’oratorio, Mozart dans l’opéra et le concerto pour
45
piano .

Entre 1787 et 1790, Haydn compose 18 quatuors (opus 50, 54/55 et 64), production intense
46
d'une complexité accrue .

Période londonienne
Pour les séries de concerts londoniens, Haydn va composer douze symphonies en quatre ans,
toutes des chefs-d'œuvre. En dépit de la redécouverte des symphonies Sturm und Drang et
des Parisiennes, elles restent les plus jouées et enregistrées aujourd'hui. Par leurs sonorités,
elles s'éloignent des partitions précédentes (1787-1790) qui étaient plus proches de Mozart.
Selon Marc Vignal, ces œuvres « réalisent une synthèse de plus en plus réussie d'éléments et
de sentiments extrêmes : virtuosité orchestrale, profondeur, liberté souveraine de forme,
47
cohérence et esprit d'aventure » . Après Londres, Haydn abandonnera le genre.

Haydn découvre à Londres les pianofortes anglais plus puissants que leurs homologues
48
viennois . Il s'ensuivra d'intéressantes productions pour sonates (les trois dernières du
compositeur) et trios pour clavier. En dehors d'autres compositions de circonstance, il faut
souligner l'originalité des nombreuses canzonettes anglaises et écossaises mis en musique par
le compositeur.

Lors de l'intermède viennois, le compositeur revient à un genre qui occupe une grande partie
de sa production de sa période de maturité avec les quatuors de l'opus 71/74. Composés à
Vienne, ils étaient destinés au public anglais de sa deuxième tournée.

Derniers feux
De retour au service de Nicolas II Esterhazy, ce dernier ne lui commandera qu'une messe par
an. Haydn a été impressionné lors de son séjour londonien par les oratorios de Haendel. Il va
consacrer ces dernières années à deux oratorios : La Création et Les Saisons. Cela ne
l'empêchera pas d'innover encore dans les derniers quatuors, de composer un de ses rares
concertos, cette fois-ci pour trompette, et d'écrire sur le modèle anglais un hymne autrichien, le
Gott, erhalte Franz den Kaiser.

Postérité
Assez tôt, les œuvres de Haydn sont diffusées et jouées dans les cours princières et
ecclésiastiques. À partir des années 1770, il acquiert une célébrité qui va bien au-delà du
milieu viennois. Ses œuvres sont alors diffusées notamment en France et en Angleterre et, à
un degré moindre, en Italie. Seule l'Allemagne du Nord est réticente au nouveau style révélé
n 15
par le compositeur. Les organisateurs de concerts à Paris et à Londres lui adressent des
commandes. Des éditeurs sur toutes les places européennes diffusent ses partitions. Enfin, les
deux tournées londoniennes le consacrent meilleur compositeur vivant. Dans les dernières
années de sa vie, il est adulé par son entourage et nombre de compositeurs, tels Carl Maria
von Weber ou Luigi Cherubini, viennent lui rendre hommage.

Tout au long de sa vie, Haydn eut de nombreux élèves. La portée de l'œuvre sur ses
contemporains et successeurs est immense et son influence sur Mozart et Beethoven est
indéniable. Compositeur situé à une époque charnière de l'histoire de la musique, il a su à la
fois synthétiser les styles de ses prédécesseurs et, également, se projeter dans la musique du
futur. Joseph Haydn a été, que ce soit dans sa musique symphonique ou dans sa musique de
chambre, un précurseur de génie. Il possédait en musique un sens de l'humour qui se reflète
souvent dans ses œuvres.

Il n'est pas inutile de rappeler l'appréciation portée par Charles Burney dans sa General History
of Music parue en 1789 :

« Admirable et infaillible Haydn ! dont les productions, au soir de ma


vie, quand finissaient par me lasser la plupart des autres musiques,
m'ont procuré un plaisir dépassant de loin tout ce que j'avais pu
ressentir dans ma jeunesse ignorante et voluptueuse, alors que tout
était nouveau pour moi et que ni le sens critique ni la satiété n'avait
réussi à diminuer chez moi la propension à se satisfaire de peu. »

e
Au début du siècle, le romantisme naissant jette un voile sur les œuvres du compositeur.
Haydn est perçu comme un auteur dépassé, simple précurseur de Mozart et Beethoven. Son
image familière de Papa Haydn fait paraître sa personnalité assez morne par rapport aux deux
49
autres compositeurs . Robert Schumann aura ce jugement sévère :

« De nos jours, il est impossible d'apprendre de Haydn quelque chose


de neuf. Il est comme un ami familier de la maison que tous saluent
50
avec plaisir et estiment, mais qui a cessé d'inspirer un intérêt . »

En réalité, si Beethoven a été reconnu par les romantiques comme l'un des leurs, ni Mozart, ni
e
Haydn n'ont complètement disparu des concerts du siècle. Ils ont survécu dans leurs
œuvres emblématiques, notamment les symphonies londoniennes et les derniers oratorios
pour Haydn. Mais ce n'est qu'après les études critiques des musicologues modernes et
notamment les travaux de Robbins Landon qu'un regain d'intérêt se manifesta pour l'ensemble
de l'œuvre de Haydn.

Selon Jean et Brigitte Massin :

e
« Jusqu'au milieu du siècle au moins, les œuvres ultimes de Haydn
et Mozart et presque toutes celles de Beethoven devaient servir de
référence plus ou moins consciente, et les compositeurs et le public se
définir d'une façon ou d'une autre, y compris négativement, par rapport
51
à elles . »

En 2009, année du 200e anniversaire de sa mort, le 4e mouvement de la Symphonie n°45 est


interprétée au concert du nouvel an à Vienne, sous la direction de Daniel Barenboim. C'est la
seule fois où une œuvre de Haydn est entendue lors de ce traditionnel concert.

Œuvre
Article détaillé : Catalogue Hoboken.

Les 1 195 œuvres de Joseph Haydn sont aujourd'hui classées selon le système mis au point
n 16
par Anthony van Hoboken , universellement adopté, quoiqu'il ne reflète pas exactement
l'ordre chronologique des compositions. Il a été mis au point entre 1957 et 1978. Chaque
œuvre est identifiée par un chiffre romain correspondant à la catégorie (certaines catégories
sont subdivisées - lettre minuscule en indice), suivi d'un numéro d'ordre en chiffres arabes.

Catégorie I : 104 symphonies, plus les symphonies A et B et


une symphonie concertante composée en 1792 lors de son
séjour londonien afin de répondre à Ignace Joseph Pleyel, son
ancien élève devenu un temps son rival
Catégorie Ia : 16 ouvertures
Catégorie II : 24 divertimenti, 8 nocturnes, 6 scherzandos
Catégorie III : 83 quatuors à cordes
Catégorie IV : 11 divertimenti à trois voix
Catégorie V : 31 trios à cordes
Catégorie VI : 6 duos pour violon et alto
Catégorie VII : 4 concertos pour violon, 2 pour violoncelle, 1
pour contrebasse, 3 pour cor, 1 pour trompette, 1 pour flûte, 5
pour lire organizzate
Catégorie VIII : 8 marches
Catégorie IX : diverses danses, menuets, allemandes, trios
Catégorie X et XII : œuvres diverses pour baryton à cordes
(octuors, quintettes, duos)
Catégorie XI : 126 trios pour baryton
Catégorie XIII : 3 concertos pour baryton
Catégorie XIV : 16 concertinos pour clavier et cordes
Catégorie XV : 45 trios avec clavier Haydn composa plus
Catégorie XVI : 62 sonates pour clavier de 170 œuvres pour
baryton.
Catégorie XVII : diverses pièces pour clavier
Catégorie XVIII : 11 concertos pour clavier
Catégorie XIX : pièces pour horloge musicale
Catégorie XX : Les Sept Dernières Paroles du Christ en croix (version originale et
52
transcriptions)
Catégorie XXa-c : duos, trios et quatuors vocaux
Catégorie XXI : 3 oratorios (Il ritorno di Tobia, La Création, Les Saisons)
Catégorie XXII : 14 messes
Catégorie XXIII : œuvres religieuses diverses
Catégorie XXIVa : 11 cantates et chœurs profanes avec orchestre
Catégorie XXIVb : 24 airs profanes avec orchestre
Catégorie XXVIa : lieder avec accompagnement de piano
Catégorie XXVIb : cantates et chœurs avec instruments
Catégorie XXVII : 10 canons religieux et 47 canons profanes
Catégorie XXVIII : 13 opéras italiens
Catégorie XXIX : opéras pour marionnettes et singspiels
Catégorie XXX : musiques de scène
Catégorie XXXI : arrangements
Catégorie XXXII : pasticcios

On dispose pour certaines œuvres du manuscrit autographe, mais la plupart sont des copies
(Haydn utilisait à Eisenstadt des copistes). Quelques œuvres sont d'origine douteuse, voire
apocryphes. Au fur et à mesure que la renommée du compositeur progressait, des éditeurs
n'hésitèrent pas à diffuser sous son nom des œuvres d'auteurs moins connus. Les études
e
critiques du siècle ont permis de rétablir nombre de paternités.

Des compositions originales du catalogue ou des copies destinées à l'exécution, voire des
partitions inconnues encore à ce jour ont disparu vraisemblablement dans les incendies qui
ravagèrent le château d'Esterhaza le 18 novembre 1779 et la maison même du compositeur.

Les grands corpus


Les symphonies
Articles détaillés : Symphonie et Liste des symphonies de Joseph Haydn.

La symphonie est le genre qui permet le mieux de suivre l'évolution de Haydn. Il s'y consacra
en effet sans interruption pendant près de 40 ans avec 106 symphonies (y compris les
symphonies A et B) auxquelles s'ajoute la seule symphonie concertante de Londres. Considéré
par certains comme le père de la symphonie, il eut des prédécesseurs aussi bien à Mannheim
avec Stamitz, à Milan avec Sammartini qu'à Vienne même avec Wagenseil. La période
d'activité de Haydn correspond d'ailleurs à un engouement pour cette forme de musique et on
53
recense 15000 symphonies entre 1750 et 1800 . Toutefois dès cette époque, la production de
Haydn était considérée comme la plus aboutie et la mieux structurée. Le premier catalogue de
ses symphonies a été établi en 1907 par Mandycezwski et repris par Hoboken.

Au cours de la première période, les œuvres sont concises, certaines en trois mouvements.
Haydn varie ainsi la forme et le contenu. L'effectif orchestral est relativement réduit, les bois se
limitant en général à deux hautbois auxquels s'ajoute parfois un basson. Mais Haydn
expérimente avec une grande diversité, faisant déjà preuve d'une synthèse entre le savant et le
54
populaire . Il garde parfois un style proche du concerto grosso faisant la part belle aux
instruments solistes comme dans ses trois chefs-d'œuvre de jeunesse : les symphonies no 6
n 17
Le Matin, no 7 Le Midi et no 8 Le Soir . Ces œuvres se rapprochent ainsi de la musique de
55
table de Telemann . Il faut citer aussi dans ce premier corpus la no 22 Le Philosophe qui
s'ouvre sur un mouvement lent et la no 31 Appel des cors qui fait aussi usage d'instruments
solistes.

Les symphonies du Sturm und Drang sont parmi les plus remarquables. Elles couvrent la
56
période 1766-1774 et font preuve d'une âpreté dramatique dénuée de toute sensiblerie .
Parmi les plus célèbres, figurent les symphonies no 49 La Passion, no 26 Les Lamentations,
no 48 Marie-Thérèse ainsi nommé en hommage à l'impératrice, no 44 Funèbre, no 45 Les
Adieux, no 46 et no 47.

Le prince Esterházy fut peu sensible à cette forme d'expression et Haydn dut se consacrer au
cours des années 1773-1781 à un style plus galant, associant séduction mélodique et
variations ornementales. La production est plus inégale, certaines compositions étant conçues
pour la scène (mouvements d'ouvertures). Pour certains, cette période marque un recul
57
qualitatif et un manque d'assurance . Pour d'autres, cette confrontation avec le style d'opéra
est un passage fécond permettant à Haydn d'intégrer le sens de l'événement et de l'action en
54
musique pure . On note la présence systématique de la flûte traversière à partir de 1776, date
à laquelle le prince a recruté un soliste. Il faut noter pour cette période 1775-1784 les trois
symphonies identifiées par un sous-titre : les no 53 L'Impériale, no 63 La Roxolane et no 73 La
Chasse.

À partir de 1785, vient la grande période des symphonies parisiennes, puis londoniennes qui,
avec les dernières symphonies de Mozart et les premières de Beethoven, sont à l'apogée de la
symphonie classique viennoise. Les six premières symphonies parisiennes no 82-87 sont
58
consécutives à une commande de l'orchestre de la Loge Olympique . Les symphonies Tost et
d'Ogny ont également la même destination à l'exception de la symphonie Oxford qu'il fera jouer
à Londres. Haydn retrouve la verve expérimentale de ses débuts avec des compositions
animées d'une frénésie de nouveauté. Avec des matériaux les plus simples, Haydn est
59
dramatique sans effort . C'est une simplicité de façade où chaque élément, chaque effet est
sous le contrôle de la structure globale de l'œuvre et participe à une signification à long terme.
Le retour aux interventions de solistes dans les londoniennes n'a pas le même sens
d'opposition ou de contraste telles qu'on les trouve dans le concerto grosso, mais fait partie
59
intégrante de la pensée orchestrale .

En définitive, si Haydn n'a pas inventé la symphonie, il lui a donné la forme classique que l'on
connaît. Cette construction s'est faite progressivement, jusqu'à l'incorporation des introductions
lentes des symphonies londoniennes. Haydn a su également tirer parti de l'accroissement des
effectifs orchestraux, notamment à Londres, utilisant des sonorités plus massives. Il a compris
également que la symphonie participait d'une évolution sociétale, et que contrairement à la
musique de chambre destinée aux plaisirs des musiciens amateurs, il s'agissait ici de maintenir
l'attention d'un public auditeur par un intérêt dramatique. Sa musique est à la fois savante et
populaire. Son style inimitable associe des épisodes délibérément rustiques, un ton pastoral,
une ironie sophistiquée, le tout agrémenté de fantaisie et d'humour si typiques du compositeur
qu'on lui a conféré l'adjectif de haydnien.

Les concertos
Articles détaillés : Concerto et Liste des concertos de Joseph Haydn.

Les quatuors à cordes


Articles détaillés : Quatuor à cordes et Liste des quatuors à cordes de Joseph Haydn.

On n’aura jamais la certitude que Haydn soit le père fondateur


du quatuor à cordes, c’est probable mais de peu d’importance
60
dans l’absolu . On pourra préciser que deux compositeurs
accomplirent cet exploit au cours de la même période : lui-
même et Boccherini de façon totalement indépendante l’un de
l’autre. Mais seul Haydn poussera ce genre musical à un degré
d’achèvement total.
Haydn conduisant un
Ce terme était déjà utilisé bien avant lui puisque dès 1730 quatuor (Anonyme, vers
Telemann publia ses 6 premiers quatuors parisiens, les 6 1790).

autres seront publiés en 1738 et montreront une nette


évolution qui n’est pas de notre propos ici. Le quatuor à cordes tel qu’il se développe à partir de
1760 environ est, dans l’idéal, un ouvrage à quatre parties (voix) réelles, sans basse continue,
pour quatre instruments de la même famille : deux violons, un alto et un violoncelle.

Contrairement à la symphonie, Haydn ne pratiqua pas le quatuor à cordes tout au long de sa


61
vie, mais par blocs isolés dans le temps . La somme totale des quatuors de Haydn (en
comptant les retraits et un ajout) est de 68 œuvres, qui vont du divertimento (op. 1 et op. 2) à
61
l’opus 103, inachevé, de la fin de sa vie .

Sans rentrer dans le détail de chaque œuvre, on peut diviser en plusieurs parties l’évolution du
langage de Haydn. Les dix quatuors opus 1 et 2, dit « à Fürnberg » qui sont vus comme des
divertimentos pour quatuor à cordes, composés vers 1757–1760 auquel on associe à tort l’op.
3 qui n’est pas de la plume de Haydn, mais dont la sérénade du quatuor no 5 est devenu un
tube consacré du maître. En fait cet opus est dû à Roman Hoffstetter (1742–1812) qui était
62
impressionné par les premiers quatuors de Haydn, il chercha à l’imiter et y parvint à tel point
qu’il faudra attendre l’édition du catalogue Hoboken en 1957 pour que la clarification soit faite.

Engagé par la maison Esterházy en 1761, il doit écrire pendant près de 10 ans des trios pour
63
baryton, alto et violon ainsi que des symphonies . Haydn ne revient au quatuor qu'en 1769-
1770 (il a 38 ans) avec l'opus 9, puis en 1771 avec l'opus 17, enfin en 1772 avec l'opus 20. Cet
ensemble de 18 quatuors s'inscrit au cœur de la période Sturm und Drang, série de quatuors
61
denses mais limitée dans le temps .

Dès l'opus 9, le divertimento est abandonné au profit d'une écriture plus sérieuse voire
savante, avec une intensité qui pose le problème d'une audition chez les Esterházy. Dans le
même esprit, on se demande comment le prince pouvait réagir face au finale de la symphonie
43
les Adieux (no 45) . Ce cycle culmine avec l'opus 20, considéré comme le plus prestigieux
64
avant l'opus 76 de 1797 . Ces 6 quatuors poussent à l'extrême certains traits des opus 9 et
17 : l'indépendance des voix, la polyphonie, le développement et l'irrégularité métrique, qui se
65
manifestent de façon radicale au point d'atteindre les limites du langage de l'époque . Jamais
66
Haydn n'écrira des quatuors aussi sombres et aussi difficilement accessibles .

Après ce groupe de chefs-d’œuvre, une période de 10 ans s’écoule avant qu’en 1781 Haydn
67
ne compose les 6 quatuors de l’opus 33 . Haydn est âgé alors de 48 ans, il écrit à leur sujet :
ils sont d’un genre nouveau. Cette phrase fit couler beaucoup d’encre : phrase commerciale
pour les uns, vrai pour les autres, une chose est sûre, ils sont différents. La dimension
populaire est plus présente : les finals sont en forme de rondo ou de variation, mais ce côté
populaire garde un petit côté sérieux. En clair ces quatuors sont plus légers, concis, moins
68
profonds, plus brillants mais ils n’excluent pas le savant . Ils seront célèbres en leur temps,
61
Mozart sera très influencé par eux .

Ce cycle sera suivi d’un petit quatuor isolé, l’opus 42, unique rescapé d’un ensemble de
quatuors vendu pour l’Espagne en 1785. Mais il faudra attendre 1787 et la transcription de ses
sept dernières paroles du Christ en quatuor (œuvre aussi prévue pour l’Espagne), pour qu’il
compose l’opus 50. Appelé quatuors Prussien (car dédiés au roi de Prusse Frédéric Guillaume
69
II, ces quatuors font la synthèse entre la gravité des quatuors op. 20 et l’esprit de l’opus 33 .

L’opus 50 correspond à la véritable naissance du quatuor moderne tel que Beethoven


l’utilisera. Haydn venait de composer ses symphonies parisiennes, qui seront exécutées au
70
cours de la saison parisienne de 1787 , il a 55 ans. C’est à partir de son opus 50 que Haydn
inaugure sa période de production ininterrompue de quatuor jusqu’à la fin de sa vie.

Les six quatuors op. 54/55 ont été publiés en deux parties en 1788. C’est un recueil à la fois
71
très public et très expérimental qui fait la part belle au 1er violon . Les six quatuors op. 64 ont
été composés en 1790 peu avant son premier voyage à Londres. On appelle parfois
globalement ce groupe de 12 quatuors : les quatuors Tost bien que seul l’opus 64 soit paru
61
avec une dédicace à ce personnage , mais Tost a été étroitement lié à cette double série.
Avec l’opus 64, Haydn a voulu revenir à l’esprit de l’opus 33, le 1er violon est moins en avant,
ce qui n’empêche nullement la diversité et la richesse au sein de cet opus. On pense que
Haydn savait qu’il ferait son voyage à Londres quand il a composé les deux derniers quatuors,
d’où leur dimensions et l’effet qu’ils provoquent.

Les 6 quatuors op. 71/74 ont été composés entre ses 2 voyages à Londres, joués lors de
certains concerts Haydn Salomon cet opus surclasse en vigueur toutes les séries précédentes,
72
on parle de style londonien : introductions avec effet orchestraux, de l’éclat et de la virtuosité .
Les trois premiers quatuors parurent à Londres à l’automne 1795, les trois derniers toujours à
Londres en février 1796.

Haydn compose les six quatuors opus 76 en 1797. Ils forment avec l’opus 20 de 1772 les deux
61
sommets en matière de quatuor. Un quart de siècle exactement les séparent . La parution de
tels chefs-d’œuvre en 1799 a dû poser de sérieux problèmes à Beethoven qui travaillait à son
opus 18.

À l’inverse du recueil précédent qui était destiné au concert, celui-ci retrouve la tradition
73
intimiste du genre , cet opus a une tendance à l’approfondissement, à une plus grande
intériorité qui se traduit par le poids accordé aux mouvements lents. L’opus 76 est le dernier
recueil complet de six quatuors.

En 1799, Haydn entreprend une nouvelle série de six quatuors destinés au prince Lobkowitz
pour qui Beethoven écrit à peu près au même moment son opus 18. Mais il n’en n’achève que
61
les deux premiers . Son travail sur Les Saisons jusqu’au début 1801, puis sur les messes, la
Création et l'Harmoniemesse, l’empêche de poursuivre son cycle.

Au début 1802 il commence un nouveau quatuor afin d’obtenir une série de trois quatuors (il
deviendra l’opus 103). Mais épuisé, il ne parvient à terminer que les deux mouvements
61
centraux . Il sera publié avec la carte de visite de Haydn : Toutes mes forces s’en sont allées,
je suis vieux et faible. Malgré ce texte, les opus 77 et 103 sont du même niveau que l’opus 76.
Haydn continue d’être novateur, du premier mouvement de l’opus 77 au menuet âpre et tendu
74
de l’opus 103 . Sa plume restera muette jusqu’à sa mort en 1809.

Haydn n’a pas fait que créer le quatuor moderne, il l’a développé jusqu’à un niveau qu’aucun
contemporain n’a pu atteindre (pas même Mozart). Haydn est un compositeur qui est plus
difficile d’accès parce qu’il demande une écoute spécialement attentive au détail. Il faudra
75
attendre Beethoven pour aller plus loin dans le domaine du quatuor .

Les sonates pour piano


Les sonates de Beethoven ont jeté une ombre sur la production pianistique de son temps. Mais
celles de Haydn ne doivent pas être sous-estimées. Christa Landon, épouse de Robbins
Landon, a réalisé en 1963 une révision critique du catalogue Hoboken, portant à 62 le nombre
de sonates, dont certaines perdues et quelques autres d’authenticité douteuse. Haydn
composa ses sonates jusqu’en 1795 recouvrant toute sa période d’activité, bien qu’il soit
difficile de dater précisément chacune d’elles. L’évolution du style reflète son parcours
artistique général.

Ses œuvres de jeunesse, dans la continuité de celles de Domenico Scarlatti et Wagenseil sont
peu développées et du type divertimento. La période Sturm und Drang porte la marque de
l’influence de CPE Bach et de l’étude qu’il consacra au traité de ce dernier « Essai sur la
manière de jouer du clavier » : tonalité mineure, verve rythmique, mouvements lents
76
pathétiques . Jusque vers 1780 Haydn compose de façon plus ou moins abstraite sans trop
77
se préoccuper du choix de l’instrument : clavecin, clavicorde, pianoforte .

Puis intervient la période galante au ton plus léger, plus pianistique, où alternent des
compositions faciles avec d’autres d’allure brillante et virtuose. La rupture avec la période
précédente est cependant moins marquée par rapport aux symphonies

Les cinq dernières sonates sont l’apogée du corpus. Alors que la sonate Genzinger (no 59)
présente une écriture pianistique qui rappelle celle de Mozart, les trois dernières écrites à
Londres dans un style plus symphonique bénéficient de la puissance supérieure des pianos
anglais Broadwood. Ces derniers disposaient de cinq octaves et demie (contre cinq à son
homologue viennois). Ainsi la sonate no 60 en ut dépasse dans l’aigu les limites du pianoforte
viennois.

Les trios pour clavier


Article détaillé : Liste des trios pour piano et cordes de Joseph Haydn.

Les 45 trios pour piano, violon et violoncelle, en dehors de quelques œuvres de jeunesse (dont
quatre ne sont pas authentiques) ont tous été écrits après 1784. Il s’agit en fait d’œuvres pour
piano et violon solo avec accompagnement du violoncelle qui se contente le plus souvent de
doubler la basse. Haydn choisit d’aller ici à contre-courant par rapport à l’évolution vers
l’indépendance des parties du quatuor à cordes en faisant tenir au violoncelle un rôle de basse
continue. De fait le piano de l’époque avait une basse maigre et sans tenue. Le violoncelle
78
compensait donc cette faiblesse en apportant une plus grande richesse sonore .

Ces œuvres sont peu connues car les violoncellistes sont peu attirés par des productions qui
leur donnent un rôle plus effacé. Elles n'en ont pas moins une qualité pianistique parfois
supérieure aux sonates dans une atmosphère d’improvisation exubérante.

Les opéras
Article détaillé : Liste des opéras de Joseph Haydn.

À l'exception de quelques œuvres de jeunesse dont les partitions ont disparu ou sont
incomplètes, Haydn composa douze opéras sur des livrets italiens selon la tradition de
l'époque. Excepté le dernier, tous les opéras de Joseph Haydn furent composés et représentés
pour la cour des Esterhazy entre 1766 et 1784. Le dernier Orfeo ed Euridice a été composé en
1791 et était destiné à une représentation à Londres.

Malgré leur richesse musicale, ces opéras ne peuvent rivaliser avec ceux de Mozart composés
à la même époque. Ceci tient non seulement à la faiblesse des livrets, mais à un génie créatif
79
« tourné vers la tension des âmes plus que par celle des situations » .

Il reste que l'Opera buffa était largement à l'honneur à Vienne et Esterháza. La pratique de cet
art, non seulement du fait de ses propres compositions, mais aussi par l'analyse des œuvres
de ses collègues italiens dans la direction d'orchestre et les multiples arrangements qu'il dut
faire pour adapter celles-ci à son effectif musical ou à ses chanteurs, eut un retentissement
certain sur le style classique alors en formation. Accessoirement, certains mouvements de
symphonie ont servi d'ouverture à des opéras ou vice versa.

La musique sacrée
Article détaillé : Liste des messes de Joseph Haydn.

Instruments
Un pianoforte « Anton Walter in Wien » utilisé par le compositeur est maintenant exposé à la
80
Haydn-Haus d'Eisenstadt . À Vienne, en 1788, Haydn s'est acheté un pianoforte fabriqué par
81
Wenzel Schantz . Lors de la première visite du compositeur à Londres, le facteur de pianos
81
anglais John Broadwood lui a fourni un piano à queue de concert .

Des enregistrements faits avec des instruments de l'époque de Haydn


Alan Curtis. Joseph Haydn. Keyboard Sonatas. Walter de 1796, Schantz de 1790
Ronald Brautigam with Concerto Copenhagen under Lars Ulrik Mortensen. Joseph Haydn
Concertos. Walter (Paul McNulty)
Robert Levin with Vera Beths and Anner Bylsma. Joseph Haydn. The Last 4 Piano Trios: H
15 no 27-30. Walter (Paul McNulty)
Andreas Staier. Joseph Haydn. Sonatas and Variations. Walter (Christopher Clarke)
Jos van Immerseel. Wolfgang Amadeus Mozart, Joseph Haydn. Fortepiano Sonatas. Walter
(Christopher Clarke)

Hommages
Sont nommés en son honneur :
82
(3941) Haydn, un astéroïde de la ceinture principale d'astéroïdes .
83
Haydn, un cratère de la planète Mercure .
84
l'anse Haydn, une baie de glace en Antarctique sur l'île Alexandre-Ier .

Bibliographie
Autobiographie
À la demande de ses éditeurs, Joseph Haydn rédigea deux catalogues thématiques :

Entwurf Katalog (EK) à partir de l'été 1765 ;


Haydn Verzeichnis (HV) en 1804-05.

On possède une notice autobiographique rédigée en 1776 de deux pages et parue dans le
volume I du Das gelehrte Oesterreich en 1978 ; des lettres écrites à différents destinataires,
notamment ses éditeurs ; ainsi que des carnets écrits essentiellement lors de ses voyages à
Londres.

Les premiers biographes


Les premiers biographes ont eu l'avantage de recueillir des témoignages directs de son
entourage et de Haydn lui-même, alors âgé et enclin à broder quelque peu ses histoires. Ces
récits, parfois lénifiants, ont constitué la principale source d'information sur le compositeur
jusqu'aux études modernes.

Giuseppe Carpani, Le Haydine ovvero Lettere su la Vita e le Opere del celebre Maestro
Giuseppe Haydn (Milan, 1812). Carpani a rencontré Haydn dans les années 1797-98. Vie
n 18
de Haydn, Mozart et Métastase (1815) du futur Stendhal est un plagiat de la biographie
de Carpani.
Albert Christoph Dies, Informations biographiques (Vienne 1810), rend une trentaine de
visites à Haydn entre 1805 et 1808.
Georg August Griesinger, Notices biographiques (Leipzig, 1810), est un des familiers du
compositeur pendant les dix dernières années de sa vie.

Ouvrages modernes

Anglais

(en) Howard Chandler Robbins Landon, Haydn : Chronicle and Works, vol. 1 : Haydn: The
Early Years, 1732-1765, Bloomington, Indiana University Press, 1994, 656 p.
(ISBN 978-0-500-01169-0 et 0-500-01169-9)

(en) Howard Chandler Robbins Landon, Haydn : Chronicle and Works, vol. 2 : Haydn at
Eszterháza, 1766-1790, Bloomington, Indiana University Press, 1994, 800 p.
(ISBN 978-0-500-01168-3 et 0-500-01168-0)

(en) Howard Chandler Robbins Landon, Haydn : Chronicle and Works, vol. 3 : Haydn in
England, 1791-1795, Bloomington, Indiana University Press, 1976, 640 p.
(ISBN 978-0-500-01164-5 et 0-500-01164-8)

(en) Howard Chandler Robbins Landon, Haydn : Chronicle and Works, vol. 4 : Haydn: The
Years of « The Creation », 1796-1800, Bloomington, Indiana University Press, 1977, 656 p.
(ISBN 978-0-500-01166-9 et 0-500-01166-4)

(en) Howard Chandler Robbins Landon, Haydn : Chronicle and Works, vol. 5 : Haydn: The
Late Years, 1801-1809, Bloomington, Indiana University Press, 1976, 496 p.
(ISBN 978-0-500-01167-6 et 0-500-01167-2)

(en) Howard Chandler Robbins Landon, The Symphonies of Joseph Haydn, New York,
Macmillan, 1956, 862 p.
(en) Howard Chandler Robbins Landon et David Wyn Jones, Haydn : His Life and Music,
Bloomington, Indiana University Press, 1988, 383 p. (ISBN 0-253-37265-8)
(en) Howard Chandler Robbins Landon, Haydn : A Documentary Study, New York, Rizzoli,
1981, 224 p. (ISBN 0-8478-0388-0)
(en) Howard Chandler Robbins Landon, Haydn, New York, Washington, Praeger
Publishers, 1972, 107 p. (OCLC 253606931)

Français

Pierre Barbaud, Haydn, Paris, Le Seuil, 1963, 191 p. (ISBN 2-02-000226-4)


Jean-François Boukobza, Haydn : 1732-1809, Paris, Gisserot, 1999, 127 p.
(ISBN 2-87747-445-3, lire en ligne [archive])

Bernard Fournier, Histoire du quatuor à cordes, vol. 1 : de Haydn à Brahms, Fayard, 2000,
1206 p. (ISBN 978-2-213-60758-0)
Karl Geiringer, Haydn, Gallimard, 1984
Marcel Marnat, Joseph Haydn, La mesure de son siècle, Paris, Fayard, 1995
(ISBN 2-213-59554-2).

Howard Chandler Robbins Landon, Haydn : Vie et documents, Hachette, 1981


Charles Rosen (trad. de l'anglais par Marc Vignal), Le style classique : Haydn, Mozart,
Beethoven [« The Classical Style... »], Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des idées »,
1978 (1re éd. 1971), 592 p. (ISBN 2-07-029744-6, OCLC 757203188), p. 568. rééd. coll. « Tel »,
2000.
Marc Vignal, Joseph Haydn, Paris, Fayard, 1988, 1534 p. (ISBN 2-213-01677-1, OCLC 19242507)
Marc Vignal, Haydn et Mozart, Fayard, 2001, 476 p. (ISBN 978-2-213-61110-5)

Notes et références
Notes
1. ↑ Dans les documents anciens, on trouve parfois les graphies Haiden, Haidn, Hayden et Heiden
2. ↑ Il reste un doute sur la date de naissance entre le 31 mars et le 1er avril, date figurant sur l'acte de
baptême. Les indications données par Haydn lui-même à ses premiers biographes sont contradictoires
3. ↑ Sa maison natale a été transformée en musée en 1959
4. ↑ Ou son oncle, ou un lointain parent selon certains biographes.
5. ↑ Haydn fera embaucher sa fille Maria Magdalena comme soprano chez les Esterhazy en 1768.
6. ↑ Cette période de sa vie est romancée par George Sand dans "Consuelo", où Joseph Haydn commence
à servir Porpora comme laquais, afin de s'attirer ses bonnes grâces
7. ↑ C'est à cette occasion que Cherubini compose un Chant sur la mort de Haydn qui ne sera créé que le
18 février 1810 à Paris.
8. ↑ Plaques commémoratives sur Joseph Haydn à Vienne.
9. ↑ Parmi les plus célèbres musiciens ayant été sous les ordres de Haydn, il faut citer : les violonistes,
Luigi Tomasini, Wenzel Krumpholz et Johann Tost ; le violoncelliste Joseph Weigl, le harpiste Jean-
Baptiste Krumpholtz (frère de Wenzel) ; le ténor Carl Friberth, les sopranos Magdalena Spangler et
Maria Scheffstoss.
10. ↑ Il est parfois question de l'influence de Mozart sur cette adhésion, mais il faut noter que ce dernier fut
admis à la loge Zur Wohlthätgkeit (« À la bienfaisance ») alors que Haydn le fut à la loge Zur wahren
Eintracht (« À la vraie concorde »), plus prestigieuse.
11. ↑ Selon Carl Pohl, elle a alors 19 ans (ou 29 ans si l'on tient pour justes ses 82 ans à sa mort en 1832).
12. ↑ Luigia vivant encore en couple avec son mari, et ayant eu d'autres aventures, rien ne permet d'affirmer
la paternité de Joseph Haydn même si les deux filles d'Antonio, à la recherche de ressources
financières, se proclameront plus tard descendantes de Haydn.
13. ↑ Ce n'est qu'en 1797 que Joseph Haydn fut reçu comme membre de la Société. Elle prit le nom de
Haydn-Verein en 1862.
14. ↑ Entre 1773 et 1782, Haydn compose la majorité de ses opéras : L'infedelta delusa, L'incontro
improvviso, Il mondo della luna, La vera costanza, L'isola disabitata, La fedelta premiata, Orlando
paladino.
15. ↑ Paris tient à l'époque un rôle primordial pour la diffusion de la « nouvelle » musique. C'est sur cette
place que se développe en premier lieu l'édition musicale. Par ailleurs, le Concert Spirituel, organisateur
de soirées musicales, attire de nombreux compositeurs et musiciens dans la capitale.
16. ↑ Le catalogue Hoboken a été révisé et complété par les études critiques de Robbins Landon et sa
femme Christa.
17. ↑ La plupart des noms attribués ultérieurement aux symphonies de Haydn l'ont été à l'initiative d'éditeurs
pour des raisons commerciales. Ces trois symphonies font exception; c'est le prince Esterhazy lui-même
qui aurait suggéré ces intitulés.
18. ↑ Titre complet de la première édition : Lettres écrites de Vienne en Autriche, sur le célèbre compositeur
Haydn, suivies d'une vie de Mozart, et des considérations sur Métastase et l'état présent de la musique
en France et en Italie

Références
1. ↑ Dictionnaire de la musique : sous la direction de Marc Vignal, Paris, Larousse, 2011, 1516 p.
(ISBN 978-2-03-586059-0, lire en ligne [archive]), p. 640
2. ↑ a b c d e et f Marc Vignal, « Haydn » dans : Dictionnaire de la musique, Larousse, 2005.
3. ↑ « Faits divers / Hommage à Papa Haydn » [archive], sur physinfo.org (consulté le 15 mai 2021).
4. ↑ Jean Massin et Brigitte Massin, Histoire de la musique occidentale, Paris, Fayard, coll. « Les
Indispensables de la Musique », 1985, 1312 p. (ISBN 2-213-02032-9, OCLC 630597950), p. 606..
5. ↑ Lucien Rebatet, Une histoire de la musique, Robert Laffont, 1969, p. 290-299
6. ↑ Vignal 1988, p. 27
7. ↑ Marc Honegger, Dictionnaire de la musique, Bordas, 1979
8. ↑ François Sirois, Parcours de la musique classique, L'instant même, 2008, p. 26.
9. ↑ Vignal 1988, p. 759
10. ↑ Henry-Louis de La Grange, Vienne, une histoire musicale, Fayard, 1995, p. 62.
11. ↑ Michael Lorenz, "Joseph Haydn's Real Wife" [archive], Vienne, 2014.
12. ↑ Vignal 1988, p. 86–88
13. ↑ a et b Vignal 1988, p. 218
14. ↑ Bernard Harrison, Haydn : The Paris Symphonies, p. 5 - 17, 1998 (en)[1] [archive]
15. ↑ Archives de la Bibliothèque nationale de France [partition en ligne [archive]]
16. ↑ Vignal 1988, p. 267
17. ↑ Marc Vignal, Haydn et Mozart, Fayard, 2001, p. 230-232
18. ↑ a et b Vignal 1988, p. 388.
19. ↑ Autobiographie de Johann Baptist Schenk qui prétend s'être substitué au maître trop négligent

Voir aussi
Articles connexes
Musique de la période classique
Classicisme viennois
Structure sonate
Symphonie
Quatuor à cordes
Sonate pour piano
Compositeurs contemporains de Haydn

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Joseph Haydn, sur Wikimedia Commons

(de) Christoph Dies Albert, Biographische Nachrichten von Joseph Haydn [archive], 1810.
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Extraits d’archives sonores d’œuvres de Joseph Haydn, sur le Portail de la musique


contemporaine.
Complete recording of Joseph Haydns Pianosonatas on a sampled Walther
Pianoforte [archive]

Complete recording of Joseph Haydns Pianosonatas on a sampled Steinway D [archive]

[3] [archive] Portrait gravé, peinture de Daniel Hopper, timbre autrichien de 1922.

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Catégories : Joseph Haydn Compositeur autrichien de la période classique


Compositeur autrichien d'opéra Compositeur autrichien d'oratorio
Compositeur autrichien de musique sacrée Compositeur autrichien de symphonie
Claveciniste (compositeur) Maître de chapelle
Personnalité de la franc-maçonnerie initiée avant 1800
Musicien autrichien du XVIIIe siècle Naissance en mars 1732
Naissance en Basse-Autriche Décès en mai 1809 Décès à Vienne (Autriche)
Décès à 77 ans Éponyme d'un objet céleste
Compositeur joué au concert du nouvel an à Vienne [+]

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