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Bohuslav Martinů

Bohuslav Martinů est un compositeur tchécoslovaque,


naturalisé américain, né le 8 décembre 1890 à Polička (royaume Bohuslav Martinů
de Bohême), mort le 28 août 1959 à Liestal (Suisse). Marqué à
ses débuts par la musique française, celle de Maurice Ravel,
Albert Roussel, Paul Dukas et surtout Claude Debussy, il reste
toute sa vie enraciné dans la culture et le folklore tchèques tout
en revendiquant l'héritage du madrigal anglais et du concerto
grosso baroque. Il a composé une œuvre considérable avec plus
de quatre cents numéros d'opus, dont un corpus imposant de
pièces orchestrales, et largement méconnue en France. Sa
profonde originalité et sa perfection d'écriture, dont témoignent
son Double concerto pour cordes, son Concerto da camera et
son Nonnette, inscrivent Martinů dans la grande tradition de la
musique tchèque aux côtés de Dvořák, Janáček et Smetana.

Biographie

Enfance
Bohuslav Martinů in 1943
Fichier: Bohuslav Martinu Centre in Policka
Son père est le sonneur de cloches de la ville de Polička. Dès sa
plus tendre enfance, il manifeste des dons pour la musique et
apprend ensuite le violon chez J. Cernovsky, devenant même un
prodige de cet instrument. Jeune, il entre au Conservatoire de Naissance 8 décembre 1890
Prague dans la classe de violon, mais finit par être renvoyé au Polička, royaume de Bohême,
bout de deux ans ; il s'y réinscrit dans la classe d'orgue, mais une
Autriche-Hongrie
deuxième fois il est renvoyé car il provoque un grave accident.
Ses premières compositions, en particulier pour le piano et Décès 28 août 1959
datant de cette période (1910-1915), reflètent déjà les ambitions Liestal, Suisse
du compositeur par une grande richesse d'invention. Activité Compositeur
principale

Débuts Formation Conservatoire de Prague


Conjoint Charlotte Quennehen (1894-
Il poursuit donc son chemin en 1978)
autodidacte. En 1920, il est engagé
comme second violon à l'Orchestre
philharmonique tchèque (nouvellement créé en 1918) ; c'est là qu'il fait la
connaissance du chef d'orchestre Václav Talich. Sa rencontre avec le compositeur et
violoniste Josef Suk le marque à jamais. Après l'indépendance de l'État
tchécoslovaque, Martinů a enfin l'occasion de partir à l'étranger. Il s'établit à Paris en
1923. Là, il devient le disciple d'Albert Roussel, et croise Arthur Honegger ; l'un et
l'autre jouent un grand rôle dans son existence et sa musique.

Dans les années 1920-1930, il compose beaucoup pour le piano et la voix (des cycles
de petites pièces, très souvent empruntées au folklore tchèque). Ses premiers grands
Tour de l'église de Polička où succès datent du milieu des années 1930, avec notamment les Inventions pour piano
Bohuslav Martinů est né et orchestre, commande du Festival de Venise (1934), Kytice (Le bouquet de fleurs,
1938) et, surtout, son premier opéra, Juliette ou la clé des songes (1938), créé au
Théâtre National de Prague par Václav Talich. Il compose aussi en septembre 1935
pour la claveciniste Marcelle de Lacour son Concerto pour clavecin et petit orchestre, qu'elle joue pour la première
fois en janvier 1936 à Paris.

Émigration aux États-Unis, puis en France


À la suite de l'occupation allemande de la Tchécoslovaquie en mars 1939, il reste à Paris puis passe en zone libre en
1940, après avoir entendu la création à Paris de sa Première Sonate pour violoncelle et piano par Pierre Fournier
le 19 mai 1940. Il part finalement pour les États-Unis, où il composa la majeure partie de ses œuvres pour
orchestre entre 1942 et 1944. Il suscite l'admiration de chefs comme Artur Rodziński (à l'Orchestre
philharmonique de New York), George Szell (à l'Orchestre de Cleveland) et Serge Koussevitzky (à l'Orchestre
symphonique de Boston). Entre 1942 et 1943, on lui commande un nombre impressionnant d'œuvres (environ
vingt-cinq) rencontrant toutes le succès.

À la fin de la guerre, il souhaite revenir en Tchécoslovaquie, mais par deux fois, il est contraint d'y renoncer. Il ne
peut plus jamais retrouver son pays natal. Il ne revient pas non plus aux États-Unis (seulement quelques brefs
séjours en 1955-1957), mais se fixe en France, à Nice, à Paris ainsi qu'à Vieux-Moulin, dans l'Oise, où une maison
porte une plaque commémorative, ou encore en Suisse, à Schönenberg. Sa Sixième Symphonie, écrite de 1953 à
1955, est dédiée à Charles Munch. En 1955, il dédie à Pierre Fournier la révision de son Premier Concerto pour
violoncelle.

En 1957, il est lauréat du prix de Rome américain (Rome Prize) en composition musicale.

Il meurt d'un cancer le 28 août 1959 à Liestal, près de Bâle, en Suisse. Sa femme Charlotte est morte en 1978.

Les autorités de la République socialiste tchécoslovaque ont transféré et inhumé la dépouille de Martinů en 1979 à
Polička, sa ville natale, avec l'accord et en présence de la veuve du défunt, contrairement aux dernières volontés de
celui-ci. À cette occasion et dans le cadre du Printemps de Prague, le théâtre de Pilsen a présenté l'opéra de
Martinů, Juliette ou la clé des songes.

Œuvre
Martinů est avec Smetana, Dvorák et Janáček l'un des grands représentants de la musique tchèque ; il est
également le plus connu des compositeurs de l'École de Paris (au sein de laquelle il a notamment côtoyé le
hongrois Tibor Harsányi, le roumain Marcel Mihalovici ou le polonais Alexandre Tansman).

Il a laissé un imposant catalogue d'œuvres les plus diverses : sur environ 400 œuvres, on distingue 6 symphonies
(commandées en majorité par des orchestres américains entre 1942 et 1945), plusieurs grandes fresques
orchestrales (Mémorial pour Lidice, Fresques de Piero della Francesca, Paraboles...), environ 90 œuvres de
musique de chambre pour ensembles divers (7 quatuors à cordes, des trios, duos et quintettes, Le Bouquet de
Fleurs...), une douzaine d'opéras (Juliette, Mirandolina, La Passion grecque, Ariane...), près de 150 mélodies, des
concertos (5 pour piano, 3 pour violoncelle, 2 pour violon, un Double concerto pour cordes, piano et timbales, une
admirable Rhapsodie-concerto pour alto...) et une abondante littérature pour piano (Špalíček, Marionnettes,
Miniatures, préludes, fantaisie et toccata, Études et polkas, Sonate...), toutes basées sur l'harmonie (des
modulations fréquentes et « osées »), faisant de Martinů un compositeur très apprécié aux États-Unis et en
France.

Harry Halbreich a publié en 1968 le catalogue chronologique de son œuvre comportant 387 numéros. On retrouve
souvent la numérotation de cet auteur en guise d'opus.

Musique de chambre
Sonates pour violon et piano, H. 120, 152, 182, 208, 303
Sonates pour violoncelle et piano, H. 277, 286, 340
Sonate pour flûte et piano, H. 306
Trios pour piano et cordes, H. 193, 275, 327, 332
Quintette à cordes, H. 164
Quintette pour piano et cordes, H. 298
Sextuor à cordes, H. 224
Sérénade pour violon, alto, violoncelle et deux clarinettes, H. 334
Revue de cuisine, H. 161
Quatuor à cordes :

Quatuor à cordes no 1, H. 117 (1918 Polička)


Quatuor à cordes no 2, H. 150 (1925 Paris)
Quatuor à cordes no 3, H. 183 (1929 Paris)
Quatuor à cordes no 4, H. 256 (1937 Paris)
Quatuor à cordes no 5, H. 268 (1938 Paris)
Quatuor à cordes no 6, H. 312 (1946 New York)
Quatuor à cordes no 7 Concerto da camera, H. 314 (1947 New York)
Quatuor pour piano et cordes, H. 287

Opéras
Voják a tanečnice, H. 162 (Polička, Paris 1926-27)
Les Larmes du couteau, H. 169 (1928 Paris)
Tři přání, H. 175 (Paris 1928-1929)
Comédie sur le pont, H. 247 (1935 Paris)
Divadlo za branou (Théâtre de banlieue), opéra-ballet, H. 251 (1936 Paris)
Juliette ou la Clé des songes (Julietta), version française originale), H. 253 (1937 Paris)
Alexander bis (Alexandre Bis, Alexander Twice), opera buffa in 1 act, H. 255 (1937 Paris)
De quoi vivent les hommes ?, H. 336 (1952 New York)
Le Mariage, H. 341 (1952 New York)
Plainte contre inconnu, H. 344 (1953 Nice)
Mirandolina, opéra comique en 3 actes, H. 346 (1953 Nice)
Ariane, H. 370 (1958 Schönenberg-Pratteln)
La Passion grecque, H. 372 (1957)

Oratorio
L'Epopée de Gilgamesh, H. 351 (1955 Nice)

Hommages
1
L'astéroïde (3081) Martinůboh, découvert en 1971, est nommé en son honneur .

Filmographie
Bohuslav Martinu, d'Edmond A. Lévy (52 minutes, France 3). 1987
H.136 d'Olivier Segard (écrit par Karine Lethiec) (26 minutes, Alpha, 2009) avec l’Ensemble Calliopée et
2
notamment Harry Halbreich d'Olivier Segard

Bibliography
Brian Large, "Martinů", Gerald Duckworth & Co Ltd; Illustrated, 1975
Harry Halbreich, Bohuslav Martinu, Atlantis Verlag, 1964.
Harry Halbreich, Bohuslav Martinu, dans Musiciens d'Europe, dirigé par Paul-Gilbert Langevin, Editions
Richard Masse, 1986.
Guy Erismann, Martinů, un musicien à l'éveil des sources, Arles, Actes Sud, coll. « Série musique », 1990,
392 p. (ISBN 2-86869-504-3, OCLC 924578051 (https://worldcat.org/fr/title/924578051),
BNF 35080192 (https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb35080192g.public))
Nicolas Derny, Vítězslava Kaprálová : portrait musical et amoureux, Paris, Le Jardin d'Essai, coll. « Femmes
artistes », 2015, 187 p. (ISBN 978-2-911822-85-8, OCLC 909440205 (https://worldcat.org/fr/title/909440205)).

Notes et références
1. (en) « (3081) Martinůboh », dans Dictionary of Minor Planet Names, Springer, 2007 (ISBN 978-3-540-29925-7,
DOI 10.1007/978-3-540-29925-7_3082 (https://dx.doi.org/10.1007/978-3-540-29925-7_3082), lire en ligne (http
s://doi.org/10.1007/978-3-540-29925-7_3082)), p. 254–254
2. https://vimeo.com/17074799 "H.136"

Annexes

Article connexe
Œuvre de Bohuslav Martinů

Liens externes
Sur les autres projets Wikimedia :
Bohuslav Martinů (https://commons.wikim
edia.org/wiki/Category:Bohuslav_Marti
n%C5%AF?uselang=fr), sur Wikimedia
Commons

Notice de H. Halbreich (http://www.lamediatheque.be/TCHEQUIE/MARTINUBIO.htm)


(cs) (en) et (de) Bohuslav Martinu Centre à Policka (http://www.cbmpolicka.cz/)
(en+cs) Fondation Martinů (http://www.martinu.cz/novinky.php)
(cs) Ressources complètes sur Martinů (http://knihovna.martinu.cz/)

(cs + en) Site officiel (https://www.martinu.cz)


Ressources relatives à la musique : Discogs (https://www.discogs.com/artist/835070) · (en) International
Music Score Library Project (https://imslp.org/wiki/Category%3AMartin%C5%AF%2C_Bohuslav) ·
(en) AllMusic (https://www.allmusic.com/artist/mn0001184374) · (en) Carnegie Hall (https://data.carnegiehall.
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(en) Musopen (https://musopen.org/music/composer/bohuslav-martinu/) · (en) Muziekweb (https://www.muzie
kweb.nl/fr/Link/M00000238523/) · (en) Rate Your Music (https://rateyourmusic.com/artist/bohuslav_martinu) ·
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prefix=https://www.imdb.com/&id=nm0554194)
Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes : Britannica (https://www.britannica.com/biog
raphy/Bohuslav-Martinu) · Brockhaus (https://brockhaus.de/ecs/enzy/article/martinu-bohuslav) · Deutsche
Biographie (http://www.deutsche-biographie.de/118578413.html) · Enciclopedia italiana (http://www.treccani.i
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Nationalencyklopedin (https://www.ne.se/uppslagsverk/encyklopedi/lång/bohuslav-martinu) · Munzinger (http
s://www.munzinger.de/search/go/document.jsp?id=00000001542) · Proleksis enciklopedija (https://proleksis.l
zmk.hr/36554) · Store norske leksikon (https://snl.no/Bohuslav_Martin%C5%AF) · Treccani (http://www.trecc
ani.it/enciclopedia/bohuslav-martinu) · Universalis (https://www.universalis.fr/encyclopedie/bohuslav-martin
u/) · Visuotinė lietuvių enciklopedija (https://www.vle.lt/Straipsnis/bohuslav-martinu)
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Pays-Bas (http://data.bibliotheken.nl/id/thes/p070827052) ·
Pologne (http://mak.bn.org.pl/cgi-bin/KHW/makwww.exe?BM=01&IM=04&NU=01&WI=9810597371905606) ·
Israël (http://uli.nli.org.il/F/?func=find-b&local_base=NLX10&find_code=UID&request=987007295891505171) ·
NUKAT (http://nukat.edu.pl/aut/n%202002070540) ·
Catalogne (https://cantic.bnc.cat/registre/981058517392506706) · Suède (http://libris.kb.se/auth/137872) ·
Australie (http://nla.gov.au/anbd.aut-an35652196) ·
Norvège (https://authority.bibsys.no/authority/rest/authorities/html/90124754) ·
WorldCat (https://www.worldcat.org/identities/lccn-n80122955)

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