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LES MOUVEMENTS DE CAPITAUX

Les flux de capitaux, qui sont de nature variée, prennent une importance considérable depuis le
début des années 1980. Ce développement, sans précédent, de la finance internationale,
s’accompagne d’un essor très important des marchés internationaux.

Section 1 LES MOUVEMENTS DE CAPITAUX PRIVES


1 Le développement des mouvements de capitaux
La balance des capitaux enregistre l’ensemble des flux financiers avec l’étranger. Seuls certains flux
financiers, tels que les crédits commerciaux, traduisent le financement d’échanges de biens et de
services : la plupart des flux financiers sont indépendants par rapport aux échanges de biens et
services et ne font que refléter le processus de financiarisation de l’économie mondiale et le
mouvement de globalisation financière qui se développe depuis les années 1980.

2 La diversité des mouvements de capitaux


Les mouvements de capitaux correspondent à des flux de capitaux à LT (long terme) (échéance ≥ 1
an) ou à des flux à CT (court terme) (échéance < 1 an) qui prennent naissance à l’occasion de
diverses opérations : crédits commerciaux, placements ou emprunts à court terme.
2.1 Les mouvements de capitaux à long terme
Ce sont les investissements directs, de portefeuille, et les crédits à moyen et long terme.
2.1.1 Les investissements directs
Les investissements directs consistent à engager du capital dans un pays étranger pour disposer
d’une implantation locale. Ils peuvent prendre la forme du rachat d’entreprises existantes, du
contrôle d’entreprises (au minimum 20% du capital détenu), de la création d’entreprises nouvelles
ou de filiales communes (joint-ventures). Ils sont réalisés entre grands pays industrialisés (la Triade),
car ils sont étroitement liés à l’internationalisation des processus productifs.
2.1.2 Les investissements de portefeuille
Ces investissements correspondent à des opérations d’achat et de vente de valeurs mobilières
(actions et surtout obligations) entre résidents et non-résidents. Facteur essentiel de la très forte
progression des mouvements de capitaux dans les années 1980, les opérations de portefeuille
constituent le principal mode de financement international, nettement avant l’endettement
bancaire et les investissements directs.
2.1.3 Les crédits à moyen et long terme
Ils peuvent prendre la forme de crédits commerciaux et constituer alors la contrepartie financière
d’opérations sur marchandises nécessitant le recours à un financement de moyenne ou longue
durée. Ils peuvent aussi consister en des prêts accordés à l’étranger ou obtenus de l’étranger.
2.2 Les mouvements de capitaux à court terme
Ce sont les crédits commerciaux, les placements et emprunts à court terme.
2.2.1 Les crédits commerciaux
Destinés à encourager les exportations, ils permettent aux entreprises d’offrir de meilleures
conditions de règlement à leurs clients et de mieux s’implanter sur de nouveaux marchés.
2.2.2 Les placements ou emprunts à court terme
Etroitement liés aux évolutions des taux d’intérêt et des taux de change, les placements ou
emprunts à court terme sont des outils spéculatifs. Ils se sont accrus du fait de la déréglementation

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et de la suppression progressive du contrôle des changes. En outre, le développement de
l’implantation et de l’activité internationale des banques ainsi que l’essor des marchés financiers
internationaux ont permis aux prêteurs comme aux emprunteurs d’effectuer beaucoup plus
facilement des opérations financières internationales.

3 Les marchés internationaux de capitaux


3.1 Les marchés des eurodevises et des titres internationaux
3.1.1 Les eurodevises
Elles sont représentées par des monnaies détenues par des agents qui ne sont pas localisés dans le
pays d’émission. Sur le marché des eurodevises, les «eurobanques» collectent des dépôts,
essentiellement à court terme et rémunérés à un taux d’intérêt lié à ceux en vigueur sur les
marchés nationaux, auprès des entreprises, des investisseurs institutionnels, ou des particuliers. Les
crédits accordés par les eurobanques («eurocrédits ») sont de durée variable et s’adressent à des
emprunteurs divers : entreprises multinationales, entreprises publiques ou privées, banques
commerciales et Banques centrales, pays en développement.
3.1.2 Les titres internationaux
Ce sont des euro-obligations, titres libellés en eurodevises et émis par l’intermédiaire d’un syndicat
bancaire international, dans des pays autres que celui dont la monnaie sert à dénommer l’emprunt.
E.g : obligations des entreprises américaines émises en France. Le marché des euro-obligations
présente l’avantage de n’être soumis à aucune réglementation précise, les émetteurs d’euro-
obligations n’étant pas astreints aux formalités imposées aux économies nationales.

3.2 L’internationalisation des systèmes financiers


La globalisation des systèmes financiers issue de la mondialisation s’appuie sur la dérèglementation,
la désintermédiation et le décloisonnement.
3.2.1 La dérèglementation
Elle consiste à abolir les règlementations entravant la liberté dans les opérations financières
internationales. Elle s’est progressivement généralisée à l’ensemble des pays industrialisés en
s’appuyant notamment sur l’ouverture du système financier japonais en 1983-1984, sur le
démantèlement des systèmes nationaux de contrôle des changes, en Europe, avec la création du
marché unique des capitaux, et sur une certaine harmonisation des fiscalités.
3.2.2 La désintermédiation
C’est le recours pour toute opération de placement ou d’emprunt, aux marchés financiers
internationaux, sans passer par les intermédiaires financiers et bancaires.
3.2.3 Le décloisonnement
C’est la suppression des frontières nationales entre les marchés mais aussi, à l’intérieur de ces
marchés, l’éclatement des compartiments existants : le marché monétaire (capitaux à CT), le marché
financier (capitaux à LT), le marché des changes, ne constituent désormais que des éléments d’un
marché unique, le marché financier global, lui-même devenu mondial.

Section 2 L’AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT


Il s’agit d’un transfert financier d’un Etat considéré comme étant «développé» vers un autre Etat dit
alors « sous développé » pour en théorie favoriser son développement à long terme.

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1 Les principaux instruments de l’APD
1.1 Projets et aide programme
Instrument le plus classique de l’APD, l’aide projet consiste à soutenir un projet spécifique
(équipements, infrastructures sociales, opérations de modernisation) tout en contrôlant sa bonne
réalisation. Son but est de stimuler le développement local.
L’aide programme est un terme générique regroupant différents outils avec des objectifs de nature
macroéconomique ou sectorielle (santé, éducation, énergie, etc.). Le but recherché est le
développement du pays en général. Les ressources sont acheminées directement vers les
gouvernements bénéficiaires sans passer par des structures parallèles comme avec les projets. Cela
peut se traduire par un soutien à la balance des paiements, par une aide budgétaire globale, par
une aide budgétaire sectorielle ou par un allégement de dettes.
1.2 Coopération technique
La coopération technique recouvre toute la gamme des activités d’aide visant à élever le niveau des
connaissances, des qualifications, du savoir-faire technique et des aptitudes productives des
habitants des PED. Ses principaux outils sont la création de filières de formation, la fourniture de
prestations d’experts, des avis, des enquêtes et des études.
1.3 Aide humanitaire
Elle vise à porter secours, en urgence, aux populations victimes de catastrophes naturelles ou
technologiques, ainsi qu’aux victimes des conflits. Les pays utilisent cet instrument suite à une
demande des Etats, des agences onusiennes ou d’une ONG. Dans cette catégorie d’aide, on
retrouve par exemple l’aide alimentaire consistant à subvenir à la sécurité alimentaire de
populations vulnérables par la distribution de nourriture.
1.4 Remise de dette
Dans le but d’alléger la dette des pays pauvres, les pays du Nord utilisent différents types d’outils tels
que l’annulation pure et simple de la dette, les rééchelonnements, les réductions et les consolidations
de dettes. Suite au surendettement des pays en développement, une initiative intitulée Pays pauvres
très endettés (PPTE) a été mise sur pied en 1996. Un pays n’est éligible à l’allégement de sa dette
seulement s’il répond aux conditions suivantes : (1) le pays doit faire face à une dette insupportable ;
(2) il doit être en mesure de donner la preuve qu’il a engagé des réformes macroéconomiques ; (3) il
doit créer un cadre stratégique de lutte contre la pauvreté. Pour pouvoir bénéficier d’une réduction
intégrale, le pays doit continuer de donner la preuve de mise en place des programmes de réformes
convenus avec les donateurs.

2 Les pays donateurs, les pays bénéficiaires et les montants en jeux


Selon l’OCDE, actuellement 97 % de l’aide mondiale sont octroyés par les pays industrialisés. Mais
depuis peu, des nations comme le Brésil, l’Inde ou la Chine financent également des programmes
d’aide et se retrouvent par conséquent en position simultanée de bénéficiaire et de donateur.
2.1 Pays donateurs et pays éligibles
2.1.1 Pays donateurs
Les pays membres du Comité d’Aide Développement à savoir les Etats-Unis et le Canada, le Japon,
l’Europe des 15 (Union européenne), la Norvège, la Suisse, l’Australie et la Nouvelle-Zélande
financent pratiquement la totalité de l’APD mondiale. Les pays arabes exportateurs de pétrole
(Arabie Saoudite, Koweït, Emirats arabes unis) constituent un autre groupe de donateurs et
financent environ 2% de l’APD mondiale depuis 1990. Le 3ème groupe englobe les pays à la fois
bénéficiaires et contributeurs de l’aide appelés "donateurs émergents" ; ce sont notamment
l’Argentine, le Brésil, la Chine, l’Inde et le Mexique.

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2.1.2 Pays bénéficiaires
La répartition de l’APD est la suivante : 48% pour l’Afrique, 37% pour l’Asie, 8% pour Amérique, 6%
pour Europe et 1% pour l’Océanie.
Les 148 pays classés comme pays en développement selon la liste de 2012-2013 sont répartis en
quatre groupes comme suit :
Les pays les moins avancés (PMA)
49 nations les plus vulnérables : faible revenu, insuffisance des ressources humaines et forte
vulnérabilité économique. Ces pays sont largement concentrés en Afrique subsaharienne (dont le
Togo, le Bénin, le Niger, le Mali, le Sénégal, le Burkina Faso, le Tchad, etc…). Des pays d’Asie comme
le Bangladesh, le Cambodge, la Birmanie en font également partie.
Les autres pays à faible revenu (PFR)
Ce sont actuellement les six pays dont le RNB par habitant était inférieur à 1005 dollars en 2010.
Deux pays africains font partie de ce groupe : il s’agit du Kenya et du Zimbabwe.
Les pays et territoires à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (PRITI)
Ce groupe comprend les pays dont le RNB par tête était compris entre 1006 et 3975 dollars en
2010. Quarante pays sont dans ce groupe. Nous y retrouvons les pays africains comme le Ghana, le
Nigéria, la Côte d’Ivoire et le Cameroun, mais aussi l’Egypte, le Maroc, le Cap vert et la République
Démographique du Congo.
Les pays et territoires à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (PRITS)
Ils englobent 54 pays ayant en 2010 un RNB par habitant compris entre 3976 et 12275 dollars. On y
retrouve l’Argentine, le Brésil, la Chine, l’Algérie, l’Afrique du Sud, la Lybie, etc.

2.2 Montants de l’aide octroyés et leurs répartitions entre les pays donateurs

Graphique : Montants de l’APD nette en 2013 par donateur.

Milliards de USD APD nette en 2013 - montants


35
31,55
134.8
30

25

20 17,88

14,06
15
11,7911,38

10
5,83 5,58 5,44
4,91 4,85
5 3,25 3,20 2,93
2,28 2,20 1,74
1,44 1,17 0,82
0,48 0,47 0,46 0,43 0,31 0,21 0,09 0,06 0,04
0

Source: OCDE, 8 avril 2014

Les apports d’aide aux pays en développement ont été stables en 2014 après avoir atteint un niveau
sans précédent en 2013, mais l’aide aux pays les plus pauvres a continué de diminuer, selon les
données officielles recueillies par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE.

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Les apports nets d’aide publique au développement des membres du CAD se sont élevés à
135,2 milliards USD au total, à égalité avec le record de 135,1 milliards USD enregistré en 2013,
marquant cependant un recul de 0,5 % en termes réels. L’APD nette a représenté 0,29 % du revenu
national brut, comme en 2013. L’APD a augmenté de 66% en termes réels depuis 2000, quand les
Objectifs du Millénaire pour le développement ont été définis.

Section 3 LES APPORTEURS MULTILATERAUX


Ce sont surtout les institutions créés en 1944 par les accords de Bretton Woods à savoir le FMI et la
Banque Mondiale.

1 Le FMI
Le Fonds Monétaire International va contribuer à la stabilité financière mondiale et gérer les
ajustements de taux de change dans le système de Bretton Woods jusqu’en 1971. Il gère
aujourd’hui les crises de change, surtout dans les PED (Russie, Argentine, Sud Est Asiatique) ;
apporte des capitaux à court terme pour dénouer les situations d’endettement ; négocie les
programmes conditionnels de redressement accompagnant cet apport.

2 La Banque mondiale BM
Elle finance les investissements des PED, en particulier les infrastructures, et depuis 1990,
l’éducation et la santé, mais aussi la lutte contre la pauvreté. Elle intervient au niveau structurel.

Les principes d’interventions de ces deux institutions sont critiqués pour imposer une vision libérale
du développement dite « Consensus de Washington », définie dans les années 1990 pour
l’Amérique du Sud par John Williamson, et faite de quatre principes :
1°) stabilité macroéconomique et bancaire ;
2°) budget public en équilibre, inflation modérée et résorption de l’endettement externe ;
3°) privatisations des grands groupes de l’Etat ;
4°) liberté des mouvements de capitaux.

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